samedi 2 octobre 2021

Translation au musée des Beaux-Arts de Troyes en septembre 2021


Exposition au musée des Beaux-Arts de quelques œuvres du musée d'art moderne, fermé actuellement pour une rénovation d'ampleur. Une jolie présentation :

LE MUSEE D'ART MODERNE DE TROYES

Le musée d'Art moderne est créé suite à la donation à l'État en 1976 de près de 2 000 œuvres par Pierre et Denise Lévy, couple d'industriels troyens. Celle-ci est faite à la seule condition que les œuvres soient exposées dans un lieu spécifique à Troyes. En ce sens, la Ville acquiert l'ancien palais épiscopal du XVIIe siècle afin de le transformer en l'actuel musée, inauguré en 1982.

Après des études de commerce et de textile, Pierre Lévy (1907-2002) arrive à Troyes en 1927 et épouse Denise Lièvre (1911-1993) l'année suivante. Son beau-père lui confie la gestion de son entreprise, Le Jersey troyen, qui devient par la suite, sous le nom de Devanlay et Recoing, le leader de la bonneterie, notamment avec la marque Lacoste.

En 1937, le couple Lévy rencontre l'artiste troyen, Maurice Marinot qui devient un de leurs plus proches amis. Sur ses conseils, ils achètent en 1941 un petit paysage de Cézanne que Pierre Lévy définit comme la pierre angulaire de sa collection. Cette même année, ils fuient l'Occupation et se réfugient en zone libre à Valençay où leurs échanges avec des conservateurs de musée et des artistes nourrissent leur désir de former une collection.

Au sortir de la guerre, ils regagnent Troyes et l'entreprise prospère de nouveau. Cependant, pour Pierre Lévy « ne penser qu'à gagner de l'argent n'est pas amusant, il faut chercher autre chose ». Collectionner devient un second métier qu'il apprend auprès de Maurice Marinot et d'André Derain ainsi qu'au travers de ses lectures et de ses visites régulières à Paris. Sa collection s'enrichit ainsi, durant près de quarante ans, des œuvres que le couple acquiert en galeries, ventes publiques et auprès des artistes.

Ma simple ambition, c'est que [le visiteur] comprenne bien qu'une collection se fait avec cœur.

Pierre Lévy, Des artistes et un collectionneur, 1976

Félix Vallotton
(Lausanne, Suisse, 1865- Paris, 1925)
Femme cousant dans un intérieur, 1905 Huile sur toile
Je comprends parfaitement les femmes qui font de la broderie par chagrin, et celles qui font du crochet parce que la vie existe. [...] Vivre, c'est faire du crochet avec les intentions des autres.
Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquillité
André Mare
(Argentan, 1887 - Paris, 1932)
Les Attributs de la musique, 1921
Huile sur toile
Henri Matisse
(Le Cateau-Cambrésis, 1869- Nice, 1954)
La Liseuse, vers 1922-1923
Huile sur toile

Dans les années 1920, Matisse réalise plusieurs oeuvres sur le thème de la lecture. Au sein d'une composition resserrée à l'atmosphère sereine, le peintre choisit de traiter la nature morte avec autant d'importance que le modèle féminin.
Pierre Bonnard
(Fontenay-aux-Roses, 1867 - Le Cannet, 1947)
Les Coquelicots, vers 1912
Huile sur toile
Félix Vallotton
(Lausanne, Suisse, 1865- Paris, 1925).
Dahlias rouges et livre ouvert, 1924
Huile sur toile
"Il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir. " Henri Matisse
Joseph Csaky
(Szeged, Hongrie, 1888- Paris, 1971)
Éphèbe debout, non daté

Ossip Zadkine
(Smolensk, Russie, 1890 - Paris, 1967)
Projet de monument à Guillaume Apollinaire, vers 1937-1938

Juan Gris
(Madrid, Espagne, 1887- Boulogne-Billancourt, 1927)
Compotier et verre, 1924
Huile sur toile
Pablo Picasso (1881-1913)
Tête de fou 
Le personnage en bonnet à pointe apparaît en pleine période rose, en 1905. Cette œuvre représente Max Jacob coiffé d'un bonnet de bouffon.Un nombre inconnu de fontes furent exécutées par Ambroise Vollard, son marchand.
Probablement pas plus de 15 exemplaires, de 1905 à 1939. Un exemplaire figure au Musée Picasso, grâce à la dation en paiement de la famille de l'artiste."Picasso le modela un soir où il revenait du cirque en compagnie de Max Jacob ; la technique impressionniste est destinée à accentuer les vibrations lumineuses, mais on y remarque aussi l'influence de Rodin.
Les cavités profondes des yeux opposent la puissance de leurs trous d'ombre, symboles du regard intérieur, au frémissement de la matière et donne au personnage son intemporalité.
On a dit que Max avait posé pour ce buste, on ne l'y reconnaît pas."
Extrait : Le siècle de Picasso, Pierre Cabanne.
Henri Hayden
(Varsovie, Pologne, 1883- Paris, 1970)
Nature morte au violon, 1914
Huile sur toile
André Favory (Paris, 1889, Paris 1937) Nu (dit aussi Vénus campagnarde), non daté, huile sur toile 

André Favory naît dans une famille parisienne qui le prédestine à reprendre l'entreprise paternelle. Il suit des études en ce sens et expose en parallèle, dès 1907, au Salon des Indépendants les ceuvres qu'il réalise en secret. Durant un an, il étudie dans les ateliers des peintres Marcel Baschet et Henri Royer à l'Académie Julian où il rencontre Jean Metzinger, André Lhote ou encore Marie Laurencin. En 1913, it affirme sa vocation de peintre dans un style cubiste influencé par ses amis Roges de la Fresnaye ou encore Henri le Fauconnier.

Après avoir été mobilisé de 1914 à 1919, il reprend la peinture cr du cubisme de ses débuts. Il demande conseil à André De un retour à la figuration et à la représentation du réel. Il a pour prédilection des figures féminines se détachant d'un paysage qui n'est pas sans rappeler l'art de Titien ou de Pierre-Auguste Renoir. Ses sujets et son style traduisent l'influence marquante de Pierre-Paul Rubens qu'il avait déjà pu voir au musée du Louvre mais qui le marque encore plus profondément lors d'un voyage à Bruxelles au début des années 1920.

Favory est un jeune artiste qui expose régulièrement aux Salons des Indépendants, aux Salons des Tuileries et aux Salons d'Automne dans les années 1920-1930 et dont le travail est reconnu par les critiques, collectionneurs et galeristes français et internationaux. Sa disparition au sommet de sa carrière en 1937, tout comme le changement de goût après la Seconde Guerre mondiale font, qu'à l'instar de Derain et bien d'autres artistes figuratifs de la première moitié du XXe siècle, il tombe dans l'oubli. L'histoire de l'art commence à peine à redécouvrir son oeuvre.

Amedeo Modigliani
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, 1920)
Jeanne Hébuterne, 1918
Huile sur toile

Modigliani représente ici sa compagne et peintre, Jeanne Hébuterne, rencontrée en 1917, dans un style mêlant cubisme et primitivisme.
Joseph Csaky
(Szeged, Hongrie, 1888- Paris, 1971)
Nu allongé, 1928

André Derain étudie à l'Académie Camillo à Paris où il se lie d'amitié avec Henri Matisse, de onze ans son aîné. Durant l'été 1905, ils vont à Collioure où ils vivent une véritable « épreuve du feu » marqué par la découverte de la lumière intense du Sud de la France. L'usage des couleurs pures et la simplification des formes permettent aux peintres de ne pas représenter le paysage tel qu'ils le voient mais tel qu'ils le perçoivent au travers de leur sensibilité propre. Plusieurs tableaux de Collioure sont présentés, quelques mois plus tard, au Salon d'Automne à Paris où éclate le scandale de la « Cage aux fauves ».

Port de Collioure est emblématique de cette période. La préparation blanche est laissée apparente pour évoquer la surface argentée de la mer rythmée par les touches en pointillé issues du néo impressionnisme. La perspective est totalement ignorée au profit d'une composition se structurant par des bandes horizontales successives où, seule la légère diagonale du quai induit une profondeur. L'usage des aplats pour les bateaux et le chariot pose la composition en contrepoint de l'évanescence de la mer et du ciel. Enfin, bien que cette œuvre représente le port de Collioure, la figure humaine en est quasiment absente et se détache à peine des autres éléments dans le coin inférieur droit.

Cette même année 1905, Matisse présente son marchand, Ambroise Vollard à Derain. Celui-ci lui achète toutes ses toiles et lui conseille de se rendre à Londres, à l'instar de Claude Monet. De mars 1906 à février 1907, Derain y effectue trois séjours dont résulte un ensemble de vingt-neuf toiles.

Le parlement est le sujet de plusieurs toiles mais seul Big Ben, en propose une vue rapprochée centrée sur l'horloge. Le bateau, la touche pointilliste ainsi que le jeu du reflet dans l'eau ne sont pas sans rappeler les œuvres réalisées à Collioure. La couleur structure la composition et s'affranchit de tout réalisme, proposant ainsi une atmosphère évoquant tout autant le soleil au zénith qu'une nuit étoilée.

Hyde Park, offre une vision insolite du célèbre parc londonien. Cette fois ci, Derain centre sa composition non pas sur un élément architectural mais sur la figure féminine dont la silhouette répond à celle des arbres. De sa tête, semble irradier les allées grouillant d'autres personnages. Le bleu, déjà présent, dans Big Ben, vient ponctuer le jeu de contraste entre le rose irréel des allées et le vert vif des pelouses. Le traitement en aplats traduit, quant à lui, l'influence.

André Derain (Chatou, 1880- Garches, 1954)
Hyde Park, vers 1906
Huile sur toile

André Derain
(Chatou, 1880- Garches, 1954)
Big Ben, Londres ou Big Ben, 1906
Huile sur toile
André Derain
(Chatou, 1880- Garches, 1954)
Port de Collioure, le cheval blanc, 1905 Huile sur toile
Jean-François Millet
(La-Hague, 1814 - Barbizon, 1875)
Portrait d'Augustine Fournerie, née Doré, vers 1840 Huile sur toile

Jean-François Millet
(Gréville-Hague, 1814-Barbizon, 1875)
Portrait de monsieur Doré,
 vers 1840 Huile sur toile
Kees van Dongen
(Delfshaven, Pays-Bas, 1877-Monaco, 1968)
Portrait de Claudine Voirol,
 1911 Huile sur toile
André Derain
(Chatou, 1880- Garches, 1954)
Portrait du Docteur Mardrus, 1925
Huile sur toile
André Derain
(Chatou, 1880- Garches, 1954)
Tête de femme ébouriffée,
vers 1945 Huile sur toile
Il y a deux façons de faire des portraits : on peut chercher le dessin exact des traits ou bien on peut chercher la vie. Ça fait un tout autre rythme. André Derain
Edgar Degas (Paris, 1834- Paris, 1917)
Cheval en marche, non daté
Cheval et jockey, non daté
Bronze (fonte Hébrard, 1921-1931)
Ursula Morley-Price
(Londres, 1936)
Large Mouth Form, 2012
Grès émaillé
Raoul Dufy

(Le Havre, 1877 - Forcalquier, 1953)
L'Atelier, vers 1940
Huile sur toile

Traitant du thème classique de l'atelier, ce tableau est caractéristique de son style où la couleur s'affranchit de la ligne, brouillant ainsi les limites entre œuvres et architecture, entre intérieur et extérieur.

Bernard Buffet
(Paris, 1928-Tourtour, 1999)
L'Atelier, 1956 Huile sur toile

« Des gris sales, des terres comme délavées, des ton verdâtres, des tristes objets dont les contours font penser à ceux des chats maigres, lui servent à manifester un indéniable tempérament de coloriste né (...) ». Les Nouvelles littéraires, 1948
Balthus
(Paris, 1908 - Rossinière, Suisse, 2001)
La Fenêtre, cour de Rohan, 1951
Huile sur toile
André Masson
(Balagny-sur-Thérain, 1896- Paris, 1987)
Hora de todos,
 1937 Huile sur toile

Cette œuvre, dénonçant la Guerre d'Espagne, reprend le titre d'un ouvrage critique de l'auteur espagnol du XVIIe siècle, Francis de Quevedo, L'Heure de tous.
Nicolas de Staël
(Saint-Pétersbourg, Russie, 1914 - Antibes, 1955)
Composition abstraite, 1948
Huile sur toile

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