dimanche 17 novembre 2024

Jacques Prevert au musée Montmartre en novembre 2024


JACQUES PREVERT, rêveur d'images

JACQUES PRÉVERT, UNE VIE ARBORESCENTE
L'imaginaire de Prévert est façonné et prend racine au cœur de trois phases précises de sa vie : son enfance, la période surréaliste de la rue du Château et l'époque du groupe Octobre. Un portrait de Prévert par Prévert, sous forme de collage, annonce l'éclectisme créatif de son auteur. Les archives du poète tracent un fil rouge qui relie ses souvenirs familiaux, l'effervescence de sa jeunesse surréaliste et l'importance des images dans ses moyens d'expression.

Autoportrait
Non date
Collage sur toile peinte
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.139


PHOTOGRAPHE ANONYME
Jacques Prévert et sa classe
de l'école André-Hamon,
68, rue d'Assas
1908
Tirage argentique noir et blanc
Paris, Bibliothèque nationale de France, département
des arts du spectacle

ENFANCE
Chez les Prévert, à la naissance de Jacques, tout est un peu chaotique, parfois misérable : déménagements fréquents, passage des huissiers. André, le père, est un personnage de théâtre burlesque. Le grand-père « Auguste le Sévère », royaliste et ultra-catholique, le fait embaucher à l'Office des œuvres de bienfaisance de Paris. C'est en accompagnant son père dans les quartiers pauvres de la ville que Jacques éveille sa conscience. Malgré les difficultés, il garde des souvenirs heureux de son enfance: il va au cinéma en famille, à la fête de Neuilly, ou encore au musée du Luxembourg, où il découvre les impressionnistes. Se dessine ainsi la personnalité humaniste de Prévert, qui puise dans son enfance les sources de sa créativité: amour du Paris populaire, refus de la misère, refus de la religion.



PHOTOGRAPHE ANONYME
Marcel Duhamel et Jacques
Prévert
1922
Contretype
Collection Eugénie Bachelot Prévert

LE SURREALISME ET LA RUE DE CHATEAU
De 1924 à 1928, dans le chaos de l'entre-deux-guerres, Jacques Prévert est hébergé par Marcel Duhamel dans une maison des faubourgs
de Montparnasse. C'est là, avec son frère Pierre et le peintre Yves Tanguy, qu'il côtoie André Breton et contribue à l'effervescence d'une alliance d'esprits qui marque profondément le xxe siècle. Le 54, rue du Château devient un des principaux lieux de rencontre des surréalistes et un refuge pour plusieurs d'entre eux. L'invention du «< cadavre exquis », le tableau Le Testament de Prévert - présenté ici pour la première fois au public - ou encore le film Souvenir de Paris (1928), témoignent de la richesse créative d'une époque et de l'atmosphère aussi joyeuse qu'irrévérencieuse de la rue du Château, qui ont fortement influencé l'imaginaire de Jacques Prévert

PHOTOGRAPHE ANONYME
Jacques Prévert, Simone Dienne, André Breton et Pierre Prévert
Noël 1925
Contretype
Collection Eugénie Bachelot Prevert

Jeannette et Yves Tanguy, Benjamin Péret et Jacques Prévert sur les quais de la seine

YVES TANGUY Le Pont
1925
Huile sur toile, avec collage de fils métalliques en partie détachés Quimper, musée des Beaux-Arts, inv. 2017-3-1
Don de Catherine Prévert, 2017
Avec Le Testament de Jacques Prévert (exposé ici) et la Rue de la Santé (New York, Museum of Modern Art), ce tableau est l'un des premiers réalisés à l'huile par Tanguy. Sa provenance témoigne de l'amitié entre les surréalistes de la rue du Château: donné à Marcel Duhamel, il a ensuite été offert par sa veuve à Catherine Prévert, fille de Pierre Prévert, qui en a fait don au musée des Beaux-Arts de Quimper.
Dans la représentation des quais, lieu de jeux et de promenades, ainsi que dans un certain goût pour les scènes urbaines, s'exprime l'ambiance festive des années 1924-1925

YVES TANGUY
Le Testament de Jacques Prévert (La Rue du Château)
1925
Huile, graphite et grattage sur panneau marqueté Suisse, collection particulière
Ce tableau a été peint par Yves Tanguy directement sur la porte de la chambre de Prévert au 54, rue du Château. À l'époque, Tanguy commence tout juste à exposer ses dessins au Salon de l'Araignée, et s'initie à la peinture avec des huiles achetées par son ami et bienfaiteur Marcel Duhamel. En 1928, quand le critique d'art Georges Sadoul récupère le bail de la maison, il garde le tableau, sur lequel Tanguy avait alors gratté la signature. Une multitude de personnages évoque les années irrévérencieuses et les amusements des surréalistes. À droite, le profil de Prévert est accompagné d'un faire-part de décès qui évoque sa profession : "oisif"

Photomaton de Pierre et Jacques Prévert

JACQUES PRÉVERT
«Mort d'un Monsieur », Un cadavre
15 janvier 1930
Défet de presse
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2009.0.772
Lors de la parution du Second Manifeste du surréalisme (1930), à la suite de tensions personnelles, André Breton attaque plusieurs compagnons qu'il souhaite éliminer du groupe surréaliste. Prévert s'insurge et participe à la publication du pamphlet collectif Un cadavre. Éli Lotar réalise le photomontage de Breton: les yeux fermés, couronné d'épines. Le texte écrit par Prévert est cinglant. Les autres contributeurs sont Jacques Baron, Georges Bataille, Alejo Carpentier, Robert Desnos, Michel Leiris, Georges Ribemont-Dessaignes, Georges Roger Vitrac, Raymond Queneau, Georges Limbour, Max Morise et Jacques-André Boiffard. Prévert se réconciliera avec Breton quelques années plus tard.

LE GROUPE OCTOBRE
À la fin des années 1920, Prévert commence à écrire. En 1932, Raymond Bussières lui commande des textes contestataires pour une troupe de théâtre amateur d'« agit-prop» (agitation propagande). Le mouvement ouvrier donne des ailes au spectacle vivant. Pour cette petite troupe qui prendra le nom de groupe Octobre, en hommage à la Révolution russe, Prévert écrit des pièces qui sont jouées partout où les colères grondent: préaux, usines, bistrots, arrière-salles. On change de rôle, on improvise, on fait de la poésie de combat, on tape joyeusement sur le « théâtre bourgeois » : l'ennemi absolu restent le fascisme, et Hitler qui arrive au pouvoir

PHOTOGRAPHE ANONYME
Le groupe Octobre sur le bateau
le menant à Moscou pour l'Olympiade internationale du Théâtre révolutionnaire
Mai 1933
Contretype
Collection Eugénie Bachelot Prévert

RAYMOND PICON BOREL
Scène du défilé de Saint-Cyr- l'École, le groupe Octobre avant la représentation de Suivez le druide. Jacques Prévert déguisé en abbé
16 juin 1935
Tirage moderne
Collection Eugénie Bachelot Prévert
En 1935, la municipalité communiste de Saint-Cyr- l'École invite le groupe Octobre à jouer la pièce Suivez le druide. Avant la représentation, les acteurs parodient une procession religieuse et défilent dans les rues. Margot Capelier est déguisée en reine Margot, Roger Blin en Henri III, Marcel Duhamel en général et Jacques Prévert en prêtre. D'autres, en maillot de bain, interprètent L'Internationale et brandissent des pancartes. Ce joyeux désordre satirique provoque un scandale dans la ville qui abrite aussi l'École militaire. La presse de droite se déchaîne, leur reproche de tourner l'Armée en dérision et interpelle la Chambre des députés.

Le cinéma  scénarios illustrés
En 1932, Jacques Prévert adapte pour son frère Pierre le scénario libertaire d'un auteur hongrois, Ákos
 Ráthonyi : L'affaire est dans le sac. Cette première
réussite prélude à de nombreuses autres expériences
dans le domaine du cinéma. En 1935, il écrit pour
Jean Renoir les dialogues du Crime de monsieur Lange. La même année, il rencontre Marcel Carné : c'est le début d'une collaboration qui donne naissance à Drôle de drame (1937), Le Quai des brumes (1938), Le jour se lève (1939), Les Visiteurs du soir (1942), Les Enfants du paradis (1945), Les Portes de la nuit (1946), La Marie du Port (1949).
Pour ses scénarios, Prévert adopte une méthode particulière : il punaise au mur une grande feuille de papier et il l'enlumine de petits dessins. Il note les traits de ses personnages, leur nom, leur caractère et des bribes de dialogues. Ses dessins oscillent entre une réflexion concentrée et un abandon coloré et paresseux à son imagination. Tels des rébus à décrypter, ces planches constituent un témoignage unique du cheminement créatif de Prévert

JACQUES PRÉVERT Scénario dessiné pour
Les Visiteurs du soir
1942
Crayons de couleur et encre
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des arts du spectacle, réserve FOL-O ICO-510
Acquise par la Bibliothèque nationale de France en 2010, cette planche scénaristique dessinée par Prévert a fait partie de ses archives personnelles. Elle montre le premier jet du scénario pour Les Visiteurs du soir, film de Marcel Carné. L'écriture et les illustrations se mélangent sur une grande feuille de papier punaisée au mur. Comme dans une enluminure moderne, Prévert esquisse les portraits du «< ménestrel »> joué par Alain Cuny, de « la femme en homme >> interprétée par Arletty, ou encore du << diable >> incarné par Jules Berry. Des pliures, des ratures, des taches de café et de mégots montrent le caractère vivant de cet outil de création

JACQUES PRÉVERT
Portrait de Picasso
Entre 1949 et 1966
Collage sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie

JACQUES PRÉVERT
Quelques derniers hommes
Avant 1966
Collage sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie


JACQUES PRÉVERT AU PAYS DES PEINTRES
L'attrait de Prévert pour les oeuvres de ses amis peintres lui a inspiré de nombreux textes et livres qui accompagnent souvent leurs créations. Ces écrits nous permettent de mieux comprendre la personnalité de ces artistes, de pénétrer dans leurs tableaux en amateur curieux et inventif, et de s'y retrouver, comme dans un voyage au cœur des rêves que chacun porte en soi. Prévert nous tend un miroir en nous parlant de Miró, Picasso, Calder ou Ernst, mais il nous dévoile aussi beaucoup de lui, de sa conception de la vie, de son rapport à l'écriture.

ANDRÉ VILLERS
Prévert devant son portrait par Picasso
vers 1956
Photographie postérieure d'après négatif
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie, .

Heinz Berggruen, Pablo Picasso, Jacques Prévert et Georges Tabaraud à Cannes, La Californie
1961
Tirage postérieur d'après négatif
Paris, Bibliothèque nationale de France

LA LANTERNE MAGIQUE DE PICASSO
Picasso et Prévert se sont fréquentés, estimés et aimés. « Il n'y a que dans ce qu'a écrit Prévert que je me retrouve >> aurait dit Picasso, selon un témoignage de leur ami commun, le photographe André Villers. De l'admiration de l'écrivain pour les oeuvres du peintre naîtront des poèmes, dont les deux derniers du recueil Paroles : « Promenade de Picasso >> et << Lanterne magique de Picasso », et deux livres : Portrait de Picasso (1959) et Diurnes (1962). Prévert partageait avec Picasso le refus du réalisme et la volonté d'aller au-delà des apparences. Dans << Lanterne magique de Picasso », le poète voit les tableaux du peintre comme des puzzles réinventés. Les corps de deux amants s'emmêlent en un enchevêtrement euphorique : le « puzzle de l'amour avec tous ses morceaux » est reconstitué à sa manière par l'artiste

PABLO PICASSO
Portrait de Jacques Prévert
26 septembre 1956
Crayon de couleur bleu sur papier
Musée national Picasso
Les portraits de Prévert ont été réalisés pour la réimpression de l'édition cartonnée de Paroles en 1956. René Bertelé écrit à Gaston et Claude Gallimard, le 25 septembre, que Jacques Prévert tient beaucoup à l'insertion de son portrait par Picasso dans l'édition. Il accroche d'ailleurs le fusain dans sa salle à manger, au-dessus de la porte qui conduit à son bureau. Pourtant, d'après Janine Prévert, il aurait dit à Picasso: << Tu ne m'as pas gâté », et le peintre aurait répondu : « Tu lui ressembleras ». Ces deux portraits font partie d'une série d'études : « J'ai fait des milliers de portraits de Prévert »> affirme Picasso dans un entretien. De son côté, Prévert a réalisé des portraits en collage du peintre, dont certains sont exposés dans cette salle.

PABLO PICASSO
<< Pour Minette Prévert,
son ami Picasso >>
12 octobre 1962
Dessin dédicacé 

ALEXANDER CALDER
Mobile dédicacé à Jacques Prévert
1966
Métal peint
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.137
Prévert avait accroché ce mobile au plafond de sa salle à manger, Cité Véron. Il aimait l'aspect ludique des mobiles de Calder, tout en ayant conscience de ce qu'il y avait de calcul savant derrière cette apparente simplicité: «Quand le nombre dort, les chiffres dansent et c'est Calder qui les fait danser avec sa règle à calculer les probabilités des possibilités de la mobilité. / Et son langage chiffré, son solfège insensé, c'est grande précision folle... 

FÊTES DE CALDER, RÊVES DE MIRÓ
Ses amis Calder et Miró ont beaucoup inspiré Prévert. Avec Calder, il publie en 1971 un livre intitulé Fêtes. Si son texte voisine avec des eaux-fortes de l'artiste, Prévert évoque tous les autres techniques abordées par l'«< ogre aux doigts de fée » : les stabiles et les mobiles de cet « Horloger du vent », ou encore ses dessins accompagnant des comptines pour enfants. Il met l'accent sur le côté joyeux des œuvres de Calder, «< fêtes pour la vie ».
Avec Miró, Prévert conçoit deux livres : Joan Miró (1956) et Adonides (1978). Prévert se retrouve dans les œuvres du peintre, enfant-adulte ingénu et lucide. Le texte écrit pour Joan Miró nous fait entrer dans l'imaginaire de l'artiste et dans « la liberté de ses rêves >> ; à l'inverse, dans Adonides, c'est Miró qui enlumine les mots de Prévert



JOAN MIRÓ
"Pour Jacques Prévert,
de tout cœur"
1950
Lithographie rehaussée
Collection Eugénie Bachelot Prévert

LA  MER DE BRAQUE, LES OISEAUX DE ERNST
C'est après la mort de Braque, notamment dans Varengeville (1968), que Prévert évoque
 les ceuvres du peintre. Le livre emprunte son
titre au village normand où furent exécutés les
tableaux reproduits, dont les plus nombreux sont des marines. Sous la plume de Prévert, la mer dont Braque se fait l'interprète devient une métaphore de la vie : "tout est dans tout", les éléments se mêlent, s'emmêlent et, solidaires, échangeant leur beauté.
Les Chiens ont soif (1964), conçu avec Max Ernst, est une forme de collaboration différente. Prévert ne parle pas des oeuvres de Ernst mais donne libre cours à son imagination, stimulée par les dessins de l'artiste.

GEORGES BRAQUE Marine, l'orage,
barque sur les galets
1959
Huile sur toile
Collection Isabelle Maeght, Paris

GEORGES BRAQUE
Paysage, les champs ciel bas
1956-1957
Huile sur toile, cadre peint par l'artiste Collection Isabelle Maeght, Paris

MARIETTE LACHAUD
Jacques Prévert et Georges Braque à la Colombe d'or, Saint-Paul-de-Vence
Vers 1960
ADAGP, Paris, 2024

MAX ERNST ET JACQUES PRÉVERT
Les chiens ont soif
1964
Livre illustré, tirage limité à 320 exemplaires, exemplaire hors-commerce, éditions Au Pont des Arts, Paris
Présentées au mur planches nn° 19, 23, 28, 32, 36, 40, 43, 45, 52, 60, 61
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2013.0.2819
Ce livre contient 2 eaux-fortes et 27 lithographies en couleurs de Max Ernst. Prévert et Ernst parodient le titre d'Anatole France, Les dieux ont soif, roman qui se passe sous la Terreur. Nous avons bien un tribunal révolutionnaire, ici, mais les chiens n'apparaissent que brièvement dans le texte de Prévert. Les dessins de Max Ernst montrent des oiseaux longilignes, affublés pour certains de la spirale du père Ubu. Ceux que Prévert fait parler se plaignent des mauvais traitements infligés par les humains mais l'alouette de Roméo et Juliette vient plaider la cause des amoureux.

LE TEMPS RETROUVÉ DE CHAGALL 
Dans sa préface aux Contes de
Boccace, où des enluminures du XVe siècle sont mises en regard des lavis de Chagall, Prévert dit
l'intemporalité de l'art - thème qui lui est cher et évoque le dialogue des œuvres du XXe siècle avec celles du Moyen Âge. Une entente semble s'instaurer entre ces illustrations si distantes par le temps: "on entend le violon de Chagall en regardant les Contes de Boccace". Prévert, qui est pour le mélange des genres, se réjouit aussi de ce mélange des époques. Ici, Prévert opte pour un texte qui ne s'attache pas à l'art de Chagall, mais à la constatation que la modernité n'est pas forcément là où on l'attendrait : il propose une apologie du désir suscitée par les récits licencieux du conteur florentin, et y insère quelques joyeux coups de griffe anticléricaux.

MARC CHAGALL, JACQUES PRÉVERT
et FRANTZ CALOT
Contes de Boccace
1950
Livres imprimés, éditions de la revue Verve, Paris Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2013.0.2726 Paris, Archives Marc et Ida Chagall
Les Contes de Boccace
dont sont exposés deux exemplaires et les dessins originaux sont la première collaboration artistique entre Prévert et Chagall. Quinze ans plus tard, les deux amis réalisent un volume consacré aux photographies d'Israëlis Bidermanas, dit Izis. Les textes de Prévert dialoguent avec les compositions du peintre et avec les clichés du photographe d'origine lituanienne.

GISELE FREUND
Marc Chagall
et Jacques Prévert
1954
Saint-Germain-la-Blanche-Herbe, Institut Mémoires de l'édition contemporaine (IMEC)
IMEC, Fonds MCC, Dist. Grand Palais Rmn / Gisèle Freund RMN gestion droit d'auteur/ Fonds MCC / IMEC


MARC CHAGALL
Le cuisiner
A bon rat, bon chat
A femme avare, galant escroc
Le boulanger
La punition esquivée 
 Le rubis
1949-1950
Illustrations originales pour les Contes de Boccace Lavis d'encre de Chine et crayon sur papier
Collection particulière
Ces lavis de Chagall ont été publiés en avril 1950 dans un numéro de la revue Verve intitulé «< Contes de Boccace ». Ils figurent face à des enluminures franco- allemandes inspirés par Le Décaméron et exécutées au XVe siècle pour les Valois de Bourgogne.


JACQUES PRÉVERT, PROMENADES
MONTMARTROISES
Au début de l'année 1953, un certain Monsieur Dimanche propose à Jacques Prévert de s'installer dans des ateliers perchés sur la terrasse qui domine le Moulin Rouge, auxquels on accède par le 6 bis, Cité Véron. Le tout-Montmartre artistique se retrouvera chez Prévert et chez son voisin Boris Vian pour enchanter les jours et les nuits derrière les ailes du célèbre cabaret. Prévert arpente les rues du quartier et fait de son appartement- atelier un lieu de rencontre et de création. C'est là qu'il réalise la plupart de ses collages. Sa vivacité est celle d'un peintre qui opère par la colle et par le découpage. Des ciseaux soigneusement affûtés par un coutelier de l'avenue de l'Opéra remplacent le pinceau. Jacques, «< tu ne sais pas dessiner, tu ne sais pas peindre, mais tu es peintre ! », aurait affirmé Picasso, selon les souvenirs de Janine Prévert.


GIACOMO POZZI-BELLINI
Jacques Prévert à l'entrée de la cité véron
vers 1958
Lyon, Bibliothèque municipale de Lyon

COLLAGES: LE MANÈGE
DES IMAGES
Rêveur d'images et créateur d'imaginaires, Jacques Prévert conçoit ses collages comme il tisse la structure de ses écrits: la citation, l'anagramme et la libre association d'idées sont au cœur de sa créativité. Tel un puzzle, chaque collage est le résultat d'un travail méticuleux qui commence au moment de la recherche de ses éléments, chinés chez les bouquinistes ou les marchands de la rue Dauphine. Des liserés colorés encadrent les scènes et témoignent de l'attention de Prévert pour le rendu esthétique de ses compositions. Sa production de collages devient particulièrement importante à partir de 1948: tombé accidentellement d'une fenêtre, il traverse une longue convalescence et il s'adonne aux collages pour "s'aider a écrire "

JACQUES PRÉVERT
Le mouvement des marées
Avant 1960
Collage sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2017.0.40
Par leurs formes et par leurs titres, plusieurs collages évoquent des compositions poétiques de Prévert. Dans celui-ci, le corps sans vie d'une jeune femme gisant sur une plage fait écho au texte du << Chant funèbre d'un représentant »>, paru dans La Pluie et le beau temps (1965): « Mouvement des navires mouvement des marées / Ton sort c'était hier /
le mien c'est pour demain / et ta robe neuve et rouge / quand tu l'enlevais / jamais je n'oublierai / tout ce que tu disais / toi qui souriais toujours / comme seul sourit l'amour [...] >>

JACQUES PRÉVERT
L'Échappée belle
Avant 1963
Collage sur papier Paris, galerie Doria
Ce collage est lié à un événement biographique précis qui fait basculer Prévert dans la production massive de ces créations d'images. Le 12 octobre 1948, il tombe accidentellement d'une porte-fenêtre située au premier étage d'un studio de la Radiodiffusion française. Son ouverture se faisait vers l'extérieur et le garde-corps avait été retiré par l'occupant allemand en 1940 afin d'y installer une mitrailleuse. Après plusieurs jours dans le coma, Prévert traverse une longue convalescence à Saint-Paul-de-Vence.

JACQUES PRÉVERT
Saint François Borgia devant le corps d'Isabelle
Avant 1964
Collage sur papier
Paris, galerie Doria
Dans ce collage, Prévert reprend la scène principale d'un tableau de Jean-Paul Laurens (1838-1921) conservé au musée des Beaux-Arts de Brest. La composition montre le vice-roi de Catalogne, François Borgia, devant le corps de l'épouse de Charles Quint, Isabelle de Portugal. Contemplant la vanité de la vie, il prend la résolution d'embrasser la vie religieuse. En puisant son inspiration dans un univers de références large, Prévert transforme la scène en une parodie avec des singes aux allures impertinentes. D'un point de vue technique, le soin est tel qu'on distingue difficilement le travail à la colle.

JACQUES PRÉVERT
Beauté viscérale (d'après le portrait de Battista sforza par Piero della Francesca)
Vers 1960
Collage sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.118

JACQUES PRÉVERT
D'après le portrait du Duc d'Urbin par Piero della Francesca
Vers 1960
Collage sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.123
Prévert crée des scènes dominées par le monstrueux et l'onirique. Des détournements méthodiques démystifient tout attachement à l'oeuvre d'art. C'est ici le cas du Double Portrait des ducs d'Urbino, par Piero della Francesca. Le profil de Battista Sforza est remplacé par un ensemble de muscles écorchés qui en font une Beauté viscérale. Son mari Federico da Montefeltro se compose d'organes: le cou laisse sa place au foie, le nez à la rate, l'omentum lui sert de menton. Dans d'autres collages, tel le Barbu mycocéphale, des compositions hétéroclites d'organes, plantes et animaux rendent hommage aux portraits d'Arcimboldo.

JACQUES PRÉVERT
Seigneur du règne végétal prêtant l'oreille à d'inquiétantes rumeurs frugivores
Vers 1960
Collage sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.96

JACQUES PRÉVERT
De l'art galvaniplastique!
Vers 1960
Collage sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.109

JACQUES PRÉVERT
Barbu mycocéphale
Vers 1960
Collage sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie, réserve DC-941 (A,6) - BOITE FOL, inv. 55, estnum 2018-236

JACQUES PRÉVERT
Amants
Avant 1966
Collage sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.107


JACQUES PRÉVERT
Peintre sur le motif
Vers 1950
Collage sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.92

JACQUES PRÉVERT
Femme, homme et enfant
Avant 1963
Collage réalisé à partir d'une photographie argentique de Brassaï Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.121
Des images tantôt minimalistes tantôt alambiquées naissent du dialogue des figurines découpées. Des gravures anciennes se mélangent aux vignettes publicitaires et aux souvenirs nostalgiques de l'enfance de Prévert. Parfois, les tirages argentiques de ses amis photographes ces << voleurs d'images » avec lesquels il arpente Paris servent de fonds à des mises en scène particulièrement réussies. C'est bien le cas du collage Femme, homme et enfant, où la photographie d'un mur parisien par Brassaï (série Graffiti) donne une allure surréaliste à la scène intime qu'elle accueille.

JACQUES PRÉVERT
 Fête nautique
Non date
Collage sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.84

JACQUES PRÉVERT
La Gourmandise (péché capital)
Après 1964
Collage sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.89

JACQUES PRÉVERT
Minette et les roues fulgurantes
Vers 1956
Collage sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.106
Plusieurs photographies de famille intègrent les collages de Prévert. Minette et les roues fulgurantes cite le titre d'un roman de Jean de La Hire, dont sa fille Michèle devient protagoniste. La composition de Prévert s'apparente à ses textes pour le cinéma et le théâtre, mais aussi aux jeux de l'espace familial, quand il inventait des contes pour sa fille et sa nièce. La scène est tirée d'une gravure de l'incendie des docks de la Villette en 1871 et fait écho à une composition publiée dans Imaginaires en 1970: << un innocent regarde des images de l'enfer et n'y voit que du feu »>.

JACQUES PRÉVERT
Le Désert de Retz
Avant 1963
Collage réalisé à partir d'une photographie argentique d'izis Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.112
Ce collage a été utilisé par Prévert pour la couverture de Fatras (1966). Un cerf noblement vêtu pose devant une fenêtre. Le titre identifie le lieu représenté : le Désert de Retz, le jardin anglo-chinois de Chambourcy, dans les Yvelines. Les surréalistes sont tombés amoureux de ce parc créé au XVIIIe siècle par un aristocrate visionnaire. Son temple consacré à Pan et ses pavillons sont les lieux de rencontres secrètes du groupe guidé par Breton. Le bâtiment principal, la Colonne détruite, invite par ses formes à abandonner toute certitude dans les lois de la matière. C'est l'une de ses fenêtres, photographiée par Izis, qui sert de fond pour cette composition.

JACQUES PRÉVERT
La Trente-sixième chandelle
Avant 1963
Collage sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.82
Utilisé pour la couverture d'Imaginaires (1970), le titre de ce collage évoque la sensation lumineuse qui accompagne un évanouissement. Un personnage barbu semble sortir du burin de William Blake. Dans sa pose mystique, il tient une bougie par la flamme. Derrière lui, un singe noir se perd dans le rouge d'un tableau qui fait écho aux Combustions d'Alberto Burri.

ROBERT DOISNEAU
Jacques Prévert se reflétant
dans un miroir avec des éléments de collage
Vers 1963
Tirage moderne
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2011.0.226

JACQUES PRÉVERT
La cinquième ou Le Régime des poulets
Vers 1968
Collage sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France, département
des Estampes et de la photographie

JACQUES PRÉVERT
Souvenir de Paris I
Avant 1966
Collage sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2012.0.11

JACQUES PRÉVERT
Souvenir de Paris IV
Avant 1966
Collage sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France, département
des Estampes et de la photographie

JACQUES PRÉVERT
Sans titre (Montmartre,
place du Tertre)
28 mars 1969
Collage sur carte postale adressée à Jean-Paul Goude, Esquire,
488 Madison Avenue, New York, U.S.A.
Collection particulière

JACQUES PRÉVERT
Souvenir de Paris II
Avant 1966
Collage sur carte postale
Collection Eugénie Bachelot Prévert

Jacques Prévert 
Sans titre
Juillet 1974
Collage sur enveloppe en papier kraft Collection Eugénie Bachelot Prévert
Prévert envoie de nombreux collages en forme
de carte postale à ses amis et à sa famille, avec des compositions oniriques qui incluent parfois des textes du poète, clos dans des enveloppes richement décorées. Le collage devient ainsi une marque d'amitié,
ou une occasion de célébrer des événements précis, comme la naissance de son unique petite-fille, Eugénie Bachelot Prévert

JACQUES PRÉVERT
Sans titre (Les frères Jacques)
Vers 1956
Collage sur papier dédicacé à Boris Vian, ami et voisin de Prévert à la Cité Véron
Collection Cédric Vian, petit-fils de Boris Vian
Les collages de Prévert permettent de reconstituer la géographie de ses relations affectives. C'est par exemple le cas de ce collage offert à Boris Vian (1920-1959), où le célèbre quatuor vocal des Frères Jacques danse à l'entrée de la Cité Véron. Cet hommage aux liens musicaux entre Vian et Prévert n'est qu'une des nombreuses compositions offertes à son ami et voisin. En 1947, l'Écume des jours de Vian est la première publication à accueillir sur sa couverture un collage de Prévert

JACQUES PRÉVERT
Le Nouvel Opéra de Paris
Vers 1950
Collage sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert

JACQUES PRÉVERT
Les Promenades de Paris II. Canna
Non date
Collage sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert 

JACQUES PRÉVERT
Soir d'automne
Non date
Collage sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France

JACQUES PRÉVERT
La machine à l'Ave
1970
Collage sur papier dédicacé au docteur Raymond Leibovici Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie, réserve DC-341 (A,8) - boîte fol., inv. 18, estnum 2018-263
Dans Le pape du Moulin Rouge, les ailes du célèbre cabaret servent d'auréole à la silhouette de Paul VI. Coincé dans une cuisine, le même pontife devient le sujet de La machine à l'Ave, un collage signé « l'abbé Prévert ». Avec un jeu de mots sagace le pape donne << l'Ave » devant une machine « à laver » où mijotent des restes humains. Un singe, ou plus précisément un cercopithèque diane tiré de l'Histoire naturelle des singes et des makis (1799), contribue à l'absurdité de la scène.

JACQUES PREVERT
Laissez venir à moi
Vers 1960
Collage sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie

MAURICE SINET, dit SINE
La panoplie du petit curé assassin
Vers 1956
Métal, tissu, papier et résine sur carton Collection Eugénie Bachelot Prévert
Avec une salutaire agressivité, certains collages de Prévert traitent des thématiques fortes: Laissez venir à moi dénonce les cas de pédophilie dans l'Église, dont on commençait tout juste à parler dans les années 1960. L'humour noir de Prévert est à l'unisson de celui de son ami Siné. Accrochée Cité Véron, La panoplie du petit curé assassin se présente comme un collage tridimensionnel. Ironiquement sans pitié, cette rare composition évoque un fait divers sanglant: l'affaire du curé d'Uruffe quifen 1956 avait poignardé sa domestique et le foetus qu'elle portait dans son ventre, sans oublier de le baptiser d'abord.

JACQUES PREVERT
De l'art néo-sulpicien II
Avant 1966
Collage sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie, réserve DC-341 (A,8) - boîte fol., Cat. id. 10, estnum 2018-266
Ce collage détourne le sentiment de douceur et d'extase qui caractérise l'art de Saint-Sulpice. Une planche de l'album Catéchisme en images, avec la Pentecôte, se transforme en assomption laïque d'un corps féminin, porté par les ailes d'une chauve-souris. La beauté de la femme élève les esprits : « Sur la plus épaisse des soupes théologiques, métaphysiques, scientifiques et reconnues de destruction publique, il y a toujours un cheveu de Vénus. / Nous ne tenons qu'à ce cheveu et grâce à lui nous ne prenons jamais le deuil de la vie » (Diurnes, 1962).

JACQUES PREVERT
... Des animaux terrestres
Avant 1966
Collage sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie, réserve FOL-COL-325 (40), n° 36
Ce collage constitue une critique explicite des politiques coloniales de l'Église catholique aux Amériques et en Afrique. Le pape Pie XII est représenté dans une pose théâtrale, plongé dans un paysage naturel verdoyant, où se déplacent divers natifs. La tunique blanche du pontife est ombragée par une salamandre noire, symbolisant la mort. Au premier plan, une sculpture en marbre pourrait évoquer l'oppression féroce de la culture occidentale.


NOTRE PÈRE QUI ÊTES AUX CIEUX
RESTEZ-Y
ET NOUS NOUS RESTERONS SUR LA TERRE
QUI EST QUELQUEFOIS SI JOLIE
(Jacques Prévert, Paroles)

NI DIEU NI MAITRE MIEUX D'ETRE
Cibles favorites de Prévert, l'Armée, l'Église et une certaine politique réactionnaire ne sont pas épargnées dans ses collages.
Petit-fils d'un catholique royaliste, Prévert reçoit un enseignement
religieux et il en garde une horreur pour les dogmes. Son ironie vengeresse s'en prend à la hiérarchie d'État autant qu'aux hautes sphères de l'Église, et à toute forme de manipulation. Une satire profonde s'exprime dans de nombreuses compositions et s'enracine même dans le choix des albums dans lesquels il découpe des images : un exemplaire du Catéchisme en images de 1908, acheté à la boutique du « Moine mystérieux » de Cagnes-sur-Mer, devient la source de nombreuses divagations iconographiques. Des collages porteurs de thématiques importantes, telle que la colonisation, côtoient des images purement ironiques.

JACQUES PRÉVERT 
Le Pape
Non date
Collage sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie, réserve DC-341 (B,3) - boîte FOL 4, Cat. id. 137, inv. 106, estnum 2018-283

L'Empereur
vers 1960
Collage sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie, réserve DC-941 (A,6) - boîte fol., Cat. id. 136, inv. 62, estnum 2018-292
L'anticlericalisme de Prévert vise avant tout les institutions. Ainsi, un portrait d'apparat du pape Léon XIII se trouve attaqué par une larve monstrueuse, et sa tête remplacée par une pomme de terre. La hiérarchie politique et l'identité nationale sont l'objet du même détournement: le Portrait en pied de Napoléon en costume du sacre, par Anne-Louis Girodet (1767-1824), subit la même démystification et acquiert les traits d'une chenille verte.

DANIEL CZAP
Jacques Prévert à son bureau de la cité Véron
Vers 1960
Collection Eugénie Bachelot Prévert, inv. 2011.0.4 Daniel CZAP/ GAMMA RAPHO

LE TEMPS ET L'ESPACE DE PRÉVERT
Si les collages révèlent l'imaginaire foisonnant et les rêves de l'artiste, les Éphémérides et son bureau nous introduisent dans l'intimité de Jacques Prévert - dans « Le temps et l'espace >> de sa vie et de sa créativité, pour reprendre les paroles d'un de ses poèmes.
Aimant vivre dans des hôtels, puis dans des meublés, Jacques Prévert ne s'était jamais tout à fait établi dans un lieu. En 1953, il loue et fait restaurer des ateliers appartenant au Moulin Rouge, situés au 6 bis, Cité Véron. Deux ans plus tard, en 1955, il s'y installe pour de bon, avec son épouse Janine et leur fille Michèle. C'est là que Prévert écrit ses textes sur les artistes, conçoit ses derniers recueils et prend l'habitude de noter ses rendez-vous « en fleurs » sur de grandes feuilles de papier.

Éphémérides 
Entre 1955 et 1977
Feutre, crayon et pastel sur papier
Collection Eugénie Bachelot Prévert

AU 6 BIS, CITE VERON
Entre 1953 et 1955, à la demande de Jacques Prévert, l'architecte Jacques Couëlle transforme
CITÉ VÉRON l'appartement du 6 bis, Cité Véron en un « refuge »
entièrement blanc et lumineux, inspiré par le
décorateur Alexandre Trauner. Ses pièces accueillent les livres et les souvenirs de Prévert. Son bureau devient une sorte de cabinet de curiosités. On y trouve des papes, des statuettes, une tresse d'ail, des bocaux étranges réalisés par Jean-Pierre Maury, des notes manuscrites punaisées au mur, une photographie de Brigitte Bardot ou d'un enfant des rues issu de son film Aubervilliers, le matériel nécessaire à la fabrication des collages, des tableaux sans distinction de genre... Véritable inventaire à la Prévert, l'espace ménage quantité de surprises. Présenté pour la première fois hors les murs de la Cité Véron, le bureau de Prévert témoigne de la richesse d'esprit de l'artiste et de l'originalité d'un lieu que l'association Chez Jacques Prévert s'efforce de protéger.


ROBERT DOISNEAU
Jacques Prévert
et sa chienne Ergé
1954

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