samedi 13 novembre 2021

Un palais pour l'empereur, une exposition du château-musée de Fontainebleau en novembre 2021


Visite aujourd'hui par ce temps maussade de cette exposition temporaire du château. Un parcours vraiment pas à la hauteur d'un monument de cet importance ! Scénographie et signalétique minimale, quelques aquarelles et toiles intéressantes, un ensemble assez décevant au total.

En voici la présentation ::

En 1803, Bonaparte, préoccupé par la défense du pays, installe à Fontainebleau, dans le palais abandonné, une École spéciale militaire. Mais, en 1804, avec l'instauration de l'Empire, les anciens palais de la Couronne sont rétablis. Fontainebleau doit servir en outre à accueillir le pape Pie VII venu de Rome pour sacrer le nouvel empereur. S'engage alors une coûteuse restauration du palais sous la conduite des architectes de l'Empereur, Charles Percier et Pierre Fontaine. Le clos et le couvert doivent être entièrement révisés. Le théâtre est remis en fonction. Toutefois, respectueux du passé, Napoléon refuse toute modification du palais. Le mythe bellifontain de François Ier lui inspire sa conduite et il souhaite rendre son prestige au site en l'enrichissant d'œuvres d'art de premier plan. À ce parti, une seule exception est faite en 1807, lorsqu'il décide d'ouvrir sur la ville la cour d'honneur en faisant détruire l'aile de Ferrare. Une place s'ouvrant sur des routes disposées en patte d'oie est même envisagée. En 1813, plus de 6 millions de francs ont été dépensés pour ces travaux, presque autant que pour les Tuileries, siège du gouvernement impérial à Paris. En 1807, 1809 et 1810, le palais, qui a retrouvé sa splendeur première, sert de cadre aux séjours de la cour, lors desquels des fêtes mémorables sont organisées.

L’Empereur Napoléon Ier en costume de Sacre
Robert Lefèvre (1755-1830)
1807 –Huile sur toile

NAPOLÉON ET FONTAINEBLEAU

Sainte-Hélène. Dimanche 4 août 1816. "Voilà, disait encore Napoléon en s'arrêtant sur Fontainebleau, la vraie demeure des rois, la maison des siècles. Peut-être n'était-ce pas rigoureusement un palais d'architecte, mais bien un lieu d'habitation. C'était ce qu'il y avait sans doute de plus commode, de plus heureusement situé en Europe pour un souverain [...]. Fontainebleau, disait-il encore, était aussi la situation politique et militaire la plus convenable [...]. C'est avec cette manière à moi et en dépit de tant de circonstances politiques et militaires, que j'ai fait néanmoins tant de choses. J'avais réuni quarante millions de meubles, quatre millions au moins d'argenterie. Que de palais j'ai restaurés! Peut-être trop. J'ai pu habiter Fontainebleau dès la première année de travail; il ne m'en coûta pas plus de cinq à six cent mille francs. Si j'y ai dépensé depuis six millions, cela n'a été qu'en six ans. J'en aurais dépensé bien davantage avec le temps! Mon but principal avait pour objet que la dépense fût insensible et le résultat éternel. À Fontainebleau, douze à quinze cents personnes étaient invitées, logées et meublées. Plus de trois mille pouvaient y trouver à dîner et ceci n'avait rien de coûteux pour le souverain, ou très peu, grâce à l'ordre établi. Plus de vingt ou vingt-cinq princes, dignitaires ou ministres étaient contraints d'y tenir maison" (Emmanuel de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, édition de 2018).

MAXIMILIEN-JOSEPH HURTAULT
(1765-1824)
Plan général du domaine du palais impérial de Fontainebleau 1810-1812
Crayon, encre de Chine, lavis gris, aquarelle Fontainebleau musée national du château
En 1810, les architectes des palais
impériaux sont chargés de réaliser les plans de tous les domaines de la Couronne. Sous l'impulsion de Napoléon, le domaine de Fontainebleau est reconstitué et les jardins sont replantés

ANTOINE-LAURENT CASTELLAN
(1772-1838)
Le Manège vu depuis le jardin Anglais Vers 1819
Aquarelle
Fontainebleau musée national du Château, F-2000.12

L'École spéciale militaire de Fontainebleau, qui est installée dans le château depuis 1803, fait bâtir à ses frais à partir de 1806 un manège dans le sud du domaine. Après le transfert de l'école à Saint-Cyr en 1808, Napoléon rachète le bâtiment, aujourd'hui connu sous le nom de manège Sénarmont, et en fait achever la construction.

LA GALERIE DE L'EMPEREUR
Dès 1800 Bonaparte, lecteur de Plutarque, place sa prodigieuse ascension sous le signe des hommes illustres de l'humanité. Il souhaite rendre hommage aux plus grands militaires de l'histoire mais aussi à ceux qui se sont sacrifiés pour la nation. En 1805, l'ancienne galerie François Ier de Fontainebleau devient la « galerie de l'Empereur »>. Napoléon prévoit aussitôt d'y installer des bustes d'hommes célèbres, anciens ou modernes, qu'il a commandés en 1800 et 1803 pour les Tuileries et Saint Cloud. Les architectes de l'Empereur, Percier et Fontaine, sont chargés de ce projet qui mêle audacieusement le style antique à celui de la Renaissance. Les bustes, au nombre d'une trentaine, sont perchés sur de hautes gaines stuquées de plusieurs couleurs, tandis que les anciennes boiseries sont restaurées. Citons quelques-unes des figures retenues par Napoléon pour y prendre place: Alexandre le Grand, Sully, Colbert, l'amiral Ruyter, le duc de Marlborough, Eugène de Savoie, Montesquieu, Frédéric de Prusse, Washington, Desaix, Dugommier, Kléber, etc. La présentation comprend également les aides de camp de l'Empereur morts au combat. Des aquarelles illustrant la première campagne d'Italie de Bonaparte, à laquelle il doit une partie de sa gloire, viennent les rejoindre. À la Restauration, l'ensemble est démantelé: les héros napoléoniens sont évincés et remplacés par les serviteurs des Bourbons.

JOSEPH PARENT (1780-1837) D'APRÈS GIUSEPPE-PIETRO BAGETTI (1764-1831)
Vue des hauteurs
de Montenotte, le 12 avril 1796
Vers 1803-1805
Aquarelle et gouache; Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 2424

Le 12 avril 1796, pendant la première campagne d'Italie, Bonaparte remporte à Montenotte (Ligurie, nord-ouest de l'Italie) sa première victoire sur les armées du royaume de Sardaigne et du Saint Empire, placées sous les ordres du comte d'Argenteau

JEAN-BAPTISTE ISABEY (1767-1855)
Le prince Napoléon-Louis (1804-1831), deuxième fils de Louis Bonaparte, à l'entrée de la galerie François ler 1808
Miniature sur ivoire; signée et datée à droite: Isabey 1808
Collection particulière

Il s'agit de la seule représentation contemporaine de la galerie
François Ier, rebaptisée galerie de l'Empereur, montrant l'installation des bustes des hommes illustres apportés en 1805. Les aquarelles des campagnes d'Italie de Bonaparte dues à Bagetti n'y apparaissent pas encore

EURIPIDE.(V. 480-406 AV. J.-C.)
"Fin du XVIIIe siècle (?)
Marbre
Fontainebleau
musée national du château, MR 2405

Ce buste, dont l'origine exacte n'a pu être établie, est attesté à Fontainebleau dès 1807. Célèbre auteur grec tragique, Euripide est l'un des rares écrivains à figurer dans la galerie de l'Empereur au milieu d'effigies de militaires et de chefs d'Etat.

P. MOREL (ACTIF AU DÉBUT DU XIX SIÈCLE) D'APRÈS GIUSEPPE PIETRO BAGETTI (1764-1831)
Première vue du vieux château de Cosseria, le 13 avril 1796 Vers 1803-1805
Aquarelle et gouache; Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 2426

Le 13 avril 1796, la bataille de Cosseria (Ligurie) oppose les troupes de Bonaparte aux Autrichiens et aux Sardes, retranchés dans le château de Cosseria, qui sont défaits après de durs combats. Le bilan est de plus de trois mille morts, dont près de mille Français.

PHILIPPE-LAURENT ROLAND (1746-1816)
Michel-Adrien Ruyter (1607-1676), amiral 1801
Marbre
Versailles, musée national des châteaux
de Versailles et de Trianon, MV 626

Également commandé par Bonaparte pour la galerie des Consuls, ce buste est attesté à Fontainebleau vers 1811. Ruyter est le plus fameux amiral hollandais du XVIIe siècle, que Madame de Sévigné a qualifié de "dieu des combats".

GIUSEPPE-PIETRO BAGETTI
(1764-1831)
Quatrième vue de Dego, le 15 avril 1796 Vers 1803-1805
Aquarelle et gouache; annoté et signé bg: «IVeme Vue du Dego par Bagetti»> Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 2432

Après avoir battu l'armée autrichienne à Montenotte, Bonaparte empêche son regroupement avec les troupes piémontaises en s'emparant de la position de Dego. Le général Jean-Jacques Causse, dont le buste a été placé dans la galerie, y perd la vie.

PIERRE JULIEN (1731-1804)
Démosthène (384-322 av. J.-C.) 1802
Marbre
Fontainebleau
musée national du château, MR 2636

Commandé en 1800 par Bonaparte pour les Tuileries, ce buste parvient à Fontainebleau en 1805. Connu pour ses talents d'orateur, l'homme d'État athénien est également resté dans l'histoire comme un défenseur de la liberté et de la démocratie.

P. MOREL (ACTIF AU DÉBUT DU XIX SIECLE) D'APRES GIUSEPPE PIETRO BAGETTI (1764-1831)
L'Incendie du bourg de Bignasco, le 24 mai 1796 Vers 1803-1805
Aquarelle, gouache, pastel
Versailles, musée national des châteaux

de Versailles et de Trianon, MV 2490

Les excès de l'occupation française à Milan suscitent de vives réactions au sein de la population. Le 24 mai 1796, le bourg de Bignasco, dont les habitants se sont insurgés contre les Français, est brûlé sur l'ordre de Bonaparte.

CHARLES-ALEXANDRE RENAUD
(1756-1816)
Louis-André Bon (1758-1799), général de division 1803-1805
Marbre
Versailles, musee national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 529

Commandé par Bonaparte en 1803 pour Saint-Cloud, ce buste est envoyé a Fontainebleau en 1805. Engagé dans la campagne d'Égypte, Bon fut mortellement blessé au cours de l'assaut de Saint-Jean-d'Acre, le 10 mai 1799.

JOSEPH PARENT (1780-1837) D'APRÈS GIUSEPPE-PIETRO BAGETTI (1764-1831)
Vue générale du terrain de Rivoli, le 14 janvier 1797 Vers 1803-1805
Aquarelle et gouache
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 2508

Pendant le long siège de Mantoue, la fameuse bataille de Rivoli, qui s'est déroulée aux portes de Rivoli Veronese, en Vénétie, est remportée par les troupes françaises sur l'armée autrichienne les 14 et 15 janvier 1797, grâce à l'action déterminante du général Masséna.

CLAUDE DEJOUX (1732-1816)
Alexandre le Grand
(356-323 av. J.-C.), roi de Macédoine 1803-1804 marbre
Fontainebleau
musée national du château, MR 2168

Commandé dès 1800 par Bonaparte pour les Tuileries, ce buste parvient à Fontainebleau en 1805. Dans la galerie de l'Empereur, le plus célèbre conquérant de l'histoire occupe la place d'honneur, à l'extrémité de la salle, sous le buste d'Henri IV.

URS PANKRAZ EGENSVILLER
(1766-1821)
L'Amour perçant d'un de ses traits un papillon qui s'est reposé sur une rose
1812 Marbre
Fontainebleau
musée national du château, MR 1845

D'origine suisse, Egensviller expose au Salon de 1812 L'Amour jaloux d'un papillon. Pourvue d'un nouveau nom, la sculpture est acquise par le musée Napoléon et envoyée en 1813 à Fontainebleau, où elle est placée dans le jardin de l'Empereur


JEAN-ANTOINE HOUDON (1741-1828)
George Washington (1732-1799), président des États-Unis d'Amérique 1801 Marbre
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 630

Ce buste est commandé par Bonaparte en 1800 en envoyé à Fontainebleau en 1805. Washington est mort. Ce grand homme s'est battu contre la tyrannie. Il a consolidé la liberté de sa patrie, déclare le futur empereur au décès du premier président des Etats-Unis.

GIUSEPPE-PIETRO BAGETTI
(1764-1831)
Troisième vue du vieux château de Cosseria, le 13 avril 1796
Vers 1803-1805
Aquarelle et gouache
Versailles, musée national des châteaux de Versailles, MV 2428

Autre vue du château de Cosseria où se déroule le 13 avril 1796 une bataille qui oppose les troupes de onaparte aux Autrichiens et aux Sardes. Le général Pierre Banel, dont le buste a figuré dans la galerie de l'Empereur a Fontainebleau, y trouve la mort.

GIUSEPPE-PIETRO BAGETTI
(1764-1831)
Evacuation du camp retranché des Piémontais au fort de Ceva,
le 16 avril 1796 Vers 1803-1805.
Aquarelle et gouache
Versailles, musée national des châteaux de Versailles

Lors de la bataille de Ceva, le 16 avril 1796, les troupes françaises dirigées
par le général Pierre Augereau
s'emparent du camp retranché de l'armée de Piémont-Sardaigne dirigée par le comte Vital.

BARTHÉLÉMY BLAISE (1738-1819) Frédéric II (1712-1786), roi de Prusse 1800-1801
Marbre
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 629

Commandé en 1800 par Bonaparte pour la galerie des Consuls aux Tuileries, ce buste parvient à Fontainebleau en 1805. Napoléon voue une grande admiration à ce souverain réformateur, grand stratège militaire par ailleurs, sur le tombeau duquel il va se recueillir en 1806.

PIERRE CARTELLIER (1757-1831)
Maurice, comte de Saxe (1696-1750), maréchal de France 1803
Marbre
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 7794

Commandé par Bonaparte en 1800 pour la galerie des Consuls aux Tuileries, ce buste parvient à Fontainebleau en 1805. Il célèbre le fin tacticien que fut le maréchal de Saxe, vainqueur notamment de la décisive bataille de Fontenoy (Belgique) en 1745.

JOSEPH PARENT (1780-1837) D'APRÈS GIUSEPPE-PIETRO BAGETTI (1764-1831)
Vue du village de la Ferrara et du torrent du Ri, avec les monts Baldo, Serbiole et Albare Vers 1803-1805
Aquarelle et gouache
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 2505

Vue du village de la Ferrara et du torrent du Ri, où une division de l'armée française repousse les attaques de l'armée autrichienne. Elle se maintient jusqu'à l'arrivée des troupes emmenées par Bonaparte dans le bassin de Rivoli le 12 janvier 1797.

JOSEPH CHINARD (1756-1813)
Louis-Charles-Antoine Desaix (1768-1800), général 1803-1808
Marbre
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 1590

Commandé par Bonaparte en 1808, ce buste parvient à Fontainebleau en 1810. Très admiré par le futur empereur, le jeune général Desaix est mortellement blessé lors de la fameuse bataille de Marengo (Piémont), le 14 juin 1800.

JARDINS ET SCULPTURES
Dès 1805, Napoléon se préoccupe des jardins du château qui sont abandonnés depuis longtemps. Pour préserver sa tranquillité, il fait planter d'emblée d'épais bosquets dans le jardin de l'Orangerie, devenu jardin de l'Empereur, aujourd'hui jardin de Diane. En 1807, il défend que l'on coupe les arbres qui bordent les allées et demande que l'on replante tout le jardin, afin de le rendre « aussi beau qu'il doit l'être ». En 1810, Maximilien-Joseph Hurtault, le nouvel architecte du palais, relance cette rénovation végétale en créant un un "jardin anglais", encore en place aujourd'hui. Il invente un nouveau tracé des allées et crée une rivière artificielle. Les platanes et les peupliers d'Italie qu'on y plante lui donnent une saveur méridionale, comme à l'époque de François Ier. On prévoit même de l'agrémenter d'un embarcadère et de fabriques. Du côté du canal, les cascades du Tibre sont remises en état. En 1813 parviennent les premières sculptures: Télémaque chez Sésostris de Marin, un Gladiateur Borghèse et un Gladiateur mourant en bronze. Dans le jardin de l'Empereur, la fontaine de Diane est restaurée et on y installe la plus jolie sculpture du domaine, L'Amour jaloux d'un papillon d'Egensviller. Dans la forêt, lors de ses séjours, Napoléon se livre souvent à la chasse, activité qu'il apprécie particulièrement.

CARLE VERNET (1758-1836)
Napoléon chassant à courre en forêt de Fontainebleau Vers 1810-1811
Huile sur toile
Paris, musée de la Chasse et de la Nature, 64.54.1

Contrairement à la légende, Napoléon s'adonne volontiers à la chasse. En 1804, il rétablit même l'office de grand veneur qu'il confie au maréchal Berthier. A Fontainebleau, il participe à plus de quarante chasses. Son uniforme de chasse est vert à galons dorés et argentés

LES APPARTEMENTS DES PRINCES

BUSTE D'EMPEREUR ROMAIN,
TIBÈRE (42 AV. J.-C.-37 APR. J.-C.)
1810-1815
Marbre blanc et marbre de couleur
Fontainebleau
musée national du château, SNS 109

La salle des Empereurs subsiste au moins jusqu'au règne de Louis-Philippe. Plusieurs autres bustes en provenant sont conservés dans les réserves du château. La thématique est une allusion transparente au pouvoir napoléonien.

BUSTE D'EMPEREUR ROMAIN, HADRIEN (76-138)
1810-1815
Marbre blanc et marbre de couleur
Fontainebleau
musée national du château, SNS 111

Dans les dernières années de l'Empire, l'architecte Hurtault aménage,à l'emplacement du Vieux Chenil, une salle de verdure ornée de bustes d'empereurs, inspirée par la Vie des douze Césars de l'historien latin Suétone. Elle reçoit le nom de salle des Empereurs.

ALEXANDRE HERSENT (1781-1852), MARBRIER Vase de la fontaine de Diane
1813
Marbre
Fontainebleau
musée national du château

A partir de 1811, l'architecte Hurtault entreprend la restauration de la fontaine de Diane qui est reconstruite en marbre à la demande de l'Empereur. Elle est détruite en partie en 1968. Le vase exposé en est l'un des éléments conservés en réserve.

LA DÉCORATION INTÉRIEURE
En 1804, l'Empereur et l'Impératrice s'installent dans les anciens appartements royaux. Le Mobilier impérial engage alors le remeublement du château, laissé vide depuis la Révolution. En 1805, un règlement d'étiquette vient préciser l'usage des salles et définit des normes d'ameublement. En 1805, 1807, puis 1810 l'Empereur fait modifier ou enrichir ses appartements. Une salle du trône est créée en 1808. La même année, les petits appartements sont complètement refaits. De somptueux projets sont proposés à l'Empereur mais celui-ci veille à modérer les dépenses. Comme pour l'architecture monumentale, Percier et Fontaine sont partie prenante dans ces travaux, dont l'exécution est confiée aux architectes du palais, Antoine Leroy et son successeur Maximilien-Joseph Hurtault. Sont également rénovés de nombreux appartements destinés aux membres de la famille impériale, les plus beaux étant inaugurés en 1810 au rez-de-chaussée et au premier étage de l'aile Louis XV. Jacob-Desmalter, l'ébéniste de l'Empereur, est le principal fournisseur du mobilier déployé dans ces espaces à l'aménagement desquels contribuent de nombreux tapissiers et bronziers, sans oublier les apports de vases d'ornement et de services de table par la manufacture de Sèvres.

L'APPARTEMENT DE L'EMPEREUR

PARIS,MANUFACTURE DES GOBELINS, ATELIER DE HAUTE LISSE DE PIERRE-FRANÇOIS COZETTE 1784-1787
Tenture de L'Histoire de Jason d'après Jean-François de Troy (1679-1752)
Le Départ de Jason et de Médée après la conquête de la toison d'or
Laine et soie, 424 × 520 cm Paris, Mobilier national, GMTT 197/2

Cette tenture célèbre, créée pour Louis XV, est employée en 1806 dans la salle à manger de l'Empereur (salon François Ier), qui a su apprécier son contenu héroïque.

L'APPARTEMENT DE L'IMPÉRATRICE

Vases, assiettes et objets divers de la manufacture de Sèvres

LES TABLEAUX
En matière de Beaux-Arts, l'Empire inscrit ses pas dans ceux de la Renaissance. Le château de Fontainebleau bénéficie ainsi de la plus riche dotation picturale de tous les palais impériaux. En 1810, on y compte plus de 250 tableaux de maîtres. Vivant-Denon, le directeur du musée Napoléon, est chargé de la sélection des oeuvres qui doivent rendre au palais sa splendeur perdue. Les premiers apports remontent à 1804, à l'occasion du séjour du pape, et comprennent quelques beaux tableaux saisis en Italie. Mais les peintures les plus importantes sont accrochées en 1807 et 1808. Leur arrivée fait suite aux victoires françaises en Allemagne, où sont saisies les collections des galeries de Berlin, Brunswick, Cassel et Schwerin. En raison de ces provenances germaniques, les œuvres parvenues à Fontainebleau ont souvent une origine artistique nordique. Ainsi plusieurs tableaux de Rubens et de Rembrandt viennent pour la première fois enrichir le château. Si leurs emplacements ne sont pas tous connus, on sait que les peintures les plus prestigieuses décorent les appartements de l'Empereur et ceux des princes. Elles sont complétées de nombreuses gravures, superbement encadrées, représentant les meilleurs tableaux ou antiques de la collection du musée Napoléon. La chute de l'Empire et le Congrès de Vienne entraînèrent la restitution des œuvres saisies et l'oubli de cet épisode fastueux.

ATTRIBUÉ À GIOVANNI
FRANCESCO CASTIGLIONE (1641-1710)
Le Départ de Jacob pour Canaan Seconde moitié du XVIIe siècle
Huile sur toile
Fontainebleau musée national du château, INV. 239

Ce beau tableau génois est saisi à la Révolution dans les collections du maréchal de Noailles. En 1809, il est envoyé à Fontainebleau pour la décoration des appartements impériaux. Depuis lors, il n'a pas quitté le palais.

FRANÇOIS VANLOO (1708-1732)
Le Triomphe de Galatée 1732
Huile sur toile
Fontainebleau musée national du château, INV. 6250

Ce chef-d'oeuvre de l'art rocaille, exécuté par un contemporain de François Boucher disparu prématurément, parvient à Fontainebleau en 1806. Il est installé dans la chambre à coucher de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie.

ANTOINE -FRANÇOIS CALLET
(1741-1823)
Allégorie du rétablissement du culte 1802
Huile sur toile
Amiens, musée des Beaux-Arts, MPD 2002.1.1

Les quatre tableaux allégoriques de Callet exposés sont acquis en 1806 afin de porter assistance à cet artiste âgé. Ils sont envoyés à Fontainebleau la même année. C'est en vertu du concordat de 1801 que le Premier consul rétablit le culte catholique.

BENJAMIN ZIX (1772-1811)
L'Enlèvement de la galerie de Cassel 1807
Esquisse au crayon, encre noire ou gris foncé et lavis sépia. Signé BZ en bas à droite
Paris, Bibliothèque nationale de France, coll. Hennin 13174

Après la victoire d'Iéna (14 octobre 1806), la principauté
de Hesse-Cassel est placée sous administration française. En 1807-1808, une soixantaine de tableaux saisis dans la galerie de Cassel est envoyée a Fontainebleau.

GIOVANNI-ANTONIO BURRINI (1656-1727)
Le Martyre de sainte Victoire
Vers 1682-1683
Huile sur toile
Compiègne, musée national du château, INV. 133

Ce tableau saisi dans la galerie des ducs de Modène en 1796 est envoyé à Fontainebleau en 1804. Il est d'abord accroché en raison de son sujet dans la chambre du pape, puis dans l'antichambre de l'Empereur (salle des Gardes).

ANTOINE-FRANÇOIS CALLET
(1741-1823)
Allégorie de la bataille de Marengo, 14 juin 1800 1800
Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 1700

Le 14 juin 1800, Bonaparte remporte la célèbre bataille de Marengo (Piémont) sur les armées impériales
du Saint-Empire. Pour composer son tableau, l'artiste s'est souvenu de l'art de Charles Le Brun (1619-1690).

JEAN-BAPTISTE-SIMÉON CHARDIN (1699-1779) Les Attributs des Arts 1765
Huile sur toile Paris, musée du Louvre, INV. 3199

Cet important dessus-de-porte a été réalisé en 1765 pour Louis XV à Choisy, avec un autre figurant Les Attributs de la musique (musée du Louvre). Parvenus à Fontainebleau en août 1806, ils sont placés dans la salle à manger de l'Empereur (salon François Ier).

ANTOINE-FRANÇOIS CALLET (1741-1823)
Allégorie de la reddition d'Ulm, 20 octobre 1805 1806
Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 1708

Le 20 octobre 1805, Napoléon obtient la reddition de l'armée autrichienne à Ulm (Bade-Wurtemberg), en la bloquant dans la ville. Cette victoire est annonciatrice de celle d'Austerlitz.

ANTOINE FRANÇOIS CALLET
(1741-1823)
Allégorie de la bataille d'Austerlitz, 2 décembre 1805
1806 Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 1712

Le tableau célèbre la plus fameuse bataille de Napoléon, dite des "trois Empereurs", qui l'oppose le 2 décembre 1805, au nord de Vienne, aux armées dirigées par François Ier d'Autriche et Alexandre Ier de Russie.

VALERIO CASTELLO (1624-1659)
Le Repos de la Sainte Famille Vers 1649-1650
Huile sur toile
Compiègne, musée national du château, INV. 237

Ce tableau saisi au collège des
Quatre-Nations (Institut de France) sous la Révolution parvient à Fontainebleau en 1804. Il est d'abord placé en raison de son sujet dans la chambre du pape, puis dans l'antichambre de l'Empereur (salle des Gardes)

LES BIBLIOTHÈQUES DE L'EMPEREUR
S'entourant habituellement de livres pour son travail quotidien comme pour sa réflexion dans les domaines politiques et stratégiques, Napoléon demande dès 1804 la création d'une bibliothèque à Fontainebleau. Celle-ci est censée rappeler celle que François Ier y avait installée à la Renaissance. Le fonds doit comprendre un minimum de 30 000 ouvrages et un budget particulier y est alloué. D'abord située dans le cabinet de travail de l'Empereur au premier étage du château, elle connaît un accroissement majeur lorsque la bibliothèque du Conseil d'État est transférée de Paris à Fontainebleau en 1807. Celle-ci est alors installée dans la chapelle haute Saint-Saturnin, dans une présentation qui n'est pas sans rappeler celle des bibliothèques des anciennes abbayes allemandes. En 1808, c'est la bibliothèque personnelle de l'Empereur qui est transférée au rez-de-chaussée, sous sa petite chambre, avec laquelle elle communique et où l'on peut encore l'admirer. Plus de 20 000 ouvrages d'origine impériale subsistent encore aujourd'hui à Fontainebleau, dont les plus anciens remontent à la Renaissance. Nombre d'entre eux proviennent de saisies de biens d'émigrés ou des collections de la famille royale. Le reste correspond aux achats napoléoniens qui ont tous conservé leur magnifique reliure aux armes de l'Empire français.

Créée à partir des collections du Conseil d'État et du Tribunat qui ont été constituées sur la base des confiscations révolutionnaires, la bibliothèque impériale de
Fontainebleau comprend de nombreux ouvrages anciens pouvant provenir de collections aristocratiques ou de monastères, comme le Artis auriferae, qui appartenait à celui des Anges gardiens. La plupart de ces ouvrages ont conservé leur reliure d'origine. Le Della misura dell'acque correnti, avec sa reliure en parchemin et son titre manuscrit, en est un bel exemple. Certains ont reçu une nouvelle reliure aux armes de Napoléon, tel le Stephani Doleti imprimé en 1537. Hormis quelques exemplaires, les reliures présentées ici se caractérisent par des dos à nerfs, en usage jusqu'à la fin du XVIII siècle.

01
LE NOUVEAU TESTAMENT C'EST À DIRE LA NOUVELLE ALLIANCE DE NOSTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST SUIVI DE LES PSEAUMES DE DAVID MIS EN RIME FRANÇOIS
Par Clément Marot et Théodore de Bèze
Charenton, Pierre Des Hayes, 1647
Fontainebleau
musée national du château,
dépôt de la Bibliothèque nationale de France, FB-26576

Cet ouvrage provient de la bibliothèque du Conseil d'État. Il est relié en maroquin rouge mosaïqué de maroquin brun et présente un décor compartimenté de petits fers filigranés

02
FELSINA PITTRICE... TOMO SECUNDO
Carlo Cesare Malvasia
(1616-1693) Bologne, héritier de Domenico Barbieri, 1678
Fontainebleau
musée national du château, dépôt de la Bibliothèque nationale de France, FB-22172
Cet ouvrage remarquable a fait partie de la bibliothèque de Colbert (1619-1683). Dédié à Louis XIV, il est relié en maroquin rouge et décoré d'un soleil. Provenant de la bibliothèque du Conseil d'État, il parvient à Fontainebleau en 1807
La composition de la bibliothèque de Napoléon témoigne de l'universalité de ses centres d'intérêt. Établie dès 1804, elle se constitue rapidement grâce à d'importants achats d'ouvrages anciens et modernes. La sélection exposée comprend des éditions importantes du siècle des Lumières, comme l'Histoire naturelle de Buffon ou le Traité des délits et des peines de Beccaria et met l'accent sur quelques oeuvres littéraires, telles les comédies de Térence, les poésies d'Horace et les oeuvres de Regnard. On remarque le parti pris d'harmonisation des reliures, au décor sobre et élégant, réalisées majoritairement dans un cuir fauve, frappées aux armes de l'Empereur et souvent marquées de la mention << Fontainebleau » sur le plat.

01
HISTOIRE DES DÉCOUVERTES ET CONQUESTES DES PORTUGAIS DANS LE NOUVEAU MONDE... TOME SECOND
Joseph-François Lafitau (1681-1746)
Paris, Saugrain père, Jean-Baptiste Coignard, 1733
Fontainebleau
musée national du château, dépôt de la Bibliothèque nationale de France, FB-23679

Ce volume présente une reliure caractéristique des ouvrages de la bibliothèque de Napoléon, avec sa couverture en veau fauve aux armes impériales et la mention Fontainebleau ». Le chiffre PB (Pagerie Bonaparte) dans les angles montre que l'ouvrage a appartenu à l'Impératrice Joséphine

02
ALMANACH NATIONAL DE FRANCE, AN XII DE LA RÉPUBLIQUE
Paris, Testu, an XII [1803-1804]
Fontainebleau
musée national du château, dépôt de la Bibliothèque nationale de France, FB-30220

Publication annuelle présentant l'organisation administrative de la France, cet almanach de l'an XII est relié en maroquin rouge à grain long et porte le chiffre de Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul

03
HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX, TOME PREMIER
Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788)
Paris, Imprimerie royale, 1770
Fontainebleau
musée national du château, dépöt de la Bibliothèque nationale de France, FB-2691

Cet exemplaire de l'Histoire naturelle de Buffon, qui comprend plus de trente volumes, provient de la bibliothèque du Conseil d'Etat et est conserve, sous le Premier Empire, dans la bibliothèque de la chapelle haute Saint-Saturnin. La bibliothèque particulière de l'Empereur conserve un autre exemplaire de cet ouvrage, acquis en 1805.

GEORGES-FRANÇOIS ANTOINE ROBIT (ACTIF DANS LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XIXe SIÈCLE) (D'APRÈS)
Vue de la chapelle Saint-Saturnin transformée en bibliothèque 1812 (date de l'édition originale)
Crayon, encre de Chine, lavis, aquarelle
(Louis Boitte, 1830-1906) musée national du château, F 3065 C.7
Fontainebleau

En 1806, Napoléon fait transférer à Fontainebleau la bibliothèque du Conseil d'État, qui est installée dans l'ancienne chapelle Saint-Saturnin construite par François Ier, Elle reste à cet emplacement jusqu'en 1852.

Comme dans toutes les bibliothéques des palais impériaux, les livres présents sur les rayonnages reflètent l'intense activité politique et militaire de Napoléon. La sélection comprend plusieurs récits des campagnes du général Bonaparte, comme la Relation de la bataille de Marengo, ouvrage majeur commandé pour toutes les bibliothèques palatiales. Le Code civil est représenté par une édition de 1804 et un exemplaire du Code Napoléon de 1808. On peut également mentionner le Vivat in aeternum, partition de la musique du Sacre de Napoléon par Roze. Les reliures impériales sont fréquemment en maroquin rouge. Sur le dos des livres, les nerfs traditionnels ont disparu au profit de «dos longs» compartimentés et décorés d'emblèmes napoléoniens: étoiles, abeilles et aigles essorantes.


DERNIERS PROJETS
Les hautes ambitions de l'Empire amène Napoléon et ses architectes à imaginer splendides projets pour le château. Parmi ceux-ci figure celui qui concerne la galerie de Diane. Celle-ci, bâtie sous Henri IV, s'étant retrouvée ruinée par manque d'entretien, la décision est prise de la reconstruire. Percier et Fontaine sor chargés de ce projet, dont la conception a donné lieu à plusieurs dessins spectaculai Bien que mal connu, celui-ci prévoit d'évoq sur les parois les batailles mémorables des campagnes d'Italie de Bonaparte et sur la voûte le souvenir de sa campagne d'Egypte. Les travaux commencent en 181 mais la chute du régime empêche leur achèvement. Subsistent aujourd'hui le cac architectural et le beau décor ornemental réalisé par le peintre Simon-Frédéric Moench. C'est aussi dans les dernières années du règne que l'architecte du palais Hurtault, conçoit plusieurs reconstruction ou embellissements du château, concerna notamment la façade de la cour d'honneu le bâtiment de l'orangerie, brûlé en 1789, et les écuries du Carrousel dans le sud du domaine. Là encore, ils resteront lettre morte, mais de superbes projets dessinés en conservent la mémoire.

JEAN-BAPTISTE DEBRET (1768-1848)
Douze esquisses pour le décor de la voûte de la galerie de Diane 1812-1813
Crayon et aquarelle; signées sur les boucliers: Debret »; quatre allégories de deux fleuves (Darse et Pô; Arno et Tibre; Jourdain et Natron; Nil et Almadie); deux allégories des campagnes d'Egypte et d'Italie
Fontainebleau musée national du château, F-2021.25

Ces esquisses de Jean-Baptiste Debret, qui a collaboré à plusieurs reprises avec Percier et Fontaine, viennent apporter un éclairage nouveau sur l'iconographie envisagée pour la galerie de Diane autour du thème des campagnes d'Egypte et d'Italie de Bonaparte

La vertu trompée par l'amour

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