Une jolie expo dont voici la présentation et l'essentiel des œuvres :
À l'occasion du bicentenaire de la mort de Théodore Géricault (1791-1824), le Musée de la Vie romantique rend hommage à ce peintre, ami et voisin d'Ary Scheffer - qui vécut dans cette maison -, en présentant cette exposition consacrée aux chevaux. Depuis sa formation chez Carle Vernet puis dans l'atelier de Pierre Guérin, Géricault observe ces équidés, les monte et réalise des dizaines de tableaux et des centaines de dessins dans lesquels il explore l'anatomie, le mouvement, l'expressivité, sans jamais oublier les émotions de l'animal.
Grâce à une centaine d'oeuvres exceptionnelles, on découvre les multiples visages du cheval, ainsi que les fascinantes représentations de têtes, de poitrails (poitrines) ou de croupes (derrières). Du champ de bataille au four à plâtre et de l'écurie au champ de course, cette diversité d'images témoigne chez Géricault d'une véritable passion pour le monde équestre, développée depuis l'enfance. Elle révèle aussi l'importance du cheval dans la vie quotidienne au XIXe siècle, et la faculté pour tout artiste de l'étudier et de l'utiliser dans ses œuvres.
L'exposition vous invite dans un parcours décliné en cinq sections - intitulées Le cheval politique, L'écurie sanctuaire, À Rome: la Course de chevaux libres, à Londres: prolétaires et dandies, et La mort du cheval -, tout en suivant la vie du peintre.
Théodore Géricault (1791-1824)
Portrait d'un carabinier en buste
avec son cheval
1814-1815
Huile sur toile
Rouen, Musée des Beaux-Arts
Géricault peint ce tableau dans la suite des portraits militaires en vogue à l'époque impériale, chez les maîtres qui l'ont formé (Carle Vernet, Pierre Guérin) ou qu'il a admirés (notamment Antoine-Jean Gros). Le carabinier porte la cuirasse double en acier recouvert d'une feuille de laiton propre à son régiment d'élite de la cavalerie française. Mais ce portrait est peint à la fin de l'Empire. Avec l'abdication de Napoléon et l'avènement de Louis XVIII, la gloire militaire est passée. C'est pourquoi le peintre représente le soldat, sans armes, pied à terre devant un cheval qui n'est qu'une ombre noire.
Théodore Géricault (1791-1824)
Cheval cabré au tapis de selle rouge dit Tamerlan
1814
Huile sur toile
Rouen, Musée des Beaux-Arts
Géricault séjourne fréquemment à Versailles pour installer son chevalet dans les écuries impériales. Il représente Tamerlan, cheval «du rang de l'Empereur » reconnaissable à sa riche selle d'officier général en velours rouge brodé d'or, utilisée sous l'Empire. Son attitude est altière et majestueuse, pleine de panache. Ce tableau témoigne
des recherches faites par le peintre pour saisir le cheval en mouvement dans toute son énergie et sa vitalité
Théodore Géricault (1791-1824)
Sapeur du 1er régiment de hussards
1814
Huile sur toile
Paris, collection particulière
Théodore Géricault (1791-1824)
Cuirassier à cheval fuyant le champ de bataille, dit aussi Le Cuirassier de Waterloo
1815
Huile sur toile
Marseille, collection Sylvain Bennarrouche
Géricault peint ici la déroute, la fuite, la terreur du champ de bataille après les nombreuses défaites napoléoniennes. Le cuirassier, aidé de son cheval, essaye de sauver sa vie alors qu'il est poursuivi par des ennemis et des chevaux aux yeux rouges! Rouges comme le sang, la guerre et la mort. Cette dernière est évoquée au premier plan par une branche cassée, évidente allégorie de la vie brisée.
Théodore Géricault (1791-1824)
Étude d'après S. M. le Roi de Westphalie [Jérôme Bonaparte] d'après Antoine-Jean Gros
1812-1814
Huile sur toile
Paris, Musée national Eugène-Delacroix
Géricault fréquente assidûment le Musée du Louvre et s'inspire des peintres anciens, qu'il copie sans préférence d'école ni de siècle : Raphaël, Caravage, Titien, Véronèse, Vélasquez, Ruisdael, Michel-Ange, Rembrandt... L'inventaire posthume de son atelier recense ainsi plus de soixante peintures d'après les maîtres. Il admire particulièrement Antoine-Jean Gros (1771-1835) et copie ici librement, sans doute dans l'atelier de Gros, son portrait équestre du roi de Westphalie qui fut exposé en 1808. Fidèle à sa méthode de copie d'interprétation, il modifie le cadrage, les couleurs et la structure du visage du roi.
Théodore Géricault (1791-1824)
Le Retour de la course, d'après
Carle Vernet
1811-1812
Huile sur toile
Rouen, Musée des Beaux-Arts, M.N.R. 146 (Musées Nationaux Récupération)
Cette peinture de jeunesse de Géricault est l'une de ses premières copies ambitieuses. C'est la version peinte et la copie libre, inversée, d'un dessin de Carle Vernet (Un conducteur de char, venant de remporter le prix de la course, ramène avec lui sa compagne, à qui il laisse conduire ses coursiers) exposé au Salon de 1800 et conservé aujourd'hui au Getty Museum, à Los Angeles. Cette copie est libre de forme: la touche large et colorée est à l'opposé de la technique des artistes classiques. La scène antique y est comme transfigurée par l'énergie déployée par le jeune homme conduisant le char. Cette œuvre a été récupérée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, attribuée le 16 mai 1951 au Musée du Louvre et déposée le 29 novembre 1955 au Musée des Beaux-Arts de Rouen, en attente de sa restitution à ses légitimes propriétaires.
Théodore Géricault (1791-1824)
Étude pour le Portrait équestre de M.D. [Dieudonné]
1812
Mine de plomb et aquarelle sur papier
Paris, collection particulière
Théodore Géricault (1791-1824)
Étude pour le Portrait équestre de M.D. [Dieudonné]
1812
Plume et encre noire, lavis de brun et rehauts de gouache blanche sur papier
Paris, collection Gilles Grimm
Théodore Géricault (1791-1824)
Esquisse pour le Portrait équestre de M.D. [Dieudonné]
1812
Crayon noir et huile sur papier marouflé sur toile
Bruxelles, collection particulière
Théodore Géricault (1791-1824)
Esquisse pour le Portrait équestre de M.D. [Dieudonné]
1812
Huile sur papier collé sur toile
Paris, Musée du Louvre, Département des Peintures
En 1812, à seulement 21 ans, Géricault expose au Salon du Louvre son premier tableau, le Portrait équestre de M.D. [Dieudonné], pour lequel il multiplie les esquisses et les études préparatoires. Bien que simple lieutenant des chasseurs de la Garde impériale, le modèle, Alexandre Dieudonné, est tout le sujet du grand tableau. Ce guerrier, véritable antihéros, aux yeux si mélancoliques, semble seul sur son cheval fougueux, enjambant au milieu d'un champ de bataille des vestiges éloquents: roues brisées, canon détruit. Il médite alors qu'il est en plein combat, comme l'a dit Jules Michelet: «Il se tourne vers nous et il pense. »
Théodore Géricault (1791-1824)
Esquisse pour le Portrait équestre de M.D. [Dieudonné]
1812
Huile sur toile
Paris, collection particulière
Théodore Géricault (1791-1824)
Cuirassier au galop
1812-1816
Mine de plomb et aquarelle sur papier
Saint-Étienne, Musée d'Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole.
Theodore Géricault (1791-1824)
Etude pour le Cuirassier blessé,
quittant le feu
1814
Huile sur toile
Israël, collection particulière
En 1814, année de la chute de l'Empire, Géricault présente au Salon du Louvre son Cuirassier blessé, quittant le feu, pour lequel il réalise de nombreuses études préparatoires. Tout est disproportionné dans cette
composition: le cuirassier est trop grand pour le cheval, qui est lui-même trop grand pour le cadre. En plein salon royaliste,
ce soldat est présenté comme un antihéros incarnant l'effondrement des armées napoléoniennes. En peignant ici la défaite, Géricault explore les arcanes d'un romantisme noir où la guerre n'a plus rien de triomphal.
Théodore Géricault (1791-1824)
Train d'artillerie de la Garde impériale changeant de position
1819
Crayon noir, aquarelle, sanguine et gouache sur papier
Paris, collection particulière
Alors qu'il entreprenait son Radeau de la Méduse (1818-1819), on sait, par un témoin visuel, que Géricault, le soir, composait ce genre de sujet qui résume toute sa vision du monde militaire. Dans cette magistrale aquarelle, il ne représente pas la guerre mais sa préparation, grâce à la force motrice des chevaux et l'endurance des hommes. Géricault y célèbre l'énergie de héros anonymes et la vigueur de l'effort. L'audace et la modernité de cette mise en page sont ici renforcées par cette palette de couleurs explosives.
Théodore Géricault (1791-1824)
Artillerie de la Garde en action
1819
Crayon noir, lavis d'encre brune, aquarelle et gouache blanche sur papier brun
Paris, Musée du Louvre, Département des Arts graphiques
Théodore Géricault (1791-1824)
Le Tsar Alexandre Ier et ses aides
de camp
1814
Huile sur toile
Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
Ces militaires n'ont pas d'yeux, pas de regard. Seuls les chevaux en ont. Ces derniers sont, pour Géricault, une allégorie de la force virile d'une nation martyrisée. Unique visage en pleine lumière dont on distingue les yeux fixés vers la droite, le sujet est bien le tsar Alexandre qui, en 1814, après la chute de Napoléon, entre à Paris avec ses alliés. En prince de la paix, il refuse (après l'incendie de Moscou) de se venger sur la ville de Paris. Cette toile représente une scène quasi onirique, sans aucun mouvement, qui peut être vue comme une condamnation de la guerre.
Théodore Géricault (1791-1824)
Napoléon donnant un ordre à un officier supérieur des Guides
1814-1815
Huile sur toile
Reims, Musée des Beaux-Arts
Géricault, à la différence de ses amis Horace Vernet et Nicolas Charlet, a très peu
représenté Napoléon, qui, de toute évidence, n'était pas son héros. Il devient mousquetaire en juillet 1814 pour accueillir le nouveau roi installant la restauration, Louis XVIII, alors symbole de paix après vingt-cinq ans de
guerre. Ici, Napoléon, par sa gestuelle, donne des ordres, mais ses troupes sont invisibles. Une fois encore, ce sont les chevaux qui semblent faire la guerre et manifester une farouche énergie.
Théodore Géricault (1791-1824)
Étude de chevaux et de cavaliers
pour la revue de Louis XVIII au Champ-de-Mars
1814
Plume et encre noire sur papier
Saint-Lô, collection particulière
Théodore Géricault (1791-1824)
Étude pour la revue de Louis XVIII au Champ-de-Mars
1814
Mine de plomb, plume, encre brune, encre de Chine et aquarelle sur papier
Lyon, Musée des Beaux-Arts
Dès la chute de Napoléon, Géricault s'engage dans la Garde nationale, au printemps 1814, puis, en juillet, dans la troisième brigade de la première compagnie des mousquetaires du roi Louis XVIII. Le 19 septembre 1814, il assiste à la revue militaire de Louis XVIII au Champ-de-Mars, où la troupe de la capitale prête serment au monarque. Il représente cette parade sans héroïsme: la compagnie tourne le dos au spectateur, dans sa cavalcade fougueuse, et le roi est si lointain qu'on le devine à peine sur le parvis de l'École militaire. Géricault abandonne ce sujet qu'il avait envisagé pour le futur Salon de 1814.
Le cheval politique
Théodore Géricault naît à Rouen pendant la Révolution, en 1791, et grandit au rythme des batailles napoléoniennes sous l'Empire. Dispensé de rejoindre l'armée de Napoléon grâce à son statut social et à son aisance financière, il se voue à la peinture. En 1812, alors qu'il n'a que 21 ans, Géricault expose au Salon du Louvre son premier tableau: le Portrait équestre de M.D. [Dieudonné], pour lequel il a multiplié les études préparatoires. Cette peinture monumentale consacre le romantisme de Géricault, nourri de mélancolie et d'opposition politique.
Alors qu'il est engagé dans le des corps mousquetaires du roi Louis XVIII, avec une partie de la jeunesse française soucieuse de soutenir la paix européenne, l'artiste réalise pour le Salon de 1814 son Cuirassier blessé, quittant le feu. Dans ce tableau où le motif du cheval est central, Géricault manifeste son empathie pour les vaincus de l'histoire.
Tandis qu'il prépare son grand Radeau de la Méduse (1818-1819), Géricault se tourne à nouveau vers les malheurs et les atrocités des guerres napoléoniennes. Il représente le champ de bataille avec de jeunes soldats blessés et des chevaux, à l'impressionnante force musculaire, exténués. Il évoque aussi les mouvements d'indépendance des peuples d'Amérique du Sud et la guerre menée par les affranchis de Saint-Domingue contre l'armée napoléonienne venue rétablir l'esclavage. Dans ces tableaux historiques et politiques, l'artiste accorde une importance particulière à tous les types de chevaux, petits et grands, glorieux et vaincus, blessés et morts.
Théodore Géricault (1791-1824)
Cheval arabe
1820-1821
Gouache et lavis sur graphite, sur papier vélin filigrané
Montpellier Agglomération, Musée Fabre
Théodore Géricault (1791-1824)
La Charrette de blessés
1818-1819
Lithographie sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France
Théodore Géricault (1791-1824)
Mamelouk de la Garde impériale défendant un trompette blessé
1818-1819
Lithographie sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France
Si Géricault ne s'est jamais rendu en Orient, il a représenté de nombreux mamelouks, soldats réputés puissants, mystérieux et fanatiques. Originaires de Géorgie ou de Circassie, enlevés très jeunes par des marchands turcs et soumis à un sévère entraînement en Syrie et en Égypte, ils étaient destinés à servir les plus éminents chefs de l'Islam. Rapportés de la campagne d'Égypte et intégrés dans la Grande Armée par Napoléon, ils constituaient une troupe d'élite par excellence. Dans cette lithographie, Géricault représente un mamelouk défendant un trompette contre un cosaque, ce qui situe la scène en 1814 ou 1815, époque des défaites napoléoniennes.
Théodore Géricault (1791-1824)
Retour de Russie
1818-1819
Lithographie à deux teintes sur papier Paris, Bibliothèque nationale de France
Cette lithographie fait partie d'un poignant corpus d'œuvres graphiques qui témoigne de l'intérêt de Géricault pour les sujets militaires et les malheurs de la guerre. Il évoque le repli, fin 1812, de l'armée napoléonienne vers la France à l'issue de l'occupation de Moscou, pendant la campagne de Russie. En entremêlant, dans la neige, soldats estropiés, cheval exténué et chien affamé, il montre la misère et la souffrance de simples soldats dans une marche funèbre. Dans ce chef-d'œuvre du genre, où culmine le pathos du désastre, il dénonce l'absurde barbarie de la guerre.
Théodore Géricault (1791-1824)
Le Caisson d'artillerie
1818-1819
Lithographie sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France
La guerre, pour Géricault, est synonyme de violence et s'exalte à travers les motifs du cheval et du feu. Dans cette composition dramatique, le cheval est déjà mort et annonce le sort du militaire qui menace ses ennemis de faire sauter un caisson d'artillerie. Un suicide héroïque, ultraviolent, mais qui participe à désacraliser la guerre et montrer les horreurs du champ de bataille. Alors que Napoléon n'est pas encore mort (1821), Géricault s'efforce, à la différence
de ses amis Horace Vernet et Nicolas Charlet, de créer une légende antinapoléonienne.
Théodore Géricault (1791-1824)
Choc de cavalerie: combat de hussards et de mamelouks pendant la campagne d'Égypte
1822-1823
Crayon noir, plume, encre brune et aquarelle
sur papier
Paris, collection particulière
Théodore Géricault (1791-1824)
Soldat oriental à cheval
1820-1822
Gouache et lavis sur graphite, sur papier vélin filigrané
Montpellier Agglomération, Musée Fabre
Géricault représente de nombreux soldats orientaux et mamelouks, révélant son goût romantique pour l'Orient lointain. Après le succès obtenu par son Radeau de la Méduse (Salon de 1819), il envisage, comme François-René de Chateaubriand, de se rendre à Jérusalem. Il séjourne finalement en Angleterre, où il dessine de magnifiques cavaliers et de fiers chevaux orientaux,
très loin des lourds chevaux anglais destinés au transport du charbon.
L'écurie sanctuaire
Destiné par son père avocat au même métier que lui, Théodore Géricault, passionné de chevaux, entre en 1808 dans l'atelier de Carle Vernet grâce à la complicité de son oncle. Célèbre peintre de batailles, Vernet est aussi connu pour son intérêt pour ces équidés. Son fils, Horace, alors de âgé de 19 ans, devient l'ami et le compagnon chevauchées de Théodore.
À la fin de l'année 1810, Géricault entre dans l'atelier de l'artiste néoclassique Pierre Guérin, pour se préparer à son futur métier de peintre d'histoire. Il continue son exploration du monde équestre sous toutes ses formes. Très peu encouragé par Guérin et lassé de l'atelier, il se rend aux casernes de Courbevoie pour faire des études de chevaux. Il profite aussi de ses séjours au château du Grand-Chesnay, propriété de son oncle, et de la proximité des écuries impériales à Versailles pour observer les différences de race, d'âge, de force, de robe et de poil de ses modèles, qu'il peint d'après nature.
Tout au long de sa vie, Géricault ne cesse de représenter des chevaux à l'écurie et en liberté. Au-delà du simple motif animalier, il défend l'idée que cet animal exprime la diversité de la psychologie humaine ainsi que la puissance des passions et des sentiments. Le peintre restitue de la sorte la trivialité du quotidien dans les scènes de soin du cheval, de tendresse et de monte. L'écurie devient pour Géricault l'annexe de son atelier et le creuset de son inspiration.
Théodore Géricault (1791-1824)
Trois chevaux vus de face et
à mi-jambes, dit aussi Les Poitrails
1811-1812
Huile sur papier marouflé sur toile
Paris, collection particulière
Théodore Géricault (1791-1824)
Trois chevaux à l'écurie
1811-1812
Huile sur bois
Le Plessis-Robinson, collection particulière
Théodore Géricault (1791-1824)
Cinq chevaux vus par la croupe
dans une écurie
1811-1812
Huile sur toile
Paris, Musée du Louvre, Département des Peintures
Pendant sa formation dans l'atelier de Pierre Guérin, Géricault explore le monde équestre sous toutes ses formes. Très peu encouragé par son maître et lassé de l'atelier, il se rend aux écuries de Courbevoie, à l'ouest de Paris. Ce n'est donc plus sur le champ de bataille que l'artiste prend ses modèles, mais dans les écuries. Avec ses croupes en série, il innove totalement, non seulement par l'angle peu conventionnel qu'il choisit pour représenter les chevaux, mais également par le réalisme presque scientifique de son observation.
Theodore Géricault (91-84)
Cheval turc dans une écurie
1814-1818
Huile sur papier collé sur toile
Paris, Musée du Louvre, Département de Autres
Théodore Géricault (1791-1824)
Cheval arabe gris et blanc, dit aussi Cheval blanc
1812-1814
Huile sur toile
Rouen, Musée des Beaux-Arts
Géricault est un observateur passionné des robes des chevaux, définies par la couleur des poils et des crins. Les accents de lumière tombent avec justesse sur cette belle robe mouchetée de gris et de blanc, découpant par éclats, sur un fond sombre, l'apparition presque fantastique de ce cheval à l'oeil fixe. Il est peint avec une légèreté telle qu'il semble ne pas peser sur le sol. Au-delà du simple motif animalier, Géricault introduit le portrait dans le genre équestre, caractérisé par une individualité et l'expression
d'émotions quasiment humaines.
Théodore Géricault (1791-1824)
Deux chevaux gris pommelé se battant dans une écurie
1818
Huile sur toile
Israël, collection particulière
Dans cette scène triviale et violente à l'écurie, les protagonistes sont les deux chevaux aux intentions belliqueuses. Ils usent farouchement de leurs dents tandis qu'un palefrenier (employé d'écurie chargé de s'occuper des chevaux) tente de les séparer à l'aide d'un balai, sous le regard impassible d'un autre homme. Ces chevaux dressés et agités renforcent le sentiment d'impuissance de l'homme face à l'animal.
Théodore Géricault (1791-1824)
La Monte
1819-1820
Pierre noire, lavis et aquarelle sur papier Paris, collection particulière
S'intéressant à toutes les phases de la vie du cheval, de la naissance à la mort, Géricault ne pouvait pas ignorer le moment, spectaculaire, de la procréation. Le motif, particulièrement érotique et troublant, semble avoir été situé en Orient, comme si Géricault voulait dévoiler la fabrique des fameux purs-sangs.
Théodore Géricault (1791-1824)
Chevaux au pâturage
1822
Huile sur toile
Dijon, Musée des Beaux-Arts
Ce tableau, réalisé à la fin de la vie de Géricault, représente deux chevaux en liberté dans un champ, près de deux arbres. L'éclairage, centré sur les chevaux, est lunaire, et les nuages sombres font de ce décor champêtre une oeuvre éminemment romantique.
De cette scène nocturne de tendresse animale, à la palette chromatique bleutée, émane en effet une inquiétante étrangeté, voire
un caractère surnaturel.
Théodore Géricault (1791-1824)
Cheval alezan doré à l'écurie
1818
Huile sur toile
Gand, Museum voor Schone Kunsten
Théodore Géricault (1791-1824)
Cheval brun à l'écurie
1818
Huile sur papier collé sur toile
Paris, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Théodore Géricault (1791-1824)
Cheval devant une mangeoire
1821
Huile sur toile
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie
Théodore Géricault (1791-1824)
Deux chevaux vus par la croupe dans une écurie
1820-1821
Mine de plomb, lavis de brun, aquarelle et rehauts de gouache blanche sur papier Paris, collection particulière
Théodore Géricault (1791-1824)
Un cheval à l'écurie et son lad
1822-1823
Huile sur toile
Paris, collection particulière
Théodore Géricault (1791-1824)
La Sortie de l'écurie
1822-1823
Mine de plomb et aquarelle sur papier
Paris, Musée du Louvre, Département des Arts graphiques
Théodore Géricault (1791-1824)
Deux chevaux de poste à la porte d'une écurie, dit aussi
Un postillon faisant rafraîchir ses chevaux
1822-1823
Huile sur papier collé sur toile
Paris, Musée du Louvre, Département des Peintures, don Hauguet, Schubert, Milliet
Avec ce conducteur de la poste aux chevaux qui donne à boire et à manger à ses bêtes, Géricault représente une scène de la vie quotidienne et laborieuse de son siècle. Le postillon est reconnaissable à son écu porté au bras droit, c'est lui qui chevauche les équidés d'un relais à l'autre.
À Rome: la Course de chevaux libres
Après sa tentative infructueuse au concours du prix de Rome du mois de mars 1816, Théodore Géricault décide de se rendre en Italie à ses frais. Il traverse la Suisse, séjourne à Genève, passe par Florence puis arrive à Rome à la mi-novembre 1816. Fasciné par l'Antiquité et par Michel-Ange, il s'intéresse à la vie romaine. À la manière d'un reporter, il dessine des scènes quotidiennes de la rue, de la proche campagne, des réjouissances publiques, de la vie religieuse et politique.
En février 1817, il s'inspire du célèbre carnaval romain pour un projet de tableau monumental. Il représente ainsi une course de chevaux sauvages qui a lieu entre la Piazza del Popolo et la Piazza Venezia en passant par la Via del Corso. À cette occasion, la rue devient le théâtre d'une course acharnée où les accidents mortels sont fréquents. Les principaux moments ayant retenu l'attention du peintre sont ceux où les palefreniers, la tête couverte d'un bonnet rouge, essayent de retenir (la mossa) ou de rattraper (la ripresa) des chevaux frénétiques et martyrisés pour les besoins de la fête. Géricault érige ici de véritables héros devant faire face aux corps puissants et convulsés des chevaux, symboles d'une liberté entravée.
Géricault rapporte de Rome d'innombrables dessins et une vingtaine d'esquisses peintes de la Course de chevaux libres, tableau inachevé aujourd'hui disparu.
Théodore Géricault (1791-1824)
Étude pour la Course de chevaux
libres sur le Corso à Rome
(la mossa)
1817
Plume, encre brune et crayon sur papier
Monaco, collection particulière
Théodore Géricault (1791-1824)
Cheval retenu par des esclaves
1817
Huile sur toile
Rouen, Musée des Beaux-Arts
Dans un paysage, quatre hommes, nus ou à demi vêtus, maintiennent un cheval en furie, la crinière au vent, prêt à s'élancer, au départ de la course. Loin de Rome, tout semble à la fois calme et en mouvement, dans cette peinture. Chaque membre est en tension, pas une seule ligne n'est droite, et les éphèbes dompteurs immobilisent l'animal prêt à bondir. Cette scène témoigne des recherches passionnées de Géricault, qui puise dans la tradition classique et dans le rendu du mouvement, vibrant et fougueux.
Théodore Géricault (1791-1824)
Mazeppa
1822-1823
Huile sur toile
Paris, collection particulière
Géricault s'inspire du poète romantique anglais Byron (récit publié en 1818 et traduit en français en 1822) pour peindre le héros légendaire Mazeppa, un jeune page polonais condamné à mourir après être devenu l'amant de la femme de son maître. Mazeppa est représenté en supplicié, attaché sur un cheval en train de franchir un gué. Ce supplice symbolise les souffrances du génie incompris, thème romantique par excellence. Mazeppa incarne aussi le vieux rêve du peintre: celui de l'homme-cheval, à l'osmose exemplaire, même au prix de la chute fatale.
Théodore Géricault (1791-1824) et Eugène Lami (1800-1890)
Mazeppa
1823
Lithographie sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France
Théodore Géricault (1791-1824)
Th
La Course de chevaux libres sur le Corso à Rome (la ripresa)
1817
Huile sur papier marouflé sur toile Lille, Palais des Beaux-Arts
Dans cette esquisse peinte pour le projet de tableau monumental qui devait faire près de dix mètres de long, Géricault représente l'arrivée de la course. La fête se termine sur cette image forte de combat de l'homme et de la bête. Géricault érige de véritables héros aux couleurs vives devant faire face aux corps puissants et convulsés de chevaux. C'est cette débauche d'énergie, de muscles, de fureur et de bruit qui semble avoir fasciné le peintre, Géricault peint ici cet épisode à la manière d'une scène de genre, loin du classicisme abstrait des marbres antiques.
À Londres: prolétaires et dandies
Au lendemain du grand succès obtenu par Le Radeau de la Méduse, présenté au Salon de 1819 à Paris, Géricault, faute d'avoir vendu son tableau monumental à l'Etat, décide de l'exposer à Londres en 1820. De retour en Angleterre l'année suivante, il découvre deux visions opposées du monde équestre : les chevaux laborieux et les chevaux de course. Géricault commence la publication d'une série de lithographies dites « anglaises », Various Subjects, éditée par Hullmandel, l'un des meilleurs imprimeurs de l'époque. Ces treize lithographies sont consacrées aux acteurs et aux victimes de la révolution industrielle à Londres, capitale économique alors noyée dans une épaisse fumée de charbon. De retour en France en 1822, il s'intéresse au développement de l'industrialisation et au rôle de la force motrice des chevaux dans les mines.
Grâce au marchand de chevaux Adam Elmore, qu'il rencontre à Londres, Géricault fréquente la haute société anglaise. Il étudie les fins chevaux de course, souvent d'origine arabe, les garçons d'écurie, les jockeys et les propriétaires avides de remporter des courses prestigieuses leur procurant gloire et prospérité. Plusieurs dessins et aquarelles décrivent ce monde privilégié fait de promenades équestres où semblent régner la splendeur des chevaux de race, mais aussi la mode et le luxe des étoffes, telles les robes des amazones.
Théodore Géricault (1791-1824)
Étude pour The English Farrier [Le Maréchal-ferrant anglais]
1821
Crayon noir, plume et lavis d'encre sur papier
Paris, collection de Monsieur et Madame Dominique Mégret
Théodore Géricault (1791-1824)
The Flemish Farrier [Le Maréchal-ferrant flamand]
1821
Lithographie sur papier
Rouen, Musée des Beaux-Arts
Séjournant en Angleterre en 1821, Géricault s'éloigne des sujets épiques ou grandioses de sa jeunesse pour s'intéresser au monde du travail. Il trouve à Londres ce qu'il cherchait à Rome: l'observation du réel, une vision directe de la nature et un langage esthétique affranchi des normes (notamment celles de l'Antiquité). Il montre de nombreuses scènes anecdotiques où il compare des maréchaux-ferrants anglais, français et flamands qui déclinent chacun une étape de la fabrication des fers à cheval. Le Flamand est représenté en train d'ajuster, dans un nuage de fumée, le fer brûlant au sabot de l'animal.
Théodore Géricault (1791-1824)
La Promenade, dit aussi Palefrenier anglais promenant deux chevaux
1821
Aquarelle et mine de plomb sur papier beige Paris, Musée du Louvre, Département des Arts graphiques
A Londres, Géricault résidait chez Adam Elmore, qui possédait une écurie près de Hyde Park, site rêvé d'études d'après nature. Les courses de chevaux, véritable phénomène social en Angleterre, séduisent Géricault, qui s'intéresse aux fins coursiers - chevaux souvent d'origine arabe -, aux garçons d'écurie, aux jockeys et aux propriétaires avides de remporter des courses prestigieuses leur procurant gloire et prospérité. Cette aquarelle, aux tons clairs, excelle à rendre l'allégresse des jeux hippiques. La présence d'un extraordinaire cheval bleu donne à cette oeuvre une grande modernité.
Théodore Géricault (1791-1824)
Les Scieurs de bois
1820
Plume et encre noire sur papier calque
collé sur carton
Rouen, Musée des Beaux-Arts
À Londres, Géricault s'adonne à sa passion des chevaux et s'intéresse à la vie
quotidienne des ouvriers. Dans ce dessin, il représente d'humbles travailleurs manuels s'affairant autour d'une charrette en bois. Le cheval est immobile, docile, hiératique, comme figé. C'est la rue qui fascine Géricault, et sa tragique modernité, nouveau lieu de la révolution industrielle alors en cours.
Théodore Géricault (1791-1824)
Entrance to the Adelphi Wharf [L'entrée du quai Adelphi]
1821
Lithographie sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France
Cette gravure fait partie d'une série de treize lithographies dites « anglaises »>, exécutées par Géricault lors de son second voyage en Angleterre. Le quartier d'Adelphi se situe à Londres sur les bords de la Tamise. C'est sur les quais de ce quartier qu'étaient déchargés des bateaux transportant du charbon. Alors que des palefreniers et des chevaux passent sous la voûte d'un tunnel d'un noir sépulcral, l'accent est mis sur l'utilisation laborieuse de l'équidé, considéré avant tout pour sa force de travail. La noirceur de l'encre va de pair avec celle du sujet, ce convoi de l'industrie londonienne, à l'allure ténébreuse.
Théodore Géricault (1791-1824)
The Coal Waggon
[Le Chariot à charbon]
1821
Lithographie sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France
Théodore Géricault (1791-1824)
Le Chariot à charbon
1821-1822
Mine de plomb, plume et lavis d'encre brune sur papier crème
Paris, collection particulière
Ce dessin évoque le transport du charbon. Tiré de la mine dans des conditions difficiles et dangereuses, le charbon est ensuite pelleté puis transporté sur des chariots jusqu'à la rivière et embarqué sur des bateaux visibles en contrebas. Le pénible travail des chevaux et des hommes est renforcé dans la composition par une diagonale plongeante. Géricault s'intéresse au rôle de la force motrice des chevaux dans les mines.
Sa fougue réside en cela aussi: s'enthousiasmer pour l'humanité tout entière, dans toutes ses dimensions épiques et tragiques.
Théodore Géricault (1791-1824) Horses going to a fair [Chevaux conduits à la foire]
1821-1822
Lithographie sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France
Théodore Géricault (1791-1824)
Horses going to a fair
[Chevaux conduits à la foire]
1821-1822
Lavis d'encre brune et d'encre noire, rehauts de gouache blanche sur papier beige Tourrettes-sur-Loup, collection particulière
Dans ce dessin préparatoire pour une lithographie, des palefreniers mènent en une lente procession ascendante de massifs chevaux de trait pour les vendre à la foire. La lourde carrure de ces animaux s'oppose à celle élancée des chevaux de course et se rapproche de celle des chevaux chargés de tirer les lourds chariots de charbon. Ils représentent une force de travail nécessaire dans l'Angleterre industrielle du xix siècle. Pour Géricault, aucune hiérarchie n'existe entre les différentes races de chevaux, qu'ils soient à usage militaire ou industriel.
Théodore Géricault (1791-1824)
Paysage sur la côte d'Angleterre
1820-1821
Huile sur toile
Bruxelles, collection particulière
Au tout premier plan, un lourd cheval, monté par un jeune palefrenier, avance tranquillement et traverse un plan d'eau. Sa lourde carrure, nécessaire pour les besoins de l'industrie, opposée à celle, élancée, des chevaux de course n'est pas exploitée ici. Au contraire, le temps semble presque arrêté; un mendiant philosophe assis au bord du chemin renforce cette sensation, Géricault offre ce paysage onirique, inspiré des panoramas anglais et hollandais, à son grand ami Horace Vernet.
Théodore Géricault (1791-1824)
Cheval de trait à l'écurie
1821
Huile sur toile
Neuilly-sur-Seine, collection particulière
Théodore Géricault (1791-1824)
Le Cheval du plâtrier
1823
Lithographie sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France
De retour en France en 1822, Géricault a acquis une excellente réputation de peintre de chevaux. Il s'intéresse au développement de l'industrialisation et au rôle de la force motrice des chevaux. Le coursier de race ou le destrier de combat cèdent la place à la bête de trait, à la croupe massive, à l'échine musculeuse et aux sabots velus. Comme dans son célèbre tableau testamentaire Le Four à plâtre, conservé au Musée du Louvre, Géricault représente ici le transport par un cheval de lourds sacs de plâtre. La fabrication de ce matériau à partir de la cuisson du gypse était une activité maîtresse de l'époque.
La mort du cheval
Les guerres napoléoniennes (1803-1815) entraînent la mort d'un million de militaires et civils français, ainsi
que de centaines de milliers de chevaux. Géricault s'intéresse au cheval blessé, agonisant sur le champ de bataille, victime innocente de la folie des hommes.
À Londres, lors de ses séjours de 1820 et 1821, l'artiste est confronté à une tout autre mort, celle, lente et cruelle, des chevaux laborieux, force de travail indispensable à la révolution industrielle. Il représente des carcasses, abandonnées à terre ou transportées chez l'équarrisseur, comme un dernier convoi funèbre. De retour en France en 1822, Géricault consacre encore plusieurs de ses études aux dépouilles de chevaux. Avec sa lithographie du Cheval mort, il revient au champ de bataille napoléonien, où des corbeaux tournoient au-dessus des restes de l'animal. Il explore aussi une lutte à l'issue fatale, celle d'un corps-à-corps cruel entre un lion et un cheval. Dans un tableau envoûtant et quasi testamentaire, Géricault s'inspire du poète romantique anglais Byron pour peindre le héros légendaire Mazeppa, un jeune page polonais devenu l'amant de la femme de son maître. Condamné à être fouetté puis attaché nu sur le dos d'un cheval sauvage lancé dans une course éperdue, Mazeppa échappe en définitive à la fin atroce qui lui était réservée tandis que le cheval meurt d'épuisement.
Théodore Géricault (1791-1824)
Cheval blessé sur un champ de bataille
1814
Huile sur toile
Paris, collection particulière
Les guerres napoléoniennes entraînent la mort d'un million de militaires et civils français, ainsi que de centaines de milliers de chevaux. Géricault représente ici un cheval blessé et agonisant sur le champ de bataille. Victime innocente de la folie des hommes, cet animal, en occupant l'ensemble du tableau, évoque à lui seul les malheurs de la guerre.
Théodore Géricault (1791-1824)
Le Cheval mort
1821
Huile sur papier marouflé sur carton
Paris, collection particulière
La mort du cheval est un sujet que Géricault aborde à plusieurs reprises et dans des contextes fort différents. Au cours de son séjour londonien, en 1821, l'artiste est confronté à la mort, lente et cruelle, des chevaux laborieux, force de travail indispensable à la révolution industrielle. Avec cette carcasse anonyme, abandonnée à terre, le peintre célèbre le requiem de l'animal. L'absence d'un quelconque caractère de violence dans la représentation de cette dépouille renforce l'impression de chaos et de vacuité.
Théodore Géricault (1791-1824)
Le Cheval mort
1823
Lithographie sur papier
Paris, Bibliothèque nationale de France
Dans cette poignante lithographie, l'une des dernières de l'artiste, Géricault revient au champ de bataille napoléonien.
Brisant un silence mortifère, des corbeaux tournoient au-dessus des restes de l'animal dans un paysage de neige désolé, comme un écho aux désastres de la campagne de Russie. A l'arrière-plan, un homme gît sur le dos, les bras en croix, tandis qu'un cheval, sans doute blessé, essaye de se relever. Sa posture évoque le cheval sauvage de Mazeppa tentant d'aborder la rive d'un fleuve.
Théodore Géricault (1791-1824)
Le Convoi du cheval mort
1820-1821
Mine de plomb et aquarelle sur papier Paris, collection particulière
Comme dans un dernier convoi funèbre, l'équarrisseur (celui qui tue et écorche les bêtes) transporte dans sa charrette des quadrupèdes promis à l'abattoir, et deux sinistres chevaux squelettiques ferment la marche. Dans cette scène, que l'on voit de dos, l'horizon où rôdent des corbeaux semble sans limites et d'une infinie tristesse. Le léger lavis d'aquarelle contraste avec le drame silencieux de la scène à caractère testamentaire.
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