De passage à Toulouse pour garder notre dernier petit fils, on profite de cette exposition sur "l'artgriculture" dans le Frac Les Abattoirs dont voici l'essentiel :
Battre la campagne
Cette exposition propose une exploration des
relations multiples entre les artistes et les paysans. Des artistes ont entrepris ces dernières années de s'extraire d'une représentation de la ruralité qui a pu confiner à l'image d'Épinal, pour en comprendre la réalité humaine, sociale, économique et environnementale. Ils et elles cherchent à mieux représenter celles et ceux qui sont à la fois au centre et en marge de la société, après avoir pendant des siècles constitué la majorité de la population française, et qui exercent aujourd'hui leur métier entre des injonctions contradictoires de productivité et de respect du vivant. Face au contexte de crises climatique et sociétales, l'un des principaux défis de notre temps est de repenser le rapport de l'humain au vivant, et de réfléchir aux répercussions de nos activités sur notre environnement - les sols, l'eau, l'air, le végétal, l'animal - et sur nos corps, notre alimentation et notre santé. À la croisée de ces enjeux, étant au début de la chaîne de la production alimentaire et sculptant nos paysages, les agriculteurs et les agricultrices occupent une place fondamentale. Pourtant, leur présence dans l'espace public comme dans l'histoire de l'art est loin de refléter l'importance de leur rôle.
À travers près de 150 œuvres, l'exposition creuse le sillon d'une histoire commune, depuis l'entrée du monde paysan au musée grâce aux peintres du XIXe siècle et son étude dans les musées d'Arts et Traditions populaires nouvellement créés au XXe siècle, puis les artistes pionniers des années 1970 pour qui l'acte de planter est une action artistique et politique, jusqu'à la création contemporaine.
Les artistes mettent en relief les réalités actuelles de la vie paysanne. Ils révèlent les visages, les corps, les récits derrière les individus, dont ils soulignent les existences fières et vulnérables forgées par le travail, et vécues en accord avec les fondamentaux que sont la famille et l'évolution d'un "métier-vie". Le parcours aborde les gestes et les savoir-faire, entre tradition et technicité. Il témoigne de la métamorphose des paysages, questionne l'histoire des semences, l'éloignement entre les lieux de production et de consommation. De la ferme à l'abattoir en passant par le pré, le champ et la stabulation, lieux oubliés de l'histoire de l'art, les artistes présents dans l'exposition, parfois eux-mêmes issus du monde rural, parfois eux- mêmes "artgriculteurs", appellent à reconnecter les pratiques artistiques et agricoles.
Dans ce musée qui fut lui-même un abattoir, chaque œuvre nous invite à réinvestir notre lien au vivant et aux mains qui nous nourrissent. Alors que le dialogue entre artistes et paysans semble à priori éloigné, ils partagent de manières différentes la même quête de vivre, d'exercer et d'habiter leur travail, de parfaire leurs gestes, de cultiver leur histoire, de faire œuvre. Toutes et tous cherchent à exister dans un monde en transformation, où "être à sa place" se révèle complexe mais vital.
L'exposition s'ancre également dans le territoire de la région Occitanie à travers un parcours d'une dizaine de projets hors des murs de l'institution affirmant "l'artgriculture" comme un mode possible de reconnexion avec le territoire.
Eliott et la vache
Non identifié
Fernand Léger
(1881, Argentan, France - 1955, Gif-sur-Yvette, France)
(d'après)
La Grande Fleur qui marche
Bronze, patine verte Florentine
Réalisation: Fonderie Tesconi, Pietrasanta (Italie)
Réalisation d'après la sculpture en terre cuite émaillée polychrome de Fernand Léger,
La Fleur qui marche, de 1952, conservée au Musée national Fernand Léger, Biot
Dépôt Haim Chanin Fine Arts Gallery New York aux Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse
Tout au long de sa carrière, Fernand Léger a abordé différents domaines artistiques (peinture, céramique, architecture, poésie, etc.). Dès les années 1920 il promeut un art "hors cadre", un art qu'il fait descendre dans la rue. Pour lui, peintres, architectes et artisans doivent s'unir pour inscrire la création artistique dans la vie des hommes et de la cité. "J'établis les maquettes, les élèves les agrandissent, puis entrent en jeu les mosaïstes, céramistes,
verriers...".
La Grande Fleur qui marche est une version en bronze de l'une des premières sculptures qu'il créee, puisant dans le répertoire formel habituel de l'artiste. Transposition monumentale de ses œuvres en deux dimensions, la sculpture anime l'espace et invite à la rencontre, jouant sur la relation de l'œuvre avec l'espace urbain, les visiteurs, les passants, les oiseaux. Elle a été présentée à travers le monde entier, réalisant le rêve de Fernand Léger, celui d'un art vivant. "J'ai l'idée d'une haute sculpture polychrome, massive en diable, avec des formes comme des flammes, où le vent du large pourrait jouer. On la placerait au bord de la mer, des enfants pourraient passer, courir à travers, ou cracher dessus en douce... Pas un monument qu'on regarde, mais un objet utile et spectaculaire dans la vie, et surtout pas de gardien autour!". La Grande Fleur qui marche vient compléter un ensemble d'œuvres de l'artiste présentées dans les cours des Abattoirs ainsi que des céramiques émaillées et des tapisseries conservées dans les collections du musée
Fernand Léger
commentaire audio
Les Femmes au Perroquet, 1952
Bas-relief en bronze polychrome,
Edition de I/II
H 342 x 494 cm
Réalisé par la Fonderie Tesconi, Pietrasanta, Italie, d'après Les Femmes au perroquet, 1952. Collection particulière
Courtesy Galerie Haim Chanin Fine Arts
Photo de l'affiche de l'exposition
LE MUSÉE PAYSAN
Quelle est la place des paysans dans l'histoire de l'art? Au XIXe
siècle, un intérêt nouveau pour la vie paysanne apparaît. Les peintres comme Jean-François Millet, Jules Breton, Léon Lhermitte et Rosa Bonheur prennent pour motif la figure du paysan et les sujets liés au monde rural, rapprochant l'agriculture de la modernité artistique. Leurs œuvres ont marqué durablement l'art occidental, au point de devenir au XXe siècle de véritables icônes populaires reproduites sur tous types d'objets. Si elles contribuent à forger une imagerie des paysans, la création de musées d'ethnographie au XXe siècle participe également de cette construction. L'exemple le plus important est la création par Georges Henri Rivière en 1937 du Musée national des Arts et Traditions populaires. Les collections, aujourd'hui conservées au Mucem (Marseille), rassemblent des milliers d'objets qui documentent la vie et l'artisanat dans les campagnes, alors transformés par le dépeuplement des zones rurales et l'industrialisation. Une partie d'entre eux provient d'enquêtes ethnographiques et de collectes qui célèbrent la reconnaissance de savoirs et de pratiques. L'intérêt populaire pour le monde paysan façonne une image d'Épinal d'autant plus aimée que celui-ci se transforme profondément avec l'industrialisation, l'urbanisation et l'exode rural.
Comment peut s'écrire le musée paysan aujourd'hui ? Les artistes tels que Agnès Varda, Sylvain Gouraud ou Hassan Musa revisitent cette iconographie qui a durablement marqué l'imaginaire collectif. Le film Les Glaneurs et la glaneuse (2000) d'Agnès Varda a offert un versant contemporain aux Glaneuses (1857) de Millet, dont la réalisatrice possédait des reproductions sur de nombreux objets populaires. Sylvain Gouraud, lui, filme les agriculteurs en visite au musée qui se réapproprient, face aux tableaux, leurs savoirs, leurs voix, leur histoire de l'art.
Jules Breton
(1827, Courrières - 1906, Paris)
Le Rappel des glaneuses, 1859
Huile sur toile
La Glaneuse
Collection musée d'Orsay, Paris /don de l'empereur Napoléon III au musée du Luxembourg en 1862
Jean Tuffery, jute,
Inv.: MI 289
Jules Breton est issu d'une famille de la bourgeoisie rurale du Pas-de-Calais. Après des études d'art et des participations au Salon, il retourne vivre dans sa ville natale en 1854 et consacre une grande partie de son œuvre à la vie paysanne, qu'il voit comme un monde où règnent l'humilité et le respect des traditions anciennes.
Le Rappel des glaneuses (1859) illustre chez Jules Breton la pratique du glanage, un droit coutumier hérité du Moyen Âge consistant à ramasser après la moisson les récoltes oubliées au sol. Appelé aussi "la part du pauvre", ce système a un intérêt politique et social dans une société très inégalitaire.
Breton idéalise ici la figure de la glaneuse : l'abondance de la récolte et l'attitude statuaire des femmes donnent à la scène une noblesse qui occulte la dureté du labeur et de leurs réalités sociales.
Par leur succès dès le XIXe siècle, ces représentations des glaneuses deviennent emblématiques et un motif récurrent de l'histoire de l'art de Jean-François Millet à Agnès Varda. Elles rappellent combien les artistes ont contribué à véhiculer une certaine image du monde paysan et de leurs valeurs, toujours présente dans l'imaginaire collectif.
Léon Lhermitte
(1844, Mont-Saint-Père - 1925, Paris)
La paye des moissonneurs, 1882
Huile sur toile
Collection musée d'Orsay, Paris / legs Alfred Chauchard
Inv.: RF 333
Surnommé "le peintre des paysans", Léon Lhermitte s'attache presque uniquement à la vie de campagne de la moitié du XIXe siècle au début du XXe siècle, s'inscrivant ainsi dans le sillage de peintres comme Jean-François Millet et Jules Breton mais proposant un style naturaliste qui lui est propre.
C'est dans son village natal, dans le nord-est de la France, que Lhermitte trouve ses sujets, qu'il traite avec dignité et sincérité, et l'inspiration de La paye des moissonneurs (1882). Il y dépeint toute la dureté du travail aux champs et la fatigue des paysans, principalement perceptible dans le regard et la position du personnage central. Le peintre montre aussi la relation entre l'exploitant et les employés paysans, rarement évoquée dans l'iconographie de la représentation agricole.
Il dévoile également un basculement important dans l'histoire de l'agriculture, mettant l'accent sur l'utilisation de la faux, au détriment de la faucille et de la sape, qui s'impose dans les pratiques en France à partir du milieu du XIXe siècle. Accroissant la rentabilité des moissons, elle entraîne à l'époque la hausse de la précarité des glaneurs et des glaneuses.
Jean-François Millet
(1814, Gruchy-1875, Barbizon)
Bergère avec son troupeau, vers 1863
Huile sur toile
Collection musée d'Orsay, Paris/legs Alfred Chauchard
À partir de la IIe République (1848-1851) les artistes manifestent un intérêt pour le monde rural et renouvellent la tradition de la représentation paysanne. Cette iconographie témoigne des bouleversements dans la société française.
Issu du milieu agricole et se définissant comme "[...] paysan, et rien qu'un paysan", Jean-François Millet peint des scènes de genre de la réalité rurale.
La Bergère avec son troupeau (1863) reflète chez Millet le rude travail de la terre dans une campagne ancestrale préservée de la révolution industrielle, et apporte une dimension religieuse en harmonie avec la nature, à l'instar de L'Angélus (1857-1859).
Habitées de figures humanistes souvent perçues comme des allégories politiques (Des Glaneuses (1857)), incarnant le prolétariat rural du XIXe siècle, ses oeuvres l'installent comme peintre des sujets paysans et peintre paysan. Millet ou encore Rosa Bonheur créent un nouveau langage visuel accompagnant la modernité et dont s'inspirent les artistes des générations suivantes comme Vincent Van Gogh.
Rosa Bonheur
(1822, Bordeaux - 1899, Thomery)
Trois bœufs roux au pâturage, 1899
Papier marouflé sur toile
Collection musée d'Orsay, Paris / don de Mme Anna Klumpke en 1900/ en dépôt au musée national du château de Fontainebleau
Entourée de sa propre ménagerie de bêtes sauvages et domestiques, la peintre Rosa Bonheur se démarque par sa préférence pour la représentation animalière, notamment des bovidés. L'animal est mis au premier plan, relayant la figure humaine en arrière-plan.
Trois bœufs roux au pâturage (1899), montrant trois positions différentes d'un boeuf, témoigne de la conscience qu'a Rosa Bonheur d'un monde naturel qui n'est pas figé, et de sa volonté de représenter le sujet dans son entière réalité. Le réalisme de ses toiles prend forme par une observation patiente, rigoureuse et respectueuse de la nature et des êtres vivants qui l'entourent. Elle peint avec précision les attitudes de chaque animal, en portant une attention particulière à leurs regards et expressivités.
Peintre à succès de son époque aussi bien en Europe qu'en Amérique du Nord, elle est considérée aujourd'hui comme pionnière dans l'émancipation des artistes femmes et également des pensées écoféministes, interrogeant l'hégémonie humaine sur la faune, au profit d'une cohabitation plus juste entre tous les vivants. Idéalisant parfois le monde rural, elle inscrit la paysannerie et l'animal comme un motif désormais central de l'histoire de l'art
Non identifiée
Ferruel & Guédon
Aurélie Ferruel: 1988, Mamers
/Florentine Guédon: 1990, Cholet
Culte, 2017
Tissu, coton, lin, peinture et bois Collection des artistes
Aurélie Ferruel et Florentine Guédon sont un duo de sculptrices réunies par un appétit commun des rencontres, de l'amour de la matière et du faire.
Elles qualifient l'oeuvre Culte (2017), constituée de trois tentures cousues et de sculptures en bois, de "collection d'objets affectifs/agricoles" inhérents à leurs propres histoires.
L'installation renvoie aux trois dimensions du monde agricole - l'animal, le paysage et l'agriculteur - symbolisées par des outils, des silhouettes ou des vêtements. Tous forment une composition de symboles et de signes que les artistes accompagnent parfois d'une performance au cours de laquelle elles embrassent une à une les œuvres posées au sol, avec une gratitude personnelle, nourrie d'amour, de respect et de fierté.
Le duo rassemble les histoires qu'on leur raconte sur le terrain partagé des traditions et de l'art contemporain. Leur transmission, liée dans leur pratique à une observation des pratiques collectives et à leur réinvention, passe par l'activation d'une matière vivante et de la réappropriation des formes d'artisanat.
Henri Cueco
(1929, Uzerche - 2017, Paris)
Coucher de soleil, 1975
Acrylique sur toile non vernie Succession Cueco
Figure centrale du mouvement de la Figuration narrative apparu dans les années 1960, Henri Cueco est artiste et écrivain, mais aussi membre de la Coopérative des Malassis, actif dans l'éducation populaire.
Son oeuvre picturale est politique, engagée dans la contestation sociale, et aussi tournée vers les liens qu'entretiennent l'humain et le vivant. Persuadé du rôle social que l'artiste a à jouer dans la société, il s'applique notamment à la célébration des Herbes et des Paysages, entre 1977 et 1987. Il fonde en 1979, l'association Pays- Paysage dans son Limousin natal, pour inciter au dialogue entre agriculteurs, scientifiques, artistes et habitants. Les figures animales occupent une part importante de son œuvre, où évoluent chiens mais aussi cochons, serpents, tout un large bestiaire. Le mouton y est souvent présent et renvoie à une tradition de l'élevage ovin vieille de plusieurs millénaires, en particulier dans le Limousin. Il est le reflet de pratiques immuables, qui ne sont pas épargnées par les difficultés contemporaines.
Coucher de soleil (1975) représentant un troupeau de moutons dans les rayons orangés du soleil, interroge notre rapport à l'animal nous renvoyant à la longue histoire de la domestication et de la cohabitation humaine et animale
LES GRAINES DU CHANGEMENT
Dès les années 1970, l'artiste Lois Weinberger interroge la hiérarchisation du vivant en prenant pour médium les espèces végétales des zones de friche. Son travail fait écho à celui de Marinette Cueco qui collecte graines et végétaux, mettant en lumière leur force à la fois plastique et politique. Conscients de la nécessité de préserver la graine dans toute sa diversité, chacun propose une iconographie alternative loin des classifications traditionnelles de la botanique. Les artistes représentent l'hétérogéneité du monde végétal et le rôle fondamental des semences dans l'histoire humaine et agricole. Maria Thereza Alves et Daniel Otero Torres rappellent l'impact de l'histoire coloniale et du commerce sur la circulation des plantes. Aujourd'hui, comme le soulignent Jade Tang et Noémie Sauve, une poignée de variétés de graines sont autorisées et commercialisées : stériles, elles obligent les agriculteurs à en racheter chaque année de nouvelles, réduisant ainsi la palette des semences cultivées. Quelle est la place aujourd'hui des espèces non domestiquées et pourtant primordiales pour la biodiversité ? Ce sujet est au cœur des débats et des combats autour du brevetage et de la privatisation du vivant face aux multinationales de l'agro-industrie. Les graines "paysannes" (non cataloguées) font dès lors l'objet d'une lutte économique, politique et culturelle, tout en offrant une matière première symbolique aux artistes. Ces derniers invitent à prendre conscience de la portée politique des semences, capables de redessiner notre vision du monde et de réfléchir aux différents modèles possibles.
Marinette Cueco
(1934, Argentat - 2023, Paris)
Bris et débris, 2022
Casiers formant un damier carré de plantes et matières choisies Succession Cueco
Dès les années 1960, Marinette Cueco pratique le tissage et la tapisserie, qu'elle étend ensuite au végétal. Les herbes, plantes, écorces, mousses et feuilles, comme les terres et les minéraux, récoltés lors de longues promenades, deviennent les matériaux à partir desquels elle crée des compositions et des assemblages parfois
monumentaux.
Bris et débris célèbre la richesse de la terre par l'espace accordé aux semences et aux végétaux séchés disposés au sol. L'artiste mène des collectes selon des connaissances précises des milieux naturels et des saisons et les concilie avec le temps long et la patience inhérents à une pensée modeste de l'art.
Constituée d'autant d'échantillons" attendant de s'épanouir en paysages poétiques, cette matière vivante souligne la nécessaire préservation de la diversité des espèces végétales, leur force visuelle et sensible. L'artiste en conserve les noms vernaculaires, tout en détournant les traditionnels herbiers des muséums d'histoire naturelle et la classification scientifique des espèces, pour embrasser une relation affective au vivant.
Daniel Otero Torres
(1985, Bogotá, Colombie)
Las Huellas del Viento, 2022
Peintures acryliques et assemblage (feuilles de maïs, graines et céramique) sur toile de jute sur panneau
Les oeuvres de Daniel Otero Torres sont autant d'assemblages produisant différents récits au service d'une nouvelle version de l'histoire.
Inscrite dans la mémoire rurale de la Colombie et plus largement de l'Amérique du Sud, son œuvre Las Huellas del Viento (2022-2023), "les traces du vent", illustre la pollinisation des graines de maïs, d'un champ à l'autre, emportées et déposées par les vents.
Ce fragile écosystème est aujourd'hui menacé dans les pays d'Amérique latine où les semences indigènes sont remplacées par des variétés hybrides et stériles développées par les multinationales de l'agrochimie. Intégrant les premières à la surface de la toile, avec des feuilles de maïs, l'artiste dénonce la menace de leur disparition et le danger de la monoculture: l'appauvrissement des sols et de la biodiversité
UN PAYSAGE EN MOUVEMENT
Les artistes et les paysans ont en commun cette force créatrice de façonner les paysages, avec chacun leurs outils propres. L'avènement du mouvement impressionniste au XIXe siècle marque un jalon important dans l'histoire de la représentation du paysage, autour d'artistes qui découvrent le plaisir de peindre en pleine nature et qui prennent pour motif le développement de l'activité industrielle auquel prend part l'agriculture. À mesure que les pratiques agricoles évoluent, notamment depuis les années 1950, cette empreinte de l'agriculture sur les paysages se fait plus présente. Sensibles à ces changements, les artistes Morgane Denzler, Terence Pique, Mathilde Caylou, Mathieu Asselin et Aurelia Mihai renouent avec ces sujets et transcrivent ce questionnement du rôle de l'agriculture sur la mutation de notre environnement. Leurs oeuvres mettent en lumière la manière dont les paysans et paysannes inscrivent dans les sols l'histoire de leurs activités marquées, notamment à partir des années 1950, par l'accélération du "remembrement". Cette redistribution des parcelles, redessinées afin d'accroître les surfaces cultivables et la production alimentaire, a plusieurs conséquences, dont l'uniformisation du paysage, l'érosion des sols ou encore la perte de la biodiversité. À travers la photographie et la collecte de récits, les artistes rendent compte de la mémoire des paysages des campagnes. Ils racontent l'évolution des modèles agricoles tout en dégageant un nouvel horizon, celui de l'avenir de notre rapport au vivant et à nos paysages qu'il nous reste à écrire collectivement.
AURORE SALINIER COUTURE / EBENEZER
Mémoire d'un corps
Fil de fer, maille, laine, jean Tuffery, mousseline, soie, encre aquarellable, aluminium
Cette structure en fil de fer représente l'empreinte éthérée d'une robe flottante, en parallèle à l'empreinte d'un champ de l'oeuvre de Mathilde Caylou, Là où j'ai attrapé l'air (2010).
Recouverte de multiples pans de maille et d'un corset en jean, elle évoque à la fois la légèreté et la complexité des tissus. L'oeuvre explore les thèmes de l'absence autant que de la présence, capturant le vide laissé par un vêtement qui semble s'être évaporé, laissant derrière lui une trace tant délicate qu'imposante.
Cette pièce textile invite les spectateurs à plonger dans les souvenirs et les impressions laissés par les objets du quotidien, et sur l'influence de ces traces dans notre mémoire collective.
Les matériaux utilisés tendent à prolonger le dialogue entre le spectateur et le propos de cette création. Afin d'apporter cette sensation de fluidité, de mouvement et de légèreté, les jeunes créateurs ont utilisé du jean décoloré, de la maille tricotée ou encore du fil de fer.
Non identifié
Suzanne Husky
(1975, Bazas)
Jérôme, 2018
Tapis en laine vierge
Collection FRAC Bourgogne
Le travail pluridisciplinaire de l'artiste Suzanne Husky se présente comme une réflexion sur les problématiques environnementales (déforestation, exploitation de la faune et de la flore, extraction) et propose des pratiques alternatives dans nos rapports au vivant.
En 2017, l'éleveur bovin Jérôme Laronze est abattu par des gendarmes après une cavale de neuf jours et un long bras de fer avec l'administration française pour sauver ses animaux. L'artiste rend hommage, avec la tapisserie Jérôme (2018), à une histoire qui a profondément marqué le monde agricole et fait surgir au grand jour les difficultés et la détresse des paysans. Les motifs tissés retracent ce moment tragique, à la manière à la fois des jeux vidéo et des scènes pastorales traditionnelles, par l'utilisation d'un savoir-faire artisanal et ancestral. L'artiste affirme une position ouvertement militante et engagée face au système agricole actuel. L'usage de la tapisserie, de même que la céramique, matériaux sur lesquels elle retranscrit des images à caractère politique dénonçant les systèmes de domination des humains sur le vivant, est récurrent dans son travail.
La Chevrolière - Loire-Atlantique
Pierric s'est jeté dans sa mare en voiture à l'âge de 53 ans.
Ce jour-là, ses parents, sa femme et une de ses filles étaient présentes. Le traumatisme familial est énorme. Pierric avait une ferme de 165 hectares, il cultivait des céréales, des haricots verts, des haricots beurre et des vignes. Il n'avait pas de problème de trésorerie cependant il travaillait énormément. Dû à la fatigue et de nombreuses heures de travail, Pierric a subi plusieurs accidents de tracteur avec des séquelles.
Il estimait qu'il n'était pas possible d'embaucher un salarié, il trouvait que c'était trop risqué vu les oscillations que pouvait avoir le prix des céréales sur le marché. Pierric n'aurait en aucun cas voulu licencier donc il n'embauchait pas, au moins le problème ne se posait pas. Mais à quel prix ?
Karoll Petit
(1981, Ancenis)
Un système à bout de souffle ?,
2019 - en cours
Photographies contrecollées sur dibond (extraites de la série) Collection de l'artiste
Autrice et photographe, Karoll Petit tourne sa pratique vers l'humain, ses façons d'être et sa complexité.
D'abord engagée auprès d'associations, elle voyage à travers le monde pour immortaliser, selon elle, "l'expression emblématique" des individus qu'elle croise. Elle s'intéresse également aux métiers de l'artisanat et se concentre aujourd'hui sur le milieu agricole.
La série Un système à bout de souffle ? met en lumière un sujet encore tabou: le suicide chez les agriculteurs et agricultrices (2 suicides par jour en 2019 selon la Mutualité Sociale Agricole). Elle manifeste l'absence, et la détresse de ceux et celles qui restent. Ces images le matérialisent par une chaise vide, photographiée dans leur environnement de travail. La chaise prend place dans un paysage, entourée d'animaux, de fleurs ou de meules de foins.
L'artiste parle de la persistance des récits face à la situation complexe d'une profession multipliant les difficultés : surendettement, dévalorisation, catastrophes naturelles, compétitivité, disparition de la solidarité. La quiétude de cet environnement contraste avec les combats quotidiens tout en témoignant d'un profond respect pour le métier.
Sud de Nantes - Loire-Atlantique
Karoll Petit
(1981, Ancenis)
Raymond, 51 ans, s'est pendu à 5h45 du matin.
Il était dans la stabulation de la ferme, il s'est ligoté les mains. Raymond est arrivé en 1992 à la ferme de Jean-Michel. Ils ont créé un GAEC, Raymond s'occupait des vaches et Jean-Michel dit «Michou», s'occupait des champs, des céréales. Ils s'associent avec un autre GAEC qui se trouve à I km de chez eux. En avril 2011, ils commencent à travailler tous ensemble. Malheureusement, l'entente n'est vraiment pas au rendez-vous... Après deux étés de sécheresse, Raymond ne voit aucune issue et se pend.
«Au début, je lui en ai voulu, il m'avait abandonné. Je voyais qu'il n'était pas bien mais moi non plus. On n'arrivait pas à se mettre d'accord avec nos collègues. On n'arrivait pas à rentrer dans leur cercle, ils sont tous frères, on avait aucun poids de décision. J'en ai bavé et ce n'est pas fini. Il faut absolument que je sorte de là, en reprenant mes terres mais mes collègues ne le voient pas sous cet angle>>.
Limoges - Haute-Vienne
Karoll Petit
(1981, Ancenis)
Jean-François s'est pendu à l'âge de 61 ans.
En pleine journée, devant la porte d'entrée du bâtiment de la SAFER en août 2018. Jean-François avait une ferme de 315 hectares. Il élevait des vaches allaitantes et était auto-suffisant pour leur nourriture. Ses terres étaient divisées sur deux fermes. L'une se trouvaient à 10 km de chez lui. En 2012, il a voulu acheter une autre ferme située à quelques centaines de mètres de son exploitation principale pour le bienêtre de ses bêtes. La SAFER a vendu cette ferme à un autre agriculteur après lui avoir pourtant promis qu'elle lui reviendrait. Rongé par l'injustice, et ayant déjà vendu son corps de ferme et ses étables, Jean-François se retrouve coincé, sans issue. Il aurait pu vendre une partie de ses bêtes mais diminuer une ferme ne se fait pas du jour au lendemain et surtout pas quand la ferme fonctionne bien.
Moréac - Morbihan
Karoll Petit
(1981, Ancenis)
Jean-Pierre s'est donné la mort à l'âge de 46 ans.
Le 14 décembre 2016, il se tire une balle en plein coeur avec un fusil de chasse. Il avait une ferme avec son frère, ils élevaient des vaches laitières. Depuis la fin des quotas en avril 2015, ils se sont retrouvés en très grande difficulté financière. Mais la ferme n'a pas pu s'arrêter du jour au lendemain. Dû aux emprunts à rembourser, à la pression de la famille, issue du milieu agricole et à l'attachement à leurs animaux. Arrêter revenait à les abandonner... c'était lâche, c'était un échec cuisant pour eux. Jean-Pierre a alors demandé à plusieurs reprises d'échelonner différemment les emprunts mais la banque n'a rien voulu savoir. Ne trouvant pas d'issue, il s'est suicidé.
Chemillé-en-Anjou - Maine-et-Loire
Karoll Petit
(1981, Ancenis)
Xavier s'est pendu dans son garage à l'âge de 47 ans.
Il a travaillé plusieurs années en tant qu'ouvrier agricole dans différentes fermes. Il s'était installé en 2000 pour être éleveur de vaches laitières et ce durant II ans. Le rendement n'était pas au mieux et il était dans l'obligation de mettre sa ferme aux normes mais il n'avait pas les fonds pour le faire. Il a dû prendre une décision et a arrêté la production laitière. Il est ensuite devenu cultivateur de plantes médicinales mais sans grande passion. Les cultures n'étaient pas si simples et sa trentaine d'hectares ne lui assurait pas une production suffisante. La veille de son suicide, il a appris que sa banque refusait d'échelonner son prêt. Lorsqu'ils ont vidé la maison, sa soeur se souvient qu'il n'avait plus d'argent, ni sur ses comptes ni dans son porte-monnaie.
Seules des pièces jaunes traînaient, il ne pouvait même plus s'acheter une baguette de pain.
SACRIFICE ET DEVENIR PAYSAN
Donner corps aux mondes paysans implique aussi de visibiliser les réalités, parfois difficiles de ces métiers, qui s'ancrent dans l'histoire des différents modèles agricoles. À partir du milieu du XXe siècle, l'industrialisation de l'agriculture a eu un impact considérable sur les conditions de travail des agriculteurs, substituant à la ferme familiale l'exploitation intensive. C'est par un lien direct avec ce milieu que les artistes mettent en lumière sa complexité. Celle-ci est liée entre autres à l'évolution d'un métier, de l'artisan de la terre au chef d'entreprise, qui se heurte à la réalité de la ferme. Les contraintes administratives qui se multiplient révèlent une déconnexion progressive du vivant et du travail des paysans, et alimentent une pression constante. Si l'on parle aujourd'hui du sacrifice d'une communauté, c'est face à l'absence de reconnaissance de la spécificité de ces métiers, un sujet qu'explore Asunción Molinos Gordo en revalorisant leurs savoirs et leurs compétences. C'est aussi face à la réalité du nombre quotidien de suicides des paysans avec en France une moyenne d'un suicide tous les deux jours, selon la Mutualité sociale agricole (chiffres de 2019). Suzanne Husky, Karoll Petit et Morgane Denzler racontent ces difficultés d'un monde en crise et soulignent la nécessaire reconsidération de celles et ceux qui y jouent un rôle essentiel. Leurs œuvres interrogent l'avenir de ces métiers, alors que la moitié des exploitants agricoles en France seront à la retraite d'ici à dix ans, ainsi que notre capacité à prendre soin de qui est ignoré ou invisibilisé
Les féeseuses, 2022
Damien Rouxel
(1993, Saint-Brieuc)
Série: Histoires de famille
Photographies contrecollées sur dibond Collection de l'artiste
Damien Rouxel est un artiste issu du monde paysan: fils d'agriculteurs, il a grandi à la ferme et tâche de se réapproprier ce lieu, pour en faire un terrain de jeu artistique où les animaux, ses parents et sa soeur, les machines, les outils deviennent le décor et les acteurs de mises en scène.
À travers sa série photographique Histoires de famille (2016-en cours), il réinterprète des oeuvres de l'histoire de l'art, comme La Pietà (1499) de Michel-Ange ou encore El 3 de mayo en Madrid (1814) de Francisco de Goya. Il mêle ainsi l'histoire de l'art à son histoire personnelle, sa famille, son identité sexuelle, la question du monstre, du mythe, du modèle et du travestissement. Au-delà de la dimension familiale, ses images troublent la binarité entre le masculin et le féminin pour générer une représentation plurielle des corps.
Par ses photographies, Damien Rouxel explore de manière intime la ferme comme espace de recherche
et de création : il allie à cet héritage paysan ses engagements queer.
Loin des images idéalisées de Jean-François Millet, Damien Rouxel propose une figure alternative du
paysan, en jouant des marges dans un monde lui-même marginalisé.
L'Exécution, 2020
Damien Rouxel
(1993, Saint-Brieuc)
Portrait royal, 2019
Damien Rouxel
(1993, Saint-Brieuc)
Mère et fils en piétà, 2016
Damien Rouxel
(1993, Saint-Brieuc)
PROFIL PAYSAN
Un certain imaginaire collectif autour de la figure du paysan s'est forgé au fil du temps, notamment depuis le XIXe siècle. Celui-ci a participé à la construction et à la circulation d'images, de stéréotypes, voire de préjugés sur les métiers qui le caractérisent. Il convoque aussi bien une forme de nostalgie, qui se traduit par un ensemble d'images d'Épinal, qu'une vision médiatique déformant des réalités très différentes. Dans le sillage d'une longue tradition du portrait, des artistes cherchent à capturer l'essence de la figure du paysan et de la paysanne. Ils se réapproprient les codes de l'iconographie du monde rural, duquel ces artistes sont souvent eux-mêmes issus. À travers la photographie ou la peinture, Julien Beneyton et Morgan Fache dressent le portrait d'individus qui oeuvrent au quotidien auprès des animaux, dans les champs, sur un tracteur ou les bottes dans la boue. Mêlant dimension documentaire et représentation de l'intime, les oeuvres laissent entrevoir des existences invisibles, souvent silencieuses, fières et pudiques. La représentation de la famille évoque également la question de l'héritage de la ferme à porter d'une génération à une autre. Au centre des portraits de Nina Ferrer-Gleize et Damien Rouxel se trouve ladite ferme familiale, le lieu qui réunit à la fois l'outil de travail et la maison, mais aussi le lieu de création. Les deux artistes explorent et s'approprient cet espace l'écriture ou la photographie de chefs-d'œuvre de l'histoire de l'art rejoués, réunissant ainsi culture et agriculture.
Julien Beneyton
(1977, Échirolles)
86 Six pieds sur terre, 2016
Peinture acrylique sur bois
Collection de l'artiste
Julien Beneyton documente son environnement immédiat. Ses portraits sont ceux de ses proches ou d'anonymes.
Sa peinture s'exprime par un réalisme au trait fin, un travail de la lumière et une palette prononcée qui le rapprochent de ses références, tels que les peintres Pieter Brueghel (v.1525-1569) ou Jan Van Eyck (v.1390- 1441).
Avec Eleveurs (2016), l'artiste transpose des
photographies dans une série de peintures sur panneaux de bois. Il recompose les scènes dont il représente chaque détail d'une manière quasi chirurgicale - la texture d'un vêtement, le grain de peau d'un visage. La série représente des éleveurs bovins dans le Limousin, menacés par un contexte économique et politique mouvant, partagés entre fierté et désespérance. S'il n'envisage pas la peinture en dehors de la société, c'est parce qu'elle témoigne de son temps, de réalités complexes auxquelles il s'attaque de manière frontale et décomplexée, en célébrant un ensemble de métiers. Les agriculteurs, qui excercent ces métiers en voie de disparition, et qui tentent de préserver au mieux une transmission de génération en génération d'un savoir- faire spécifique, en font partie.
Julien Beneyton
(1977, Échirolles)
The world is yours, 2023
Peinture acrylique sur bois
Collection de Nathan Churchill
Julien Beneyton
(1977, Échirolles)
Morgane Tissandier & Guillaume Pichou, 2016 Série: Éleveurs
Peinture acrylique sur bois
Collection de l'artiste
Julien Beneyton
(1977, Échirolles)
Stéphane Marcailloux,
2016
Série: Éleveurs
Peinture acrylique sur bois
Collection de l'artiste
Julien Beneyton
(1977, Échirolles)
82 Denis & Corinne Lavaud, 2016
Série: Éleveurs
Peinture acrylique sur bois
Collection privée
Julien Beneyton
(1977, Échirolles)
Bernard & Olivier Brette et Benjamin Jimenez, 2016 Série: Éleveurs
Peinture acrylique sur bois
Collection de l'artiste
Fernand Léger
1881, Argentan (France) - 1955, Gif-sur-Yvette (France)
Le Grand Tournesol, 1952
Sculpture en bronze polychrome
Edition 3/6
H 354 x 255 x 110 cm
Collection particulière
Courtesy Galerie Haim Chanin Fine Arts
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La formation de Fernand Léger lui permit d'aborder différents domaines artistiques sur lesquels il reviendra tout au long de sa carrière. En effet l'artiste commence son apprentissage chez un architecte à Caen, avant d'être admis aux Arts décoratifs de Paris, pour travailler ensuite chez un photographe. C'est seulement lorsqu'il fréquente l'Académie Jullian et le Louvre que commence son vrai travail de peintre.
Au fur à mesure de son activité il s'intéressera aussi bien à la nouvelle aventure qu'est le cinéma avec la réalisation de son Ballet mécanique (1924), qu'à la création de costumes et décors pour des productions théâtrales. C'est en 1936, avec l'arrivée au pouvoir du Front populaire, qu'il mettra en œuvre sa conception sociale de l'art, mettant en exergue un art collectif supérieur à un art individuel. Après la Seconde guerre mondiale, de retour en France, en butte aux limites techniques de l'art mural, Fernand Léger, qui cherche les moyens de rendre la couleur pérenne, trouve alors des solutions à Vallauris dans les ateliers de céramiques : l'épreuve du feu éternise la couleur.
La transposition monumentale de ses œuvres peintes dans le bronze ou le minéral servait et prolongeait son grand projet d'art collectif alliant peintres, architectes et artisans divers, et devant s'inscrire dans la vie des hommes et de la cité.
Initiée en 2005 à l'occasion de l'exposition Léger Monumental »>, l'installation du Grand Tournesol, de mosaïques et d'un bronze peint dans les cours publiques des Abattoirs tente de respecter les credo de l'artiste au travers de ses représentations humanistes: l'union de la peinture et de l'architecture, la place de la couleur dans l'environnement, le rôle social du peintre.
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