dimanche 21 janvier 2024

La régence à Paris au musée Carnavalet en janvier 2024


LA RÉGENCE À PARIS
1715-1723 L'AUBE DES LUMIÈRES
Le 1er septembre 1715, Louis XIV meurt, au terme d'un très long règne. Tous ses héritiers sont morts avant lui, sauf son arrière-petit-fils, le duc d'Anjou, futur Louis XV, un enfant âgé de cinq ans. Le pouvoir est confié à son neveu, Philippe d'Orléans, jusqu'à la majorité du nouveau roi, fixée à treize ans. C'est la Régence.
La Régence a longtemps été vue comme un moment de rupture radicale, illustré par une politique de réformes novatrices et le retour de la paix aux frontières. Aujourd'hui, les historiens la considèrent toujours comme une période d'ouverture politique et de changements importants, mais aussi comme une transition conservatrice qui vise à maintenir la monarchie absolue.
Le premier changement important est le départ du roi, du gouvernement et de la cour de Versailles à Paris. Souhaité par Louis XIV, mais pour une durée brève, ce déplacement dure sept ans. Le Régent veut rester à Paris.
Le deuxième changement est l'incarnation du pouvoir en la personne attachante, impénétrable et parfois scandaleuse de Philippe d'Orléans, très éloignée de celle de Louis XIV : libertin, c'est-à-dire libre penseur, athée, artiste, débonnaire et autoritaire en même temps. Le troisième changement procède des deux premiers : c'est la cohabitation retrouvée du pouvoir politique et du pouvoir culturel à Paris. Dans une effervescence enjouée mais rythmée de scandales, de conspirations et de banqueroutes, Montesquieu, Voltaire et Marivaux connaissent leurs premiers succès, tandis que Watteau invente la nouvelle peinture.

AUGUSTIN-OUDART JUSTINAT 
Vers 1663 - Paris, 1743
Louis XV,
1717
Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 8562
Faire le portrait du roi n'était pas réservé aux membres de l'Académie royale de peinture. Justinat n'est pas académicien mais il se voit commander en 1717 un portrait du roi en pied, qu'il décline ensuite dans d'autres formats, comme ici en buste. Louis XV est revêtu d'un habit d'apparat de brocart d'argent, brodé d'or et enrichi de pierres précieuses. Le sceptre et la couronne l'identifient comme le roi. Il porte un tricorne, chapeau à la mode récente.

SUCCÉDER À LOUIS XIV
À la mort de Louis XIV s'ouvre une crise politique. Son testament est ambigu il accorde les fonctions de chef du Conseil de régence à son neveu, le duc d'Orléans, mais réserve un rôle politique important au duc du Maine, son fils légitimé, aîné des quatre enfants qu'il a eus avec Mme de Montespan. Le duc et la duchesse du Maine tiennent alors au château de Sceaux une cour influente.
Coup de théâtre : le 2 septembre 1715, le duc d'Orléans obtient l'appui du parlement de Paris, qui ignore le testament de Louis XIV et le reconnaît comme régent de plein exercice, tandis que les prérogatives du duc du Maine sont réduites.
Avec une grande habileté politique, le Régent va s'affronter aux affaires urgentes : contenir les ambitions des princes qui cherchent à déstabiliser son pouvoir, faire revenir la paix aux frontières, apaiser les conflits religieux, enfin restaurer les finances du royaume.

FRANÇOIS DE TROY Toulouse, 1645 - Paris, 1730
Le Festin de Didon et Énée, 1704
Huile sur toile
musée du Domaine départemental de Sceaux, inv. 2008.2.3
Dans les dernières années du règne de Louis XIV, la duchesse et le duc du Maine, fils légitimé de Louis XIV, tiennent au château de Sceaux une cour très influente. Ce tableau les présente sous les traits de Didon, reine de Carthage, et Énée, ancêtre des fondateurs légendaires de Rome, Romulus et Rémus. Sous la Régence, les Maine sont à l'origine d'une tentative de déposer Philippe d'Orléans,
la « conspiration de Cellamare », découverte en 1718. Ils sont alors déchus et exilés.

LOUIS-MICHEL DUMESNIL 1663- Paris, 1739
Lit de justice de Louis XV, le 12 septembre 1715, vers 1715
circa 1715
Huile sur toile
Le 12 septembre 1715 a lieu une séance solennelle du parlement de Paris (que l'on appelle un « lit de justice ») qui installe la régence de Philippe d'Orléans. Celle-ci se tient dans la Grand-Chambre du palais du Parlement. Louis XV trône, au fond à droite, près de sa gouvernante, Mme de Ventadour, la seule femme de l'assistance. Sur le mur de droite, on reconnaît le Retable du parlement de Paris, célèbre tableau du 15° siècle aujourd'hui conservé au musée du Louvre.

ANTOINE COYSEVOX
Lyon, 1640 - Paris, 1720
Louis XV à neuf ans, 1719

LOUIS DE BOULLOGNE Paris, 1654 - Paris, 1733
Louis XV octroyant des lettres de noblesse au corps de ville de Paris, 1716

ATTRIBUÉ À JEAN II BÉRAIN
Saint-Cloud, 1674 - Versailles, 1726
Le Régent dans son cabinet de travail, avec son fils, devant les portraits en buste de Louis XIV et de Louis 
Circa 1720
Cette rare représentation du Régent en civil et en intérieur le figure assis, désignant un prince parfois identifié comme le duc de Chartres, son fils. La scène déploie un décor emblématique du tournant du siècle: cheminée « à la royale »>, bureau et bibliothèque en marqueterie de métal, porcelaines et tableaux par-dessus une tenture à ramages. Telle profusion a amené à supposer que l'auteur puisse être Jean II Bérain, imaginant avec un style précis mais un peu naif un décor mettant en valeur les motifs d'arabesques, au succès desquels son père, Jean I Bérain, avait contribué.

PRÉSERVER LA PAIX CONSPIRATIONS ET AMBASSADES À PARIS
La guerre de Succession d'Espagne a épuisé la France : la paix est une nécessité. L'abbé Dubois, conseiller du Régent, pousse au rapprochement avec les anciens ennemis, l'Angleterre, la Hollande et le Saint Empire romain germanique. Le roi d'Espagne, qui rêve d'expansion en Europe, est isolé. Paris devient le centre de la diplomatie européenne.
Au printemps 1717, le tsar Pierre 1er de Russie, un allié encombrant, s'invite à Paris. Il y est reçu avec faste, mais il est tenu à l'écart des alliances diplomatiques. Tout aussi délicate, une ambassade de l'Empire ottoman, ennemi de l'Empire germanique, est reçue en mars 1721.
En 1722, à l'initiative de l'abbé Dubois, les fiançailles de Louis XV avec l'infante d'Espagne scellent la réconciliation entre les deux pays. L'Europe est enfin en paix.

NICOLAS DE LARGILLIERRE Paris, 1656- Paris, 1746
Allégorie des fiançailles de Louis XV et de l'Infante d'Espagne,
1722
Huile sur toile
Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris, P1324
Le 11 août 1722, la Ville de Paris commande à Largillierre un tableau commémorant « l'heureuse arrivée de l'infante d'Espagne en France ». On conserve deux esquisses évoquant cet événement: la première montre le prévôt des marchands et les échevins assemblés au premier plan, devant un tableau qui représente l'arrivée du carrosse royal. Elle correspond sans doute à un premier projet abandonné. La seconde esquisse représente exactement la composition commandée au peintre : le roi, entouré de trois Grâces, est sur son trône; derrière lui, le Régent guidé par Minerve, déesse de la Sagesse, laquelle tient dans ses mains le portrait de l'infante; le prévôt des marchands, les échevins et le procureur du roi se tiennent au premier plan. Le grand tableau a sans doute été réalisé, mais il est aujourd'hui perdu.

NICOLAS DE LARGILLIERRE
Paris, 1656 - Paris, 1746
Les échevins célébrant l'arrivée de l'Infante, 1722.

PIERRE-DENIS MARTIN
Paris, 1663 - Paris, 1742
Sortie de l'ambassadeur de la Sublime Porte, Mehemet-Effendi, de l'audience accordée par le roi, le 21 mars 1721, 1721
Huile sur toile
L'ambassade turque reçue par Louis XV en 1721, retardée par l'épidémie de peste qui sévit alors en Provence, s'accompagne de nombreuses festivités. Elle a pour but de renouveler l'alliance entre la France et l'Empire ottoman, au lendemain d'une défaite de celui-ci face à l'Empire germanique. C'est l'occasion pour l'ambassadeur, Mehemet Effendi, de faire un rapport précis sur la France, considérée alors comme la nouvelle Rome. Son journal de voyage sera traduit en 1757 sous le titre : Le Paradis des infidèles.

UN NOUVEL ART DE VIVRE
Le retour de la cour et l'installation des administrations à Paris en 1715 accélèrent un phénomène déjà amorcé au tournant du siècle. Les commandes royales se raréfient, laissant à diverses personnes privées l'initiative d'un goût nouveau. Les sculpteurs et menuisiers qui travaillaient pour la cour continuent à exercer au sein de demeures en construction dans les faubourgs Saint-Germain ou Saint-Honoré.
L'effervescence dans la création mobilière va de pair, à Paris, avec une hausse de la consommation des produits de luxe : porcelaines importées d'Asie, bronze doré... séduisent une clientèle locale mais aussi internationale. Les boutiques comme celle d'Edme-François Gersaint, reçu en 1720 dans la corporation des marchands merciers, commercialisent meubles et objets qui sont le fruit du savoir-faire de différents corps de métiers rivalisant d'excellence (menuisiers-ébénistes, fondeurs, orfèvres...). Paris donne le ton en France et en Europe

JEAN-MICHEL CHEVOTET
Paris, 1698 - Paris, 1772
Coupe et profils sur la longueur de l'hôtel de Matignon (Jean Courtonne, architecte), vers 1724

JACQUES RIGAUD
Dessinateur 
Puyloubier, 1680 - Paris, 1754
JEAN-BAPTISTE RIGAUD
Graveur
Estampe (eau-forte)
Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris, G.17267
Avec le retour de la cour à Paris, les grandes familles aristocratiques se font construire de nouveaux hôtels particuliers à la mode. Les faubourgs Saint-Honoré, rive droite,
et Saint-Germain, rive gauche, sont privilégiés. Les architectes Lassurance, Mollet, Courtonne, Boffrand, etc. édifient alors de superbes demeures qui, pour la majorité d'entre elles, existent encore aujourd'hui : l'hôtel d'Évreux (actuel palais de l'Élysée), l'hôtel Matignon ou le palais Bourbon sont les plus emblématiques.

ANTOINE PESNE
Paris, 1683 - Berlin, 1757
Jean Mariette,
1723
Huile sur toile
L'imprimeur et graveur Jean Mariette a édité à partir de 1727 un célèbre recueil de gravures, considéré comme son chef-d'œuvre, intitulé L'Architecture française. C'est en fait la continuation d'un recueil plus ancien, portant le même titre, publié vers 1670. Pour l'un et l'autre, le projet est de rendre compte des bâtiments les plus importants et les plus modernes de l'époque. Pour son recueil, Mariette a fait appel au jeune architecte Jean-Michel Chevotet, auteur des dessins présentés ici, qui ont été transposés en gravures.

PIERRE-DENIS MARTIN Paris, 1663 - Paris, 1742
Vue de Paris, prise du quai de la Rapée, 1716
Huile sur toile
Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris, dépôt du musée du Louvre
Date de 1716, ce grand tableau est le seul paysage connu de Paris réalisé pendant la Régence. On ignore qui l'a commandé. Le point de vue se situe depuis le quai de la Rapée, à l'est de Paris, près de Bercy, faubourg encore peu urbanisé où se trouvaient de nombreuses maisons de campagne. On reconnaît, rive gauche, l'hôpital de la Salpêtrière; au centre, l'île Saint-Louis et l'île de la Cité avec la cathédrale Notre-Dame. L'importance du fleuve comme voie principale de transport des marchandises est ici mise en valeur.

JEAN-BAPTISTE OUDRY 
Paris, 1686 - Beauvais, 1755
Le Petit-Pont après l'incendie de 1718, 1718
Huile sur toile
Paris, musée Carnavalet-Histoire de Paris, P249
Oudry représente ici une scène demeurée célèbre dans l'histoire de Paris : l'incendie du Petit-Pont, survenu le 27 avril 1718. L'avocat Edmond Barbier, Parisien qui tient un journal, y relate les détails du drame : les maisons qui s'élevaient sur le pont sont entièrement détruites par le feu en quelques heures. On réussit à éviter le pire: que l'incendie se propage à l'Hôtel-Dieu voisin. Pour prévenir les catastrophes à venir, on décide que le pont sera reconstruit sans maisons.

ALEXIS-SIMON BELLE Paris, 1674 - Paris, 1734
Portrait présumé d'Élisabeth-Charlotte d'Orléans, duchesse de Lorraine, et de son fils, 1722
Huile sur toile
Lunéville, musée du château de Lunéville, mv. 2005.1.8.
of -lights with curv of large mirrors.
Belle est un des portraitistes les plus actifs sous la Régence. Ce tableau est signé et daté de 1722, l'année du sacre de Louis XV. Il représenterait la duchesse de Lorraine, Élisabeth-Charlotte d'Orléans, avec l'un de ses fils. Sœur du Régent, elle reste très proche de lui et vient régulièrement à Paris où elle loge au Palais-Royal.
Si la ressemblance physique est convaincante, cette identification fait cependant encore débat.

JULES DEGOULLON
Sculpteur 1671-1737
NICOLAS LANCRET
Peintre
1690-1743
CLAUDE III AUDRAN
Peintre ornemaniste
1658-1734
vers 1724
Panneaux de boiserie
 de l'hôtel Peyrenc de Moras
 Le Turc amoureux
La Pèlerine
Chêne sculpté, peint et doré, huile sur toile marouflée
Paris, Musée des arts décoratifs
Panneau de boiserie de l'hôtel Peyrenc de Moras ,
vers 1724
The Cape,
c. 1724
Chêne sculpté, peint et doré, huile sur toile marouflée
Paris, Musée des arts décoratifs
Peyrenc de Moras, ancien contrôleur de la banque de Law, acquiert en 1723 les terrains des 23 et 25 place Vendôme qui appartenaient à l'ancien contrôleur général des finances. Il y fait réaliser un cabinet orné de boiseries délicatement sculptées et peintes, dont le décor observe encore une rigoureuse symétrie. Aux lourdes grotesques succèdent les arabesques, plus aérées. Au centre de chaque panneau, sous un dais en treillis, une scène autonome est représentée, inspirée de l'art de Watteau, décédé trois ans auparavant et dont Lancret est l'un des plus talentueux suiveurs.

Détails des panneaux 

ANONYME
Chaise à porteurs aux armes d'Élisabeth-Charlotte d'Orléans, duchesse de Lorraine,
vers 1710-1730
La chaise à porteurs est un objet revêtant une double fonction, pratique et symbolique. Conservée à l'intérieur de la demeure du prince, elle participe au décor du vestibule. Lorsqu'elle est de sortie, elle demeure protégée par son toit de cuir clouté et par l'imperméabilité de ses panneaux de vernis Martin. Celle-ci, réalisée à Paris entre 1710 et 1730, a appartenu à la duchesse de Lorraine, sœur du Régent, dont elle porte les armes d'alliance de la maison d'Orléans et de la maison de Lorraine.

ANDRÉ-CHARLES BOULLE
Paris, 1642 - Paris, 1732
Sur les dessins de Gilles-Marie Oppenord (Paris, 1672- Paris, 1742) et François-Antoine Vassé (1681-1736)
Baromètre et thermomètre du comte de Toulouse,
vers 1720
Paris, Banque de France
Cette exceptionnelle paire d'instruments scientifiques de grande taille, extrêmement luxueux, a été réalisée pour un des fils légitimés de Louis XIV, comte de Toulouse et amiral de France. Hormis celui du cadran du baromètre, les ornements en bronze doré sont uniques et ne furent jamais répétés dans d'autres créations de Boulle. À la base du baromètre et du thermomètre, un motif dit de « cul-de-lampe >> est formé par un homard « au naturel », dont l'abdomen est retenu par des algues : référence explicite à la charge du commanditaire.

MANUFACTURE DES GOBELINS
D'après Philippe, duc d'Orléans (1674-1723), en collaboration avec Antoine Coypel (v. 1661-1722) et Charles Coypel (1694-1752)
Daphnis et Chloé : Daphnis et les chèvres, vers 1718-1720
Tapisserie Laine et soie
Jean Lefebvre le Jeune (actif en 1699-1736), lissier
Genève, Fondation Gandur pour l'Art
Daphnis et Chloé
vers 1718-1720 
Daphnis et Chloé est un roman d'initiation érotique écrit par le poète grec Longus aux 2°-3° siècles, popularisé en France par la traduction
de Jacques Amyot (1559). Il narre les aventures de deux enfants trouvés, dans l'île de Lesbos, qui grandissent ensemble en gardant leurs troupeaux. Leur idylle pastorale connaît de nombreuses péripéties. Aidés par l'Amour et Pan, ils retrouvent leurs riches parents et sont mariés dans la grotte des nymphes à la fin du roman.
Vers 1712-1714, Philippe d'Orléans, qui pratiquait la peinture, avait réalisé une série de tableaux illustrant ce roman, pour orner le château de Bagnolet, résidence de campagne de son épouse. Les peintres Antoine Coypel et son fils, Charles, l'ont assisté. En 1718, il commande aux Gobelins, à titre privé, une tenture de quatre tapisseries pour le Palais-Royal d'après ces mêmes tableaux.
Au centre de chaque panneau un grand médaillon encadre la scène principale, d'après les dessins du Régent. Quatre médaillons illustrant des scènes secondaires sont contenus dans la large bordure.

Détails de la tapisserie

PARIS, MANUFACTURE DES GOBELINS
D'après Philippe, duc d'Orléans (1674-1723), en collaboration avec Antoine Coypel (v. 1661-1722) et Charles Coypel (1694-1752); Jean Lefebvre le Jeune (lissier) (actif comme chef d'atelier aux Gobelins de 1699 à 1736)
Daphnis et Chloé : Les Noces, vers 1718-1720
Tapisserie
Laine et soie
Genève, Fondation Gandur pour l'art
Les Noces sont la dernière pièce de la tenture de Daphnis et Chloé réalisée en 1718-1720 aux Gobelins. L'union des deux héros s'y célèbre autour d'une intime assemblée attablée dans une atmosphère champêtre : le roman se termine ensuite en exaltant leur union physique. Peu avant la mise en chantier des tapisseries aux Gobelins, le Régent avait commandé une édition nouvelle du roman de Longus, publiée à ses frais, en 1718, illustrée de vingt-huit scènes gravées d'après ses tableaux
Detail de la tapisserie 

ROBERT LE VRAC, DIT TOURNIÈRES
Ifs, 1667 - Caen, 1752
La Famille de Nicolas Delaunay, vers 1702-1704
Huile sur bois
Caen, musée des Beaux-Arts de Caen
Nicolas Delaunay (1646-1727) est une personnalité importante du règne de Louis XIV et de la Régence: orfèvre du roi, il a produit, avec son maître Claude Ballin, la vaisselle d'or et le mobilier envoyés à la fonte à partir de 1685 pour d'argent de Versailles financer les guerres. Nommé d'abord médailleur du roi, il devient "directeur du balancier des médailles", charge qu'il occupe jusqu'à sa mort. C'est lui qui fait visiter l'atelier des médailles au jeune Louis XV

PHILIPPE D'ORLÉANS
UN HOMME ÉCLAIRÉ AU POUVOIR
Philippe d'Orléans est curieux de tout et semble doué pour tout : il aime spécialement la peinture, qu'il apprend auprès d'Antoine Coypel, et la musique, enseignée par Marc-Antoine Charpentier ou Charles-Hubert Gervais. Lorsqu'il devient régent, ce prince artiste n'a plus le temps de pratiquer sait néanmoins donner lui-même. Dans un contexte économique difficile, un souffle de renouveau dans le monde des arts et des spectacles.
La cour s'est éparpillée dans Paris où chacun veut tenir son rang : les salons se multiplient, on y discute littérature, politique, art, on y écoute de la musique. On joue beaucoup aussi : aux dés, aux cartes, aux échecs, au billard. En dehors de ces cénacles privés, la population parisienne profite également de cette effervescence : des fêtes publiques sont régulièrement données, notamment dans les jardins des Tuileries. Autour du Palais-Royal, les cafés se multiplient : le café de la Régence, installé rue Saint-Honoré, devant l'Opéra, est le plus célèbre

JEAN-BAPTISTE SANTERRE Magny-en-Vexin, 1651 - Paris, 1717
Philippe d'Orléans,
régent du royaume,
et Marie-Madeleine de La Vieuville, comtesse de Parabère,
1716-1717
 Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 3701
Ce tableau est le portrait officiel du Régent: représenté en chef de guerre, revêtu d'une armure d'apparat, une main posée sur un globe fleurdelisé, l'autre sur un gouvernail, il est conseillé par Minerve, déesse de la Sagesse. Entorse assumée aux convenances, Minerve emprunte ici ses traits à Mme de Parabère, maîtresse publique du Régent à l'époque.

CHARLES BOIT
(miniaturiste) Stockholm, 1662
GILLES-MARIE OPPENORD (dessinateur ornemaniste) Paris, 1672 - Paris, 1742
JEAN LE BLANC (CADRE)
Vers 1675-1749
Allégorie de la charité, 
d'après Carlo Cignani, 1717 (miniature) et 1718 (cadre)

PHILIPPE D'ORLÉANS
PEINTRE ET MUSICIEN
Dans sa jeunesse, Philippe d'Orléans a appris à peindre auprès d'Antoine Coypel. Il se passionne pour cet art : il peint dès qu'il en a le temps. La série des tableaux réalisés sur le thème de Daphnis et Chloé est son œuvre la plus aboutie. Il est aussi un très grand collectionneur de peintures.
Mais il est surtout un musicien accompli, violiste, flûtiste et claveciniste, et compositeur, ce qui est plus rare pour un prince: on conserve de lui deux opéras, La Jérusalem délivrée, créée en 1704 et Penthée, créé en 1705. Devenu régent, il ne compose plus par manque de temps, mais continue d'être un mécène influent sur la scène musicale. Il soutient notamment Charles-Hubert Gervais, un de ses maîtres, qui triomphe à l'Opéra en 1717 avec Hypermnestre.

PHILIPPE D'ORLÉANS
Saint-Cloud, 1674 - Versailles, 1723
Étude de figure
Inscription : « Dessiné et donné par Son Altesse Royale Monseigneur le duc d'Orléans à Jacques-Antoine Arlaud à Marly le lundi 6 novembre 1713 »

LONGUS
Lesbos ?, Grèce, 2°-3° siècle
PHILIPPE D'ORLÉANS (peintre)
Saint-Cloud, 1674 - Versailles, 1723
BENOÎT AUDRAN (graveur) Lyon, 1661 - Paris, 1721
Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé


LA RÉGENCE LIBERTINE
Un bal masqué public est inauguré à l'Opéra du Palais-Royal pour le carnaval de 1716, ouvert à tous, moyennant le paiement d'un écu. Toutes les audaces y semblent permises : le Régent et sa fille, la duchesse de Berry, jeune veuve, y cherchent l'aventure.
La Régence est restée dans les mémoires associée à l'idée de débauche. Philippe d'Orléans lui-même donne souvent l'exemple par ses excès. Son ami, le mémorialiste Saint-Simon, évoque ainsi les « petits soupers » du Palais-Royal, réunions très privées auxquelles il n'a pourtant jamais assisté. Satiristes et pamphlétaires en font une arme politique pour discréditer le Régent et ses proches.
D'autres sociétés libertines, telle celle de Philippe de Vendôme, accueillent les libres penseurs. Voltaire y fait ses débuts.

Que la fête commence..., 1975
Réalisation : Bertrand Tavernier Que la fête commence... s'inspire en partie d'un roman d'Alexandre Dumas, Une fille du Régent, paru en 1845. L'histoire se passe entre 1718 et 1720. Le cinéaste y met en scène, à deux reprises, les « petits soupers » du Palais-Royal, décrits, sans grande vraisemblance historique, comme des orgies décadentes et tragiques. Philippe Noiret campe un Régent jouisseur mais pétri de doutes et menacé de mélancolie.

JEAN RAOUX
Montpellier, 1677- Paris, 1734
L'Offrande à Priape, 1720
Huile sur toile
Reçu à l'Académie en même temps que Watteau, en 1717, Raoux fait carrière grâce au soutien de Philippe de Vendôme, grand prieur de France, un protecteur influent et libertin notoire qui lui commande notamment son portrait en 1721. La scène figure une sculpture représentant Priape, dieu antique de la fécondité, à qui une prêtresse présente une jeune mariée, selon un rite érotique d'initiation attesté dans la Rome antique.

JEAN-SIMÉON CHARDIN
Paris, 1699 - Paris 1779
La Partie de billard 
Huile sur toile
Œuvre de jeunesse, La Partie de billard de Chardin est un tableau atypique qui traduit l'influence de Watteau. On connaît un dessin préparatoire pour le groupe de gauche, ce qui conforte son attribution. On sait d'autre part, par les archives, que le jeune Chardin a commencé sa carrière en peignant une enseigne pour son père, artisan billardier (fabricant de billard) installé rue Princesse, dont ce tableau serait une étude préparatoire. Jeu aristocratique, le billard se popularise dans les cafés au 18° siècle.

.ALEXIS GRIMOU
Argenteuil, 1678 - Paris, 1733
Le Marquis d'Artaguiette en buveur, 1720
Huile sur toile
Alexis Grimou est un protégé de la comtesse de Verruë, grande collectionneuse, qui tient un salon rue du Cherche-Midi, où elle accueille aristocrates et financiers. Ici, il fait le portrait du marquis Jean-Baptiste d'Artaguiette d'Iron qui occupe les postes d'intendant ordonnateur de la Louisiane, puis de directeur de la Compagnie d'Occident sous la Régence. Le portrait en buveur renvoie à un archétype de l'art hollandais du 17° siècle que Grimou a souvent utilisé, mais il évoque ici plus particulièrement les fêtes de la Régence.

ATTRIBUÉ À
JACQUES AUTREAU
Paris, 1657 - Paris, 1745
Les Deux Épicuriens 
 Huile sur toile
Sous la Régence, Jacques Autreau est surtout célèbre comme auteur de théâtre : il est ainsi le premier auteur français joué sur la scène de la Comédie-Italienne, en avril 1718. Il produit aussi des pièces pour la Comédie-Française ainsi que des livrets de ballet. Il semble avoir exercé la peinture en contrepoint, produisant des scènes de genre qui évoquent d'ailleurs, comme celle-ci, des scènes de théâtre. Mais son œuvre peint reste très mal connu.

LA RENAISSANCE DU THÉÂTRE
Le 1er octobre 1715, un mois après la mort de Louis XIV, tous les spectacles sont autorisés à reprendre. La comédie italienne, qui était interdite
à Paris depuis 1697, fait son retour en mai 1716: l'acteur Luigi Riccoboni en prend la direction. La salle de l'hôtel de Bourgogne est rénovée. On y joue bientôt en français. Marivaux y crée ses premières pièces à succès. Une forte rivalité reprend alors avec la Comédie-Française : les deux compagnies montent ainsi des pièces d'actualité.
En 1720, Louis XV danse dans un ballet, Les Folies de Cardenio. Charles Coypel, fils d'Antoine Coypel, peintre et auteur dramatique, est l'auteur du livret inspiré du Don Quichotte de Cervantès. La salle de spectacle des Tuileries, abandonnée depuis 1682, rouvre en 1721

ATTRIBUÉ À ANTOINE WATTEAU
Valenciennes, 1684 - Nogent-sur-Marne, 1721
Scène de la comédie italienne jouée par une troupe d'enfants, vers 1704-1706
Huile sur bois
Ce petit tableau, étrange et un peu dérangeant, reprend la composition d'un dessin de Watteau qui appartient à un ensemble d'allégories des quatre saisons. Ici, la scène figure l'hiver : un enfant se réchauffe devant un brasero, en bas à droite. La représentation d'enfants jouant la comédie italienne est typique de l'époque. L'attribution à Watteau reste débattue: ce tableau a aussi été rapproché de l'œuvre de Claude Gillot, le maître de Watteau.

CHARLES COYPEL
Paris, 1694 - Paris, 1752
Adrienne Lecouvreur, comédienne du Français, dans le rôle de Cornélie, 1721-1724
Pastel sur papier
L'actrice Adrienne Lecouvreur (1692-1730) entre à la Comédie-Française en 1717. Elle en devient la vedette incontestée sous la Régence. Elle crée certaines tragédies du jeune Voltaire, dont elle devient très proche, mais s'illustre aussi dans le registre comique avec Marivaux. La simplicité et la justesse de sa diction ont fait son succès. Ce portrait représente la comédienne dans le rôle de Cornélie tenant l'urne de son époux, Pompée (acte V, scène 1 de La Mort de Pompée de Pierre Corneille).

CHARLES COYPEL
Paris, 1694 - Paris, 1752
Don Quichotte protège Basile qui épouse Quitterie par une ruse d'amour, 1716
Huile sur toile
Le Roman de Miguel de Cervantes, Don Quichotte, traduit en français dès 1618, est un succès d'édition continu en France au 18° siècle. Souvent adapté au théâtre, il donne aussi le sujet d'une tenture (série de tapisseries) réalisée d'après Charles Coypel à partir de 1716, qui devient le plus grand succès commercial de la manufacture des Gobelins au 18° siècle. Ce tableau est un des cartons (tableaux préparatoires) pour ces tapisseries.

JEAN-BAPTISTE OUDRY Paris, 1686 - Beauvais, 1755
Comédiens italiens dans un parc, signé et daté 1719
Italian Actors in a Park, signed and dated 1719
Huile sur toile
Connu autrefois par plusieurs copies anciennes, ce tableau inédit, réapparu récemment, est signé et daté de 1719 : il est donc l'original. Il présente une troupe de comédiens italiens devant un paysage qui évoque un décor de théâtre. Oudry commence à devenir célèbre sous la Régence. Il subit alors l'influence de Watteau, particulièrement sensible ici. On sait qu'il travaille aussi, à cette époque, comme décorateur de théâtre et fréquente volontiers, comme Watteau, le monde des comédiens.

PIERRE-DENIS MARTIN Paris, 1663 - Paris, 1742
Déplorable succès de la pièce, 1720
Huile sur toile
Cette œuvre appartient à un ensemble de vingt tableaux commandés par le maréchal de Tessé, militaire et diplomate influent sous la Régence, pour son château de Vernie, près du Mans. Ils illustrent Le Roman comique de Scarron, roman à succès publié en 1651-1657, toujours très populaire au 18° siècle. Ce tableau est une des très rares représentations d'une scène de théâtre de foire. Il est signé « Martin >>
peut-être, mais sans certitude, Pierre-Denis Martin, dont l'exposition montre d'autres tableaux.

WATTEAU, VENISE ET LA NOUVELLE PEINTURE
Le nom de Watteau est lié à Paris et à la Régence. Il est le peintre des comédiens italiens, des musiciens et des amours pastorales - en quelque sorte le double de Marivaux. Il accède à la célébrité en 1717, en entrant à l'Académie royale de peinture avec le Pèlerinage à l'île de Cythère. Mais c'est en 1720, peu avant de mourir, qu'il réalise son chef-d'œuvre le plus parisien, L'Enseigne de Gersaint, visible brièvement sur le pont Notre-Dame.
Sous l'impulsion du Régent, la Vénitienne Rosalba Carriera entre à l'Académie en 1720. Elle est hébergée dans l'hôtel du financier Pierre Crozat que fréquente Watteau, mais aussi le Régent qui vient parfois y écouter de la musique italienne. Son beau-frère, le peintre Pellegrini, décore alors la galerie de la banque de Law.

SEBASTIANO RICCI
Belluno, Italie, 1659- Venise, Italie, 1734
La France, sous les traits de Minerve, terrasse l'ignorance et protège les Arts, 1718
Huile sur toile
Sebastiano Ricci est sans doute le plus célèbre des peintres vénitiens de son époque. Fréquenté par de nombreux peintres français de passage en Italie, tels Jean Raoux, Nicolas Vleughels ou Jean-François de Troy, il se rend à Paris à deux reprises. La seconde fois, en 1716, il rencontre Watteau qu'il découvre et admire au point de lui demander, hommage extraordinaire, de copier ses dessins (Londres, Royal Collection). Il est reçu à l'Académie royale de peinture en 1718 et envoie de Venise ce tableau allégorique qui est son morceau de réception.

ROSALBA CARRIERA
Chioggia 1675 - Venise 1757
Le Printemps,
1721
Pastel
Rosalba Carriera séjourne à Paris entre avril 1720 et mars 1721. Pastelliste déjà célèbre dans toute l'Europe, elle est reçue comme une vedette et réalise alors de très nombreux portraits de la haute société parisienne, dont celui de Louis XV (Dresde, Gemäldegalerie). Ce portrait allégorique a été réalisé, lors de ce séjour, pour le comte de Morville, un diplomate proche du Régent, qui est chargé des Affaires étrangères à la mort du cardinal Dubois.

GIANANTONIO PELLEGRINI
Venise, Italie, 1675 - Venise, Italie, 1741
Esquisse pour le plafond de la banque royale: Le Déchargement en bord de Seine de marchandises en provenance de la Louisiane, 1720
Huile sur toile
En 1719, John Law commande à Pellegrini un décor plafonnant pour la galerie dite des « Mississipiens », siège du conseil d'administration de la Banque royale : celui-ci est achevé au printemps 1720 et détruit quelques années plus tard. Cette esquisse garde le souvenir d'une partie seulement de la composition : la peinture, longue de quarante et un mètres, évoquait, sur le mode allégorique, la gloire du Régent, de la banque et du commerce entre la Louisiane et la France.

ANTOINE WATTEAU
Valenciennes, 1684 - Nogent-sur-Marne, 1721
Le Guitariste,
vers 1717-1718

ANTOINE WATTEAU
Valenciennes, 1684- Nogent-sur-Marne, 1721
Feuille d'étude avec cinq têtes d'hommes, une tête d'enfant, deux mains tenant flûte, vers 1716.

ANTOINE WATTEAU
Valenciennes, 1684 - Nogent-sur-Marne, 1721
La Déclaration attendue, 
vers 1716-1717
Huile sur toile
Ce tableau, contemporain du Pèlerinage à l'île de Cythère (Paris, musée du Louvre), illustre toute l'ambiguïté de la nouvelle thématique que Watteau met en scène avec l'invention du genre pictural des fêtes galantes. Un amoureux timide tresse un bouquet de fleurs sur ses jambes, devant sa fiancée qui attend sa déclaration. Derrière lui, un flûtiste accompagne la scène en regardant, d'un air complice, le spectateur. Le temps semble suspendu. Sans doute faut-il voir ici un éloge des plaisirs de l'attente amoureuse.

ANTOINE WATTEAU
Valenciennes, 1684 - Nogent-sur-Marne, 1721
Étude d'un acteur,
vers 1716-1718

ANTOINE WATTEAU
Valenciennes, 1684 - Nogent-sur-Marne, 1721
Études de femmes jouant de la guitare ou tenant une partition, 1717-1718

FRANÇOIS DE TROY
Toulouse, 1645 - Paris, 1730
Jean de Jullienne tenant un portrait de Watteau,
1722

Detail du tableau précédent 

NICOLAS DE LARGILLIERRE Paris, 1656 - Paris, 1746
François-Marie Arouet, dit Voltaire, vers 1728
 Huile sur toile
Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris, P208
En mai 1717, François-Marie Arouet est enfermé à la Bastille pour avoir écrit des pamphlets sur le Régent. À sa sortie, en avril 1718, il prend le nom de Voltaire, et connaît un triomphe avec Edipe, sa première tragédie créée à la Comédie-Française. Le Régent assiste à la première. Voltaire publie ensuite, en 1722, La Ligue qui connaît le succès en 1728 sous un nouveau titre, La Henriade. L'auteur y fait l'éloge de la tolérance religieuse d'Henri IV, proposé comme modèle au jeune Louis

JACQUES AUTREAU
Paris, 1657 - Paris, 1745
Mme de Tencin servant le chocolat à Fontenelle, La Motte et Saurin, vers 1716

BERNARD LE BOUYER
DE FONTENELLE
Rouen, 1657
Paris, 1757
OEuvres diverses, 1728
Imprimé
La Haye, 1728
Tome premier : << Entretiens sur la pluralité des Mondes »>.
Frontispice dessiné et gravé par Bernard Picart Amsterdam, 1733)
(Paris, 1673
Paris, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Legs Dutuit, 1902, LDUT 580 (1 vol.)
Fontenelle est célèbre pour sa longévité extraordinaire : de fait, il a traversé les règnes de Louis XIV et de Louis XV. Membre de l'Académie des sciences et de l'Académie française, écrivant dans un style clair et élégant, il s'est fait surtout connaître comme vulgarisateur des sciences. Il est un proche du Régent qui le loge au Palais-Royal et dont il écrit certains discours. Fidèle des salons de Mme de Lambert puis de Mme de Tencin, il se montre aussi dans des salons concurrents, tels celui de Philippe de Vendôme.

NICOLAS DE LARGILLIERRE 
Paris, 1656 - Paris, 1746
Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles, marquise de Lambert
Huile sur toile
La marquise de Lambert (1647-1733) est surtout célèbre pour le salon qu'elle tient à Paris dans le premier tiers du 18° siècle. C'est dans ce salon, dit-on, que se décident alors les élections à l'Académie française. Protectrice des « Modernes » (Fontenelle, La Motte, Marivaux, Montesquieu...), elle critique cependant les libres penseurs. Elle écrit aussi et publie des ouvrages où s'exprime une vraie pensée féministe, plaidant notamment pour l'émancipation des jeunes filles par l'éducation.

LA FIN DE LA RÉGENCE
Le 15 juin 1722, Louis XV décide de retourner à Versailles et quitte Paris, une ville qu'il connaît parfaitement pour l'avoir parcourue souvent pendant sept ans. Le 25 octobre, il est sacré à Reims.
L'année suivante, un nouveau lit de justice vient officialiser sa majorité, le 22 février 1723 : c'est la fin de la Régence. Philippe d'Orléans garde néanmoins le pouvoir avec Guillaume Dubois, devenu Premier ministre. Mais celui-ci meurt le 10 août suivant. Le 3 décembre, l'ancien Régent décède à son tour. La page est définitivement tournée. Le jeune duc de Bourbon, chef de la maison de Condé, devient alors Premier ministre.
Philippe d'Orléans laisse un pays en paix, des finances restaurées et une monarchie consolidée. Il laisse aussi l'image persistante et brouillée d'un libertin, esprit impénétrable et libre jusqu'à l'excès, viscéralement attaché à ses plaisirs, à la peinture, à la musique et à Paris.
Paris est redevenue sous la Régence une place politique et culturelle de premier plan : à nouveau désertée par le roi, elle conservera néanmoins ce rôle tout au long du 18e siècle.

NICOLAS LANCRET
Paris, 1690 - Paris, 1743
Le Lit de justice tenu au Parlement à la majorité de Louis XV (22 février 1723),
1723

JEAN RANC
Montpellier, 1674 - Madrid, Espagne, 1735
Louis XV,
vers 1719
Huile sur toile
Ce beau portrait de Louis XV en costume de sacre est en fait un peu antérieur au couronnement de 1722. Le roi est représenté vêtu d'un manteau fleurdelisé doublé d'hermine, et porte le grand collier de l'ordre du Saint-Esprit. Il touche de qui n'est donc pas celle du sacre la main droite une couronne puisque celle-ci n'a pas encore été réalisée. Ce geste, plutôt rare dans l'iconographie officielle, apporte de la spontanéité à une représentation traditionnellement figée : le jeune roi semble impatient de porter la couronne.

ATTRIBUÉ À
ANTOINE DIEU
Paris, vers 1662 - Paris, 1727
Allégorie à la gloire de Philippe d'Orléans, Régent de France, 1718.

 ANONYME
Copie du diamant « Le Régent >> Replica of the diamond "The Regent" Diamant artificiel
Paris, musée du Louvre, département des Objets d'art, SN 845
D'APRÈS AUGUSTIN DUFLOS ET CLAUDE RONDÉ
Réplique de la couronne personnelle du sacre de Louis XV,
vers 1835-1850



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