Des oeuvres puissantes dans cette exposition dont voici la présentation:
Après quatre manifestations fondatrices consacrées à la pop culture, la Halle Saint Pierre et la revue HEYI modern Art & Pop Culture s'associent à nouveau pour poursuivre leur exploration de la scène artistique alternative.
Par l'exclamation HEY! Le Dessin, il s'agit d'emblée de convoquer la surprise, la curiosité, l'émerveillement, le rejet, l'attraction, l'émotion ouk l'angoisse. Aucune prétention à l'exhaustivité, ou à une histoire du dessin.
L'exposition réunit soixante artistes internationaux auxquels s'ajoutent un ensemble inédit d'œuvres d'art carcéral japonais ainsi que des dessins préparatoires de graffiti abordés sous un nouveau regard. Elle offre une large visibilité à des arts porteurs d'une esthétique contemporaine dans laquelle l'énergie créatrice de la contre-culture est une force double de proposition et de contestation.
On y retrouvera les figures séditieuses du lowbrow art nourries de l'iconographie des médias populaires, les fantasmographies du pop surréalisme redécouvrant l'héritage des grandes traditions picturales, les tribunes libres du street art et le « moi-peau»> du tatouage, les échappées individuelles et solitaires de l'art brut et les expressions raffinées et libertaires d'un « ceil à l'état sauvage ». L'altérité artistique y est présentée dans sa diversité et sa complexité comme forme de résistance contre l'appauvrissement de notre imaginaire collectif.
Sans titre
MORRIS VOGEL
1993, SUISSE
L'artiste passe les six premières années de sa vie aux États-Unis. Autodidacte, il commence à dessiner il y a seulement quatre ans, tandis qu'il traverse un moment de forte déprime. Ses dessins en noir et blanc sont exclusivement réalisés à la pointe fine sur papier washi et hima layen. Son geste, impulsif, fait émerger hachures, striures, constructions géométriques ou psychédéliques. « Mieux équipé de mon dessin qu'avec des mots » dit-il, l'artiste examine les manifestations de la politique sur son esprit, et les traduit en des commentaires dessinés sur réalistes. Son dessin exprime une nature inquiète et fébrile, une désespérance aiguisée, et la force d'une conscience militante. Ses ceuvres ont été exposées à la Kunsthallekleinbasel, en Suisse, au Cvijeta Zuzorić Art Pavillion, en Serbie, et au YOPE Project Space, au Mexique, et aux États-Unis.
Morris VOGEL
Come And See, 2018
Encre sur papier indien artisanal (indien et japonais)
Courtesy de l'artiste
Morris VOGEL
Leviathan, 2020
Encre sur papier indien artisanal (indien et japonais)
Courtesy de l'artiste
Morris VOGEL
Echo Chamber, 2019
Encre sur papier indien artisanal (indien et japonais)
Courtesy de l'artiste
Morris VOGEL
2020 Conquest
Encre sur papier indien artisanal (indien et japonais)
Courtesy de l'artiste
Morris VOGEL
2020 Deep State
Encre sur papier indien artisanal (indien et japonais)
Courtesy de l'artiste
MÉMOIRE VÉGÉTALE DE LA GRANDE GUERRE
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate (28 juillet 1914-11 novembre 1918), la popu lation s'attend à vivre un conflit rapidement réglé. Mais cette guerre, pour bien des aspects, n'a pas de précédent. Son enlisement, et parmi ses nombreuses conséquences son inédite sauvagerie, impose aux poilus d'interminables attentes à l'arrière pour les plus chanceux; dans la boue, le gel et la puanteur des tranchées pour la plupart. Apparu dès la guerre de 1870 mais s'intensifiant lors de La Grande Guerre, ce qui sera plus tard appelé « art du poilu » ou "artisanat des tranchées" va connaitre à partir de l'hiver 1914-1915 un essor considérable. Sur le front ou de réserve, pour tromper l'angoisse de l'inaction entre deux appels au combat, on détourne des matériaux de base (laiton, cuivre, aluminium, cuir, tissus, pierre, bois, paille) en objets usuels du quotidien. Parce que bon nombre d'incorporés exercent dans la vie civile un métier proche de l'artisanat d'art (orfèvrerie, gravure, taille de pierre, ébénisterie, ferronnerie, dinanderie...), le savoir-faire se partage au-delà des origines sociales, imprégnant les créations du contexte spécifique. Contrairement à ces créations essentiellement produites partir d'éléments ramassés sur le champ de bataille, lors de collectes effectuées dans les mai sons abandonnées ou piochés dans les matériaux stockés à l'arrière, l'exploitation inopinée des feuilles d'arbres séchées n'a-au fil du temps-pas retenu l'attention. Peu observée, non renseignée en musée dédié, même les spécialistes contemporains de cette période ne savaient rien de cette production dont la technique faisant apparaître le dessin est longtemps demeu rée une énigme. Pour la première fois, elle est ici interrogée dans sa matière artistique.
ANONYMES
Feuilles de Poilus, 1914-1918
Feuilles d'arbre séchée et ajourée
Collection particulière
HUSTON RIPLEY
1961, ÉTATS-UNIS
Huston Ripley s'est formé à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts (1988), à la Univer sity of Pennsylvania (1995), et au Pratt Institute (2000). Débutant avec une peinture colorée sur toile, il exerce pendant de longues années les métiers de serveur, puis barman. Ayant pris l'habitude de dessiner sur des coins de nappes en papier au stylo noir qu'il a toujours avec lui, il découvre un fin papier de soie japonais destiné à la restauration de livres anciens qui devient son support favori. Après l'avoir soigneusement travaillé en le pliant, il trace à l'encre noire des motifs denses d'où apparaissent des figures; il cite sa fascination pour le site d'Angkor, l'artiste Pierre Bettencourt et les dessins de sa mère. Transcendées, ces influences font visions, et un travail de dessin répétitif et d'enchevêtrement est entrepris par l'artiste pour ouvrir son esprit. Une symétrie obsessive se met en place. Une dimension - originellement plate - voit le jour. Le sacré apparaît. L'artiste aborde chaque dessin comme un acte continu. Tous possèdent un plateau central composé de références organiques du soi, tandis qu'autour se jouent des luttes de pouvoir sans fin. Ce processus, proche du chant méditatif, veut précipiter puis canaliser les forces universelles. L'artiste expose depuis 1985. Son travail a intégré de nombreuses collections, dont celles, entre autres, de la Pennsylvania Academy of the Fine Arts et la Collection Art Visionary en Australie.
Huston RIPLEY
Untitled, #6XL4, 2006. Untitled
TAKAHASHI KAZUTOSHI
MARCEL STORR
1911-1976, FRANCE
Né un 3 juillet à Paris, Marcel Storr est déposé au bureau des abandons de l'Assistance publique le 17 avril 1914. Placé d'abord à Toucy, il quitte l'école à 6 ans, après un séjour au sanatorium pour tuberculose osseuse, puis est envoyé dans des fermes de la région de Montauban. Mal traité, dormant parfois sur la paille, il devient sourd des gifles reçues. Dès lors, il alterne travaux agricoles et hospitalisation ou passage au sanatorium. À 15 ans, des bonnes sœurs l'auraient hébergé, mais on trouve sa trace dans des fermes jusqu'en 1933. Une photo le montre à Avignon, habillé en soldat, en avril 1940. Il est démobilisé huit mois plus tard. Au début des années 1960, sa future épouse, Marthe, est embauchée comme gardienne de l'école de la rue Milton, à Paris. Lui devient balayeur de La Ville de Paris. En 1971, Liliane Kempf découvre les dessins de Marcel Storr grâce à l'insistance de sa femme. Storr noue alors des liens avec le couple Kempf, qui se resserrent après la mort de Marthe, en 1972. Les années qui précédent le décès de Storr, en 1976, sont marquées par les hospitalisations. On lui diagnostique un délire de persécution et une mégalomanie. Storr n'a jamais accepté que ses tableaux soient montrés de son vivant. Il reprenait son ouvrage chaque soir après sa journée de travail, avant de dissimuler ses dessins sous la toile cirée de la cuisine. Sa vie durant, il s'est considéré comme un génie, envisageant sa postérité comme un succès. Sa production fait se succéder deux temps forts: un premier consa cré aux édifices de culte; un second dédié aux architectures gigantesques et utopiques, fruit de sa fascination pour les tours. La Halle Saint Pierre inaugure sa première présentation en 2001, dans le cadre de l'exposition historique Aux frontières de l'art brut. Organisée par Laurent Dan chin en 2011, l'intégralité des oeuvres retrouvées sera présentée dans le cadre de Marcel Storr, bâtisseur visionnaire. La représentation internationale de l'oeuvre de Marcel Storr est confiée à la galerie Loevenbruck, en collaboration avec Charles Geoffrion, gérant du fonds, et la famille Kempf, propriétaire des pièces.
Marcel STORR
sans titre
Marcel STORR
sans titre
STÉPHANIE DENAES LUCAS
1975, FRANCE
Issue d'une famille de classe ouvrière - son père était routier, sa mère femme de ménage-, Sté phanie Denaes Lucas est très tôt immergée dans l'imagerie religieuse, puis fascinée par les différents usages de formes alternatives de spiritualité. Ayant exercé sans passion le métier de vendeuse en boutique durant plus de quinze années à Monaco, elle entend en 2002 une voix claire et forte lui intimer: « Il faut peindre.» Elle a 27 ans. Elle se décrit aujourd'hui comme le canal d'un esprit plus grand lorsqu'elle crée, parlant d'une énergie qui vient de l'art lui-même, de l'émanation d'une force créative demandant avec insistance à l'artiste qu'elle est d'émerger. En chemin, elle perçoit sa capacité de peindre des deux mains : « ma main sauvage et instinctive; ma main disciplinée qui maîtrise ». Un des ressorts de son art ambidextre est l'énergie de la musique qu'elle transfère: l'artiste ne peut créer sans elle. En 2016 s'ouvre un nouveau chapitre de sa création. Elle cesse de se servir de ses deux mains, et expérimente l'ascétisme du jeûne où le dessin lui arrive par flash. Depuis cette période, elle dit "renaître", et mène de nouveaux jeunes durant lesquels, par à-coups, des messages lui sont adressés. Elle représente ici une séance de spiritisme où l'esprit de son dessin, ecto plasme tangible de son monde invisible, prend forme.
De l'intimité complexe du processus créatif de Victor Simon à celui de Stéphanie Denaes Lucas, deux domaines se regardent et s'entrecroisent, deux mondes théoriquement à distinguer, et apparentés par leur conviction à transmettre un message universel. Ce face-à-face parle activement d'une authenticité et d'une géographie interne partagées.
Stéphanie DENAËS LUCAS
Manifestation, 2021
Crayon de couleur, pastel, encre de chine
Stéphanie DENAËS LUCAS
Banquette fantôme pour enfants hallucinés,
2019/2020, Acrylique
Toshihiko IKEDA
La vieille reine hilare - Dans le chaos poussent les cornes, 2016 Gravure sur cuivre sur Ganpishi, ed. 10
Toshihiko IKEDA
Aftertime Afterlight Aftergravity,
2021 Gravure sur cuivre
ÉMILE SIMONET DIT FANFAN
1911 FRANCE - DÉCÈS INCONNU
Enfant battu, Émile Simonet est mis très tôt au travail: « Ma mère faisant des obus à l'Arse nal avec mon père rendu inconscient par l'alcool, les récits de cambriolage et d'agression qui ont remplacé pour moi les contes de Perrault, la misère de mon enfance entre un frère cambrioleur et des sœurs prostituées, les jours moroses à la communale, les nuits où le sang et le vin coulaient mélangés, tout ce qui a déformé mes sentiments et m'a conduit sur la route du bagne. » À 16 ans, il fait de la correctionnelle, puis prend la tête d'un gang d'Apaches en 1927-sans doute les Kangourous du Bois-Noir à Lyon. Emprisonné en 1930, à Saint-Joseph et Saint-Paul, Fanfan se lie avec le médecin des prisons de Lyon Jean Lacas sagne (1886-1960), puis est déporté en Guyane en 1933. Auparavant, il offre ses cahiers de dessins au Dr Lacassagne, qui en reproduira six dans l'étude L'art en prison. Dessins de Criminels en 1939 (Albums du crocodile). On est frappé par la qualité de ses dessins si soigneusement réalisés. Le trait délicat laisse penser que la main de l'auteur est sans doute déjà exercée à la pratique du tatouage si prisée à cette époque en milieu carcéral. Rituels d'arrestation, d'incarcération, l'intérieur de la prison : méticuleusement architectu rée, la composition est studieuse et se fait précisément le commentaire d'une réalité. Une réflexion a toujours été menée : chaque élément a un espace attribué et le mouvement doit être juste. Aucune ligne ne s'égare, tout est prévu chez ce chef de bande organisé et dominateur.
Murielle BELIN
L'Épopée, 2019-2021
Bois découpé, peinture à l'huile, gouache, vernis, papiers roulés / Dessins : Fusain noir, fusain blanc, crayon sépia sur papier Dürer Ingres / Notice: Feutre noir sur papier
Courtesy de l'artiste et HEY! modern art & pop culture
VICTOR SIMON
1903-1976, FRANCE
Conçues comme des édifications spirituelles, les œuvres de Victor Simon associent des influences et motifs d'origines chrétiennes, hindoues, orientales ou encore inspirées de l'Égypte antique, et sont composées, d'après une symétrie irréprochable, avec une admi rable minutie. Peintre spirite, médium, guérisseur, auteur, Victor Simon grandit dans une famille établie à Divion dans le Pas-de-Calais, puis déménage à Bruay-en-Artois. Il obtient son certificat d'études en 1915 et dès lors travaille à la mine où il est dans un premier temps « graisseur de berlines »: il a 12 ans. Puis il étudie la doctrine du Christ et assiste au cours de l'année 1920 à une « séance expérimentale de psychisme» qui le marque profondément. Après avoir exercé différents petits métiers, il reçoit en 1933 un message médiumnique, réalise sa toile inaugurale, et prend contact avec le peintre Augustin Lesage (1876-1954) qui deviendra son mentor. Au sortir de la guerre de 40, ayant produit de nombreuses ceuvres tandis que l'Europe est en feu, il poursuit un parcours activiste au sein des milieux spirit, à une époque où les institutions et associations spécialisées sont florissantes. Ce contexte favorise la création, en 1947, de son journal mensuel Forces spirituelles - organe de la fédération spiritualiste de la région du Nord que l'artiste dirigera jusqu'à sa mort. Victor Simon a publié trois ouvrages, évoquant son oeuvre et son expérience médiumnique. Le premier, publié en 1953 et intitulé Reviendra-t-il ?, raconte ses communications avec l'au-delà, où il détaille les esprits qui guident sa main lorsqu'il peint comme « des forces souveraines, bienfaisantes et universelles ». L'artiste a peint des centaines de toiles dont plusieurs monumentales.
Victor SIMON
Cosmogonie. La Terre, 1955
Huile sur toile
Courtesy Galerie Hervé Courtaigne, Paris (France)
FRANÇOIS MONCHÂTRE 1928, FRANCE
Enfant, François Monchâtre réside dans la Sarthe et fréquente les aéroclubs, fasciné par les << machines volantes ». Il perd sa mère à la naissance et sera élevé par sa grand-mère mater nelle qui désapprouve le remariage de son père. De 1946 à 1950, il suit des études à l'École des Métiers d'Art de Paris, dans la section vitrail et peinture sur verre. Il travaille dans deux ateliers de vitraux, puis exerce divers métiers (marionnettiste, étalagiste, liftier...). En 1952, il retourne dans la Sarthe et se voue totalement à la construction de « machines à rêver »>, fon cièrement inutiles, aux mécanismes compliqués et parfaits, telle l'automaboule, monument à l'universelle bêtise. En 1963, il expose chez Iris Clert où il côtoie Tinguely, Arman, César, et rencontre Alain Bourbonnais dont il rejoint en 1975 l'Atelier Jacob. François Monchâtre y exposera à plusieurs reprises. Son oeuvre est présente dans de nombreux musées, dont La Fabuloserie (Dicy, France), musée privé ouvert en 1983, imaginé et conçu par Alain Bour bonnais pour abriter sa collection « art hors-les-normes".
François MONCHÂTRE
Banlieue, 1967
Bois peint et miroirs et fleurs en
plastique
Collection La Fabuloserie, Dicy (France)
SERGEI ISUPOV
1963, ESTONIE /ÉTATS-UNIS
Sculpteur estonien-américain reconnu dans le monde entier pour ses oeuvres narratives dé taillées, diplômé en 1990 d'un Master of Fine Arts en céramique à l'Institut d'Art de Tallinn (Estonie), Sergei Isupov a immigré aux États-Unis en 1994, d'abord à Louisville (Kentucky) puis pendant six ans à Richmond (Virginie). Son travail explorant les relations picturales entre la figure et le sol, il crée des sculptures surréalistes au vocabulaire symboliste insolite qui combinent des récits en deux et trois dimensions. Il travaille la céramique en utilisant des techniques traditionnelles de sculpture pour combiner la surface et la forme avec une peinture figurative utilisant des teintures et une glaçure claire. Les oeuvres de l'artiste ont intégré de nombreuses collections et expositions, notamment à la National Gallery of Australia, au Museum of Fine Arts, Houston (Texas), au Museum of Arts and Design (New York), au Racine Art Museum (Wisconsin), au Museum of Fine Arts de Boston (Massachusetts) et au Erie Art Museum (Pennsylvanie), où il a présenté des oeuvres sélectionnées sur vingt ans de carrière, Hidden Messages en 2017 puis à l'occasion de Surreal Promenade en 2019 au Russian Museum of Art de Minneapolis (Minnesota). Sergei Isupov enseigne et donne des conférences à l'international.
Sergei ISUPOV
Growth Rings, 2016
Porcelaine, engobe, émail
Courtesy de l'artiste et Ferrin Contemporary, North Adams, Massachusetts, (États-Unis)
Sergeï ISUPOV
Guardian, 2009
Porcelaine, engobe, émail
Courtesy de l'artiste et Ferrin Contemporary North Adams, Massachusetts, (États-Unis)
RON ROBOXO
1964, PAYS-BAS
Artiste autodidacte, souffrant d'autisme avec symptômes de TDAH (trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité) et Asperger, Ron Roboxo a grandi dans la ville de Breda située dans la province du Brabant-Septentrional. Très jeune, il fuit le cadre scolaire et crée de la bande dessinée - il cite Sjors & Sjimmie, l'adaptation néerlandaise de la bande dessinée américaine Winnie Winkle, et la revue de bande dessinée et de science-fiction pour adulte Métal hurlant, créée en 1974 par Jean-Pierre Dionnet, Mebius/Jean Giraud et Philippe Druillet. Au milieu des années 80, Ron Roboxo est actif sur la scène punk graffiti de Breda et Amsterdam - son blaze de graffeur est KING ZAP. Pour fuir la répression policière régulièrement exercée à cette époque contre les street artists, il décide de privilégier le tra vail d'illustration en poursuivant une production personnelle de dessin en secret. C'est seulement en 2016 qu'il décide d'exposer ses œuvres en galerie.
Ron ROBOXO
Ahoy Nico, circa 2017
Collection Galerie Hamer, Amsterdam (Pays-Bas)
Ron ROBOXO
Long Live the King of All Station, 2020-2021
Collection particulière Technique mixte sur papier
DIAMANTIS SOTIROPOULOS 1978, GRECE (GREECE)
DIAMANTIS SOTIROPOULOS
1978, GRECE
Diamantis Sotiropoulos se forme au début des années 2000 à l'école des beaux-arts d'Athènes et en Espagne, à l'Academia de las Bellas Artes de Valence. Jusqu'à présent, il dessine exclusivement à l'encre de Chine sur papier de grands formats, rehaussé de peinture dorée et collage de paillettes. Jouant souvent avec une représentation thériomorphiste, son dessin engage une confrontation d'influences historiques, esthétiques et philosophiques. Il propose des images brutales, composées d'arrière-plans symbolistes et porteuses de scénarios allégo riques, où sont déroulées de sombres réflexions sur la condition du monde moderne. L'artiste accuse le bonheur illusoire qu'accompagne inéluctablement l'accumulation de biens. Pour lui, l'apparente libération du mondialisme masque un très concret appauvrissement de nos vies. Sa virulence dénonce toutes formes de pouvoir sur lesquelles se structurent nos sociétés industrielles avancées. Dans la vie, Diamantis Sotiropoulos rejette de façon inconditionnelle le parcours d'artiste contemporain formaté, n'aspire pas « à faire carrière » et organise lui même ses expositions. L'artiste expose en Europe, ses oeuvres sont, entre autres, présentées au EMST (Musée national d'art contemporain d'Athènes).
Diamantis SOTIROPOULOS
Requiem (série Happiness), 2010
Encres sur papier
Collection Emmanuel Moyne, Paris (France)
LAURIE LIPTON
1953, ÉTATS-UNIS
Laurie Lipton dessine depuis toujours. Diplômée de l'université Carnegie-Mellon, Penns ylvanie, elle passe trente-six ans en Europe (Pays-Bas, Belgique, Allemagne, France) puis revient s'établir aux États-Unis en 2011. L'artiste est d'abord inspirée par les peintures reli gieuses de l'école flamande du XVIe siècle, un style qu'elle tente d'apprendre. Lors de ses voyages étudiants, elle commence à mettre au point sa propre technique de dessin, consis tant à créer toutes sortes de nuances à l'aide de milliers de fines lignes hachurées, comme une peinture à la détrempe à l'œuf. « C'est une façon insensée de dessiner » dit-elle, « mais les détails et la luminosité qui en résultent en valent la peine. Mes dessins prennent plus de temps à créer qu'une peinture de taille et de détails égaux. » À partir des années 1990, de cette recherche acharnée résulte une technique spectaculaire et des sujets originaux sur grands formats. Ses œeuvres, virales sur Internet, deviennent une source d'inspiration pour l'ensemble des dessinateurs qui les observent. Qualifiant son dessin de « réalisme psycho logique », l'artiste métaphorise l'activité humaine. Les oeuvres présentées proviennent de deux séries distinctes où l'artiste conscientise nos besoins de communication altérés par la technologie, pour essentialiser l'époque contemporaine ultra connectée. Laurie Lipton a fait l'objet de multiples expositions en Europe et aux États-Unis intégrant un grand nombre de collections prestigieuses. Son dessin est une influence majeure et souterraine de la décennie 2000. HEY! Le Dessin est sa première exposition en France.
Laurie LIPTON
Socializing,2014
Fusain et crayon sur papier
Courtesy de l'artiste
Laurie LIPTON
Like, Dislike, 2017
Fusain et crayon sur papier
Courtesy de l'artiste
ALI HAZRI WENNSTROM 1979, SINGAPOUR
Arrivé à Paris en 2012, Ali Hazri Wennstrom est cuisinier. Issu d'un milieu pauvre, il grandit à Singapour dans le quartier surpeuplé de Bedok. La famile vit à cinq dans une seule pièce; le petit garçon n'a que 10 ans lorsqu'il est contraint de travailler comme livreur de journaux ou garçon de ménage. Ce début de vie difficile et la fréquentation de gangs de quartier le mènent régulièrement en boys home (maison de correction pour garçons). Déscolarisé à 12 ans, l'adolescent puise dans la pratique du BMX, du skateboard, et dans l'énergie des cou rants musicaux qui rythment son mode de vie alternatif de solides raisons d'éviter la prison. De nature silencieuse, farouche et déterminée, il s'exerce en secret au dessin depuis 2003; il est fasciné par l'art du tatouage. En 2020, à Paris, il quitte le restaurant qui l'emploie et ap proche pour la première fois la pyrogravure sur planche de skateboard. Son dessin détourne dés sujets chers au Nusantara, appellation historique désignant les régions fondements de sa culture familiale (au Brunei, en Malaisie et à Singapour, le terme est généralement ut lisé pour désigner l'archipel malais ou le royaume malais qui inclut ces pays). Au sein de son installation qui comprend treize planches de skateboards gravées, l'artiste raconte son ouverture sociale au monde, ses expériences de rue et l'acquisition de son savoir autodidacte. Ses expériences de vie sont mythologisées, subjectivées : l'observateur est ainsi invité à y projeter ses fantasmes et à interroger sa propre réalité.
Ali HAZRI WENNSTROM
Cobaan Hidup, 2021
Ensemble de 13 planches de skate pyrogravées, bois découpé et pyrogravé. calque
Courtesy de l'artiste et HEY I modern art & pop culture
KRAKEN
1988, FRANCE
Kraken est autodidacte. Son travail trouve son origine et son motif dans une impossibilité à ne pas créer. Enfant, secoué de questionnements, il montre une sensibilité à fleur de peau; toute forme d'autorité l'insupporte et le fait souffrir. Au collège, il s'échappe de cette réalité par le dessin, toujours aux côtés de son ami Vincent Chéry. De son art se dégagent deux axes: la peinture de rue au pinceau et le dessin en atelier. C'est en 2010, dehors, qu'il inaugure son sujet : « la pieuvre »; l'originalité de la figure, une agilité d'exécution et l'audace des emplacements sélectionnés extirpent l'artiste du commun, Kraken devient une figure du street art actuel. Son dessin d'atelier, par contre, incube depuis l'adolescence. L'artiste est hanté par les stigmates du temps sur les corps, lesquels observés avec acuité sont représentés le plus souvent nus. Polarisé sur les empêchements et le handicap, captivé par les formes, son dessin sans complaisance est exécuté à la faveur d'un regard imperturbablement tendre et drôle. Kraken ne professe rien, son art n'est pas un plaidoyer. Mais, usant de moyens sensibles, il énonce malgré lui le corps comme représentation politique; ses modèles sont au préalable photographiés dans la rue, ou filmés, et le plus souvent repérés au cœur de quartiers populaires. L'artiste questionne ainsi notre perception du bien-vieillir dans une société maltraitante, et articule un regard affranchi du mirage de la jeunesse éternelle. L'installation est spécifiquement produite pour l'exposition.
KRAKEN
Pardonnez-nous, 2021
Encre sur toile, installation d'objets récupérés, plâtre et vidéo
Courtesy de l'artiste et HEY! modern art & pop art
VICTOR SOREN
1967, FRANCE
Victor Soren a grandi au Pouliguen, un petit port de pêche breton. Après une scolarité mé diocre, il est admis à l'école des beaux-arts de Nantes qu'il quitte presque immédiatement. Il qualifie aujourd'hui cette expérience d'« absolument détestable et parfaitement inutile »>. Dès lors, il s'enferme dans une vieille maison nantaise prêtée par sa grand-mère. Chaque nuit, il dessine, frénétiquement. Sa nature solitaire lui interdit d'inutiles fréquentations, il ne montre jamais ses dessins. Subsistant grâce aux minimas sociaux, il exerce tour à tour le métier d'ouvrier, plongeur, manoeuvre, éboueur... En 2006, il se fixe à Paris et découvre par hasard, à la Galerie Béatrice Soulié, un dessin de l'artiste Louis Pons (1927-2021), représentation d'un grand rat traversant une ville la nuit. Subjugué, Soren réalise : « Je suis ce rat! ». Il ouvre un nouveau chapitre de son parcours. L'installation présentée se compose d'une cinquantaine de dessins exécutés à la pierre noire sur Mylar.
Victor SOREN
50 et des poussières, 2020-2021
Pierre noire et brou de noix sur mylar
Courtesy de l'artiste
Samuel GOMEZ de gauche à droite
Nova Ossa, 2021
Acrylique, fusain, encre noire et encre or sur toile
Courtesy de l'artiste
MARK POWELL
1980, ROYAUME-UNI
Issu d'un milieu pauvre, Mark Powell commence à travailler vers l'âge de 11 ans afin d'acheter nourriture et vêtements, et de contribuer à payer le loyer du logis familial. Après avoir
exercé quantité de petits emplois, il se forme à l'université nationale anglaise de Hud dersfield pendant trois ans, étudiant le dessin et la peinture. Il en sort diplômé en 2006.
Sur des papiers anciens et/ou usagés - enveloppes, cartes routières, plans de métro, cartes à jouer, feuilles de journaux -, l'artiste dessine exclusivement à l'aide d'un stylo bille
(Biro),« le plus simple et le plus facilement disponible à portée de main ». L'artiste, chezqui le portrait est l'exercice majeur, affirme : « L'individu est une chose fascinante, pleine d'intrigues et de cicatrices. Je rejette une société nourrie d'images de perfection. Son sujet
veut interpeller notre perception commune de « beauté acceptable ». Il s'agit ici de transcrire
moins l'aspect physique qu'une présence jugée « éclat du vrai ». Cette notion de beauté n'est jamais à apprécier selon une quelconque échelle esthétique, elle n'est pas non plus à situer dans un idéalisme, mais dans un réalisme poétisé. Par sa restitution visible de vérités vécues
elle est chez Mark Powell une définition de la beauté du monde. L'artiste expose aux Etats Unis, en Europe et en Angleterre.
Mark POWELL
At the end of the road, 2021
Dessin au stylo bille sur une boîte à chapeau d'un lieutenant-colonel de la Seconde Guerre Mondiale
Courtesy de l'artiste
Advice written in mirrors, 2020
Dessin au stylo à bille sur ensemble de cartes postales anciennes
Courtesy de l'artiste
SÉBASTIAN BIRCHLER
1964, SUISSE /FRANCE
Petit-fils du peintre suisse Emil Schill (1870-1958), Sébastian Birchler dessine depuis son plus jeune âge. Pour faire taire les exigences paternelles, il obtient en 1988 le concours d'en trée de l'école des Arts Décoratifs (Paris). En chemin, il contribue au collectif d'artistes Ma noMano, fondé en 1984 et affilié à la Figuration libre. En 1994, il met son dessin au service du cinéma et devient chef décorateur. Depuis près de trente ans, Sébastian Birchler enchaîne les collaborations avec des réalisateurs aux univers différents (Agnès Varda, Costa Gavras, Isaki lacuesta, Abderrahmane Sissako, Clovis Cornillac...) et continue de quotidiennement dessiner dans des carnets ne le quittant jamais. Citant Kurt Schwitters, Francis Picabia ou Frans Masereel en tant que références formelles, Sébastian Birchler présente un travail iné dit : un théâtre d'assemblages de papiers marouflés et découpés, dessinés à la pierre noire et acrylique, inventaire de récits mis en boîtes et sous clé.
Conrad BOTES
Le Bon Berger, 2021
Peinture acrylique sur papier, peinture à l'huile sur verre inversé
Courtesy de l'artiste
ERDEVEN DJESS
1963, FRANCE
Erdeven Djess suit, en 1985 et par correspondance, une formation de stylisme et modélisme comprenant une initiation à l'histoire de l'art. Il dessine depuis l'enfance à la mine de plomb, troquée des années plus tard contre le stylo bille, devenu l'outil exclusif de sa production. Le plus souvent exécutées sur de grands formats, ses scènes baroques et maniéristes, où se lisent une douce admiration pour l'identité gender fluid ainsi qu'un vif intérêt pour la repré sentation d'étoffes précieuses et d'objets symboliques, rendent hommage aux milieux mar ginalisés et à l'excentricité. « C'est autour de la figure, des désordres humains, des désirs aussi, que se structurent ces grands dessins, comme autant d'images et de chaos; ainsi que la farouche volonté de se présenter 'bellement' au monde -panoplies et accessoires anciens qu'absorbent mes personnages permettent cela. Je ne les veux ni totalement 'hommes' ou femmes', ni vraiment 'enfants', ce sont mes créatures hybrides semblant sortis d'un théâtre baroque et burlesque. » De 1994 à 2010, l'artiste est costumier pour des compagnies de théâtre et de danse contemporaine à Paris. Il expose ses dessins depuis 2009 et est représenté par HEY! modern art & pop culture.
ERDEVEN DJESS
Manu Militari, 2021
Stylo bille sur papier
Courtesy de l'artiste et HEY! modern art & pop culture
ANTON KANNEMEYER
POURQUOI MON TRAVAIL POSE PROBLÈME
«L'utilisation des stéréotypes noirs dans mes oeuvres est une réaction à la première diffusion internationale en couleur du livre Tintin au Congo d'Hergé en 2005 (publié à l'origine en 1931). Ce livre n'était pas disponible auparavant en langue anglaise (seuls quelques exemplaires avaient été publiés indépendamment en noir et blanc). La raison en est que l'éditeur anglais original d'Hergé (Methuen) pensait que ce n'était pas une bonne idée, et Hergé était d'accord avec cela. Ce dernier savait que son album était raciste, mais a déclaré dans une interview, plus tard dans sa vie, qu'il avait été fait « dans l'esprit de l'époque ». La publication du livre en 2005 (par le nouveau propriétaire de l'empire Tintin, Nick Rodwell) a suscité un tollé international et le livre a ensuite été retiré des rayons de plusieurs bibliothèques de New York. A celle de Brooklyn, par exemple, l'album n'a pu être consulté que sur rendez-vous (...). Le livre est vraiment insultant. Il encourage les stéréotypes raciaux les plus grossiers et les attitudes condescendantes, ce n'est certainement pas un livre pour un jeune public. Mais ce serait un excellent album pour un enseignant qui pourrait en discuter avec ses élèves et leur expliquer pourquoi stéréotypes sont choquants. Malheureusement, dès qu'un livre comme celui-ci est censuré, tout le monde le considère toxique et pense qu'il vaut mieux l'oublier Si j'ai employé des images inspirées de ce livre dans mes créations, c'est pour étudier de manière critique le racisme d'aujourd'hui à travers un langage visuel populaire et connu. Mes oeuvres critiquent le livre mais apportent également un éclairage historique sur le Congo (et plus généralement sur le colonialisme en Afrique). Mon livre, Pappa in Afrika, publié dans différentes versions en français, anglais, portugais, finlandais et allemand, relève de la parodie. Et comment pourrait-il être une parodie si je n'utilisais pas les stéréotypes de l'album d'Hergé ? C'est malheureusement l'une des ironies de la satire : vous perpétuez ce que vous attaquez. Une satire d'Hitler, Staline ou Pol Pot plus proches de nous perpétue également ces monstres. C'est une critique reposant sur la complicité des codes et des valeurs qu'elle reproduit pour mieux les dénoncer. En s'appropriant les symboles visuels et le langage de la source originelle, il est possible de saper son idéologie.»
Anton KANNEMEYER
WeHate Nick Rodwell, 2021
Acrylique sur papier
Courtesy Anton Kannemeyer et Huberty&Breyne, Paris (France)
Anton KANNEMEYER
Extinction, 2021
Acrylique sur toile
Courtesy Anton Kannemeyer et Huberty&Breyne, Paris (France)
Léonard COMBIER
Sans titre, 2021
Acrylique, Posca et encre sur papier et plexiglas
Courtesy de l'artiste
HONGMIN LEE
1982, CORÉE DU SUD
Hongmin Lee est diplômé du Gyewon Arts High School (Seongnam) et de la Korea Natio nal University of Arts (Séoul) en animation. Après ses études, il crée le collectif artistique Goo For Brothers avec Seungchul Oh et Jaejung Beck. Partageant la même fascination pour l'esthétique des kaiju et l'imagerie expérimentale, les trois jeunes hommes examinent depuis le début des années 2010 les possibilités de l'illustration, des beaux-arts, du graffiti, du Manhwa et de l'animation. Parallèlement, Hongmin Lee développe un travail solitaire axé sur l'effectivité du dessin lorsqu'il est peint et où l'art de la narration et du séquençage de la bande dessinée est autopsié- il cite Akira Toriyama et Katsuhiro Otomo comme influences majeures de sa recherche. La ématique du déchirement ressenti par l'enfant lorsque sa conscience s'ouvre aux dimensions adultes domine ses préoccupations. Hongmin Lee ex pose en Asie (Thaïlande, Corée du Sud, Hong Kong, Chine). Ses ceuvres ont été présentées au Seoul Museum of Art. HEY! Le Dessin est sa première exposition en France.
HONGMIN LEE
Growwise, 2021
Acrylique sur toile
Courtesy de l'artiste
HONGMIN LEE
Result, 2021
Acrylique sur toile
Courtesy de l'artiste
José PARLA
Broadway Elegant, 2008
Collage, encre, huile et acrylique sur bois
Collection Emmanuel Moyne, Paris (France)
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