samedi 17 juin 2023

Degas en noir et blanc à la BNF en juin 2023

Visite aujourd'hui du bâtiment Richelieu de la bibliothèque nationale de France en profitant de cette exposition, recommandée par Télérama, qui met en valeur les collections du Département des Estampes et notamment en fin de pos quelques œuvres de Delacroix, Manet, Pissaro, Marie Cassat, James McNeill Whistler et Picasso, entre autres....

Degas en noir et blanc Dessins, estampes, photographies
Si j'avais à refaire ma vie, je ne ferais que du noir et blanc », aurait avoué Edgar Degas à la fin de sa vie. Déclaration souvent jugée paradoxale, un "mot" de plus d'un artiste qui devait principalement sa gloire aux fééries colorées de ses pastels. Mais quand Claude Monet et Auguste Renoir sont avant tout peintres, Degas, comme le reconnaît Camille Pissarro, « va de l'avant sans cesse », porté par une insatiable curiosité technique et poussé par la « haute idée, non pas de ce qu'on fait mais de ce qu'on pourra faire un jour ».
Dès ses débuts, il s'essaie à la gravure; au milieu des années 1870, réinvente le monotype; en 1891, pratique la lithographie; en 1895, devient photographe; au tournant du siècle, multiplie les dessins au fusain sur papier-calque. En s'attachant à cette passion pour le noir et blanc, si singulière dans le milieu impression-niste, cette exposition considère, pour la première fois, l'ensemble des moyens que Degas va éprouver : dessin à la mine graphite, au crayon, au fusain, eau-forte, lithographie (et toutes les ressources de l'estampe), monotype, mais aussi peinture et photographie. L'activité du photographe, circonscrite à quelques mois de 1895, prolonge des recherches entreprises par la peinture, le dessin et la gravure. Les « femmes au bain », les « chevelures », lithographiées, dessinées au fusain, qui hantent les années 1880 et 1890, sont de nouveaux avatars des figures esquissées pour les peintures d'histoire de sa jeunesse.
Cette continuité de la ligne mélodique tient autant à l'inlassable revisitation des mêmes thèmes qu'à leur résonance d'une technique l'autre. Entre le jeune artiste qui se grave à l'eau-forte en 1857 et le vieil homme qui se photographie quarante ans plus tard, se lisent certes dans le regard la même attente, la même perplexité, la même distance, mais aussi semblable exacerbation des blancs et des noirs, révélatrice d'un moi ténébreux: Degas en noir et blanc.


Edgar Degas (1834-1917)
Autoportrait, étude pour le Portrait de l'artiste avec Évariste de Valernes
Vers 1865
Dessin au crayon noir sur papier calque
Paris, musée d'Orsay, don de la société des Amis du Louvre

Dans la suite de ce post, toutes les œuvres sont d'Edgar Degas sauf mention contraire 

Autoportrait
1857
Eau-forte, 3° état sur 4
Signé et daté au crayon dans la marge en bas à droite
Paris, Bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art,
collections Jacques Doucet

Sous l'influence de Rembrandt dont il copie le Jeune homme assis au béret de velours, Degas se livre, à Rome, à l'exercice de l'autoportrait alors qu'il est âgé de vingt-trois ans. Les quatre états successifs de cette plaque dévoilent des accidents de morsure dont le graveur a habilement tiré parti pour accentuer l'effet de contre-jour particulièrement saisissant dans cette épreuve du 3 état qui a appartenu au critique d'art Philippe Burty

Autoportrait devant sa bibliothèque
 (23, rue Ballu)
1895
Tirage argentique à partir d'un négatif sur plaque de verre

Profil de fillette [Giulia Bellelli?] et d'homme [Hilaire Degas?]
Vers 1856-1857
Dessin au graphite, encre noire sur papier vélin découpé

Rembrandt (1606-1669)
Jeune homme assis et réfléchissant
1637
Eau-forte, 2º état


1856-1868
L'apprentissage du noir et blanc
Degas découvre l'estampe en 1856, Dans le sillage de Rembrandt et des maîtres anciens dont il copie les gravures, il s'initie à l'eau-forte auprès du prince roumain Grégoire Soutzo, artiste amateur, ami de son père, et auprès du graveur de reproduction Joseph Tourny qu'il fréquente à Paris puis à Rome. Il s'approprie cette technique récemment remise à l'honneur, en explorant les possibilites offertes par la succession des états issus d'une même matrice et les variations d'encrages d'un tirage à l'autre.
Nouée à la fin des années 1860, l'amitié de Degas et d'Édouard Manet se concrétise par une série de portraits qui vient clore la première période de son activité de graveur.
Le goût du tracé spontané de l'eau-forte comme des clairs-obscurs trouve un écho dans les croquis au crayon, à la plume ou au lavis, qui émaillent ses carnets de dessin. Une vingtaine de feuillets du plus important d'entre eux. utilisé entre 1859 et 1864, sont exposés pour la première fois

Feuillets d'un carnet
Entre 1859 et 1864
BnF, département des Estampes et de la photographie
En 1920, René de Gas, le frère de l'artiste, donne au Cabinet des Estampes vingt-neuf carnets de dessins. Le carnet, dont les feuillets sont présentés ici, est utilisé par Degas dans toutes sortes de circonstances, entre 1859 et 1864. Au Salon, il y copie des tableaux; en Normandie, chez son ami Paul Valpinçon, il dessine au lavis et à la gouache les paysages qu'il traverse: il y trace les dessins préparatoires de compositions ambitieuses, comme La fille de Jephté. Il y note aussi des idées de couleurs, de tonalités, de composition. Ce camet donne un accés unique à l'atelier intime du jeune artiste

Scène d'intérieur et études de costumes du XVIIIe siècle
Dessin à la plume et lavis

Scène de bal public
Dessin à la plume et lavis

Croquis de marins et scène antique
Dessin à la plume

Croquis de silhouettes
Dessin à la plume

Croquis de têtes
Dessin à la plume

Études pour La Fille de Jephte
1859-1860
Dessin à la plume et lavis

Deux hommes au bord d'une rivière
Dessin à la plume

Paysages au Haras-du-Pin en Normandie
Septembre-octobre 1861
Dessin à la plume et lavis

Cavaliers au bord d'un lac
Dessin à la plume, lavis et rehauts de gouache blanche

Étude pour Sémiramis construisant Babylone
Vers 1860-1862
Dessin à la plume et encre noire

Le sportsman montant à cheval
1856
Eau-forte, 2º état sur 5

Joseph Tourny (1817-1880) 
Portrait de Masaccio
1857
Burin et eau-forte
Signé et dédicacé en bas à gauche :
< A monsieur De Gas / hommage d'amitié / J. Tourny >

Le Graveur Joseph Tourny
1857
Eau-forte
État unique, 3º impression

Eugène Delacroix (1798-1863)
Madame Frédéric Villot
1833
Eau-forte, 1er état

Marguerite De Gas, soeur de l'artiste
1860-1862
Eau-forte, 3e état sur 6

Édouard Manet assis, tourné à gauche
Vers 1868
Eau-forte, 1er état sur 2

Édouard Manet (1832-1883)
L'Infante Marguerite d'après Vélasquez (1599-1660)
Vers 1862-1865
Eau-forte

L'Infante Marguerite d'après Vélasquez (1599-1660)
Vers 1865-1866
Eau-forte, 1er état sur 2

Édouard Manet en buste
Vers 1868
Eau-forte, 1er état sur 4

1875-1880
Les années de passion dévorante pour l'estampe
Après une interruption d'une dizaine d'années, Degas reprend la pointe en 1875, a foccasion d'une séance amicale de portraits croisés avec Giuseppe De Nittis, Marcellin Desboutin et Alphonse Hirsch. Au même moment, les eaux- fortes mobiles de Ludovic-Napoléon Lepic lui ouvrent la voie à la pratique du monotype. autrement dit à l'art de dessiner à l'encre sur une plaque pour en tirer une épreuve unique.
Grâce à la presse dont il dispose. Degas se lance dans des recherches experimentales qui l'amènent à combiner les procédés entre eux (eau-forte, pointe séche, aquatinte, vernis mou). Il développe une véritable cuisine » de graveur avec la complicité de ses amis Camille Pissarro et Mary Cassatt. Peu intéressé par le tirage en nombre d'épreuves identiques, il s'attache à singulariser chaque épreuve imprimée par ses soins.
En 1879, cette passion pour l'estampe le conduit à envisager la création d'une revue composée de gravures originales, Le Jour et la Nuit

Marcellin Desboutin (1823-1902)
Degas de trois-quarts, la main sur la bouche
1875
Pointe sèche

Marcellin Desboutin (1823-1902)
Degas au chapeau
1876
Pointe sèche, 1er état
BnF, département des Estampes et de la photographie

Giuseppe De Nittis (1846-1884)
Degas de profil, la main sur la bouche
1875
Pointe sèche

Alphonse Hirsch
1875
Pointe sèche, 1er état sur 2

Giuseppe De Nittis (1846-1884)
Portrait de Alphonse Hirsch
1875
Pointe sèche

L'Homme à la pipe (Marcellin Desboutin)
1876
Monotype à l'encre noire

Mary Cassatt (1844-1926)
La Visiteuse. Scène d'intérieur
Vers 1880
Vernis mou, eau-forte, aquatinte et pointe sèche,
3° état

Les expérimentations techniques
Les recherches expérimentales de Degas en matière de gravure concernent à la fois le traitement de la matrice (plaque de cuivre ou de zinc) et les jeux d'encrage obtenus au moment du tirage.
À l'étape de la gravure de la plaque, Degas cherche à étendre la gamme des gris autrement que par le seul recours à l'eau-forte. Il y associe la pointe sèche, le vernis mou et l'aquatinte. Avec une ingéniosité sans limites, il essaie de nouvelles recettes (lavis d'aquatinte) et de nouveaux outils (crayon électrique) qu'il combine dans les états successifs de ses plaques.
Lors de l'impression qu'il contrôle lui-même, il ajoute des effets picturaux à l'aide d'encre travaillée au pinceau et au chiffon, rendant ainsi chaque épreuve unique. Les monotypes qu'il appelle << dessins faits à l'encre grasse et imprimés », exempts de trait gravé, sont l'aboutissement de cette pratique.

Ellen Andrée
1879
Pointe sèche et crayon électrique, 3° état sur 3

Portrait de René de Gas
Vers 1855-1856
Dessin à la mine graphite

Camille Pissarro (1830-1903)
Crépuscule
1879
Eau-forte et aquatinte, 3º état
Annotations de la main de l'artiste en bas à gauche : << n°2 - Epreuve d'artiste // Crépuscule (Cuivre) >> ;

La Femme sur la route
1879
Aquatinte, eau-forte et pointe sèche,
 4° état

Quatre têtes de femmes
1876-1877
Lithographie de report de quatre monotypes
BnF, département des Estampes et de la photographie
Degas cultivait le goût du mélange des techniques de l'estampe n'hésitant pas à passer de l'une à l'autre. Il a inventé le report de monotype sur pierre qu'il pouvait obtenir de plusieurs manières : soit en pressant une épreuve fraichement imprimée sur la pierre soit en exécutant un monotype sur celluloid transposé sur la pierre, soit en l'imprimant sur un papier-report lui-même transféré sur pierre. Cet art du transfert donne naissance à des planches qu'il tire individuellement ou qu'il assemble, comme ici, sur une même pierre.

Profil perdu à la boucle d'oreille
1876-1877
Monotype à l'encre noire

«Le Jour et la Nuit »> (1879-1880)
Au moment de la fermeture de la quatrième exposition impressionniste, en mai 1879, Degas se lance dans le projet de création d'un périodique composé d'estampes originales.
Pour cette revue intitulée Le Jour et la Nuit, << organe de l'impressionnisme », il sollicite la collaboration du graveur Félix Bracquemond, précieux pour son expertise technique, de Camille Pissarro, son complice en matière d'expérimentations gravées, et de son amie américaine, Mary Cassatt, alors novice en matière d'estampe, mais aussi de Jean-Louis Forain, de Jean-François Raffaelli et d'Henri Rouart. Le banquier et collectionneur Ernest May et le peintre Gustave Caillebotte s'engagent à en assurer le financement.
Degas exécute une planche représentant Mary Cassatt au Louvre. Musée des Antiques, Pissarro un Paysage sous bois, à l'Hermitage (Pontoise) et Mary Cassatt, Au théâtre. Femme à l'éventail, mais le projet avorte et la revue ne paraîtra jamais.

Mary Cassatt au Louvre
 Musée des Antiques
1879-1880
Eau-forte, aquatinte, vernis mou et pointe sèche
4º état sur 9

Mary Cassatt (1844-1926)
Au théâtre. Femme à l'éventail
Vers 1880
Vernis mou, aquatinte et eau-forte,
 3e état

Camille Pissarro (1830-1903)
Paysage sous bois, à l'Hermitage (Pontoise)
1879
Eau-forte et aquatinte, 5° état

Jean-François Raffaelli (1850-1924)
Le Chiffonnier éreinté
1879
Pointe sèche, 2º état

Mary Cassatt au Louvre. 
Les Peintures
1879-1880
Eau-forte, aquatinte, vernis mou et pointe sèche
20° état sur 20

Un monde en noir et blanc
Dès la première << exposition impressionniste >> de 1874, Degas proclame sa préférence pour le noir et blanc. Il présente, au milieu des œuvres éclatantes de couleurs des autres exposants, une étrange grisaille, Répétition de ballet sur la scène, peinture en camaïeu gris qu'il qualifie de << dessin >>. Durant toute sa carrière, il affirme cette singularité par le choix de motifs ténébreux, parfois scabreux. Le monde qu'il met en scène n'est pas celui du grand jour, des séductions du plein air, mais plutôt celui des intérieurs clos, souvent oppressants des heures indécises du soir : scène de café-concert sous la nuit constellée de globes lumineux, loge étouffante où les ombres projettent des silhouettes fantastiques, chambres dans la pénombre, salons de maisons closes.

Mademoiselle Bécat aux Ambassadeurs
1877-1878
Lithographie

Mademoiselle Bécat aux Ambassadeurs : trois scènes
1877-1878
Lithographie de report de trois monotypes

La Chanson du chien
1876-1877
Lithographie

Répétition de ballet sur la scène. 
Dessin 1874
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, legs du comte Isaac de Camondo
En 1874, lors de la première exposition impressionniste, Degas expose dix ceuvres, dont celle-ci. Co-organisateur de l'événement, il insiste sur la présence de l'estampe et invite Félix Bracquemond à y participer. Cette toile en grisaille contribue à asseoir sa réputation de dessinateur Dans le livret, il la qualifie de dessin réalisant toute sa composition dans un camaieu de teintes sourdes, bistres et grises.

Dans l'omnibus
Vers 1877-1878
Monotype à l'encre noire

Loge d'avant-scène. 
Femme à l'éventail
1878-1880
Lithographie

Au salon
Vers 1879
Monotype à l'encre noire

Scène de maison close
Vers 1879
Monotype à l'encre noire 
rehaussé de lavis

L'Entremetteuse
Vers 1879
Monotype à l'encre noire

L'Attente (seconde version)
Vers 1879
Monotype à l'encre noire

Nus de femme à leur toilette
Degas a inlassablement décliné le motif des femmes au bain, en variant les supports, les techniques, les formats.
En 1865, il participe pour la première fois au Salon de peinture et de sculpture, où il présente Scène de guerre au Moyen Age. Les esquisses dessinées pour ce tableau annoncent les nus féminins à venir.
En 1891, alors qu'il aborde la lithographie, il entreprend une série, selon ses mots, de « nus de femme à leur toilette », qui forme un ensemble spectaculaire de variations. Degas explore diverses méthodes de transfert sur la pierre lithographique, qu'il retravaille ensuite, par ajout ou par abrasion. La difficulté technique et ses problèmes oculaires mettent un terme à ces essais, qui constituent son ultime contribution à l'estampe originale. L'année suivante, il écrit à sa sœur : « Il me faudrait une presse chez moi, un ouvrier retors pour préparer et même dépréparer les pierres, et pas mal d'argent devant moi pour ne pas être arraché de la suite des essais. Ça finira bien par arriver, mais il commence à se faire tard dans ma cervelle et dans mes yeux... >>.

Le Lever.
Femme assise mettant ses bas
Vers 1880-1885
Monotype à l'encre noire 
avec rehauts de pastel

La Cheminée
Vers 1880-1885
Monotype à l'encre noire
New-York,
 The Metropolitan Museum of Art

Femme nue à la porte de sa chambre
1879
Lithographie de report d'un monotype

Le Tub
Vers 1885 Monotype à l'encre noire
Paris, Bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art,
collections Jacques Doucet 
Comme de nombreux monotypes
représentant des femmes à leur toilette, Le Tub a été exécuté selon la technique dite << à fond sombre » qui consiste à travailler en négatif, autrement dit à dessiner des blancs sur du noir, en enlevant l'encre posée sur la plaque à l'aide d'un tampon de mousseline, d'un pinceau, d'une pointe, du doigt ou de tout autre outil. Ce procédé est incomparable pour traduire les effets de clair-obscur ou de contre-jour, qui conservent le souvenir des nus de Rembrandt, que Degas a regardés dans sa jeunesse.

La Toilette
1876-1877
Lithographie de report d'un monotype, 1er état sur 2

Sortie du bain
1879-1880
Eau-forte, aquatinte, pointe sèche et crayon électrique
BnF, département des Estampes et de la photographie


Femme debout dans une baignoire
Vers 1880-1885
Monotype à l'encre noire

Femme s'essuyant les pieds près d'une baignoire
Vers 1880-1885
Monotype à l'encre noire

Femme nue se coiffant
Vers 1880-1885
Monotype à l'encre noire

Torse de femme
Modèle réalisé entre 1896 et 1911; fonte réalisée entre 1921 et 1931 par Adrien-Aurélien Hébrard Bronze patiné
Paris, musée d'Orsay

Baigneuses
1899
Dessin au fusain sur toile

Après le bain (3º planche)
1891-1892
Lithographie, 1er état sur 2

Après le bain (1º planche)
1891-1892
Lithographie, 2º état sur 2

Femme nue debout à sa toilette
1891-1892
Lithographie de report d'un monotype, 1er état sur 6

Femme démêlant des cheveux
Vers 1891
Lithographie de report d'un monotype, 1er état sur 2

La photographie, ça a été une passion terrible, j'ai ennuyé tous mes amis.
Edgar Degas à Daniel Halévy, 1905


Autoportrait avec sa gouvernante,
 Zoé Closier (23, rue Ballu)
1895
Tirage argentique à partir d'un négatif sur plaque de verre

Autoportrait devant La Femme qui pleure d'Albert Bartholomé (23, rue Ballu)
1895
Tirage argentique ; agrandissement réalisé par Delphine Tasset

Julie Manet chez elle 
(40, rue de Villejust)
1895
Tirage argentique à partir d'un négatif sur plaque de verre
BnF, département des Estampes et de la photographie
Julie Manet, la fille de Berthe Morisot et du frère de Manet, est orpheline à 17 ans. Degas veille sur elle et lui rend régulièrement visite. Il la photographie à plusieurs reprises dans l'appartement où elle vit avec ses cousines, Paule et Jeannie Gobillard, rue de Villejust. Degas est entouré d'amateurs qui s'adonnent à la photographie. Julie Manet prend ses premières photographies dès 1894.

Louise Halévy (22, rue de Douai)
14 octobre 1895
Tirage argentique ; agrandissement réalisé par Delphine Tasset
Degas est très proche de la famille Halévy, qui reçoit l'élite de l'art et de la pensée de son temps. Il connaît et admire Louise Bréguet depuis sa jeunesse et se prend d'amitié pour son mari, Ludovic Halévy, romancier et librettiste, qui partage sa passion pour l'opéra. En 2020, la BnF a acquis six albums ayant appartenu à cette famille. Treize épreuves de Degas s'y trouvent conservées parmi des centaines d'autres, donnant une idée de la fiévreuse émulation photographique qui régnait alors.

Trois danseuses nues
Vers 1895-1900
Dessin au fusain, reprises au pinceau et à l'encre de Chine sur papier-calque

Danseuses s'exerçant au foyer de l'Opéra
Vers 1890
Dessin au pastel et fusain

La collection d'estampes de Degas
Dans les années 1890, Degas, soucieux du sort de son œuvre resté pour l'essentiel dans l'atelier, envisage la création d'un musée ; il y serait entouré des siens, aînés (Ingres, Delacroix, Daumier...) et contemporains (Manet, Morisot, Pissarro, Cézanne, Cassatt, Gauguin...). À cette fin, il réunit une collection considérable où, à côté des peintures et dessins, il accorde une place importante aux estampes: après sa mort, plus de trois mille huit cent d'entre elles sont dispersées en vente publique. Honoré Daumier et Paul Gavarni y sont majoritairement représentés : 2065 pièces pour le premier, 745 pour le second. En amateur averti, Degas a traqué les épreuves de qualité. Son œuvre gravé de Manet, quasi- complet, issu en grande partie de la collection de Philippe Burty, est riche en belles épreuves tout comme les ensembles de planches de Mary Cassatt, Camille Pissarro et Félix Bracquemond, dans la proximité de qui il gravait.


Honoré Daumier (1808-1879)
L'Orchestre pendant
qu'on joue une tragédie
(Croquis musicaux, 17)
1852
Lithographie

Paul Gavarni (1804-1866)
Ce que c'est pourtant
que nos sentimens !... »
(Les Lorettes, 27)
1842
Lithographie

Jean-Auguste-Dominique Ingres
(1780-1867)
Odalisque
1826
Lithographie

Eugène Delacroix (1798-1863)
Juive d'Alger
1833
Eau-forte, 1er état

Édouard Manet (1832-1883)
Olympia (petite planche)
1867
Eau-forte, 6º état

Édouard Manet (1832-1883)
La Toilette
1861-1874
Eau-forte, 2º état, tirage de 1874

James McNeill Whistler (1834-1903)
The lime-burner (Le brûleur de chaux)
Eau-forte, 2º état


Mary Cassatt (1844-1926)
Mademoiselle Luquet assise sur un divan
Vers 1883
Vernis mou et aquatinte, 2º état

Picasso face à Degas
En 1958, Pablo Picasso achète sept monotypes de Degas, une collection qu'il complétera deux ans plus tard et avec laquelle il entame un dialogue nourri et durable. Dans la série de gravures réalisées entre février et juin 1971, il fait intervenir Degas lui-même en habitué de maisons closes, plus voyeur, c'est-à-dire peintre, que client. Ces gravures, réalisées à l'extrême fin de sa vie, sont l'aboutissement d'une longue familiarité avec l'œuvre de Degas, portée par des ressorts personnels (la ressemblance qu'il lui trouvait avec son propre père). de semblables obsessions thématiques (le bordel) mais aussi et surtout par une identique curiosité technique.

Pablo Picasso (1881-1973)
Fille au bracelet, avec Degas
1971
Eau-forte
BnF, département des Estampes et de la photographie

Pablo Picasso (1881-1973)
Degas imaginant. Scène de séduction
1971
Eau-forte

Pablo Picasso (1881-1973)
Degas fantasmant
1971
Aquatinte au sucre

Pablo Picasso (1881-1973)
Degas, en jaquette, se dessinant lui-même
1971
Eau-forte

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