Une exposition intéressante dans ce délicieux musée où l'on retrouve toujours avec plaisir les chefs-d'oeuvre d'Aristide Maillol !
En voici l'essentiel :
HYPERRÉALISME ceci n'est pas un corps
Comme son nom l'indique, la sculpture hyperréaliste cherche à imiter les formes, les contours et les textures du corps humains afin d'en offrir une illusion parfaite. Grâce à la précision technique mise au service de la reproduction fidèle du moindre détail, nous avons le sentiment de nous trouver en présence d'une réplique exacte de la réalité
En sculpture, l'hyperrealisme voit le jour dans les années 1960 en réaction à l'esthétique dominante de l'art abstrait, à l'instar du Pop Art et du photoréalisme. Aux Etats-Unis, où le mouvement apparaît en premier des artistes tels que Duane Hanson, John DeAndres et George Segal se tournent vers une représentation réaliste du corps, une vole considérée depuis longtemps comme désuète et dépassée. En utilisant des techniques traditionnelles telles que le modelage, le moulage et l'application polychrome de peinture à la surface de leurs sculptures, ces pionniers vont créer une imagerie humaine saisissante de vérisme. Les générations suivantes d'artistes vont poursuivre dans cette voie, tout en développant leur propre langage.
Cette exposition présente le vaste champ des possibles exploré par les hyperréalistes. Chacune de ses six sections s'articule autour d'un concept formel fournissant les clés de compréhension nécessaires pour appréhender individuellement chaque oeuvre. La sélection des oeuvres offre pour la première fois un apercu condensé du mouvement hyperréaliste et révèle à quel point la représentation de l'humain a toujours été sujette à évolution. Les origines variées des artistes présentés (des Etats-Unis à Australie, en passant par l'Italie l'Espagne, la Belgique et la Grande Bretagne) soulignent bien le caractère international du mouvement, dont les ramifications perdurent à travers le monde jusqu'à aujourd'hui.
Proposer cette exposition dans un musée consacré à l'oeuvre d'un sculpteur Aristide Maillol est doublement pertinent. En effet, cette initiative permet non seulement d'inscrire le mouvement hyperréaliste dans une histoire séculaire de la sculpture, mais aussi de confronter deux approches de la représentation du corps.
RÉPLIQUES HUMAINES
Dans les années 1960, Duane Hanson et John DeAndrea réalisent des sculptures saisissantes de réalisme grâce à des procédés techniques complexes. Le haut degré de réalisme atteint par leurs œuvres crée une illusion d'authenticité physique, et l'effet produit est si convaincant qu'il nous semble faire face à des alter egos en chair et en os. Les œuvres de ces artistes ont eu par la suite une influence déterminante sur les développements qu'a connu la sculpture au cours des cinquante dernières années. Les générations d'artistes suivantes adoptent cette pratique, la poussant plus loin encore. Véritables miroirs de la condi-tion humaine, ces œuvres révèlent la perception changeante de l'image de l'humain aux XXe et XXIe siècles.
Non identifié
JOHN DEANDREA
American Icon - Kent State
Grisaille monochrome sur bronze, cheveux en acrylique
2015
TOM KUEBLER Ethyl
Silicone, technique mixe
2001
JOHN DEANDREA
Dying Gaul
Bronze polychrome
2010
DUANE HANSON
Two Workers
Bronze, peinture à l'huile polychrome,
techniques mixtes, accessoires
1993
DUANE HANSON
Cowboy with hay
Bronze, peinture à l'huile, technique mixte, accessoires
1984/1989
GILLES BARBIER
Ménine (Pawn)
Résine, peinture à l'huile, costume et accessoires
2011
MORCEAUX DE CORPS
La sculptrice américaine Carole A. Feuerman, dont les célèbres nageuses, introverties et volontaires, semblent avoir atteint une parfaite harmonie intérieure, fait œuvre de précurseur.
Par la suite, dans les années 1990, de nombreux artistes se sont mis à utiliser le style hyper- réaliste de manière inédite et personnelle. Au lieu de créer l'illusion d'une corporéité parfaite, prise dans son entièreté, ils se sont concentrés sur des parties spécifiques du corps, s'en servant pour véhiculer des messages à tonalité humoristique ou dérangeants, comme c'est le cas par exemple dans l'œuvre de Maurizio Cattelan où des bras tendus, pris isolément du corps, font référence à des événements politiques de l'histoire récente.
MAURIZIO CATTELAN
Ave Maria
Polyuréthane, peinture, vêtement, métal
2007
MONOCHROMES
Après de nombreuses années dominées par l'art abstrait, George Segal ouvre à nouveau la voie aux représentations réalistes de l'humain avec ses sculptures monochromes. Tout un courant s'engouffre alors dans la brèche. Au premier abord, l'absence d'utilisation de couleurs naturelles atténue l'effet réaliste, mais le caractère monochrome des personnages sculptés renforce en revanche les qualités esthétiques liées à la forme. Des artistes comme Brian Booth Craig ont exploité cet effet avec succès en créant des œuvres qui interrogent l'universalité de la nature humaine.
GEORGE SEGAL
Nude on couch (on her back)
Sculpture en plâtre
1985
GEORGE SEGAL
Blue Girl on Park Bench
Plâtre, peinture, aluminium
1980
BRIAN BOOTH CRAIG
Executioner
Bronze
2013
FABIEN MÉRELLE
Merle, Mérelle, Faucon et Tourterelle
Bois et peinture
2019
FABIO VIALE
Venere Italica
Marbre blanc
2021
FABIEN MÉRELLE
Tronçonné
Bronze
2019
Détail de la sculpture précédente
ROBERT GRAHAM
Heather
Moulage en bronze
1979
JAMIE SALMON
Lily
Silicone, pigment, fibre de verre, peinture acrylique, cheveux
2013
PETER LAND
Back to square one
Silicone, cheveux, tissu, carton, cuir
2015
Détail de la sculpture précédente
Détail de la sculpture précédente
L'artiste digne de ce nom doit exprimer toute la vérité de la Nature, non point seulement la vérité du dehors, mais aussi, mais surtout celle du dedans.
AUGUSTE RODIN
CAROLE A. FEUERMAN
General's Twin
Peinture à l'huile sur résine
2009-2011
KAZU HIRO Andy Warhol
Silicone durci au platine, cheveux, résine plaque en chrome
2013
VALTER ADAM CASOTTO
In the Box extended
Silicone, résine d'époxy, couleurs à l'huile
2017-2018
Détail de la sculpture précédente
ALLEN JONES (1937-)
Refrigerator
2002
Technique mixte
JACQUES VERDUYN (1946-)
Pat & Veerle
1974
Polyester polychrome
JOHN DEANDREA (1941-)
Ariel II 2011
Bronze polychrome
Détail de la sculpture précédente
VALTER ADAM CASOTTO
Stringiamoci a coorte
Silicone, cheveux naturels, couleurs à l'huile, résine d'époxy
2017
Détail de la sculpture précédente
JEUX DE TAILLE
Dans les années 1990, l'artiste australien Ron Mueck révolutionne la sculpture figu- rative avec ses œuvres aux formats inhabituels. En jouant sur l'échelle de ses personnages de manière radicale, il place l'accent sur des thèmes existentiels tels que la naissance ou la mort. Des artistes tels que Sam Jinks et Marc Sijan capturent quant à eux la fragilité de la vie à travers leurs représentations de la physionomie humaine représentations qui, bien que de taille réduite, n'en sont pas moins incroyablement réalistes. En revanche, les œuvres surdimensionnées de Zharko Basheski produisent un effet de distanciation, qui nous force à adopter une nouvelle perspective.
RON MUECK
Untitled (Man in a sheet)
Silicone, fibre de verre, latex, mousse de polyuréthane, tissu
1997
SAM JINKS Untitled
(Kneeling Woman)
Silicone, pigment, résine, cheveux
2015
Détail du tableau précédent
SAM JINKS
Woman and Child
Technique mixte
2010
Détail de la sculpture précédente
MARC SIJAN
Embrace
Résine polyester, peinture à l'huile
2014
ZHARKO BASHESKI
Ordinary Man
Silicone, pigment, résine, cheveux
2009-2010
Détail du tableau précédent
MARC SIJAN
Cornered
Résine polyester, peinture à l'huile
2011
Détail de la sculpture précédente
RÉALITÉS DIFFORMES
Au cours des dernières décennies, les innombrables progrès scientifiques et les nouvelles perspectives induites par les communications numériques ont conduit à un changement radical de notre compréhension de la réalité. Influencés par la réalité virtuelle, des artistes comme Evan Penny et Patricia Piccinini se sont mis à observer les corps en partant de perspectives déformées. Tony Matelli quant à lui a choisi de défier les lois de la nature, tandis que Berlinde De Bruyckere questionne la mort et le caractère éphémère de l'existence hu- maine en présentant des corps contorsionnés. La valeur de la vie et le sens profond qui lui est attaché sont au cœur de l'approche hyperréaliste de la sculpture.
BERLINDE DE BRUYCKERE
Elie
Cire, époxy, coussin
2009
EVAN PENNY
Self Stretch
Silicone, pigment, cheveux, aluminium
2012
PATRICIA PICCININI
The Comforter
Technique mixte : silicone, fibre de verre, cheveux, fourrure de renard, vêtements
2010
Détail de la sculpture précédente
PATRICIA PICCININI
MEL RAMOS
Chiquita Banana
Résine synthétique polychrome
2007
EVAN PENNY
Panagiota: Conversation #1, Variation 2
Silicone, pigment, cheveux, aluminium
2012
TONY MATELLI
Josh
Silicone, acier, cheveux, uréthane, vêtements
2010
FRONTIÈRES MOUVANTES
De quoi sera fait l'avenir de la sculpture hyperréaliste ? Quel pan du mouvement sera à même d'appréhender les frontières de plus en plus poreuses entre l'homme et la technologie? La construction de nouvelles identités et le déplacement du sens invitent les visiteurs à participer à la construction de l'œuvre ; le corps du spectateur devient objet d'exposition, comme c'est le cas dans le travail d'Erwin Wurm. L'hyperréalisme se libère aussi du cadre tri-dimensionnel, en transcendant la sculpture physique et en la transposant dans le monde digital, par exemple lorsqu'une sculpture contemple son propre créateur au sein d'un film. Les œuvres, et en particulier les sculptures cinématographiques "animées" de Glaser/Kunz, nous mettent face à un glissement des frontières entre réalité et fiction à l'ère du bouleversement numérique.
GLASER/KUNZ Jonathan
Sculpture cinématographique, vidéo et sculpture, boucle de 20 minutes. Aluminium, fauteuil roulant, écouteur, journal, projecteur, lecteur et enceinte
2009
MATHILDE TER HEIJNE
Ne me quitte pas Mathilde, Mathilde
Sculpture sonore, mannequin, haut-parleurs, radio et lecteur CD Sound sculpture, dummy with speakers, radio, CD-Player
1999
BRÈVE HISTOIRE DE LA REPRÉSENTATION DU CORPS HUMAIN DANS LA SCULPTURE OCCIDENTALE
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