samedi 16 décembre 2023

Peter Doig au musée d'Orsay en décembre 2023



Une découverte en passant renouveler ma  carte blanche :

Peter Doig
Reflets du siècle
Figure de proue du renouveau de la peinture figurative, Peter Doig (né à Edimbourg en 1959) a livré au xxiº siècle quelques-unes de ses nouvelles icônes. Ses figures solitaires, ses paysages éthérés, ses scènes nocturnes nimbées de lumières irréelles reflètent des questions de la modernité en suspens depuis un siècle, tout en suggérant un nouveau langage visuel adapté à la singularité de l'existence contemporaine.
Pour cette exposition, le musée d'Orsay et Peter Doig ont rassemblé, dans l'une des salles à coupole emblématiques du musée, une sélection de grandes toiles réalisées au cours des vingt dernières années que l'artiste a passées sur l'île de Trinidad dans les Caraïbes. Chacune
de ces toiles puise aux traditions de la peinture pour inventer de nouvelles compositions aussi étranges qu'apparemment invraisemblables.
Dans un espace adjacent, Peter Doig a accepté l'invitation du musée à concevoir un accrochage à partir de l'ensemble des œuvres de la collection pour en livrer sa vision concentrée. Faisant fi des normes de lectures chronologiques et des catégorisations habituelles, cette sélection, que seul un artiste de son envergure pouvait imaginer transforme le regard du spectateur sur les collections pour revenir à l'essence-même de notre rapport émotionnel aux œuvres.


Un aspect fondamental de la pratique artistique de Peter Doig est la manière dont il contemple l'histoire de la peinture et les relations intimes qu'il a nouées avec les maîtres qui l'ont précédé: les peintres romantiques, les postimpressionnistes et les tenants de la tradition coloriste.
Tout comme ses prédécesseurs du xixe et du début du xxe siècles, Peter Doig puise son inspiration dans sa vie quotidienne. Ses sujets proviennent de son environnement immédiat: la vue depuis la fenêtre de son atelier, un passant, des scènes aperçues lors de son trajet quotidien vers Port-d'Espagne (Trinité-et-Tobago), sa femme ou ses enfants. Peter Doig reconstruit ces lieux et ces moments à partir de sa mémoire et des clichés pris sur le vif avec son téléphone portable. Par cette démarche personnelle, l'artiste s'interroge sur la façon dont ses rencontres se prolongent en lui-même. À travers cette quête mélancolique, il se demande comment le passage du temps transforme un événement, une situation ou un moment, en un sujet.

Peter Doig
Né à Édimbourg en 1959
Bather (Night Wave)
2019
Huile sur toile

Bather
2023
Huile sur toile

Spearfishing
2013
Huile sur toile

Night Bathers
2019
Huile sur toile

Night Studio
(Studio Film and Racquet Club)
2015
Huile sur toile

Untitled (Ping Pong)
2006-2008
Huile sur toile

100 Years Ago
2000
Huile sur toile

Two Trees
2017
Huile sur toile

Music Shop
2023
Huile sur toile

Paragon
2006
Huile sur toile

Non identifié

A  l'invitation du musée d'Orsay, le peintre Peter Doig présente son regard sur les collections. C'est avec une profonde humilité et beaucoup de méthode que l'artiste a opéré sa sélection tant sa passion pour l'histoire de la peinture et l'héritage du modernisme est fondamentale dans sa pratique artistique.
Peter Doig s'intéresse à la manière dont les évènements de la vie réelle imposent leur marque sur le temps et dépassent leur état matériel. En cela, il perpétue une tradition développée au xixe siècle, dans laquelle les artistes délaissaient un principe de représentation fidèle au profit d'une interprétation sensible de la réalité.
En établissant cette sélection, la nature est rapidement apparue à Peter Doig comme un point central: elle a toujours été un sujet emblématique pour les artistes. L'artiste a agencé ici des œuvres dans lesquelles il discerne une tension entre l'ordinaire et l'inconnu du monde. Il perçoit que cette tension alimente certains des instincts premiers de l'humanité, tels que la peur, l'amour et la violence. Chacun d'entre eux pousse l'homme à laisser son empreinte sur le monde, une réaction souvent amère au rappel que la nature nous dépasse. L'humanité riposte à sa manière pour forcer la nature à tenir compte de sa présence. Pour Peter Doig, cette dure réalité est à la fois douloureuse et belle.

Paul Cézanne
Aix-en-Provence 1839- Aix-en-Provence 1906
Le Christ aux limbes
Vers 1867
Fresque transposée sur toile, copie d'après Sebastiano del Piombo
«Je suis fasciné par cette période dans l'œuvre de Cézanne parce qu'il jette un regard en arrière tout en progressant à une vitesse vertigineuse. Au passé, il emprunte des sujets et s'inspire d'artistes qu'il admire; vers l'avenir, il se tourne à mesure que sa technique se perfectionne, à un rythme si rapide qu'il semble en perdre la mesure - et le résultat en est formidable. Dans ce tableau fascinant, il saisit ce qui est nécessaire et esquisse ce qui doit être implicite. Le tableau est si vivant qu'il envahit presque la pièce qu'il occupe.

Jean-Léon Gérôme
Vesoul 1824 - Paris 1904
Jeunes Grecs faisant battre des coqs
1846
Salon de 1847
Huile sur toile
« Le tableau de Gérôme dégage une impression de cinéma d'anticipation, et m'évoque l'atmosphère de la photographie de mode, en particulier dans la représentation des jeunes gens presque nus. Ce qui m'a captivé, c'est le contraste frappant entre l'image figée des coqs - leurs becs, leurs griffes, leurs yeux perçants et leurs plumes - et la peau radieuse des beaux protagonistes. Ils les regardent d'un air amusé, quelques instants avant l'inévitable éruption de violence et l'effusion de sang. >>

Henri Rousseau
Laval 1844- Paris 1910
La Guerre
Vers 1894
Huile sur toile
« Rousseau était un artiste en avance sur son temps, utilisant des techniques d'une remarquable modernité. Son processus créatif repose sur le collage et les albums de découpages contenant diverses illustrations, gravures et photographies, alimentent
son imagination. Dans son tableau La Guerre, il présente une scène austère décrivant le chaos, la mort et la dévastation. Un enfant guerrier aux traits expressionnistes est perché au sommet d'une créature difforme, ressem-blant presque un cheval d'un autre monde, créant ainsi une image troublante. Cette œuvre a marqué ma propre peinture, Two Trees, m'incitant à réfléchir à la manière dont certains paysages peuvent être le reflet de la capacité des Hommes à se montrer cruels les uns envers les autres. La puissante déclaration anti-guerre de Rousseau, présentée presque comme une affiche, reste pertinente et obsédante aujourd'hui, nous faisant réfléchir à l'impact durable des conflits

Gustave Courbet
Om 1819-La Tour de Pelz, Suisse 1877
Chasseurs dans la neige Hunters in the snow
Vers 1864
« J'aime la quiétude qui émane de ce paysage sous la neige de Courbet. Il capture la sen-sation tangible du froid et les sons distincts qui y sont associés. Malgré leur statut de chasseurs, leur langage corporel rappelle celui des skieurs, donnant une touche contemporaine à la scène. Les vêtements d'époque que choisit de peindre Courbet ajoutent à l'authenticité de la scène. J'aime la façon dont cette scène ordinaire s'anime, sans être trop bruyante. Le tableau de Gauguin, réalisé 34 ans après celui de Courbet, exprime une forme person-nelle de poésie. Il est possible que Gauguin se soit laissé envoûter par le paysage tropical et qu'il ait peint sa scène comme s'il était perdu dans une rêverie. Je suis fasciné par la possibi-lité d'exposer ces deux œuvres côte à côte dans l'idée d'explorer leurs affinités plutôt que leurs distinctions >>

Edgar Degas, auteur
Paris 1834-Paris 1917
Ensemble de sculptures
de danseuses
et de femmes nues
Entre 1921 et 1931
Statuettes en bronze patiné
«J'ai voulu présenter ces sculptures de Degas de la même manière qu'elles me sont apparues lorsque je les ai vues pour la première fois dans les réserves du musée. Elles sont comme des esquisses sur une page, un ensemble d'idées qui ont pris forme grâce aux yeux, à l'esprit et aux mains de l'artiste. Ces silhouettes, façonnées à l'origine dans la cire, n'ont jamais été destinées à être exposées, ni achevées comme des œuvres. Elles ont été créées pour servir de support aux peintures de l'artiste. Transformées en bronze après la mort de l'artiste, elles gardent une telle spontanéité et une telle énergie vitale qu'elles pourraient se trouver encore dans l'atelier de Degas.

Camille Pissarro
Charlotte Amalie, lles Vierges américaines 1830 - Paris 1903
Portrait de l'artiste Portrait of the artist
1873
Huile sur toile

Édouard Vuillard
Cuiseaux 1868- La Baule 1940
Félix Vallotton
Vers 1900
Huile sur carton, contrecollé sur panneau parqueté

Édouard Manet
Paris 1832- Paris 1883
Berthe Morisot à l'éventail
Berthe Morisot with a fan
1872
Huile sur toile

Georges Seurat
Paris 1859-Paris 1891
Le Petit Paysan en bleu The little peasant in blue
Vers 1882
Huile sur toile

Auguste Renoir
Limoges 1841 - Cagnes-sur-Mer 1919
Jeune femme à la voilette Young woman with veil
Vers 1875
Huile sur toile

«Les correspondances entre ces peintures m'intéressent tout autant que leurs différences. Elles rendent toutes compte d'une utilisation très singulière de la peinture - abondante et fluide, douce et vaporeuse, étudiée et directe, voilée et mystérieuse, plâtrée et rayée. Chaque peinture nous plonge dans sa propre matérialité, et dans les mystères du sujet peint. Finalement nous n'apprenons pas grand-chose à propos d'eux, et c'est peut-être là que réside l'intérêt de ces portraits: ils sont tout simplement fascinants, et les différences dans leurs processus de création ne compromettent en rien le dialogue qui s'engage entre eux. Chaque portrait présente des jeux de dissimulation, à l'exception de celui de Pissarro, dont le regard perspicace assure la cohésion de l'ensemble. >>

















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