samedi 16 décembre 2023

Chéri Samba au musée Maillol en décembre 2023


Une belle rétrospective de cet artiste attachant !

CHÉRI SAMBA
DANS LA COLLECTION JEAN PIGOZZI
Après plusieurs expositions de l'œuvre de Chéri Samba en France et dans le monde, cette première rétrospective se penche sur cinquante années de création de l'artiste contemporain africain sans doute le plus célèbre. Elle se fonde sur le corpus de la collection Jean Pigozzi, première collection d'art contemporain africain au monde, qui réunit plus de cent vingt œuvres de l'artiste. Figure majeure du mouvement informel de la peinture populaire qui a émergé à Kinshasa dans les années 1970, Samba wa Mbimba, talentueux dessinateur autodidacte, travaille d'abord pour la publicité et la bande dessinée, avant d'entamer son œuvre peint qu'il expose dans la rue sur la façade de son atelier. Ses tableaux ou « peintures à bulles » - chroniques décapantes de la vie locale dans lesquelles il insère des textes - font le succès de Samba qui se qualifie de « peintre journaliste ». Signant d'abord : << Dessinateur Samba », il prend en 1979 le nom d'artiste «< Chéri » Samba, cherchant à devenir un peintre aimé et reconnu de tous. Révélé en Occident en 1989 dans l'exposition Magiciens de la terre, organisée par le Centre Pompidou, Samba élargit très vite le champ de ses questionnements à des sujets internationaux. « Je suis devenu universel » aime-t-il déclarer. Nous proposons de découvrir son œuvre autour de cinq thématiques : l'autoportrait comme usage du monde ; la femme multiple; Kinshasa, le Congo et l'Afrique ; géopolitique ; l'histoire de l'art revue et corrigée. L'exposition esquisse enfin un dialogue inédit entre Samba et Maillol autour du corps féminin et ravive, pour mieux le dépasser, le débat sur la place de l'art africain dans les musées occidentaux. Chéri Samba définit le concept de « peinture populaire » comme un art qui ambitionne de « s'adresser au peuple ». N'a-t-il pas voulu définir par là un art capable de s'adresser à toutes les populations, d'Afrique comme d'Occident ?
Jérôme Neutres et Elisabeth Whitelaw commissaires, Marco Palmieri, scénographe
Une exposition conçue et réalisée par Tempora et la Collection Jean Pigozzi

L'AUTOPORTRAIT COMME USAGE DU MONDE
Dès le début de son œuvre, dans les années 1970, l'art du portrait constitue pour Chéri Samba un défi technique qu'il ne cessera de perfectionner. Performeur et sapeur dans l'âme et dans l'imagination, il se met en scène dans ses tableaux tel un prédicateur qui interpelle son public autour de sujets familiers afin de provoquer réflexions et questionnements, le plus souvent avec humour. Une grande partie de son œuvre constitue un autoportrait permanent. Se représenter lui-même permet aussi à Samba d'esquiver toute ressemblance fâcheuse. Dans Je suis un rebelle, il dénonce la violence de certains groupes armés, mais n'est-il pas aussi un rebelle de l'art? Samba se singularise très vite en introduisant des textes dans ses tableaux en lingala, kikongo et en français, procédé qu'il nomme la << griffe sambaïenne ». Dans J'aime la couleur, chef-d'œuvre emblématique, l'artiste revendique à la fois l'importance de la couleur dans sa peinture et celle de l'homme noir. Dans Le secret d'un petit poisson devenu grand, il évoque la manière avec laquelle il a su écouter le monde pour devenir un artiste reconnu, tandis que dans Un bilan précieux, il se met en scène entouré des attributs de la réussite : femme, enfants, argent, accès au monde... Il lui arrive aussi de dialoguer avec lui-même en composant des autoportraits doubles, dispositif qui accentue le jeu de rôles au sein des situations qu'il dénonce.

JE SUIS UN REBELLE
1999

THE DRAUGHTSMAN, CHÉRI SAMBA
1981
TRADUCTION DU LINGALA
« Je sais comment créer un tableau amusant ou reproduire fidèlement en dessin le portrait de
quiconque. C'est pour montrer l'exemple, par opposition aux gens sans conscience qui s'aventurent dans ce métier. Moi, je suis autodidacte. Je ne suis l'école de personne. Mon savoir-faire est un don inné. >>

LE PEINTRE CHÉRI
 SAMBA EN 1975
1983
TRADUCTION DU LINGALA
« Le 10 octobre 1975, jour de l'ouverture de mon atelier de travail sur la grande avenue qui porte le nom du Premier Président Kasa-Vubu, au n°89 à Kinshasa/Ngiri-Ngiri. »

J'AIME LA COULEUR
Dans ce tableau devenu iconique dont il existe plusieurs versions, Chéri Samba exprime son attachement à la couleur qui prédomine dans sa peinture, et particulièrement aux couleurs vives de l'Afrique qu'il a toujours préférées. « J'aime la couleur pour ne pas dire j'aime la peinture ». Samba s'est inspiré d'une lithographie du célèbre dessinateur-graveur hollandais M.C. Escher (1898-1972) pour créer cet autoportrait en spirale, rehaussé de paillettes, qui permet à l'artiste de faire le tour de lui-même pour mieux examiner le monde.

L'EMPLOYEUR ET L'EMPLOYÉ
2013

VOICI LE TEMPLE
OU L'ÉGLISE CHÉRI SAMBA
2004
Il n'est pas question dans ce tableau d'un temple à la gloire de l'artiste. Chéri Samba dénonce la prolifération d'églises
en tout genre au Congo-Kinshasa. « Je ne suis ni religieux ni chrétien, je peins un temple pour réprouver les gens qui s'en remettent aux croyances qui n'ont ni réalité ni source. Ils pensent que fréquenter ces lieux entièrement artificiels leur donne l'opportunité d'être heureux dans le monde, alors qu'il n'en est rien. Pour moi, Chéri Samba, le véritable temple, c'est l'être humain. »

REMERCIEMENTS
À LA GRIFFE SAMBAÏENNE
2000
<< Mon travail est fait pour être vu et lu »>, affirme Chéri Samba. Pour retenir le public devant ses œuvres, Samba décide d'y introduire des textes. Ce procédé qu'il nomme « la griffe sambaïenne » lui permet d'enrichir ses messages et de provoquer des dé-bats. Sa maîtrise du dessin et de la calligraphie a également orienté ce choix formel. Maniant humour et jeux de mots, Samba remercie ici son public et recadre les critiques qui voient dans ce procédé une faiblesse de l'artiste. Sur la bassine, figurent les noms des collectionneurs qui l'ont « soutenu », et des soutiens-gorge, autre variante du soutien...

J'N'SUIS PAS MALHONNÊTE
2000

L'HOMME QUI MANGE DE LA PEINTURE
2008

G.T.M.
(GRAND TRAVAILLEUR
MAIS MENTEUR)
2005

UN BILAN PRÉCIEUX
2001

LE SECRET D'UN PETIT POISSON DEVENU GRAND
2002

CHÉRI SAMBA CORRIGE
L'HISTORIEN BOGUMIL JEWSIEWICKI
1997
L'historien Bogumil Jewsiewicki (n. 1942) a consacré de nombreux textes à la culture populaire urbaine congolaise, notamment la peinture, dont il a déchiffré le répertoire iconique. Principal biographe de Chéri Samba, il questionne - dans l'ouvrage figurant au centre du tableau - la capacité de l'artiste à réaliser des autoportraits ressemblants. Piqué au vif, Samba riposte par un tableau où il se représente deux fois, tout en rectifiant par écrit les erreurs de Jewsiewicki sur sa vie et son œuvre. Une manière de prendre le dessus sur l'historien et d'affirmer sa maîtrise sur l'interprétation de sa peinture en faisant taire la critique

LE LAVEMENT
1987
« Il ne faut rien cacher à son père ou à sa mère, même une maladie soi-disant honteuse : tout enfant, petit ou grand, reste à jamais le bébé de ses parents. En cas de force majeure, le père ou la mère finit toujours par soigner son enfant. >>

MAMA MBANGALA AU REPOS
2007
Dans la cosmogonie Kongo, Mbangala, « la femme-aux-neuf-mamelles », est l'ancêtre mythique du peuple Yombe. Elle donna naissance aux neuf ancêtres des clans Kongo qui se dispersèrent et peuplèrent le pays. Selon la tradition orale et les témoignages archéologiques, le royaume du Kongo fut fondé dans les années 1300. Situé au sud du fleuve Congo, il recouvrait la partie occidentale de l'actuelle République démocratique du Congo ainsi que le nord de l'Angola.

SIRÈNE
1978

LA FEMME MULTIPLE
La femme dans l'œuvre de Samba n'est quasiment jamais représentée seule, pour elle-même. Elle occupe néanmoins une place centrale en tant que mère, épouse, maîtresse, femme au foyer ou femme active, soulevant de multiples questions morales aux réponses parfois contradictoires, procédé récurrent chez l'artiste. Samba, << adorateur » de la mère qu'il célèbre sans équivoque, ridiculise par ailleurs l'homme non sevré au lait maternel. « Quelle solution pour les hommes ? », se demande-t-il face au surnombre de femmes dans le monde, tout en préconisant l'attachement à une femme unique. Prendre un « deuxième bureau »> - manière courante de désigner une maîtresse en Afrique francophone - est une façon d'y remédier... Par ailleurs, Samba n'hésite pas à représenter une mère recevant un lavement en position forcément scabreuse, afin d'inciter avec humour les enfants à se faire soigner. D'une manière générale, Samba ne se place pas dans un rapport intime ou amoureux avec la femme représentée, le message véhiculé dans le tableau, essentiel à l'œuvre, implique toujours une certaine distance. Comme nombre de ses contemporains, l'artiste a également beaucoup peint à ses débuts la célèbre icône d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale, « Mami Wata », représentée sous les traits d'une sirène blanche, dangereuse séductrice et objet de culte pour qui veut s'enrichir et s'emparer des attributs de la modernité.

LE FEU DE FEMMES
2010

LE BIEN ET LE MAL
Célèbre divinité aquatique et icône omniprésente en Afrique de l'Ouest et centrale, la sirène Mami Wata (Mère des Eaux), a été une figure dominante de l'art populaire congolais sous le règne de Mobutu, au point de donner lieu un temps à l'appellation
<< Art Wata »>. Arrivée sans doute sur la proue des navires portugais, médiatrice entre la modernité occidentale et le monde congolais, cette sirène promet richesse et réussite sociale aux hommes qu'elle rencontre. A ces promesses illusoires, Samba oppose la sagesse du savoir et de la pensée. « On ne peut compter que sur soi-même, son propre travail et sa propre sagesse.

L'adorateur
1992
« Je suis un adorateur de ma mère Car ma mère a beaucoup souffert pour moi. Elle m'a dorloté 9 mois durant dans son ventre et m'a ensuite mis au monde. »

QUELLE SOLUTION POUR LES HOMMES? LES FEMMES ÉTANT BEAUCOUP PLUS
NOMBREUSES SUR LA TERRE?
1992

TOUTES LES NANAS SONT PAREILLES
1996

LAIT MATERNEL
1996

LE 2ÈME BUREAU
1997

MAKI EVIMBI TE
(L'OMELETTE EST RAPLAPLA)
1989
« La faute à la bonne femme qui a oublié d'y ajouter quelques verres de farine de manioc. >>

LE MONDE CONTRADICTOIRE
1995
<< Aimez-vous les uns les autres pour que règne la paix.
Qui n'a jamais connu de conflits dans son ménage ? >>

Chéri Samba dans l'atelier de sa nouvelle résidence à Ndjili
Kinshasa, 2012




FALSIFIER UN NOM C'EST DÉNATURER SON PORTEUR
1997/1998

KINSHASA VILLE D'AMBIANCE
1994
ZAÏRE MÉMORIAL
1992

POLITESSE IMPOLITESSE
1983/1984
TRADUCTION DU LINGALA
EN HAUT À GAUCHE : Chéri Samba: «Bref, je me retourne tout de même par respect. »> FEMMES À DROITE: «Ça alors ! Qui aurait cru que Chéri Samba soit aussi respectueux ? Si seulement tous les hommes se comportaient comme lui! La plupart se serait rincé l'œil ! »

L'AGRICULTEUR SANS CERVEAU
1990

KINSHASA, LE CONGO ET L'AFRIQUE
Kinshasa, creuset de la culture populaire et urbaine au Congo, a inspiré à Chéri Samba de nombreuses chroniques du quotidien, cocasses, drôles et parfois crues, qui ont fait le succès de l'artiste à ses débuts, cherchant avant tout à déclencher le rire. Samba célèbre également la ville d'ambiance et sa vie nocturne trépidante dans une scène de bar joyeuse et bon enfant. Lorsqu'il aborde des thématiques plus vastes, liées au Congo et à l'Afrique, le ton de ses messages change. Il dénonce l'incompétence des politiques et les fléaux qui minent le développement de son pays et du continent tout en cherchant à responsabiliser la population. L'artiste engagé veut éveiller les consciences sur des points clés du récit politique, social et économique : le nom et la géographie malmenés du Congo et les conséquences sur le destin du pays; l'agriculteur floué, pris au piège d'un contrat qu'il n'a pas compris ; les Africains qui sollicitent leur part sur les revenus de leurs proches ayant réussi dans la vie, au lieu de compter sur leurs propres forces. Sans oublier la lutte contre le VIH et le virus Ebola. Samba évoque également les milliers d'enfants soldats enrôlés par le président Kabila, nommés les << kadogos », auxquels il rend un hommage lumineux.

ULTIMATUM
1999
Acrylique sur toile Acrylics on canvas
Ce tableau a été commencé par le peintre populaire Cheik Ledy (1962-1997) - jeune frère et assistant de Chéri Samba, mort prématurément du Sida. Cheik Ledy, représenté en haut à droite, a traité de façon plus directe que Samba la contestation du pouvoir autoritaire exercé par le maréchal Mobutu pendant 33 ans. Réalisé en 1997, peu de temps avant la chute de Mobutu, le tableau a été achevé par Samba qui précise : « Je voulais que ce tableau soit vu. C'est pour cela que je l'ai signé. (...) Tout le monde voulait le change-ment au pays qui tardait à venir

POURQUOI BIEN D'AFRICAINS NE PROGRESSENT-ILS PAS ?
1994

PEUPLE DU CALVAIRE
1994

LES VIRUS JUMEAUX
2014

LITTLE KADOGO
- I AM FOR PEACE, THAT IS WHY I LIKE WEAPONS
Les kadogos ou « enfants-soldats >> (du mot « petit » en swahili) ont été enrôlés par milliers par Laurent-Désiré Kabila au cours de sa longue marche depuis la province du Nord-Kivu à l'est du pays, qui aboutira au renversement du régime de Mobutu. En mai 1997, les kadogos entrent en libérateurs à Kinshasa, acclamés par la foule. Samba s'est inspiré de son fils pour ce portrait d'enfant-soldat qui lève les bras en signe de paix, tandis qu'une main d'adulte tient l'arme à sa place. « Je suis pour la paix, c'est pourquoi j'aime les armes » : inscrit en anglais pour une plus large diffusion, le sous-titre souligne l'ambiguïté de la question de l'armement

GÉOPOLITIQUE
Chéri Samba, « artiste universel » que l'actualité interpelle et inspire sans relâche, élargit progressivement le champ de ses dénonciations et de ses questionnements à des thématiques mondiales, tandis que son œuvre est de plus en plus exposée à l'étranger : les responsabilités en jeu dans la traite négrière, l'arbitraire et le déchirement des frontières, l'action néfaste de l'homme sur le climat et l'environnement, les agressions et les conflits armés. Dans Le Monde vomissant, plusieurs pays recrachent l'arsenal et les mensonges de l'Amérique à propos des armes de destruction massive lors de l'invasion de l'Irak. Les attentats du 11 septembre inspirent à Samba un impressionnant tableau crépusculaire, tandis que l'artiste africain célèbre par ailleurs l'élection du président Barack Obama aux États-Unis. Samba évoque aussi le pouvoir de domination des langues dans le monde, porté par trois visages de profil : l'Afrique au premier plan, puis l'Occident, ont perdu les leurs au profit de la Chine qui tient le globe terrestre au bout de sa langue. L'artiste transmet également des leçons de sagesse dans une composition méditative et allégorique, dont le message est : « Réfléchir avant d'agir >>.

APRÈS LE 11 SEP 2001
2002

À QUI LA TRAITE NÉGRIÈRE A-T-ELLE RÉELLEMENT PROFITÉ?
2001

LES TOURS DE BABEL DANS LE MONDE
1998

LE MONDE VOMISSANT
L'artiste illustre ici les mensonges des États-Unis sur la prétendue présence d'armes de destruction massive en Irak, ayant motivée la seconde guerre du Golfe menée par le président George Bush en 2003. Le monde furieux recrache les armes des Etats-Unis sur la carte nord-américaine. Samba liste par ailleurs une grande partie des pays de la coalition impliquée dans l'opération

LE MONDE AVANT LES
CONTINENTS
2011

BARACK OBAMA PRÉSIDENT CHARNIÈRE
2009

LUTTE CONTRE L'INSALUBRITÉ
1998

Détail du tableau précédent 

RÉFLÉCHIR AVANT D'AGIR
1990

COLLÈGE DE LA SAGESSE
TRADUCTION DU KIKONGO
2004
« L'école de la sagesse marque le comportement, les traditions et la langue maternelle...
Mais toi, quelle langue parles-tu à l'étranger ? »

MERCI, MERCI.
JE SUIS DANS LA ZONE VERTE
2020
Ce tableau a été réalisé en 2020, alors que Chéri Samba séjournait dans la région parisienne pendant le premier confinement lié à la pandémie de Covid.

UNE PEINTURE À DÉFENDRE
1993

HISTOIRE DE L'ART REVUE ET CORRIGÉE
Dans les années 1990, Chéri Samba est parmi les premiers artistes africains contemporains reconnus en Occident. Avec humour et conviction, il aborde les problématiques auxquelles est confronté le monde muséal au sujet de la place de l'art africain et de ses enjeux. Dans Enfin !... Après tant d'années, il célèbre l'entrée tardive des œuvres africaines contemporaines dans les musées. Tandis que dans Hommage aux anciens créateurs, Samba défend les artistes traditionnels, peu visibles en Afrique en raison du faible nombre de musées, mais très présents dans les collections occidentales. L'artiste souligne également le rôle central des collectionneurs privés dans sa carrière : dans le tableau Déjà, il apparaît aux côtés de Jean Pigozzi grâce à qui il a exposé dans de nombreux pays et a pu même faire son entrée dans le dictionnaire Hachette... Dans le célèbre triptyque Quel avenir pour notre art ?, Samba représente Picasso en homme noir, sachant que ce dernier s'est inspiré de l'art africain dans sa période cubiste. Picasso serait-il un artiste africain comme les autres ? À travers la voix de Chéri Samba, l'artiste africain revendique en tout cas une reconnaissance comparable à celle dont bénéficient les grands noms de l'art occidental.

LE COPISTE
1990
Dans les années 1970/1980, les peintres populaires déclinent les mêmes sujets dans leurs tableaux, à la demande des clients ou pour suivre les thèmes vendeurs. Mais il ne s'agissait pas de copies au sens strict. Ces tableaux bon marché n'avaient pas le statut d'œuvre d'art unique. Accrochés dans les salons des Congolais aisés ou des expatriés, ils devenaient souvent des sujets de conversation et déclenchaient des débats autour de la scène représentée. Si l'entrée de la peinture populaire sur le marché de l'art a freiné cette tendance, Samba dénonce ici les « véritables >> copieurs qui ont reproduit ses tableaux à son insu.

CHERI SAMBA ET MOKE
1984
Chéri Samba rend ici hommage à son aîné le peintre Moke (1950-2001), une des principales figures du mouvement des peintres populaires, connu pour ses représentations exubérantes et joyeuses de la vie urbaine à Kinshasa. Samba cite par ailleurs Célestin Badibanga, le père de la critique d'art au Congo et grand défenseur de ce mouvement.
Il organisa en 1978 la première exposition de peinture populaire à l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, en collaboration avec Jean-Pierre Jacquemin. Au centre du tableau, le pot de peinture et le crayon évoquent le << peintre-dessinateur » Chéri Samba, tel qu'il se définissait à ses débuts.

ENFIN!... APRÈS TANT D'ANNÉES
2002
<< L'objectif est atteint. MOKE est satisfait. >>

LA FEMME NOIRE PEINTRE
1999

DÉJÀ
2007
L'artiste célèbre ici son entrée dans le dictionnaire Hachette et l'encyclopédie Larousse, en rendant hommage à Jean Pigozzi. Samba l'imagine annonçant la nouvelle au téléphone à André Magnin, directeur artistique de sa collection jusqu'en 2009. Jean Pigozzi a  largement contribué à faire reconnaître le travail de Samba et l'art africain contemporain sur la scène internationale. Chéri Samba savoure sa célébrité et son entrée dans l'histoire de l'art. Les deux figures et les livres sont fixés sur un ciel bleu, le titre « DÉJÀ » se répétant à l'infini tel un écho. « Pigozzi et moi-même sommes au firmament », déclare Samba avec humour.

QUEL AVENIR POUR NOTRE ART? 1
1997
Dans ce triptyque « manifeste », Chéri Samba s'interroge sur la faible représentation des artistes africains vivants dans les musées occidentaux. Sur un mode provocateur, il se demande si cette indifférence ne relèverait pas d'une forme de racisme. Samba se met en scène aux côtés de l'artiste le plus célébré au monde, Picasso, fasciné par l'art africain traditionnel, et un des premiers à y déceler une dimension universelle. C'est cette même dimension que revendique Chéri Samba en se représentant au centre du triptyque avec l'artiste. Les deux hommes avancent côte à côte, tableau sous le bras, tels deux compagnons de route aux destins comparables, bien décidés à entrer au musée d'art moderne

QUEL AVENIR POUR NOTRE ART? 2

QUEL AVENIR POUR NOTRE ART?
1997 3

LE MARCHÉ DE L'ART
2006

HOMMAGE AUX ANCIENS CRÉATEURS
1999

DANS LA CHAMBRE
1998
Chéri Samba ne s'intéresse pas en soi à la peinture de nus, qui pour lui ne véhicule pas de messages, éléments constitutifs de son œuvre. Les femmes dénudées font ainsi toujours partie d'une mise en scène au service d'un événement ou d'une idée. L'artiste s'est inspiré pour ce tableau d'une sculpture hyperréaliste découverte dans un mu-sée et qui l'avait stupéfait, tant le ma-tériau utilisé donnait un aspect vivant au corps de la femme. Samba cherche ici à reproduire cette prouesse en tant qu'artiste, tout en endossant le per-sonnage d'un peintre décorateur qui découvrirait, troublé, une femme nue endormie dans la chambre qu'il doit peindre... Comme souvent, les lectures s'enchevêtrent, Chéri Samba maniant l'ambiguïté avec malice dans cette peinture de nu, parmi les plus abouties de son œuvre.

Ce tableau de Chéri Samba au milieu des nus de Maillol

Et enfin ce bel 
Hommage à Gauguin
Le Grand Nu jaune 
1943
Huile sur toile
ARISTIDE MAILLOL
(1861-1944)




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