samedi 14 octobre 2023

Van Gogh à Auvers sur Oise au MO en octobre 2023


Bon, ce n'est pas une exposition très originale mais beaucoup de tableaux venus de l'étranger et puis surtout un festival de couleurs !

LES DERNIERS MOIS
Le 17 mai 1890, Van Gogh arrive à Paris, après un séjour d'un an dans un hospice pour aliénés à Saint-Rémy-de-Provence, où il s'est fait interner volontairement après plusieurs crises de démence.
Il s'installe dès le 20 mai à Auvers-sur-Oise, un village situé à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, où habite un médecin spécialiste de la mélancolie, le Dr Paul Gachet.
Pendant 70 jours, entre confiance et angoisse, il peint et dessine frénétiquement 74 tableaux et de nombreux dessins. Il produit aussi sa première gravure.
Le 27 juillet, en pleins champs, il se tire une balle de revolver et meurt le 29, dans sa chambre de l'auberge Ravoux.
Cette exposition est la toute première consacrée en propre à cette période des derniers mois de l'artiste.

Autoportrait
SEPTEMBRE 1889
Cette toile, exécutée à Saint-Rémy, est l'avant-dernier de ses 35 autoportraits peints. Van Gogh emporte le tableau à Auvers avec quelques oeuvres qu'il montre au Dr Gachet. Le portrait fait forte impression: « M. Gachet est absolument fanatique pour ce portrait et veut que j'en fasse un de lui si je peux, absolument comme cela, ce que je désire faire aussi ». La dominante bleue lui confère une tonalite mélancolique, qu'accentuent les motifs tourbillonnants du fond
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, don de Paul et Marguerite Gachet, 1949

LA VIE DE VAN GOGH
30 MARS 1853
Naissance de Vincent van Gogh à ZUNDERT (Pays-Bas), dans une famille bourgeoise. Son père, Theodorus van Gogh, est pasteur.
1869-1876
Employé chez Goupil & Cie, maison de commerce d'art, à LA HAYE, LONDRES puis PARIS.
1878-1880
Après des études abandonnées de théologie, il devient prédicateur laïc dans le BORINAGE, en Belgique, auprès d'une population de mineurs de charbon.
1880-1886
Il décide de devenir artiste, prend des cours de peinture mais se forme surtout en autodidacte, à LA HAYE, dans la DRENTHE, et à NUENEN. Son frère Theo subvient à ses besoins.
FÉVRIER 1886 - FÉVRIER 1888. Il s'installe chez Theo à PARIS, côtoie Émile Bernard, Gauguin, Toulouse-Lautrec ou Signac, et expose ses
œuvres.
FÉVRIER 1888 - MAI 1889
Installation à ARLES. Le 23 octobre, Gauguin le rejoint et travaille avec lui. Le 23 décembre, après une dispute, Van Gogh se tranche l'oreille gauche. Premières crises de démence et internement.
MAI 1889- MAI 1890.
Internement à l'asile Saint Paul-de-Mausole, près de SAINT-RÉMY-DE-PROVENCE.
20 MAI-29 JUILLET 1890.
Installation à AUVERS-SUR-OISE, à l'auberge Ravoux. Mort d'un coup de revolver dans la poitrine, tiré le 27 juillet.

Pietà (d'après Delacroix)
SEPTEMBRE 1889
À Saint-Rémy, Van Gogh peint d'après des gravures d'oeuvres d'artistes qu'il admire, comme Millet ou Delacroix. Ce sont pour lui des exercices d'interprétation, au sens musical du terme. qui lui permettent d'exprimer son sens de la couleur. À Auvers, il placera ce tableau dans sa chambre, en pendant à une copie de L'homme est en mer daprès Virginie Demont-Breton. Le Dr Gachet lui en demandera vainement une copie.
Huile sur toile
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)

Vincent van Gogh, L'homme est en mer, d'après Virginie Demant-Breton, 1889 Collection particulière, Larry Ellison

Les Vaches (d'après Jordaens)
1890
Ce tableau est un exercice d'interprétation d'après une gravure, comme Van Gogh aime en faire depuis son internement à Saint-Rémy. La composition reprend une gravure de 1873 par Gachet d'après une peinture de Jacob Jordaens (1593-1678). Van Gogh l'offre à son hôte. Il l'exécute rapidement, conserve les maladresses de dessin de son modèle, et lui donne des couleurs audacieuses, animées par une touche enlevée. Il y ajoute le motif du corbeau et des fleurs.
Huile sur toile
Lille, palais des Beaux-Arts, dépôt du musée d'Orsay, don de Paul Gachet

Le Docteur Paul Gachet
6-7 JUIN 1890
Ce tableau est la répétition d'un premier portrait, dans lequel deux romans des frères Goncourt sont posés sur la table. Dans chaque version, on reconnait un brin de digitale pourpre, une plante médicinale employée par Gachet. Le docteur adopte la posture associée à la mélancolie, maladie dont il est un spécialiste. Vincent le voit comme une sorte de double: « son expérience de docteur doit le tenir lui-même en équilibre en combattant le mal nerveux duquel certes il me paraît attaqué au moins aussi gravement que moi.
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, don de Paul et Marguerite Gachet, 1949

Paul Gachet
Le Dr Paul Gachet, un médecin collectionneur et peintre amateur
Paul Gachet (1828-1909) consacre en 1858 sa thèse de médecine à la mélancolie. En 1872, il achète une maison à Auvers-sur-Oise où il reçoit Cezanne, Guillaumin et Pissarro. Esprit anticonformiste, adepte de l'homéopathie, Gachet accueille Van Gogh en ami autant qu'en patient. Le peintre déjeune chez lui d'abord tous les dimanches. Il peint son portrait, des bouquets, des vues du jardin et, finalement, sa fille Marguerite. En remerciements de ses soins, il lui offre des toiles.
Peintre amateur et graveur sous le pseudonyme de Paul van Ryssel, Gachet fournit à Van Gogh l'occasion de graver et d'imprimer chez lui sa première et unique eau-forte. À la mort de Vincent, Theo lui offre de nombreuses toiles en remerciement du soutien prodigué à son frère.
Entre 1949 et 1954, ses enfants Paul et Marguerite Gachet donnent au Louvre 9 tableaux, des dessins, la plaque de la gravure, la palette ayant servi au portrait de Marguerite, et des objets peints par l'artiste.

Portrait du Dr Gachet (L'Homme à la pipe)
VERS LE 10 JUIN 1890
Eau-forte
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie

Paul van Ryssel (Paul Gachet)
Chemin creux à Auvers
 (La maison du Pendu)
1873
Eau-forte
Paris, Bibliothèque nationale de France,
 département des Estampes et de la photographie

Paul van Ryssel (Paul Gachet)
La Maison en ruines (Auvers-sur-Oise) 1er état et 2ème état
1894
Eaux-fortes
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie

Paul van Ryssel (Paul Gachet) Monticelli pictor. 1824-1888
1892
Eau-forte
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie

Paul van Ryssel (Paul Gachet)
Mme Gachet au piano 1er état aquarellé
1873
Eau-forte, aquarelle
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie
Mme Gachet au piano 1er état aquarellé
1873
Eau-forte, aquarelle
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie


" AUVERS EST GRAVEMENT BEAU..."
À son arrivée, Van Gogh se déclare charmé par le village et son environnement: « il y a beaucoup de bien-être dans l'air. » Comme le lui a recommandé le Dr Gachet, il se « jette dans le travail », pour se « distraire », oublier son mal et la menace d'une récidive.
Installé à l'auberge Ravoux, en face de la mairie, au centre du village, il va peindre dans un rayon limité et s'attache à toutes sortes de sujets, interprétant librement la réalité des lieux.
Il adopte une vie strictement réglée, se lève et se couche tôt, il peint à l'extérieur le matin et retouche ses tableaux l'après-midi, dans une salle mise à la disposition des peintres par Ravoux. Mais il évite la fréquentation des artistes de passage, semblant rechercher la solitude et fuir ce qui pourrait le détourner de la peinture

Bords de l'Oise à Auvers-sur-Oise
SECONDE MOITIÉ DE JUIN 1890
Van Gogh s'intéresse peu aux aspects pittoresques des bords de l'Oise. Ce sujet de loisirs, pêche et nautisme, typiquement impressionniste, détonne, l'artiste semble guidé par le souhait d'en faire un tableau plus facile à vendre. Curieusement, il ne mentionne pas dans sa correspondance cette composition à plusieurs figures. Elle retient surtout l'attention par le spectaculaire traitement des feuillages, en hachures affirmées, très graphiques et colorées, contrastant avec celles de l'eau
Huile sur toile
Détroit, Detroit Institute of Arts, legs de Robert H. Tannahill

L'Oise à Auvers-sur-Oise
JUIN 1890
Mine de plomb, plume et encre, aquarelle et huile sur papier vergé Londres, Tate, legs de C. Frank Stoop, 1933

Impasse avec maisons
1890
Parmi les oeuvres réalisées à Auvers, ce dessin très achevé est le seul à correspondre à la composition d'un tableau. Il n'est pourtant pas certain qu'il précède la toile. Leur différence se manifeste surtout par le traitement du ciel, auquel Van Gogh donne dans la toile la tonalité dramatique d'un orage.
Mine de plomb, plume et encre sur papier
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)


La Maison du père Pilon
25 26 MAI 1890
Huile sur toile
 Collection particulière

Paysage avec maisons
1890
Cette grande feuille mêle huile et aquarelle de plusieurs teintes. Ce mélange est rare au sein de l'œuvre de Van Gogh, mais il montre combien la frontière entre peinture et dessin peut être ténue dans son esprit. Il s'y livre à un éblouissant jeu graphique d'opposition de traits droits et de volutes. La dominante bleue manifeste son attirance pour cette couleur à Auvers.
Mine de plomb, huile et aquarelle sur papier vergé Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)

Rue de village
1890
Mine de plomb sur papier vergé Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)


Ferme
FIN MAI MI-JUIN 1890
Ce tableau appartient aux « études » faites par l'artiste à Auvers. Il lui servira de préparation à un tableau plus grand au format double carré (présenté dans la dernière salle de l'exposition). L'artiste était soucieux de distinguer ces toiles préparatoires de ses œuvres possiblement montrables au public, les << tableaux >> proprement dits..
Huile sur toile
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)

Un escalier à Auvers-sur-Oise
FIN MAI MI-JUIN 1890
Huile sur toile
Saint-Louis, Saint Louis Art Museum, acquis en 1935

L'Église d'Auvers-sur-Oise
4-5 JUIN 1890
Van Gogh décrit le tableau dans une lettre du 5 juin: « j'ai un plus grand tableau de l'église du village — un effet où le bâtiment parait violacé contre un ciel d'un bleu profond & simple de cobalt pur, les fenêtres à vitraux paraissent comme des tâches bleu d'outremer, le toit est violet et en partie orangé. Sur l'avant plan un peu de verdure fleurie et du sable ensoleillé rose. C'est encore presque la même chose que les études que je fis à Nuenen de la vieille tour et du cimetière. Seulement à présent la couleur est probablement plus expressive, plus somptueuse. »
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, acquise avec le concours de Paul Gachet et la participation d'une donation anonyme canadienne, 1951

Maisons à Auvers-sur-Oise
9 - 10 JUIN 1890
Van Gogh apprécie à Auvers le mélange de maisons traditionnelles en chaume- qui lui rappellent le « Nord »- et de maisons bourgeoises modernes. Il en souligne ici l'harmonieuse cohabitation: << je trouve presqu'aussi joli les villas modernes et les maisons de campagne bourgeoises que les vieux chaumes qui tombent en ruines. »
Huile sur toile
Toledo (Ohio), Toledo Museum of Art, acquis avec les fonds de la dotation Libbey, don d'Edward Drummond

Fermes à Auvers-sur-Oise
FIN MAI - DÉBUT JUIN 1890
Cette vue du village est longtemps passée pour inachevée, à cause du ciel traité en larges touches bleues, posées sur le blanc de l'apprêt de la toile, figurant les nuages. Mais, ce traitement « inversé >> du ciel est l'une des expérimentations les plus spectaculaires de l'artiste à Auvers. Acquis en 1903, ce tableau est la première toile de Van Gogh entrée dans une collection publique.
Huile sur toile
Helsinki, Finnish National Gallery, Ateneum Art Museum, Antell Collections

Chaumes de Cordeville à Auvers-sur-Oise
FIN MAI - DÉBUT JUIN 1890
Le 10 juin, Van Gogh mentionne « deux études de maisons dans la verdure », un terme qui décrit bien la dominante verte de celle-ci. Le tracé sinueux de toutes les lignes enflamme la composition dans une vision très nerveuse de ce paysage pourtant paisible. Le cadre original, récemment redécouvert, est exposé dans la salle de médiation. Il a été reproduit pour encadrer cette œuvre. Sa couleur vert pâle accompagne la tonalité d'ensemble.
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, don de Paul Gachet, 1954

Maisons à Auvers-sur-Oise
9 - 10 JUIN 1890
Huile sur toile
Boston, Museum of Fine Arts, legs de John T. Spaulding

Marronniers en fleur
FIN MAI 1890
Huile sur toile
Otterlo, Kröller-Müller Museum

Dans le jardin du Dr Gachet
27 MAI 1890
La toile appartient aux premières peintures d'Auvers. Exécutée dans le jardin du Dr Gachet, elle conserve un écho de certains paysages du sud: cyprès élancés et torturés, vue plongeante semblable à celle qu'offrait sa chambre à Saint-Rémy. L'artiste y voit des « plantes du midi ». Il confère à ce modeste coin de jardin la dimension d'un espace complexe et vivement animé.
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, don de Paul Gachet, 1954

Mademoiselle Gachet dans son jardin
31 MAI - I JUIN 1890
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, don de Paul Gachet, 1954

Jardin à Auvers-sur-Oise
18 - 20 JUIN 1890
Le tableau représente une vue du jardin du peintre Daubigny, auquel Van Gogh a consacré quatre toiles. Dans cet espace clos, sans horizon, il varie sa touche de façon spectaculaire, associant des traces de brosse en forme de points, de bâtonnets détachés ou serrés, alignés ou tournoyants, selon les massifs, qu'il représente délimités par des contours appuyés, dans une vision que lui inspire l'art japonais.
Huile sur toile
Collection particulière (classé Monument historique)

Vue d'Auvers-sur-Oise
FIN MAI MI-JUIN 1890
-
Huile sur toile
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)


Champ près d'Auvers-sur-Oise
FIN MAI MI-JUIN 1890
À Auvers, Van Gogh exécute des études rapidement brossées, dans un format proche du carré pourtant peu propice au paysage. Elles sont parfois presque monochromes, avec de grands premiers plans sans veritable motif et une touche toujours très marquée. Elles témoignent de sa soif d'explorer de nouvelles propositions expressives.
Huile sur toile
Ville de Genève, musée d'Art et d'Histoire (MAH), ancien dépôt de la fondation Garengo, 1990

LE PORTRAIT MODERNE
Peindre les gens est « la seule chose en peinture qui m'émeut le plus profondément et me fait ressentir l'infini, plus que toute autre chose ».
L'ambition de Van Gogh est d'atteindre chez ses modèles « cet éternel indéfinissable, dont le nimbe était le symbole et que nous essayons d'atteindre par l'éclat lui-même, par la vibration de nos couleurs ». Exalter leur caractère par la couleur, donner à ses toiles l'expressivité des passions qui les habitent, voilà ce qui constitue « le portrait moderne »>.
Mais à Auvers comme auparavant, il peine à trouver des modèles, sinon dans son entourage immédiat: Gachet, sa fille Marguerite, la fille de son aubergiste, Adeline Ravoux, des enfants, deux jeunes femmes non identifiées.
Il déploie dans ces portraits des expérimentations plastiques parfois étonnantes, par le format carré, les fonds tramés, des jeux de couleur ton sur ton, un dessin simplifié à l'extrême.

Deux fillettes
JUIN - DÉBUT JUILLET 1890
Ce double portrait de fillettes non identifiées existe en deux versions, comme le Jardin de Daubigny ou Le Docteur Paul Gachet. Le tableau s'est décoloré par la disparition du carmin laqué présent dans les chairs, une partie des robes et les toits des maisons à l'arrière-plan. Cette toile témoigne de l'intérêt du peintre pour le portrait d'enfant, ravivé par la naissance de son neveu Vincent le 31 janvier.
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, don de Paul Gachet, 1954

Portrait de jeune femme
24 - 29 JUIN 1890
Huile sur toile
Otterlo, Kröller-Müller Museum

Adeline Ravoux
24 29 JUIN 1890
Les trois portraits que Van Gogh a peint d'Adeline Ravoux ont en commun une dominante bleue prononcée. Celui-ci est d'un format carré, malaisé pour un portrait; le peintre a dû ajouter un motif de roses pour nourrir la composition.
Huile sur toile
Cleveland, The Cleveland Museum of Art, legs de Leonard C. Hanna Jr., 1958

Adeline Ravoux
22 JUIN 1890
Van Gogh a peint à trois reprises la fille de son aubergiste, Adeline Ravoux, âgée de douze ans, mais elle n'a posé qu'une seule fois. Les deux variantes exposées ici illustrent tant la difficulté de l'artiste à trouver des modèles que sa soif d'explorer des variations sur un même thème.
Huile sur toile
Collection particulière, courtesy of HomeArt

BOUQUETS ET ÉTUDES DE PLANTES
À Auvers-sur-Oise, Van Gogh peint 9 natures mortes de fleurs, dans l'intention probable de les vendre ou de les donner. Leur production s'étend de son arrivée, mi-mai, à la mi-juin.
Plusieurs sont exécutées chez le Dr Gachet, à son intention, et dialoguent ainsi avec des tableaux de sa collection, ceux de Cezanne notamment. La plupart sont de petite taille, comme des exercices où la rapidité est recherchée, mais quelques-unes ont le format ambitieux de ses natures mortes florales d'Arles ou de Saint-Rémy.
Tous ces bouquets frappent par l'audace d'une touche très manifeste, une composition très simple jouant sur la géométrie de la table et des vases, et des arrangements de fleurs champêtres sans apprêt.

Verre avec œillets
PREMIÈRE MOITIÉ DE JUIN 1890
Huile sur toile Collection particulière

Roses et renoncules
VERS LE ier – 3 JUIN 1890
Ce tableau est très révélateur du désaccord chromatique provoqué par la décoloration de la laque rouge, à base d'éosine, qui se dégrade à la lumière. Les renoncules bleues étaient violettes, et le fond, plus mauve. Néanmoins, la composition sophistiquée de la toile conserve toute sa force. Elle inscrit en effet dans un strict carré un bouillonnement de rondeurs qui contrastent avec les diagonales fortes de la table et du vase japonisant.
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, don de Paul Gachet, 1954

Vase aux fleurs
PREMIÈRE MOITIÉ DE JUIN 1890
Huile sur toile
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)
Vase
JAPON, 19ÈME SIÈCLE?
Grès avec couverte céladon
Paris, musée d'Orsay, don de Paul Gachet, 1951
Vase reproduit par Vincent van Gogh dans Roses et renoncules

ETUDES GRAPHIQUES
À peine arrivé à Auvers-sur-Oise, plein d'une énergie retrouvée, Van Gogh réclame du papier à Theo. Il se lance dans des expérimentations de dessins rehaussés au pinceau d'une huile bleue, mélangés d'aquarelle, sur des papiers gris-bleu ou rosé. La plume et l'encre s'y mêlent à la craie noire, bleue ou brune, ou au crayon. Il multiplie des essais, d'étonnants griffonnages et des notations fugaces aux résultats éblouissants de vivacité.
Neuf grandes feuilles montrent des vues du village ou des champs alentour, tandis que 48 pages dessinées et un carnet de croquis révèlent sa curiosité pour les gens, les animaux, saisissant des détails inattendus. Avec ces dessins, Van Gogh s'occupe entre deux tableaux, se change les idées en restant actif, comme pour conjurer la peur du vide ou d'une crise toujours menaçante.

Charles Bargue et Jean-Léon Gérôme Cours de dessin. Exercices au fusain pour préparer à l'étude de l'académie d'après nature, planche 2
[PARIS], GOUPIL ET CIE, 1870
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie

Verre, cruche en étain, árum et autres croquis
VERS LE 3 JUIN 1890
Cette grande feuille combine des études d'objets appartenant à Gachet, et, en sens inverse, des croquis de plantes et de figures, avec des annotations de couleur, comme il en fait dans les dessins de ses lettres
Crayon et craie sur papier The Levett Collection

Carnet de croquis de 
Paris - Auvers-sur-Oise
1890
Ce carnet de notes quadrillé, utilisé comme carnet de croquis, est l'un des quatre subsistants, et le seul de sa période française. Plus qu'à demi rempli de griffonnages aux sujets très divers, d'une notation fugace à une idée de tableau, il montre mieux qu'aucune œuvre l'œil toujours en alerte du peintre. Certaines pages, précocement détachées, sont entrées dans les collections nationales avec la collection Gachet.
142 pages, dont 84 avec des croquis, notes et taches,
craie et crayon sur papier
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation

Nu masculin debout et figure assise, d'après Charles Bargue, Cours de dessin, T. III, PL. 1 et 2 (RECTO)
1890
Mine de plomb sur papier
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)
Au début de sa carrière, Van Gogh a copié à plusieurs reprises, entièrement, le cours de Bargue en trois tomes. Arrivé à Auvers, le 3 juin, il demande à Théo un exemplaire: « Si je négligeais d'étudier encore les proportions et le nu je me trouverais mal pris plus tard. Que cela ne te paraisse pas absurde ou inutile. »> Une telle demande manifeste son manque de confiance dans la pratique de l'anatomie, comme son désir de se consacrer à la figure dans cette nouvelle étape de son parcours.

Marguerite Gachet au piano 
1890
Craie sur papier vergé
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)
Cette étude prépare l'important portrait de Marguerite Gachet, la fille du Dr Gachet. La toile au format double carré, fragile, n'a pu être empruntée au Kunstmuseum de Bâle, auquel elle l'a vendue en 1934. Selon son frère, Paul Gachet, Van Gogh avait offert la toile à son modèle le jour même.

Arrière-train d'un cheval et Femme vêtue d'une robe rayée, carnet de croquis Paris - Auvers-sur-Oise 
1890
Mine de plomb sur papier Paris, musée d'Orsay, achat, 1951

Femme assise tenant son
enfant,
carnet de croquis Paris - Auvers-sur-Oise
1890
Craie sur papier
Paris, musée d'Orsay, achat, 1951

Deux paysannes dans les champs 
1890
Craie sur papier vergé
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)

Paysan avec une faux 
1890
Craie sur papier vergé gris-bleu
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)

Paysage avec des paysannes récoltant
1890
Craie sur papier vergé
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)

Paysage avec des paysans récoltant
1890
Craie sur papier vergé
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation

Tête égyptienne 
1890
Craie sur papier vergé gris-bleu
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)
Van Gogh a dessiné cette tête de sphinx d'après un moulage en terre cuite ornant la clef d'un arc en pierres surmontant une porte de villa bourgeoise, rue Rajon. Il éprouve un vif intérêt pour l'art égyptien, et exprima son regret de ne pouvoir visiter la maison égyptienne de l'Exposition universelle en 1889. Il voit probablement dans ce masque la tête d'un pharaon, un de ces rois « calmes, sages et doux, [...] éternellement des agriculteurs adorateurs du soleil »

Paysanne travaillant dans les champs
1890
Craie sur papier vergé
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)

Intérieur avec tables et chaises et un croquis de « La Chambre »
1890
Mine de plomb sur papier
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)

LES FORMATS EN DOUBLE CARRÉ
Parmi les 74 tableaux peints à Auvers se distinguent 13 toiles au format << double carré » : 12 paysages et un portrait en hauteur, d'un format allongé de 50 cm sur 1 mètre unique dans l'œuvre de Van Gogh. L'exposition rassemble pour la première fois 11 de ces cœuvres.
Cet ensemble est d'autant plus significatif qu'il s'agit d'un format choisi délibérément par l'artiste et non d'un format commercial, et qu'il comprend ses trois derniers tableaux.
Leur réalisation s'étale sur un peu plus d'un mois, entre le 20 juin et la mort du peintre: il ne s'agit pas d'une série peinte dans un jet créatif, mais d'une recherche pensée, reprise, approfondie. Visait-elle à former un ensemble décoratif constituant une longue frise, ou était-ce la base d'un projet d'exposition personnelle comme l'évoque Van Gogh le 10 juin 1890 ?
Ces toiles révèlent assurément des explorations plastiques d'une grande liberté, d'un artiste au seuil d'une « nouvelle peinture ».

Les Champs
II JUILLET 1890
Cette toile lumineuse, dominée par la triade des primaires rouge-jaune-bleu, et aux couleurs inhabituellement vives et chaudes pour la période d'Auvers, est pourtant l'un des derniers paysages de l'artiste. Van Gogh lui donne une agitation fiévreuse par des flux de touches aux lignes obliques et contradictoires.
Huile sur toile
Collection particulière

Maison à Auvers-sur-Oise
VERS LE II JUIN 1890
Huile sur toile
Washington, The Phillips Collection, acquis en 1952

Deux femmes à travers champs
VERS LE 1er JUILLET 1890
Cette étude de paysage est atypique dans la production d'Auvers, qui compte peu de figures. Peinte sur une grande feuille de papier, elle mêle technique graphique et peinture, et prépare sans doute une toile au format double carré (format utilisé par Van Gogh à 13 reprises).
Huile sur papier
San Antonio (Texas), The McNay Art Museum, legs Marion Koogler McNay

Champ de blé avec bleuets
MI-JUIN 1890
Huile sur toile
Riehen/Bâle, fondation Beyeler, collection Beyeler

Vignes à Auvers-sur-Oise
VERS LE 12 JUIN 1890
Huile sur toile
Saint-Louis, Saint Louis Art Museum,
acquis avec les fonds de Mme Mark C. Steinberg

Champ de coquelicots
14 JUIN 1890
Van Gogh, qui semble ici revenir à ses recherches pointillistes des années 1886-87, affirme radicalement la planéité et joue du contraste vigoureux entre deux couleurs complémentaires, le rouge et le vert. Le traitement du ciel en touches bâtonnets de couleurs contrastées, les stries des tiges de luzerne nettement dessinées au milieu des coquelicots, font de cette toile un exemple spectaculaire de ses expérimentations sur un sujet banal.
Huile sur toile
La Haye, Kunstmuseum Den Haag, prêt de longue durée du Cultural Heritage Agency of the Netherlands (RCE)

Champs de blé près d'Auvers-sur-Oise
20 22 JUIN 1890
Le tableau frappe par l'absence de toute figure humaine, mais surtout par son espace profond, à la fuite artificiellement exagérée, organisée par les lignes zigzagantes des champs. Conscient d'un effet d'écrasement qui accentue cette fuite, Van Gogh en parle comme d'une toile « longue d'un mètre sur 50 centimètres seulement de hauteur ». L'horizon haut n'offre qu'une fine bande d'un ciel dont la couleur verte se fond avec celle des champs, accentuant l'illusion d'un espace infini.
Huile sur toile
Vienne, musée du Belvédère
Pluie Auvers-sur-Oise
-
18 JUILLET 1890
Point de vue en surplomb, horizon très haut, resserrement chromatique aux seuls bleu-violet et jaune, masses rabattues sur le plan de la toile et lignes très graphiques de la pluie : le tableau tend vers la simplicité d'une estampe japonaise. Ce motif de pluie, déjà traité par Van Gogh dans une toile d'après Hiroshige, semble étroitement lié à son idée de l'art japonais et perdure, à Auvers, comme une référence esthétique importante..
Huile sur toile
Cardiff, Amgueddfa Cymru - National Museum Wales, Davies Sisters collection

Champs aux meules de blé
JUILLET 1890
Van Gogh rabat des grandes masses sur le plan de la toile, qu'il anime en les liant par une touche en fer à cheval ou en bâtonnets. L'œuvre semble empreinte du souvenir des paysages à la manière de Rubens peints par Delacroix : « j'ose t'engager à croire que dans le paysage on continuera à chercher à masser les choses par le moyen d'un dessin qui cherche à exprimer l'enchevêtrement des masses. Ainsi te rappelles tu le paysage de Delacroix, la lutte de Jacob avec l'ange [en l'église Saint-Sulpice]. »
Huile sur toile
Riehen/Bâle, collection Beyeler

Gerbes de blé
MI-JUILLET 1890
Ce tableau, qui se rattache par son sujet aux champs de blé éclatants d'Arles et de Saint-Rémy, est ici traité d'une façon entièrement nouvelle par son cadrage resserré un peu en surplomb, à la façon d'une nature morte. Dans cet espace bouché, étiré, sans horizon, Van Gogh anime rythmiquement sa composition par la répétition du motif, le jeu des diagonales croisées et l'opposition entre couleurs complémentaires : le jaune de la paille et le violet des ombres (devenu bleu par sa dégradation).
Huile sur toile
Dallas, Dallas Museum of Art, Wendy and Emery Reves Collection

Racines d'arbres
27 JUILLET 1890
Andries Bonger, beau-frère de Theo, mentionne ce tableau comme le dernier de Van Gogh. Cet entrelacs de racines dénudées, cadré très près comme un gros plan de photographe, présente une composition presque abstraite. Paradoxalement, c'est aussi l'image que l'on peut associer le plus directement à un motif réel récemment identifié. Ce sujet, peint le jour même du suicide, porte de toute évidence une charge symbolique: « ma vie à moi aussi est attaquée à la racine même », écrivait-il le 10 juillet.
Huile sur toile
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation

Sous-bois avec deux personnages
20 22 JUIN 1890
Van Gogh décrit ce tableau dans une lettre du 2 juillet : «Puis un sous-bois, des troncs de peupliers violets qui perpendiculairement comme des colonnes traversent le paysage. » Il ne mentionne pas le couple amoureux, dernière occurrence de ce motif qui hante comme un regret l'œuvre du peintre. Ici, pas d'horizon, l'espace est clos, chaotiquement rythmé par les peupliers. La géometrie des troncs, soulignée par leurs contours noirs, s'oppose au bouillonnement des herbes et des fleurs.
Huile sur toile
Cincinnati, Cincinnati Art Museum, legs de Mary E. Johnston

Paysage au crépuscule
20 22 JUIN 1890
Van Gogh mentionne le tableau dans une lettre du 24 juin «Enfin un effet de soir-deux poiriers tout noirs contre ciel jaunissant. Avec des blés et dans le fond violet le château encaissé dans la verdure sombre. >> Le point de vue inhabituellement à hauteur d'homme divise terre et ciel en deux moitiés contrastantes, ce qui en fait la composition la plus stable de la série. La touche courte mais orientée en tous sens contribue à l'effet recherché de crépuscule frémissant.
Huile sur toile
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation

Champ de blé aux corbeaux
8 JUILLET 1890
Le 10 juillet, une lettre mentionne une nouvelle série de 3 toiles : « Ce sont d'immenses étendues de blés sous des ciels troublés et je ne me suis pas gêné pour chercher à exprimer de la tristesse, de la solitude extrême. »> Avec sa perspective à points de fuite multiples créée par les trois chemins, le tableau donne à l'espace un caractère éclaté, « primitif », qu'animent vivement les longues touches en circonflexes des corbeaux, du ciel et des blés. La saturation chromatique poussée dans son contraste extrême rend puissamment l'angoisse du peintre.
Huile sur toile
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)


Champ de blé sous des nuages d'orage
9 JUILLET 1890
Cette toile offre la composition la plus dépouillée, dans son opposition simple de la terre et du ciel, du vert et du bleu, de ces formats en double carré. C'est le trouble du ciel qui prend ici une place prépondérante, avec un horizon bas comme ceux des paysages hollandais du 17e siècle, admirés par Van Gogh.
Huile sur toile
Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation)

Le Jardin de Daubigny
VERS LE 10 JUILLET 1890
Van Gogh évoque ce tableau dans une lettre du 10 juillet : « la troisième toile est le jardin de Daubigny, tableau que je méditais depuis que je suis ici ». C'est de fait la composition la plus complexe de la série, la seule à porter un titre, comme un hommage au peintre admiré. Il en peint dix jours plus tard une autre version: « une de mes toiles les plus voulues », pour l'offrir à la veuve du peintre. Le motif est recomposé car le véritable point de vue ne peut associer à la fois la maison et l'église.
Huile sur toile
Collection Rudolf Staechelin

Fermes près d'Auvers-sur-Oise
25 26 JUILLET 1890
Le tableau est daté de la toute fin de la période auversoise grâce à une note d'Andries Bonger, beau-frère de Theo, qui en parle comme d'une « dernière esquisse ». La touche parfois sommaire, des aplats sans touche apparente et le ciel non travaillé indiquent qu'il n'a pas été achevé. Cas unique dans cet ensemble de doubles carrés, il en existe deux études de petits formats montrant que le peintre est parti de motifs réels, puis a recomposé l'ensemble en le situant dans un paysage dégagé.
Huile sur toile
Londres, Tate, legs de C. Frank Stoop, 1933

La mort de Van Gogh
Le  27 juillet au soir, Van Gogh se tire une balle dans la poitrine, sur les hauteurs d'Auvers. Blessé mais conscient, il parvient à redescendre à l'auberge Ravoux. Le médecin local, le Mazery puis le Dr Gachet, appelés à son chevet le déclarent intransportable et inopérable. Ils font appeler Theo, qui arrive le lendemain. Van Gogh meurt le 29 vers 1h30 du matin.
Il est enterré le 30 juillet, entouré de villageois, de quelques amis peintres venus de Paris, comme Émile Bernard, Charles Laval, Lucien Pissarro, et Julien Tanguy, ainsi que de Theo et de son beau-frère Andries Bonger.
Van Gogh, qui a connu sept ou huit crises de démence au cours des 18 mois précédents, a tenté de s'empoisonner plusieurs fois au cours de celles-ci, et avait entre ces épisodes des pensées suicidaires. Il n'en connaît aucune à Auvers, mais vit dans l'angoisse de leur retour.
Van Gogh souffrait d'un état dépressif ancien - de « mélancolie >> -, accentué par l'échec de son projet de communauté d'artistes, suite au départ de Gauguin d'Arles, fin décembre 1888. La naissance de son neveu Vincent, comme le désir de Theo de s'établir à son compte, l'ont fait se sentir un fardeau pour son frère. Il est aussi possible qu'il ait eu conscience de la syphilis de Theo, et de la fin inéluctable de son soutien.

Paul van Ryssel (Paul Gachet)
Vincent van Gogh sur son lit de mort
29 JUILLET 1890
Fusain sur papier
Paris, musée d'Orsay, don de Paul Gachet, 1951

Une reconnaissance rapide et éclatante
À la nouvelle de la mort de Van Gogh, le 29 juillet 1890, les lettres de condoléances des peintres amis des deux frères affluent vers Theo. Loin du mythe de l'artiste maudit, elles montrent que Vincent est un peintre reconnu de ses pairs, célébré par quelques critiques, fort de plusieurs expositions et qui a vendu en février une première toile.
Theo monte aussitôt une première exposition dans son appartement, tandis que Gachet, très affecté, projette une monographie illustrée et commande à son élève Blanche Derousse des gravures de reproduction. Émile Bernard, sans doute l'ami le plus proche, publie dès 1893 les lettres que Van Gogh lui a adressées.
À la mort de Theo, atteint de la syphilis, six mois après la mort de son frère, en février 1891, sa veuve Johanna (1862-1925) s'emploie à faire publier et connaître les tableaux et les lettres de son beau-frère, dont elle a hérité. Son fils Vincent (1890-1978) fondera le musée Van Gogh d'Amsterdam en 1973, mais il est certain qu'au moment de la Première Guerre mondiale, Van Gogh est déjà clairement reconnu comme un protagoniste de l'art moderne.

On termine cette escapade par l'accrochage consacrée à Blanche Derousse au 5ème étage du MO

Blanche Derousse (1873-1911) Aquarelliste-copiste de Van Gogh et le cercle du docteur Gachet 
À l'occasion de l'exposition « Van Gogh à Auvers-sur-Oise, les derniers mois », cet accrochage propose de découvrir Blanche Adèle Derousse (1873-1911), peintre, aquarelliste et graveuse, qui fut l'élève du docteur Paul Gachet (1828-1909) à Auvers-sur-Oise.
Le docteur Gachet est passé à la postérité grâce à son amitié avec Vincent Van Gogh. C'est pour le rejoindre que le peintre choisit de s'installer à Auvers-sur-Oise en mai 1890. Médecin homéopathe spécialisé dans le traitement de la mélancolie, Paul Gachet est également peintre et graveur, sous le nom de Paul Van Ryssel, et collectionne les œuvres d'artistes parmi lesquels Paul Cézanne, Armand Guillaumin, Camille Pissarro et Van Gogh.
Les circonstances de la rencontre entre le docteur et Blanche Derousse restent incertaines. Les parents de cette dernière - sa mère professeur de piano et son père comptable et artiste peintre à ses heures - connaissaient peut-être Paul Gachet. Dans les années 1890 (probablement entre 1893 et 1897), la jeune femme est conviée à suivre l'enseignement artistique que le docteur donne à son propre fils, Paul Louis dit Paul Gachet fils (1873-1962). Suivant la méthode académique, il les incite à pratiquer la copie d'oeuvres de sa collection personnelle.












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