samedi 24 septembre 2022

André Devambez au Petit Palais en septembre 2022

André Devambez (1867-1944) Vertiges de l'imagination

Talent aux multiples facettes, André Devambez (1867-1944) reçut tous les
honneurs de son vivant: prix de Rome, professeur à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts, académicien, commandeur de la Légion d'honneur. Il est
aujourd'hui un grand oublié de l'histoire de l'art.

Située à la charnière de deux siècles les xix et xx siècles -, son œuvre foisonnante est caractéristique du tournant de la Belle Époque qui voit surgir dans la capitale une foule de créateurs en marge des grands courants artistiques. André Devambez naît à Paris et grandit dans l'univers créatif de la maison Devambez, l'entreprise familiale de gravure et d'édition créée par son père Édouard. Il montre des dispositions précoces pour le dessin et suit rapidement des études académiques aux Beaux-Arts de Paris. En 1896, de retour de son séjour à la Villa Médicis, il entame de front une carrière de peintre et d'illustrateur et traite de multiples sujets et genres (décors, sujets d'histoire ou de la vie moderne, portraits, illustration). Il aime varier les supports et aborde tous les formats (du grand format à ce qu'il appelle ses «< Tout-Petits »>).

Oscillant constamment entre le grave et le léger, la grande variété de son œuvre semble irréductible à un style unique. Ses cadrages singuliers offrent une vision particulièrement originale. Il croque avec humanité et humour ses contemporains, se fait peintre «< actualiste >> face au choc de la Grande Guerre, tandis que son travail d'illustration invente un monde fourmillant de décors fabuleux et de créatures fantastiques. L'exposition propose une déambulation inédite dans l'imagination débordante d'André Devambez, et invite à découvrir tous les visages de son œuvre d'une fantaisie réjouissante.

Devambez graveur, magasin d'estampes vers 1904
Crayon, plume, gouache et aquarelle
Paris, collection particulière

La Lecture (Cécile Devambez lisant devant un miroir)
Huile sur carton
La figure de Cécile Devambez, la femme de l'artiste, anime une scène d'intérieur dont la composition joue du dédoublement dans le miroir et du cadrage en plongée, un dispositif particulièrement prisé par Devambez. Le modèle fondu dans le décor et la facture de l'œuvre peinte par petites touches rappellent les portraits tardifs d'Édouard Vuillard Devambez devait certainement connaître.
Collection particulière

Visiteurs à l'atelier
1939
Huile sur bois
Devambez tire à nouveau parti du cadrage en plongée pour embrasser l'atelier de son confrère et ami, l'artiste Louis Roger. Formé comme Devambez à l'École des beaux-arts de Paris, Louis Roger obtient le prix de Rome en 1899, neuf ans après Devambez.
Collection particulière

Photographies d'André Devambez devant son tableau La Conversion de Marie Madeleine
Collection Michel Ménégoz

Élie enlevé dans un char de feu
1886
Huile sur toile

Le Désespoir d'Hécube devant son fils assassiné
1885
Huile sur toile
En 1885, Devambez obtient une 3ème médaille au concours d'esquisse peinte pour Le Désespoir d'Hécube découvrant sur le rivage le corps de son fils assassiné, un épisode inspiré d'Euripide censé faire la part belle à la mise en scène des sentiments. Puis il obtient une nouvelle médaille, en 1886, pour Élie enlevé dans un char de feu dont la composition lui permet d'exercer son sens de la contre-plongée.
Beaux-Arts de Paris

Débuts académiques et « fabrique » de l'œuvre

André Devambez est encouragé très tôt par son père à suivre une formation artistique académique. Il a d'abord comme maître un élève de Jean-Léon Gérôme, le peintre d'histoire Gabriel Guay (1848 1923). Puis il s'inscrit à l'Académie Julian et réussit le concours d'entrée à l'École nationale supérieure des beaux-arts, en 1885. Le prix de Rome, remporté en 1890, lui ouvre la voie à un séjour de cinq ans à la Villa Médicis. Les travaux préparatoires de ses nombreux envois nous renseignent sur son processus de création.

L'artiste pose parfois lui-même en costume et retravaille à la gouache et à l'encre les clichés pris avec son appareil photo. Il affuble de costumes des modèles ou des mannequins pour nourrir ses carnets de croquis. Il façonne des maquettes avec des figurines en terre glaise sur lesquelles il fait varier la lumière. Puis il réalise un carton qui, après mise au carreau, lui permet de passer à la création de l'œuvre proprement dite.

La Conversion de la Madeleine
1898
Photographie rehaussée de gouache blanche, d'aquarelle et d'encre

Cette photographie témoigne de la longue genèse du dernier envoi de Rome de Devambez, alors que la toile originale, roulée et inaccessible, est aujourd'hui conservée au musée de Cholet.
Fin 1894, l'artiste arrête son choix sur l'épisode de la première rencontre entre Marie Madeleine et Jésus. Les figures sont étudiées d'après nature, le cadre architectural est inspiré des rues de Naples, de nombreuses photographies sont retravaillées, la composition est mise en place par une maquette aux figurines modelées. La toile, réalisée dans un immense format (6 m de haut sur 2,80 m de large), est finalement soumise au jury de l'Institut en 1898 et récompensée par une médaille de seconde classe.
Collection Michel Manager

Le Renoncement de saint Pierre
1887-1888
Huile sur toile

Conversation vers 1932
Huile sur toile
Collection Étienne Bréton
Saint Honoré Art Consulting

Le seul oiseau qui vole au-dessus
des nuages
1910
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay

Les Avions fantaisistes
1911-1914
Huile sur toile
Beauvais, MUDO - musée de l'Oise

Les Grandes Manœuvres militaires
vers 1911
Huile sur toile
Devambez se rend au Salon de l'aviation en 1911, qui a lieu au Grand Palais. Il est fasciné par les aéroplanes militaires présentés et croque des biplans ou une Antoinette dont on retrouve le ballet dans cette vue prise en surplomb particulièrement vertigineuse. I| est l'un des premiers à offrir un angle de vue aussi spectaculaire, brouillant les repères et la perspective tout en étant d'une précision remarquable.

Vol durant la «Quinzaine d'Octobre»;
Port-Aviation
14 octobre 1909
Huile sur toile
Collection Farida et Henri Seydoux, Paris

Le Dirigeablobus au-dessus de la place de l'Opéra
1909
Lithographie
Devambez invente ce nouveau moyen de transport imaginaire pour éviter les encombrements du quartier de l'Opéra. Cet omnibus revisité permet à foule de sa voyageurs de prendre de la hauteur, sous la houlette de son contrôleur goguenard.
La mention "Emplacement définitivement réser vé aux travaux" sur un panneau en contrebas fait aussi référence au chantier contemporain de la ligne 7 du métropolitain. Avec la Noce en aéro-taxis, les compositions sont conçues dès l'origine pour être commercialisées sous forme de lithographies, puis rapidement diffusées en cartes postales.
Beauvais, MUDO- musée de l'Oise

Une noce en aéro-taxis 1909
Lithographie
Beauvais, MUDO -musée de l'Oise

La Vie et les Inventions modernes

En 1909, André Devambez est choisi pour la réalisation de douze compositions destinées au grand salon de réception de l'ambassade de France à Vienne. Le choix des sujets est laissé totalement libre à l'artiste qui opte pour "La Vie et les Inventions modernes". Devambez s'est plu à y représenter les manifestations de la vie moderne au grand air, qu'il s'agisse du triomphe de la locomotion ou des conquêtes de l'air. Automobiles et autobus à impériale, entrée du métropolitain et kiosques à journaux, paquebots de croisière ou canots à moteur, aéroplanes et dirigeables constituent les éléments prédominants des scènes qu'il propose. Mais d'autres découvertes telles que le téléphone, la photographie ou le cinématographe sont également présentes dans ses mises en scène.
L'ensemble constitue une véritable innovation, tant iconographique (des sujets quasi absents des représentations artistiques jusqu'alors) que stylistique (marquée par une palette aux couleurs pastel et une certaine libération des formes), dans un contexte décoratif inédit (l'un des plus remarquables édifices diplomatiques de la France à l'étranger).

La Vie et les Inventions modernes
Le Déjeuner sur l'herbe (esquisse) vers 1910
Huile sur bois

Le Philosophe
1926
Huile sur toile
Société industrielle de Mulhouse, en dépôt au musée des Beaux-Arts de Mulhouse

Le Philosophe en habit rouge devant un livre
Huile sur carton
Paris, collection particulière

Homme de loi
Huile sur bois
Paris, collection particulière

Homme barbu attable, portant manteau rouge et chapeau noir
Huile sur bois
Collection Étienne Bréton - Saint Honoré Art Consulting

Vieillard assis en habit rouge
Huile sur toile
Paris, collection particulière

Deux philosophes
vers 1925
Huile sur bois
Paris, collection particulière

La Buveuse d'absinthe
Huile sur toile
Paris, collection particulière

Le Coléreux
Huile sur bois
Paris, collection particulière

Le Chanteur
Huile sur bois
Galerie Fabienne Fiacre

Gueux
Gouache sur carton
Paris, collection particulière

en Philosophe la pipe
Huile sur toile
Collection Étienne Bréton - Saint Honoré Art Consulting

La vie parisienne
C'est comme une sorte de nouveau Daumier que nous retrouvons en M.Devambez! 
(Gustave Soulier, L'Art décoratif, juillet 1904)

En flâneur invétéré, Devambez arpente les rues bouillonnantes du Paris de la Belle Époque. Son regard sur ses contemporains est à la fois teinté d'humour et profondément humaniste. Avec une acuité d'observation singulière, il croque les habitués des cafés, pris dans une agitation nébuleuse, ou des buveurs et buveuses d'absinthe solitaires, cadrés à mi-corps, dans une pose frontale ou légèrement de biais. Ses philosophes, juges, chanteurs aux compositions resserrées sont autant de recherches réalistes autour de la captation d'un geste, d'une attitude, d'un type.


Les Projets pour l'année prochaine
Lithographie couleurs
Rennes, collection particulière

Au Café
vers 1905
Huile sur toile
Cette figure de cabaret fumant devant son verre d'absinthe n'a pas révélé tous ses secrets. Il pourrait s'agir d'Edouard Devambez, le père d'André, que celui-ci aurait attifé de cheveux longs. Mais le manque de ressemblance incite également à y reconnaître peut-être le compositeur et chansonnier Marcel Legay, habitué des cafés montmartrois, dont les photographies ou autres représentations apparaissent plus approchantes.
Petit Palais - musée des Beaux-Arts de la ville de Paris

La Buveuse d'absinthe
Huile sur bois
Paris, Galerie Christian Le Serbon et Galerie de Frise

Les Incompris
1904
Huile sur toile
Attablé au café, un ivrogne à l'œil vide et aux airs de Verlaine est avachi devant son bock de bière. En face de lui, une vieille femme aux traits tombants lit son quotidien L'Art, le bras posé sur une boîte de peinture. Il s'agit de l'ancien modèle de l'Olympia de Manet, Victorine Meurent, peintre elle-même. À leurs côtés, s'anime un trio en pleine conversation échevelée. Les personnages réunis ne semblent pourtant pas vraiment liés les uns aux autres. C'est l'atmosphère de la bohème que restitue ici Devambez, d'un trait féroce et pathétique à la fois.
Quimper, musée des Beaux-Arts

Le métro 
Mis en service pour l'Exposition universelle de 1900, le métro parisien connaît un succès immédiat, dans les premières années du xxe siècle. Fasciné par le sujet, Devambez travaille sur le motif pendant plus de trente ans (de 1903 à 1937 environ) et fournit de nombreuses répliques ou variations dessinées, lithographiées ou peintes de ce thème dont il se fait une spécialité.
Toujours bondés, les quais des différentes stations qu'il croque sont l'occasion de capter un savoureux agglomérat de petits personnages, dont la masse est cadrée à l'envi, de biais ou frontalement.

Quai du métro
Huile sur carton
Saint-Cloud, département des Hauts-de-Seine / musée du Grand Siècle - Donation Pierre Rosenberg

L'Heure de pointe dans le métro
vers 1920
Huile sur carton
Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris

Station de métro Pigalle
Fin 1936- début 1937
Huile sur carton
Boulogne-Billancourt, musée des Années Trente

La Station de métro
1908
Lithographie
Petit Palais - musée des Beaux-Arts de la ville de Paris

Marché porte d'Italie
vers 1921
Huile sur carton
Galerie Fabienne Fiacre

Le Luxembourg
Huile sur carton
Galerie Fabienne Fiacre

L'Arrivée du car
Huile sur Isorel
Paris, collection particulière

Danseuses, avenue d'Orléans
vers 1920
Huile sur bois
Galerie Fabienne Fiacre

Le Tram jaune
Huile sur bois
Paris, collection particulière

Vue de Paris, rue [de] Monttessuy vue de la tour Eiffel
1937
Pierre noire et huile sur bois
Paris, collection particulière

La chronique des spectacles
Lui-même amateur de théâtre, de concerts ou de cinéma, qu'il fréquente régulièrement, Devambez s'intéresse au spectacle situé dans la salle et représente la foule des spectateurs sous tous les angles. L'usage de la photographie lui permet de fixer l'instant où le public retient son souffle pendant la durée de la représentation. Comme par un effet de travelling, il saisit la salle comble dans son ensemble, depuis les loges en hauteur (Concert Colonne), puis s'approche des spectateurs, qu'il cadre à mi-corps et frontalement dans Une première au théâtre Montmartre. Il s'intéresse également aux coulisses en nous faisant pénétrer dans le vestiaire où l'humble figure de L'Ouvreuse contraste avec les spectateurs bourgeois.
Sa collaboration au bimensuel Paris le soir, qui a pour ambition de guider impartialement le public dans le choix de ses distractions, contribue à le nourrir de ces divertissements dont il se délecte véritablement.

Concert Colonne
vers 1933
Huile sur toile
L'artiste et sa femme Cécile se rendent souvent au théâtre du Châtelet pour assister à des concerts. Perché au plus haut des galeries de l'amphithéâtre, Devambez se plaît toujours à retranscrire la foule des spectateurs, plutôt que la scène, en un mouvement de plongée qui unifie l'assemblée de mélomanes, sans distinction de classe.
Les Concerts Colonne, fondés en 1873 par Judas Colonna, dit Édouard Colonne (1838-1910), avaient en effet pour ambition de rendre la musique classique accessible au plus grand nombre.

L'Ouvreuse vers 1905
Lithographie sur papier vélin
Petit Palais
musée des Beaux-Arts de la ville de Paris

Une première au Théâtre Montmartre
vers 1901
Gouache
Portrait d'homme (l'un des personnages d'une première au théâtre Montmartre) vers 1900-1901
Huile sur toile

L'artiste note dans son journal, le 19 avril 1905: "Nous allons au théâtre Montmartre. "20 ans de bagne", personne dans la salle, spectacle miteux, il fait froid, je continue une pochade commencée il y a 4 ans." La critique loue "l'intention daumiéresque" ou "l'amusante observation" de ce premier rang d'orchestre, bien dégarni, à l'ennui palpable. Devambez, descendu dans la fosse, s'est attaché à rendre l'expression des spectateurs pendant une représentation. Les multiples versions de ce sujet sont révélatrices de la volonté de l'artiste de capter la sensation d'un spectateur telle qu'il a pu l'éprouver lui-même de nombreuses fois en fréquentant assidûment les salles de théâtres populaires (Montmartre) ou plus bourgeois (Châtelet).
Paris, collection particulière

L'illustration sous toutes ses formes - 1
Après son séjour en Italie, Devambez illustre La Fête à Coqueville d'Émile Zola, publiée en 1898. Il y déploie son talent de dessinateur, son goût pour les foules grouillantes vues de haut et les personnages truculents. Il travaille par la suite pour les grandes revues illustrées de l'époque : L'Illustration, Le Figaro illustré, Le Rire, Fantasio. L'artiste adapte son style à la grande variété des textes qui lui sont soumis et prépare ses compositions sur des supports multiples (arts graphiques ou peintures). Passant de la veine humoristique à une atmosphère plus fantastique, son imagination débordante invente des monstres ou des paysages inédits. Rien d'étonnant au fait que l'univers de Gulliver, qui invite aux jeux d'échelles et aux cadrages audacieux, lui corresponde autant. S'adaptant également au format publicitaire, l'insatiable artiste réalise des affiches, des cartes-réclame, des cartons d'invitation, des menus et même des produits dérivés.
De même que ses peintures, ses dessins témoignent de la fantaisie jubilatoire qui fait tout le sel de son œuvre.

PAUL DYS, ANDRÉ DEVAMBEZ
Le Saut du Boscot
<< Il sauta dans la mer >> 1899
Gouache sur papier
Afin d'illustrer « Le Saut du Boscot », une nouvelle de Paul Dys (probablement un pseudonyme), Devambez imagine sept compositions publiées en photogravure dans le numéro de Noël de L'Illustration, en 1899. Parmi celles-ci, "Il sauta dans la mer", sur laquelle l'artiste a dessiné Valery le Boscot sautant du haut d'une falaise pour venir en aide à un couple d'amoureux sur le point d'être emportés par la mer. Le bossu, épris de la jeune fille, avait découvert que celle-ci aimait le beau vicomte de Voiguêrue; il surmonte sa colère et saute dans le vide pour les sauver, avant d'y laisser lui-même la vie,
Paris, courtesy Galerie Laurentin

RUDYARD KIPLING, ANDRÉ DEVAMBEZ
L'Étrange Chevauchée de Morrowbie Jukes "Debout sur mes étriers, brandissant ma lance à sanglier vers la grande lune blanche" 1900
Gouache et encre sur papier
Cette gouache est préparatoire au frontispice illustrant la nouvelle  "L'étrange chevauchée de Morrowbie Jukes", de Rudyard Kipling et publiée dans L'Illustration en 1900. Devambez imagine neuf compositions. Kipling y raconte les mésaventures de Morrowbie Jukes, ingénieur civil en Inde. Une nuit, Morrowbie enfourche son cheval et découvre brusquement un puits naturel dans lequel des centaines de malheureux atteints du choléra sont maintenus prisonniers. Après un long séjour dans cette prison naturelle, il parvient à s'enfuir, Devambez évoque ici la chevauchée fantastique de Morrowbie Jukes, pris de démence sous l'emprise d'une forte fièvre, avant qu'il ne chute dans un énorme cratère de sable.
Paris, courtesy Galerie Laurentin

JEAN D'UDINE, ANDRÉ DEVAMBEZ
La Belle Musique 1908
Livre illustré avec 28 compositions d'André Devambez, Paris, Maison Devambez, Heugel & Cie
Paris, fonds patrimonial Heure Joyeuse / médiathèque Françoise-Sagan

Le roman satirique de Jonathan Swift, Les Voyages de Gulliver (1721), ne pouvait que séduire Devambez pour ses potentialités de jeux d'échelles, de vues de haut et de fouies grouillantes dans de vastes paysages ou de fantaisistes villes anciennes. Fait nouveau, l'artiste n'aborde pas le sujet par l'illustration mais par une œuvre autonome peinte à l'huile : au Salon de 1909, il expose Gulliver en tournée [à Lilliput], reproduit ensuite en double page dans L'Illustration. Deux ans plus tard, sont publiées, dans la même revue, « Quatre compositions sur les Voyages de Gulliver» (numéro de Noël, 2 décembre 1911).

Gulliver enlève la flotte des Gros-Boutiens
1921
Huile sur toile
Après la guerre, Devambez revient à cette veine légendaire en exposant, au Salon de 1921, cette toile de dimensions beaucoup plus importantes qui remporte le succès auprès du grand public. Fusionnant l'iconographie de saint Christophe et l'histoire de Gulliver, l'œuvre est prétexte à l'invention d'une ville orientale et fabuleuse (celle des Gros-Boutiens, dans l'empire de Blefuscu). Devambez y évoque un épisode du chapitre v du Voyage à Lilliput, lorsque Gulliver traîne la flotte des Gros-Boutiens pour la ramener prisonnière dans l'empire de Lilliput. Le géant porte des lunettes pour se prémunir des flèches blefuscudiennes.

"Quatre compositions sur les Voyages de Gulliver par André Devambez" Page de couverture 1911
Crayon, sanguine et gouache
Beauvais, MUDO - musée de l'Oise

« Gulliver devant les docteurs du pays de Brobdingnag 1911
Impressions en couleur extraites de L'Illustration, 2 décembre 1911
Rennes, collection particulière

 « Revue des troupes de Lilliput devant le palais de l'Empereur » 
Impressions en couleur extraites de L'Illustration, 2 décembre 1911
Rennes, collection particulière

Gulliver en tournée
1909
Huile sur bois
Collection particulière

André Devambez a conçu, pour la maison Susse frères, un service à dessert composé de treize pièces : douze assiettes et un plat à gâteaux (<< Le lunch »). Les douze sujets des assiettes renvoient dans leur grande majorité à des moments emblématiques de la vie familiale, sociale et républicaine. Devambez travaille ses coloris sur les << épreuves >> des assiettes, autrement dit sur les lithographies destinées au transfert sur les faïences, également présentées ici. Les compositions jouent sur le format circulaire, ainsi que sur les motifs choisis pour orner le fond et le marli de l'assiette

Face à l'événement
Devambez accorde aux soubresauts de l'histoire une attention toute particulière dès les premières années du xxe siècle et après la Première Guerre mondiale.
Fasciné par les mouvements de la foule lors d'une émeute qu'il observe de son balcon, il offre dans La Charge une vue en plongée saisissante des vibrations contemporaines de la ville. Ses tableaux consacrés aux événements de la Commune forment par ailleurs un riche témoignage de son intérêt pour la reconstitution documentée de l'histoire parisienne. Devambez << reporter de guerre >> d'un pan « relaie la guerre en Extrême-Orient en 1904 pour L'lllustration, s'engage dans la mission artistique aux armées en 1917 et réalise de nombreuses peintures et un album de douze eaux-fortes sur la Grande Guerre. Marqué durablement par ce conflit dont il revient blessé, il atteint un degré de gravité nouveau avec son triptyque de La Pensée aux absents qui constitue sa grande œuvre de mémoire.

Deux eaux-fortes par André Devambez
1917
Eau-forte et aquatinte
"Les otages" "Un Shrapnell"
Devambez entreprend cette série de planches dès 1916 alors qu'il est encore en convalescence. N'ayant jamais pratiqué la technique de l'eau forte et du vernis mou, il prend des leçons auprès d'un graveur et travaille ardemment à ses sujets pendant quelques mois. Ceux-ci témoignent de ce qu'il a vécu au front, de la fin 1914 à son hospitalisation liée à un éclat d'obus, en juin 1915. Ils renvoient avec gravité aux souffrances et aux peurs des soldats, en proie à la pluie, au froid et aux explosions inopinées, ainsi que des civils, pris comme boucliers humains ou otages. La folie d'un homme dans les décombres apocalyptiques d'une ville détruite est une des représentations les plus poignantes de la série.
Beauvais, MUDO - musée de l'Oise

La Charge
1902-1903
Huile sur toile
Cette scène d'échauffourée nocturne renvoie au contexte d'agitation politique et sociale du tournant du siècle. Alors que l'affaire Dreyfus (1894-1899) reste encore fraîche dans les mémoires, que des grèves insurrectionnelles de mineurs et d'ouvriers prennent une tournure de plus en plus belliqueuse, et que la menace anarchiste induit un renforcement de la répression policière, cet assaut d'un cordon d'agents contre un peuple de manifestants en déroute prend des allures de guerre civile.
Devambez témoigne de l'événement comme s'il avait lieu sous ses fenêtres. Composition et éclairage renforcent le caractère dramatique de la scène : la vue en plongée vertigineuse et de biais accentue la dynamique d'un mouvement de foule diagonale, comme prête à surgir du cadre.
Paris, musée d'Orsay

L'Appel, Paris sous la Commune
1906
Huile sur toile
Devambez se passionne pour l'histoire de la Commune, nourrie par les souvenirs de son père et de communards qu'il interroge. Il recueille de la documentation au musée Carnavalet, ou encore reconstitue une barricade dans sa cour. L'artiste délaisse ici le fait d'armes pour s'attacher davantage à ce qui relève de la trivialité du siège et de son armée de fédérés miséreux. Il révèle à nouveau sa prédilection pour l'étude des types populaires et une singulière acuité d'observation.
Saint-Denis, musée d'art et d'histoire Paul Eluard

Une gravure fantastique (Allégorie de la Commune ?)
1910
Gouache, encre noire et lavis sur papier
Saint-Denis, musée d'art et d'histoire Paul Eluard

L'Attente, dit aussi Les Fédérés
1911
Huile sur toile
Les fédérés rassemblés devant cette barricade de fortune prêtent moins que les figures de L'Appel à une lecture satirique du sujet. Ses modèles sont plus nobles, bien que marqués par la fatigue. A nouveau, plutôt que de représenter l'action, Devambez s'attache aux coulisses du drame historique et à ses acteurs, qu'il considère avec humanité.
Paris, Cnap (Centre national des arts plastiques), en dépôt au musée national des Châteaux de Versailles et de Trianon
.

L'Attaque 1915
Plume et encre de chine, crayon noir, lavis d'encre noire et gouache
Reims, musée des Beaux-Arts

Vers l'attaque vers 1915
Fusain, encre noire et aquarelle
Reims, musée des Beaux-Arts

L'Escorte du président Wilson, place Saint-Augustin - 14 décembre 1918
1918
Huile sur toile
Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris

Souilly
1917
Huile sur carton
Devambez accepte de partir pour Verdun dans le cadre de la IIIe mission des artistes, en avril 1917. Dès son arrivée, il est conduit à Souilly où s'est installé le quartier général de la 2º armée, qui a préparé et mené la bataille de Verdun, en 1916. II représentera plus tard un convoi de prisonniers allemands escortés par des soldats français, avec des enfants sur le bord de la route. Au premier plan, un soldat avec son barda nous fait face devant un camion peint par des camoufleurs, dont Devambez a lui-même fait partie.
Péronne, Historial de la Grande Guerre

La Pensée aux absents 1926-1936
<< Le Souvenir >> 
(panneau central), « La Lettre » (panneau gauche), « Les Trous d'obus >> (panneau droit)
Huile sur toile au centre, huile sur carton à gauche et à droite
Devambez propose ici une version réduite d'une œuvre monumentale, réalisée en souvenir des disparus de la Première Guerre mondiale. Sa forme en triptyque lui confère une dimension quasi religieuse. Au centre, trois générations de femmes en deuil, incarnées par sa mère, sa femme et sa fille, expriment la douleur de la perte et le traumatisme de toute une population. Les panneaux latéraux évoquent l'isolement des << poilus » au repos comme au front. En partie basse, un défilé de soldats au milieu des croix blanches rappelle le sacrifice des combattants.
Saint-Quentin, musée des Beaux-Arts Antoine-Lécuyer

Verdun, avril 1917 
(ruines de la rue Mazel) 1917
Huile sur toile
Paris, Cnap (Centre national des arts plastiques), en dépôt à la bibliothèque La Contemporaine

Verdun, près de Souville 1917
Huile sur toile
Paris, musée de l'Armée

L' llustration sous toutes ses formes - 2

Oscillant constamment entre grave et léger, Devambez semble jouer les équilibristes sur le fil ténu de l'humour et de l'inquiétant. Si ses participations au journal Le Rire ou au Salon des humoristes déploient une verve satirique bon enfant, ses évocations d'univers plus grinçants frappent par leur caractère moderne et prémonitoire. Les romans d'André Couvreur, de Claude Farrère ou de Noëlle Roger lui inspirent des illustrations qui résonnent tout particulièrement avec l'univers dystopique décrit par ces auteurs. Alors que son Invasion de macrobes semble anticiper la récente pandémie, Les Condamnés à mort font écho au taylorisme et à la lutte des classes, tandis que Le Nouveau Déluge annonce la catastrophe environnementale du réchauffement climatique.

Une invasion de macrobes 1909
« C'était un petit bout d'homme simiesque dont on ne remarquait d'abord que la barbe noire, si fournie qu'elle s'allongeait en deux tortillons très soignés... >>
Huile sur panneau
Paris, collection particulière

"Alors je m'engageai dans une course éperdue" Crayon noir, plume et gouache sur papier
Petit Palais- musée des Beaux-Arts de la ville de Paris

 "L'armée des macrobes était là rangée sur les deux rives"
Huile sur toile
Petit Palais - musée des Beaux-Arts de la ville de Paris

Devambez a créé cinq planches hors texte en pleine page pour illustrer la nouvelle << Une invasion de macrobes » d'André Couvreur, parue dans le supplément << Romans » de L'Illustration, en 1909. Le texte est publié en volume en 1910 puis plusieurs fois réédité.

Dans ce récit d'anticipation, Couvreur raconte l'histoire du Pr Tornada qui, rejeté par ses pairs, se venge en permettant à des microbes les Micrococcus aspirator - de grandir démesurément, jusqu'à devenir des macrobes détruisant tout sur leur passage. La planche première correspond au portrait de Tornada, décrit au début du récit ; la seconde évoque l'acmé du drame, lorsque les macrobes ont en partie détruit Paris et que le héros de l'histoire tente de fuir devant l'un des monstres, non loin de la tour Eiffel; enfin, la dernière se rapporte à la fin heureuse de l'histoire : d'une embarcation au milieu de la Seine, Tornada dompte ses macrobes, immobiles le long du fleuve, peu avant de les exterminer et de sauver les Parisiens.
Ce récit extraordinaire permet à Devambez de multiplier les vues de haut sur une capitale dévastée et ses minuscules habitants, en proie à la terreur. Il a imaginé des macrobes inspirés des dinosaures et anticipe ainsi sur de nombreux livres et films de la fin du xx siècle.

Les Optimistes
Lithographie sur papier
Beauvais, MUDO - musée de l'Oise

Un grand mariage : le lunch
Lithographie
Collection Michel Ménégoz

La Tournée électorale
Lithographie
Collection Michel Ménégoz

Le Passage de la course
1901
Illustration de la couverture du numéro spécial du journal Le Rire paru le 13 juillet 1901
Lavis de gouache, aquarelle et crayon
Reims, musée des Beaux-Arts

Le 14 Juillet en ballon
1902
Encre noire, crayon noir, gouache et aquarelle
Le 14 Juillet en ballon constitue la couverture recto-verso du Rire (19 juillet 1902). Abondamment illustré par Devambez, ce récit met en scène l'artiste et le journaliste G. Pelio, tous deux soucieux de répondre à la commande du journal - "Êtes chargés compte rendu complet Fête nationale" – sans s'astreindre à un bain de foule. Il en résulte le journal de bord d'un voyage en ballon, à l'intérieur et bien au-delà des fortifications de Paris. La couverture illustre la "recette pour faire de l'enthousiasme" lors de la fête nationale: il suffit d'inviter à défiler, devant une foule rassemblée, des pompiers "tout bouillants d'ardeur" ou les sociétés de tir et de gymnastique.
Benjamin Peronnet, Paris

Le Portraitiste
Devambez ne cesse d'aborder le genre du portrait tout au long de sa carrière: de ceux de ses enfants, de sa femme et sa mère, à son dernier portrait collectif des membres de l'Académie en 1934, en passant par ceux de ses étudiants. Les membres de sa famille alimentent régulièrement son "laboratoire intime" tandis que les compositions plus imposantes légitiment sa place au Salon. Son journal atteste de sa reprise incessante du motif, y compris après exposition. Ses modèles décrivent des séances de pose interminables... L'artiste ne laisse rien au hasard et se révèle extrêmement méthodique, soucieux d'un métier au rendu réaliste et aux riches effets de matière.

Portrait collectif des membres
de l'Académie française
1936
Huile sur toile
À l'occasion du tricentenaire de sa création, l'Académie française conçoit, en 1934, le projet
de faire réaliser un portrait de groupe des quarante
académiciens en fonction. André Devambez, président de l'Académie des beaux-arts depuis le
mois de janvier 1934, se voit confier l'exécution de l'œuvre, sur proposition de la commission du
centenaire. Le peintre travaille alors sur l'œuvre pendant près de huit mois. Il organise des séances
de pose avec les modèles, durant lesquelles il réalise des esquisses peintes (dont une partie est
conservée au musée de Beauvais), ainsi que des photographies.
Un croquis légendé précise l'identité des trente-huit membres représentés, deux académiciens ne
figurant pas dans l'œuvre en raison de la vacance des sièges. Par son sujet et son exécution, la toile
fait écho à l'admiration de Devambez pour la peinture hollandaise du xvu siècle et s'inscrit dans
l'esprit des portraits collectifs de Rembrandt ou de Frans Hals.
Paris, palais des Instituts, collection de l'Académie française

Deux peintres
1937
Huile sur toile
Ce double portrait a pour modèles deux des élèves de Devambez à l'École nationale des beaux-arts de Paris: André-Marius Aillaud, à gauche, et Jacques Pierre, à droite. La palette claire, les poses nonchalantes et le regard direct des deux protagonistes s'approchent de certains portraits réalisés à la même époque par Louis Roger (1874-1953), ami et collègue de Devambez aux Beaux-Arts. Si le peintre use ici du même principe de superposition de poses de face et de profil que dans la Réunion d'étudiants, les deux œuvres se différencient nettement par leur facture, l'une plus serrée et l'autre plus libre, ainsi que par l'introduction d'une gamme chromatique plus lumineuse.
Paris, musée d'Orsay

Réunion d'étudiants
1934
Huile sur toile
Les personnages constituant cette "réunion d'étudiants" ont été identifiés comme étant, de gauche à droite, la princesse Patchuski, un modèle d'origine russe "ne posant jamais nue" et placée "sous la protection de M. Devambez", de Pierre Valade, d'Alice Richter, de Charles Bouleau, tous élèves de Devambez à l'École nationale des beaux-arts. Un témoignage de Bouleau évoque ses souvenirs du «Patron» et précise avoir posé cent séances pour ce tableau. Sa silhouette frontale, à droite les mains ramenées sur sa veste (une attitude similaire à celle de Pierre dans son portrait avec Valentine) - l'isole de ses camarades.
Les critiques mitigées éreintèrent l'agencement des figures sans lien entre elles et semblant "plutôt des clients réunis dans le salon d'un dentiste que des étudiants devisant de l'objet de leurs études". Raymond Escholier, premier directeur du Petit Palais, jugeait pour sa part qu'elles "compos[a]ent une page d'un réalisme saisissant".
Petit Palais- musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Portraits de Pierre et Valentine
1925
Huile sur toile
Ce portrait, l'un des plus saisissants de Devambez, représente ses deux enfants dans des poses strictement frontales devant un fond blanc, animé d'une matière large et épaisse. Les deux figures s'opposent par leurs contours: Pierre, aux traits anguleux et déterminés, contraste avec sa sœur Valentine, âgée de 18 ans, au visage rond et espiègle. La structure dépouillée du tableau et sa luminosité l'éloignent de la tradition des portraits au réalisme photographique de la fin du 19ème siècle que Devambez pratique en général.
Beauvais, MUDO - musée de l'Oise

La Famille de l'artiste
(sa mère Catherine, sa femme Cécile, sa fille Valentine)
1928
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, dépôt au musée de Picardie

Lisez Le Conseiller municipal 1916
Lithographie en couleurs
Pour la revue Le Conseiller municipal (1914-1921), un hebdomadaire centré sur les activités écono miques de la capitale, Devambez propose cette affiche où un géant, tel un Gulliver, soulève le toit de l'hôtel de ville de Paris pour en observer l'intérieur, tandis qu'une multitude de petits habitants s'agitent à ses pieds.
Collection Ville de Paris, bibliothèque Forney

JACQUES MARIBERT, ANDRÉ DEVAMBEZ Misère et Pauvreté
1900
 << Vous ne sortirez pas [avant] que le pacte ne soit déchiré »

« Le diable revint avec une escouade de six diablotins >> 

<< Un jour d'hiver deux cavaliers montés sur des mules, mirent pied à terre devant sa forge» 

"Le Diable hurlait et Misère cognait"
Encre noire et gouache
Paris, courtesy Galerie Laurentio

Ces quatre dessins sont préparatoires à l'illus tration du conte « Misère et Pauvreté » de Jacques Maribert, publié dans le numéro de Noël de L'Illustration, en 1900. Il y est question d'un forgeron nommé Misère qui, se jouant et de Dieu et du diable, ne parvint à entrer ni au paradis ni en enfer.
Paris, courtesy Galerie Laurentin

Ulysse et Calypso 1936
Huile sur toile
En proie à des difficultés financières, Devambez entreprend << une série de compositions à grands paysages fantastiques ou mythologiques » pour sortir de son << marasme ». Ulysse et Calypso séduit Raymond Escholier, directeur du musée du Petit Palais, qui décide de l'acquérir. De manière inaccoutumée, l'artiste effectue un retour au décoratif et semble s'être inspiré tant des compositions du symbolisme finissant que de sa reformulation par les Nabis. Il allie les arabesques avec la verticalité marquée de la végétation, le tout dans une palette de couleurs d'une grande fraîcheur.
Musée d'Art moderne de Paris

Ulysse et le Cyclope vers 1914-1919
Huile sur toile
Paris, collection particulière

Persée et Andromède
vers 1940
Huile sur toile
Paris, courtesy Galerie Laurentin


Les "tout-petits"
Dès les années 1900, Devambez a aimé peindre sur de minuscules formats, d'après nature ou selon son imagination. Sa participation à l'Exposition des Tout-Petits organisée par la galerie Georges Petit de 1917 à 1926, ne fait que conforter son goût pour le petit format et pour un monde fantastique issu des contes et légendes. Il apporte un soin particulier aux cadres en bois doré, qu'il réalise lui-même ou repeint, conférant à ces tableautins une dimension décorative, particulièrement prisée lors de leur vente au moment des fêtes de Noël.

La Mère Fouettard
Paris, collection particulière

La Fête de la fée
Tel un objet de dévotion, La Fête de la fée apparaît comme un petit triptyque tout à la gloire des êtres imaginaires dotés de pouvoirs surnaturels. Réalisé pour un particulier, cet objet précieux est ainsi décrit par l'artiste : « La fée assise et entourée de ses suivantes, assiste aux des lutins et des elfes. Prairie émaillée de fleurs ; fleurs autour de la fée. En haut, à droite le palais. >> Devambez a également veillé à ce que les fleurs d'or du cadre art nouveau « se détachent en clair sur un fond de forêt ».
Collection particulière

Scène de combat
Saint-Cloud, département des Hauts-de-Seine, musée du Grand Siècle, donation Pierre Rosenberg

Le guitariste marchant sur une route
Collection particulière

La Rixe
Collection particulière par l'intermédiaire de la galerie Fabienne Fiacre

L'Eau bénite
Saint-Cloud, département des Hauts-de-Seine, musée du Grand Siècle, donation Pierre Rosenberg

La Complainte, dit aussi La Chanson
1939
Huile sur toile
Cabinet Marc Ottavi

L'Exposition de 1937, vue du deuxième étage de la tour Eiffel
1937
Huile sur toile
En 1937 se tient à Paris l'Exposition inter nationale des arts et techniques appliqués à la vie moderne, placée sous le signe de la paix, malgré les tensions politiques et la crise économique. Devambez reçoit la commande d'une vue de l'événement, saisie depuis la première plateforme de la tour Eiffel. Ce cadrage met en valeur la section internationale, dominée par le palais de Chaillot et les deux plus grands pavillons de la manifestation, ceux de l'URSS et du Ille Reich. On retrouve la singularité du peintre dans ce tableau emblématique de fin de carrière : la vue d'en haut, les personnages lilliputiens en foule et une gamme chromatique claire et joyeuse.
Paris, Centre national des arts plastiques, en dépôt au musée des Beaux-Arts de Rennes


Auguste a mauvais caractère
En 1913, André Devambez conçoit l'album intitulé Auguste a mauvais caractère. Il s'agit d'un livre d'étrennes édité par la maison Devambez dont la version originale est publiée en grand format (40 x 37 cm). Chaque dessin, enrichi de quelques lignes explicatives, s'étend sur une double page. Par ses couleurs éclatantes et sa drôlerie, cet album précurseur est l'un des plus remarquables du genre créé au début du xxe siècle. Les dix planches, toutes composées différemment, sont dessinées d'un trait ferme et souple et magnifiées par la qualité des aplats colorés. Les planches d'essais de couleurs, conservées au musée départemental de Beauvais, sont présentées ici. Devambez s'est associé à un maître du pochoir, l'enlumineur Jean Saudé, qui apporte sa science artisanale de coloriste :


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Normandism de David Hockney au musée de Rouen en juillet 2024

LE MIROIR MAGIQUE David Hockney (1937, Bradford) partage sa vie entre Londres, Los Angeles qu'il a découvert en 1964, et la France où il...