samedi 5 mars 2022

Bonnard, Vuillard et les néo-impressionistes au musée d'Orsay en mars 2022

En marge de l'exposition sur Yves Saint-Laurent, découverte de la nouvelle présentation des collections permanentes, notamment la donation Zanieb et Pierre Marcie-Rivière ainsi que les espaces du 5ème étage dédiés au post-impressionisme, on ne s'en lasse pas... :

La collection de Zeineb et Jean-Pierre Marcie Rivière a été donnée sous réserve d'usufruit au musée d'Orsay en 2010. Elle y est définitivement entrée en janvier 2016 après la disparition de Jean-Pierre Marcie-Rivière. Evénement majeur dans l'histoire des collections publiques françaises, la donation comprend 25 tableaux et 94 dessins de Bonnard; 24 tableaux, 3 pastels et 2 dessins de Vuillard qui sont en parfaite résonnance avec les oeuvres de ces artistes conservées au musée d'Orsay.

Commencée dans les années 1960 par André Levy-Despas, le premier mari de Zeineb Kebaili, la collection a été enrichie pendant plus de quarante ans par Zeineb et Jean-Pierre Marcie-Rivière. Elle exprime une sensibilité aux sujets intimes et aux compositions mystérieuses parfois jusqu'à l'hermétisme. Ces oeuvres témoignent des correspondances étroites entre Bonnard et Vuillard dans les années 1890, au temps où ils appartenaient au groupe des Nabis. Leur peinture se caractérisait alors par un traitement novateur de la couleur, une simplification des formes, une réduction de l'espace aux deux dimensions du support. Des tableaux de la maturité des deux artistes complètent cet ensemble.

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
La Manucure
1912 Huile sur toile

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
Femme au corsage blanc,
contre-jour
Vers 1923 Huile sur toile

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
Tête de femme à contre-jour
1906 Huile sur bois

Édouard Vuillard
Cuiseaux 1868- La Baule 1940
Misia assise dans une bergère dit Nonchaloir
1901 Huile sur toile

Misia Natanson se trouvait dans sa résidence de La Croix-des-Gardes à Cannes, lorsque Vuillard réalisa ce portrait d'elle alanguie dans une bergère. En pleine séparation avec Thadée Natanson, Misia s'abandonne à la mélancolie dans un décor lumineux où la Méditerranée s'encadre dans la fenêtre.

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
Antibes
Vers 1930 Huile sur toile

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
L'Allée d'arbres
1918 Huile sur toile

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
Chien sur la terrasse 1917
Huile sur toile

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
Paysage à la maison violette
Vers 1929 Huile sur toile

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
Couchant, bord de rivière
1917 Huile sur toile

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
Études de nus
1910 Huile sur toile

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
Nu au gant bleu
1916 Huile sur toile

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
Nu accroupi au tub
1918 Huile sur toile
Dès sa rencontre avec Marthe en 1893, Bonnard multiplia les compositions érotiques mettant en scène son modèle. Il la fit poser dans des scènes de toilette accordant une attention minutieuse au décor environnant où l'air et la lumière circulent autour du nu. En s'appuyant sur des photographies et d'innombrables croquis, il composa des variations autour de ce thème central dans son œuvre à partir de 1900.

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
L'Enfant à la brouette, étude
1912
Huile sur papier marouflé sur toile

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
Chevaux et filles au Bois dit aussi La Place Clichy
Vers 1894-1895
Huile sur carton contrecollé sur panneau

Édouard Vuillard
Cuiseaux 1868-La Baule 1940
Le Bureau
Vers 1896 Huile sur toile

Édouard Vuillard
Cuiseaux 1868 - La Baule 1940
La Robe rayée
1890-1891
Huile sur carton

Édouard Vuillard
Cuiseaux 1868-La Baule 1940
Le Sommeil de Madame Vuillard
1891-1892
Huile sur toile

Édouard Vuillard
Cuiseaux 1868- La Baule 1940
Intérieur à la tenture rouge
Vers 1891
Huile sur carton marouflé sur panneau

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
La Jeune fille aux bas noirs
1893
Huile sur carton

Édouard Vuillard Cuiseux 1868-La Baule 1940
La Commode rouge
Vers 1892
Huile sur toile

Édouard Vuillard Cuiseaux 1868 - La Baule 1940
Marthe Mellot
1891-1892
Huile sur bois ou isorel
Épouse d'Alfred Natanson, dit Alfred Athis, le benjamin des Natanson de La Revue blanche, Marthe Mellot (1870-1947) était une actrice réputée au temps où Vuillard réalisa plusieurs portraits d'elle dans un style hiéroglyphique ou japonisant.

En haut Pierre Bonnard
Fontenay 1867 - Le Cannet 1947
Militaire et blonde
1892 Huile sur toile
En bas Édouard Vuillard Cuiseaux 1808-La Baule 1940
La Visite Vers 1091
Huile sur toile

Edouard Vuillard
La Nuit (du 14 juillet ?)
Pierre Bonnard
Portrait de jeune fille (Berthe Schaedlin)
La cousine Berthe Schaedlin
Edouard Vuillard
Marthe Mellot en bleu

Edouard Vuillard
Jeune fille, la main sur la poignée de la porte
En visite, les demoiselles de Fornachon

Pierre Bonnard
Fontenay 1867- Le Cannet 1947
Étude pour « Le Printemps »
1912 Huile sur toile

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
Portrait des frères Bernheim-Jeune, dit aussi Portrait de Josse Bernheim-Jeune et Gaston Bernheim de Villers 1920 Huile sur toile

C'est la riche collaboration entre Bonnard et ses marchands, Josse et Gaston Bernheim-Jeune, qui transparaît dans ce double portrait commandé à l'artiste. Affairés dans les locaux de la galerie du boulevard de la Madeleine, les frères Bernheim Jeune encadrent un bureau surchargé qui se retrouve au cœur d'une composition raidie par l'opposition du bleu et de l'orange avec les deux figures obliques.

Pierre Bonnard
Fontenay 1867 - Le Cannet 1947
L'Après-midi bourgeoise, dit aussi La Famille Terrasse
1900 Huile sur toile

La sœur de l'artiste, Andrée, et son mari, le compositeur Claude Terrasse, sont représentés à la fin d'un repas dans le jardin du Grand-Lemps dans l'Isère, avec leurs enfants - Jean, Charles, Renée, Robert, Vivette - et M et M. Prudhomme, parrain de Charles. Bonnard traduit avec humour l'ennui de son beau-frère confronté à la bonhomie caricaturale du couple Prudhomme et à son envahissante progéniture.

Pierre Bonnard
Fontenay 1867-Le Cannet 1947
Pastorale,
dit aussi La Symphonie pastorale ou Campagne
1916-1920 Huile sur toile

Représentant un paysage d'Arcadie -âge d'or révolu où l'homme vivait en paix avec la nature-, ce panneau s'inscrit au début d'un cycle décoratif dédié aux âges de la civilisation pour l'hôtel particulier de Josse et Gaston Bernheim-Jeune. Parfait équilibre entre dessin et couleur, ce cycle appartient à la période la plus intense de décorateur de Bonnard, bien après la dissolution du groupe Nabis.

Pierre Bonnard
Fontenay 1867 - Le Cannet 1947
Le Grand jardin
1894-1895
Huile sur toile
Cette scène de cueillette se déroule dans le verger de la maison de famille de l'artiste au Grand-Lemps dans l'Isère, que Bonnard aime à représenter comme un jardin clos et intime. Celui-ci réintroduit dans ce paysage l'usage de la perspective traditionnelle, qu'il n'hésite pourtant pas à abandonner dans ses oeuvres japonisantes de la même période.

Le néo-impressionnisme

Succédant aux impressionnistes, dont ils partagent le goût pour le paysage et les sujets tirés de la vie moderne, une nouvelle génération d'artistes veut fonder la peinture sur des lois scientifiques. L'époque a foi en la science Georges Seurat est le chef de file des néo-impressionnistes. Il s'inspire dès 1880 des théories sur la couleur du chimiste Eugène Chevreul, du physicien Ogden Rood, de l'esthétique scientifique de Charles Henry et des écrits de Charles Blanc

Plutôt que de mélanger les couleurs sur la palette, ce qui diminue leur intensité lumineuse, les néo impressionnistes créent un mélange optique La touche est divisée en petits points de couleurs pures qui se combinent directement dans le cerveau du spectateur. La composition est elle aussi soumise à une approche scientifique qui vise à géométriser les formes et les plans et organise les lignes selon l'effet psychologique qu'elles sont supposées induire. Cette stylisation contribue à l'harmonie générale du tableau et crée une sensation d'irréalité

Proches des milieux intellectuels anarchistes, les représentants du néo-impressionnisme-terme forgé par le critique d'art Félix Fénéon en 1887 -s'engagent en faveur d'un art à la fois humaniste et poétique.

Maximilien Luce
Paris 1858-Paris 1941
Une rue de Paris en mai 1871 
Entre 1903 et 1905
Huile sur toile

Maximilien Luce, dont l'œuvre et la vie sont indissociables de son engagement anarchiste, peint plus de trente ans après les faits une scène vécue dans sa jeunesse qui l'a profondément marqué. Il s'agit de la Semaine sanglante (21 au 28 mai 1871), soit la répression féroce de la Commune, un mouvement révolutionnaire aux aspirations sociales marquées qui prône l'autogestion de la ville de Paris. Ce mouvement est apparu à la suite des désordres politiques générés par la défaite de la France lors de la Guerre franco-prussienne de 1870 qui a entraîné la chute du second Empire.

Henri-Edmond Cross
Douai 1856-Saint-Clair 1910
Madame Hector France
1891 Huile sur toile
Irma Clare, future épouse du peintre pose en tenue de soirée et se tourne vers nous dans une attitude de surprise digne d'un instantané photographique. La composition est discrètement inspirée par l'art japonais de l'estampe. Cela se traduit par quelques signes, comme le motif floral du rhododendron et la rangée d'éventails, mais surtout par une perspective inhabituelle en Europe, la scène étant vue simultanément en plongée pour le sol, et de face pour le personnage.

Georges Lemmen
Schaerbeek, Belgique 1865- Uccle, Belgique 1916
Plage à Heist
1891
Les XX, neuvième exposition annuelle, Bruxelles 1892
Huile sur bois

Henri-Edmond Cross
Douai 1856-Saint-Clair 1910
Les lles d'Or
1891-1892 Huile sur toile
Cross est un pseudonyme choisi par le peintre pour éviter que son véritable nom, Delacroix, fasse confusion avec celui d'un illustre prédécesseur dont il partage le goût pour la couleur. Ce paysage de la Côte d'Azur laisse entrevoir les îles d'Hyères, «si belles qu'on les appelle les lles d'Or»> selon Émile Verhaeren, poète et ami de l'artiste. Les différents plans-sable, mer, ciel - sont synthétisés en trois bandes colorées dont les couleurs fusionnent dans un dégradé subtil.

Théo Van Rysselberghe
Gand, Belgique 1862 - Saint-Clair 1926
L'entrée du port de Roscoff
1889
Huile sur toile

Paul Signac
Paris 1863- Paris 1935
Entrée du port de La Rochelle
1921
Huile sur toile
Passionné par la mer et navigateur, Signac peint de nombreuses vues des ports français. Ici, il s'agit de La Rochelle avec ses célèbres tours médiévales qui gardent l'entrée. La composition oppose ces masses verticales aux volutes fluides des nuages et de l'onde marine. Cette œuvre tardive dans la carrière du peintre montre qu'il reste fidèle au néo-impressionnisme, dont il est devenu le théoricien et le chef de file après la mort de Seurat.

Théo Van Rysselberghe
Gand (Belgique) 1862 - Saint-Clair 1926
L'Homme à la barre
1892
Huile sur toile

Georges Seurat
Paris 1859 -Paris 1891
Port-en-Bessin, avant-port, marée haute
1888
Huile sur toile

Seurat se rend chaque été sur le littoral de la Manche. Cette vue d'un port de la côte normande étonne par la simplification extrême du motif. La ligne sinueuse du rivage s'oppose aux lignes droites des digues et de l'horizon. Le peintre traite les maisons et les digues en volumes simples, les bateaux en silhouettes, et s'abstient de représenter toute figure humaine. La touche faite de points minuscules restitue par des dégradés subtils le scintillement d'une lumière pâle.

Paul Signac
Paris 1863- Paris 1935
Route de Gennevilliers dit aussi Faubourg de Paris
1883 Huile sur toile

Paul Signac
Paris 1863- Paris 1935
Bords de rivière, la Seine à Herblay
1889 Huile sur toile

Paul Signac
Paris 1863- Paris 1935
Les Andelys dit aussi La Berge
1886 Huile sur toile

Henri-Edmond Cross
Douai 1856-Saint-Clair 1910
La Chevelure
Vers 1892 Huile sur toile

Georges Morren
Anvers (Belgique) 1868 -Bruxelles (Belgique) 1941
À l'Harmonie (Jardin public)
1891 Huile sur toile

Henri-Edmond Cross
Douai 1856-Saint-Clair 1910
Le Naufrage
Vers 1906 Huile sur toile

Paul Signac 
Paris 1863- Paris 1935
La Bouée rouge
1895 Huile sur toile

Paul Signac 
Paris 1863- Paris 1935
Femme à l'ombrelle
1893 Huile sur toile
Ce portrait est celui de Berthe Roblès, épouse de l'artiste et lointaine cousine de Camille Pissarro. Signac représente son visage en pur profil, renonce à toute perspective et joue de contrastes violents entre les teintes complémentaires: le jaune avec le violet, le rouge-orangé avec le vert. Il multiplie les courbes et arabesques pour les plis des manches, les bords de l'ombrelle et la fleur. Cette stylisation donne à l'œuvre un côté décoratif proche des affiches Art Nouveau.

Paul Signac
Paris 1863- Paris 1935
Femmes au puits.
Esquisses
1892 Huiles sur bois

Paul Signac
 Paris 1863- Paris 1935
Femmes au puits dit aussi Jeunes Provençales au puits
1892 Huile sur bois

En 1893, Signac entreprend Au Temps d'Harmonie, une grande toile sur le thème de la société idéale. Des études préparatoires pour cette œuvre, il retient deux figures de femmes tirant l'eau d'un puits et en fait un sujet autonome. Cette composition applique rigoureusement les principes du néo-impressionnisme en exaltant les contrastes entre couleurs primaires, jaune et bleu, et complémentaires, violet et jaune. Le peintre use de tonalités particulièrement stridentes, acides, car il s'agit d'un panneau décoratif destiné à être exposé dans la pénombre.

Henri-Edmond Cross
Douai 1856-Saint-Clair 1910
L'Air du soir
Vers 1893 Huile sur toile
Cross est installé depuis deux ans dans le Sud de la France, lorsqu' il conçoit à l'instigation de Paul Signac une œuvre en hommage à cette région. Pour cette grande toile, il transforme la technique néo-impressionniste des petits points en un système de larges touches rectangulaires. En 1904, Henri Matisse voit cette œuvre chez Signac à Saint-Tropez et s'en inspire pour peindre Luxe, calme et volupté. Il abandonne bien vite cette technique au profit d'un travail en aplats de couleurs vives que la critique désignera sous le nom de peinture fauve.

Quelques œuvres pour finir cette escapade au hasard de ma déambulation :

Henri Fantin-Latour
Grenoble 1836- Buré 1904
Hommage à Delacroix
1864, Salon de 1864
Huile sur toile


Denys Puech 
Gavernac 1854 - Rodez 1942
Aurore
1900
Marbre
Salon des Artistes français, 1901

Joaquin Sorolla
Valence 1863 - Cercedilla, Espagne 1923
Retour de la pêche; halage de la barque
1889
Salon de la Société des Artistes français,
1895 Huile sur toile

Jean-Léon Gérôme
Vesoul 1824-Paris 1904
Tanagra
Marbre
Salon de 1890

Émile Gallé
Nancy 1846-1904
Vers 1884
Verre enfumé, décor émaillé et doré, et émaux polychromes opaques et translucides en relief cernés d'or

Louis Majorelle
Toul 1859-Nancy 1926
Lampe de table
Modèle créé vers 1902-1904
Signature gravée à l'acide sur le cache-ampoule: Daum/Nancy avec croix de Lorraine
Bronze doré et ciselé, verre soufflé et gravé à l'acide et à la roue

Émile Gallé
Nancy 1846-1904
Divers vases

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