dimanche 22 septembre 2024

Les chefs-d'oeuvre de la Fondation Borghese au musée Jacquemard-André en septembre 2024


CHEFS-D'OEUVRE
DE LA
GALERIE BORGHESE
La Galerie Borghèse, joyau emblématique de la Cité éternelle, est née de la vision ambitieuse du cardinal Scipion Caffarelli-Borghèse (1577-1633). Neveu de Camille Borghèse - élu pape sous le nom de Paul V en 1605- Scipion bénéficie de la position influente de nipote, cardinal-neveu, et transforme la somptueuse villa Pinciana, nichée sur la colline du Pincio, en un écrin unique pour sa précieuse collection, imaginant ainsi un véritable musée avant l'heure. Le jeune Scipion - autorisé par son oncle à porter le nom de Borghèse-investit une partie de son immense fortune dans de grandes opérations de mécénat architectural et dans l'acquisition de peintures et de sculptures, qui feront bientôt de sa collection, déjà commencée avec quelques œuvres reçues en héritage, l'une des plus importantes de l'époque.
Scipion Borghèse, un homme au caractère controversé, aussi bien timide que jovial, passionné et rusé, eut recours à des méthodes peu conventionnelles pour se procurer des œuvres d'art et assouvir sa passion de collectionneur, faisant preuve souvent d'une absence totale de scrupules. Un des meilleurs exemples de son comportement est la saisie en 1607, ordonnée par Paul V à l'instigation de son neveu, de plus de cent œuvres de la collection du Cavalier d'Arpin (1568-1640), alors l'un des artistes les plus en vue à Rome, sous prétexte de détention illégale d'armes à feu. Paul V offre ensuite l'entièreté de cette collection à Scipion lui permettant ainsi d'entrer en possession de chefs-d'œuvre insignes tel que le Garçon à la corbeille de fruits de Caravage. Devenu l'un des mécènes les plus influents et visionnaires de son époque, grâce à son ambition et à sa capacité à déceler les jeunes talents, Scipion Borghese fait partie des commanditaires de Caravage et s'intéresse à ses suiveurs tels que Honthorst, Guerrieri et Spada, accrochés dans cette salle.

Scipion Borghèse, un cardinal 
La villa Borghèse et les merveilles qu'elle renferme sont le fruit du collection attentif de son fondateur, mais surtout de son goût esthétique et de son jugement critique dans le choix des œuvres d'art, avec pour dénominateur commun la qualité et la beauté.
Durant le pontificat de Paul V, le paysage romain est en pleine transformation la Contre-Réforme catholique engendre une floraison de nouvelles églises où s'exalte une spiritualité fervente. Les chantiers, dont beaucoup sont financ par le gouvernement pontifical, attirent à Rome de nombreux architectes, peintres et sculpteurs. L'art sacré n'orne plus seulement les murs des églises les collectionneurs comme Scipion Borghèse le font sortir des lieux sacrés pour les confronter à d'autres sujets, dans des intérieurs sécularisés. Les peir religieuses ne sont dès lors plus seulement appréciées dans le cadre de prati spirituelles, mais avant tout pour leur valeur artistique intrinsèque.
On peut ici admirer certains des chefs-d'œuvre convoités par Scipion Borghès qui, en tant que mécène et collectionneur au sens moderne du terme, savait sélectionner aussi bien des œuvres de grands maîtres du xvI° siècle, tels qu'Andrea del Sarto, Giulio Romano ou Jacopo Bassano, que des artistes contemporains comme Annibal Carrache. On peut aussi trouver dans la colle des artistes comme Lorenzo Lotto ou Andrea Solario, peintres archaïsants dans le contexte baroque.

Jacopo da Ponte, dit
Jacopo Bassano
(vers 1515-1592)
L'Adoration des bergers
1553-1554
huile sur toile
Cette peinture se trouvait déjà en 1611 dans la collection de Scipion Borghèse qui en 1650 ne comptait pas moins de sept peintures de Bassano. Le peintre vénète jouissait en effet d'une grande estime à Rome. Le sujet, l'adoration de Jésus par des bergers prévenus de sa naissance, a été représenté maintes fois par Bassano et son atelier. Cette version est remarquable par sa palette de couleurs lumineuses, par la densité de la composition, disposée au premier plan et conçue autour d'une diagonale, et par la sinuosité maniériste des figures. Jésus, Marie et Joseph occupent le côté gauche du tableau, tandis qu'une véritable scène pastorale se déroule dans la partie droite: devant le bœuf et l'âne, un berger allongé joue du pipeau, un second est occupé à traire une brebis. Le chien aux pieds de la Vierge évoque la fidélité et
la brebis la plus proche de l'Enfant Jésus préfigure le sacrifice du Christ.

Attribué à
Annibal Carrache
(1560-1609)
Sainte Famille
vers 1605
huile sur toile

Lorenzo Lotto
(1480-1558/1557)
Vierge à l'Enfant avec les saints Ignace d'Antioche (?) et Onuphre
1508
huile sur panne
Ce rare panneau signé et daté de l'artiste représente une sainte conversation», la Vierge et l'Enfant entourés de saints. La composition sur fond noir s'organise de façon clairement lisible et symétrique. Enveloppé dans une chemisette blanche, Jésus se penche de manière Ludique vers le cœur fendu que lui offre un évêque, peut-être le saint martyr ignace d'Antioche, dont les riches ornements contrastent avec la nudité et f'apparence négligée de saint Onuphre, un ermite Légendaire du siècle. La présence de ce dernier est lée aux idées réformistes circulant en Europe au début du xvr siècle. La palette de couleurs froides et brillantes, les contours durs s'inspirent du style d'Albrecht Dürer, actif à Venise en 1506. Cette aeuvre est caractéristique du ton antihéroïque et humaniste de Lorenzo Lotto. Son évolution et sa carrière itinérante font du peintre un cas à part parmi les peintres vénitiens de son époque.

Andrea d'Agnolo, dit Andrea del Sarto
(1486-1531)
Vierge à l'Enfant avec
saint Jean-Baptiste enfant
1517-1518
huile sur panneau

Giulio Pippi, dit Giulio Romano
(vers 1499-1545)
Vierge à l'Enfant avec saint Jean-Baptiste enfant
vers 1512-1573 
Huile sur panneau

Andrea Solario
(1473/1474-1524)
Le Christ portant la Croix
vers 1510-1514 ou 1524
huile sur panneau

Le goût Borghèse
Scipion fait de la Villa Borghèse un véritable emblème de la prospérité culturelle et artistique de Rome. Sa collection s'enrichit grâce à sa position influente, qui lui permet de rivaliser avec d'autres grands collectionneurs et familles éminentes de l'époque, et de fréquenter les artistes eux-mêmes. Collectionneur avide et déterminé, Scipion s'approprie des œuvres emblématiques des principales écoles de peinture de l'Italie de la Renaissance, comme la Prédication de saint Jean-Baptiste de Véronèse (1528-1588). Au fil des décennies, d'autres œuvres s'ajoutent au patrimoine familial, telles que la celèbre Dame à la licorne de Raphaël (1483-1520) et le spectaculaire tondo de Botticelli (1445-1510). À la fin du XVIIe siècle, la famille Borghèse dispose d'une collection d'environ 800 tableaux et d'une des plus célèbres collections d'antiques de Rome. À la splendeur des marbres archéologiques faisait écho la prodigieuse nouveauté de la statuaire <, dont la collection s'était enrichie au fil du temps, comme la paire de Chasseurs de Giovanni Campi, exécutée entre 1651 et 1653. Entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, la famille Borghèse vend certaines œuvres importantes de la collection, dont une grande partie des sculptures antiques, déplacées au Louvre à la suite d'une vente à Napoléon Bonaparte, qui avait donné sa sœur Pauline en mariage au prince Camille Borghèse (1775- 1832). Placée en fideicommis en 1833 afin d'empêcher sa dispersion, la collection est acquise par l'État italien et devient un musée public en 1902. En raison de son lien profond avec la villa qui l'abrite depuis sa création, elle constitue aujourd'hui un unicum sur la scène muséale internationale

Giuseppe Cesari, dit
Le Cavalier d'Arpin
(1568-1640)
L'Enlèvement d'Europe
vers 1603-1606
huile sur toile

Giovanni Campi
(actif à Rome au milieu du XVIIe siècle)
Paire de chasseurs maures
vers 1651-1653
marbre noir de Belgique, marbre jaune antique, brèche jaune, métal doré

Paolo Caliari, dit
Véronèse
(1528-1588)
La Prédication de saint Jean-Baptiste
vers 1566-1570 huile sur toile
«Je suis la voix de celui qui crie dans le désert: Aplanissez le chemin du Seigneur » proclame le prophèt dont la figure occupe toute la hauteur de la toile, sépara la composition en deux : à droite figurent trois lévites et une femme agenouillée, et à gauche, à l'arrière-plan, le Christ qu'il désigne comme le messie. La savante utilisation de l'espace, les gestes, les expressions dramatiques et les couleurs vibrantes et contrastées font de ce tableau un grand chef-d'œuvre de maturité de Véronèse. Il sera offert à Scipion Borghèse par un ecclésiastique vénitien, le patriarche d'Aquilée. Celui-ci se réjouit dans une lettre de 1607 que le tableau ait plu au cardinal: ce cadeau intervient en effet dans un contexte de relations difficiles entre l'Église de Rome et Venise, et doit être compris comme un gage d'apaisement.

Raffaello Sanzio, dit
Raphaël
(1483-1520)
La Dame à la licorne
vers 1506
huile sur toile appliquée sur panneau
Ce portrait d'une jeune fille assise devant le parapet d'une loggia, vêtue à la mode florentine du début du xvi siècle et parée de bijoux précieux, a très probablement été commandé comme un cadeau de mariage, ainsi que le suggèrent les références aux vertus conjugales, comme la licorne et la perle blanche, symboles de chasteté. Le tableau a été lourdement repeint à la fin du xvir siècle pour figurer sainte Catherine d'Alexandrie: une roue dentée recouvrait la licorne, un manteau masquait les épaules dénudées de la jeune femme et une partie du paysage à l'arrière- plan. Une restauration en 1936 a permis de retrouver le sujet original et de confirmer l'attribution à Raphaël. L'oeuvre remonte aux premières années florentines de la carrière du célèbre prodige. Elle témoigne d'un intérêt évident du jeune Raphaël pour les innovations
qui dérivent des portraits de Léonard de Vinci et
notamment de la Joconde, peinte seulement quelques années auparavant.

Raffaello Sanzio, dit
Raphaël
(1483-1520)
La Dame à la licorne
vers 1506
huile sur toile appliquée sur panneau
Ce portrait d'une jeune fille assise devant le parapet d'une loggia, vêtue à la mode florentine du début du xvi siècle et parée de bijoux précieux, a très probablement été commandé comme un cadeau de mariage, ainsi que le suggèrent les références aux vertus conjugales, comme la licorne et la perle blanche, symboles de chasteté. Le tableau a été lourdement repeint à la fin du xvir siècle pour figurer sainte Catherine d'Alexandrie: une roue dentée recouvrait la licorne, un manteau masquait les épaules dénudées de la jeune femme et une partie du paysage à l'arrière- plan. Une restauration en 1936 a permis de retrouver le sujet original et de confirmer l'attribution à Raphaël. L'oeuvre remonte aux premières années florentines de la carrière du célèbre prodige. Elle témoigne d'un intérêt évident du jeune Raphaël pour les innovations
qui dérivent des portraits de Léonard de Vinci et
notamment de la Joconde, peinte seulement quelques années auparavant.

Entre Ferrare et Bologne, la renaissance magique 
L'approche avant tout sensible et intuitive de Scipion Borghèse témoigne de l'évolution des préférences artistiques au début du XVIIe siècle, et sa collection est à ce titre un véritable lieu d'expérimentations. Le cardinal s'émancipe de toute théorie dogmatique ou programme préétabli dans ses choix et privilégie le plaisir individuel et la liberté de sélectionner et d'associer les artistes selon ses propres goûts. Scipion s'attache surtout à la qualité artistique et à la richesse symbolique des œuvres, cherchant celles qui captivent le cœur plutôt que l'intellect, et où se mêlent religion et mythologies.
Scipion est fasciné par tout un courant fantastique de la peinture ferraraise du début du XVIe siècle, dont le petit tableau des Noces de Cana de Garofalo constitue un exemple. En 1608, il s'empare avec l'aide d'un intermédiaire d'un groupe de peintures à Ferrare, près du château d'Este, dont probablement L'Allégorie mythologique de Dosso Dossi, paysage crépusculaire impénétrable où la nature est porteuse d'une spiritualité mystérieuse. L'atmosphère onirique qui en émane se retrouve dans la Sibylle du Dominiquin
que Scipion avait
achetée en 1617 au peintre émilien - et dans le Moïse attribué à Guido Reni. Selon la tradition, les sibylles auraient prédit la naissance du Christ, tout comme les prophètes de la Bible. Les deux jeunes peintres formés à Bologne sont en pleine ascension sous le pontificat de Paul V, qui affectionnait particulièrement les artistes issus de cette école. Scipion partageait cet intérêt, et n'hésita pas à faire emprisonner Dominiquin pour le contraindre à travailler à son service.

Benvenuto Tisi, dit
Garofalo
(vers 1476/1481-1559)
Les Noces de Cana
vers 1518
huile sur panneau

Giovanni Luteri, dit
Dosso Dossi
(vers 1487-1542)
Allégorie mythologique

Domenico Zampieri, dit
Dominiquin
(1581-1641)
Sibylle
1617
huile sur toile
Scipion Borghèse acquiert cette toile directement auprès du peintre en 1617. La jeune femme enturbannée, au regard absorbé et à la bouche entrouverte, est une sibylle. Les douze sibylles de la mythologie grecque sont des prêtresses d'Apollon ayant le don de divination, chantant aux hommes leurs prophéties. Si ce sujet a souvent été représenté, l'insertion ici d'une viole et d'une partition est inhabituelle, et semble faire référence aussi bien à la proximité du Dominiquin, lui-même musicien amateur, avec le monde de la musique, qu'à la passion du cardinal pour la musique. Ce dernier possédait d'ailleurs un traité consacré aux sibylles, figures emblématiques de cette union magique où cohabitent la sensualité féminine, la prémonition et le mystère. D'autres détails, comme le laurier et la vigne, mêlent symboles sacrés et mythologiques dans une
image riche de significations. La popularité de cette toile au 17ème siècle est attestée par de nombreuses copies.

Guido Reni
(1575-1642)
Moïse brisant les Tables de la Loi
avant 1620 ou 1620-1625
huile sur toile
Appelé à Rome en 1601, Guido Reni y devient rapidement l'un des artistes les plus en vue. Il est particulièrement favorisé par le pape et par le cardinal Borghèse qui l'emploient pour de nombreux décors et commandes de tableaux. Plusieurs toiles de Reni figurent dans la collection familiale, et celle-ci a probablement été achetée par le cardinal directement à l'artiste. Elle représente Moïse en train de briser les Tables de la Loi (où sont inscrits les Dix Commandements reçus de Dieu) face au peuple d'Israël, qu'il surprend en train d'adorer un veau d'or au pied du Mont Sinaï. Le prophète a la bouche ouverte et un geste éloquent de colère. Le ciel plombé, le jeu d'ombres et de lumières inspiré du caravagisme, le contraste chromatique des tissus noir et rouge, mais surtout le cadrage extrêmement resserré sur la figure monumentale de Moïse, donnent à cette composition baroque un ton tout à la fois dramatique et équilibré.

Galerie de portraits 
Les portraits exposés ici sont entrés dans la collection Borghèse à différents moments de son histoire. Ils soulignent l'importance de la Renaissance dans cette collection et offrent l'occasion de réfléchir à l'évolution de l'art du portrait, qui ne s'impose comme un genre pictural autonome qu'à partir du xvⓇ siècle, promu par des souverains européens désireux de transmettre une image facilement reconnaissable de leur pouvoir à leurs contemporains et à la postérité. Le portrait de profil, privilégié dans un premier temps, cède progressivement la place à une présentation du modèle de trois-quarts; introduite à Venise par le Sicilien Antonello da Messina, cette solution inspirée par les innovations venues du Nord accorde plus d'importance à l'expression et la psychologie, tout en respectant la précision physionomique et l'exactitude des détails.
Au fil des décennies, le portrait prend des significations différentes selon le milieu social des commanditaires et la sensibilité de chaque artiste. Aux portraits officiels de souverains et de papes s'ajoutent peu à peu des portraits de bourgeois, d'hommes de lettres et de marchands, magistralement représentés ici par
le Portrait de Mercurio Bua de Lorenzo Lotto et le Portrait d'homme de Parmesan. L'héritage de cette tradition du portrait se ressent encore à l'époque de Scipion Borghèse. Au xvi siècle, le genre connaît en effet un grand développement, notamment dans les cours européennes.

Antonello di Antonio, dit
Antonello da Messina
(1430-1479)
Portrait d'homme
vers 1476
tempera et huile sur panneau
La robe rouge et la coiffe noire du modèle désignent un noble vénitien. Ce tableau peut donc être daté du séjour d'Antonello da Messina à Venise en 1475-1476, période durant laquelle les portraits de petit format à usage privé y étaient particulièrement appréciés. Celui-ci est incontestablement l'un des meilleurs
de l'artiste. L'homme regarde directement le spectateur avec un léger sourire teinté d'ironie. L'usage judicieux de la lumière donne du volume aux traits du visage, souligne la mollesse des carnations et la pulsation d'une veine sur la tempe. L'artiste parvient à capturer à la fois la physionomie et la psychologie du modèle. L'influence de la peinture flamande est notable dans ce type de portrait de trois quarts sur fond sombre et dans l'attention au détail, mais dans une manière plus fluide et chaleureuse, qui adopte les modalités
de la perspective et de la synthèse formelle développées au xv siècle en Italie.

Lorenzo Lotto
(1480-1556/1557)
Portrait d'homme (Mercurio Bua ?)
vers 1535
huile sur toile
De l'expression et de la posture de ce gentilhomme émane une certaine mélancolie. Il porte un élégant costume noir qui évoque un deuil. Sa main droite repose sur un memento mori (une nature morte symbolique) composé d'un petit crâne entouré de pétales de rose et de jasmin. L'étude des différents indices présents dans ce portrait a permis d'en identifier éventuellement le modèle, Mercurio Bua, un condottiere (chef mercenaire) au service de la ville de Venise. L'homme fut deux fois veuf et perdit un fils encore nourrisson. Ce malheur expliquerait la présence du petit crâne et des deux fines alliances, celles des épouses défuntes, portées à l'auriculaire de sa main gauche. La représentation de saint Georges combattant le dragon, que l'on distingue dans le paysage au-delà de la fenêtre, témoignerait des origines grecques du condottiere.

Francesco Mazzola, dit
Parmesan
(1503-1540)
Portrait d'homme
vers 1528
huile sur panneau

Michelangelo Merisi, dit
Caravage
(1571-1610)
Garçon à la corbeille de fruits
vers 1596 huile sur toile
Ce célèbre portrait d'un jeune homme tenant un panier rempli de fruits et de feuillages d'automne a été peint par Caravage peu après son arrivée à Rome, lorsqu'il était employé dans l'atelier du Cavalier d'Arpin comme peintre de fleurs et de fruits. Le jeune peintre lombard démontre déjà ici l'étendue de son talent dans une veine naturaliste, qui s'attache à figurer les imperfections des feuilles et des fruits, une nouveauté dans le contexte artistique romain de l'époque. Ce garçon montrant son épaule droite dans une pose pleine de sensualité et de poésie a été identifié tantôt comme un simple marchand de fruits, tantôt comme le dieu des saisons Vertumne, ou encore comme une allusion au Christ-Époux dans le Cantique des Cantiques. Ce chef-d'œuvre est l'une des premières acquisitions du cardinal Scipion Borghèse en 1607: elle fait partie de la fameuse saisie des biens du Cavalier d'Arpin, qui la conservait bien des années après que Caravage avait quitté l'atelier de ce dernier.

Gian Lorenzo Bernini, dit
Bernin
(1598-1680)
Autoportrait à l'âge mûr
vers 1638-1640
huile sur toile
Bernin aurait réalisé plus de cent cinquante peintures entre les années 1620 et 1640, mais seule une douzaine nous est parvenue. Cet autoportrait est un remarquable témoignage de son activité de peintre, ainsi que de son intérêt pour la physionomie que l'on retrouve dans ses portraits sculptés. Bernin s'est représenté lui-même à diverses reprises, y compris en sculpture, comme dans son célèbre David de la collection de la Galerie Borghèse. Dans ce chef-d'œuvre de psychologie, l'artiste s'est concentré sur l'instantanéité de son expression, sur son regard profond et sur ses traits montrant des signes de vieillissement. L'arrière-plan et les vêtements sont rapidement esquissés de quelques coups de pinceau qui donnent à la peinture un aspect inachevé. Dans les années 1980, cette image de l'artiste acquiert une notoriété certaine grâce à son insertion sur les billets de cinquante mille lires italiennes. L'œuvre est entrée dans la collection de la Galerie Borghèse en 1911 grâce à la donation du baron Otto Messinger.

Giovanni Francesco Guerrieri
(1589-1667)
Loth et ses filles
1017
hulle sur tolle

Giuseppe Cesari, dit
Le Cavalier d'Arpin
(1568-1640)
L'Arrestation du Christ
vers 1598
huile sur cuivre

Jacopo da Ponte, dit
Jacopo Bassano
(vers 1515-1592)
La Cène
1547-1548
huile sur toile
Le Christ et les douze apôtres sont réunis lors du dernier repas de Jésus. Le Christ, au centre, fixe de son regard le spectateur, comme pour l'inviter à participer à ce moment crucial pour le salut de l'humanité. Les apôtres sont plongés dans l'agitation provoquée par l'annonce de la trahison qui entraînera son arrestation et sa crucifixion. S'inspirant d'éléments de la réalité quotidienne, Bassano met en valeur les physionomies particulières des protagonistes, sans idéalisation, les expressions et les gestes d'une grande variété. Les mets représentés avec réalisme ont tous une valeur symbolique : la tête d'agneau, les fruits font allusion à la Passion et à la Rédemption, le pain et le vin annoncent l'Eucharistie. Au chien tranquillement couché aux pieds du Christ s'oppose le chat, emblème de félonie, représenté près de Judas qu'on identifie à la bourse offerte pour le prix de sa trahison.


Détails du tableau précédent 

Gian Lorenzo Bernini, dit
Bernin
(1598-1680)
Portrait d'un jeune garçon
vers 1623-1624
huile sur toile

Gerrit van Honthorst
(1592-1656)
Concert (Le vol de l'amulette)
vers 1620-1630
huile sur toile
Ce tableau, qui n'est entré dans la collection qu'à la fin du XVIIIe siècle, est l'oeuvre de Gerrit van Honthorst, un peintre hollandais qui a séjourné à Rome dans les années 1610. Ayant emprunté à Caravage son puissant clair-obscur, il retourne en 1620 à Utrecht où il développe un style ténébriste adouci laissant libre cours à la couleur et à la fantaisie. La corbeille de fruits posée sur la table, référence directe aux natures mortes de Caravage, ainsi que le sujet lui-même sont caractéristiques du caravagisme. Lors d'un concert amical, une courtisane et sa souteneuse sont en train de dépouiller un jeune homme: la première lui retire sa boucle d'oreille, la seconde glisse sa main dans son sac tout en intimant le silence au violoncelliste. Ce geste de la vieille femme semble aussi vouloir nous prévenir des dangers qui s'ensuivent de l'ivresse, de la luxure et de la musique, selon la morale calviniste de l'époque.

Détail du tableau précédent 

Non identifié 
Détail du tableau précédent 

Marcello Provenzale
(1575-1639)
Portrait du Pape Paul V
1621
mosaïque

Splendeurs
de la Villa Borghese
Dans l'ambiance du népotisme caractérisant le pontificat de Paul V, la famille Borghèse s'attribue de nombreuses terres et de luxueuses demeures; celle qui reflète le mieux la personnalité de Scipion et sa manière de vivre est la Villa Borghese. Cette luxueuse villa all'antica, érigée entre 1607 et 1616 sur la colline du Pincio, offre aux œuvres un cadre avantageux, une idée très originale pour son époque. Sa construction est confiée à l'architecte favori du pape, Flaminio Ponzio. Elle se distingue de loin par ses deux tours et sa façade lumineuse; ses nombreuses fenêtres et loggias l'ouvrent à la nature environnante. Dès son achèvement, Scipion y fait transporter sa collection et la remplit d'oeuvres au fil des acquisitions. Les statues modernes et antiques, les peintures et les objets décoratifs se juxtaposent dans un mélange d'organisation et de faux désordre évoquant un nouvel âge d'or. La Villa Borghèse, qualifiée de delizia di Roma, est ainsi un lieu d'expérimentation, un musée avant la lettre, où les visiteurs et les artistes viennent admirer les splendeurs de la Rome antique et de la Rome moderne. Elle s'impose à Rome comme un centre de culture d'une grande importance sociale et diplomatique.
Au cours du dernier tiers du XVIIIe siècle, sous Marcantonio IV Borghèse, elle se métamorphose complètement dans le goût néoclassique. L'intérieur est réaménagé et redécoré de stucs, de mosaïques, de marbres polychromes et de fresques réalisées par les meilleurs artistes de l'époque, modelant pour l'essentiel l'aspect de la Galerie Borghèse encore aujourd'hui. Le décor de cette salle reproduit le plafond peint entre 1775 et 1779 par Mariano Rossi ca le somptueux hall d'entrée de la galerie


Johann Wilhelm Baur
(1607-1642)
Vue de la Villa Borghèse
1636
tempera sur parchemin


La dramaturgie
du corps
À Rome, au seuil de l'époque baroque, le pontificat Borghèse est marqué par un intérêt renouvelé pour l'expression des émotions et la représentation réaliste du corps humain. Cette tendance s'oppose au maniérisme académique qui dominait à la fin du xvi° siècle, et Scipion Borghèse a été séduit par un imaginaire baroque qui se plaît à représenter et à susciter les émotions. Cette volonté de donner aux représentations un aspect plus naturel trouvera notamment ses plus grands interprètes avec Caravage et Annibal Carrache, deux peintres ayant entrepris, chacun à sa manière, une réflexion sur l'étude du corps, d'après modèle vivant, s'intéressant tout aussi bien à la violence qu'à la souffrance. Carrache s'inspire d'une réalité naturelle, tout en la conciliant avec une certaine artificialité classique, comme on peut l'observer ici dans son Samson enchaîné.
Le caractère révolutionnaire du naturalisme dont Caravage fut l'instigateur sera un motif d'imitation et d'interprétation pour de nombreux artistes, parmi lesquels figure son biographe et principal détracteur, Giovanni Baglione. On retrouve une même grammaire du corps humain chez Rubens à qui Scipion accorde sa protection lors de son deuxième séjour à Rome en 1606-1608- sur le vif, l'interprète à partir de l'Antiquité et l'enrichit des leçons des maîtres qui l'étudie de la Renaissance et de ses contemporains. Ainsi, Rubens ne s'est jamais lassé d'observer les œuvres de Titien, très présent dans la collection Borghèse, comme l'illustre ici la Flagellation du Christ.

Giovanni Baglione
(vers 1566/1573-1643)
Judith et Holopherne
1608
huile sur toile
Giovanni Baglione était déjà un artiste réputé quand
il reçut cette commande de la famille Borghèse en 1608. Au XVIIe siècle, l'œuvre était accrochée dans le salon de la villa avec d'autres tableaux ayant pour point commun d'illustrer l'Ancien Testament. Judith sauve son peuple en séduisant Holopherne, général ennemi, afin de le décapiter dans son sommeil. Sa force morale est exaltée par un jeu de contrastes dramatiques et un puissant clair-obscur. Son apparence calme et gracieuse et ses traits délicats tranchent avec l'expression violente figée sur l'énorme visage sans vie d'Holopherne. L'atmosphère dramatique et l'expression horrifiée d'Abra, la servante de Judith, ici figurée en vieille femme, rappellent la Judith de Caravage actuellement conservée au Palazzo Barberini, Rome. Mais Baglione, qui excelle par son éclectisme, combine cette influence avec une gestualité rhétorique encore empreinte des conventions caractéristiques du maniérisme tardif.

Giovanni Baglione
(vers 1566/1573-1643)
Ecce homo
1606
huile sur toile


Annibal Carrache
(1560-1609)
Samson enchaîné
vers 1594 huile sur toile
L'histoire de Samson, héros hébreu à la force légendaire, est racontée dans l'Ancien Testament. Il est représenté ici grandeur nature, à l'instant où, fait prisonnier, les mains liées, il attend dans une grotte sombre d'être livré aux Philistins, ses ennemis. Le peintre se concentre sur le moment qui précède l'intervention divine qui le sauvera et mettra sur son chemin une mâchoire d'ane -figurée ici à ses pieds-avec laquelle il tuera mille Philistins. Le physique imposant du héros souligne sa volonté, alors qu'il fomente sa vengeance. Sa pose rappelle les Prisonniers de Michel-Ange sculptés pour le tombeau de Jules II (v. 1519-1534), mais surtout des modèles de Titien, à qui cette peinture était associée dans plusieurs inventaires Borghèse des xvur et xx siècles. L'uvre est aujourd'hui unanimement attribuée à Annibal Carrache qui fut fortement influencé par la peinture vénitienne au début de sa carrière à Bologne.

Tiziano Vecellio, dit
Titien
(vers 1485-1576)
La Flagellation du Christ
vers 1568 huile sur toile
Cette toile était déjà à la Villa Borghèse du vivant du cardinal, qui l'avait peut-être achetée sur le marché de l'art de l'époque. Titien jouissait en effet d'un grand prestige dans le contexte culturel italien du début
du xvII° siècle et toute collection princière d'importanc se devait d'inclure des peintures du maître vénitien. À la fin de sa vie, Titien devait déjà répondre à la deman d'une clientèle très nombreuse, qui recherchait notamment des tableaux de dévotion comme celui-ci. La composition est réduite à quelques éléments essentiels. Un rayon de lumière baigne le corps torturé du Christ attaché à une colonne pendant la Passion. Le physique athlétique et le regard tourné vers le ciel dar un mouvement de défi introduisent une variante héroïque du Christ flagellé, qui ne se soumet pas à l'humiliation. L'effet d'inachèvement créé par l'application de touches épaisses et rapides est caractéristique de la production tardive de Titien.

Pierre Paul
Rubens
(1577-1640)
Suzanne et les vieillards
vers 1606-1607
huile sur toile
Dans l'Ancien Testament, Suzanne est surprise lors de son bain par deux vieillards qui menacent de l'accuser d'adultère si elle ne se donne pas à eux. Elle refuse et se voit injustement condamnée à mort. Elle sera sauvée par l'intervention du prophète Daniel, devenant ainsi la figure de la vertu féminine et du salut de l'âme par la Providence divine. Selon toute vraisemblance, ce tableau est entré dans la collection Borghèse du vivant du cardinal. Dans une lettre écrite par Rubens en 1606, durant son second séjour à Rome, le peintre flamand se présente en effet comme un protégé de Scipion Borghèse. L'interprétation du thème par Rubens se rapproche ici des modèles italiens. Le corps nu est mis en avant grâce à un clair-obscur prononcé à la manière caravagesque. Suzanne se détourne de ses agresseurs: son visage traduit clairement son effroi tandis que les deux hommes s'avancent vers elle de manière grotesque et menaçante.


Amour
et
Éros
Cette salle, qui rassemble des tableaux des écoles toscane et vénitienne, évoque la «
Dès la fin du XVIe siècle, le nu féminin est de plus en plus présent dans les collections, un goût encouragé par la redécouverte de statues antiques lors de chantiers exhumant des pièces archéologiques. Cette évolution, marquée par le désir de s'ouvrir à de nouvelles expériences, favorise en effet l'émergence de sujets profanes de nature plus frivole. Scipion Borghèse lui donne forme au sein de sa collection par divers accrochages dont les thèmes sont à la fois mythologique et licencieux, préfigurant le principe de la «
L'exposition se clôt avec un chef-d'œuvre de Titien rarement sorti des salles de la Villa Borghèse, Vénus bandant les yeux de l'Amour. La richesse et la variété de la collection Borghèse découlent de l'esprit libre, intuitif et esthète du cardinal Borghèse qui, fidèlement poursuivi par ses héritiers fera de sa collection l'une des plus importantes de son époque, encore aujourd'hui un ensemble incontournable de toute visite à Rome.


D'après
Léonard de Vinci
Léda et le cygne
avant 1517
tempera et huile sur panneau
Dans la mythologie grecque, la reine Léda est séduite par Zeus qui se présente à elle sous la forme d'un cygne. De cette union naissent plusieurs enfants, tous issus d'un œuf. Ce thème connaît un grand succès à la Renaissance, les artistes privilégiant la représentation érotique de l'union entre la femme et le cygne. Léonard de Vinci consacra son unique tableau mythologique à cette histoire. Parmi les nombreuses copies dérivant de l'oeuvre originale, aujourd'hui perdue, la Léda Borghèse est l'une des plus anciennes et des plus fidèles. Le peintre insiste sur la douceur et la beauté idéalisée de la femme nue qui embrasse tendrement l'animal tout en gardant un œil sur ses nouveau-nés. Le centre symbolique de la composition est l'œuf dissimulé dans l'herbe, dont la forme est répétée par la figure de Léda enlacée par le cygne. Un paysage parsemé de fleurs et d'animaux témoigne d'une réflexion sur les forces de la nature propre au maître toscan.

Tiziano Vecellio, dit Titien
(1485-1576)
Vénus bandant les yeux de l'Amour
vers 1565
huile sur toile
Le cardinal fait l'acquisition de cette pièce maîtresse dans les premières années de la constitution de sa collection et l'expose dans sa villa. Ce tableau date de la période de maturité de Titien, caractérisée par une palette de couleurs chaudes et veloutées produisant de vibrants effets lumineux. Le peintre maîtrise avec bonheur des inventions iconographiques complexes qui se nourrissent de littérature, de mythes et de symboles. Le sujet est le plus souvent interprété comme Vénus bandant les yeux de son fils Cupidon, tandis que ses compagnes lui tendent son arc et son carquois, afin que l'Amour frappe aveuglément les hommes de ses flèches. Il peut aussi être compris comme une allégorie de l'amour conjugal, qui doit être équilibré entre Éros (l'amour passionnel, aveugle) et Antéros (l'amour divin, rationnel), que représentent les deux enfants. D'autres encore y voient une représentation des Trois Grâces avec des amours, un thème s'inspirant de sources littéraires antiques.

Jacopo Zucchi
(vers 1540/1541-1590)
Psyché et l'Amour
1589 huile sur toile
Cette scène de l'histoire de Psyché est racontée dans les Métamorphoses d'Apulée. La belle jeune fille, poussée par sa curiosité et par ses sœurs jalouses, décide de découvrir l'identité de son mystérieux amant qui la visite chaque soir sans montrer son visage. Alors que Psyché approche sa lampe de Cupidon, une goutte d'huile tombe sur l'épaule du dieu, qui se réveille et s'enfuit. Jacopo Zucchi situe la scène dans une chambre luxueuse et peint avec précision bijoux, fleurs et tissus. L'artiste emplit l'œuvre de références sophistiquées à la tradition nordique et aux maîtres florentins de la Renaissance, en particulier à Michel-Ange. Cette œuvre, datée et signée sur le carquois en bas à droite, a sans doute été commandée à l'occasion du mariage de Ferdinand 1º de Médicis avec Christine de Lorraine à Florence en 1589. Le tableau faisait en tout cas partie de la collection de Scipion Borghèse avant 1630.

Détail du tableau précédent 

Michele Tosini, dit
Michele di Ridolfo del Ghirlandaio
(1503-1577)
Lucrèce
vers 1560-1570 huile sur panneau

Michele Tosini, dit
Michele di Ridolfo del Ghirlandaio
(1503-1577)
Léda
vers 1565-1570
huile sur panneau

Andrea Piccinelli, dit
Andrea del Brescianino
(vers 1486-1525)
Vénus avec deux amours
vers 1520-1530
huile sur panneau .

D'après Raffaello Sanzio, dit
Raphaël
(1483-1520)
La Fornarina
vers 1520
huile sur toile appliquée sur panneau
La célébrité de la Fornarina tient aux traits bien individualisés du modèle et à sa force psychologique. La tradition y voit soit le portrait de la maîtresse de Raphaël, Margherita Luti, fille d'un boulanger (d'où son surnom de fornarina, signifiant «boulangère»), soit une courtisane. La pose de la jeune femme rappelle celle de la << Vénus pudique» de l'Antiquité qui couvre sa poitrine d'une main. Ce geste et le voile transparent qui laisse entrevoir son ventre exaltent la sensualité de la pose. Ce portrait copie fidèlement l'original conservé au Palazzo Barberini à Rome. Sur notre version, on retrouve la signature de Raphaël inscrite sur le bandeau attaché au bras gauche de la jeune femme, un attribut qui rappelle encore Vénus et souligne le lien amoureux entre le peintre et son modèle. Le buisson de myrte et la branche de cognassier à l'arrière-plan symbolisent la fertilité.


Bernin dans
la collection Borghèse
Parmie les chefs-d'œuvre de la collection Borghèse présentés dans cette exposition, il ne pouvait manquer d'y figurer le célèbre sculpteur Gian Lorenzo Bernini, dit Berain (1598-1680). Gian Lorenzo arrive à Rome en 1605-1606 avec son père Piso, sculpteur engagé sur les chantiers poudificaux, et deviendra rapidement le sculpteur le plus jeune et célèbre de son temps. Considérée par les critiques comme un exemple précoce de son extraordinare habileté, la Chèvre Amalthée, présentéeliti vaut la pleine confiance de Scipion Borghèse, qui devient son premier grand mécène et lui comunside, à seulement vingt ans, la réalisation de quatre groupes monumentaux en marbre, dont le célèbre Apollon et Daphné. Les talents de portraitiste du jeune artiste se reflètent dans les deux bustes présentés dans cette salle, dont le buste de Grégoire XV, qui fut acheté par Nélie Jacquemart elle-même à Londres à la fin du XIXe siècle. La maîtrise de la matière et le raffinement avec lequel Bernin fait varier la surface du bronze ou du marbre magnifient le rendu des vêtements et des visages des deux souverains pontifes. Grâce à la protection du cardinal Borghèse, puis du pape Urbain VIII Barberini, Bernin deviendra le promoteur génial du baroque, non seulement en tant que sculpteur, mais aussi en tant qu'architecte, urbaniste, et même peintre.


Gian Lorenzo Bernini, dit
Bernin
(1598-1680)
La Chèvre Amalthée avec Jupiter enfant
et un faune
vers 1614-1615

Gian Lorenzo Bernini, dit
Bernin
(1598-1680)
Buste de Grégoire XV
1622
bronze
Paris, Musée Jacquemart-André

Gian Lorenzo Bernini, dit
Bernin
(1598-1680)
Buste du pape
vers 1622-1623 marbre

D'après Gian Lorenzo Bernini, dit Bernin
(1598-1680)
Neptune et un
dauphin
après 1622
bronze

On ne pouvait quitter ce beau musée sans aller voir mes tableaux favoris !


Portrait de la Comtesse Skavronskaïa Elisabeth-Louise VIGÉE LE BRUN (1755-1842)
Huile sur toile
1790

Les Pèlerins d'Emmaüs
Rembrandt van RIJN,
dit REMBRANDT (1606-1669)
marouflé sur bois
837
Huile sur papier,
Vers 1628



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