mardi 10 octobre 2023

HEY! CÉRAMIQUE.S à la Halle Saint Pierre en octobre 2023


Superbe exposition dans ce lieu alternatif attachant et dont voici la présentation et la plupart des œuvres :

HEY! CÉRAMIQUE.S
Commissaire invitée : Anne Richard
Fondatrice et commissaire des expositions HEY! modern art & pop culture
Toutes deux profondément investies dans l'exploration de la scène culturelle alternative, le musée de La Halle Saint Pierre et HEY! modern art & pop culture poursuivent leur longue et étroite collaboration avec une sixième exposition entièrement dédiée à la céramique. Si ce médium occupe une place de plus en plus visible sur la scène artistique internationale, l'exposition HEY! CÉRAMIQUE.S en montre d'autres formes qui, de la pop culture à l'art brut, s'émancipent de façon inattendue de toutes les normes et discours dominants pour recourir aux forces vives de l'imaginaire et du sensible. Qu'elles soient sages ou délirantes, sauvages ou sophistiquées, expressionnistes ou narratives, qu'elles manient l'humour ou l'émotion, les sculptures céramiques sont ici porteuses d'excès mais aussi de poésie et d'innovations.
HEY! CÉRAMIQUE.S réunit trente-quatre artistes de treize pays qui tous participent au renouveau de la céramique. Il n'est plus question ici de simple pratique ou de sa marginalisation contemporaine, encore moins de tension entre artisanat et ceuvre d'art. L'extraordinaire plasticité du médium nourrit l'imaginaire des artistes et contribue à la métamorphose de la traditionnelle « belle céramique ».

CHRISTINA BOTHWELL & ROBERT BENDER
Snowflake (2020)
Céramique, verre moulé, peinture à l'huile.
Courtesy de l'artiste

CHRISTINA BOTHWELL & ROBERT BENDER
Double Violets (2021)
Céramique, verre moulé, peinture à l'huile.
Courtesy de l'artiste

L'artiste américaine Christina Bothwell concrétise, au travers de sculptures figuratives et en énoncé de sa propre mythologie familiale, une fusion de notions, de la vulnérabilité à la permanence, en relation avec le travail mécanique inconscient de l'imagination. Un monde-chrysalide issu de rêves lucides où elle dit pénétrer une dimension fertile et propice à anticiper les sensations de l'intangible, à capturer les qualités de l'invisible, et à exprimer le sentiment d'émerveillement ressenti devant sa propre existence quotidienne. Les processus de naissance, de mort et de renouvellement sont au coeur de cette recherche intuitive, portée par la représentation d'enfants et d'animaux en tant qu'incarnation de la fragilité. Christina Bothwell travaille le verre moulé et la technique du raku, incluant des interventions peintes à l'huile en surface et parfois l'intégration de parties de jouet ancien, de taxidermie et matériaux cousus. Cherchant une syncope visuelle, le verre invoque l'indicible et la lumière intérieure, l'argile est réservée aux parties narratives. Actuellement, Christina Bothwell explore le thème de la métamorphose. Dans chaque figure de verre est placée une figure plus petite. L'artiste considère ses oeuvres comme des âmes, chacune étant enceinte de son propre potentiel, donnant naissance à de nouvelles versions améliorées d'elle-même. Christina Bothwell expose ses oeuvres depuis 2006 au travers d'expositions personnelles dans le monde entier. Elles font partie de nombreuses collections publiques permanentes. Les oeuvres ici exposées l'ont précédemment été à la Fondation Bernardaud (Limoges, France), dans le cadre de Esprits Libres - Céramique affranchie. L'artiste vit et travaille à Stillwater, Pennsylvanie.

CHRISTINA BOTHWELL
De gauche à droite
Ascending (2020)
Simian Dreams (Pink Monkey) (2021)
Balance (2020)
Blue Chair (after Balthus) (2020)
Awakening (2022)
Céramique, verre moulé, peinture à l'huile.
Courtesy de l'artiste

EHREN TOOL
CBU 87 over Halle Saint-Pierre (2023) Porcelaine.
Courtesy de l'artiste

William Arthur Ehren Tool crée depuis 2001 ce qu'il qualifie de « cups » en céramique, déterminantes de son implication à dénoncer les valeurs destructrices de la culture de guerre. Fils d'un vétéran du Vietnam, petit-fils d'un Marine déployé dans le Pacifique lors de la Seconde Guerre, il grandit dans l'admiration et le respect du corps militaire. Enrôlé dans les Marines en 1989, il sert dans une unité de police militaire au Koweït et en Arabie saoudite durant la première guerre du golfe Persique, lors des opérations Desert Shield et Desert Storm. Libéré après plus de cinq ans de service actif, il utilise le G.I. Bill - une loi américaine proposant aux soldats démobilisés qui le souhaitent le financement d'études universitaires ou de formations professionnelles - et découvre l'art de la céramique. Depuis, il crée des « tasses » dont les différentes faces sont des scènes relatant ses expériences du conflit armé, ainsi que la façon dont les cultures militaires et civiles se rencontrent et se heurtent. L'artiste envoie ses oeuvres à titre gracieux et par colis postal aux Marines, aux administrations et aux politiques, ou les expose selon différents dispositifs pour diffuser son message de paix. Créée pour HEY! CERAMIQUES, l'installation évoque, par sa taille et sa mise en espace, la bombe CBU-87 (Cluster Bomb Unit) larguée par les soldats américains à la période où Ehren Tool appartenait à l'armée. Chacune de ces bombes à fragmentation est composée de deux cent autres de moindre calibre: Lors de la guerre du Golfe de 1991, nous avons largué dix mille trente-cinq fois une CBU-87. Cette arme est encore utilisée par les Etats-Unis. C'est une violation du traité sur les mines antipersonnel entré en vigueur en 1991 mais que les Etats-Unis ont refusé de signer. Le travail de Ehren Tool fait l'objet de nombreuses expositions de renommée internationale. Lartiste vit et travaille à Berkeley, Californie, États-Unis.

détail de l'œuvre précédente
Détail de l'œuvre précédente

 SARAÏ DELFENDAHL
De gauche à droite
Après Sèvres 4 (2023)/Châtaigne (2022)
W (2020) / Le Faune (2023)/ La Montagne magique (2019)
L'Autel-oiseau (2023)/ Patti (2022)/Lion Fleur (2022)
(Euvres murales: Sans titre (2019/2023).
Céramique émaillée, lustre, oxyde, verre.
Courtesy de l'artiste et de la Galerie Scène Ouverte (Paris).
SARAÏ DELFENDAHL 1961, FRANCE (FRANCE)

Saraï Delfendahl est une artiste dessinatrice, graveuse, et sculptrice en céramique. Elle grandit à La Roque-sur-Pernes non loin de Carpentras, dans une atmosphère hippie anticonformiste de l'après-1968. Elle est une enfant sauvage et solitaire, qui fréquente peu l'école primaire, sa mère lui apprenant à écrire et lire à la maison, selon la méthode Montessori. Ainsi guidée, la petite fille accumule ses premières expériences de création tandis que tous les soirs, on lui conte les fables et mythologies du monde entier. Partie à Paris, Saraï Delfendahl découvre les ateliers collectifs Terre & Feu en 2006 et s'initie à la céramique sans prendre de cours, en libre observation. En 2014, l'artiste découvre par hasard un portrait d'André Breton posant devant sa collection de katchinas. Produites chez les Amérindiens Hopis et Zuñis du Nouveau-Mexique et de l'Arizona, ces poupées << aux propriétés actives » sont le réceptacle d'esprits mythologiques. L'imagerie berçante de son enfance trouvant en elles un vif écho, Saraï Delfendahl est fortement inspirée par leur dimension magique. Elle développe depuis un travail de modelage instinctif et autodidacte qui aujourd'hui la caractérise. Une technique spontanée, appuyée sur la recherche des émaux, porte ce travail. Ses œuvres sont collectionnées aux États-Unis, en Belgique, en Suisse, en Italie, en Angleterre, en Russie. L'artiste vit et travaille entre Paris et Garnay, à côté de Dreux (France).


MONO CIEZA
The Massive Event (2023) Céramique polychrome.
Courtesy HEY! modern art & pop culture

Marqué par l'iconographie et l'énergie du lowbrow américain, Mono Cieza observe la représentation mythologique et mystique européenne, enquête sur l'animal, la nature et les liens que nous entretenons ou entretenions avec les deux domaines, la mesure dans laquelle nous sommes tout cela, et où se génère cette «< électricité-matière » qui nous unifie. Né dans une famille de classe moyenne, éduqué par des parents mélomanes entretenant une forte relation avec les arts - sa mère est pianiste concertiste et son père journaliste -, Mono Cieza a grandi dans une province rurale de Buenos Aires. Installé à Barcelone en 2001 pour échapper à la crise économique, il donne libre cours à son univers surréaliste et pop, produisant des oeuvres dans divers matériaux et combinaisons, comme les résines, la céramique, le bronze, le béton et le plâtre. La pratique d'autres disciplines - musique et écriture de scénarios de film, réalisation de courts métrages d'animation en stop motion - nourrit en parallèle sa sculpture. Créée pour HEY! CERAMIQUES, l'installation présentée ici est issue d'une recherche débutée en 2020 sur les caractères de la lycanthropie, donnant successivement naissance à l'oeuvre Kibò To Terra, puis au triptyque The Event. La nouvelle oeuvre The Massive Event voit la même figure se multiplier en tribu. L'art de Mono Cieza est exposé en Europe, en Suisse et aux États-Unis. L'artiste, qui a demandé sa naturalisation espagnole, travaille maintenant presque exclusivement la céramique. HEY! CÉRAMIQUE.S est sa première exposition en musée.

STEPHAN HOLZMÜLLER
De gauche à droite
Sans titre (circa 2009). Modelage, argile crue, émail. Courtesy of the Estate and Archive of Stefan Holzmüller.
Le Château (circa 1995). Terre cuite. Collection particulière.
Sans titre (circa 2007). Modelage, argile crue, émail Courtesy of the Estate and Archive of Stefan Holzmüller
STEFAN HOLZMÜLLER 1949-2011, ALLEMAGNE

Stefan Holzmüller restera dans l'histoire du village de peintres de Grötzingen comme l'un des artistes les plus idiosyncrasiques, les plus expressifs et les plus créatifs. Troisième enfant de la famille, il grandit dans la pauvreté de l'après-guerre. Son père, Anton Holzmüller, était un sculpteur académique et avait créé, entre autres, des figures en pierre pour les châteaux de Karlsruhe et de Bruchsal, qui ont toutefois été détruits pendant la guerre. Sa mère, Nelly Holzmüller, tenait une école de poterie et d'artisanat pour enfants, de sorte que Stefan Holzmüller a été très tôt en contact avec le support qui allait devenir le but de sa vie.

Il passe son enfance à Grötzingen. Jusqu'à ses premières années d'école primaire, la famille vit dans l'aile nord du château de Grötzingen, puis déménage dans la Kampmannstrasse 17. Il fréquente ensuite le Markgrafen Gymnasium, qu'il quitte peu avant d'avoir obtenu son diplôme de fin d'études secondaires. La mort de son père l'affecte au point qu'il ne peut plus se concentrer sur les exigences de l'école. Son brevet des collèges néanmoins en poche, Stefan Holzmüller effectue d'abord un apprentissage de potier à Baden-Baden, puis fréquente l'école technique de céramique de Landshut. En 1973, il reçoit son certificat de maître artisan, ainsi qu'un prix de la Danner Foundation. Mais la poterie obéissant à des standards ne lui convient pas, et il décide de créer son propre atelier, d'abord à Berghausen puis à Durlach. Il fabrique dès le début des personnages et des animaux, des créatures mythiques et, par la suite, des villages entiers en argile, tout le reste étant trop banal et ennuyeux» (citation de l'artiste).

Au début des années 1980, Stefan Holzmüller a l'opportunité de revenir dans son village natal, où il restera jusqu'à la fin de sa vie, grâce à un coup de chance: le maire du village de l'époque et l'ancien maire Herbert Schweizer mettent à sa disposition une vieille maison avec atelier et cour dans le centre historique du village, à Oberviertel 48, pour un loyer modique. Ils ont alors conscience de l'enrichissement culturel que Stefan Holzmüller représente pour Grötzingen, dont l'histoire est profondément influencée par l'art. Le bénéfice est mutuel, et l'artiste fait de ce lieu un véritable cocon: Sans cette maison, le monde se serait effondrés, déclare l'artiste. Il vivra et travaillera dans ce refuge, avec insouciance et créativité, jusqu'à ce qu'il soit relogé à la Niddastrasse 11 en 1999 par l'administration municipale de l'époque, à cause d'un banal conflit de voisinage. Déprimé par la perte de son atelier, qui avait été le centre de sa vie, il continue cependant à créer des ceuvres artistiquement étonnantes, puissantes et frappantes - son ceuvre tardive magistrale, Jusqu'à peu de temps avant sa mort.



SEYNI AWA CAMARA
Double maternité aux 4 enfants
Le Chien
Circa 1995/2005
Argile et coquillages pilés. Cuisson de 24 heures, au feu de bois de plein air.
Collection particulière (Bruxelles)

JOSEPH KURHAJEC
De gauche à droite
Warrior 1 (1991). Raku, technique mixte. The White Prince 2 (2015)/ The White Prince
Céramique émaillée, technique mixte.
Warrior 2 (1991). Grès, technique mixte.
1 (2015).
The Irakian Camel (1991). Céramique émaillée, technique mixte Out of Irak (1991). Linogravure sur papier de riz.
JOSEPH KURHAJEC 1938, WISCONSIN, ÉTATS-UNIS

Joseph Kurhajec a grandi dans un ranch d'élevage de visons dans le Wisconsin, au sein d'une famille catholique pratiquante. Dans sa petite enfance, lors d'une violente épidémie qui sévit dans tous les Etats-Unis, il contracte la poliomyélite dont il survit néanmoins, un bras désormais paralysé. Malgré ce handicap, obsédé par l'idée de se consacrer à l'art, il étudie dans un premier temps la sculpture à l'université du Wisconsin. La même année, la visite d'une exposition anthropologique de fétiches du Congo à l'Art Institute of Chicago impulse sa future orientation artistique. L'artiste américain séjourne ensuite à Mérida au Mexique pour étudier l'art précolombien en pierre des Olmèques, Mayas et Aztèques, et ouvre sa propre galerie, The New Generation, à Racine dans le Winsconsin. Il vit à New York de 1963 à 1971 où il fréquente les mêmes cercles qu'Andy Warhol (1928-1987) ou Frank Stella (1936), et travaille la soudure auprès de Salvatore Scarpitta (1919-2007) ou encore Seymour Lipton (1903-1986). Lors de cette période, il crée des sculptures enveloppées dans du cuir, de la corde et de la fourrure. En 1963, ces oeuvres sont présentées chez Allan Stone Gallery - Christo Vladimirov Javacheff (1935-2020) fait partie des visiteurs fascinés par l'originalité du travail.

Kurhajec utilise le métal, puis élabore des oeuvres mêlant divers matériaux tels la céramique, la pierre, la corne, les ossements animaux, et réalise de la gravure, de la peinture et des collages. Le monde animal y est omniscient, et constitue le plus direct transformateur et passeur de ses idées. Ses oeuvres qu'il a appelées un temps art momifié » sont chargées, à la manière de fétiches. Elles ont été présentées dans de nombreuses expositions aux États- Unis, au Canada, en Europe, mais également au Chili et en Inde.

Après avoir vécu et travaillé à New York, à Rome et en Angleterre, Joseph Kurhajec s'installe à Paris en 1987, d'où il poursuit son art au rythme des invitations qui lui sont faites, le plus fréquemment venues d'Europe. Aujourd'hui, il partage son temps entre son atelier parisien, sa maison-musée de Treadwell, au nord de New York, et sa demeure mexicaine de Mérida, au Yucatán. Soixante-cinq années de travail y sont réparties.


 
PIERRE SGAMMA
Chaman Amulettes (2017) / Les Amours fantômes (2018)
Chaman (2017) / Vierge noire (2018)
Gare au loup ! (2022)/L'Ange Rouge (2016)
Grès émaillé, oxyde de fer, céramique émaillée,
masque en résine recouvert de poils de chèvre.
Courtesy HEY! modern art & pop culture
PIERRE SGAMMA 1961, ALGÉRIE (ALGERIA)

Né à Alger d'un père légionnaire et d'une mère fantasque, aussi élevé par un grand-père bourlingueur et une grand-mère médium, l'artiste français Pierre Sgamma grandit entre l'Algérie, la Corse, la France et l'Italie où il mène une scolarité chaotique due à sa vie itinérante. «Ma grand-mère médium envahissait notre quotidien d'objets de rituels, d'ex- voto, de sculptures religieuses, païennes et ethniques; mon grand-père passionné de voyages me kidnappait régulièrement pour de longs périples et me faisait découvrir les musées; ma mère au caractère passionné et changeant nous chantait les tubes des années 60; mon père rythmait parfois ce quotidien de musiques militaires qui suscitaient chez nous de grands fous rires. » Armé d'un certificat d'aptitude professionnelle et d'un baccalauréat technique de plåtrier et de peintre décorateur, abreuvé depuis sa petite enfance de cultures et croyances hétéroclites, il commence à développer en autodidacte un vocabulaire artistique étendu et hors norme. Mais c'est avec la découverte du travail de la terre et la visite d'une exposition d'Anselm Kiefer (1945) que se précise son art. Sgamma se passionne alors pour la céramique et ouvre en 2004 le cycle de sa série Tribu. D'autres séries voient le jour - Les Cavaliers, Loups... qui détournent comme Tribu l'objet culturel, et présentent de nouveaux fétichismes et symbolismes. Pierre Sgamma expose principalement en France, ses oeuvres ont intégré de nombreuses collections particulières dans le monde. Depuis douze ans, l'artiste choisit de vivre et travailler à l'Isle-sur-la-Sorgue, une ville blanche chaleureuse et animée comme celles de son enfance.



DAPHNE CORREGAN
De gauche à droite
Warrior (2021). Terre cuite, colombins, engobes. Courtesy de l'artiste.
Masked Head (2014). Grès, colombins, engobes. Collection particulière.
Warrior (2021). Terre cuite, colombins, engobes. Courtesy de l'artiste
DAPHNE CORREGAN 1954, PENNSYLVANIE, ÉTATS-UNIS (PENNSYLVANIA, USA)

Les aspirations de Daphne Corregan sont, depuis quarante ans, la poursuite d'expériences en atelier, le respect et l'intérêt pour l'histoire de la céramique, la matière et les procédés mis en oeuvre. Elle étudie, collectionne, recherche, dévie souvent de la forme du récipient vers une référence au corps, passe de l'un à l'autre, observant leurs similitudes et leurs insinuations. Mon travail est la conséquence d'un ensemble d'impressions, d'émotions et de réactions imprimées dans mon corps et mon esprit, consciencieusement stockées sur papier ou quelque part dans le fond de ma tête. Elles peuvent provenir de mes voyages en Afrique de l'Ouest ou en Chine, de la colère générée par les incompréhensions ou l'intolérance de l'humanité, de la contemplation d'oeuvres de Picasso, Penone, Tapiès... de poterie ou de tissu folklorique, d'architecture contemporaine ou ancestrale, d'art primitif, d'une chorégraphie ou de modestes objets ou outils du quotidien. Je cherche des formes nouvelles créées par une vision de récipients superposés, d'ombres, de murs ou de sols marqués. Je regarde particulièrement les dessins préhistoriques, Da Vinci, Giotto, Holbein, les graffitis, Beuys, Barceló, Klossowski, Baselitz, Twombly... » Originaire des États-Unis, Daphne Corregan est aujourd'hui de nationalité française. Ses oeuvres sont collectionnées dans le monde entier, et ont intégré plus d'une trentaine de collections publiques à travers le monde. L'artiste compte à son parcours de nombreuses collaborations d'envergure internationale, a reçu de prestigieuses distinctions. Elle est membre de l'Académie internationale de la céramique. Daphne Corregan vit et travaille à Draguignan en France.
Copie

MÉLANIE BOURGET
Vierge d'humilité/Enfant/Cruxifié (2023)
Raku.
Courtesy HEY! modern art & pop

L'artiste française Mélanie Bourget n'a pas suivi de formation artistique académique, malgré un court passage à l'école d'art Pivaut à Nantes en 1993. Plus tard, elle découvre l'existence du raku et se forme aux techniques de céramique en 2008, dans les ateliers de La Maison du Potier (Fuilet, France). Comprenant le support du raku comme un invariable aux propriétés changeantes, la sculptrice autodidacte crée des figurations relevant du portrait, et prend sur le vif la forme humaine énergisée d'émotions. Des manifestations matérialisées de l'esprit, où sont rapprochés l'intelligible et le sensible, élucidant sa vision narrative du tragique et du burlesque, piquée de poésie et d'esthétisme(s) de cultures de rue. L'artiste quitte néanmoins ce récit pour, de rares fois, se confronter aux sujets bibliques, examinant par un travail d'ornementation inspiré du tatouage américain et japonais la tension entre les domaines du sacré et du païen. Mélanie Bourget expose principalement en France. Ses oeuvres circulent en Europe, Angleterre et aux États-Unis. Librement inspiré de l'oeuvre de Puccio di Simone (1345-1365), le triptyque ici présenté a été créé pour HEY! CÉRAMIQUE.S. L'artiste vit actuellement dans les environs de Nantes, où se trouve son studio.

MARIA GUILBERT
De gauche à droite
Celle qui relie (2023)/ Robe piège à la chouette (2021)
La Sentinelle (2020). Grès ciré, technique mixte.
Habit aérien (2012)/ Robe couleur de soleil (2016).
Huile sur toile.
Socle central: Buste au feuillage (2022)/ Aube (2023)
Métamorphose (2023). Grès et technique mixte.
Courtesy HEY! modern art & pop culture.

D'un père informaticien et d'une mère professeure d'économie à la faculté de Gdańsk gråce à laquelle elle approche le dessin, Maria Guilbert vit en Pologne jusqu'à l'âge de 7 ans, et grandit dans une cité entourée par la forêt à Sopot, petite ville balnéaire proche de Gdańsk au bord de la mer Baltique. La famille s'installe en France en 1980. Peintre, graveuse et sculptrice, l'artiste travaille sur l'association entre l'homme, l'animal et l'environnement naturel, inspirée par les contes et légendes pour leur inépuisable pouvoir de suggestion et la façon dont ils se dérobent à la représentation. Dans cet univers, le conte populaire Peau d'Âne repris par Charles Perrault en 1694 est prédominant. Réminiscence de son enfance lorsqu'elle parcourait la forêt dans de longues promenades/rêveries à temps perdu, l'art de Maria Guilbert semble être polarisé sur la vision d'une unification du vivant à oeuvrer de concert pour la paix et la sérénité. Sa technique de peinture lui vient de la gravure; elle est travaillée par transfert à la manière du monotype, créée sur support de plastique souple appliqué sur la toile par plusieurs passages consécutifs et superposés. Une sorte d'impression en négatif aux motifs chevauchés, produisant une vibration, un effet vacillant. Exposant depuis 1995, l'artiste en quête d'horizon neuf débute la terre en 2018 et s'y consacre presque exclusivement depuis. Maria Guilbert expose principalement en France et a reçu plusieurs prix. Elle vit et travaille à Robion, un village du Luberon en Provence, France.

EMMANUELLE NOT
Mériok (2015) Raku.
Courtesy de l'artiste

L'artiste française Emmanuelle Not n'a pas suivi de formation artistique académique. Après le baccalauréat, elle obtient un brevet de « technicien en bureau d'études du bâtiment »>, puis un CAP de tournage en céramique. Se déployant dès lors hors du circuit officiel de l'art contemporain, son art rejoint avec succès un réseau périphérique de circulation et d'échange. Si la quête d'un objectif artistique tout tracé est clairement mise à distance, le chemin de réalisation est pour l'artiste au coeur de son geste. Au sein de ce processus s'exprime un système de représentations dont les valeurs philosophiques et l'esthétique du Japon civilisationnel ancien constituent l'épicentre. Emmanuelle Not, qui également peint et écrit, travaille la céramique en autodidacte depuis le début des années 2000. Composée de quarante-sept éléments assemblés, l'oeuvre en céramique exposée est façonnée à la main, puis cuite selon une technique traditionnelle japonaise de raku. HEY! CÉRAMIQUE.S est sa première exposition en musée.

MARA SUPERIOR
(Euvres murales)
La Mer (2008)/ Le Dodo (2019)/ Only One Planet Earth (2019) Polar Distress (2021)/ Birth of Venus (After Sandro Botticelli) (2021) Who is in Charge, America? (2019)/2020/USA/Vote/America (2019) The Nymph of Spring (After Lucas Cranach) (2021)
Sur socles: Pair of Talking Bird Vases (1986) A China Vase (1989) / Heaven and Earth 1 (1987) Porcelaine anglaise de Grolleg, glaçure à la pierre de Cornouailies, oxydes céramiques, sous glaçures, feuille d'or Courtesy de l'artiste et Ferrin Contemporary (USA).
MARA SUPERIOR

1951, ÉTAT DE NEW YORK, ÉTATS-UNIS (NY, USA)

Mara Superior est une artiste céramiste américaine travaillant la porcelaine. Ses plateaux en haut-relief et ses objets sculpturaux sont le reflet d'une fascination pour le médium dans ses qualités d'accompagnement de l'ensemble des composantes de notre vie contemporaine. L'artiste faisant de cette fascination un concept de création, les sujets picturaux vont des motifs de plaisirs du quotidien domestique aux questions fondamentales politiques et environnementales. Mara Superior les prend souvent comme point de départ pour commenter les cultures contemporaines, et s'en échappe aussi pour consigner sa relation à l'histoire de l'art et des civilisations. Son art est un témoignage généreux et critique de notre époque, adoptant une pluralité de registres et de systèmes pour favoriser l'incarnation singulière de la valeur artistique du médium adopté. L'artiste a reçu de nombreux prix. Son travail est présenté dans des musées et institutions importantes. Il a également intégré de nombreuses collections publiques. En 2018, grâce au soutien de la Kohler Foundation, des oeuvres de Mara Superior ont été offertes à quinze musées à travers le monde. Mara Superior vit et travaille à Williamsburg, Massachussetts. Les oeuvres ici exposées l'ont précédemment été à la Fondation Bernardaud (Limoges, France), dans le cadre de Esprits Libres - Céramique affranchie.

CHRIS ANTEMANN
Kissing Booth (2023)
Embrace (2023)
Porcelaine, décalques, émaux et lustre d'or.
Courtesy de l'artiste et de Ferrin Contemporary (U.S.A.)

Inspirée par la culture gastronomique du XVIIIe siècle, Chris Antemann est une sculptrice en céramique reconnue pour sa transcription contemporaine de scènes figuratives en porcelaine. En écho de celles produites à cette période, l'artiste américaine se concentre sur la «< figurine » connue pour être placée sur la table des banquets. Décorative, de peu d'importance à l'échelle de l'histoire de l'art, cette «< figurine » était à l'époque très appréciée et collectionnée. Reflet du langage visuel et stylistique du XVIII' siècle, l'art de Chris Antemann a pour objectif la transformation du statut de l'objet, livrant des versions parodiques des normes sociales et des tabous; le rôle des sexes y est souvent inversé; gestes et regards relèvent des thèmes usés de la passion, du pouvoir et de la jalousie. Les sculptures sont réalisées en porcelaine, ce matériau spécifique ayant été utilisé dès l'origine comme moyen de représentation, sa blancheur et ses qualités physiques translucides et lisses se prêtant aux détails délicats nécessaires aux récits. Chris Antemann émet, en substance, un point de vue féminin et une version contemporaine d'un archetype de la porcelaine. Interprétant des thématiques d'origine, elle les déforme et/ou les camoufle au coeur de ses propositions contemporaines en dialogue avec la riche histoire de ce matériau. Depuis 2011, Chris Antemann travaille en collaboration avec Meissen, et crée entre l'Allemagne où est située la manufacture, et son studio aux États-Unis. Ses oeuvres figurent dans de nombreuses collections privées et publiques. L'artiste vit et travaille à Joseph, Oregon, États-Unis. HEY! CERAMIQUES est sa première présentation en musée français.


GÉRARD ELI
poc 246/poc 248 (2010)
Terre blanche émaillée, dessin manuel à la plume,
encre de Chine.
poc 181- La Ville (2008)
Boix, inox, céramique.
Courtesy de l'artiste

Sculpteur autodidacte en céramique, l'artiste français Gérard Éli se passionne dès son plus jeune âge pour la création. Toutes les découvertes ou procédés qui lui permettent de façonner ou dominer la matière l'intéressent. Dès ses 3 ans, il dessine, coupe, ajuste, colle et construit lui-même ses jouets de prédilection. À 7 ans, il réalise sa première construction d'envergure: un voilier en allumettes, dont tous les éléments - mâts, voilages, cordages, canons - sont façonnés un à un. Dans le sillage de son grand-père passionné d'architecture, et après une formation dans le travail du bois à l'école Boulle à Paris, il devient ébéniste d'art et décorateur d'intérieur pendant vingt-cinq ans. Sa rigueur mathématique est une obsession de tous les jours. Dans les années 1990, il se dirige vers l'élaboration de mobilier en pièces uniques, puis dessine sur papier à l'encre de Chine, et façonne des oeuvres uniques en céramique où parfois est posée une écriture de son invention. Gérard Éli utilise des matériaux traditionnels et/ou contemporains. Nombre de ses oeuvres, composées d'éléments naturels - bois, sciure, copeaux, pigments, terre -, s'enrichissent d'objets issus de la technologie industrielle - métal, verre, pièces de voitures, pièces de moto - détournés de leur usage. Sa ville est la réalisation d'un urbanisme imaginaire dont l'enceinte serait infinie. L'artiste expose principalement en France et ses oeuvres ont intégré des collections particulières en France, en Europe, au Moyen-Orient, au Japon, aux États-Unis. Gérard Éli vit et travaille à Nice, France. HEY! CÉRAMIQUE.S est sa première exposition en musée.


GÉRARD ELI
De gauche à droite
poc 275 (2009) / poc 207 (2008)/poc 276 (2009)
Terre blanche émaillée, dessin à la plume, encre de Chine.
Courtesy de l'artiste

 


 CALVIN MA
In the Weeds (2023).
Guarded (2023).
Céramique, émail.
Courtesy HEY! modern art & pop culture

Durant son enfance, Calvin Ma a peu d'amis et passe des jours entiers enfermé, avec pour seule compagnie ses jouets, ne cessant d'échafauder pour eux des aventures bizarres et insensées ; il est un enfant puis un adolescent craintif et angoissé, ce manque de confiance ne le quittera pas en grandissant. Être confronté à l'inconnu de rencontres fortuites, perdu dans une foule d'étrangers ou même quelquefois en présence de familiers provoque en lui une nervosité accrue et envahissante qui amenuise ses facultés de communication. Découvrant l'art lors de ses études supérieures, Calvin Ma considère alors la sculpture comme un moyen où peut s'exprimer sa frustration, et comprend que son handicap social est le terreau originel où puiser l'énergie décalée de son enfance. Utilisant la forme - et la taille - de ses Action Figures d'antan, l'artiste sculpte de délicats êtres en céramique comme des allégories de lui-même, souvent casqués, tantôt ailés, expressions de son désir brûlant d'être protégé, libéré du joug des interactions humaines, cause de tant d'incertitudes. En cela, son art se fait projet de réconciliation, conçu pour ne pas quitter le monde sensible du beau milieu de lui-même, dominé par le jeu, et où l'affrontement et la souffrance provoqués par la présence de l'autre sont éloignés. Chaque sculpture, placée sur le cours de sa vie ainsi gérée, agit comme le contenu d'un journal intime, contourne l'anxiété, en dénoue le système d'enfermement, fait rejaillir une joie d'être en vie. Calvin Ma a reçu de nombreux prix d'importance. Ses sculptures font partie de collections d'art publiques et privées. L'artiste vit et travaille à San Francisco, Californie, États-Unis, et poursuit sa collection personnelle d'Action Figures


VIVIAN VAN BLERK
La Clairière (2019-2020). Grès et porcelaine. The Glade (2023). Emulsion photographique sur verre, peinture The Glade (2023). Tirage photographique couleur.
Courtesy de l'artiste et de Dominique Fiat (Paris)

Le travail de Vivian van Blerk est narratif et figuratif, sorte de résurrection naturaliste apaisée, mais aussi avertissement pour l'avenir. Après avoir obtenu en 1995 un Bachelor of Fine Arts à l'université Michaelis School of Fine Art du Cap, Vivian van Blerk crée pendant vingt ans des univers photographiques idiosyncratiques en expérimentant toutes les techniques de la photographie: cyanotypes, négatifs rehaussés, tirages sur plaques anciennes de verre, collages et assemblages. Pour réaliser les sujets qu'il souhaite photographier, il compose au préalable des maquettes, souvent d'imposantes dimensions et nécessitant un travail de modelage, façonnage, découpage, collage et peinture. Elles architecturent des scènes où une faune inspirée par son enfance africaine évolue au sein d'une nature primaire - ces sujets sont sculptés dans du polystyrène, de la terre, du plâtre ou du carton. Décors et personnages sont systématiquement détruits après avoir été photographiés. En 2017, l'artiste découvre la céramique, moyen d'assurer la pérennité de ses univers autrement qu'avec la seule photographie. Aujourd'hui, le travail de céramique occupe une grande partie de son temps. L'installation en céramique La Clairière fait partie de la série Ghost. Il s'agit de l'oeuvre finale, en grès et porcelaine, ayant subi plusieurs étapes dans le processus de son achèvement. Après modelage et montage, la pièce est entre chaque cuisson, (re)peinte à la main, puis photographiée, les cuissons modifiant invariablement les couleurs. Ainsi est capturée l'évolution de l'oeuvre, comme témoignage de la beauté précaire de l'existence. Collectionné en Europe, États-Unis, Afrique du Sud, Corée du Sud, Hong Kong et Turquie, son art est exposé depuis 1995. Il a également reçu le soutien de musées importants.

CRYSTAL MOREY
The RePlanting: Elephant (2021)
The RePlanting: Giraffe - Madonna and Child (2021) Venus on the Waves: Grizzly (2019)
The RePlanting: Over the Ocean - Rhino and Swan (2022) The RePlanting: Over the Land - Mt. Lion and the Unicorn (2022)
Porcelaine sculptée à la main.
Courtesy de l'artiste et Ferrin Contemporary (USA)

Crystal Morey est une sculptrice américaine en céramique. Inspirée par son éducation alternative où elle a grandi libre, dans une bourgade située sur les contreforts de la Sierra Nevada (Californie du Nord), son art rend hommage au monde naturel dont elle a si souvent, enfant, observé les cycles. Elle imagine des hybrides homme-animal-plante, dont les graines en latence, sont réveillées par des feux de forêt. Elles portent en germe une salvatrice adaptation des espèces et constituent un antidote devant les circonstances environnementales actuelles désastreuses. Ces créatures défient la science, et insufflent au genre humain l'idée d'une seconde chance : entamer un voyage à rebours est possible, pour le rétablissement d'une planète durable et florissante. Malgré tout, la fragilité et la délicatesse du medium choisi pour l'édification des sculptures rappellent la lutte livrée par les espèces marginales et en voie de disparition, conséquence de l'apocalypse créée par l'industrialisation outrancière. Au travers de son art, Crystal Morey aborde des questions spécifiques telles que l'acidification des océans et la destruction d'habitats, tout en attirant l'attention sur la beauté, l'adaptabilité et l'interconnectivité de la nature. Crystal Morey expose dans le monde entier. Ses oeuvres figurent dans de nombreuses collections privées et publiques. Elle vit et travaille à Oakland, Californie. Les oeuvres ici exposées l'ont précédemment été en 2022 à la Fondation Bernardaud, Limoges, France, dans le cadre de Esprits Libres - Céramique affranchie

DELPHINE BONNET
Microspace, installation murale (2023) Microspace #09 (2021) / Microspace #10 (2023) Microspace #05 (2020)/ Microspace #01 (2017) Microspace #6 (2020) / Microspace #04 (2020) Grès émaillé.
Courtesy HEY! modern art & pop culture

Delphine Bonnet grandit dans une banlieue tranquille de la région parisienne. Elle dessine sans relâche les oeuvres publiées dans une revue mensuelle de vulgarisation sur la peinture: un numéro, un peintre... En 1991, Delphine a 20 ans, et fréquente le New Moon, « le QG du rock alternatif » ; la même année, elle y rencontre Neil Gittings (1957-2014) et devient sa compagne. Neil est un artiste protéiforme et talentueux qui vit au jour le jour. Delphine Bonnet expérimente la précarité, le froid mais aussi les étoiles, la liberté totale et son prix. Elle se lance dans un projet de court-métrage d'animation, L'Humaine nature, qu'elle coréalise et coanime avec Neil - c'est d'ailleurs à cette occasion qu'elle sculpte pour la première fois. En 2001, elle tourne une page, se forme au montage audiovisuel, trouve du travail, revient à la vie « normale » et débute la céramique en 2007. « J'ai commencé à sculpter en autodidacte. Débutée en 2018, Microspace est une série de créatures inspirées d'êtres microscopiques. L'idée de partager mon quotidien avec un monde invisible, peuplé de créatures étranges et monstrueuses, me fascine. La limite de nos capacités sensorielles restreint notre perception de la réalité de ce monde. Ce constat m'interpelle et m'incite à interroger la place et le rôle de l'homme sur Terre, et encore plus largement dans l'univers. La coexistence de mondes connus et inconnus, dans l'infiniment petit et l'infiniment grand est une perspective vertigineuse, » confie l'artiste qui vit et travaille aujourd'hui à Montreuil (Île-de-France).

KIRSTEN STINGLE
De gauche à droite
Further Entanglements (2023)/Awakenings (2022). Salty and Sweet (2023). Grès porcelaineux, sous-glaçures, engobes et teintures. Technique mixte de façonnage et assemblage.
Oeuvre centrale: How I Learned to Stop Worrying (2021). Porcelaine sculptée à la main, sous-glaçures, engobes et teintures. Technique mixte de façonnage et assemblage.
Courtesy HEY! modern art & pop culture

Sculptrice autodidacte américaine, Kirsten Stingle qui s'épanouit d'abord au sein de l'univers théâtral, se découvre par la suite un grand intérêt pour le travail de la céramique. L'artiste articule sa réflexion artistique en trois axes : une société globalement connectée qui accentue l'isolement individuel ; la superficialité d'une compréhension minorée de notre place dans le monde ; un récit de l'expérience humaine. Kirsten Stingle utilise essentiellement la forme féminine comme protagoniste de ses fables où absurde, humour, générosité, farce et banalité, entrent en collision. Les figures sont en porcelaine, créées sans l'aide d'un moule. Un long temps est passé à appliquer les couleurs - chaque pièce fait l'objet de vingt à trente couches de finition, glaçures, engobes. Viennent ensuite d'autres finitions à froid comme la feuille d'or ou l'encaustique. Puis le personnage est associé à et à un travail divers éléments créés à la main - broderie, couture, perlage et collage du métal, de la vannerie et du bois, mention faite à la poétique du livre manufacturé. Cet équilibre délicat de techniques mixtes, élaboré en couches, agit comme une représentation allégorique de l'être humain et de sa complexe constitution de sentiments accumulés. Toujours en surface, des niveaux variés de textures - « cicatrices-empreintes de la vie » gagnées au fil de notre trajectoire dans l'existence - sont étudiés en tant que mémoration. Ses oeuvres sont principalement exposées aux États-Unis. Elles figurent dans plusieurs collections permanentes prestigieuses. L'artiste vit et travaille à Atlanta, Géorgie. HEY! CÉRAMIQUE.S est sa première exposition en Europe.


 
AMBER AGUIRRE
Gauche : Visit from an Old Friend (2023)
Droite Nurture (2021)
Porcelaine, émaux, façonnage à la main, technique originale Naked Fauxku.
Courtesy HEY! modern art & pop culture
Amber Aguirre a grandi construite par une conscience aiguë des discriminations et de l'injustice - sa mère est une survivante de l'Holocauste -, et l'artiste est handicapée. En 1994, s'étant rendue dans l'Utah pour suivre un stage de techniques de survie, elle se casse la jambe gauche en chutant dans un canyon inaccessible. Quatorze heures se passent avant qu'un hélicoptère puisse enfin la secourir. Malgré de nombreuses tentatives de chirurgie réparatrice étalées sur plusieurs années, elle est finalement amputée en 2019. Amber Aguirre utilise la porcelaine, et a mis au point une technique personnelle originale qu'elle a nommée Naked Fauxku, dont les propriétés - fissures et craquellements - sont propices à la transmission de son message de résilience au mal. Son art est un territoire de combat, l'affirmation de notre capacité de résistance face aux traumatismes, mais aussi un espace de fantaisie et d'humour chorégraphiés pour apaiser. Depuis vingt-deux ans, Amber Aguirre vit et travaille dans sa maison qui est aussi son studio de création à Kailua-Kona (Hawaï). Fascinée par les textures de la terre locale, il lui arrive de se rendre sur le volcan Kilauea situé dans le sud-est de l'île pour observer la lave en fusion, où munie de ses gants de raku, elle fait une offrande à Pélé, la déesse hawaïenne du feu, des éclairs, de la danse, des volcans et de la violence. HEY! CÉRAMIQUE.S est sa première exposition en France.

KIM SIMONSSON
Researcher 1 & 2 (2023)
Céramique, fibre de nylon, résine époxy, plantes artificielles, corde, objets trouvés.
Mise en situation de l'oeuvre Mossgirl With Pipe
(Kim Simonsson, 2020, céramique, fibre de nylon, résine époxy, ready made) photographiée in situ.
Courtesy de l'artiste et Galerie NeC - Nilsson et Chiglien (Paris)
Le sculpteur finlandais Kim Simonsson façonne un monde mythographique figuratif dont il sculpte les personnages en céramique à taille humaine. Transportant souvent des objets qu'on devine rescapés de l'on ne saurait dire quel événement, ses figures semblent traverser des territoires non déterminés, au gré de l'instant présent. Un travail photographique est également expérimenté, plaçant les oeuvres en milieu naturel. Imprégné de la dimension chimérique des contes et légendes nordiques anciennes, ces représentations d'êtres enfantins et créatures animalières font également citation des esthétiques populaires contemporaines du manga, du film d'animation et du jeu vidéo comme source virtuelle d'inspiration. Fasciné par les possibilités de la céramique, l'artiste expérimente sur la surface des sculptures des effets de trompe-l'oeil. Les oeuvres présentées ici ont été sculptées dans le grès, puis peintes et recouvertes de fibres de nylon vertes floquées, technique originale découverte au cœur de son atelier-laboratoire. L'art de Kim Simonsson a intégré un grand nombre de collections publiques et privées prestigieuses. Collectionnées dans le monde entier, ses œuvres sont présentées aux États-Unis, en France, en Allemagne, en Corée et en Europe du Nord. Il travaille dans son propre studio situé dans le village de Fiskars (Finlande).

CARL RICHARD SÖDERSTRÖM
Mother (2022). Grès de construction, glaçure de grès, couleurs desurglaçage.
The Prophet (2022).
Grès de construction, couleurs de surglaçage.
Courtesy de l'artiste et Galerie NeC - Nilsson et Chiglien (Paris)

Au fil de ses nombreux voyages, l'artiste suédois Carl Richard Söderström se laisse séduire par la nature, fasciné par la rapidité avec laquelle elle s'empare des lieux désertés par l'homme. Il travaille principalement avec une argile de grès à cuisson noire provenant d'Espagne, matériau à partir duquel il élabore des formes et des structures issues de son monde imaginaire intérieur. L'artiste aime la matière brute non émaillée lui permettant d'explorer la notion de « forme.s », les tons bleu-noir apparaissant à la surface de la terre utilisée, l'application en couches successives des engobes et l'émaillage camaïeu blanc s'opposant à l'argile noire, provoquant profondeur et transparence pour l'obtention à la surface d'un effet tridimensionnel. Convaincu que le travail de la céramique en lui-même représente une matière à part entière, l'artiste modèle directement dans l'argile son ressenti de la nature; naît une méthode de travail intuitive dont le processus est aussi important que le résultat final. Cette pratique artistique évolue donc autour de l'examen des méthodes artisanales traditionnelles de la céramique, où les expériences réalisées servent d'inspiration constante pour ce qui est à venir. Les oeuvres de Carl Richard Söderström ont intégré de nombreuses collections particulières, et l'artiste répond également à des commandes publiques d'envergure. Il vit et travaille à Farsta, dans le centre de Stockholm.

HANDIEDAN
De gauche à droite
Vector Equilibrium in Blue (2023). Dessin, découpage et collage en technique mixte, sur porcelaine de Delft. / Centauri in Blue Ceramics (2023). Impression pigmentaire sur porcelaine BFK Dordrecht./ Actiniaria in Blue Ceramics (2019). Dessin à l'encre, cuit sur
108 carreaux de céramique./The Many Faced Goddess in Blue (2023). Dessin, découpage et collage en technique mixte, sur porcelaine BFK Dordrecht./Tetrade in Blue (2020) Dessin, découpage et collage en technique mixte, sur porcelaine anglaise.
Courtesy HEY! modern art & pop culture. Tetrade in Blue: Collection particulière.

Handiedan est une artiste plasticienne hollandaise pratiquant le dessin depuis sa tendre enfance. Profondément influencée par des intérêts scientifiques et spirituels - de la physique quantique, cosmologie et numérologie aux géométries sacrées, à la métaphysique et aux philosophies orientales -, l'artiste agrège dans son art les techniques de la main (dessin, découpage et collage traditionnels) et celles numériques (sampling et assemblages d'images) pour matérialiser son idée des diverses formes et canaux qu'emprunte l'énergie vitale du temps sans commencement ni fin de l'univers. Au travers de ce processus questionnant l'accumulation, et la constance d'un échange invisible entre passé, présent et futur, l'artiste choisit de refléter le mouvement éternel de la vie par une figuration des identités du féminin puissant contemporain. Dans ce flux, le personnage fétiche de l'artiste - Amélie - apparaît dessiné au stylo dans chaque oeuvre, comme une particule quantique espiègle, fluide et discrète. À compter de 2019, Handiedan produit une nouvelle série de hauts-reliefs - découpage et collage sur faïences anciennes -, puisant dans le prestigieux passé du bleu de Delft pour configurer une nouvelle stature d'oeuvres, aux côtés de ses bas-reliefs encadrés dont la réputation est aujourd'hui internationale. Son art est exposé dans le monde entier, collectionné en Europe, Royaume-Uni, États-Unis, Japon, Australie, Mexique. En 2011, elle commence à réaliser des oeuvres en extérieur et à grande échelle, en Europe et aux États-Unis. Depuis 2017, Handiedan s'engage également dans l'exploration de la réalité virtuelle, et les NFTs. Handiedan vit et travaille à Amsterdam, Pays-Bas. L'artiste a été présentée pour la première fois en France par HEY! en 2013.

MURIEL PERSIL
De gauche à droite
Abracadabra (2023). Grès, engobes, émail. Courtesy School Gallery (Paris)
Daphné (2023). Grès, engobes, or.
Courtesy HEY! modern art & pop culture

Peintre et céramiste, Muriel Persil développe dans l'espace et au travers de la notion de métamorphose, un ailleurs d'étrangetés et d'ambiguïtés. L'artiste trouve dans le travail de la terre - le grès et parfois la porcelaine - un moyen d'exercer son imaginaire à la figuration de nature morte, au plus près de la transformation de la matière; en émergent efflorescences et concrétions, expression de la relation invisible que l'Homme entretient avec le Vivant. L'art de Muriel Persil maintient également le dialogue avec un certain héritage préraphaélite, fil qui fait naître chez elle une thématique aquatique, et une esthétique associée au « passage » - entre la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, l'universel et le moi intime - chère aux romantiques et symbolistes. Au sein de son installation Abracadabra créée pour HEY! CÉRAMIQUE.S, un jeu mouvant entre les éléments est opéré, des entités apparaissent. L'artiste a grandi dans une atmosphère propice aux arts. Elle expérimente son goût pour l'anatomie, le nu et le portrait à partir de 1986 au sein des ateliers des beaux-arts à Paris, et de l'académie de la Grande Chaumière auprès du peintre chilien Carlos Sotomayor (1911-1988). En 2013, elle s'oriente vers la sculpture en céramique explorée en autodidacte. Cette rencontre avec le médium provoque une rupture dans sa trajectoire, elle s'y consacre entièrement depuis, et travaille telle une passionaria : « la terre ma rendue boulimique, je ne peux arrêter de la travailler ». Depuis 2019, l'artiste alterne la sculpture d'envergure et les pièces évocatrices de l'histoire traditionnelle de la céramique. Dans l'ensemble de ce travail, l'application des engobes ou de l'émail n'est jamais préméditée, une identité forte s'installe au travers d'un choix singulier de la couleur. Muriel Persil expose principalement en France, elle vit et travaille à Perpignan, France.

THADDEUS ERDAHL
De gauche à droite
Greetings From the Future (2020)
The Pitiless wave of finding myself lost and dazed (2023) Using your tool (2020)
Céramique sculptée et modifiée sous presse, émail, engobe, sous-émail, techniques mixtes
Courtesy HEY! modern art & pop culture

Sensible à la polyvalence du médium, à sa réactivité et sa capacité à imiter d'autres matériaux, l'artiste américain choisit la céramique pour exprimer son esprit nostalgique et frondeur, ainsi que son attachement aux « personnages émergeant des bas-fonds de notre société, les personnes les moins populaires » qu'il portraitise sans égards pour rire avec eux de la condition tragico-comique à laquelle la société les assigne. L'artiste a grandi dans l'Iowa, au sein d'une famille aimante, dépensant le plus clair de son temps dans la boutique de son père, antiquaire et restaurateur de mobilier ancien. Observant fasciné ces quantités d'objets différents et d'origines variées, autrefois possédés et estimés, l'enfant imagine la complexité de leur première condition. Produits de cette rêverie fondatrice, les oeuvres de Thaddeus Erdahl s'attachent à recréer, avec l'argile, l'apparence du bois, du métal, de la roche. Ce processus devient la source d'une construction narrative iconoclaste où siège le goût de l'artiste pour les jouets anciens en bois et en fer blanc. Multipliant les procédés de façonnage, il existe pour lui une notion de perfection dans l'idée de reproduire des surfaces vieillies et usées, fissurées, crevassées, ternies et tachées. La sculpture ainsi pensée et réalisée capture de manière vivante « un sens du temps ». L'art de Thaddeus Erdahl est principalement exposé et collectionné aux États-Unis. L'artiste vit à Clarkesville, Géorgie, et travaille dans le studio Stueferdahl. HEY! CÉRAMIQUE.S est sa première présentation en Europe.


YURIM GOUGH
De gauche à droite
Hold me tight! (2021)/ Where is the romance! (2021) I have no one to tell! (2021) / Don't drag me down! (2021) I'm waiting for you! (2021) / Why can't you see us! (2021) Make a wish! (2021) / Don't tell me what you want! (2021) Falling into you! (2021)
Dessin au crayon céramique sur grès. Transferts céramique et stylo porcelain. Or, cristaux, fil. Parties d'impression en 3D.
Courtesy HEY! modern art & pop culture

Yurim Gough est une artiste plasticienne originaire de Corée du Sud, pays marqué par une tradition passionnée de la céramique. Après avoir pendant plus de dix ans travaillé à Séoul, Tokyo et Londres comme styliste de mode pour la chaussure, elle déménage en Angleterre en 2007 et adopte la céramique comme expression majeure de son art, inaugurant en 2013 la création de ce qu'elle nomme « bols », où sont combinés la forme organique de l'objet moulé à la main, le dessin direct sur surfaces profilées, la superposition d'images collectées dans l'univers des réseaux sociaux et de la mode ; une technique originale, associée à celle sculpturale, qui est occasionnellement agrémentée de la technique du kintsugi. Dans chaque pièce, l'artiste incorpore de l'or dix-huit carats, des fils, des cristaux, des pièces imprimées en 3D et des QR codes. En 2016, on diagnostique à l'artiste un cancer du sein. Son affrontement contre la maladie nourrit alors son projet Vain Ego, série d'autoportraits en céramique documentant ce combat en 2022, VainEgo est repris, financée par l'Arts Council England, et présentée par l'APT Gallery, Londres. Les oeuvres de Yurim Gough figurent dans de nombreuses collections particulières, ont été sélectionnées pour des prix d'art, et sont présentées en Europe et en Asie. L'artiste vit actuellement à Cambridge, en Angleterre, où se trouve son studio. Les oeuvres ici exposées l'ont précédemment été en 2022 à la Fondation Bernardaud (Limoges, France), dans le cadre de Esprits Libres - Céramique affranchie.

DAVID COHEN
Têtes, série Terra e pino (2018)
Terre cuite ocre, cristalline, émaux.
Courtesy de l'artiste

David Cohen est un artiste plasticien, psychiatre pour enfants et adolescents. Son parcours l'a amené à explorer plusieurs médias tels que la peinture, la sculpture et la performance. Il travaille à Paris (France) et à Pietrasanta (Italie). Son ambition artistique est avant tout poétique. Ses expositions traitent généralement de divers thèmes dans lesquels les effets de trace ou de mémoire et les questions existentielles, invariantes à la condition humaine, s'entremêlent. Il privilégie la couleur et les variations comme en musique, en tant que source d'inspiration constante. En plus de ses activités dans le domaine des arts visuels, David Cohen est commissaire et membre de plusieurs comités ou fondations soutenant l'outsider art ou l'art-thérapie. David Cohen vit et travaille à Paris (France).

YURIM GOUGH
De gauche à droite
Hold me tight! (2021)/ Where is the romance! (2021) I have no one to tell! (2021) / Don't drag me down! (2021) I'm waiting for you! (2021) / Why can't you see us! (2021) Make a wish! (2021) / Don't tell me what you want! (2021) Falling into you! (2021)
Dessin au crayon céramique sur grès. Transferts céramique et stylo porcelain. Or, cristaux, fil. Parties d'impression en 3D.
Courtesy HEY! modern art & pop culture

Yurim Gough est une artiste plasticienne originaire de Corée du Sud, pays marqué par une tradition passionnée de la céramique. Après avoir pendant plus de dix ans travaillé à Séoul, Tokyo et Londres comme styliste de mode pour la chaussure, elle déménage en Angleterre en 2007 et adopte la céramique comme expression majeure de son art, inaugurant en 2013 la création de ce qu'elle nomme « bols », où sont combinés la forme organique de l'objet moulé à la main, le dessin direct sur surfaces profilées, la superposition d'images collectées dans l'univers des réseaux sociaux et de la mode ; une technique originale, associée à celle sculpturale, qui est occasionnellement agrémentée de la technique du kintsugi. Dans chaque pièce, l'artiste incorpore de l'or dix-huit carats, des fils, des cristaux, des pièces imprimées en 3D et des QR codes. En 2016, on diagnostique à l'artiste un cancer du sein. Son affrontement contre la maladie nourrit alors son projet Vain Ego, série d'autoportraits en céramique documentant ce combat en 2022, VainEgo est repris, financée par l'Arts Council England, et présentée par l'APT Gallery, Londres. Les oeuvres de Yurim Gough figurent dans de nombreuses collections particulières, ont été sélectionnées pour des prix d'art, et sont présentées en Europe et en Asie. L'artiste vit actuellement à Cambridge, en Angleterre, où se trouve son studio. Les oeuvres ici exposées l'ont précédemment été en 2022 à la Fondation Bernardaud (Limoges, France), dans le cadre de Esprits Libres - Céramique affranchie.





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