On profite de notre passage à Toulouse pour découvrir cette préfiguration du futur musée des Beaux-Arts de la ville rose :
Érigée au XIV siècle, consacrée en 1504, l'église perd définitivement sa vocation religieuse pendant la Révolution française. Elle est ensuite modifiée à plusieurs reprises, les aménagements muséographiques tendant surtout à gommer les spécificités de son architecture gothique. Ce n'est que dans les années 1950 que l'on entreprend de retrouver les volumes d'origine et valoriser le bâtiment dans sa richesse et dans sa complexité.
Plus que toute autre partie du musée, l'église témoigne de la vocation initiale du bâtiment: elle est à ce titre un formidable écrin pour raconter le passé, le présent et le futur du musée des Augustins. S'y trouve par ailleurs une sélection équilibrée pour découvrir les collections du musée, leur provenance et leur signification. Peintures et sculptures se mêlent, œuvres toulousaines et européennes dialoguent. Exceptionnellement présentées ici, les gargouilles permettent d'évoquer la sculpture médiévale, grande richesse du musée, d'ordinaire absente dans cette partie du parcours.
Alors que le musée des Augustins est fermé pour travaux depuis plusieurs années et restera fermé plusieurs années encore, il est nécessaire et crucial de s'interroger sur ce que ce lieu nous raconte de Toulouse, sur ce que les œuvres font là et sur ce qu'elles ont à nous dire à nous, visiteurs du XXI' siècle. Le musée est une fenêtre ouverte sur le monde et sur les hommes et les femmes qui l'habitent, un lieu de découverte et de partage. Que l'on peut parcourir avec sérieux... ou avec légèreté.
Nicolas Bachelier
(Arras, 1487 - Toulouse, 1556)
Atlantes et caryatides, 1547
L'ordre caryatide, particulièrement apprécié à Toulouse, y connut des applications spectaculaires, tels ces termes, figures prises dans une gaine de pierre. Nicolas Bachelier les disposa sur 'une grande croisée" de la demeure de Michel Du Faur de Saint-Jory. Le modèle en est inspiré, via la gravure, des décors du château de Fontainebleau.
LA CRÉATION DU COUVENT DES AUGUSTINS ET DE SON CLOÎTRE
L'arrivée des ordres mendiants à Toulouse s'effectue par étapes. Dépendant de la charité publique pour vivre, ces communautés religieuses, vivant en ville dans des couvents, font le choix d'une pauvreté radicale pour témoigner de l'Evangile. Constituant un ordre religieux catholique depuis 1274, les Ermites de saint Augustin se dévouent notamment aux soins des paroisses, à l'enseignement et à la lutte contre l'exclusion des plus pauvres. La vie de la communauté est organisée selon la règle établie par saint Augustin à la fin du IV siècle.
C'est en 1309 que les Ermites de Saint-Augustin décident d'établir leur nouveau couvent au coeur de Toulouse. Avec l'autorisation du Pape Clément V, des travaux sont rapidement entrepris sous la direction de Jean de Lobres, maître d'œuvre de la cathédrale Saint-Étienne.
Dès 1341, une assemblée générale de l'ordre se réunit dans le couvent. A cette date étaient sans doute déjà construites quatre travées de l'église, le clocher et les salles capitulaires, ainsi que la première galerie du cloître. L'ensemble des galeries du grand cloître est achevé a la fin du XIV siècle. A cette époque, près de deux-cents moines vivaient, travaillaient et priaient dans le couvent..
Caractéristique de ce qu'on appelle le style gothique méridional, l'église est organisée autour d'une large nef unique, sans transept, ouvrant sur un chevet à trois chapelles seulement. Sa construction est ralentie par le grand incendie qui ravage Toulouse en 1463: l'église est finalement consacrée le 30 juin 1504.
Peintre non identifié
(1ère moitié du 14° siècle)
Le Christ en croix avec le cardinal Guilhem de Peyre Godin en orant,
avant 1336 Toile incrustée sur bois de pin découpé peinte à la tempera
sur ses deux faces.
Godin (cardinal en 1312, mort en 1336) est présenté en prière aux pieds de la double croix qu'il a commandée pour les Jacobins. Le style, dans la continuité de Giotto, a pu suggérer une commande à un peintre florentin installé en Avignon, où résidaient Godin et la cour pontificale. Cependant, il ne reste presque rien de la production de cette époque, un peintre méridional au fait des nouveautés italiennes n'est donc pas à exclure.
Peintre non identifié début 16° siècle
Saint Dominique
Huile sur bois de chêne
Le saint est représenté de manière très vivante. Il nous fait face sur fond d'un couvent avec une église et des cellules, comme un simple religieux de l'ordre dominicain, l'un des ordres mendiants, fondé à Toulouse en 1215. Le chien tenant une torche dans sa gueule rappelle le jeu de mot sur « dominicain »>, soit le chien du seigneur, ce qui évoque le zèle religieux de l'ordre.
Carlo Вопопі
(Ferrare, 1569-id., 1632)
L'apparition de Notre-Dame de Lorette, 1er quart du 17e siècle Huile sur toile
La légende veut que la maison de la Vierge ait été transportée par miracle de la Terre Sainte à Lorette, province d'Ancône, en Italie centrale, où elle devint objet de pèlerinage. Le grand peintre ferrarais du début du 17e siècle, Carlo Bononi associe la Vierge de Lorette à plusieurs saints. Une restauration récente et spectaculaire a permis de retrouver la figure d'un saint Sébastien grandeur nature qui était cachée sous des repeints.
Sculpteur non identifié
Buste à l'antique, 16° siècle
Calcaire peint
Provenance inconnue.
Ce personnage couronné de laurier et vêtu à l'antique porte une cuirasse à lambrequins ornée d'un aigle et un manteau retenu par une fibule. Simple buste ou statue en pied, cette œuvre se trouvait dans une niche ou contre un mur, le dos n'étant pas travaillé. Compte tenu de son traitement en fort relief, elle était destinée à être vue de loin, mais on ignore quel était son emplacement d'origine. Il s'agit d'un portrait royal, peut-être François Ier ou Henri IV.
Sculpteur non identifié
Buste de Henri IV
vers 1606 Marbre blanc
Henri IV a demandé que son buste soit placé dans les nouvelles galeries de l'Hôtel de ville comme cela s'était fait à Paris. Il est représenté en empereur romain portant la couronne de laurier des vainqueurs. Il impose ainsi sa présence symbolique et protectrice au sein même de la maison commune. Une manière de se rappeler au bon souvenir de Toulouse qui s'était opposée à lui, malgré sa conversion au catholicisme.
Artus Legoust
(Bourges, avant 1580-Toulouse, vers 1630)
Buste de Louis XIII, 1620
Marbres blanc et noir, cuivre
Pendant les guerres de religion, les capitouls ont multiplié les signes de fidélité envers Louis XIII (1601-1643) et le catholicisme. Ce buste complétait une statue de Louis XIII terrassant l'Hérésie, placée sur un portail de l'arsenal municipal où l'on produisait les canons nécessaires à la défense de la ville. L'ensemble a été remployé sur la porte d'entrée du Capitole en 1671, puis sur la façade d'une maison place Mage en 1758. Il a finalement été en partie détruit à la Révolution.
Marco Basaiti
(?, vers 1470 - Venise, 1530)
La Vierge et l'Enfant, entre saint Sébastien et sainte Ursule
Huile sur panneau de peuplier
Au début du 16° siècle qui vit à Venise
l'affirmation de Giorgione et du jeune Titien, Basaiti reste fidèle à la formule de la Sacra Conversazione, scène qui associe la Vierge à l'Enfant à plusieurs saints, souvent devant un paysage. Cet intérêt pour la nature et la couleur est une caractéristique de Venise. Comme son voisin, La Chasse, ce tableau, susceptible d'être un bien spolié durant la guerre, attend de retrouver son propriétaire légitime.
Gerolamo Viscardi
(Laveno, 1467 - Gênes, après 1522)
Épitaphe de Pierre de Saint-André, 1508
Marbre
Le nouveau vocabulaire de la Renaissance (arc de triomphe, pilastres, voûtes à caissons...) s'est diffusé dans les provinces françaises grâce aux artistes italiens venus en France, mais aussi, comme ici, par des commandes faites en Italie par des amateurs français. Président du Parlement de Toulouse, Toulousain, Saint-André a été conseiller de Louis XII et président à la cour de Gênes, ville brièvement conquise par les Français. Ce style délicat aux personnages élancés et expressifs ne semble pas avoir été repris dans la région.
Giovanni di Francesco
(?, 1427 - ?, après 1498)
La Chasse
Tempera sur panneau de peuplier
La forme particulière de ce panneau s'explique par sa fonction de "spalliera", un élément de lambris ornant un cabinet du palais ducal d'Urbino au milieu du 15e siècle. De part et d'autre d'un pont avec en arrière-plan une vue de Florence, le peintre a représenté une chasse à pied populaire et une chasse à courre aristocratique. Si l'école florentine est célèbre pour sa maîtrise de la perspective, Giovanni di Francesco peint ici un paysage poétique aux couleurs et à la végétation irréelles.
Détail du tableau précédent
Pietro di Cristoforo Vanucci dit Le Pérugin
(Citta della Pieve, vers 1450 - Fontignano, 1523)
Saint Jean l'Évangéliste et saint Augustin, entre 1502 et 1521
Huile sur panneau de peuplier
Ce panneau est l'un des éléments d'un immense retable à deux faces peint par le Pérugin pour l'église Sant'Agostino de Pérouse. Il s'y consacra de 1502 à sa mort, aidé par son atelier. La beauté des deux saints est sublimée par la lumière et la douceur des collines de l'Ombrie. D'abord considéré comme l'un des grands peintres de son temps, le Pérugin fut ensuite dépassé par la génération de Raphaël, Michel-Ange et Léonard de Vinci.
Nicolas Bachelier (?)
(Arras, 1487 - Toulouse, 1556)
Buste de la Vierge à l'Enfant, vers 1545
Pierre
Bachelier a signé un bail à besogne (contrat) pour achever le clocher commencé vers 1510. Vingt-trois têtes ou bustes de personnages religieux en très haut relief ont été sauvés après l'effondrement du clocher, en 1926. Ils étaient disposés tout autour du clocher sur plusieurs niveaux. Ils montrent le style "à l'antique" qui se répand alors partout en France.
Nicolas Bachelier (?)
(Arras, 1487-Toulouse, 1556)
Groupe d'enfants, après 1532
Pierre autrefois peinte
Nicolas Bachelier
(Arras, 1487 - Toulouse, 1556)
Têtes d'apôtres, 1532 et s.
Pierre peinte
Dans la cathédrale, l'autel réservé aux paroissiens était surmonté d'un retable monumental de 9 m de haut, organisé comme une scène de théâtre. D'une conception nouvelle à Toulouse, il montre que Bachelier connaissait l'art des artistes italiens tels que Raphaël et Michel- Ange. Parmi des colonne lisses ou torses, les apôtres pleuraient la mort de la Vierge alitée. Leurs visages aux âges et aux attitudes variées expriment une profonde douleur, appuyée par la polychromie.
Nicolas Bachelier
(Arras, 1487 - Toulouse, 1556)
Reliefs du retable de l'église Notre-Dame de la Dalbade, 1544
Pierre autrefois peinte de couleurs
vives, d'or et d'argent par Bernard Nalot en 1545
Ces reliefs proviennent d'un vaste retable à 3 niveaux. Au centre, la Vierge à l'Enfant dans une niche s'élevait au-dessus d'un relief de la Cène, entourée de 4 saints personnages. Les 4 éléments conservés, consacrés à la vie de la Vierge, autrefois disposés sur deux niveaux, montrent une très bonne connaissance de l'art de la Renaissance italienne: Raphaël et son entourage, ou encore Léonard de Vinci. Plusieurs niveaux de reliefs se superposent pour rendre la profondeur, dans ces scènes très fouillées.
Détail de l'œuvre précédente
Nicolas Bachelier (?)
(Arras, 1487 - Toulouse, 1556)
Mise au tombeau du Christ, 1535
Deux personnages (Joseph d'Arimathie et Nicodème) emportent le Christ dans son tombeau après la Crucifixion. Le Christ montre un corps athlétique et un visage d'une grande douceur, selon des sources traditionnelles mais aussi contemporaines venues d'Italie. Son buste pivote légèrement vers le fidèle pour l'associer au drame qui se joue.
Sculpteur non identifié
Auger Ferrier (1513-1588),
17º ou 19° siècle (?)
Terre cuite peinte en blanc
Médecin, astrologue et poète, Ferrier déclarait que Toulouse «en talents l'emporte sur la savante Athènes et rivalise avec la grandeur romaine >>. Médecin et astrologue de la reine Catherine de Médicis, il a rédigé plusieurs traités dont un sur la peste. En 1581, il est revenu à Toulouse où il habitait 39, rue Saint-Rome. Inspiré d'une gravure, Ferrier est représenté en costume de son époque. Les proportions et le traitement, semblables sur d'autres bustes d'illustres, évoquent une œuvre du 19e siècle.
Jan Janssens
(Gand, 1592 - ?, après 1650)
Le Couronnement d'épines
Huile sur toile
Les principales spécificités du caravagisme flamand et hollandais sont le caractère grotesque des personnages et le traitement de la lumière à la chandelle. Dans une formule souvent répétée, Janssens positionne une figure en contre-jour devant la source lumineuse. Les bourreaux du Christ se répandent en grimaces et moqueries. Le contraste si réussi de ce genre de tableau consiste à montrer la part de beauté et d'humanité face aux instincts les plus vils de l'homme.
Thomas Willeboirts dit Bosschaert
(Bergen-op-Zoom, 1614 - Anvers, 1654)
Le Martyre de saint Jacques,
après 1637 Huile sur toile
À la suite de Rubens, les peintres flamands du 17e siècle développent un style baroque spectaculaire qui permet de répondre aux nouvelles exigences de l'Église catholique. Le martyr chrétien est présenté devant le souverain pour abjurer sa foi. Il refuse, est exécuté et accueilli au ciel. Représentant initialement un martyr non identifié, le tableau a été repris par le peintre qui a ajouté le bâton de pèlerin et la coquille, pour qu'il s'accorde avec l'église Saint-Jacques de Bruges.
Wenzel Coebergher
(Anvers, vers 1561 - Bruxelles, 1634)
Le Christ présenté au peuple
Huile sur bois
Ce tableau sur bois témoigne d'un artiste entre deux époques. La présentation du Christ devant Pilate est accompagnée d'une figure de bourreau inspirée de l'univers moderne du Caravage. En revanche, la présence de donateurs en habits contemporains au milieu de la scène, les commanditaires du tableau, appartient au répertoire plus traditionnel de la peinture flamande. Coebergher qui passa des années à Naples était l'un des nombreux passeurs entre ces deux mondes.
Marc Arcis
(Toulouse, 1652 - 1739)
Louis XIV, 1674
Terre cuite peinte
à l'imitation du bronze
Âgé de 36 ans, Lo: is XIV est représenté en costume militaire inspiré des grands conquérants de l'antiquité tels qu'Alexandre ou Auguste. La haute perruque au traitement virtuose donne mouvement et dynamisme à ce portrait psychologique d'un souverain hautain, déjà marqué par l'âge. Destiné à un bâtiment public, qu'il garantissait ainsi de sa protection, ce portrait participait à la propagande monarchique.
Giovanni Battista Tinti
(Parme, 1558 - id., 1604/160)
La vierge à l'Enfant et le mystere de la Passion, dernier quart du 16° siècle Huile sur toile
Dans la perspective chrétienne, l'Enfant Jésus est promis à une mort sacrificielle dès sa naissance. Dans ce tableau, Tinti opte pour un univers visionnaire où la mort est omniprésente. Le bébé est cadavérique, les anges exhibent les attributs de la Passion du Christ comme les clous de la Croix, la couronne d'épines et le calice recueillant son sang. Le peintre fait preuve de la délicatesse et du sens de la couleur des grands peintres de Parme, comme Corrège et Parmesan.
Cristofano Gherardi
(Borgo San Sepolcro, 1508 - id., 1556)
La Visite de la Vierge à sainte Élisabeth,
1541-45
Huile sur toile
La Visitation est la visite que la Vierge Marie, enceinte de Jésus, rendit à sa cousine Élisabeth, enceinte de saint Jean-Baptiste. Gherardi, un élève de Vasari, peintre et auteur des célèbres <
Bertholet Flémal
(Liège, 1614 - id., 1675)
La Conversion de saint Paul, vers 1660 Huile sur toile
Saül, un riche marchand qui persécutait les chrétiens, est littéralement renversé par une vision du Christ alors qu'il se rend à Damas. Il se convertit et sera désormais saint Paul, l'apôtre du Christ. Flémal, un grand artiste de Liège, rend avec force l'idée du miracle qui projette au sol l'incrédule. L'élan baroque qui anime toutes ses figures divines ou humaines est irrésistible. Ce grand tableau ornait le maître-autel de la cathédrale de Liège dédiée à saint Paul.
Gabriel Blanchard
(Paris, 1630 - id., 1704)
Purification de la Vierge,
1682 Huile sur toile
La purification de la Vierge est une tradition juive. Les femmes venant d'accoucher doivent observer un temps de purification de 40 jours avant de présenter leur enfant au Temple. Gabriel Blanchard, situe cette cérémonie dans une colonnade ouverte à l'antique. Son style brillant et coloré s'insère dans ce qu'on a appelé le rubénisme, un mouvement inspiré de Rubens en opposition au poussinisme, un goût plus classique en hommage à Nicolas Poussin, le grand peintre français du 17° siècle.
Charles de La Fosse
(Paris, 1636-id., 1716)
La Présentation de la Vierge au Temple, 1682 Huile sur toile
Selon le Nouveau Testament, la petite Marie aurait été présentée au Temple par ses parents Anne et Joachim en remerciement du miracle de sa naissance car ils étaient trop vieux pour enfanter. À l'imitation du grand peintre vénitien le Titien, La Fosse a représenté la Vierge en petite fille gravissant seule un escalier monumental, observée par les fidèles. La Fosse fut le plus grand peintre français de la fin du règne de Louis XIV. Maître de Watteau, sa peinture gracieuse ouvre vers les temps modernes.
La chapelle du Mont-Carmel : le rêve baroque d'un dévot
Pour la chapelle qu'il a financée aux Grands Carmes à la fin du 17° siècle, le magistrat Gabriel Vendages de Malapeire a imaginé un décor somptueux à la gloire de la Vierge, pour lequel il a fait appel à de nombreux artistes de premier plan dont Arcis, Toulousain et sculpteur du roi. Un grand retable baroque figurait le Mont. Quatre colonnes torses soutenaient un baldaquin représentant l'oratoire d'Élie. Une statue de la Vierge en marbre blanc devait y pendre place, contrastant avec un environnement saturé de peintures, de bas-reliefs, de fleurs et d'angelots dorés ou peints de couleurs vives. Les 4 saints personnages étaient disposés deux par deux sur les marches menant au baldaquin. Leurs regards tournés vers la Vierge, ils manifestaient les
sentiments les plus passionnés devant le prodige de son Assomption (la montée au ciel de la Vierge tout de suite après sa mort).
Marc Arcis
Toulouse, 1652- id 1739
Saint Simon Stock, après 1691 (?)
Terre cuite peinte en blanc
L'Anglais Simon Stock a été élu 6* prieur de l'ordre des Carmes au 13° siècle. Pendant qu'il priait, il a reçu une vision de la Vierge entourée d'anges. Elle lui tendait le scapulaire et lui disait: "Quiconque meurt revêtu de cet habit sera sauvé". Un scapulaire est une pièce de tissu que les moines portaient sur les épaules et qui leur descendait dans le dos et sur la poitrine. Ici Simon le tient à la main.
Marc Arcis
(Toulouse, 1652-1739)
Élie, après 1691 (?)
Terre cuite peinte en blanc
Élie, prophète et ermite, est considéré comme le fondateur spirituel de l'ordre des Carmes. Au 12e siècle, suivant son exemple, une douzaine de religieux (venus avec les croisés conquérir Jérusalem) se sont installés au mont Carmel dans la baie d'Haïfa. Ils ont adopté le mode de vie des moines orientaux fait de solitude et de prières. Adorateurs de la Vierge, ils se sont dispersés en Europe à partir du 13° siècle
Marc Arcis
(Toulouse, 1652-1739)
Élisée, après 1691 (?),
Terre cuite peinte en blanc
Le prophète Élisée était le disciple d'Élie. Il a été témoin de son "ravissement", c'est-à-dire de son enlèvement au ciel dans un char de feu par le dieu des Juifs. Élie l'a alors désigné comme son successeur en lui lançant son manteau en peau de chèvre. Cette scène de l'Ancien Testament annonce l'Ascension du Christ et l'Assomption de la Vierge dans le Nouveau Testament.
Marc Arcis
(Toulouse, 1652-1739)
Agabus, après 1691 (?)
Terre cuite peinte en blanc
Riche habitant de Jérusalem, Agabus a été l'un des prétendants de Marie lorsque le Grand Prêtre lui a cherché un époux. Mais selon la tradition chrétienne, Dieu lui-même a choisi Joseph. Éconduit, Agabus s'est retiré au Mont Carmel où il a fait construire la première église érigée en l'honneur de la Vierge. La sculpture en montrait autrefois le plan.
Caspar de Crayer
(Anvers, 1584 - Gand, 1669)
Job sur le tas de fumier,
1619 Huile sur toile
Job fut mis à l'épreuve par Dieu mais il lui resta fidèle en dépit de tout. Crayer a choisi de représenter la femme de Job en train d'insulter son mari et de le pousser à se révolter. Le peintre s'est inspiré d'un tableau disparu de Rubens. Le clair-obscur, les tonalités brunes et la présence des corps indiquent l'influence du caravagisme, au moment où ce style dominait la vie artistique européenne.
Francesco del Cairo
(Milan, 1607 - id., 1665)
Le Mariage mystique de sainte Catherine, vers 1650
Huile sur toile
Le mariage mystique de sainte Catherine est l'union spirituelle entre la jeune martyre et l'Enfant Jésus qui était considéré comme l'Époux de toutes les religieuses. Cairo renouvelle ce thème populaire en introduisant dans la scène le cardinal Frédéric Borromée, archevêque de Milan jusqu'en 1631. Le peintre est l'un des grands acteurs de l'école lombarde caractérisée par un sentiment religieux très expressif.
Sébastien Bourdon
(Montpellier, 1616 - Paris, 1671)
Le Martyre de saint André,
1645-1648 Huile sur toile
Saint André, l'un des apôtres, est représenté au moment de sa crucifixion devant une statue de Jupiter qu'il a refusé d'adorer. Après un séjour en Italie, Bourdon, protestant originaire de Montpellier, est devenu l'un des grands représentants du classicisme français, réalisant de nombreuses compositions pour les églises. Son art est solennel avec un sens de la couleur très personnel. Ce tableau était couronné d'un autre, représentant Dieu le Père, aujourd'hui au musée de Lille.
Gervais Drouet
(région du Mans, 1609 - Toulouse, 1673)
Le Christ et la Samaritaine au puits, 1656 Pierre
Formé dans sa région puis à Rome de 1648 à 1652 dans l'atelier du Bernin, Drouet s'installe à Toulouse en 1654. Dans l'évangile de Jean, le Christ rencontre une femme près d'un puits dans le désert de Samarie. Il lui demande à boire bien qu'il soit interdit de parler à une femme ou à une Samaritaine, considérée comme impure par les Juifs. Cependant, il la convertit, preuve de l'universalité de son message. Cette sculpture reprend des modèles italiens (A. Carrache, C. Maratta ou encore Lavinia Fontana) largement diffusés par la gravure.
Peter Paul Rubens
(Siegen, 1577 - Anvers, 1640)
Le Christ entre les deux larrons,
vers 1635 Huile sur bois
Avec son génie inventif, Rubens a complètement renouvelé le thème du Christ en Croix. La particularité du tableau de Toulouse réside dans son caractère intime et personnel en dépit de sa monumentalité. Il est peint sur des panneaux de bois, ce qui est rare pour un grand tableau d'église. L'expression de désespoir du Christ au moment de sa mort et l'abandon passionné de Marie-Madeleine sont poignants. On remarquera enfin le contraste entre le Christ blafard et la carnation cuivrée des larrons.
Giovanni Francesco Barbieri,
dit Le Guerchin (Cento di Ferrara, 1591 - Bologne, 1666)
La Gloire de tous les Saints, 1645-47
Huile sur toile
Dans les cieux, tous les saints sont représentés dans un premier registre. Plus haut, la Trinité (le Christ, le Père et le Saint-Esprit) règne, accompagnée de la Vierge, de Joseph ainsi que des anges et archanges. Chaque saint est reconnaissable à son attribut. Ce tableau est représentatif de la maturité du peintre qui maîtrise à la perfection les compositions monumentales et équilibrées. On admirera le détail de l'angelot jouant avec une tiare, au premier plan.
Bartolome Esteban Murillo
(Séville, 1618-id., 1682)
Saint Diego de Alcalá de Henares en extase devant la Croix,
1645-46 Huile sur toile
Saint Diego d'Alcalá était un frère lai franciscain du 15e siècle. Jardinier d'un couvent, il était sujet à des crises mystiques. Murillo représente ici un moment où saint Diego s'absorbe dans la contemplation, observé par des dignitaires de l'église. Le tableau faisait partie d'un cycle pour le couvent des franciscains de Séville, aujourd'hui dispersé dans le monde entier. Le jeune Murillo y fait preuve d'un sens aigu du réel et d'une grande austérité.
Giovanni Francesco Barbieri,
dit Le Guerchin
(Cento di Ferrara, 1591 - Bologne, 1666)
Le Martyre de saint Jean et de saint Paul, 1632
Huile sur toile
Ici, saint Jean et saint Paul ne sont pas les apôtres mais deux martyrs chrétiens peu connus. Ce tableau témoigne de toute la fougue de la première maturité romaine du Guerchin. L'artiste a soigneusement préparé son tableau par des dessins d'une violence insoutenable. Il a équilibré la composition par la présence d'une Vierge consolatrice devant un mur lépreux symbolisant les erreurs du paganisme. Intense et brillante, l'œuvre est l'une des plus belles d'un peintre majeur du 17e siècle.
Antoine Guépin
(Tours,?-Toulouse ?, début du 18°) Christ Rédempteur, 1660
Pierre autrefois peinte
Le Pont-Neuf a fait l'objet d'un programme sculpté très ambitieux, achevé dans les années 1660. Une statue équestre de Louis XIII marquait l'entrée de la ville sous un arc triomphal. Le Christ se trouvait dans une niche, face à la Vierge foulant l'Hérésie de Drouet. Guépin a très largement repris le modèle du Christ Rédempteur (Sauveur) sculpté par Michel-Ange en 1521 pour l'église Santa Maria sopra Minerva, à Rome.
Nicolas Tournier
(Montbéliard, 1590 - Toulouse, 1639)
Le Portement de croix,
après 1635 Huile sur toile
Ce tableau avait la même taille que Le Christ porté au tombeau avant d'être réduit. Il en partage le style très épuré. Il avait disparu du musée dans des conditions non élucidées vers 1830 pour ne réapparaître qu'en 2009. Revendiqué par l'État français, il fut rendu au musée en 2016. L'ensemble des Pénitents Noirs de Tournier avec ces deux tableaux et la Bataille de Constantin (Salon vert) est désormais quasiment complet. Il y manque une Crucifixion disparue pendant la Révolution.
Nicolas Tournier
(Montbéliard, 1590 - Toulouse, 1639)
Le Christ porté au tombeau,
après 1635 Huile sur toile
Le cycle de tableaux sur la Passion du Christ pour les Pénitents Noirs de Toulouse est le dernier témoignage de l'art de Tournier avant sa mort. Pour Le Christ porté au tombeau, le peintre a repris l'idée développée par le Caravage, d'un premier plan vide où le corps du Christ va être porté en terre. Le peintre français est fidèle à l'esprit du maître italien mais il l'interprète avec des formes de plus en plus géométriques, dans un monde personnel d'où la vie semble s'être retirée.
Nicolas Tournier
(Montbéliard, 1590 - Toulouse, 1639)
Le Christ descendu de la Croix,
vers 1630 Huile sur toile
En 1626, Nicolas Tournier quitte Rome, attiré par des commandes de tableaux religieux pour Narbonne et Toulouse. Dans cette toile peinte pour la cathédrale Saint-Étienne, le peintre montre le savoir-faire acquis en Italie: une grande intensité d'émotions, un sens de la forme et de la couleur que personne n'avait à Toulouse à cette époque. Deux détails à souligner : la présence spectaculaire d'une aiguière en or et l'inoubliable idée de l'homme serrant la Croix de ses mains en arrière-plan.
Mathias Stom ou Stomer
(Amersfoort ou Utrecht, vers 1600 -
Sicile, après 1652)
L'Adoration des Mages,
avant 1640 Huile sur toile
Matthias Stomer fut l'un des grands peintres du caravagisme hollandais et il passa la plus grande partie de sa carrière à Naples et en Sicile. Il se spécialisa dans les scènes éclairées à la chandelle mais, dans ce tableau, c'est la clarté surnaturelle émanant de l'Enfant Jésus qui éblouit les mages. La gamme colorée éclatante souligne la noblesse et la richesse des voyageurs venus d'Orient rendre hommage à celui qui était désigné comme la lumière du monde.
Antonin Mercié
(Toulouse, 1845 - Paris, 1916)
David vainqueur de Goliath
1872
Bronze
Dépôt de l'État destiné au Jardin du Grand Rond à Toulouse, 1874; transfert au musée des Augustins, 2005
Ce sujet biblique représente le jeune berger David, savourant sa victoire après avoir terrassé le géant Goliath de sa fronde. Mercié a conçu cette œuvre pendant son séjour à Rome, lorsqu'il était pensionnaire à la villa Médicis. L'élégance de la pose et le naturel à la fois sensuel et désinvolte de son jeune modèle doivent beaucoup aux sculptures de la Renaissance italienne. Il en offre une version très dynamique, en lien avec l'actualité du temps et l'espoir d'une revanche de la France (David) après sa défaite face à la Prusse (Goliath).
Bernard Lange
(Toulouse, 1754 - Paris, 1839)
L'Amour et l'Amitié
Vers 1800?
Terre cuite rose
Ancien élève de François Lucas, Lange est surtout connu pour être le restaurateur de la Vénus de Milo (Louvre). Installé à Rome de 1777 à 1793, son art se nourrit des œuvres antiques qu'il a pu y étudier à loisir. Le thème de l'Amour et de l'Amitié, très à la mode au XVIIIe siècle, constituait une allusion discrète aux amours de Louis XV et de sa favorite, Mme de Pompadour. Les codes de la sculpture antique sont repris: nudité, drapé, coiffure, nez droit à la grecque... Toutefois, Lange s'inspire surtout ici du grand sculpteur néo-classique italien Canova.
François Lucas
(Toulouse, 1736-Toulouse, 1813) Apollon ou Apolline
1775 Marbre
Dieu des arts, Apollon est l'un des personnages les plus connus de la mythologie gréco-romaine. Très inspiré d'un marbre antique de la tribune des Offices à Florence, cette statue commencée en Italie a parfois été nommée Apolline en raison de caractéristiques jugées féminines: poitrine esquissée, coiffure recherchée... Attiré par des hommes autant que par des femmes, Apollon montre un exemple précoce de fluidité de genre. Cependant, c'est sous le nom d'Apollon que la sculpture est présentée en 1775 au Salon du Capitole pour l'exposition de l'Académie royale de peinture, sculpture et architecture de Toulouse.
Antonin Mercié
(Toulouse, 1845 - Paris, 1916)
Colère d'amour
1902 Huile sur toile
Prix de Rome de sculpture en 1868, Antonin Mercié s'adonne également à la peinture. Il s'y montre tout particulièrement inspiré par la mythologie grecque, exposant une Vénus au Salon de 1883 et une Léda en 1884. Sur cette toile monumentale, derrière le titre symboliste Colère d'amour, c'est bien le dieu de l'Amour qui est représenté. Peintre ou sculpteur, Mercié développe une même esthétique : la silhouette délicate de cet Éros n'est pas sans rappeler l'androgynie de son célèbre David
François-Vincent-Mathieu Latil (Aix-en-Provence, 1796 - Saint-Girons, 1890) Épisode de L'Histoire des naufragés 1841 Huile sur toile
Médaillé au Salon de 1841, ce tableau illustre bien un goût alors largement partagé pour les scènes de tempête: face aux éléments déchaînés, les naufragés incarnent la fragilité de la condition humaine. Formé au sein de l'atelier du baron Gros à l'École des beaux-arts, François-Vincent-Mathieu Latil peint ici deux personnages qui peuvent aujourd'hui nous sembler caricaturaux : le héros, pathétique, a une posture de désespoir particulièrement outrée tandis que le personnage féminin, d'une blancheur sépulcrale, a tout d'une Vénus sortie des eaux. lascive bien qu'au bord du trépas.
Jean-Blaise Villemsens
(Toulouse, 1806 - Toulouse, 1859) Les Inondés de Tounis (étude)
1837 huile sur toile
Ce tableau est une étude préparatoire pour Les Inondés de Tounis, grande toile présentée au Salon de 1842, achetée par l'État puis déposée au musée. Originaire de Toulouse, le peintre offre à un fait divers local une composition digne d'une peinture d'histoire. Il y représente les habitants du quartier pauvre de l'île de Tounis touchés par une inondation dévastatrice. Cette étude porte sur l'homme placé au centre de la composition finale: sa posture et le traitement de son dos en font figure héroïque. Il incarne à lui seul le drame, la force, l'espoir.
Constantin Jean-Marie Prévost
(Toulouse, 1796 - Toulouse, 1865)
Le Tatouage du matelot
1830 huile sur toile
Conservateur du musée des Augustins de 1835 à 1860, Constantin Jean-Marie Prévost réalise un tableau charmant, très coloré, dans la veine romantique en vogue dans les années 1830. Le sujet est toutefois peu ordinaire : le tatouage était alors une pratique peu représentée, bien que très répandue chez les marins, qui gravaient dans leur chair leurs souvenirs de voyage ou leurs regrets de l'être aimé. Au-delà de sa dimension documentaire, cette scène ambiguë peut être considérée comme une évocation des amours entre garçons, autour du mythe romantique du marin.
Alexandre Serres
(Toulouse, 1846 - Toulouse, 1901)
Au fil de l'eau
1877 huile sur toile
Élève puis professeur à l'école des beaux-arts à partir de 1893, Alexandre Serres offre l'exemple d'une carrière menée à Toulouse, comme peintre décorateur d'abord, comme maître d'atelier ensuite. Dans ce tableau de jeunesse, il déploie un style troubadour tardif. Le mouvement romantique n'est alors plus à la mode, on en retrouve pourtant beaucoup de caractéristiques: un cadre, des vêtements et des accessoires d'inspiration médiévale, un clair de lune poétique, un couple d'amoureux charmant. Homme et femme se complètent idéalement dans cette douce illustration d'amour courtois.
Alexandre Falquière
(Toulouse, 1831 - Paris, 1900)
Suzanne au bain
1892
Les sujets issus de la Bible ont peu intéressé Alexandre Falguière, auteur entre autres de nombreux nus naturalistes,
à l'exception de l'histoire de Suzanne. Occupée à sa toilette près d'une fontaine, la jeune femme se détourne d'un air inquiet, alertée par un bruit. Elle ne sait pas encore que deux vieillards (non représentés ici) s'apprêtent à l'agresser. Accusée d'adultère, elle échappe à la peine de mort grâce au jeune prophète Daniel. L'oeuvre illustre bien l'érotisation du thème biblique : la dimension religieuse s'efface au profit de la simple représentation d'un nu féminin.
Henri Martin
(Toulouse, 1860 - Labastide-du-Vert, 1943)
Beauté
1900 Huile sur toile
Formé à l'école des beaux-arts de Toulouse entre 1877 et 1879, Henri Martin adopte pourtant très tôt une technique originale, faite de touches courtes, loin des modèles académiques. Cette œuvre est en outre à rapprocher de l'esthétique symboliste qui marque la fin du XIXe siècle et dont il adopte un temps les thématiques poétiques et spirituelles. Le camaïeu vaporeux enveloppe de mystère ce nu monumental, tandis que le titre lui donne valeur d'allégorie : le corps féminin idéalisé reste pour beaucoup d'artistes l'incarnation la plus juste de la beauté.
Carlos Pradal
(Madrid, 1932 - Paris, 1988)
Nu de dos à sa toilette
1977
Huile sur toile
Né à Madrid, Carlos Pradal arrive à Toulouse en 1939, son père député socialiste ayant été contraint à quitter l'Espagne de Franco. D'abord autodidacte, Pradal intègre l'école des beaux- arts en 1960. Il travaille à Toulouse une grande partie de sa vie avant de gagner Paris en 1972. Ce Nu de dos est emblématique de sa manière : Pradal travaille au couteau, jouant des effets de la lumière sur la matière, conférant une indéniable poésie aux scènes les plus triviales ou quotidiennes. L'artiste a fait l'objet d'une rétrospective au musée des Augustins en 1986.
Édouard Debat-Ponsan
(Toulouse, 1847 - Paris, 1913) Le Massage. Scène de hammam
1883 Huile sur toile
Emblématique de l'orientalisme de la fin du XIXe siècle, cette toile a été peinte un an après un voyage effectué en Orient par Édouard Debat-Ponsan, qui restitue avec minutie le décor du hammam. Comme le révèle l'étude préparatoire, le peintre a hésité sur la position de la femme blanche, finalement représentée plus pudiquement sur le ventre. La composition n'en est pas moins une mise en scène voyeuriste et érotisée d'un moment d'intimité. Élève d'Alexandre Cabanel, célèbre pour ses Vénus dénudées, Debat-Ponsan insiste en effet sur le contraste entre les deux corps féminins, réduits à deux archétypes: le corps du modèle noir au travail est nerveux quand le corps laiteux de la baigneuse alanguie est d'un modelé doux et rond.
Gabriel Guay
(La Chapelle, 1848 - Saint-Leu-la-Forêt, 1923)
La Dernière Dryade
1898
Huile sur toile
Dans la mythologie grecque, les dryades sont de belles nymphes incarnant la force végétative des forêts, dans lesquelles elles peuvent errer en liberté nuit et jour. Gabriel Guay utilise cette thématique comme prétexte à la représentation sensuelle d'une magnifique jeune femme de dos, dans un format spectaculaire. Elle rend hommage à Pan, autre divinité de la nature, qui incarne le cycle des saisons. La chevelure flamboyante du personnage et la blancheur de sa peau, qui font écho à la nature automnale, correspondent à un canon de beauté très apprécié à la fin du XIXe siècle.
Antoine Rivalz
(Toulouse, 1667 - Toulouse, 1735)
La Mort de Cléopâtre
1700-1715
Huile sur toile
Le tableau peint par Antoine Rivalz apparaît comme particulièrement fin et savant :
le noircissement progressif des mains de la reine d'Égypte signifie le triomphe de la mort sur la vie, dans une représentation nourrie par de subtiles références antiques (comme l'Ariane endormie du musée du Vatican ou La Tête de Niobé du Musée des Offices). D'une beauté intense et poignante, ce portrait est considéré comme l'un des chefs-d'œuvre du peintre. Il n'adopte pourtant pas un point de vue original sur Cléopâtre, sensuelle et désirable jusque dans la mort
Adriaen van der Burg
(Dordrecht, Pays-Bas, 1693 - id 1733)
La chaste Suzanne
1729 Huile sur bois
L'histoire de Suzanne et les vieillards est relatée dans l'Ancien Testament. Suzanne y est une belle et pieuse mère de famille, que deux notables surprennent au bain et veulent séduire. Elle les repousse et, pour se venger, ils l'accusent d'adultère. La scène du bain a tout particulièrement inspiré les artistes. Dans la version d'Adriaen van der Burg, l'attitude menaçante et les gestes déplacés des deux hommes suggèrent la nature sexuelle de l'agression subie par Suzanne. La jeune femme est nue et vulnérable : le spectateur se retrouve, comme les vieillards, en position de voyeur.
Jean-André Rixens
(Saint-Gaudens, 1846 - Paris, 1925)
La Mort de Cléopâtre
1874 Huile sur toile
À l'issue de sa défaite face à Octave à Actium, la reine d'Égypte se donna la
mort. La postérité a retenu la morsure du serpent venimeux dissimulé dans une corbeille de figues: de funestes indices des circonstances du drame se retrouvent dans ce riche tableau de Jean-André Rixens. C'est toutefois bien le corps sublimé de Cléopâtre qui occupe le centre de la composition: restée célèbre pour sa beauté plus que pour son sens politique pourtant remarquable, Cléopâtre constitue pour les artistes un fascinant objet d'érotisme morbide.
Cornelis Cornelisz
(Haarlem, Pays-Bas, 1562 - Haarlem, Pays-Bas, 1638)
L'Humanité avant le Déluge
1615 Huile sur bois
Dans une atmosphère joyeuse et sensuelle, hommes et femmes profitent des plaisirs de la vie. La scène est pourtant moins légère qu'il n'y paraît: la présence de l'arche de Noé en arrière-plan annonce la catastrophe et éclaire le caractère moral et religieux du tableau. C'est une humanité jugée dépravée et perverse, bientôt perdue, que représente le peintre. Dans l'esprit du courant maniériste et sous l'influence de Michel-Ange, l'artiste donne des proportions et des courbes sculpturales à ses personnages.
Antoine Rivalz
(Toulouse, 1667 - Toulouse, 1735)
Le Repos de Diane
ou Portrait de la présidente de Riquet en Diane
Vers 1702 Huile sur toile
Ce tableau a probablement été commandé par Jean-Mathias de Riquet l'année de ses noces avec la jeune Marie-Louise de Montaigne. Président au parlement de Toulouse, Riquet vit alors dans le voisinage d'Antoine Rivalz. Cette toile est unique dans l'œuvre de l'artiste : les portraits allégoriques sont alors passés de mode et la nudité de la jeune femme est inconvenante pour un portrait. Inspiré par la Diane antique du château de Versailles, Rivalz détourne les codes de la peinture d'histoire pour offrir un portrait puissant et inattendu.
Amélie Beaury-Saurel (Barcelone, 1848 - Paris, 1924)
Une femme
1890
Pastel sur papier marouflé sur toile
La représentation d'un modèle posant nu - l'académie - est un exercice incontournable de l'enseignement classique du dessin et de la peinture. Dans cette académie réalisée en 1890, alors qu'elle est une artiste accomplie et reconnue, Amélie Beaury-Saurel propose un nu féminin profondément original, une vision du corps non sexualisée. La liberté avec laquelle elle fait usage du pastel confère une modernité supplémentaire à la représentation de cette femme anonyme au regard insoumis.
Jean-Paul Laurens
(Fourquevaux, 1838 - Paris, 1921)
Saint Jean Chrysostome et l'Impératrice Eudoxie
1893 Huile sur toile
Ce tableau intègre le musée des Augustins en 1894,
lorsque Jean-Paul Laurens est nommé directeur de l'école des beaux-arts de Toulouse. Intéressé par les épisodes méconnus de l'histoire ancienne, le peintre représente saint Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople en 398, condamnant vigoureusement les mœurs dissolues de l'Impératrice Eudoxie. Réputée cruelle, avide d'argent et d'honneurs, celle-ci domine la scène du haut de sa luxueuse tribune: la composition dramatise la confrontation entre les personnages, entre le pouvoir temporel et le pouvoir religieux.
Jean Valentin dit Valentin de Boulogne
(Coulommiers, 1591 - Rome, 1632)
Judith
Vers 1625 Huile sur toile
L'héroïne biblique Judith est souvent figurée comme une incarnation de la Justice divine. Résolue à sauver son peuple, cette jeune veuve, belle et pieuse, séduit et tue le général babylonien Holopherne qui s'apprête alors à faire tomber la ville de Béthulie, en Palestine. Gravité et détermination se lisent sur le visage de cette Judith victorieuse, appuyée sur l'épée avec laquelle elle a tranché la tête du chef ennemi. Autrefois exposé dans la chambre de Louis XIV à Versailles, ce tableau appartient à la période de maturité de Valentin de Boulogne, brillant émule du Caravage.
Victor Ségoffin
(Toulouse, 1867 - Paris, 1925)
Judith brandissant la tête d'Holopherne 1896 bronze
Victor Ségoffin présente cette oeuvre à un concours dans le cadre de ses études à l'École des beaux-arts de Paris, un an avant d'obtenir le premier prix de Rome. Les représentations de Judith étaient alors très en vogue. La posture frontale et monumentale, ainsi que la main sûre brandissant le visage dérisoire d'Holopherne, confirment son caractère de femme forte, maîtresse de son pouvoir sur les hommes utilisé pour le bien de tous. Une combattante !
Henri de Toulouse-Lautrec
(Albi, 1864-Saint-André-du-Bois, 1901) Conquête de passage
Huile et craie sur papier marouflé sur toile 1896
Henri de Toulouse-Lautrec affectionne particulièrement les prostituées, modèles idéales pour la spontanéité avec laquelle elles se meuvent sous ses yeux. Familier de leur quotidien, il peint leur vie avec curiosité, sans moralisme ni sentimentalisme. Cette Conquête de passage est une étude préparatoire pour une lithographie en couleurs, qui se singularise par l'introduction d'un personnage masculin. Sa présence sur le bord du dessin n'en donne que plus d'importance à la femme qui, même de dos, dégage une puissante et sensuelle féminité.
Amélie Beaury-Saurel
(Barcelone, 1848 - Paris, 1924)
Après déjeuner
Fusain, craie blanche et pastel sur papier vélin bleu 1899
Mariée en 1895 à Rodolphe Julian, Amélie Beaury-Saurel dirige les ateliers pour femmes au sein de l'Académie Julian, école privée de peinture et de sculpture, tout en continuant sa carrière de peintre. Portraitiste renommée, elle s'illustre avec des portraits de femmes étonnamment modernes, qu'il s'agisse de personnalités de son temps ou de modèles anonymes. Son originalité réside dans le regard à la fois empathique et distancié qu'elle pose sur elles et dans le peu de cas qu'elle fait des convenances: la cigarette est alors censée être un plaisir purement masculin.
Berthe Morisot
(Bourges, 1841 - Paris, 1895)
Jeune fille dans un parc
1888-1893 Huile sur toile
Le thème de la jeune fille assise sur un banc se retrouve à plusieurs reprises dans l'œuvre de Berthe Morisot. Associée au mouvement impressionniste, l'artiste se singularise par une touche ample et vive qui dissout les formes pour faire du modèle représenté un prolongement de la nature. C'est ici l'attitude de la jeune fille et l'impression qu'elle dégage qui l'intéressent, plus que les traits précis de son visage. Le tableau n'est d'ailleurs pas un portrait: Berthe Morisot le commença avec Jeanne-Marie, qui posa régulièrement pour elle, et le termina avec sa fille Julie.
Ambroise Frédeau
(Paris, 1589-Toulouse, 1673)
Le Bienheureux Guillaume de Tolose tourmenté par les démons
1657 huile sur toile
Issu d'une famille d'artistes, Ambroise Frédeau aurait fréquenté l'atelier de Simon Vouet avant d'entrer dans l'Ordre des Ermites de Saint Augustin en 1640 en qualité de frère lai, c'est-à-dire un frère chargé principalement des travaux manuels de la communauté. Il livre ici une représentation particulièrement crue des tourments traversés par le notaire Guillelmus de Tolosa, entré dans l'ordre et mort à Toulouse en 1369. L'oeuvre aurait été exposée dans le réfectoire du couvent des Augustins.
Louis-François Lejeune
(Strasbourg, 1775 - Toulouse, 1848)
La Chasse à l'ours vers la cascade du lac d'Oo, près de Bagnères-de-Luchon
1834 Huile sur toile
Formé auprès de Pierre-Henri de Valenciennes, reçu à l'Académie royale de peinture en 1789, Lejeune s'engage dans l'armée révolutionnaire en 1792, participe aux campagnes de Napoléon avant d'être fait baron d'Empire en 1810. Il quitte l'armée en 1813 et s'installe à Toulouse, où il devient tour à tour directeur de l'école des beaux-arts, du musée des Augustins, puis maire de la ville en 1841. Il livre ici deux tableaux inspirés des paysages des Pyrénées : parcourue de petits personnages pittoresques, la nature prend des allures grandioses, dans une veine typiquement romantique.
Détail du tableau précédent
Louis-François Lejeune
(Strasbourg, 1775 - Toulouse, 1848)
Promenade aux châteaux de Crac vers les sources de la Garonne
1833 Huile sur toile
Détail du tableau précédent
Ambroise Frédeau
(Paris, 1589-Toulouse, 1673)
Saint Nicolas de Tolentino bercé par le concert des anges
1650 Huile sur toile
Ambroise Frédeau prend en charge l'atelier existant au sein du couvent des Augustins en 1640 et consacre dès lors l'essentiel de sa production à l'embellissement des lieux. Considérée comme l'une des compositions les plus brillantes de l'artiste, cette toile est réputée avoir été accrochée dans le réfectoire. Canonisé en 1445, saint Nicolas de Tolentino est l'un des grands thaumaturges de son temps. Ermite de saint Augustin, il entend la musique des anges six mois avant sa mort: ce tableau restitue ce qui fut pour lui un avant-goût des joies de la vie éternelle.
Pierre Subleyras
(Saint-Gilles-du-Gard, 1699 - Rome, 1749) Fantaisie d'artiste
Première moitié du XVIIIe siècle
Huile sur toile
Originaire du Gard, Pierre Subleyras est connu pour avoir mené une brillante carrière à Rome. Avant cela, il avait été formé à Toulouse auprès d'Antoine Rivalz, puis avait remporté le Grand prix de Rome en 1727. Unique dans sa production, cette nature morte est constituée des objets familiers de l'atelier, juxtaposés avec une trompeuse désinvolture. Énigmatique et raffiné, ce tableau peut être vu comme une allégorie des cinq sens mais également comme un hommage aux arts, avec une place éminente accordée à la musique.
Jean-Léon Gérôme
(Vesoul, 1824 - Paris, 1904)
Anacréon, Bacchus et l'Amour
1848 huiles sur toile
Auteur des Odes anacréontiques, éloge du vin, de l'amour et de la nature, Anacréon est l'un des premiers poètes lyriques les plus célèbres de Grèce antique. C'est dans un format ambitieux que le jeune Gérôme représente ce sujet rare, empreint d'une joyeuse fraternité conforme à l'esprit républicain qui s'impose alors en France. Inspiré par la tradition néoclassique, l'artiste peint dans un savant contre-jour des personnages aux lignes élégantes et précises en tenue à l'antique. Il pose avec cette toile un jalon important dans la définition de l'esthétique néo-grecque.
Jean-Pierre Rivalz
(Labastide d'Anjou, 1625 - Toulouse, 1706)
Clémence Isaure
Huile sur toile 1678
Cette image de Clémence Isaure est destinée à orner un dessus-de-porte. Rivalz la représente comme une beauté de son temps, chaste et sensuelle à la fois, et évoque les Jeux floraux par le biais des fleurs qu'elle tient entre ses mains et des anges qu'elle écoute. Elle est surtout présentée comme une figure protectrice de la ville de Toulouse qui se devine à l'arrière-plan.
Julie Charpentier
(Paris, 1770 - Paris, 1845)
Clémence Isaure
1822 Marbre
Cette sculpture s'inspire de la représentation la plus célèbre de Clémence Isaure, longtemps exposée au Capitole, aujourd'hui présentée à l'hôtel d'Assezat: un portrait énigmatique recomposé au XVIIe siècle à partir des éléments d'un gisant plus ancien. Élève du sculpteur Augustin Pajou, remarquée pour ses talents de portraitiste, Julie Charpentier en garde le visage et propose un jeu d'étoffes plus subtil, recréant une coiffure et un vêtement d'inspiration médiévale, enrichissant le fermail de son costume par une image de la Vierge, dédicataire des Jeux Floraux.
Léo Laporte-Blairsy
(Toulouse, 1865 - Toulouse, 1923) Clémence Isaure
1903 Bronze
Léo Laporte-Blairsy livre ici une image modernisée de Clémence Isaure, drapée dans une robe simple et fluide, coiffée d'un hennin spectaculaire de forme géométrique. C'est une seconde version de cette sculpture qu'il installera au sommet de la fontaine érigée en l'honneur de Clémence Isaure place de la Concorde à Toulouse. L'artiste prend alors plus de libertés encore avec le mythe. Devant les nombreuses critiques exprimées par les Toulousains attachés à une image plus traditionnelle de la jeune femme, la fontaine est rebaptisée Aux jeux floraux ou La Poésie romane.
Jean-Blaise Villemsens
(Toulouse, 1806 - Toulouse, 1859)
La Belle Paule
1842 Huile sur toile
C'est à François Ier que l'on attribue le surnom sous lequel Paule de Viguier (1518-1610) passe à la postérité. Adolescente, la jeune fille est chargée de remettre les clefs de la ville au souverain lors de son entrée dans Toulouse, en 1533. Coiffée d'une couronne de roses, vêtue d'une robe blanche, elle fait forte impression au monarque qui aurait alors prononcé ces mots : « Oh la Belle Paule », immédiatement adoptés par les Toulousains. Sous le pinceau de Jean-Blaise Villemsens, Paule est devenue une jeune femme dégageant une mélancolie toute romantique.
Arnaut Arnaut
(?-1587)
Les Quatre Fonctions du Capitoulat
toulousain
Vers 1570 huile sur toile
Transfert du Capitole de Toulouse, 1830
Conçues pour être placées devant la salle des conseils, les quatre allégories illustrent les charges assurées par les huit capitouls de la ville: de gauche à droite, la justice municipale, les réparations et travaux publics, l'administration des hôpitaux et la police des métiers. Le choix de quatre figures féminines pour symboliser le corps de ville n'est pas anodin : l'engagement des capitouls est ainsi implicitement paré de générosité et de dévouement, vertus traditionnellement prêtées aux femmes.
Antoine Rivalz
(Toulouse, 1667 - Toulouse, 1735)
Le Roi Théodoric 1er mène le Comte Litorius captif à Toulouse
1706 Huile sur toile
La bataille de Toulouse de 439 s'achève sur la victoire du roi wisigoth Théodoric ler, soutenu par les autorités catholiques, sur le général romain Litorius. En choisissant de commander un épisode d'histoire locale, les capitouls s'emploient à glorifier le passé de leur cité - certes évoquée ici avec des tours gothiques fantaisistes pour l'époque représentée. Nommé peintre des capitouls en 1703, après son retour de Rome, Antoine Rivalz élabore un langage propre, synthèse entre les courants baroque et classique.
Jean-Paul Laurens
(Fourquevaux, 1838 - Paris, 1921 L'Agitateur du Languedoc
1887 huile sur toile
Jean-Paul Laurens met ici des visages sur l'une des périodes les plus sombres de l'histoire de la région. Féru d'histoire et très attaché à ses racines languedociennes, le peintre a représenté plusieurs épisodes de la vie du moine franciscain Bernard Délicieux, qui mène la contestation contre les inquisiteurs en Languedoc au tout début du XIVe siècle. Vêtu de la bure franciscaine, Bernard Délicieux fait ici face au grand Inquisiteur et aux représentants de l'Église lors de son procès en 1319, qui lui vaudra torture et prison à perpétuité.
Benjamin-Constant
(Paris, 1845 - id, 1902)
Le Comte de Toulouse fait bénir ses étendards à Saint-Sernin
(esquisse)
1892 huile sur carton
Sollicité pour participer au décor de la Salle des Illustres du Capitole, Benjamin-Constant choisit d'évoquer la Première Croisade et imagine un projet centré sur le comte de Toulouse Raymond IV. Les croisés à cheval sont ici en pleine lumière ; les croix et les oriflammes apportent de multiples touches de couleur caractéristiques de la manière très libre du peintre. L'œuvre finale, qui garde les spécificités d'un travail rapide et en pleine pâte, sera finalement consacrée à L'Entrée d'Urbain II dans Toulouse, l'initiateur de cette croisade.
Carlo Sarrabezolles
(Toulouse, 1888 - Paris, 1971) Projet pour Le Génie de Toulouse 1941-1943
Plâtre patiné Inv. 2017 21
Don de Geneviève Sarrabezolles-Appert, 2017
Resté à l'état de maquette, ce projet illustre l'attachement qu'a conservé l'artiste pour sa ville natale. Après avoir étudié à l'école des beaux-arts, il quitte Toulouse en 1908 poury revenir entre 1941 et 1943. Réalisées en ces temps tourmentés, les maquettes conservées au musée des Augustins célèbrent la grandeur de la ville, son histoire comme son avenir: située jusqu'en novembre 1942 en zone libre, Toulouse fut l'une des grandes capitales de la Résistance.
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