samedi 26 octobre 2024

La collection d'Heinz Bergguren au musée de l'Orangerie en octobre 2024



HEINZ BERGGRUEN UN MARCHAND ET SA COLLECTION
Heinz Berggruen (1914-2007), marchand d'art et collectionneur, est célèbre pour sa galerie parisienne qui tient une place majeure sur le marché de l'art de la deuxième moitié du XXe siècle. Né dans une famille juive à Berlin en 1914, Berggruen quitte l'Allemagne pour les États-Unis en 1936 en raison des persécutions nazies, avant de s'établir définitivement à Paris après la Seconde Guerre mondiale 
C'est rue de l'Université qu'il ouvre sa galerie, spécialisée dans les œuvres graphiques des artistes modernes. Au fil de carrière, il se rapproche des artistes de son temps et devient lui-même un collectionneur passionné. Vers 1980, fort de son succès, il se consacre pleinement à rassembler ses maîtres favoris. En 2000, Berggruen, après une vie passée entre les États-Unis
et la France, il cède sa collection à l'État allemand.
En collaboration avec le Museum Berggruen/Neue Nationalgalerie Berlin, cette exposition présente un échantillon de la collection personnelle du marchand d'art, qui rassemble des chefs-d'œuvre de Pablo Picasso, Paul Klee, Henri Matisse et Alberto Giacometti. Elle met en lumière un goût qui s'est forgé tout au long de sa
vie et son attachement profond à l'art moderne et à ses figures emblématiques auxquelles il restera toujours dévoué.

UN MONDE DE CHOSES
Heinz Berggruen est fasciné par le cubisme dès ses premières incursions dans la sphère culturelle parisienne, à la fin des années 1940. Quarante ans après la naissance du mouvement, Berggruen s'emploie à en rassembler un large panorama à travers une sélection de natures mortes. Dans la lignée de Cézanne, les œuvres de Picasso et de Braque dont il a fait l'acquisition, notamment celles du premier cubisme (1909-1912) et de ses développements plus synthétiques, démontrent comment ces artistes ont déconstruit et reconstruit la réalité sur la toile.
La collection de Berggruen témoigne d'un intérêt profond pour cette période charnière, où l'art moderne a commencé à repenser la représentation de l'objet dans l'espace

PAUL KLEE (1879-1940)
Nature morte avec plante et fenêtre
1927
Huile sur toile

PABLO PICASSO (1881-1973)
Cartes à jouer, paquet de tabac, bouteille et verre
1914
Huile, charbon et sable sur carton sur bois

GEORGES BRAQUE (1882-1963)
Nature morte à la pipe
 (Le Quotidien du Midi)
1914
Craie noire, fusain et huile sur toile
Braque et Picasso travaillent en étroite collaboration entre 1908 et 1912, formant une véritable «cordée» cubiste. Leurs œuvres, très proches durant cette courte période, sont cruciales pour le développemer de l'art moderne au début du XXe siècle. Berggruen, fasciné par le cubisme, acquiert aux côtés de ses nombreux Picasso, quelques œuvres exemplaires de Braque.

PABLO PICASSO (1881-1973)
Verre et dés
1914
Crayon, gouache et papier collé sur papier monté sur carton

PAUL CÉZANNE (1839-1906)
Étude de pomme
Vers 1885
Crayon et aquarelle sur papier
Prêt de la famille Berggruen au musée Berggruen
Dans les années 1990, Berggruen se sépare d'oeuvres d'artistes de la fin du XIXe siècle comme Vincent Van Gogh ou Georges Seurat pour se concentrer sur le cœur du XXe siècle ». Il garde néanmoins quelques travaux de Paul Cézanne qu'il considère comme un précurseur de l'art moderne. Cette petite étude de nature morte illustre l'importance du peintre pour les artistes cubistes que Berggruen affectionne particulièrement.

PABLO PICASSO (1881-1973)
Nature morte sur un piano
1911-1912
Huile et fusain sur toile
Un collectionneur italien confie en 1965 cette Nature morte sur un piano de Picasso à son ami Christian Zervos, critique et éditeur d'art d'origine grecque. Espérant la vendre plus rapidement, il l'envoie à New York. Berggruen, qui la considère comme «une oeuvre majeure du cubisme, un morceau de bravoure optique, contenant à lui seul tout le vocabulaire cubiste », ne peut passer à côté de celle-ci. Il traverse donc l'Atlantique et l'achète.

PABLO PICASSO (1881-1973)
Coupe de fruit
avec poires et pommes
1908
Huile sur bois

PABLO PICASSO (1881-1973)
Nature morte à la grappe de raisin
1914
Huile, charbon et sciure
de bois sur carton

PABLO PICASSO (1881-1973)
Guitare et journal
1916
Huile et sable sur toile

GEORGES BRAQUE (1882-1963)
Nature morte au verre et au journal (Le Guéridon)
1913
Craie noire, fusain et huile sur toile

PABLO PICASSO (1881-1973)
Ma Jolie
1914
Huile sur toile
Reprenant des objets fétiches de la nature morte cubiste (guitare, cartes à jouer, lettrages...), Picasso titre cette œuvre «Ma Jolie », en référence au surnom qu'il donne à sa compagne Eva Gouel. Après avoir délaissé
 la couleur durant le cubisme dit analytique », elle revient ici, plus vive, associée à une touche pointilliste, caractéristique de cette nouvelle période. Berggruen l'achète en 1965 à  la succession
d'André Lefèvre : pour lui, cet exemple de « cubisme rococo n'est rien d'autre qu'une déclaration d'amour.»
PABLO PICASSO (1881-1973)
Cartes à jouer verre et bouteille sur un guéridon
1916
Tempera et sable sur bois

PABLO PICASSO (1881-1973)
Nature morte avec verre et jeu de cartes (Hommage à Max Jacob)
1914
Crayon, gouache, craie noire et papier collé sur papier

HENRI MATISSE (1869-1954)
Intérieur à Étretat
1920
Huile sur toile sur bois
Prêt de la famille Berggruen au musée Berggruen

PABLO PICASSO (1881-1973)
Nature morte devant une fenêtre à Saint-Raphaël
1919
Gouache et crayon sur papier
Peinte au bord de la Méditerranée, destination de prédilection des artistes en France, cette petite œuvre ouvre un nouveau tournant dans la carrière de Picasso. Achetée en 1979 à la succession du marchand
Paul Rosenberg, ce «tableau heureux»> selon Berggruen montre en effet la transition entre un cubisme tardif et un retour aux formes classicistes, tout en utilisant un langage visuel proche de l'oeuvre de Matisse, que Picasso regardait.

PAUL KLEE
MÜNCHENBUCHSEE, SUISSE 1879-1940 MURALTO, SUISSE
Les œuvres de Klee "exercent immédiatement une grande fascination" sur le jeune Berggruen lorsqu'il les découvre au San Francisco Museum of Modern Art. Cet artiste allemand atteint la reconnaissance dans les années 1920, alors qu'il enseigne au Bauhaus de Weimar puis à Dessau, écoles d'art et de design avant-gardistes proposant des approches fonctionnelles et esthétiques modernes. Il rejoint en 1931 l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf, mais contraint à l'exil en 1933 pour fuir le régime nazi qui le considère comme un artiste "dégénéré", il s'installe en Suisse où il décède en 1940.
L'année de la mort de l'artiste, en 1940, Berggruen acquiert à Chicago sa toute première ceuvre, une aquarelle datant de 1920, qui restera longtemps son "talisman". Il s'en sépare en 1984 pour la donner au Metropolitan Museum of Art. Perspective de salle à la porte sombre est acquise par Berggruen dix ans plus tard. Elle fait écho formellement au sein de sa collection, à ce premier coup de cœur.

PAUL KLEE (1879-1940)
Perspective de salle à la porte sombre
1921
Dessin transféré à l'huile et aquarelle sur papier monté sur carton

PABLO PICASSO (1881-1973)
Nature morte avec guitare bleue, dit aussi Guitare et compotier rose
1924
Huile sur toile

PABLO PICASSO (1881-1973)
Verre, bouquet, guitare et bouteille
1919
Huile sur toile

PABLO PICASSO (1881-1973)
Homme assis à une table
1916
Gouache et encre sur papier

HENRI MATISSE (1869-1954)
Eléments végétaux
1947
Gouache découpée sur toile


VISAGES MULTIPLES
Après leur rencontre en 1949, Berggruen reste attaché
à l'œuvre de Picasso. Outre les natures mortes, il est très sensible aux portraits peints de l'Espagnol, notamment à ses expérimentations des années 1906-1907 menant au cubisme, puis à la plastique plus affirmée des années 1930. Cette sélection illustre non seulement le développement artistique de Picasso mais aussi la propension de Berggruen à identifier et rassembler des pièces qui interrogent, à leur manière, la psyché humaine. C'est également le cas avec les autres artistes de la collection, confrontés ici par leurs travaux esthétiques explorant la représentation du visage humain.

PAUL CÉZANNE (1839-1906)
Madame Cézanne
Vers 1885
Huile sur toile
Prêt de la famille Berggruen au musée Berggruen
Berggruen découvre ce tableau de Paul Cézanne à Genève chez le marchand d'art Max Moos. Désirant «par-dessus tout posséder ce tableau » qui le touche particulièrement, il se heurte à Moos qui le considère comme « le joyau de [sa] collection ». Berggruen l'acquiert finalement deux ans plus tard pour une somme considérable puis l'offre à sa femme.

PABLO PICASSO (1881-1973)
Femme se coiffant
1906 (fonte de 1968) Bronze

HENRI MATISSE (1869-1954)
Portrait de Lorette
1917
Huile sur bois

PABLO PICASSO (1881-1973)
Tête de femme (Fernande)
1909 (fonte 1959) Bronze
Avec le collectionneur Jacques Ulmann, Berggruen rend visite à Picasso à Cannes pour le convaincre d'effectuer de nouveaux tirages en bronze de sculptures (des têtes de Fernande, d'après des originaux conservés par Ambroise Vollard et acquis par Ulmann). Picasso accepte, rédige et signe un contrat de neuf lignes, « sûrement le contrat le plus court de l'histoire de l'art ». Berggruen se réserve l'une de ces fontes, remarquable expérimentation cubiste en trois dimensions.

PABLO PICASSO (1881-1973)
Marin roulant une cigarette
1907
Gouache et encre sur papier

PABLO PICASSO (1881-1973)
Tête de femme
1906-07
Tempera et encre noire sur papier

PABLO PICASSO (1881-1973)
Étude pour
<< Nu à la draperie >>
1907
Gouache et encre de Chine sur papier
Prêt de la famille Berggruen au musée Berggruen

ALBERTO GIACOMETTI (1901-1966)
Le Chat
1951
Bronze

PABLO PICASSO
Quand Berggruen établit sa première galerie à la fin des années 1940, Picasso est un artiste déjà largement renommé. Par l'entremise du poète Tristan Tzara, le marchand rencontre Picasso et le convainc de lui confier des oeuvres, surtout d'art graphique, pour sa galerie (dessins ou estampes sur papier). Il négocie également la réédition de certaines de ses sculptures.
Artiste prolifique, Picasso multiplie les styles et les techniques et a une grande influence sur le monde de l'art depuis ses expérimentations radicales du début du siècle. Berggruen tient à rassembler dans sa collection cette diversité, notamment en acquérant d'importantes natures mortes de sa période cubiste mais aussi de nombreux portraits, comme le Portrait de Georges Braque, chef-d'oeuvre emblématique du cubisme analytique. Berggruen entretient une longue relation professionnelle et amicale avec Picasso, qu'il admire particulièrement

PABLO PICASSO (1881-1973)
Portrait de Georges Braque (Homme au chapeau)
1909-1910
Huile sur toile
Après l'avoir convoité pendant quarante ans, Berggruen acquiert par l'intermédiaire du marchand d'art américain Eugène Thaw le Portrait de Braque, aussi appelé Homme au chapeau, par Picasso. Cette ceuvre de la période dite du cubisme "représente l'ami avec lequel Picasso a inventé le analytique" cubisme. L'identité du modèle est toutefois débattue, ce à quoi l'artiste aurait répondu : "Braque ? C'est bien possible, oui. Si vous voulez écrire qu'il s'agit d'un portrait de Braque, allez-y. Moi, je n'ai rien contre."

PABLO PICASSO (1881-1973)
Buste de femme nue (Étude pour «Les Demoiselles d'Avignon >>)
1907 Huile sur toile
Les Demoiselles d'Avignon (1907, Museum of Modern Art, New York) est l'une des oeuvres les plus connues de Pablo Picasso, un grand tableau annonciateur du cubisme. Picasso prépare cette toile par de nombreuses études, dont celle-ci, déjà très proche d'une des figures féminines de l'œuvre achevée, traduisant l'influence des oeuvres d'art africain. Berggruen acquiert en 1957 cette esquisse rare ayant également appartenu au marchand Paul Guillaume.

PABLO PICASSO (1881-1973)
Scène de café-concert
1902
Pastel sur carton

PABLO PICASSO (1881-1973)
Arlequin assis
1905
Aquarelle et encre de Chine sur carton

PABLO PICASSO (1881-1973)
Portrait de Jaime Sabartés
1904
Huile sur toile

PABLO PICASSO (1881-1973)
Nu assis s'essuyant le pied
1921
Pastel sur papier

PAUL KLEE (1879-1940)
Maigres mots de l'homme économe
1924
Transfert de peinture à l'huile et aquarelle sur papier monté sur carton
Entre exercice formel et auto-caricature, Klee travaille toujours ses visages sous le prisme de l'étude de la condition humaine. Les traits et les formes simples, l'unité de couleur et les mots allemands abrégés reprennent le titre malicieux de l'œuvre. Klee «doit regarder à l'intérieur» quand il dépeint une personne ici, probablement lui-même, souvent décrit comme silencieux par ses collègues et élèves. Il fait en effet régulièrement « l'éloge de l'économie », autant dans l'art que dans le quotidien.

PAUL KLEE (1879-1940)
Dessous et dessus
1932
Aquarelle sur papier apprêté sur carton
Prêt de la famille Berggruen au musée Berggruen

PAUL KLEE (1879-1940)
Dame scellée
1930
Encre et aquarelle sur papier sur carton

PABLO PICASSO (1881-1973)
L'Italienne à la cruche
1919
Crayon sur papier
Prêt de la famille Berggruen au musée Berggruen

PABLO PICASSO (1881-1973)
Silène en compagnie dansante
1933
Gouache et encre de Chine sur papier

PABLO PICASSO (1881-1973)
Le Sculpteur et sa statue
1933
Aquarelle, gouache et encre de Chine sur papier

PABLO PICASSO (1881-1973)
Tête de faune
1937
Encre de Chine, pastel et craie de cire sur papier

PABLO PICASSO (1881-1973)
Portrait de Nusch
1937
Huile sur toile

LA FIGURE HUMAINE
La collection du musée Berggruen reflète également les diverses recherches des artistes modernes pour représenter la figure humaine. Cette section souligne la façon dont les artistes de la collection relèvent chacun à leur manière le défi de la représentation du corps humain. La variété des techniques, des poses et des styles employés témoigne de la singularité de chacune de ces approches artistiques. Cette sélection met en évidence à la fois la cohérence et la profondeur de la collection d'Heinz Berggruen, témoignant de son engagement pour l'art moderne et de sa propre sensibilité.

ALBERTO GIACOMETTI (1901-1966)
La Place II
1948-1949
Bronze

HENRI MATISSE (1869-1954)
Le Cahier bleu
1945
Huile sur toile

ALBERTO GIACOMETTI (1901-1966)
Grande femme debout III
1960 (fonte 1981) Bronze
En 2006, cette grande sculpture est la dernière œuvre achetée par Heinz Berggruen, deux mois avant sa mort, et immédiatement offerte au Musée Berggruen. Remarquable exemple du travail de la figure humaine dans l'espace par Giacometti, l'élongation du corps et son traitement dissolvent la perception habituelle du corps et sa matière. Le nu trône habituellement à l'entrée du musée berlinois et accueille les visiteurs.

PABLO PICASSO (1881-1973)
Dora Maar
aux ongles verts
1936
Huile sur toile

PABLO PICASSO (1881-1973)
Portrait de femme
1940
Huile sur papier sur toile

PABLO PICASSO (1881-1973)
Tête de femme au chapeau
1939
Huile sur toile

PABLO PICASSO (1881-1973)
Le Chandail jaune
1939
Huile sur toile

HENRI MATISSE (1869-1954)
Intérieur d'atelier à Nice
1929
Huile sur toile
En 1929, Matisse peint l'atelier qu'il occupe depuis peu dans la baie de Nice, face à la mer. La pièce, avec ses lignes conduisant vers une large fenêtre, rappelle une boîte optique : c'est l'espace de la création. Dans l'atelier, la toile dressée, la sculpture sur la table évoquent le travail de l'artiste. Près de la fenêtre, une figure est à l'ouvrage, sans doute l'artiste lui-même. Matisse a réalisé de nombreuses peintures de ses ateliers successifs comme autant d'autoportraits.

HENRI MATISSE
LE CATEAU-CAMBRÉSIS, FRANCE 1869-1954 NICE, FRANCE
Un des doyens de l'art moderne en France, Matisse est d'abord assimilé au mouvement fauve avant de se concentrer sur un style plus personnel qui ne cesse d'évoluer jusqu'à sa mort. Reconnu comme l'un des plus grands peintres français du XXe siècle, ses expérimentations picturales n'ont cessé d'influencer les artistes.
Au début des années 1950, Berggruen achète à Matisse un ensemble de dessins. Se noue alors une étroite collaboration entre le galeriste débutant et l'artiste reconnu. Plusieurs expositions sont organisées, pour lesquelles Matisse conçoit affiches et couvertures de catalogues, au moyen de papiers découpés. En 1953, Berggruen présente une exposition de Matisse exclusivement dédiée à cette technique. Il contribue ainsi à la reconnaissance de cette production, une invention de l'artiste sans précédent dans l'histoire de l'art. De cette période, le musée Berggruen conserve le Nu Bleu, Sauteuse de Corde (1952). Avec cette figure découpée dans du papier gouaché, Matisse cherche, au moyen des ciseaux, à rendre sensible la dynamique du corps en mouvement.

HENRI MATISSE (1869-1954)
Nu bleu,
sauteuse de corde
1952
Gouache découpée sur papier

HENRI MATISSE (1869-1954)
Deux jeunes femmes
1907-1908 (fonte vers 1952) Bronze
Matisse s'inspire d'une photographie ethnographique représentant deux femmes Touareg, pour transposer en volume une représentation en deux dimensions. Les figures sont statiques mais leur position en miroir initie un mouvement circulaire que l'artiste cherche à saisir. La matière porte les marques de façonnage, les corps semblent rapidement ébauchés, comme dans une étude. Matisse expérimente, il disait sculpter pour "changer de moyen et se reposer de la peinture".

PABLO PICASSO (1881-1973)
Le Marin
1938
Huile sur toile

PABLO PICASSO (1881-1973)
La Lecture
1953
Huile sur bois

PABLO PICASSO (1881-1973)
Femme nue allongée sur la plage
1961
Huile et mine de plomb sur bois

PABLO PICASSO (1881-1973)
Le Matador et femme nue
1970
Huile sur toile

HENRI MATISSE (1869-1954)
Maquette de couverture pour << Verve IV »>, n° 13
1943
Gouache découpée sur papier sur carton

HENRI MATISSE (1869-1954)
Nu couché (Lorette)
1917
Fusain et graphite sur papier à dessin

PABLO PICASSO (1881-1973)
Le Peintre et son modèle
1971
Aquarelle, pastel, encre de Chine et lavis sur papier

PABLO PICASSO (1881-1973)
Le Dormeur
1942
Encre de Chine au lavis sur papier
Prêt de la famille Berggruen au musée Berggruen
Le Dormeur est la première œuvre de Picasso dont Berggruen fait l'acquisition en 1952, auprès de Paul Éluard alors en besoin d'argent. Le collectionneur refuse d'abord, justifiant un prix trop élevé. Éluard propose alors d'ajouter à la vente un dessin de Paul Klee, sans changer le prix. Berggruen accepte, et revend peu de temps après le Klee pour le prix du Picasso, qu'il garde toute sa vie.

PABLO PICASSO (1881-1973)
Femme assise
1938
Encre de Chine et lavis sur papier

PABLO PICASSO (1881-1973)
Femme assise
1940
Huile, carton et bois sur carton

PABLO PICASSO (1881-1973)
Nu assis, les bras levés
1972
Fusain sur papier

PABLO PICASSO (1881-1973)
Femme au bras levé
1961
Tôle de fer découpée,
pliée et courbée

PAUL KLEE (1879-1940)
Scène entre filles
1923
Transfert d'huile, crayon,
encre et aquarelle sur papier sur carton

PAUL KLEE (1879-1940)
Jeu d'enfant
1939
Peinture à la pâte et aquarelle sur carton

PAUL KLEE (1879-1940)
Montagne bleue
1919
Aquarelle, gouache et crayon sur papier sur carton

Paul Klee a une place à part dans la collection de Berggruen. Il est tant fasciné par cet artiste qu'il le surnomme « le magicien ».
Les paysages abstraits de Klee sont des fenêtres sur le monde intérieur du peintre. Observe l'harmonie des couleurs, les effets de contraste et de résonance que permet l'aquarelle.

PAUL KLEE (1879-1940)
Lieu dans le Nord
1923
Aquarelle, gouache et encre sur papier apprêté sur carton

PAUL KLEE (1879-1940)
Côte classique
1931
Huile sur toile
Détail de l'œuvre précédente
Cette peinture, produite peu avant l'exil de Klee en Suisse, correspond à des recherches "néo- pointillistes" de l'artiste. Une plage - la mer à gauche, la terre à droite est représentée, vue du ciel, par une multitude de points de nuances différentes, créant une large mosaïque, plus proche de l'abstraction que de la nature. Berggruen, qui a également collectionné les œuvres de Seurat ou Signac, a dû particulièrement en apprécier le style, comme le moyen format, rare dans la carrière de Klee.

TERRITOIRES ABSTRAITS
Entre 1919 et 1933, l'Allemagne connaît une période de profonde innovation de l'enseignement artistique autour de l'école du Bauhaus où Paul Klee enseigne. Naviguant entre abstraction et figuration, les travaux du peintre mettent en lumière la dualité de son approche artistique. Klee, qui n'a jamais abandonné la figuration au profit de l'abstraction totale, offre à travers ses expérimentations techniques des paysages et compositions abstraites qui forment un nouveau langage visuel. Berggruen, en exil en Californie quand l'artiste meurt en Suisse en 1940, ne le rencontre jamais - cependant, il ne cessera d'acquérir un grand nombre de travaux réalisés notamment durant cette période d'entre-deux-guerres. L'investissement de Berggruen dans la promotion de l'oeuvre de Klee témoigne de sa fascination pour l'artiste, le collectionneur jouant un rôle clé dans la reconnaissance de la contribution de Klee au développement de l'art moderne

PAUL KLEE (1879-1940)
Le Temps
1933
Aquarelle et encre sur apprêt de plâtre sur gaze superposée sur contreplaqué

PAUL KLEE (1879-1940)
Une partie de G.
1927
Transfert d'huile et aquarelle sur papier sur carton

PAUL KLEE (1879-1940)
Palais en passant
1928
Huile sur toile sur carton, baguettes d'encadrement originales Prêt de la famille Berggruen au musée Berggruen
Par ses dessins sommaires aux signes abstraits, Klee dessine une ville fragmentée, entre passé et futur, comme indiqué par les flèches de chaque côté. L'économie de moyens et les traits simplifiés font écho aux dessins d'enfants auxquels l'artiste porte beaucoup d'intérêt. Berggruen aime souligner le « monde de mystères» que Klee propose dans ses représentations, comme ici avec cette ville déconstruite.

PAUL KLEE (1879-1940)
Enfants devant la ville
1928
Huile sur papier sur carton
Prêt de la famille Berggruen au musée Berggruen

PAUL KLEE (1879-1940)
Petit château jaune, rouge, marron
1922
Transfert d'huile et aquarelle
sur papier sur carton
Prêt de la famille Berggruen au musée Berggruen

PAUL KLEE (1879-1940)
Nécropole
1929
Huile sur mousseline sur contreplaqué

PAUL KLEE (1879-1940)
Fleurs célestes au-dessus
de la maison jaune (La Maison élue)
1917
Aquarelle et gouache sur toile apprêtée sur papier

PAUL KLEE (1879-1940)
Éveil
1920
Aquarelle et gouache sur papier apprêté sur carton

PAUL KLEE (1879-1940)
Paysage en bleu
1917
Aquarelle, crayon, stylo et encre sur papier apprêté sur carton Prêt de la famille Berggruen au musée Berggruen

PAUL KLEE (1879-1940)
Vannes
1922
Aquarelle, encre et crayon sur papier sur carton

PAUL KLEE (1879-1940)
Architecture de la plaine
1923
Aquarelle et crayon sur carton
Berggruen privilégie dans ses achats la période d'enseignement de Klee au Bauhaus, entre 1919 et 1931. Cette aquarelle montre les réflexions de l'artiste autour de l'abstraction, des formes et des couleurs. Toutefois, la grille est tracée à main levée, et sous ce manque de précision combiné au jeu de transparence de l'aquarelle peut transparaître sans doute une critique des théories rigoureuses du néerlandais Piet Mondrian.

PAUL KLEE (1879-1940)
Cave dans la roche
1919
Aquarelle et crayon sur papier sur carton
Partition de couleurs
Difficile de voir l'entrée d'une grotte ici! Rien que des rayures en dégradés de jaunes et blancs, empilées les unes sur les autres. Seules quelques touches de noir et vert viennent ponctuer
ces bandes horizontales.
Klee est influencé par l'écriture musicale. Cette œuvre peut être lue comme une partition de musique : les différentes tonalités de couleurs correspondent à des notes, leur longueur à des temps. 

PABLO PICASSO (1881-1973)
La Minotauromachie
1935 Gravure
Cette gravure compte parmi les plus importantes de l'œuvre sur papier de Picasso. Pour Berggruen, sa possession a été particulièrement précieuse à cause de la dédicace : « Pour mon ami Bergrruen, Picasso ». Une lecture attentive de ce témoignage des liens étroits entre les deux hommes révèle toutefois que Picasso substitue le second g par un r de trop. Comme le prouvent d'autres documents manuscrits transmis de l'artiste à son marchand, l'épellation du nom de famille Berggruen s'y trouve régulièrement fautive, ce qui n'a pas échappé à Berggruen qui en fait mention dans son autobiographie.

PABLO PICASSO (1881-1973)
Composition
1962
Crayons de couleur sur papier
Prêt de la famille Berggruen

HENRI MATISSE (1869-1954)
Maquette d'affiche de l'exposition Matisse de la galerie Berggruen, Paris, 1953
1952
Gouache découpée sur papier à dessin
Berggruen rencontre Henri Matisse dont il cherchait à se rapprocher pour vendre ses œuvres, en 1952. Affaibli par une lourde opération, Matisse a développé sa technique des gouaches découpées depuis quelques années. Berggruen, lui achète des dessins à l'encre avant de lui proposer une exposition dédiée à ses papiers découpés. L'artiste accepte et prête ses oeuvres, mais conçoit aussi l'affiche et la couverture du catalogue.

HENRI MATISSE (1869-1954)
Maquette pour l'affiche de l'exposition "The Sculpture of Matisse (Tate Gallery, Londres, 1953)
1952
Encre de Chine et gouache
découpée sur papier

Salvador Dalí, les Caprices de Goya, n° 61
Eté 1977 - Texte de Luis Romero

250 gravures originales 1922-1967,
Avril 1967- Couverture lithographiée originale (Mourlot)
Paul Klee, aquarelles et dessins, n° 4
Avril 1953 - Texte de Will Grohmann

Dora Maar, paysages, nº 19 1957 - Lettre de Douglas Cooper

Pablo Picasso, 85 gravures, n° 44 Octobre 1966 - Annoté par Heinz Berggruen

Henri Matisse, 
papiers découpés, n° 3
Du 27 février au 28 mars 1953 - Texte de E. Tériade

Hommage à Marc Chagall pour ses quatre-vingts ans, 250 gravures originales 1922-1967, n°45
Avril 1967- Couverture lithographiée originale (Mourlot)

L'Univers de Klee, n° 12
Texte de Jacques Prévert - Lettre de Paul Klee
à Paul Éluard - Couverture lithographiée (Mourlot)

Joan Miró, constellations, n° 28
Janvier 1959 - Présentation d'André Breton Couverture phototypie et pochoir (Jacomet)


En prime l'artiste contemporaine invitée à l'Orangerie pendant cette exposition, Amélie Bertrand, qui présente des fleurs et des nénuphars en écho aux Nymphéas de Claude Monet dont quelques exemples ci-après :



AMÉLIE BERTRAND
Hyper Nuit
2024
Huile sur toile
Courtesy Semiose, Paris
Depuis la fin des années 2000, le vocabulaire d'Amélie Bertrand se compose essentiellement de motifs trouvés sur Internet que chacun peut appréhender aisément : grillages, chaines, carrelages de piscine... Elle combine ces images pour inventer des « espaces crédibles »> dont l'existence est uniquement picturale.
Après une lente élaboration d'abord sur son ordinateur puis sous forme de pochoirs, Bertrand peint l'ensemble de la composition à l'huile, en une seule couche formant des aplats impeccablement lisses ou des dégradés virtuoses. Elle utilise des couleurs à la suavité sans limite pour des effets de lumière impossibles, au service d'un univers destiné à être observé plutôt que déchiffré. Ses paysages, toujours étranges, baignent dans une atmosphère provoquant une sensation de mirage qui suscite souvent le malaise.
Les fleurs et les nénuphars deviennent des formes normalisées au cœur d'une réflexion sur la peinture. «< En commençant à les peindre, s'enthousiasme Amélie Bertrand, j'ai senti que c'était la chose la plus captivante que j'avais réalisée depuis longtemps. Les zones colorées des nénuphars arrivaient et me permettaient de mettre en place facilement des superpositions, des transparences, des ombres. Juste des jeux formels de peinture ». Elle met alors en œuvre un projet semblable à celui énoncé par Monet : « Le motif est quelque chose de secondaire, ce que je veux reproduire, c'est ce qu'il y a entre le motif et moi »>





























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