LES CHASSES ROYALES DE LOUISXV
LA VÉNERIE EN MAJESTÉ
Préparation à la guerre dans l'instruction des princes, la chasse participe du fonctionnement de la cour. Le roi Louis XV (1710-1774), infatigable cavalier et véritable technicien de l'art cynégétique, nourrit une passion pour ce divertissement de plein air. Il chasse au moins trois fois par semaine. Entre la chasse au vol (fauconnerie) et du loup (louveterie), délaissées par le roi, la chasse du sanglier (vautrait), celle du cerf et du daim (vénerie) ou encore celle à tir, les << plaisirs du roi» déterminent les séjours annuels dans les résidences de la Couronne - la saint Hubert est fêtée à Fontainebleau - en fonction des réserves de gibier.
Le courre du cerf est le plus noble; ce spectacle peut rassembler six cents chiens et autant de chevaux, les dames de la cour en voitures et les étrangers invités à suivre le souverain. Louis XV multiplie les équipages, parfois réunis à ceux des princes du sang. Cet appareil royal, très couteux, réclame une gestion rigoureuse des forêts et du gibier, mais aussi des bâtiments spécifiques pour loger chevaux, chiens et personnels.
La vénerie nourrit l'inspiration des artistes. La tenture des Chasses royales est le reflet, magistralement élaboré par Jean-Baptiste Oudry, du règne de Louis XV.
François Joullain (1697-1778),
d'après Alexandre-François Desportes (1661-1743)
Chasse au sanglier
Chasse au loup
1734 Gravure à l'eau-forte
et au burin
Collection particulière
Gravés en 1734, les grands tableaux du château de Villegénis sont présentés au Salon de 1725. Oudry, qui vient d'achever les trois scènes de chasse pour le duc de Bourbon à Chantilly, y expose aussi plusieurs œuvres. La confrontation officielle des deux artistes souligne leur différence de style bien qu'ils participent conjointement au décor des résidences royales.
Alexandre-François Desportes
(1661-1743)
Trophée de chasse à la tête de cerf
1725 Huile sur toile
Fontainebleau, musée national du château, INV 3956
Ornant le salon du château de Villegénis (Essonne), propriété de Claude Glucq, conseiller
au Parlement de Paris et inspecteur général des chasses à Saint-Germain, ces panneaux aux attributs
de la vénerie et de la fauconnerie appartiennent à un ensemble de quatre. Ils encadraient de grandes compositions, une Chasse au sanglier et un Hallali de loup, dont les gravures sont présentées ici. L'artiste exploite la dimension décorative de ces trophées, que peintres et sculpteurs déploient dans le décor intérieur.
Alexandre-François Desportes (1661-1743)
Trophée de chasse à la tête de cerf
Huile sur toile
musée national du château, 3956
Ornant le salon du château
de Villegénis (Essonne), propriété de Claude Glucq, conseiller
au Parlement de Paris et inspecteur général des chasses à Saint-Germain, ces panneaux aux attributs
de la vénerie et de la fauconnerie appartiennent à un ensemble de quatre. Ils encadraient de grandes compositions, une Chasse au sanglier et un Hallali de loup, dont les gravures sont présentées ici. L'artiste exploite la dimension décorative de ces trophées, que peintres et sculpteurs déploient dans le décor intérieur
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Tête de daguet
Vers 1730-1740 Huile sur toile
Collection particulière
Cette étude de daguet dit
de première tête, c'est-à-dire un jeune cerf dont les bois sont réduits à de petites dagues, montre l'effort d'Oudry pour dépeindre le regard de l'animal et le frémissement de son mufle. L'artiste traite toutes les nuances du pelage grâce à la lumière dessinant les oreilles et glissant sur le chanfrein.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Tête bizarre sur un fond de pierre
1750 Huile sur toile
Fontainebleau, musée national du château, INV 7064
Pris pendant la Saint-Hubert de 1750 à Fontainebleau,
le cerf chassé par le roi présente la particularité d'avoir des bois épais et velus. Oudry est appelé immédiatement pour en fixer le souvenir, avant que les chairs ne se décomposent. Cette tête dite "bizarre" montre le soin apporté par l'artiste pour décrire le velours de la ramure, le pelage, l'oeil noir, le mufle encore humide et la langue pendante. Le trompe-l'oeil du mur en pierre accentue le face à face entre le spectateur et cette curiosité de la nature.
SOCIÉTÉ DE CHASSE
Peintre d'histoire et portraitiste, Oudry s'oriente néanmoins rapidement vers l'art animalier, stratégie éminemment commerciale. Son talent lui vaut d'être nommé à la tête de la manufacture de tapisseries de Beauvais et de jouir de la protection du marquis de Beringhen, premier écuyer du roi et maître de la Petite Écurie. Ce dernier, commanditaire de plusieurs tableaux, introduit Oudry auprès de Louis XV. L'artiste exécute, dans la lignée d'Alexandre-François Desportes, les portraits des chiens couchants du roi, employés lors des chasses à tir, et de Polydore, chien courant de la meute royale. Au même moment, il peint trois scènes de chasse pour le duc de Bourbon, prince du sang qui accueille régulièrement Louis XV à Chantilly pour des laisser courre.
En janvier 1728, Oudry suit le roi à la chasse en forêt de Saint-Germain pour composer un grand tableau, point de départ du projet des Chasses royales. Il y exécute des portraits du roi et des membres les plus éminents: le comte de Toulouse, fils légitimé de Louis XIV et grand veneur, le comte de Dampierre, virtuose de la trompe de chasse, M. de Nestier, écuyer du roi, ou encore le fidèle piqueur Las Martres, mais aussi les chevaux et les chiens. Cette société apparaît dans les scènes des Chasses royales, dont un tissage est acquis par l'infant de Parme, époux de la fille aînée du roi.
Pierre Gobert (1662-1744)
Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé (1692-1740)
Vers 1725 Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon,
Portraitiste attitré de la famille
Condé, Gobert représente en chef militaire le fils de Louis III de Bourbon, petit-fils du grand Condé,
et de Mademoiselle de Nantes, fille légitimée de Louis XIV et de Madame de Montespan. Le cousin du jeune Louis XV est nommé chef du Conseil de régence durant
la minorité du souverain puis Premier ministre en 1725. Amateur de vénerie, ses équipages sont somptueux
et les écuries grandioses à Chantilly. Avant sa disgrâce, "Monsieur le Duc"
y convie à la chasse le roi, qui dispose d'un appartement nouvellement orné de peintures d'Oudry
D'après Hyacinthe Rigaud
(1659-1743)
Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse (1678-1737)
Vers 1710 Huile sur toile
Paris, musée de la Marine, 3 OA 32
Dernier enfant de Louis XIV et de Madame de Montespan, le comte de Toulouse est légitimé en 1681. Il embrasse la carrière des armes et est nommé grand amiral puis grand veneur en 1714. Relégué au rang de duc et pair durant la Régence, il est rétabli parmi les princes du sang par Louis XV, qu'il accueille régulièrement à Rambouillet. Grand maître du service de la Vénerie royale, il est le bras droit de Louis XV pour l'organisation des chasses. Il avance une partie des frais pour payer le personnel et entretenir la meute et les chevaux. Son fils, le duc de Penthièvre, lui succède à la tête de la Vénerie.
Jean-Marc Nattier (1685-1766)
Élisabeth de France,
dite Madame Infante (1727-1759), en habit de chasse
Vers 1760 Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon,
La fille aînée de Louis XV épouse en 1739 l'infant d'Espagne don Philippe de Bourbon,
qui prend possession du duché
de Parme en 1748, à la fin de la guerre de Succession d'Autriche. Madame Infante séjourne à trois reprises à Versailles, où elle décède. Elle espère bénéficier de l'influence diplomatique de son père;
elle en profite pour acquérir œuvres et objets qui donnent un ton français aux demeures de son duché.
Réalisé d'après une étude peinte en 1758, son portrait posthume la montre en habit de chasse. L'artiste a souligné la ressemblance de son visage avec celui du roi.
Jean-Baptiste Perronneau
(1715-1783)
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
1747-1753 Huile sur toile
Paris, musée du Louvre,
département des Peintures, INV 7158
Commandé en 1747 par
Charles-Antoine Coypel, directeur de l'Académie royale de peinture, le portrait que Perronneau peint montre Oudry au sommet de sa gloire, après l'achèvement des cartons des Chasses royales. Représenté âgé, l'artiste, accoudé à une chaise, palette et pinceaux à la main, pose devant son chevalet dont la toile montre un chien d'arrêt débusquant des faisans. L'aisance et la bonhomie d'Oudry transparaissent dans cette image présentant l'artiste en pleine conversation sur la manière de peindre.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Le Garde-chasse La Forêt avec Lize et Fine-Lize
1732 Huile sur toile
Compiègne, musée national du château, C.95.013
Appartenant à la série des chiens du roi installée à Compiègne, ce triple portrait présente le garde-chasse La Forêt, chargé de la conservation du gibier pour le roi. Oudry dépeint la modestie du vieil homme tenant son fusil, avec son habit élimé et sa peau burinée par le grand air, et sa tendresse envers les deux
«chiens blancs du roy», souvent employés dans la meute. Il s'agit des deux chiennes couchantes, Lize et Fine-Lize. Cette dernière rapporte fièrement au garde-chasse un perdreau rouge que Lize observe avec envie.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Polydore
1728 Huile sur toile
Fontainebleau, musée national du château, INV 7026
Essentiels à la chasse, les chiens (dits couchants pour lever le gibier à la chasse à tir ou courants pour forcer le gibier à la chasse à courre) sont choyés par Louis XV. Le roi fait réaliser leurs portraits entre 1725 et 1732 pour orner ses appartements à Compiègne. Quatrième de la série, Polydore arbore sur le flanc la marque de la meute royale. Ce chien de type foxhound est présenté en majesté par Oudry qui souligne sa musculature nerveuse, la douceur de son regard et l'éclat de son pelage blanc à grandes taches fauves.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) Louis XV chassant le cerf en forêt de Saint-Germain
1728-1730 Huile sur toile
Toulouse, musée des Augustins, 2004.1.71
En janvier 1728, Oudry accompagne Louis XV à une chasse en forêt de Saint-Germain pour composer un tableau destiné à l'antichambre du roi au château de Marly. Première grande commande royale, il montre le bat-l'eau, moment où le cerf tente d'échapper aux chiens en se jetant dans un étang. L'action offre l'occasion d'une galerie de portraits du roi et des piqueurs, des chevaux et des chiens. L'artiste s'y représente en bas à droite. Exposé au Salon de 1730, l'œuvre peut être considérée comme un essai pour les compositions des Chasses royales.
LA TENTURE DES CHASSES ROYALES DE L'ATELIER DU PEINTRE AUX MÉTIERS À TISSER
En 1733, Louis XV commande à Oudry trois tableaux représentant l'équipage royal pour servir de modèles à des tapisseries de la manufacture des Gobelins. Cette tenture de la Nouvelle Histoire du roi est destinée au château de Compiègne. L'expérience d'Oudry à la manufacture de Beauvais et la satisfaction du roi face au tableau monumental achevé en 1730 pour le château de Marly ne sont pas étrangers au choix du peintre qui sait mettre en scène le souverain dans l'exercice de sa passion,
la chasse. Les premiers cartons des Chasses royales sont livrés de 1735 à 1737, mais le nombre de sujets est porté à neuf en 1736 et Oudry peint successivement six autres toiles jusqu'en 1746.
Un important travail préparatoire est nécessaire. Entre forêt et atelier, Oudry effectue des croquis avant de soumettre à Louis XV un dessin d'ensemble. Après approbation, une esquisse peinte et des études de figures et d'animaux précèdent la préparation de la toile pour peindre les cartons. L'aisance d'Oudry est manifeste dans la composition des paysages de Compiègne, Fontainebleau et Saint-Germain, dans les jeux d'ombre et de lumière, dans l'agitation de la meute, dans l'élegance des cavaliers et des valets de chiens.
Oudry consacre treize ans à ce projet à la gloire du roi et suit la progression du tissage aux Gobelins.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
La Chasse au loup
1728 Pierre noire, plume et encre noire, lavis et rehauts de blanc sur papier
anciennement bleu
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, INV 31493-recto
Ce dessin appartient aux premières compositions de scène de chasse qu'Oudry effectue en 1728 à la demande de Louis XV. Le roi avait alors ordonné au peintre
de le suivre à la chasse et de réaliser plusieurs dessins à lui soumettre pour la composition d'un tableau. La mise en scène de l'équipage royal et de la meute annonce celle
des cartons des Chasses royales.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Le Rendez-Vous au carrefour du Puits du Roi, forêt de Compiègne
Vers 1733 Pierre noire, plume et encre noire, lavis gris, avec rehauts de gouache blanche sur papier anciennement bleu
New York, The Pierpont Morgan Library, 1995.10
Ce dessin du premier des cartons des Chasses royales montre le soin apporté par Oudry à la composition et à l'ampleur du paysage. S'il distribue les chiens au premier plan et le botter du roi, près de sa voiture, au second plan, avec de multiples figures, il inversera cette disposition dans l'esquisse à l'huile et dans le carton, en soulignant l'ordonnance du carrefour.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
La Mort du cerf forcé par la meute aux étangs de Saint-Jean-aux-Bois, forêt de Compiègne
1733 Pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier bleu
Beaux-Arts de Paris, EBA 1376
Daté de l'année de la commande des premiers cartons des Chasses royales, ce dessin est une composition pour le tableau livré en 1736. Oudry y organise selon plusieurs plans la scène du bat-l'eau, avec le roi au bord de l'étang. Il apporte une grande précision à la description du paysage, avec le village de Saint-Jean-aux-Bois. Si le carton reprend cette composition, le peintre y introduit un valet et sa harde près du cheval du roi.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Le Cerf qui tient aux chiens dans les rochers de Franchard, forêt de Fontainebleau
1733 Pierre noire, plume et encre, lavis d'encre et rehauts de gouache blanche sur papier anciennement bleu
Fontainebleau, musée national du château, acquis en 2023 avec le concours de la société des Amis du château de Fontainebleau, F-2023.15
Ce dessin constitue la première version imaginée par Oudry du
quatrième carton des Chasses royales. En deux registres, Oudry oppose l'équipage et le combat du cerf contre les chiens. Les rehauts de gouache blanche mettent en valeur la figure du roi sur sa monture. Le paysage est traité avec une volonté de pittoresque, en particulier avec la chapelle placée sur un piton rocheux. Plus conforme à la topographie de Franchard, le carton montre une adaptation puissante de cette scène de chasse.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Le Relais au carrefour de la Petite Patte d'Oye, forêt de Compiègne
1738-1739 Plume et encre noire, lavis gris et rehauts de gouache blanche sur papier anciennement bleu
Compiègne, musée national du château, C.2003.5
Sixième sujet de la tenture des
Chasses royales, ce dessin abouti montre un laisser-courre au-delà d'une rivière, alors qu'au premier plan des piqueurs font découpler la meute. La harde que retiennent les valets de chiens s'apprête à être lâchée. Oudry joue des attitudes variées des chiens et des chevaux et baigne de soleil la clairière grâce à son traitement léger du paysage et aux rehauts de gouache blanche.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Le Forhu
1746 Plume et encre noire, lavis gris et rehauts de gouache blanche sur papier anciennement bleu
Compiègne, musée national du château, C.2003.6
Pour la dernière composition des
Chasses royales, qui suit celle de la Grande Curée de 1744 (Paris, musée du Louvre), Oudry réalise une esquisse à l'huile et un dessin très abouti, offrant peu de variantes avec le grand carton qu'il peint. Les chiens sont les principaux acteurs de la scène; impatients de goûter leur récompense, ils sont massés autour d'un valet qui brandit les entrailles du cerf tué. Le palais qui apparaît derrière les branchages est une architecture de fantaisie.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Le Cerf qui tient aux chiens dans les rochers de Franchard, forêt de Fontainebleau
1737 Huile sur toile
Paris, musée des Arts décoratifs,
Oudry exécute une esquisse à l'huile pour chacune des neuf compositions des Chasses royales. D'une manière libre, déliée et nerveuse, Oudry met en place la composition, distribue les masses colorées et souligne les mouvements. Il s'inscrit dans la lignée de Pierre-Paul Rubens et montre un savoir-faire comparable à celui de Jean-François de Troy dans l'élaboration de ses tableaux.
Si l'autoportrait du peintre figure déjà dans l'esquisse, quelques éléments sont supprimés dans le carton, comme la croix au sommet des rochers.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Le Rendez-Vous au carrefour
du Puits du Roi, forêt de Compiègne
1735 Huile sur toile
Fontainebleau, musée national du château, INV 7011
Cette œuvre a été restaurée avec le concours de la fondation Crédit Agricole Brie-Picardie.
Premier carton livré par Oudry,
le tableau représente l'assemblée d'un départ de chasse.
Venu en gondole, Louis XV est entouré du grand veneur, venant au rapport, d'écuyers, du capitaine des chasses, de piqueurs, de valets vêtus de la livrée du roi, des gardes du corps à cheval et de la meute. Chevaux piaffant et chiens dociles animent la liturgie du botter royal. Plusieurs repentirs soulignent les hésitations d'Oudry dans
la mise en place des personnages.
Détail du tableau précédent
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
La Meute de chiens courants allant au rendez-vous au carrefour de l'Embrassade, forêt de Compiègne
1743 Huile sur toile
Fontainebleau, musée national du château, INV 7016
Cette œuvre a été restaurée avec le concours du Fonds Vénerie.
Oudry travaille toute l'année 1742 à cette septième composition des Chasses royales. Elle dépeint un paysage pastoral traversé par la calèche de dames venues assister à la chasse. Au premier plan, les piqueurs et valets de chiens mènent la meute jusqu'au rendez-vous au son des trompes de chasse. Oudry excelle dans les élégantes tournures des cavaliers de dos et l'allant des chiens, queues en l'air. Il y décrit avec saveur les empressés, les indisciplinés, les agressifs et les retardataires.
Détail du tableau précédent
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Torse et arrière-train
d'un chien de chasse
Vers 1735 Pierre noire
et rehauts de blanc sur papier bleu
Paris, musée du Louvre,
département des Arts graphiques, PF 14979-recto
Ce dessin appartient aux multiples études de chiens réalisées par Oudry. Elle fut réinterprétée à plusieurs reprises par l'artiste pour dépeindre les chiens dans les différents cartons des Chasses royales, notamment pour celui perché sur un des rochers de Franchard. Il est exécuté sur un papier bleu, très fréquemment utilisé par Oudry qui en module la teinte grâce aux lavis, à l'estompe et aux rehauts de blanc pour traduire ici le pelage et la musculature.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Valet de limier
Vers 1735 Craie et pierre noire sur papier bleu, avec mise au carreau
Beaux-Arts de Paris, inv. 1381
La mise au carreau de cette silhouette de dos d'un valet de chiens indique le report et l'agrandissement du motif sur la toile, notamment dans les compositions des Chasses royales: Le Relais au carrefour de la Petite Patte d'Oye et La Meute allant au rendez-vous au carrefour de l'Embrassade. Avec un trait fin et quelques ombres, Oudry saisit l'effort et le mouvement. Il note avec acuité les pieds campés au sol, le buste penché et le bras raidi par l'élan des chiens. La figure sera traduite en biscuit de porcelaine.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Louis XV menant le limier, allant au bois, au carrefour du Puits solitaire, forêt de Compiègne
1739 Huile sur toile
Fontainebleau, musée national du château, INV 7014
Cette œuvre a été restaurée avec le concours de la fondation François Sommer.
La quête est habituellement réservée aux valets de limier, mais Oudry montre le roi menant lui-même le chien sur les pistes
de l'animal à chasser. Outre le détail des tenues des personnages, traitées avec une palette subtile, Oudry apporte une attention à la flore. Il dresse un paysage profond qu'il transperce d'une lumière matinale froide pour indiquer les trouées des allées concentriques du carrefour du Puits solitaire
Détail du tableau précédent
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Louis XV menant le limier
1727-1730 Huile sur toile
Compiègne, musée national du château, C.2008.9
D'une composition proche de celle du cinquième carton des Chasses royales, l'esquisse s'inspire des recherches d'Oudry pour les Chasses nouvelles, tissées à Beauvais dès 1727. Le sujet est repris dès 1728 lorsque Louis XV commanda au peintre des projets de scènes de chasse.
Accompagné de piqueurs à cheval, le jeune souverain, portant le cordon bleu de l'ordre du Saint-Esprit
sous son habit brun, mène au trait un limier, truffe au sol pour flairer l'animal à chasser.
LES TISSAGES DE LA TENTURE DES CHASSES ROYALES
À LA MANUFACTURE DES GOBELINS
Dès les premiers cartons d'Oudry livrés, le tissage débute en 1736 sur des métiers de haute lisse: entre les chaînes de laine, disposées à la verticale, les lissiers passent au revers de l'ouvrage les trames de laine et de soie selon les motifs du modèle placé derrière eux, ce qui évite d'inverser le dessin. Pour plus de rapidité, les ateliers de Mathieu Monmerqué et de Michel Audran se répartissent les sujets. La tenture est achevée en 1750, sous la surveillance d'Oudry, nommé inspecteur des Gobelins.
Pour la seconde édition, identique à la première, Monmerqué et Audran s'échangent les sujets. En cours d'exécution, elle est achetée par l'infant de Parme, époux de la fille aînée de Louis XV.
Face à la différence des tissages des deux ateliers, les tapisseries des première et deuxième tentures tissées par Monmerqué sont réunies en 1750 pour les installer à Compiègne. Sur celles d'Audran, réservées pour Parme, les chiffres et les armoiries de l'infant remplacent ceux de Louis XV et le visage du roi est actualisé. Sept tapisseries arrivent à Parme en 1749, la dernière est livrée en 1753.
Oudry voulut faire traduire la subtilité des teintes de la peinture par les fils de laine et de soie. Mais les lissiers s'y opposèrent, jaloux de leurs secrets face à la direction du peintre, à la tête de la manufacture rivale de Beauvais.
Manufacture royale
de tapisserie des Gobelins
Atelier de Michel Audran (vers 1700-1771), d'après Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Tenture des Chasses royales
Louis XV tenant le limier, allant au bois, au carrefour du Puits solitaire,
forêt de Compiègne
1740-1742 Laine et soie; tapisserie de haute lisse; doublure en toile de lin
Florence, Galleria degli Ufizzi,
Palazzo Pitti, Arazzi 605
Manufacture royale
de tapisserie des Gobelins Atelier de Michel Audran (vers 1700-1771), d'après Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Tenture des Chasses royales Le Cerf qui tient aux chiens dans les rochers de Franchard, forêt de Fontainebleau
1745-1747Laine et soie; tapisserie de haute lisse; doublure en toile de lin
Florence, Galleria degli Ufizzi, Palazzo Pitti, Arazzi 607
Supervisé par Oudry,
le premier tissage de la quatrième pièce des Chasses royales dure cinq ans car la variété des couleurs et les arêtes des rochers sont complexes à obtenir. Le second est plus aisé. La scène peinte par Oudry est légèrement raccourcie sur les côtés et augmentée en hauteur. Le roi y occupe la place principale, ordonnant l'hallali du cerf, acculé par les chiens dans les rochers de Fontainebleau. Les armes et les chiffres de l'infant de Parme remplacent ceux de Louis XV dans la bordure.
Détail de tapisserie
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Le Cerf qui tient aux chiens dans les rochers de Franchard, forêt de Fontainebleau
Vers 1738 Huile sur toile
Fontainebleau, musée national du château, INV 7023
Cette œuvre a été restaurée avec
le concours du Rotary Club de Fontainebleau.
Quatrième composition, ce tableau marque le début du triplement des sujets de la tenture des Chasses royales. Le roi et les piqueurs sont au pied d'un amas rocheux en forêt de Fontainebleau. Un cerf y est acculé par les chiens qui déferlent de toutes parts. Oudry oppose le calme de l'équipage du premier plan, avec le geste de commandement du roi,
à la dramaturgie de la lutte du cerf contre la meute.
Le chaos des rochers de Franchard a été étudié par Oudry, qui se représente à droite en dessinateur.
OUDRYMANIA
Artiste prolifique, Oudry sut satisfaire le goût d'une clientèle aisée pour le paysage et la nature morte. A la croisée de ces genres, les scènes de chasse témoignent de la séduction qu'opère, au sein de l'aristocratie et sur le roi lui-même, ce thème largement répandu dans les châteaux et hôtels particuliers.
Oudry a constitué un important fonds de dessins, véritable répertoire de modèles qu'il réutilise en fonction des besoins et qu'exploitera son fils, Jacques-Charles (1720-1778). Chargé de renouveler les sujets pour accroître la clientèle et assurer l'essor de la manufacture de tapisseries de Beauvais, Oudry compose une tenture dite des Chasses nouvelles et met en scène les animaux pour illustrer les Fables de La Fontaine, dont l'édition fut un succès. Ses combats animaliers sont traduits en trois dimensions par la manufacture de porcelaine de Sèvres.
De son vivant, l'artiste insuffle une veine cynégétique dans des domaines aussi variés que l'orfèvrerie, l'édition, la céramique et la petite sculpture. Son influence se prolonge jusqu'à la fin du XVIIe siècle; les peintures sur porcelaine des Chasses royales pour Louis XVI en sont l'héritage le plus emblématique.
Boite ronde
France, vers 1750 Papier mâché
doublé d'écaille, décor en vernis Martin (surfaces laquées et estampées, recouvert de feuille d'or et d'un vernis, décor peint à l'huile et vernis)
Lille, palais des Beaux-Arts, inv. A830
Parfois très luxueuses, les boîtes à pastilles, à mouches, à tabac sont des accessoires de mode et servent de cadeaux. Divers matériaux et techniques de fabrication sont employés, tel le vernis européen. Mis au point pour imiter la laque de Chine, il offre une palette de couleurs riche. Si les oiseaux peints sur fond d'or évoquent les porcelaines de Sèvres contemporaines, le chien à l'arrêt sur le couvercle reprend des compositions d'Oudry, notamment les portraits des chiens de Louis XV
Friedrich Georg Wexelberg
(1745-ca.1820)
et Johann Ludwig Alberli
(1723-1786)
Chasse par J.-B. Oudry
à M. le Chevalier de Breteuil
Vers 1775 Recueil avec un frontispice et 16 planches sous couverture en papier bleu
Gravure à l'eau-forte
Fontainebleau, musée national du château,
don de la société des Amis du château
de Fontainebleau en 2021, F-2022.21
Dédié au bailli de Breteuil, représentant de l'Ordre de Malte à Rome, le recueil contient une série de gravures circulaires reprenant des compositions d'Oudry diffusées par Le Bas vers 1760, notamment les chasses peintes pour Chantilly en 1724. Néanmoins, plusieurs estampes reproduisent en réalité des oeuvres de Desportes et traduisent les confusions fréquentes entre les ceuvres de ces deux artistes, portraitistes des chiens royaux et décorateurs des résidences de la Couronne.
Manufacture royale de porcelaine de Sèvres Charles Eloi Asselin (1743-1804), d'après Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Louis XVI menant le limier, allant au bois, au carrefour du Puits solitaire,
forêt de Compiègne
1780 Porcelaine tendre; bois doré
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Manufacture royale de porcelaine de Sèvres
Charles Nicolas Dodin (1734-1803 d'après Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
La Curée du cerf en forêt de Saint-Germain, en vue de l'abbaye
de Poissy
Vers 1780-1781 Porcelaine tendre ; bois doré
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon,
Passionné de vénerie comme son grand-père, Louis XVI commande en 1779 neuf plaques de porcelaine reprenant les compositions des Chasses royales d'Oudry. Les meilleurs peintres de la manufacture de Sèvres relèvent le défi de réduire les scènes des cartons au format des plaques tout en maîtrisant la palette chromatique dont les nuances se révèlent à la cuisson. Le visage de Louis XV disparaît au profit de celui de Louis XVI et les habits d'équipage sont actualisés. Ces tableaux de porcelaine ornent la salle à manger du roi à Versailles.
Jacques Roëttiers (1710-1784)
Surtout de table du duc de Bourbon (1692-1740)
1734-1735 Argent fondu et ciselé
Paris, musée du Louvre,
département des Objets d'art,
Centre de table de 40 kg, cette pièce monumentale finement ciselée est commandée par le duc de Bourbon. Utilisée la première fois en juillet 1736 lors d'un souper en présence de Louis XV, elle célèbre la passion de la chasse. Sur le plateau orné de hures de sanglier, un loup est pris au piège, tandis que sur l'arche rocheuse, supportant à l'origine des bras de lumière en forme de branchages, un cerf est attaqué par des chiens. Ces groupes animaliers sont directement inspirés de compositions peintes par Oudry
Manufacture royale de porcelaine de Sèvres Louis-Simon Boizot (1743-1809), d'après Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Surtout des chasses - un valet de chien
Vers 1780 Biscuit de porcelaine tendre
Fontainebleau, musée national du château
Retenant deux chiens, ce valet
de chasse appartient à un ensemble de huit pièces éditées en 1776, soit trois scènes de chasse - cerf, sanglier et loup - accompagnées de figures de valets et chasseurs. Boizot s'inspire des groupes modelés en 1751 d'après les compositions peintes et dessinées par Oudry. Louis XVI acquit le premier tirage des biscuits; les moules sont utilisés au XIXe siècle pour créer les surtouts des chasses de Chantilly en 1845-1847 et
de Compiègne sous Napoléon
Jean-François de Troy (1679-1752)
Un Déjeuner de chasse
1737 Huile sur toile
Paris, musée du Louvre,
département des Peintures
Œuvrant pour les résidences royales, de Troy compose cette scène à l'élégance mondaine pour le décor de la salle à manger des petits appartements de Louis XV à Fontainebleau. Inséré dans les lambris, comme ceux peints par Carle Van Loo et Charles Parrocel, le tableau montre la société de chasse dans le tourbillon de sa gracieuse oisiveté lors d'un déjeuner sous les arbres. Piqueurs descendus de cheval et femmes venues en carrosse s'égaient à table, environnés de serviteurs apportant plats et boissons.
Détail du tableau précédent
Les tapisseries de la série des Chasses de Maximilien ont été tissées aux Gobelins au XVIIe siècle d'après une célèbre tenture flamande conservée au Louvre.
Les Gobelins, des Chasses du XVIe siècle
aux créations d'Oudry
L'ancienne chambre de la reine
au XVIe siècle reçoit en 1865 cinq tapisseries de la manufacture des Gobelins, tissées vers 1700. Elles reproduisent plusieurs pièces de la célèbre tenture des Chasses de Maximilien, un exceptionnel tissage en laine, soie, fils d'or et d'argent, réalisé à Bruxelles vers 1530 pour un membre de la famille de l'empereur Charles Quint.
Ce tissage flamand fit partie des collections du cardinal de Mazarin puis de Louis XIV (Paris, musée du Louvre). Composée de douze pièces, la tenture illustre chaque mois de l'année - les signes du zodiaque figurent dans les bordures - par divers types de chasse (à l'oiseau, au cerf, au sanglier). Elle s'inspire du Livre de chasse, ouvrage de vénerie écrit
à la fin du XIVe siècle par Gaston Phébus. Les scènes se déroulent en forêt de Soignes, près de Bruxelles.
Les pièces de Fontainebleau représent les épisodes suivants, dans le sens des aiguilles d'une montre, depuis le côté d de la cheminée: Le Bat l'eau (fragment) Le Repas des chasseurs, Le Départ pou la chasse, L'Audience du roi avant la ch et, du côté des fenêtres, trois fragment d'une pièce illustrant Une Halte et un re
Modèle par excellence des somptueuse tapisseries princières sur le thème de la chasse, cette tenture influença Jean-Baptiste Oudry lors de la création des Chasses royales destinées à Louis
Jean de La Fontaine (1621-1695)
Fables choisies, Paris, chez Desaint et Saillant et chez Durand, 1755-1759
Papier, 4 vol. in-folio,
reliure en plein maroquin bleu ornée; gravures à l'eau-forte et impression typographique sur papier de Hollande
Charles-Nicolas Cochin (1715-1790), d'après Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) Frontispice et page de titre
Fontainebleau, musée national du château, dépôt de la Bibliothèque nationale de France, FB-5324
Ambitieuse édition entreprise par Montenault, les Fables bénéficient des illustrations d'Oudry, composées vingt ans auparavant pour la manufacture de tapisserie de Beauvais. Vendus par Oudry, ses dessins sont repris à la mine de plomb par Charles-Nicolas Cochin et confiés à quarante-deux graveurs pour composer les 275 planches. Soutenu par Louis XV, l'ouvrage est imprimé à mille exemplaires et connait un grand succès.
Le premier volume comprend un frontispice dessiné par Oudry: Ésope, auteur grec de l'Antiquité qui avait composé des fables, désigne le buste de Jean de La Fontaine qu'entourent divers animaux.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
La Chasse au cerf dans l'Oise à la vue de Compiègne du côté de Royallieu
1737 Huile sur toile
Fontainebleau,
musée national du château
Troisième composition d'Oudry pour la tenture des Chasses royales, ce tableau monumental (3,57x9,91 mètres) est commandé en 1733 et livré en 1737 pour le tissage de la tapisserie correspondante à la manufacture des Gobelins.
La scène présente une vue panoramique de la forêt de Compiègne depuis le village de Royallieu. L'équipage est représenté poursuivant un cerf qui tente d'échapper à la meute en traversant la rivière. Le nombre de personnages et l'ampleur du cadre paysager confèrent à cette toile une dimension de tableau de bataille, avec Louis XV placé au centre, le visage tourné vers le spectateur, donnant l'ordre de sonner l'hallali, tandis que des embarcations sont mises à l'eau.
Peints d'après nature, chevaux et chiens sont saisis dans des attitudes diverses, concentrés sur le spectacle de la chasse auquel assistent les passagers d'une barge, des paysans et quelques courtisans.
Entourage d'Alexandre-François
Desportes (1661-1743)
Chiens veillant sur du gibier
Première moitié du XVIIIe siècle Huile sur toile Fontainebleau, musée national du château, INV. 3936
Alexandre-François Desportes
(1661-1743)
Sanglier tenant tête aux chiens
1702 Huile sur toile
Fontainebleau, musée national du château, INV. 3905
Ce tableau fit partie des commandes du Grand Dauphin, fils de Louis XIV, pour la galerie du château de Meudon.
Atelier d'Alexandre-François
Desportes (1661-1743)
Nature morte de gibier
au cygne et au homard
Début du XVIIIe siècle Huile sur toile
Fontainebleau, musée national du château, INV. 3935
LA RESTAURATION DES CARTONS DE JEAN-BAPTISTE OUDRY
Les grands tableaux peints à l'huile sur toile, commandés en 1733 par Louis XV à Oudry, sont désignés par le terme de «cartons». Il s'agit des modèles à grandeur d'exécution des tapisseries que tisseront les ateliers de la manufacture royale des Gobelins
Tableau en restauration
Détail de la restauration
Non identifié
Non identifiés
Jacques-Nicolas Tardieu (1716-1791), d'après Nicolas de Largillière
(1656-1746)
Jean-Baptiste Oudry
1755 Gravure à l'eau-forte et au burin
Fontainebleau,
musée national du château,
Issu du premier volume des Fables de La Fontaine, ce portrait est un vibrant hommage à Oudry, qui fournit les dessins des illustrations de l'édition supervisée par Montenault. La gravure est réalisée d'après le portrait de l'artiste peint par Nicolas de Largillière en 1729. L'original, perdu, est connu par une réplique. L'encadrement présente les attributs des arts, au sein desquels apparaît, à gauche, un dessin de chien de chasse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire