samedi 10 juin 2023

Baquiast X Warhol à quatre mains à la Fondation Vuitton en juin 2023


Exposition particulièrement foisonnante des œuvres communes de ces deux géants du 20ème siècle dont voici la présentation et les principaux tableaux :

À QUATRE MAINS
Jean-Michel Basquiat (1960-1988) disait avoir travaillé sur « un million de toiles » avec Andy Warhol (1928-1987). La vérité est plus proche de 160, mais le chiffre reste considérable au regard des formats réalisés et de la brièveté de leur collaboration, de 1983 à 1985.
L'exposition « Jean-Michel Basquiat x Andy Warhol, à quatre mains » est consacrée à une aventure exceptionnelle qui réunit deux des artistes les plus célébrés de la seconde moitié du XXe siècle dans le contexte particulier de la scène artistique de Downtown New York des années 1980. Elle permet de découvrir une somme de peintures, dessins, photographies et archives nés d'une fascination mutuelle et d'une complicité poussée jusqu'à s'incarner dans une œuvre commune. Basquiat et Warhol ont signé ensemble des toiles figurant parmi les plus grandes qu'ils aient jamais réalisées, parfois aussi parmi les plus étonnantes. Les « plus réussies » disait Warhol sont celles où « on ne peut pas dire qui a fait quoi ». En parcourant les quatre niveaux de la Fondation Louis Vuitton, le visiteur est témoin de ce dialogue unique, mené par pinceaux interposés.
Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol se rencontrent formellement pour la première fois en octobre 1982, à l'instigation de leur galeriste commun Bruno Bischofberger. Presque deux générations les séparent, mais l'entente est immédiate. En 1982, Basquiat a déjà exposé plusieurs fois à New York, Los Angeles et en Europe. Warhol vient de traverser une décennie parfois considérée comme moins inventive, mais son audience a amplement dépassé le monde de l'art. Son ouverture, sa curiosité et son acuité sont, elles, restées sans faille. Il se passionne pour la nouvelle scène qui émerge à New York en brassant les influences visuelles et musicales des différents quartiers de la ville. Le succès des « kids » le captive, tout comme leur liberté dans l'usage de la peinture, au-delà des styles, des réferences et des conventions. Pour citer le poète Rene Ricard, Jean-Michel Basquiat est le plus << rayonnant » d'entre eux.
Rapidement, Basquiat et Warhol tissent des liens dont le premier résultat visible est, à partir de la fin de l'année 1983, une suite de collaborations signées avec Francesco Clemente, comme suggéré par Bruno Bischofberger. Ils continuent ensuite de travailler à deux. Ce ne sera que plus d'un an après que Warhol confiera à leur marchand que Basquiat et lui n'en sont pas restés là et qu'ils souhaitent désormais exposer cette production à quatre mains.
Après l'exposition, qui se tient à la galerie Tony Shafrazi à New York en septembre et octobre 1985, le duo se distend ; mais cette collaboration laissera des empreintes dans les œuvres de chacun. Ami commun des deux artistes, Keith Haring dira à propos de ces peintures à quatre mains,  "[qu'lelles sont véritablement une invention de ce que William S. Burroughs a appelé The Third Mind [« le troisième esprit »], c'est-à-dire la fusion de deux esprits extraordinaires qui en créent ainsi un troisième, unique et totalement distinct.

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Arm and Hammer II, 1984-1985
Acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile Acrylic, silkscreen ink, and oilstick on canvas Collection Bischofberger, Männedorf-Zurich, Suisse
Sur un de ses célèbres fonds dorés, Warhol a appliqué deux fois le logo de Arm & Hammer, une marque de bicarbonate de soude. Sur le macaron de gauche, Basquiat a posé un aplat de blanc sur lequel il a dessiné un portrait de Charlie Parker. Le saxophoniste clairement identifié par ia date de son décès, 1955, et son instrument apparaît comme au centre d'une pièce de monnaie : après avoir raturé les mots << ARM » et « HAMMER » de larges coups de pinceau noirs, Basquiat les a recouverts des inscriptions « COMMEMERITVE » [sic] et « ONE CENT ». Ces deux termes ont finalement aussi été biffés par le peintre. Basquiat disait barrer pour qu'on regarde davantage

FRANCESCO CLEMENTE
(1952, vit et travaille aux États-Unis et en Inde)
Andy Warhol, 1982-1987
Aquarelle sur papier | Watercolor on paper Courtesy Francesco Clemente Studio

FRANCESCO CLEMENTE
(1952, vit et travaille aux États-Unis et en Inde)
Jean-Michel Basquiat, 1982-1987
Aquarelle sur papier | Watercolor on paper Courtesy Francesco Clemente Studio

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Dollar Sign, 1984-1985
Peinture polymère synthétique et encre sérigraphique sur toile Synthetic polymer paint and silkscreen ink on canvas Courtesy The Brant Foundation, Greenwich, Connecticut, États-Unis


JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Don't Tread on Me, 1984-1985
Acrylique, bâton d'huile et encre sérigraphique sur toile Acrylic, oilstick, and silkscreen ink on canvas Collection particulière | Private collection

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Collaboration (Dollar Sign, Don't Tread on Me), 1984-1985
Acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur lin Acrylic, silkscreen ink, and oilstick on linen The Andy Warhol
 Museum, Pittsburgh; Founding Collection Contribution The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. 1998.1.488

Les premières collaborations de Basquiat et Warhol sont des modifications assez simples des tableaux du second par le premier. Ces échanges se passent probablement dès l'année 1983. «Andy était assis sur son banc d'entrainement; il prenait la boîte dans laquelle nous conservions les petits tableaux, et il en donnait un à Jean-Michel pour qu'il travaille dessus »> se souvient Jay Shriver, alors assistant de Warhol. Ces peintures représentent des motifs variés des symboles du dollar, des crabes, des homards. Ainsi, sur le dollar, Basquiat ajoute la formule « DON'T TREAD ON ME » (« ne me marche pas dessus ») et un serpent, devenus slogan et symbole libertariens. Ici se rencontrent deux visions du monde différentes, voire opposées. Alors que Basquiat critiquait ouvertement le capitalisme, Warhol semblait incarner à la perfection le portrait de l'artiste en homme d'affaires.

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Sharp Teeth, 1984-1985
Acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile Acrylic, silkscreen ink, and oilstick on canvas Collection particulière | Private collection

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Lobster (White), 1984-1985
Acrylique, bâton d'huile et sérigraphie sur toile Acrylic, oilstick, and silkscreen on canvas
Collection particulière | Private collection Courtesy Galerie Bruno Bischofberger, Männedorf-Zurich, Suisse

ANDY WARHOL
Portrait of Jean-Michel Basquiat as David, 1984
Peinture polymère synthétique et encre sérigraphique sur toile Synthetic polymer paint and silkscreen ink on canvas Collection Norman & Irma Braman

ANDY WARHOL
Jean-Michel Basquiat, 1984
Acrylique et encre sérigraphique sur lin
The Andy Warhol Museum, Pittsburgh: Founding Collection Contribution The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. 1998.1.498

JEAN-MICHEL BASQUIAT
Dos Cabezas, 1982
Acrylique et bâton d'huile sur toile sur châssis en bois Acrylic and oilstick on canvas with wood supports Collection particulière | Private collection Courtesy Gagosian
Le 4 octobre 1982, Bruno Bischofberger présente officiellement Basquiat à Warhol. Depuis son adolescence, Basquiat admire Warhol. À présent ils ont le même galeriste. Il est d'usage que celui-ci invite de jeunes talents à la Factory, l'atelier de Warhol. Ce dernier conclut souvent ces rencontres par un portrait. Cette fois, il est pris à son propre jeu. Basquiat demande à Bischofberger de les photographier côte à côte, puis s'en va précipitamment. Dans les deux heures qui suivent, son assistant Stephen Torton porte à la Factory cette peinture, Dos Cabezas. Warhol dira "Je suis jaloux, il est plus rapide que moi". La peinture est une déclaration : Basquiat y apparaît à l'égal d'un des artistes les plus célèbres de l'époque. Il est à droite, sa joie est visible, ses cheveux empiètent sur l'espace d'un Warhol brossé avec ressemblance dans l'une de ses postures favorites.

ANDY WARHOL
Self-Portrait with Jean-Michel Basquiat, 4 octobre | October 4, 1982
Polaroid
Collection Bischofberger, Männedorf-Zurich, Suisse

JEAN-MICHEL BASQUIAT
Foto (Jean-Michel Basquiat being photographed by Andy Warhol), 1983
Technique mixte sur papier | Mixed media on paper Collection Bischofberger, Männedorf-Zurich, Suisse

JEAN-MICHEL BASQUIAT
Untitled, 1984
Crayon gras sur papier | Oilstick on paper Collection particulière | Private collection, Londres

JEAN-MICHEL BASQUIAT
Untitled (Andy Warhol), 1984
Crayon gras sur papier | Oilstick on paper Collection particulière | Private collection

ANDY WARHOL
Jean-Michel Basquiat, 1984
Peinture polymère synthétique et encre sérigraphique sur toile Synthetic polymer paint and silkscreen ink on canvas Courtesy Elizabeth Royer

ANDY WARHOL
Jean-Michel Basquiat, 1984
Peinture polymère synthétique et encre sérigraphique sur toile Synthetic polymer paint and silkscreen ink on canvas Courtesy Elizabeth Royer

JEAN-MICHEL BASQUIAT
Untitled (Andy Warhol with Barbells), 
c. 1984
Acrylique et bâton d'huile sur toile | Acrylic and oilstick on canvas Collection particulière | Private collection

JEAN-MICHEL BASQUIAT
Brown Spots (Portrait of Andy Warhol as a banana), 1984
Acrylique et bâton d'huile sur toile | Acrylic and oilstick on canvas Collection particulière | Private collection Courtesy Galerie Bischofberger, Männedorf-Zurich, Suisse

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Arm and Hammer, 1984-1985
Acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile: Acrylic, silkscreen ink, and oilstick on canvas Collection Bischofberger, Männedorf-Zurich, Suisse

ANDY WARHOL
Francesco Clemente, 1981
Acrylique, encre sérigraphique et poussière de diamant sur toile Acrylic, silkscreen ink, and diamond dust on canvas
Courtesy Francesco Clemente Studio

JEAN-MICHEL BASQUIAT FRANCESCO CLEMENTE ANDY WARHOL
Alba's Breakfast, 1984
Technique mixte sur papier marouflé sur toile Mixed media on paper mounted on canvas.
Collection Bischofberger, Männedorf Zurich, Suisse

JEAN-MICHEL BASQUIAT FRANCESCO CLEMENTE
The Kiss, 1984
Huile et collage sur toile | Oil and collage on canvas Courtesy Francesco Clemente Studio

JEAN-MICHEL BASQUIAT
Portrait of Francesco Clemente, 1982
Acrylique sur toile | Acrylic on canvas Courtesy Francesco Clemente Studio

JEAN-MICHEL BASQUIAT FRANCESCO CLEMENTE
Number 5, 1984
Huile, acrylique et collage sur toile | Oil, acrylic, and collage on canvas Courtesy Francesco Clemente Studio

JEAN-MICHEL BASQUIAT FRANCESCO CLEMENTE ANDY WARHOL
Pole Star, 1984
Premier panneau: acrylique et collage sur métal. Panneaux suivants: acrylique et sérigraphie sur toile | First panel: acrylic and collage on metal. Other panels: acrylic and silkscreen on canvas Courtesy Galerie Bruno Bischofberger, Männedorf-Zurich, Suisse
Pour plusieurs collaborations avec Francesco Clemente et Warhol, Basquiat a recouru à sa pratique fréquente du collage. Il réalisait souvent ce geste à partir de photocopies de ses propres dessins, des reproductions qu'il utilisait parfois comme fond de ses tableaux. C'est sur cet arrière-plan que Clemente est intervenu, peignant une figure double et onirique, un être qui emerge de la bouche d'un autre. Warhol a reproduit en sérigraphie la peinture réalisée par Basquiat et Clemente sur cinq autres panneaux, élargissant ainsi l'œuvre

JEAN-MICHEL BASQUIAT FRANCESCO CLEMENTE ANDY WARHOL
Handball, 1984
Technique mixte sur toile | Mixed media on canvas Courtesy Francesco Clemente Studio

JEAN-MICHEL BASQUIAT FRANCESCO CLEMENTE ANDY WARHOL
Pure, 1984
Premier panneau: acrylique et collage sur metal. Panneaux suivants acrylique et sérigraphie sur taile | First panel acrylic and
collage on metal/ Other panels: acrylic and silkscreen on canvas Collection particulière | Private collection Courtesy Galerie Bruno Bischofberger Männedorf Zurich, Suisse

FRANCESCO CLEMENTE ANDY WARHOL
Collaboration (Whales/Umbrella), 1984
Technique mixte sur lin | Mixed media on linen
The Andy Warhol Museum, Pittsburgh; Founding Collection Contribution The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. 1998.1.493

JEAN-MICHEL BASQUIAT FRANCESCO CLEMENTE
ANDY WARHOL
In Bianco, 1984
Acrylique, encre sérigraphique et biton d'huile sur toile Acrylic, silkscreen ink, and oilstick on canvas Fundación Almine y Bernard Ruiz Picasso para el Arte

JEAN-MICHEL BASQUIAT FRANCESCO CLEMENTE
ANDY WARHOL
Cilindrone, 1984

JEAN-MICHEL BASQUIAT FRANCESCO CLEMENTE ANDY WARHOL
Origin of Cotton, 1984
Huile, acrylique et encre sérigraphique sur toile Oil, acrylic, and silkscreen ink on canvas Collection particulière | Private collection, Los Angeles
Une grande fleur sérigraphiée par Warhol émerge du centre de cette peinture en contraste avec les figures peintes par Clemente. Basquiat a souligné ces images en y ajoutant des chiffres, des mots, et une formule qui lui sert de signature: «Origin of Cotton ». Celle-ci renvoie au fardeau de sa propre histoire, à la traite des esclaves, au racisme. La sentence suffit à transformer les visages hantés de Clemente en une foule d'esclaves amenés en Amérique pour le ramassage du coton, une suggestion redoublée par la fleur de Warhol.

JEAN-MICHEL BASQUIAT FRANCESCO CLEMENTE ANDY WARHOL
Horizontal Painting, 1984
Acrylique, no serigraphique st bathule aur sole Actyle screen ink, and olsa Collection Carmen Riera

JEAN-MICHEL BASQUIAT FRANCESCO CLEMENTE ANDY WARHOL
Casa del Popolo, 1984
Acrylique, encre sérigraphique et bason d'huile sur toile Acrylic, silkscreen ink, and cistick on canvas

JEAN-MICHEL BASQUIAT FRANCESCO CLEMENTE ANDY WARHOL
Pimple Head, 1984
Technique miste sur toile Mixed media on canvas

JEAN-MICHEL BASQUIAT FRANCESCO CLEMENTE ANDY WARHOL
Premonition, 1984
Baton d'huile, acrylique et encre sérigraphique surto Ostick, acrylic, and silkscreen

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Fuck You, Dentures, 1984-1985
Acrylique et encre sérigraphique sur le Acrylic and silkscreen ink on canvas Collection particulière) Private collection

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
New Flame, 1985
Acrylique, biton d'huile et ancre sergraphique sur toile Acrylic oilatics, and silkscreen ink on canvas

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
China, 1984
Acrylique et bâton d'huile sur toile 

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Wax Figurine, 1984-1985
Peinture polymère synthétique et encre sérigraphique sur toile



JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Untitled, 1984
Acrylique, encre sérigraphique et bâton d'huile sur toile

JEAN-MICHEL BASQUIAT
ANDY WARHOL
Untitled (50 Dentures), 1984-1985
Acrylique et encre sérigraphique sur toile

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
1/2 Keep Frozen, 1984-1985
Acrylique et encre sérigraphique 

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Emeralds, 1984
Acrylique et encre sérigraphique sur toile Collection Bischofberger, Männedorf-Zurich, Suisse

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Perishable, 1984
Acrylique et encre sérigraphique sur toile

LA CRÉATION D'UN LANGAGE VISUEL
Au printemps 1984, Warhol déménage sa Factory du 860 Broadway à la 33 Rue. Le bail de l'ancien local courant encore, il bénéficie d'un espace vacant pour peindre. Le lieu devient l'atelier commun des deux artistes. L'après-midi, ils peignent ensemble presque quotidiennement. Cette fois, il ne s'agit plus de modifications ni de conversation mais bien d'un duo composant à quatre mains. Les toiles sont souvent commencées par Warhol, qui reprend à cette occasion les pinceaux qu'il avait délaissés depuis le milieu des années 1960 au profit de la sérigraphie. Aidé d'un système de projection, il prépare des fonds et des motifs qui accueilleront la peinture de Basquiat. Les échanges sont vifs et rapides. Basquiat peint parfois au sol tandis que les murs sont occupés par Warhol, qui veut maintenir le rythme.

JEAN-MICHEL BASQUIAT
ANDY WARHOL
Eiffel Tower, 1985 Acrylique sur toile  Collection particulière

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Olympic Rings, 1985
Acrylique et encre sérigraphique sur toile Acrylic and silkscreen ink on canvas Collection Éditions Enrico Navarra
Les Jeux Olympiques d'été de Los Angeles marquent l'année 1984, Basquiat et Warhol ont réalisé plusieurs toiles en relation avec cet événement. Dans Olympic Rings, Basquiat intervient en obstruant des anneaux et en posant un visage noir sur l'emblème des Jeux Olympiques peint par Warhol. Des victoires de Jesse Owens en 1936 à Berlin aux poings levés de Tommie Smith et John Carlos à Mexico en 1968, les Jeux Olympiques ont été plusieurs fois des instants décisifs pour la visibilité de la communauté africaine-américaine et la mise en lumière de la ségrégation dont elle fait l'objet. Basquiat reprend cette contestation en transformant en chaîne l'emblème olympique.

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
China Paramount, 1984
Acrylique, bâton d'huile et encre sérigraphique sur toile Acrylic, oilstick, and silkscreen ink on canvas Collection Nick Rhodes
Enchevêtrement de références, China Paramount restitue l'effervescence médiatique et culturelle des États-Unis dans les années 1980. Cette toile est exemplaire de la complexité du langage visuel développé par les deux artistes. Ici, le logo de la Paramount Pictures Corporation placé par Warhol est un symbole de l'industrie cinématographique. Mais il est aussi un clin d'œil personnel de ce dernier à Jon Gould, son compagnon d'alors qui travaille pour la firme. Warhol a aussi peint des profils de Ronald Reagan, ancien acteur alors président des États-Unis. Le républicain prônait l'ouverture économique et politique entre son pays et la Chine et le développement de chaînes de logistique mondiales. Cette donnée donne la thématique de l'œuvre. Les «< Ronald Reagan » de Warhol sont autant de promesses électorales de croissance économique, auxquelles Basquiat semble opposer des figures noires, symbolisant la population africaine-américaine exclue de ce développement dans les années 1980.

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Paramount, 1984

State of the Art 6, « Identity », 1986
Écrit et réalisé par | Written and directed by Geoff Dunlop An Illuminations Television production Extrait/extract, 2 min 15 s

LARGER THAN LIFE
Les œuvres réalisées conjointement par Basquiat et Warhol figurent parmi les plus grandes de leurs productions respectives. La peinture de Warhol s'est toujours confrontée au format des publicités, des écrans de cinéma. Basquiat a commencé à créer à l'échelle de la ville, écrivant ses textes sur les murs. Les plus longues de leurs œuvres communes, comme Chair ou African Masks, évoquent des éléments de décors architecturaux. Cet aspect monumental est encore renforcé par le format horizontal des compositions qui se prête particulièrement aux scansions alternées des deux artistes.

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Chair, 1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
African Masks, c. 1984
Acrylique et encre sérigraphique sur toile Acrylic and silkscreen ink on canvas Collection particulière | Private collection
Le 29 mai 1984, Warhol écrit dans son journal << nous avons peint ensemble un chef-d'œuvre africain. Une trentaine de mètres de long. Il est meilleur que moi ». African Masks est une des collaborations à très grande échelle réalisées avec Basquiat dans les anciens locaux de la Factory après le déménagement des équipes de Warhol pour la 33° Rue. << Voir tout cet espace clair et vide, c'était si beau que maintenant je ne veux plus partir »> avait noté ce dernier. Dans African Masks, une multitude de masques et visages bruns, blancs et noirs, apparaissent sur un fond abstrait multicolore, L'œuvre ne se prête pas à une interprétation univoque, mais ses figures font incontestablement référence à la préoccupation de Basquiat pour sa culture et son héritage africains.

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Quality, 1984-1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Collaboration (Chairs/African), 
1984-1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Sin More!, 1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Don't Tread Tennis, 1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Apples and Lemons, 1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT
ANDY WARHOL
Eggs, 1985
Acrylique

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Cabbage, 1984-1985

THÈMES ET VARIATIONS
À la fin des années 1970, Warhol réalise des travaux qui se rapprochent du genre de la nature morte. Quartiers de viande, pommes, citrons, choux sont le point de départ de plusieurs des tableaux réalisés avec Basquiat. Par le dessin, ce dernier altère et enrichit ces images et compositions d'origine photographique. Figure de style chère aux deux artistes, la répétition ne se joue pas qu'à l'intérieur de chaque tableau, elle est à l'origine de séries qui sont autant de variations autour d'un motif premier.

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Untitled (Two Dogs), 1984

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Dog, 1984

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Dogs, 1984

MICHAEL HALSBAND: 10 JUILLET 1985, NYC
Au printemps 1985, Warhol indique à son galeriste Bruno Bischofberger que Basquiat et lui ont, de leur propre initiative, réalisé de nombreuses collaborations. Ils s'entendent pour en exposer une sélection à la galerie Tony Shafrazi, dans le sud de Manhattan. Pour réaliser l'image qui servira à l'affiche, Basquiat choisit Michael Halsband qu'il a repéré pour son travail avec le chanteur Klaus Nomi. Celle-ci doit évoquer un combat de boxe. Le 10 juillet, Basquiat et Warhol se rendent dans le studio d'Halsband avec gants et shorts. Trois de ces images seront finalement utilisées pour la promotion de l'exposition.

EN SÉRIE
Créé à la fin du XIXe siècle, le logo de General Electric est l'un des emblèmes de l'American way of life. À partir des années 1950, la marque est présente dans chaque foyer. L'omniprésence du sigle, apposé sur un réfrigérateur comme sur un réacteur d'avion, justifierait à elle seule son choix par Warhol si elle ne se doublait d'un jeu calligraphique propice au plaisir de la peinture. Les deux artistes lui dédient toute une série, remarquable par ses effets de transparences, de juxtapositions et de renversements. La plupart de ces œuvres ont été débutées par Basquiat qui y a inscrit ses dessins en sérigraphie, une technique qui a défini l'œuvre de son aîné.

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
GE, 1984-1985
Acrylique, bâton d'huile, huile et encre sérigraphique sur toile Acrylic, oilstick, oil, and silkscreen ink on canvas Collection particulière | Private collection Courtesy Vedovi Gallery, Bruxelles
Dans GE, les lettres et visages griffonnés par Basquiat ont été sérigraphiés. Ces signes éclectiques apparaissent comme un hommage au melting-pot animé de New York. C'est sur ce fond que Warhol a peint en bleu un grand logo General Electric. Basquiat a ensuite recouvert en partie les images d'aplats de couleurs, de fragments de textes et d'une figure noire qui modifie le récit porté par l'emblème industriel choisi par Warhol, symbole de progrès et promesse de prospérité pour la classe moyenne blanche américaine.

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
GE/Skull, 1984-1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
General Electric with Waiter, 
1984-1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Bananas, 1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Unit Filter GE, 1984

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
House Eye, 1984-1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Stoves, 1984-1985
Acrylique et bâton d'huile

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Wood, 1984

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Taxi, 45th/Broadway, 1984-1985
Acrylique, bâton d'huile, peinture polymère synthétique et encre sérigraphique sur toile | Acrylic, oilstick, synthetic polymer paint, and silkscreen ink on canvas Collection particulière | Private collection
L'héritage de l'esclavage, l'injustice de la condition dans laquelle est maintenue la population africaine-américaine et le racisme quotidien sont les sujets de nombreuses toiles de Basquiat. Dans Taxi, 45th/Broadway, Warhol peint un capot jaune. Basquiat s'en saisit comme d'un élément de décor pour raconter une scène réaliste et autobiographique : la nuit, au croisement de la 45° rue et de Broadway, un homme noir tend la main pour arrêter un taxi. Il ne récolte que des insultes. Keith Haring rappelait ce que son ami endurait, en dépit de sa réussite : « Comme il était noir et jeune, qu'il portait des dreadlocks, il n'arrivait même pas à arrêter un taxi. Même s'il pouvait avoir en poche 10 000 dollars à dépenser.

LA SCÈNE ARTISTIQUE DE DOWNTOWN NEW YORK DANS LES ANNÉES 1980
Le milieu artistique new-yorkais du tournant des années 1970-1980 se singularise par l'énergie collective qu'il dégage. Plus de dix ans avant, grâce à son ouverture radicale à différentes pratiques artistiques, Warhol avait préparé le terrain pour faire de la collaboration une pratique largement acceptée. Mais ce furent aussi des artistes liés à la scène du graffiti - habitués à travailler ensemble et à naviguer entre les supports et les disciplines - qui firent de la collaboration, bien plus qu'une exception, l'une des caractéristiques essentielles de l'époque

JENNY HOLZER (1950) LADY PINK (1964)
I AM NOT FREE BECAUSE I CAN BE EXPLODED ANYTIME, 1983-1984
Bombe aérosol sur toile | Spray paint on canvas Collection KAWS
Dans les années 1980, Jenny Holzer et Lady Pink utilisent New York comme toile de fond: Holzer colle des affiches et placarde des slogans sur les murs de Manhattan, tandis que Lady Pink déploie ses graffitis sur les bâtiments et les wagons du métro. Ici, Lady Pink a peint à la bombe sur une grande toile des images obsédantes de corps en détresse, dans des tonalités maladives de vert, de bleu et d'orange, sur lesquelles Holzer a fait tracer à la main l'une de ses phrases caractéristiques: I AM NOT FREE BECAUSE I CAN BE EXPLODED ANYTIME (je ne suis pas libre car je peux être explosée à tout moment). L'imagerie surréaliste et dystopique de Lady Pink amplifie la portée des déclarations provocantes et anti-establishment de Holzer.

JEAN-MICHEL BASQUIAT KEITH HARING (1958-1990) & AUTRES | OTHERS
Untitled (Symphony No. 1), 1980-1983
Technique mixte, bombe aérosol et papier sur contreplaqué Mixed media, spray paint, and paper on plywood Collection Larry Warsh
Connu pour ses œuvres proliférantes, foisonnantes et pluridisciplinaires, qui se prêtent à des expériences collaboratives avec des artistes venus d'horizons divers, Keith Haring a rencontré Basquiat en 1979 et a participé avec lui à plusieurs expositions, signant épisodiquement des œuvres avec lui. Untitled (Symphony No. 1) témoigne de l'énergie créatrice de la scène de Downtown New York dans les années 1980, où de nombreux jeunes artistes s'associent à une culture urbaine du graffiti encore récente. Ce dynamisme apparaît dans les tags et figures de Basquiat et Haring, tels qu'ils les dessinaient ou les traçaient au spray sur les murs.

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Untitled, 1984
Acrylique, huile et encre sérigraphique sur toile Acrylic, oil, and silkscreen ink on canvas Del Monte Fresh Produce Company, Coral Gables, Floride, États-Unis
Ici, Warhol a commencé par peindre le logo de la société Del Monte, dans la tradition de ses célèbres Brillo Boxes et Campbell's Soup Cans. Basquiat a répondu en sérigraphiant la figure de Billie Holiday. La chanteuse de jazz africaine américaine, une des voix les plus connues du milieu du XXe siècle, a fait face à un racisme constant malgré sa célébrité. Son image fait écho à la propre position de Basquiat en tant que jeune personne de couleur, ainsi qu'à son profond intérêt pour la musique, pratique au cœur de la scène du Downtown new-yorkais des années 1980.

FUTURA 2000 (1955) KEITH HARING (1958-1990)
Untitled (Scooter), 1986

JEAN-MICHEL BASQUIAT
45 Plates, 1983-1986
Détails 

A-ONE (1964-2001) CRASH (1961)
DAZE (1961)
Untitled, 1984

Affiche pour l'exposition Poster for the exhibition Warhol / Basquiat: Paintings, Tony Shafrazi Gallery, 1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT KEITH HARING (1958-1990)
Untitled, 1981

A-ONE (1964-2001) JEAN-MICHEL BASQUIAT
Portrait of A-One A.K.A. King, 1982
Acrylique, bâton d'huile et marqueur sur toile montée sur supports en bois liés ensemble | Acrylic, oilstick, and marker on canvas mounted on tied wood supports Collection Andy Song
Cette collaboration entre Jean-Michel Basquiat et A-One est aussi un hommage à Anthony Clark (A-One), un artiste graffeur ami de Basquiat. Tous deux semblent y questionner les concepts de « haute » et « basse » cultures. Sur les innombrables graffitis créés avec son ami, Basquiat en fait un portrait en souverain, poursuivant une tradition séculaire de l'histoire de l'art occidentale. Pour Basquiat, la couronne était la marque du talent et de l'authenticité. Dans l'argot de la rue, le King désigne encore aujourd'hui un graffeur très respecté. Cette double signification se fait dans une œuvre mêlant culture urbaine et peinture classique.

JEAN-MICHEL BASQUIAT
KEITH HARING (1958-1990) ROY LICHTENSTEIN (1923-1997)
YOKO ONO (1933) ANDY WARHOL
Affiche pour Rain Dance, 1985

KEITH HARING (1958-1990) ANDY WARHOL
Untitled (Madonna, I'm Not Ashamed), 1985

KEITH HARING (1958-1990)
LA II (1967)
Untitled (Female Bust), 1983

FUTURA 2000 (1955) KENNY SCHARF (1958)
Lenny avec Kenny, 2023
Peinture aérosol, acrylique et huile sur toile Spray paint, acrylic, and oil on canvas Courtesy of the artists
Futura 2000 et Kenny Scharf sont deux des artistes les plus importants à avoir émergé de la scène artistique du Downtown New York des années 1980. Amis de Basquiat et de Warhol, ils collaborèrent avec eux mais aussi avec d'autres artistes. À l'invitation de la Fondation Louis Vuitton, ils ont accepté de créer une œuvre commune pour l'exposition; cette collaboration contemporaine célèbre la coopération artistique et fait le lien entre le présent et le passé.



JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Ten Punching Bags (Last Supper), 1985-1986
Acrylique et bâton
Jamais exposée du vivant de Basquiat et Warhol, la sculpture des Ten Punching Bags (Last Supper) est restée en possession de ce dernier jusqu'à sa disparition en 1987. Sur chacun des sacs, Warhol a peint le visage du Christ d'après une reproduction de La Cène de Léonard de Vinci. Sur celui-ci, Basquiat a inscrit de manière répétée, comme autant de coups portés sur les sacs, le mot Judge. Chez lui, l'imaginaire de la boxe est lié à de grandes figures de la communauté africaine-américaine qu'il a érigées en héros et martyrs. La structure même de cette œuvre est de triste mémoire; elle évoque une potence et sa suite de pendus, ces strange fruits chantés par Billie Holiday. Sincère, la foi catholique de Warhol trouve là une incarnation poignante, évoquant le racisme, la violence et l'injustice dans une période sombre, marquée par l'épidémie de sida et le décès de plusieurs de ses proches.

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Collaboration No. 19, 1984-1985
Bâton d'huile, collage, encre sérigraphique et peinture polymère synthétique sur toile | Oilstick, collage, silkscreen ink, and synthetic polymer paint on canvas
Collection particulière | Private collection, Israël Courtesy Zidoun-Bossuyt Gallery, Luxembourg
Pour cette toile, Warhol a repris la manchette d'un journal relatant un incendie survenu dans le métro new-yorkais : « SUBWAY FIRE. 200 trapped » [Incendie dans le métro. 200 personnes piégées]. En réaction à ce gros titre, Basquiat a ajouté des flammes, deux masques noirs et deux figures couchées. Warhol a complété cette scène dramatique par l'ajout d'un logo Zenith rouge, peut-être pour suggérer que le court-circuit d'un appareil de la marque aurait pu provoquer l'incendie.

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
OP OP, 1984-1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
PE D G Two Heads, 1984-1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Win $1,000,000, 1984

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Caps, 1964

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Heart Attack, 1984

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Ailing Ali in Fight of Life, 1984

HEADLINE PAINTINGS
Tout au long de sa carrière, Warhol a traqué dans la presse le sensationnel comme le quotidien, faisant des manchettes de magazines et de journaux un sous-texte de son œuvre. Avec Basquiat, l'usage de ces titres est différent. Ainsi qu'il le disait, << II [Warhol] commençait la plupart des peintures. Il mettait quelque chose de très concret ou de très reconnaissable, comme une manchette de journal ou un logo de produit, et puis je le défigurais, en quelque sorte, et puis j'essayais de le faire retravailler dessus un peu, et puis je retravaillais dessus davantage ». De fait, la lisibilité des textes est totalement amendée au profit de l'impact formel voire sonore du lettrage. Des fragments de mots sont pris dans un nouveau réseau d'informations bâti par les deux artistes.

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Socialite, 1984

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Collaboration, 1984-1985

Andy Warhol & Jean-Michel Basquiat travaillant sur un tableau, 
27 mars, 1984 

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Poison (Collaboration No. 62), 1984

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Number 1, 1984-1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Collaboration (Pontiac) No. 5, 1984

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Mind Energy, 1985

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
6.99, 1985
Acrylique et bâton d'huile sur toile | Acrylic and oilstick on canvas Collection Nicola Erni
6.99 était l'une des collaborations préférées de Warhol, qui l'avait accrochée dans un espace privé à la Factory. À la variété des représentations répond ici la densité du dialogue visuel établi par les artistes. Les chiffres, les deux joueurs de football américain et la figure de femme nue debout, posés par Warhol, contrastent avec les aplats colorés de Basquiat, ses figures, visages, griffonnages, qui sont autant de couches de peinture et de significations. Des flammes semblent sortir du crâne expressif dans le coin droit, elles sont captées par un visage noir sombre au centre. Partiellement recouvert, celui-ci est placé comme au sommet d'une trinité ayant pour base les footballeurs de Warhol, ils sont intégrés par Basquiat dans son discours. À l'arrière-plan, une troisième figure noire coiffée d'un chapeau - peut-être un autoportrait de Basquiat -semble malicieusement observer cette confusion. Comme pour accentuer le propos, les retouches sont signifiées par des cicatrices, renvois possibles aux corps balafrés des deux peintres - celui de Basquiat du fait d'un accident de voiture en 1968, celui de Warhol suite à la tentative de meurtre dont il fut victime la même année.

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Felix the Cat, 1984-1985
Acrylique sur toile | Acrylic on canvas Collection Alexander Tedja
Dans les années 1980, la plupart des œuvres de Warhol intègrent des images de la culture populaire américaine, autant de souvenirs et de témoignages de son obsession pour tout ce qui a trait à la célébrité. Dans ce tableau, on trouve ainsi une indication sur la bonne façon de nouer un nœud papillon, renvoi possible à sa carrière d'illustrateur, et surtout Felix the Cat, un des premiers héros de cartoons. À ces images, Basquiat répond avec ses têtes caractéristiques par leur apparence de crâne, ses mots griffonnés et deux grandes figures féminines à la peau mate. L'une est réalisée à partir d'un dessin posé par Warhol que l'on retrouve dans 6.99-, l'autre reprend la forme fluide des noeuds papillons et est oblitérée violemment d'un "Negress".

JEAN-MICHEL BASQUIAT ANDY WARHOL
Third Eye, 1984-1985

REQUIEM
Les proches de Basquiat ont largement témoigné de son désespoir à la suite du décès de Warhol, le 22 février 1987. Gravestone en est une marque évidente. Sous la forme d'un polyptyque, le peintre a dressé un autel où l'on reconnaît plusieurs références aux travaux de Warhol. Après leur exposition commune en 1985, les deux artistes s'étaient éloignés mais avaient poursuivi leurs échanges. Conservé par Warhol dans ses réserves, Physiological Diagram (1985), par son format et son sujet anatomique, s'apparente à une collaboration restée dans l'attente de Basquiat.

JEAN-MICHEL BASQUIAT
Gravestone, 1987
Acrylique et huile sur panneau de bois Acrylic and oil on wood panel Collection particulière | Private collection Courtesy Galerie Enrico Navarra
La mort soudaine d'Andy Warhol en 1987 est un choc pour Jean-Michel Basquiat, qui semble avoir créé Gravestone pour surmonter ce deuil. Ici, Basquiat cite à la fois la série Cross (1981-1982) de Warhol et son propre motif de tête- crâne, que d'amples coups de pinceau semblent effacer. La fleur à l'extrême-gauche et le mot «< perishable >> [périssable] inscrit deux fois en lettres majuscules sur le panneau central du triptyque soulignent la fragilité de la vie.

ANDY WARHOL
Physiological Diagram, 1985






























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