jeudi 3 octobre 2024

Bruno Liljefors au Petit Palais en octobre 2024


Encore une superbe exposition du Petit Palais !

Bruno Liljefors, la Suède sauvage 
Après Carl Larsson, en 2014, et Anders Zorn, en 2017, c'est au tour du peintre Bruno Liljefors, le dernier du trio suédois, d'être exposé sur les cimaises du Petit Palais. Aujourd'hui méconnu, cet artiste fut pourtant célébré en son temps comme le << prince des animaliers ». À la fin du XIXe siècle, il a en effet participé au renouvellement du genre de la peinture animalière et contribué à forger l'imaginaire de la nature suédois toujours vif de nos jours. L'art de Liljefors nous fait surprendre des tétras en pleine parade au cœur de la forêt. Il nous hisse en haut des pins jusqu'au nid du balbuzard pêcheur et nous invite à la poésie dans l'immensité des nuits sans fin, «au bord de la vaste mer» de l'archipel de Stockholm. Sensible aux découvertes scientifiques des natura- listes, l'artiste s'intéresse non seulement aux animaux, mais sur- tout à la relation que ceux-ci entretiennent avec leur habitat. La diversité des espèces représentées fait écho à la soif de connais- sances de la société alors en pleine mutation.
À partir des années 1890, le courant symboliste qui imprègne le travail de nombreux artistes scandinaves pénètre également l'oeuvre de Liljefors. Ses toiles s'insèrent ainsi pleinement dans le mouvement du romantisme national suédois, qui met à l'hon- neur les paysages et les atmosphères caractéristiques du pays. Regroupant des oeuvres principalement issues des collections publiques de Suède, mais aussi de nombreuses collections parti- culières, cette exposition présente le meilleur de la production de l'artiste, qui se concentre dans la première moitié de sa carrière. La centaine de tableaux, dessins et photographies montrés ici constitue la première exposition d'envergure jamais consacrée en France à l'artiste.

Une famille de renards (Family of Foxes)
1886
Huile sur toile
Stockholm, Nationalmuseum
La peinture de Bruno Liljefors repose sur une connaissance approfondie de la nature, des animaux qui la peuplent et des moindres détails de leur habitat. Dans Une famille de renards, le sous-bois fait écho au stade de développement des renardeaux. Au début de l'été, ils ont atteint l'âge auquel ils peuvent désormais se nourrir d'aliments solides et non plus de tétées.
C'est l'époque de la floraison du cerfeuil sauvage, tandis que les pissenlits sont montés en graine.
Détail du tableau précédent 

Quatre études d'animaux dans un cadre: pie-grièche, râle des genêts, pinsons familiers, pouillot
1887
Huile sur toile et sur panneau

Chat sur un pré fleuri et nichée de pies-grieches écorcheurs (Cat on a Flowery Meadow and Nestlings of Red-Backed Shrike)
1887
Huile sur toile
Stockholm, Nationalmuseum
Le chat est source de fascination pour Bruno Liljefors tout au long de sa vie. Probablement parce que, bien que considéré comme un animal domestique, ce félin n'en conserve pas moins son instinct de chasseur. Ici, le peintre associe dans le même cadre un motif d'oiseau peint sur une autre toile. Les oiseaux perchés sur la branche révèlent le talent de Liljefors à restituer le mouvement et l'efficacité de sa méthode, qui s'appuie à la fois sur des études en gros plan et des modèles photographiques.

Détail du tableau précédent 

Renard, scène de Grez,
France (Fox, Grez, France)
1887
Huile sur panneau
Collection particulière

Portrait de Carl Larsson
884
sur panneau
(Maison de Carl Larsson)
Dans ce portrait de dos, Bruno Liljefors représente son ami Carl Larsson travaillant l'aquarelle à Grez-sur-Loing. Liljefors et Larss étaient très liés et restèrent proches toute leur Bien que Liljefors ait effectué plusieurs séjours à Grez, il ne s'y est jamais senti très à l'aise,
à la différence de Larsson. Son intérêt était à tel point porté sur la nature suédoise qu'il aspirait le plus souvent à rentrer dans son pays, ce qui explique qu'il ait peu produit en France.

Paysage de Kvarnbo, Uppland, Suède 
Huile sur toile marouflée sur Isorel
Munich, courtesy of
Daxer and Marschall Gallery

L'Étang de Grez-sur-Loing
Vers 1885
Aquarelle sur papier
Paris, musée d'Orsay, conservé au cabinet des arts graphiques du musée du Louvre
Après avoir traversé une période difficile à Paris, Carl Larsson se rend à Grez-sur-Loing. Là, il aborde la technique de l'aquarelle en plein air. Il décrit cette époque comme étant celle «où tout désormais prenait forme». Absolument novatrice, sa manière de dépeindre la vie quotidienne du village influença en Suède toute une génération de paysagistes en ouvrant une nouvelle voie à la représentation de la nature. Une ouverture qui a de grandes conséquences, en particulier pour Bruno Liljefors

Premiers voyages
LA LEÇON DE PLEIN AIR
Liljefors grandit à Uppsala, au nord de Stockholm, dans une ville alors entourée de vastes étendues sauvages. Il lit avi- dement toutes sortes d'albums naturalistes et s'entraîne à dessiner sur le vif lors de ses sorties par champs et marais. Le jeune homme griffonne du soir au matin et se révèle par- ticulièrement doué pour les caricatures et l'illustration d'his- toires pleines de vie, à la manière des bandes dessinées d'aujourd'hui.
En 1879, il s'inscrit à l'Académie royale de Suède, où il côtoie Anders Zorn (1860-1920), l'un des futurs peintres les plus célèbres de Scandinavie, avec qui il restera ami toute sa vie. Comme Zorn, Liljefors conteste rapidement l'enseignement dispensé à l'Académie, jugé trop restrictif, et rejoint le groupe des «Opposants», qui militent pour l'instauration d'une << nouvelle peinture » en Suède. Liljefors quitte alors le pays et poursuit sa formation auprès du peintre animalier Carl Friedrich Deiker (1836-1892) à Düsseldorf, puis voyage en Bavière, en Italie, et en France.
À l'instar de Carl Larsson (1853-1919), autre figure majeure de l'art suédois de cette époque, Liljefors séjourne à Grez- sur-Loing, au sud-est de Paris, où s'est établie une véritable colonie d'artistes nordiques. Le peintre bénéficie des leçons des artistes du << plein air >> français, des peintres de l'école de Barbizon, des impressionnistes et des naturalistes, au premier rang desquels trône Jules Bastien-Lepage (1848-1884).
Contrairement à Zorn et Larsson, qui séjournent longtemps en France, Liljefors regagne rapidement la Suède et consacre son art revivifié à la représentation de la nature locale.

Le lanceur de disque 
1888
Huile sur toile
Stockholm, Nationalmuseum

Au bord de l'eau, un jour de printemps
1887
Huile sur toile
Stockholm, Nationalmuseum
Ce tableau est exécuté à Grez-sur-Loing, probablement en 1887. Cette année-là, Carl Larsson fait poser l'épouse de Liljefors, Anna, devant ce même hangar à bateaux. Le format vertical, la composition et la simplicité de l'œuvre offrent un rare et remarquable exemple de la façon dont les artistes nordiques sont parvenus à transposer les principes de la gravure sur bois japonaise dans la peinture naturaliste de plein air.

Pêcher en fleurs, scène de
Grez (Peach Blossoms, Grez)
1884
Huile sur toile
Collection particulière

Anna, l'épouse de l'artiste
1885
Huile sur toile
Collection particulière
Bruno Liljefors aborde rarement le genre du portrait. Il est d'autant plus surprenant que l'un de ses tableaux les plus saisissants soit précisément un portrait de sa première épouse, Anna. Vêtue d'une robe rose, elle est assise parmi la végétation, le visage tourné vers l'extérieur du cadre. Son regard est aussi intense qu'impénétrable, ce qui confère à l'image une atmosphère énigmatique. Le rendu naturaliste de ce tableau évoque Les Foins, une œuvre du Français Jules Bastien-Lepage - très apprécié par Liljefors et les artistes de sa génération.

Soirée d'été 
1887
Huile sur toile
Collection particulière

ANDERS ZORN
Le Peintre Bruno Liljefors
1906
Huile sur toile
Stockholm, Nationalmuseum
Zorn réalisa ce portrait alors que Liljefors séjournait chez lui, à Gopsmor, où il conviait souvent ses amis. Ils étaient toutefois nombreux à juger le lieu aussi inconfortable que primitif. Bruno Liljefors écourta d'ailleurs sa visite pour cette raison, rendant le travail sur ce portrait plus problématique que prévu.

La tentation japonisante
Bruno Liljefors aime utiliser des formats originaux, verticaux ou très allongés. Il apprécie les compositions asymétriques et joue souvent sur la ligne d'horizon très haute, voire absente, pour plonger le spectateur dans la scène représentée. Bien qu'il s'en soit défendu, l'art japonais, la calligraphie, la peinture sur soie et les estampes sont pour lui de véritables sources d'inspiration. Ces modèles nippons furent diffusés en grand nombre en Europe dans les années 1860 et 1870, notamment au sein des expositions universelles ou industrielles.
Chez Liljefors, la composition de chaque tableau ainsi que le regroupement de plusieurs toiles au sein d'un seul et même cadre s'apparentent aux bois gravés japonais agencés selon le procédé de l'harimaze. Irrégulièrement disposées, les images forment un ensemble décoratif remarquable et semblent n'entretenir aucune relation immédiate les unes avec les autres. Néanmoins, la proximité des scènes laisse au spectateur un espace mental qui lui permet de reconstituer le fil de la narration et d'inventer une histoire, toute subjective.


Portrait du père de l'artiste
1884
Huile sur toile
Uppsala, Konstmuseum

Renards (Foxes)
1886
Huile sur toile
Göteborg, Konstmuseum
À l'instar du chat, le renard ne cesse de réapparaître dans la peinture de Liljefors. L'artiste le représente dans toutes les phases de son existence et dans toutes les situations. Ici, deux renards se reposent, peut-être digérant leur proie. Ce tableau est un bel exemple de la façon dont Liljefors appréhende l'utilisation conjuguée de la peinture et du pinceau pour créer naturellement une illusion. Observons les feuilles, qui sont en fait de « simples » taches de peinture, et la fourrure des renards, dont la texture est évoquée par la trace des poils du pinceau.

Détail du tableau précédent 

Bouvreuils pivoines 
1889
Huile sur toile
Collection particulière

Paysage d'hiver aux bouvreuils pivoines
1891
Huile sur toile
Collection particulière

Cinq études d'animaux 
1881
Huile sur toile et sur panneau
Stockholm, S. M. le Roi de Suède

Études d'animaux dans un cadre: perdrix, pouillot et papillon, bécassine et ses petits, pies dans un pommier, chat et oiseau 
1888
Huile sur toile et sur panneau
Göteborg, Konstmuseum
Rassemblant plusieurs tableaux dans un même cadre, cette œuvre constitue l'un des agencements géométriques les plus perfectionnés réalisés par Liljefors. Nous voyons la croissance des oisillons, la recherche de nourriture par les adultes
et la rencontre inéluctable avec un chat sur
la droite. Datée de 1888, la toile montre comment la touche du peintre se fait plus assurée
et plus expressive.

Hermine au pinson
1885
Huile sur panneau
Stockholm, Åmells Fine Art

Le Chat Jeppe dans le soleil de printemps 
1886
Huile sur toile
Collection particulière
Au cours des années 1880 et 1890, le chat apparait régulièrement dans les tableaux de Bruno Liljefor Le plus célèbre des chats du peintre s'appelait Jeppe : ici, il se repose, allongé dans le sable chauffé par le soleil. Cette toile est techniquement intéressante. En 1886, comme si les choses prenaient pour le peintre un tour plus détendu, sa touche commence à montrer une plus grande liberté. La description d'éléments comme
la végétation semble par conséquent elle aussi plus vivante.

Grive musicienne à son nid
1888
Huile sur toile
Collection particulière

Moineaux dans les ronces
1886
Huile sur panneau
Collection particulière

Moineaux domestiques
1886
Huile sur panneau
Göteborg, Konstmuseum

Cinq études d'animaux dans un cadre: chat avec un oisillon, moineaux dans un ceriser, chat et pinson, pinsons et libellules, rougequeues et papillons
1885
Huile sur panneau 

Détail du tableau précédent 

Détail du tableau précédent 

Détail du tableau précédent 

Bergeronnette grise
1884
Huile sur toile
Collection particulière

Chardonnerets
1888
Huile sur panneau
Collection particulière
Les chardonnerets élégants sont souvent au cœur des compositions les plus expérimen de Liljefors. À l'instar des gravures sur bois japonaises, la palette des couleurs est restrein dans l'image, le ciel domine. Daté de 1888, le tableau illustre l'évolution de l'artiste vers une peinture de plus en plus expressive, ne compromettant toutefois ni la netteté ni la précision de la représentation des mouvements et du comportement des oiseaux.

Geais
1886
Huile sur toile
Stockholm, Nationalmuseum
Dans sa peinture, Liljefors capte sur le vif la réaction des animaux confrontés à un danger immédiat, comme ici ces deux geais. L'un d'eux a déjà pris son envol, tandis que l'autre ouvre son bec court et rond pour lancer son strident cri d'alarme. Liljefors a étudié et dessiné des oiseaux vivants, mais également utilisé des photographies et des oiseaux naturalisés qu'il installait
à l'extérieur dans un cadre naturel. Avec la branche au premier plan et la lisière floue de la forêt à l'arrière-plan, la composition accentue l'impression d'un instant figé.

Chardonneret élégant, femelle adulte (Goldfinch, female)
Animal naturalisé
Paris, Muséum national d'histoire naturelle

Geai des chênes, adulte (Eurasian Jay)
Animal naturalisé
Paris, Muséum national d'histoire naturelle

Canards sauvages
dans les roseaux
1901
Huile sur toile
Stockholm, Thielska Galleriet

Gerbes de roseaux 
1907
Huile sur toile
Stockholm, Thielska Galleriet
L'absence d'animal explique la singularité de cette toile dans la production de Liljefors. De prime abord, on pourrait la tenir pour une étude, mais ses dimensions et le raffinement de son exécution en font une œuvre d'art à part entière. Elle montre comment, au début du XX" siècle, Liljefors s'affranchit progressivement
des conventions. La couleur et la facture sont en effet mises au service de la création des ombres et des lumières d'une manière comparable
à celle des impressionnistes.

Le peintre grimpeur
Dispositif d'observation et processus créatif 
Liljefors s'est donné pour but de révéler la beauté de la nature et son énergie vitale. Pour cela, il installe ses ateliers au plus près des espaces sauvages et travaille en immersion aux alen- tours pour dessiner sur le motif pendant de longues heures. Infatigable chasseur depuis son enfance, il arpente aussi bien les landes et les marais que les forêts profondes.
L'artiste met au point toutes sortes de dispositifs pour obser- ver les animaux sans être vu. Il se camoufle et fabrique des affûts où il se cache pour regarder à sa guise. Le peintre est également acrobate et excellent gymnaste, ce qui lui permet de grimper dans les arbres, à des hauteurs vertigineuses afin d'atteindre les nids des balbuzards pêcheurs, par exemple. Liljefors est ainsi en mesure de visualiser les moindres détails de la vie des animaux au quotidien. À travers le dessin, il capte leurs mouvements, leurs attitudes, mais il accorde aussi une grande importance à la photographie, qui participe pleine- ment à son processus créatif.
Liljefors organise souvent ses compositions en fonction du champ de vision de l'être humain: la zone la plus importante de l'image est nette, tandis que la périphérie demeure floue, comme vue à travers le cristallin de l'oeil. Certaines photo- graphies se retrouvent traduites à l'identique dans sa peinture, d'autres sont le substrat de nouvelles compositions où plusieurs éléments disparates se superposent

Paysage rocheux sous la pleine lune (Rocky Landscape at Full Moon)
Vers 1886
Huile sur toile
Collection particulière
Cette scène de clair de lune constitue une étud approfondie d'amas de rochers. On pourrait penser qu'il s'agit d'un travail préparatoire à u composition de plus grandes dimensions. Il exi des similitudes évidentes avec les photographie de rochers réalisées par le peintre, mais aussi avec le tableau intitulé Parade du grand tétras, également présenté dans l'exposition. Ce type de représentation très précise de la nature a par ailleurs joué un rôle important dans l'exécution des arrière-plans du grand diorama du musée de Biologie de Stockholm peints par Liljefors.

Intérieur de forêt (In the Forest)
Vers 1890
Huile sur toile
Collection particulière

Grange dans la forêt (Forest Barn)
1894
Huile sur toile
Collection particulière, en dépôt au Konstmuseum d'Uppsala
Si Liljefors centre ses efforts sur la peinture animalière, il n'en est pas moins sensible au modes et tendances artistiques de son temps Le romantisme national qui se développe en Suède dans ces années-là transparaît dans sa manière de mettre l'accent sur la lumière nordique et les spécificités de la nature suédoise. Ce paysage à la grange offre un bel exemple de ses rares tableaux sans animaux, ayant pour seul sujet l'atmosphère.

Extrait du film: 
Le peintre animalier Bruno Liljefors
1917
Pathé Frères
Stockholm, Svenska Filminstitutet

Lectures darwiniennes
ART DU CAMOUFLAGE ET SPECTACLE DE LA CHASSE
À partir des années 1880, Liljefors trace un nouveau sillon dans l'histoire de la peinture animalière. Comme rarement auparavant, il s'attache à représenter les animaux dans leur environnement, pris sur le vif dans leur vie quotidienne. La naissance des animaux, leur apprentissage auprès de leurs parents, la «parade amoureuse», le nourrissage des petits et la chasse sont tous des éléments qui deviennent dignes de figurer sur la toile, dans des formats parfois très grands, réservés à l'époque à la peinture d'histoire.
De plus, par sa connaissance approfondie des terres suédoises, Liljefors donne à voir des espèces peu familières des citadins de son temps. Son art reflète ainsi la soif de connais- sances de la société de la fin du XIXe siecle, qui est boulever- sée par la révolution industrielle et qui porte une attention nouvelle à ce qui persiste de la nature "sauvage".
L'art de Liljefors s'inscrit par conséquent dans le sillage des découvertes darwiniennes qui irriguent alors la culture euro- péenne. Dans le monde de Liljefors, les animaux, les plantes, les insectes et les oiseaux participent d'un grand tout, où cha- cun a un rôle à jouer.
Dans ce monde, les espèces sont le fruit d'une évolution permanente et d'adaptations, comme en témoigne le mimétisme protecteur, véritable art du camouflage, qui permet à certaines espèces de se fondre dans les couleurs de leur environnement. Pour mettre en évidence cette proprieté fascinante, le peintre tend à toujours replacer l'animal au cœur de son habitat.

Lièvre variable (Mountain Hare)
1905
Huile sur toile
Stockholm, Thielska Galleriet

Lièvre pourchassé 
1914
Huile sur toile
Göteborg, Konstmuseum
Fasciné par le phénomène du mimétisme protecteur des animaux dans une perspective darwinienne, Liljefors s'est intéressé au lièvre qui change de couleur en hiver pour mieux se camoufler. Passant du gris-brun au blanc, la fourrure est adaptée pour ne pas être visible dans un environnement tel que celui-ci, où tout, sauf quelques éléments de végétation brunâtres, est recouvert par la neige.

Détail du tableau précédent 

Parade du grand tétras 
1888
Huile sur toile
Göteborg, Konstmuseum
Le motif du tjäderlek («< grand tétras >>) réapparaît dans les tableaux de Liljefors jusqu'à une date avancée du XXe siècle, mais, ici, il l'aborde pour la toute première fois. Ces oiseaux s'aventuraient rarement à proximité d'Uppsala, où résidait le peintre, mais s'approchaient parfois de certains lieux bien précis ; un ami lui avait indiqué où il aurait la possibilité d'en voir pour étudier leur comportement. Du fait de ses dimensions, le tableau s'apparente à un diorama, type
de peinture prisé des musées d'histoire naturelle du monde entier et dont l'artiste allait se faire une spécialité en Suède.

Nid d'autour des palombes, dit aussi Nid de faucon (Goshawk's Nest)
1886
Huile sur toile
Göteborg, Konstmuseum

Détail du tableau précédent 

Autour des palombes et tétras lyres, dit aussi La Proie
(Goshawk and Black Grouses)
1884
Huile sur toile
Stockholm, Nationalmuseum
En 1884, pour sa première participation au Salon parisien, Bruno Liljefors envoie une toile représentant un autour des palombes pourchassant des tétras lyres dans un ciel de neige. Bien que spectaculaire, cette toile atteste également que le peintre n'a pas encore atteint la plénitude de ses moyens en matière de représentation des mouvements et des interactions des animaux. Ici, on a l'impression que ces derniers sont peints indépendamment, sans se fondre réellement dans le décor. Liljefors a en effet déclaré avoir travaillé sur le motif et a utilisé comme modèles des animaux naturalisés qu'il avait disposés dans les arbres et les fourrés.

Renard et chiens
(Fox and Hounds)
1885
Huile sur toile
Stockholm, Nationalmuseum
Liljefors s'attache à peindre la vie sauvage de la façon la plus objective qui soit. Il souhaite montrer le cycle de la vie et de la mort. Cela passe par la représentation de scènes parfois très violentes, motivées par les besoins primaires des animaux, dont l'homme sait dans certains cas tirer parti, comme avec ces chiens de chasse. Ici, le sang du renard qui jaillit de la blessure et la souffrance qu'elle engendre constituent le sujet principal de la toile.

Martre et femelle tétras lyre
(Pine Marten and Black Grouse)
1888
Huile sur toile
Göteborg, Konstmuseum
Chasseur lui-même, l'artiste est particulièrement attentif aux scènes de prédation, aux aptitudes exceptionnelles que possèdent certains animaux en la matière. Il est aussi subjugué par les trésors d'inventivité des proies pour se cacher, et échapper à leurs prédateurs. Liljefors choisit de représenter des moments clés spectaculaires, comme dans ce tableau, où une martre vient de surgir en bondissant des branchages et saisit en une fraction de seconde une femelle tétras lyre, reconnaissable à la tache rouge vif sur sa tête.

Martre et femelle tétras lyre
(Pine Marten and Black Grouse)
1888
Huile sur toile
Göteborg, Konstmuseum
Chasseur lui-même, l'artiste est particulièrement attentif aux scènes de prédation, aux aptitudes exceptionnelles que possèdent certains animaux en la matière. Il est aussi subjugué par les trésors d'inventivité des proies pour se cacher, et échapper à leurs prédateurs. Liljefors choisit de représenter des moments clés spectaculaires, comme dans ce tableau, où une martre vient de surgir en bondissant des branchages et saisit en une fraction de seconde une femelle tétras lyre, reconnaissable à la tache rouge vif sur sa tête.

Détail du tableau précédent 

Courlis (Curlew)
1907
Huile sur toile
Stockholm, Nationalmuseum
Courlis cendré
NOM SCIENTIFIQUE: Numenius arquata
LONGUEUR: 50 à 60 cm ENVERGURE: 80 à 100 cm
POIDS: 500 à 1300.g
Europe, Afrique, Moyen-Orient, Asie du Sud et de l'Est
Cet oiseau migrateur niche dans les milieux humides, principalement les côtes. Depuis quelques années, la population de courlis décline. L'espèce est aujourd'hui quasi menacée. Ce déclin est notamment dû à la fauche précoce des prairies, qui modifie son habitat

Détail du tableau précédent 

Hibou grand-duc
dans les pins enneigés
(Eagle Owl in Snow-Clad Spruce)
1907
Huile sur toile
Enschede, Rijksmuseum Twenthe

Au bord de la vaste mer
"By the Open Sea❞
Principaux lieux de résidence de Liljefors dans l'archipel de Stockholm 
Vers 1890, la scène artistique suédoise évolue. Jusqu'alors dominante, la peinture d'histoire en vient à être considérée comme le vestige d'une époque révolue. Plusieurs intellec- tuels en vue prônent un renouveau de l'art national s'expri- mant dans la représentation de paysages et d'atmosphères clairement identifiables.
Dès les années 1880, de nombreux peintres prometteurs avaient quitté la Suède pour la France et se consacraient depuis lors à des motifs «français ». On les encourage désormais ainsi à rentrer au pays pour peindre la Suède. Gauguin était admiré pour s'être aventuré dans des régions inexplorées dans une quête d'affirmation d'identité. En Suède, les peintres portent principalement leur attention sur les paysages sauvages et les particularités de la lumière nordique. Le crépuscule est par conséquent devenu emblé- matique du style appelé «.
Si Bruno Liljefors poursuit dans la voie de la peinture ani- malière, il n'en demeure pas moins influencé par ces courants. C'est ainsi que, durant les années 1890, il accorde à la lumière et à l'atmosphère une place cruciale dans l'éven- tail de ses motifs de paysages, de la forêt à

Hibou grand-duc au coeur de la forêt (The Eagle Owl Deep in the Forest)
1895
Huile sur toile
Göteborg, Konstmuseum
Pour les peuples nordiques, la forêt profonde a toujours eu une signification particulière. Elle suscite à la fois le désir et l'effroi, car elle est le berceau des croyances folkloriques et le décor inquiétant des contes de fées. Dans le contexte du romantisme national de la fin du XIX siècle, les récits considérés comme traditionnellement suédois connaissent un regain d'intérêt et sont mis en valeur. Liljefors transpose cette atmosphère dans la peinture animalière en représentant un hibou dans les profondeurs de la forêt. Réalisé à Copenhague, ce tableau marque le passage de Liljefors du naturalisme au romantisme national.

Détail du tableau précédent 

Fin de soirée dans l'archipel - Baie d'Agnö (Late Evening in
the Archipelago - The Ägnö Bay)
1899
Huile sur toile
Collection particulière

Paysage d'hiver à l'aube
(Winter Landscape at Dawn)
1900
Huile sur toile
Collection A. Steeves

Cygnes (Swans)
1897
Huile sur toile
Göteborg, Konstmuseum

Femelle eider couvant
1903
Huile sur toile
Stockholm, Nationalmuseum

BRUNO LILJEFORS
Pygargues à queue blanche (Sea Eagles)
1897
Huile sur toile
Stockholm, Nationalmuseum
Cette œuvre, représentant des pygargues, est l'une des plus spectaculaires jamais peintes par Bruno Liljefors. Son cadrage permet d'approcher des aigles de mer pourchassant au large un oiseau marin. Les dimensions de la toile, réservées à l'époque à la peinture d'histoire, confèrent au genre animalier une dignité supérieure. L'oeuvre résume de manière spectaculaire des spécificités nordiques observables depuis des temps immémoriaux. Présenté en 1897 dans le cadre de l'exposition d'art et d'industrie de Stockholm, le tableau fut directement acquis par le Nationalmuseum

Nid de l'aigle marin (Sea Eagle's Nest)
1907
Huile sur toile
Stockholm, Nationalmuseum
Liljefors a expliqué qu'il lui arrivait de grimper aux arbres pour y étudier les nids d'oiseaux. Ses aptitudes de gymnaste et d'acrobate se sont révélées ici essentielles. Le tableau montre l'aigle revenant avec une proie, pour apprendre aux aiglons à chasser. Les couleurs assourdies font écho au rude paysage de l'archipel suédois et aux pins à la silhouette déformée par les vents violents

Brise du matin (Morning Breeze)
1901
Huile sur toile
Stockholm, Thielska Galleriet
La taille imposante de cette toile et le point de vue qui se situe en pleine mer génèrent un sentiment d'immersion. Liljefors réussit à recréer un contre-jour saisissant entre la sombre silhouette des eiders et le ciel jaune sur lequel ils se découpent. La lumière éblouissante du matin se reflète sur les ondes. De près, on perçoit la technique de l'artiste, qui laisse apparaître la toile en réserve. Tout cela confère à l'oeuvre une dimension onirique.

Grèbe huppé
(Great Crested Grebe)
1907
Huile sur toile
Stockholm, Thielska Galleriet
Sur cette toile, Liljefors travaille la matière picturale en larges touches apparentes. Chaque coup de pinceau, très allongé, semble incarner un roseau ou une vibration qui anime la surface de l'eau. En cela, le tableau se rapproche des recherches menées à la même époque par les impressionnistes dans le domaine du paysage. L'absence de ligne d'horizon et la palette chromatique très originale, qui mêle des harmonies de beiges et de violets, invitent le spectateur à la rêverie.
Grèbe huppé
NOM SCIENTIFIQUE: Podiceps cristatus
LONGUEUR: 50 à 60 cm
ENVERGURE: 85 à 90 cm POIDS: 750 à 1200 g Europe, Afrique, Australie
Le grèbe huppé est un oiseau migrateur qui vit en milieu aquatique. Cet oiseau a une parade nuptiale très élaborée. Les deux individus se font face, déploient leur collerette de plumes et leur queue, et secouent leur tête et leurs ailes. Ils s'offrent parfois des brins d'herbes aquatiques.

Pygargues à queue blanche 
1897
Huile sur toile
Stockholm, Nationalmuseum
Cette œuvre, représentant des pygargues, est l'une des plus spectaculaires jamais peintes par Bruno Liljefors. Son cadrage permet d'approcher des aigles de mer pourchassant au large un oiseau marin. Les dimensions de la toile, réservées à l'époque à la peinture d'histoire, confèrent au genre animalier une dignité supérieure. L'oeuvre résume de manière spectaculaire des spécificités nordiques observables depuis des temps immémoriaux. Présenté en 1897 dans le cadre de l'exposition d'art et d'industrie de Stockholm, le tableau fut directement acquis par le Nationalmuseum.

Plongeons arctiques
1901
Huile sur toile
Stockholm, Thielska Galleriet
Dans un certain nombre de ses motifs marins de la fin des années 1800 et du début des années 1900, Liljefors a recours à une perspective sans horizon. Un tel point de vue plongeant directement vers l'eau exige un talent particulier pour figurer la masse et l'agitation de la mer. Cette toile illustre l'habileté avec laquelle
le peintre y est parvenu. Bien que nous ne voyions qu'une petite superficie de la surface de la mer, nous comprenons grâce aux mouvements de l'eau que nous nous trouvons au large, en eau profonde.

Phoque sur les rochers au coucher du soleil
(Seal on Rocks at Sunset)
1897
Huile sur toile
Collection particulière

Non identifié 

Oies sauvages atterrissant
1899
Huile sur toile
Stockholm, Prins Eugens Waldemarsudde
Ce tableau est une version réduite de la toile présentée par Liljefors à l'Exposition universelle de 1900 à Paris au sein du pavillon suédois. Le sujet combine deux motifs centraux pour Liljefors à cette période : la représentation des oiseaux en vol et la lumière si particulière du crépuscule. Ces oies sauvages ont également été utilisées pour orner la couverture de la première édition du célèbre Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, écrit par la romancière Selma Lagerlöf.

Eiders
1894
Huile sur toile
Stockholm, Nationalmuseum



Coucher de soleil
sur l'archipel (Sunset
in the Outer Archipelago)
1894
Huile sur toile
Collection particulière



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Naissance et Renaissance du dessin italien à la Fondation Custodia en décembre 2024

Beaucoup d'études dans cette intéressante exposition dont voici la présentation et une sélection d'œuvres : Succèdant au Moyen-age ,...