La petite fiancée autrichienne
"Le père, la mère, la grand-mère, tout le monde est comédien chez moi."
Romy est ce qu'on appelle «une enfant de la balle». Et c'est sur un plateau de cinéma que son père, Wolf Albacht Retty rencontre sa mère, Magda Schneider. Le 23 septembre 1938 naît leur premier enfant : Rosa Maria Magdalena, dite Romy. Très tôt, la jeune fille rêve de devenir actrice jusqu'au jour où le réalisateur Hans Deppe la choisit pour jouer la fille de sa propre mère dans Les Lilas blancs. Elle a 15 ans.
Les films s'enchaînent jusqu'à sa rencontre avec Ernst Marischka qui, après Les Jeunes années d'une reine, lui propose de jouer dans Sissi. Romy Schneider, qui interprète Elizabeth d'Autriche, devient une immense vedette, sans doute la plus grande que l'Allemagne et Autriche aient connue. Romy ne veut pas devenir une icône et impose des films différents comme Monpti ou Jeunes filles en uniforme.
En 1958, sa rencontre avec le jeune Alain Delon pour le film Christine fera basculer son destin.
Romy avec Magda à l'opéra Garnier
1964
Tirage original
Collection Sylviane Pommier
Portrait de ses parents, Wolf Albach-Retty et Magda Schneider
Date inconnue
Tirage original Collection Sylviane Pommier
Wolfang, le père de Romy, signe avec les studios de l'UFA où il rencontre Magda Magdalena Schneider. Ils tourneront plusieurs films ensemble : Rendez-vous à Vienne, Histoire de la forêt Viennoise, Petite, Je me réjouis que tu viennes.
Magazine Le Film complet du mardi avec Magda Schneider et Wolf Albach-Retty 1935
Collection Clémentine Deroudille
L'enfance et les débuts
"Je dois être comédienne, absolument"
Après la naissance de Romy en 1938, ses parents s'installent dans les Alpes Bavaroises jusqu'à leur divorce en 1945. Romy part alors en pension. et participe à toutes les activités théâtrales du pensionnat.
Elle débute sa carrière en jouant principalement avec sa mère : toutes les deux forment un duo complice. Elles tourneront 8 films ensemble : Les Lilas blancs de Hans Heppe, Les Jeunes années d'une reine d'Ernest Marischka en 1954, Mam'zelle Cricri d'Ernest Marischka en 1957, Un petit coin de Paradis de Josef Von Baky en 1956, Eva ou les carnets d'une jeune fille de Rolf Thiele en 1958 et, bien sûr, les trois Sissi (1955-1957)
Romy Schneider dans Feu d'Artifice de Kurt Hoffmann
1954
Tirage original Collection Sylviane Pommier
Ce film réalisé par Kurt Hoffmann, le deuxième pour Romy, lui permet de jouer avec la grande actrice, Lilli Palmer, qu'elle retrouvera quelques années plus tard sur le plateau de Jeunes filles en uniforme.
Photographies de plateau de Mademoiselle Scampolo
Film allemand d'Alfred Weidenmann Avec Paul Hubschmid, Georg Thomalia, Eva Maria Meineke, Walter Rilla 1958
Tirages originaux
Collection La Cinémathèque française
Ce film allemand, réalisé par Alfred Weidenmann, permet à la jeune Romy de tourner en Italie, sur l'île d'Ischia.
Romy Schneider devant le portrait de l'Impératrice Elizabeth d'Autriche par Franz Xavier Winterhalter
1958
Tirage d'exposition, 2022 © Getty Images
Sissi
"J'étais devenue propriété nationale"
Ernst Marischka, ancien metteur en scène d'opérettes devenu réalisateur, se spécialise dans les films historiques à l'eau de rose. Passionné par la vie d'Elizabeth de Wittelsbach, il monte en 1932 une opérette sur sa vie avec dans le rôle de Sissi, la grande Paula Wessely, héroïne de Mascarade de Willy Forst en 1934. Deux ans plus tard, il écrit un conte musical, Sa Majesté est de sortie, mis en scène par Josef Von Sternberg. Enfin, c'est la consécration quand il décide d'en faire un film en 1954. Le réalisateur joue avec l'histoire officielle pour en faire un joli conte de fées. Le film devient la carte postale idéale de l'Autriche.
Robert Lebeck
Romy Schneider et Hardy Krueger, Hilton Berlin, FilmBall 1959
Tirage d'exposition, 2022 Archiv Robert Lebeck
Avec Les Jeunes années d'une reine puis la trilogie de Sissi, Romy remporte un succès inédit en Autriche puis dans le reste du monde. Chaque déplacement de la jeune vedette suscite des émeutes et elle apprend bien malgré elle à jongler avec cette célébrité toute neuve.
Joëlle Marquet
Affiche de Sissi face à son destin
1957
Offset couleur
Collection La Cinémathèque française
Magazine Nous deux Film avec le roman-photo complet du film Sissi
1958
Collection La Cinémathèque française
Le film est un triomphe. Ernst Marischka enchaîne avec Sissi Impératrice (1956): le film bat tous les records en Allemagne et se met à voyager dans le monde entier. Romy Schneider devient une immense star, comme en atteste ce roman-photo dérivé du film.
Rupture et fuite
"Je voulais vivre, aimer, me développer sur le plan artistique, devenir un être nouveau: mais surtout être libre"...
Mais Romy Schneider est encore tenue par des contrats et des promesses de films. Elle est devenue si célèbre que tout un système financier repose sur ses épaules.
Elle cherche à se démarquer de Sissi et impose ses films comme Jeunes filles en uniforme où elle interprète une élève amoureuse de sa professeure, Un petit coin de Paradis puis Monpti avec l'acteur Horst Buchhloz, surnommé le James Dean allemand.
Mais, la véritable rupture se passe en 1958. Romy Schneider choisit sur photo un jeune homme pour le film Christine réalisé par le français Pierre Gaspard-Huit, remake de Libelei de Max Ophüls avec sa propre mère dans le rôle principal. Ce jeune premier, alors quasi inconnu, s'appelle Alain Delon.
Carton d'exploitation de Jeunes
filles en uniforme
1958
Tirage original Collection Sylviane Pommier
Ce film est un remake du film réalisé en 1933 par la réalisatrice Léontine Sagan qui avait fait un véritable scandale à l'époque en montrant les amours lesbiens d'une élève pour sa professeure. Elle donne la réplique à Lilli Palmer, déjà croisée sur le tournage de Feu d'artifice. L'actrice rentre d'Hollywood où elle a joué avec Alfred Hitchcock, ce qui fait rêver la jeune actrice.
Engel
Affiche de Jeunes filles en uniforme
1958
Lithographie couleur
Collection La Cinémathèque française
Arthur Grimm
Romy Schneider et Lilli Palmer pour la promotion de Jeunes filles en uniforme 1958
Tirage d'exposition, 2022 United Archives GmbH/Alamy Stock Photo
André Bertrand
Affiche de Katia 1960
Offset couleur
Collection La Cinémathèque française
Avant de partir à Paris, elle doit encore honorer quelques contrats, il y aura Eva de Rolf Thiele, La Belle et l'empereur qu'elle tourne avec le comédien Jean-Claude Pascal et enfin Katia avec le grand acteur autrichien, Curd Jurgens.
Affiche de Monpti
1957
Offset couleur
Collection La Cinémathèque française
Marcel Thomas
Romy Schneider avec son beau-père et Magda Schneider sur le tournage de Monpti
1957
Ludwig
"Luchino et moi on la voit exactement de la même façon, Elizabeth. Le contraire de ce que les gens pensent ou ont vu."
En 1971, comme un pied de nez au début de sa carrière, Romy Schneider accepte de reprendre le rôle de Sissi dans Ludwig, réalisé par Luchino Visconti. Ce film raconte l'histoire de Louis Il qui régna sur la Bavière de 1864 à 1886, avec Helmut Berger dans le rôle-titre. Il constitue le troisième volet du triptyque germanique du cinéaste, dont les deux premiers sont Mort à Venise et Les Damnés.
Conçu comme une fresque historique majestueuse et baroque, ce film est un opéra de la folie. En plein tournage, Visconti est victime d'un AVC; à moitié paralysé, il reprend le tournage six mois plus tard. Il termine le film avec une version de quatre heures, beaucoup trop longue pour les producteurs. Un bras de fer commence et le film de trois heures, sorti officiellement en 1972, sera toujours rejeté par le cinéaste.
Piero Tosi
Costume porté par Romy Schneider dans Ludwig
1972
Gallerie degli Uffizi, Museo della Moda e del Costume di Palazzo Pitti - Florence
Photographies de tournage avec Luchino Visconti
1971
Tirages originaux
Collection Sylviane Pommier
Conçu comme une fresque historique majestueuse et baroque, le film donne à Romy un rôle qui est un magnifique et lugubre écho à la lumineuse Sissi des films de Marischka qui l'ont rendue célèbre.
Portrait de Romy Schneider assise avec les cheveux longs
1971
Tirage original
Collection Sylviane Pommier
Comme dans Sissi, Luchino Visconti lui fait porter une lourde perruque de plus de cinq kilos.
Romy Schneider sur le tournage de Ludwig, entre Luchino Visconti et Helmut Berger
1971
Tirages originaux venant des collections de La Cinémathèque française et de Sylviane Pommier
Affiche italienne de Ludwig 1973
Tirage d'exposition, 2022
Cinémathèque de Corse
L'invention d'une actrice
"En Allemagne, J'étais rayée, en France, Je n'étais pas encore "inscrite". Je n'existais pas comme "actrice". J'étais connue comme la joyeuse compagne de la future star mondiale Alain Delon."
Son départ est vécu comme une trahison pour les Allemands et un véritable scandale pour ses parents. Elle rêve de tourner avec de grands réalisateurs mais il lui faudra beaucoup de patience pour écorner son image de jeune ingènue.
Luchino Visconti est le premier à lui faire confiance. avec une pièce de théâtre et un film en 1961, où elle montre un tout autre visage. Elle apprend le français, travaille avec acharnement, tourne son premier film en France avec le tout jeune Alain Cavalier, se bat pour rencontrer Orson Welles et s'envole pour Hollywood. Chaque film est une étape supplémentaire à l'affirmation de son immense talent.
Malgré leur rupture en 1964, c'est Alain Delon qui l'imposera dans La Piscine en 1968 alors qu'elle vit à Berlin.
Costumes portés par Romy Schneider pour Dommage qu'elle soit une putain de John Ford (1633) mise en scène par Luchino Visconti
1961
Collection privée
Maurice Jarnoux
Romy Schneider et Alain Delon jouent Dommage qu'elle soit une putain de John Ford (1633) mise en scène par Luchino Visconti
29 mars 1961
Boccace 70
Durée: 2 min 25
Diffusion sur écran, sonore La Cinémathèque française, 2022
Extraits de Boccace
George Michalke
Romy Schneider en CHANEL lors du tournage du sketch «Le Travail » dans Boccace 70
1962
Shahrokh Hatami
Romy Schneider et Gabrielle Chanel
1963-1965
Tirages originaux
"La mode est vraiment le dernier de mes soucis. Je ne suis jamais ni dans ses formes, ni dans ses couleurs. L'important, ce n'est pas la mode, c'est l'élégance (...). C'est Chanel qui me l'a appris. Quand on la regarde travailler, détruire son travail, recommencer, souffrir pour une pince mal placée, on a forcément honte et on pense "Si seulement Je pouvais faire "mon boulot" comme elle fait le sien!"...Avec les autres, je réagis comme une éponge. Je laisse tout couler et je ne garde que ce qu'il faut pour m'alimenter"
Shahrokh Hatami
Coco Chanel avec Romy Schneider pendant un essayage dans l'appartement de la rue Cambon
1963
Tirage original
Collection La Cinémathèque française Don CHANEL 2021.
"Je me sens Française dans mon style de vie et ma vie elle-mème. Je le dois à trois personnes: Alain Delon, Luchino Visconti et Coco Chanel"
A plus de 78 ans, Coco Chanel continue de dessiner, d'inventer des silhouettes. Romy admire cette femme qui n'a jamais eu peur de suivre sa propre voie, de s'émanciper du regard des hommes pour mieux s'en servir et construire une carrière exemplaire, Gabrielle Chanel devient une sorte de mentor pour l'actrice qui ne vit qu'entourée d'hommes depuis son arrivée à Paris.
H.-G. Clouzot
En 1964, Henri Georges Clouzot lui propose le rôle principal de son prochain film. Jamais un film n'avait mieux porté son titre : L'Enfer. Elle est la seule à résister au courroux du réalisateur et à le suivre dans toutes ses expérimentations, lui qui ne cesse de changer l'histoire, le plan de tournage et les fait travailler inlassablement grâce aux soutiens de studios américains qui abreuvent de dollars le réalisateur en plein délire.
Le tournage des extérieurs débute en juillet 1964 mais est interrompu en août suite à l'hospitalisation de Serge Reggiani. Jean-Louis Trintignant, venu le remplacer, quitte le plateau quelques jours plus tard et Romy Schneider, elle, reste, travailleuse acharnée, même si fatiguée par les exigences de plus en plus folles du réalisateur. Elle sera pour ainsi dire «délivrée» par la crise cardiaque de Clouzot qui met un point final à l'aventure de ce film.
L'Enfer
Durée: 2 min
Diffusion sur écran et expérience cinétique par vidéoprojection, sonore La Cinémathèque française, 2022
Extraits de L'Enfer (film non terminé) d'Henri
Georges Clouzot - Archives du film inachevé d'Henri-Georges Clouzot : « L'Enfer-> (1964) 2020-Lobster Films - Succession Henri-Georges Clouzot
Cette boite propose une expérience sensorielle et cinétique, inspirée par le film de Clouzot. La bande sonore est composée d'un ensemble de tentatives de distorsions sonores créées par Clouzot et son ingénieur
du son. Musique: Trajectoires - Gilbert Amy, 1966
Romy Schneider, Alfred Hitchcock et Henri-Georges Clouzot à Cannes en 1963
Orson Welles
"Comme metteur en scène, Orson Welles fit une nouvelle fois de moi quelque chose de totalement nouveau. Je jouais sans aucun maquillage, souvent laide. C'est la première fois que je ne me suis pas reconnue à l'écran"
Plus déterminée que jamais à tracer sa voie, en 1962, Romy rencontre Orson Welles et décroche le rôle de Leni dans son film Le Procès. Le cinéaste américain, qui semblait avoir déserté les plateaux de cinéma, revient avec cette adaptation du livre de Franz Kafka. Il constitue un casting prestigieux avec Anthony Perkins, Jeanne Moreau, Michael Lonsdale, Suzanne Flon, Madeleine Robinson et... Romy Schneider. C'est elle qui le convainc de jouer aussi dans son propre film. Consciente de son immense chance, elle vient chaque jour sur le tournage du film à la gare d'Orsay à Paris pour suivre le travail du réalisateur.
Romy Schneider et Orson Welles sur le tournage du Procès.1962
Guy Jouineau et Guy Bourduge Affiche du Procès
Offset couleur
Collection La Cinémathèque française
Romy Schneider, Mélina Mercouri, Jules Dassin et Peter Finch sur le tournage de Dix heures trente du soir en été de Jules Dassin
Eté 1965
Romy Schneider avec Mélina Mercouri et Jules Dassin
Eté 1965
Tirages originaux Collection Sylviane Pommier
«Ne sois pas gênée si, devant Dassin, tu dois être jeune et belle alors que je paraîtrai vieille et laide. Je t'en prie, sois belle...» lui déclare Mélina Mercouri et l'actrice affiche dans ce film une sensualité animale qu'on ne lui connaissait pas encore.
Alain Cavalier
"Il y avait un autre monde que je voulais conquérir: Paris, le théâtre, les films artistiques, les grands metteurs en scène avec leurs plans fantastiques."
Elle tourne ensuite avec Alain Cavalier, qui n'était encore qu'un jeune réalisateur. Louis Malle, dont il a été l'assistant sur Ascenseur pour l'échafaud et Les Amants, produit le film et met à disposition son appartement. Les dialogues sont écrits par Jean Paul Rappeneau et le film est tourné dans les décors de Jules et Jim: le fameux moulin d'Andé. Deux ans après son arrivée à Paris, Romy interprète un rôle tout en français; elle prendra l'habitude de se doubler elle-même que ce soit en allemand, puis plus tard en anglais, ce qui force l'admiration du réalisateur : «Cette petite Autrichienne qui avait fait sa fortune dans la confiserie viennoise et que j'ai vu arriver sur le plateau au début du tournage pour jouer le rôle d'une Française en français (...) et l'y voir s'y déplacer avec tant de sensibilité, d'intelligence et de naturel, je crois que c'est, disons le mot, une sorte de GENIE. Elle a une forme de génie.»
K.H. Vogelmann Tournage du Combat dans l'île
1961
Agrandissement sur papier peint d'une planche contact conservée dans les collections de La Cinémathèque française
Deux ans après son arrivée à Paris, c'est la première fois qu'elle interprète un rôle tout en français. Romy y interprète le rôle d'une comédienne qui a arrêté sa carrière.
Jean Mascii
Affiche du Combat dans l'île
1962
Jean-Louis Trintignant et Romy sur le tournage du Combat dans l'île d'Alain Cavalier 1961
Tirage original
Collection La Cinémathèque française N° d'inventaire P00030515
Alain Cavalier réalise ce film au moment de la création de l'OAS: il offre alors une reconstitution méticuleuse de ce que pouvait être l'extrême droite à cette époque. Romy Schneider joue pour la première fois avec Jean-Louis Trintignant qu'elle retrouvera quelques années plus tard sur le tournage de L'Enfer, du Train et de La Banquière en 1980.
USA
"Dans 15 jours, je pars pour les fous. À Hollywood! Dire non à ce - et à ceux - dont je n'ai pas envie, c'est le grand luxe que je peux m'offrir maintenant. Je le dois à dix ans de luttes et de larmes et honnêtement ce n'est pas le payer très cher."
En 1962, Romy Schneider signe un contrat avec la Columbia pour six films et s'envole pour Hollywood. Son premier film, elle le tourne à Vienne avec un compatriote exilé à Hollywood, Otto Preminger, puis déploie ses talents dans un genre qu'elle n'a pas encore expérimenté: la comédie populaire. Elle tourne avec Jack Lemmon dans un film de David Swift, Prête-moi ton mari puis dans What's New Pussycat avec Woody Allen qui en est le scénariste. Romy exige de jouer en anglais et se charge aussi des doublages en français et en allemand. Studieuse, elle ne cesse de vouloir faire de son mieux, de s'améliorer mais l'ambiance d'Hollywood. le poids des studios, la course effrénée à la célébrité et l'éloignement avec ses proches lui donnent le mal du pays.
André Lefebvre
Voyage à New York Février 1963
Période américaine : 3 films aux USA
Durée: 4 min
Diffusion sur écran, sonore ⒸLa Cinémathèque française, 2022
Extraits de :Le Cardinal (The Cardinal) d'Otto Preminger. 1963
Prête-moi ton mari (Good Neighbor Sam) de David Swift - 1964
Quoi de neuf Pussycat (What's new
Pussycat?) de Clive Donner - 1965
Jean-Etienne Siry
Affiche de Prête-moi ton mari
1963
Romy Schneider avec Otto Preminger et Tom Tryon sur le tournage du Cardinal 1963
Tirage original Collection Sylviane Pommier
"C'est la lâcheté des acteurs qui fait les metteurs en scène despotes. Mais quand l'un de ces tyrans rencontre quelqu'un qui lui tient tête, ça fait des étincelles... C'est avec Visconti, avec Welles, ou Preminger que j'ai fait mes meilleurs films."
Le Cardinal est son premier film sur la montée du nazisme en Autriche autour de l'ascension d'un prêtre pris dans les tourments de l'histoire.
Romy Schneider avec Peter O'Toole et Woody Allen dans What's New Pussycat? de Clive Donner
1964
Allemagne/ Europe
"Si seulement j'avais assez de volonté pour renoncer au cinéma et devenir pour de bon une actrice de théâtre."
Après sa séparation avec Alain Delon, elle retourne à Berlin. Encore une fois, Romy va vers l'inconnu avec une témérité, un courage et un vrai sens de la liberté. Elle n'a à cette époque qu'un seul rêve: monter sur les planches. Elle rencontre le metteur en scène berlinois Harry Meyen. Très vite, l'histoire d'amour prend le pas sur le projet de mise en scène. Leur fils David naît le 3 décembre 1966. Entre temps, elle tourne pour la première fois depuis son exil à Berlin avec le réalisateur Jean Chapot, La Voleuse et décide de faire une pause dans sa carrière jusqu'à l'été 68 où elle part retrouver Alain Delon sur le tournage de La Piscine.
Claude Azoulay
Harry Meyen et Romy Schneider dans le salon de leur appartement de Grünewald à Berlin
Février 1969
Romy Schneider
Album photo de naissance de David
Janvier 1967
Son fils David naît le 3 décembre 1966 à Berlin. Elle confectionne un album photo où sont conservés tous les souvenirs de cette période.
La Voleuse et Le Procès
Durée : 4 min
Diffusion sur écran, sonore ⒸLa Cinémathèque française
Extraits de :
La Voleuse de Jean Chapot - 1966
ⒸMidships Associés
Anatomie d'un visage (Romy - Portrait eines Gesichts) de Hans-Jürgen Syberberg - 1965 © Rob Houwer Film Edison Filmgesellschaft mbH
Le Procès (The Trial) d'Orson Wells
Quelques années plus tard, lorsque Le film franco-allemand La Voleuse se tourne à Berlin, l'équipe de tournage doit faire face à la foule de badauds venue apercevoir Romy, de retour en Allemagne. C'est surtout la première fois qu'elle joue avec Michel Piccoli qui deviendra son partenaire dans de nombreux films.
La Piscine
"Ce film je le dois à Alain (...) il a demandé que j'aie ce rôle et cela m'a fait redémarrer en France."
Elle tente d'être une femme au foyer mais elle est trop libre et trop amoureuse de son métier pour y renoncer complètement. Alain Delon accepte le rôle principal de La Piscine, adapté d'un roman de Jean Emmanuel Conil par Jean Claude Carrière... mais il exige que Romy lui donne la réplique. Le tournage se passe à l'été 68 et dans une belle maison du bord de mer, à Ramatuelle. Alain Delon, Romy Schneider, Jane Birkin, Maurice Ronet et toute l'équipe du film vont vivre en vase clos pendant plusieurs semaines un tournage qui se révèle un petit miracle.
À sa sortie, en janvier 1969, le film de Jacques Deray est un triomphe avec plus de deux millions et demi de spectateurs et signe un nouveau départ pour l'actrice.
Alain Delon et Romy Schneider sur le tournage de La Piscine de Jacques Deray 1968
Philippe Le Tellier
Tournage du film La Piscine de Jacques Deray
1968
La Piscine
Durée: 2 min 38
Vidéoprojection, sonore La Cinémathèque française
L'incarnation de la femme française
"Une entente comme la nôtre est très rare. D'un film à l'autre, elle n'a fait que s'amplifier. Je peux difficilement l'expliquer, mais quand nous travaillons ensemble, c'est extraordinaire. Claude est le metteur en scène qui me connait le mieux."
Claude Sautet et Romy Schneider tournent cinq films ensemble de 1970 à 1978: Les Choses de la vie, Max et les ferrailleurs, César et Rosalie, Mado et Une histoire simple. Leur rencontre est une évidence. Au fil de ces rôles, la jeune femme allemande va devenir l'incarnation de la femme française. Elle y apparaît débarrassée de la panoplie de star conventionnelle: indépendante, à la fois celle qui trouble les hommes et celle en qui les femmes, soit se reconnaissent, soit aimeraient se reconnaître, notamment sur la volonté d'accomplir leur destin, de mener leur propre vie, d'assumer leurs envies et leurs désirs.
Claude Sautet et Romy Schneider inventent la femme moderne au cinéma.
1969
Les Choses de la vie
"Les Choses de la vie est l'un de mes films préférés, il me touche toujours et encore, sans que son effet s'émousse..."
Leur premier film est Les Choses de la vie, l'adaptation du livre de Paul Guimard, L'histoire d'un homme qui roule à plus de 140 km/heure sur une route de Bretagne et qui a un accident mortel et voit défiler sa vie. Il cherche son héroine jusqu'à ce qu'il croise Romy Schneider dans les couloirs des studios de cinéma de Boulogne : "Je la trouvais tellement vivante que cela m'a tout de suite donné envie de tourner avec elle». Avec lui, l'actrice trouve une sorte de double. Un homme perfectionniste, amoureux de son métier comme elle, pointilleux, parfois colérique aussi, exigeant surtout face à lui-même. Ils trouvent l'un et l'autre un accord parfait sur le travail, une complicité évidente face à leurs responsabilités de réalisateur et de comédienne.
Paul Guimard, Romy Schneider et Michel Piccoli
1969
Romy Schneider et Michel Piccoli
1969
René Ferracci
Affiche 1969
1972
César et Rosalie
"J'aime bien Rosalie, je l'envie. Je pense. qu'il y a des choses dans et de Rosalie qui ne ressemblent et vice-versa."
Les films s'enchainent comme s'il était impossible maintenant de ne pas retrouver Romy Schneider dans un film du cinéaste. Pourtant, ce triangle amoureux écrit de nouveau avec la complicité de Jean-Loup Dabadie, n'est au départ pas pour: elle Catherine Deneuve est envisagée mais elle est enceinte. Romy simpose naturellement. film est un très grand succès à sa sortie en 1972
Selon Claude Sautet. C'est son caractère passionnel qui m'attire, elle a une formidable energie intérieure, elle n'est pas paisible mais tourmentée, pure, violente, orgueilleuse. Quand je tourne avec elle. je sens une espèce de force, une chaleur, un appétit de la vie et cela est bénéfique pour le film et pour ses partenaires
Georges Pierre
Photographies de tournage
1972
Costume porté par Romy Schneider dans César et Rosalie
1972
Collection privée
Michel Landi Affiche
1972
1976
Mado
"Ce film a été pour moi un nouveau point de départ."
En 1976, Romy Schneider retrouve Claude Sautet pour un tout petit rôle. Impossible de ne pas apparaître dans l'un des films de son réalisateur préféré.
Des Choses de la vie à Max et les ferrailleurs puis Mado, Claude Sautet s'amuse avec ses deux acteurs, Romy Schneider et Michel Piccoli, en les faisant jouer des partitions différentes à chaque fois mais qu'un fil invisible réunit: dans Mado, Romy s'appelle Hélène, comme dans Les Choses de la vie.
Cela pourrait être la même femme, prise des années plus tard dans les tourments de la vie... une femme alcoolique, loin des autres personnages qu'elle a interprétés dans ses films. Romy ne joue plus à la femme désirable, elle accepte le temps qui passe et n'a pas peur de s'abîmer, d'ôter tout le maquillage pour être le plus près possible de son personnage.
Photographies de tournage
1976
«Romy voulait absolument jouer dans le film mais je n'avais pas de rôle pour elle. Elle a insisté:"même un petit truc, n'importe quoi!" Je lui ai alors parlé d'une scène que j'avais envisagée, sans l'écrire : "Simon allait rendre visite à une femme dont il avait toujours refusé l'amour". Elle m'a dit : "ça, je le joue tout de suite: c'est pour moi!" J'ai écrit la scène le lendemain. Lorsqu'elle l'a jouée, nous étions étranglés d'émotion.
Une histoire simple
"Fais-moi un film de bonne femme."
En 1978, elle retrouve Claude Sautet pour Une histoire simple. Elle l'a tant voulu, ce film, qu'elle l'a presque commandé au réalisateur. Pour ses 40 ans, il s'exécute et s'enferme neuf mois avec son complice Jean-Loup Dabadie pour écrire ce film où enfin les femmes ne sont plus les faire-valoir des hommes, mais où elles prennent leur vie en mains, décident d'avorter, de quitter les hommes avec qui elles vivent car elles deviennent indépendantes et libres. Plus qu'un film pour elle, Claude Sautet et Jean Loup Dabadie écrivent un film choral sur les femmes, et Romy est entourée des actrices
Sophie Daumier, Francine Bergé, Eva Darlan et Arlette Bonnard.
César de la meilleure actrice pour Une histoire simple
1979
Derniers films
"Plus cela va, plus on me propose des films formidables et plus j'ai le trac et plus j'ai peur, remplie de doutes: "Est-ce que c'est bien, mon travail, est-ce que ça va?"
Les années passent, les rides apparaissant mais Romy les accepte pour donner l'intensité et la noirceur aux personnages qu'elle interprète. Dans ses derniers films, Romy Schneider ne joue que des personnages qui meurent: La Mort en direct, La Banquière, Fantôme d'amour, Garde à vue et
La Passante du sans souci.
La quarantaine est compliquée pour les actrices. Il y a bien ce film avec Alain Delon, L'Un contre l'autre de Pierre Granier-Deferre, et puis ce projet, Cocaine, avec Fassbinder, lui qui rêve de tourner avec elle depuis si longtemps. Ils n'auront pas le temps de se rencontrer devant une caméra. Au petit matin du 29 mai 1982, elle est retrouvée morte dans son lit. Son coeur s'est arrêté. Elle avait 43 ans.
Le corps libéré
"Mon père a toujours dit "tu as de la chance, tu es photogénique", c'est tout!"
Depuis La Piscine, où elle a révélé toute sa sensualité, Romy Schneider est une des premières actrices à se dévoiler et à mettre en scène sa nudité. Elle a été sans doute l'une des femmes les plus photographiées de son temps et dans les années soixante-dix, rares sont les films où elle n'apparaît pas nue. Le moindre grain de sa peau a été scruté, filmé, analysé, fantasmé et pour reprendre possession de son corps. Romy Schneider décide d'organiser elle-même des séances photos avec des photographes complices.
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