Dessins, céramiques et sculptures
L'exposition réunit un ensemble exceptionnel d'oeuvres de Marc Chagall entrées dans la collection du Musée national d'art moderne en 2022 et 2023, grâce à la générosité de ses petites-filles, Bella et Meret Meyer. Ces dons sont constitués autour de trois thématiques: les projets de costumes et rideaux de scène du ballet L'Oiseau de feu repris par le Ballet Theatre en 1945, les esquisses et maquettes pour la décoration du plafond de l'Opéra de Paris commandée à l'artiste en 1962 ainsi qu'un ensemble de céramiques, sculptures et collages réalisés des années 1950 à l'aube des années 1970.
Fil rouge de l'exposition, la musique joue un rôle fondamental dans l'œuvre de Chagall. Elle est étroitement liée à sa vocation d'artiste et constitue, sa vie durant, une source d'inspiration ainsi qu'un sujet récurrent. « Il faut faire chanter le dessin part la couleur », affirme Chagall. Ses créations pour L'Oiseau de feu et pour le plafond de l'Opéra attestent de ce désir constant d'associer intimement la musique aux arts visuels.
Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux projets de commande amènent l'artiste à diversifier sa pratique en y ajoutant le collage, la céramique et la sculpture. Ces œuvres de maturité offrent l'expérience unique de voir Chagall à l'œuvre, de suivre pas à pas l'artiste dans la création d'un projet, de la première esquisse jetée rapidement sur la feuille de papier au dessin travaillé, autant œuvre en soi qu'ultime étape de préparation pour la peinture.
La création des costumes et des rideaux de scène de L'Oiseau de feu permet à Chagall de surmonter la dépression liée au deuil de sa femme, Bella, morte le 2 septembre 1944. Écrit par Fokine, ce ballet offre une version synthétique du célèbre Conte d'Ivan Tsarévitch, L'Oiseau de lumière et le loup gris, Katchaï I enchanteur. Le rideau d'ouverture réalisé par Chagall reprend les principaux éléments de l'histoire : la forêt du maléfique magicien Kachtcheï, un monstre de son palais, le jeune prince Ivan avançant vers l'aube et, régnant sur un ciel nocturne, l'oiseau de feu. Ce dernier est, par le caprice de l'artiste, uni à une femme dont le visage inversé reprend les traits de Bella. Dans les rideaux suivants, les formes imprécises dessinent un espace mouvant, permettant au spectateur de se concentrer sur le drame qui se joue. Chagall conçoit les quatre-vingts costumes avec un même souci de souligner les gestes des danseurs. Si la plupart des esquisses intègrent déjà l'idée du mouvement, leur réalisation occasionne de multiples essayages. L'artiste travaille directement sur les corps et veille, jusqu'au dernier moment, à leur harmonie avec le décor de scène. Les costumes (en particulier ceux des bêtes fantastiques) sont autant inspirés par les poupées katchinas que par l'art populaire russe. Leur opulence onirique fait écho au langage musical fastueux de Stravinsky. Ici, couleur, mouvement et musique forment un tout indissociable.
Plafond de l'Opéra
Maquette
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire