vendredi 4 mars 2022

Yves Saint Laurent au musée d'Orsay en mars 2022


Jeu de piste pour trouver les espaces dédiés à Yves Saint-Laurent de chaque côté du 5ème étage du musée et dont voici l'essentiel :

Yves Saint Laurent aux Musées propose un parcours dans les collections permanentes de six musées parisiens, afin de mettre en lumière le dialogue qu'Yves Saint Laurent entretint avec l'art et la littérature. Au cœur du Salon de l'horloge, c'est la fascination d'Yves Saint Laurent pour Proust qui est mise à l'honneur. Habité par cet auteur, son œuvre, son écriture, il lit très jeune La Recherche sans parvenir à l'achever. « Comme Proust, je suis fasciné surtout par mes propres perceptions d'un monde en transition » observait-il.

Cette passion proustienne se cristallise dans son travail sous différentes formes. Elle est ici évoquée avec les robes du bal Proust donné par le baron et la baronne Guy de Rothschild le 2 décembre 1971 au château de Ferrières, pour lequel Yves Saint Laurent avait dessiné des robes inspirées par les personnages du roman. Présentées devant l'une des horloges du Musée d'Orsay - qui rappellent la vocation première de la gare inaugurée en 1900 et qui offrent un point de vue singulier sur les quartiers de Paris façonnés au XIX siècle - les robes d'Yves Saint Laurent témoignent de sa volonté de proposer un rapport différent à la mode de son temps.

Si prégnant dans son œuvre et dans sa vie, cet univers proustien annonce, par extension, la dialectique croisée du masculin-féminin si chère à Yves Saint Laurent qui détourna les codes vestimentaires et promut le smoking pour femme. « Pour moi, rien n'est plus beau qu'une femme dans un vêtement d'homme! » proclamait-il.

Cette évocation de la passion proustienne du couturier se prolonge au cabinet d'arts graphiques avec un ensemble de dessins et de photographies.




En contrepoint au salon de l'horloge, le cabinet d'arts graphiques évoque une autre facette d'Yves Saint Laurent, celle d'un formidable dessinateur, qui esquisse, d'un geste vif et précis, avec une aisance étonnante, la silhouette d'une élégante. - Lorsque je prends un crayon (...), c'est le miracle de l'instant, Le trait. disait-il. D'une ligne simple et fluide, le couturier traduit l'esprit des robes dessinées pour le bal Proust, donné en 1971 au château de Ferrières. Rapide, nerveux, vivant, son coup de crayon lui permet aussi de restituer l'idée du mouvement et de son développement dans le temps, de saisir le flot des plissés tout en suggérant la matière.

Cette écriture de l'instantané se mêle à une vision proustienne du temps, comme témoignaient déjà les décors d'Yves Saint Laurent pour le Bal des Têtes, en 1957, dont le nom faisait référence à un passage célèbre du Temps retrouvé.

YVES SAINT LAURENT 1936, Oran (Algérie) - 2008, Paris (France)
Croquis de coiffes et de décors réalisés pour le Bal des Têtes
1957
Gouache, pastel, encre et crayon graphite sur papier
Musée Yves Saint Laurent Paris

À l'occasion d'un bal donné par le baron Alexis de Rédé, le 23 juin 1957, à l'hôtel Lambert, Yves Saint Laurent dessine coiffes et décors. Le bal des Têtes évoque un passage du Temps retrouvé, demier tome de La Recherche, où le narrateur, croisant chez la Princesse de Guermantes la plupart de ceux qu'il a fréquentés par le passé, les juge difficilement reconnaissables car chacun d'eux semblait s'être fait une tête, généralement poudrée, et qui les changeait complètement. Marqués par les années, les personnages sont alors décrits par Proust dans une galerie de portrait devenue fameuse, qui s'apparente à une réflexion philosophique sur le passage du temps. Ces croquis, réalisés à la gouache sur papiers colorés, témoignent de l'enthousiasme du couturier à imaginer des coiffes faites de fleurs montées en pyramide, de rubans, de tulle et de paillettes. D'une grande sophistication, ces dessins préparatoires laissent présager la brillante carrière de ce jeune homme, tout juste âgé de 21 ans.


YVES SAINT LAURENT
1936, Oran (Algérie)-2008, Paris (France)
Croquis de recherches pour les robes
Du bal Proust
Croquis de robe pour Jane Birkin, bal Proust 
Croquis de robe pour Marie-Hélène
de Rothschild, bal Proust
1971
YVES SAINT LAURENT
1936, Oran (Algérie) - 2008, Paris (France)
Croquis de recherche pour les costumes de la reine dans L'Aigle à deux têtes de Jean Cocteau
1978

Croquis de recherche pour les costumes d'Edith de Berg dans L'Aigle à deux têtes
de Jean Cocteau

1978
C'est au château de Ferrières que se tint, le 2 décembre 1971, le bal Proust, donné par le baron et la baronne Guy de Rothschild. Le château avait été construit, à la fin des années 1850, pour James de Rothschild, sur les plans de l'architecte Joseph Paxton, dont la renommée mondiale avait été assurée par le Crystal Palace, édifié à Londres en 1851. Pour le bal Proust, Yves Saint Laurent reçoit plusieurs commandes, dont témoignent ses nombreux croquis de robes du soir à la taille marquée, aux manches gigots ou volantées dans des tissus souples, portées par des femmes aux silhouettes élancées et aux chignons hauts comme à la Belle Époque
À l'occasion d'une nouvelle adaptation de L'Aigle à deux têtes de Cocteau, au théâtre de l'Athénée, Yves Saint Laurent s'inspire de la mode de la fin du XIX° siècle pour imaginer le personnage de la reine et celui d'Edith de Berg. Dans ces croquis pensés comme une succession d'instantanés, le couturier s'intéresse à la relation de l'accessoire au vêtement, et à leur rapport au mouvement. Quelques traits lui suffisent à traduire le frémissement de la robe, à suggérer une impression d'énergie et de mobilité, de souplesse et de fluidité, qui renvoie au nuet langage des robes» si cher à Proust.

CECIL BEATON
1904, Londres (Royaume-Uni) -1980, Broad Chalke (Royaume-Uni)
Jane Birkin
1971
Archives Cecil Beaton / Cecil Beaton Archive Condé Nast
CECIL BEATON
1904, Londres (Royaume-Uni) -1980, Broad Chalke (Royaume-Uni)
Hélène Rochas
1971
Archives Cecil Beaton / Cecil Beaton Archive Condé Nast

CECIL BEATON
1904, Londres (Royaume-Uni) -1980, Broad Chalke (Royaume-Uni)
Baronne Guy de Rothschild
1971
Archives Cecil Beaton / Cecil Beaton Archive Condé Nast

CECIL BEATON
1904, Londres (Royaume-Uni) -1980, Broad Chalke (Royaume-Uni)
Marisa Berenson
1971
Archives Cecil Beaton / Cecil Beaton Archive Condé 
CECIL BEATON
1904, Londres (Royaume-Uni) -1980, Broad Chalke (Royaume-Uni)
Jacqueline de Ribes
1971
Archives Cecil Beaton/Cecil Beaton Archive Condé Nast
Photographe, illustrateur, décorateur pour le cinéma et le théâtre, Cecil Beaton est un fidèle collaborateur de Vogue. À la demande du magazine, il photographie, à la manière de Nadar, les convives du bal Proust. Habillée par Yves Saint Laurent, Hélène Rochas apparaît en Odette de Crécy avec un décolleté ponctué de cattleyas blancs. Dans une atmosphère proche de l'atelier de Nadar, Beaton transforme chaque convive en fiction photographique, démarche qui aurait séduit Proust, qui s'inspira lui-même des portraits de Nadar pour créer ses personnages.

PAUL NADAR
1856, Paris (France)- 1939, Paris (France)
Liane de Pougy à la ville
1904
Epreuve sur papier albuminé contrecollee sur carton

PAUL NADAR
1856, Paris (France)- 1939, Paris (France)
Portrait de Dortzal
Vers 1900
Épreuve sur papier albuminé contrecollée sur carton

PAUL NADAR
1856, Paris (France)- 1939, Paris (France)
Portrait de Sarah Bernhardt
Vers 1900
Épreuve sur papier albuminé 

LORD SNOWDON
1930, Londres (Royaume-Uni) - 2017, Londres (Royaume-Uni)
Yves Saint Laurent
Tirage chromogénique
Avec l'aimable autorisation de Frances von Hofmannsthal




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