dimanche 3 octobre 2021

Revoir Paris, Henri Cartier-Bresson au musée Carnavalet en septembre 2021


Le musée Carnavalet - Histoire de Paris s'associe à la Fondation Henri Cartier-Bresson pour mettre en lumière l'importance de Paris dans la vie et l'œuvre d'Henri Cartier-Bresson (1908-2004), l'un des plus importants photographes français du XX° siècle. L'exposition revisite les liens tissés par l'artiste avec une ville où il a toujours habité et qui l'a nourri artistiquement. Là où il a réalisé nombre de ses images les plus mémorables..

Après des débuts marqués par l'influence du photographe Eugène Atget et des artistes surréalistes, Cartier-Bresson devient, à partir des années 1930, un voyageur au long cours, avec Paris comme port d'attache. Mais à Paris comme ailleurs, son boîtier ne le quitte pas. Photographier est pour lui un état d'esprit, une respiration, une affirmation, une protestation parfois. Dans une ville qu'il ne cesse de redécouvrir, c'est la façon don l'être humain bouge ou occupe l'espace qui l'intéresse. Les anonymes sont le plus souvent saisis dans la rue, quelques personnalités aussi, quand d'autres sont photographiées chez elles. Passionné d'actualité, Cartier-Bresson témoigne aussi de grands événements comme la Libération en août 1944 et Mai 68 mais aussi de moments de ferveurs ou de combats politiques que sont les manifestations de rue.

L'errance est le trait d'union entre les deux facettes de Cartier-Bresson à Paris. Flâneur libre et aimanté par les quais de la Seine ou le Paris des marges, il est aussi l'auteur - bien moins connu de très nombreux reportages et commandes pour la presse internationale, dont il ne retient souvent qu'une image dans ses livres et expositions. De cette mosaïque, il ressort un lien complexe entre sa ville et sa photographie: Paris incarne la vie entre les voyages, le lieu où commence et où s'achève l'œuvre, là où elle n'est jamais en pause et s'accomplit.


La Villette, 1929

Tirage réalisé à la fin des années 1970 d'après un négatif 6 x 9 (Kodak) Fondation HCB, Paris

Image retenue par Henri Cartier-Bresson en 1933 pour sa première exposition à la galerie Julien Levy à New York (identifiée: «homme par terre, femme regardant à Belleville »).


PARIS, LE CREUSET ARTISTIQUE (1929-1933)

Henri Cartier-Bresson devient photographe en adoptant le Leica, un appareil à main qui se porte à hauteur d'œil. Il est adapté à son ambition : composer des images sur le vif. Mais l'artiste apprend à voir avec la peinture, notamment au musée du Louvre, et à comprendre le monde à travers la littérature. Issu d'une famille de la grande bourgeoisie, il n'a pas le désir de reprendre l'en- treprise familiale de cotons à coudre. En 1926, à 18 ans, il rejoint l'atelier du peintre cubiste André Lhote. C'est là qu'il forge son goût pour la géomé- trie. Il fréquente aussi les surréalistes, assiste aux débats organisés autour d'André Breton dans les cafés de la rive droite et adhère à l'esprit de révolte

qui anime ce groupe. À partir de 1929, il expéri mente la photographie avec plusieurs appareils un Kodak à soufflet qu'il tient au niveau de l'ab domen, une chambre qu'il pose sur un pied, puis un appareil miniature Krauss, acheté en Afrique. Il s'inspire parallèlement des images de photo graphes modernes, aussi bien des vitrines enregis trées par Eugène Atget que des instantanés d'André Kertész publiés dans la presse d'avant garde. En 1933, il retient plusieurs de ses premières images parisiennes pour une exposition, qui a lieu à la galerie Julien Levy à New York.

Quai de Javel, 1932

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition « Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Image retenue par Henri Cartier-Bresson en 1933 pour sa première exposition à la galerie Julien Levy à New York (identifiée: «Hommes et sacs, quai de Javel »).
Place de l'Europe, derrière la gare Saint-Lazare, 1932
Tirage réalisé en 1984
pour l'exposition << Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Image retenue par Henri Cartier-Bresson en 1933 pour sa première exposition à la galerie Julien Levy à New York (identifiée : « Homme sautant place de l'Europe »). Ce premier chef-d'œuvre résume le génie de Cartier-Bresson. Il montre son sens de l'anticipation et sa capacité à déclencher au meilleur moment. Alors que la scène est saisie derrière une palissade, le photographe a dû recadrer exceptionnellement son cliché au moment du tirage pour faire disparaître le flou du premier plan.
Avenue du Maine, 1932

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition « Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Image retenue par Henri Cartier-Bresson en 1933 pour sa première exposition à la galerie Julien Levy à New York (identifiée: «<Mr Grevin >>).
Place Pigalle, 1932

Tirage d'époque réalisé par l'auteur Fondation HCB, Paris

Image retenue par Henri Cartier-Bresson en 1933 pour sa première exposition à la galerie Julien Levy à New York (identifiée : << Marcelle et siphons »). Elle est aussi une des premières images publiées du photographe. Elle paraît en couverture du Crapouillot, en avril 1933, une revue qui a consacré un numéro spécial à Eugène Atget, en 1929.
Dimanche sur les bords de Seine près de Juvisy-sur-Orge, 1938 
Tirage réalisé en 1975 pour l'exposition itinérante « 40 ans de photographie >> Musée d'Art moderne de Paris

Cette photographie a été prise dans le cadre d'un reportage sur les loisirs en bords de Seine pour le magazine Regards, qui ne la publiera finalement pas. Cartier-Bresson la retient, tirée en grand format, pour sa première rétrospective qui a lieu au Museum of Modern Art de New York, en 1947. Elle est devenue ensuite une image emblématique des congés payés.
Aubervilliers, 1937

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition «Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Dans le cadre d'un concours ouvert aux lecteurs intitulé « Le mystère de l'enfant perdu »>, le quotidien Ce soir publie chaque jour pendant un mois le portrait d'un enfant en première page. Peuvent gagner les parents qui le reconnaissent et les lecteurs qui identifient l'arrondissement de Paris ou la commune de banlieue où le cliché a été pris. Cette image, prise pour ce concours, est une variante de celle publiée le 5 mars 1937 par le quotidien, qui lui a préféré une photographie où l'enfant pose tout sourire.

LA LIBÉRATION DE PARIS (AOÛT 1944)

À la suite du pacte de non-agression entre l'Allemagne et l'Union soviétique, le 23 août 1939, le gouvernement français interdit L'Humanité et Ce soir. Juste avant d'être mobilisé, Cartier-Bresson fait le tri dans ses négatifs, conserve les vues qui l'intéressent et détruit le reste. Capturé le 22 juin 1940 dans les Vosges, il s'évade le 10 février 1943, se cache pendant trois mois dans une ferme en Indre-et-Loire puis rejoint la Résistance à Lyon. Il obtient de faux papiers grâce au Mouvement national des prisonniers de guerre et des déportés (MNPGD) et effectue des allers-retours entre la province et Paris. Le 19 août 1944, il regagne

la capitale alors que les troupes américaines sont à ses portes. Il y retrouve d'autres photographes dont Robert Doisneau, Brassaï, René Zuber et travaille en association avec eux. La Libération de Paris est un des rares grands événements d'actualité que couvre Cartier-Bresson. Il quadrille la capitale pendant plusieurs jours en évitant les combats, suit l'édification des barricades, le défilé du général de Gaulle, et photographie aussi les locaux abandonnés de la Gestapo.
Cour du Carrousel, 25 août 1944
Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition « Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Le général de Gaulle prend la tête du défilé qui va de l'Arc de Triomphe à Notre-Dame, 26 août 1944
Quai des Grands-Augustins, 23 août 1944
Tirage réalisé dans les années 1970 Fondation HCB, Paris

PREMIERS PORTRAITS SUR COMMANDE (1944-1946)

Avant la Libération, Cartier-Bresson photographie des peintres et des écrivains, à la demande de l'éditeur Pierre Braun, afin d'illustrer une série de petites monographies, «Visages d'aujourd'hui», qui ne seront jamais publiées. Carmel Snow, direc- trice du mensuel américain Harper's Bazaar, spécia- lisé dans la mode, lui commande d'autres portraits d'artistes, écrivains et créateurs de mode, dont beaucoup vivent à Paris. Ces séances de portrait prolongent l'esthétique de l'instantané chère au photographe. Les visages saisis dans la rue donnent

l'impression d'une rencontre fortuite alors que ceux réalisés en intérieur semblent plus le résultat d'une visite de courtoisie que d'une séance de pose. En revisitant son œuvre en vue d'une expo sition au Museum of Modern Art de New York, en 1947, Cartier-Bresson sélectionne de nombreux portraits réalisés depuis 1944. En 1946, il tire lui-même quelque trois cent cinquante épreuves de petit format dont plusieurs sont exposées ici.
Albert Camus, 1944

Tirage réalisé par l'auteur en 1946 Fondation HCB, Paris Portrait de l'écrivain publié dans le mensuel Harper's Bazaar (avril 1945).
Pablo Picasso et Paul Éluard, atelier de Picasso, rue des Grands-Augustins, 1944
Tirage réalisé par l'auteur en 1946 Fondation HCB, Paris
Irène et Frédéric Joliot-Curie, 1944-1945

Tirage réalisé en 1946 Fondation HCB, Paris

Portrait publié dans Harper's Bazaar (juin 1946). Le cliché, pris lors d'un rendez-vous avec le couple de physiciens, résulte de l'exceptionnelle vivacité du photographe: "J'ai sonné, la porte s'est ouverte, j'ai vu ça, j'ai tiré, j'ai dit bonjour après, ce n'est pas très poli."
Jean-Paul Sartre et Jean Pouillon sur le pont des Arts, 1945

Tirage réalisé à la fin des années 1970 Fondation HCB, Paris Portrait de l'écrivain publié dans le mensuel Harper's Bazaar (avril 1945).

« UN GÉOMÈTRE DU VIF » (1951-1966)

En 1947, avec notamment ses amis Chim, Robert en Inde et la création de la Chine populaire par Capa et le Britannique George Rodger, Henri Mao Tsé-toung. Au printemps 1951, le New York Cartier-Bresson fonde à New York l'agence Times le sollicite pour un sujet sur Paris qu'il étoffe Magnum Photos, une coopérative chargée de les années suivantes afin de le proposer à des diffuser leurs reportages et de défendre leur droit magazines étrangers. Entre deux voyages, Leica d'auteur. Ils décident alors de se partager le au poing, celui qui est devenu le maître de l'instan monde, Cartier-Bresson choisit l'Asie, où il passe tané poursuit ses déambulations à Paris, une ville trois ans - le voyage le plus long de sa vie et de qui entre dans les Trente Glorieuses. Ses images sa carrière. Il est de retour à Paris en novembre de la capitale sont à la fois issues de flâneries

1950 avec comme trophées des parutions et de reportages, publiés ou non. nombreuses et prestigieuses liées à des événe ments majeurs, notamment la mort de Gandhi
Jardin du Palais-Royal, 1959

Tirage réalisé en 1975 pour l'exposition rante\ll40 ans de photographie >> Musée d'Art moderne de Paris
Le Louvre, rue de Rivoli, 1952

irage réalisé en 1973 Fondation HCB, Paris
Image sélectionnée dès 1952 pour un sujet sur Paris.

Place de la Bastille, 1953

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition «Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Les Halles, 1952

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition << Paris à vue d'œil >>
Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Henri, comte de Paris,
Rue Royale, 1951

Terrain vague dans le Marais, 1953
Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition << Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Montmartre, 1953
Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition << Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Toits de Paris, 1953
Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition << Paris à vue d'oeil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Lit
Gennevilliers, 1953

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition << Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Boulevard de la Villette, 1955

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition « Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Gare du Nord, 1955

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition « Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
1980 - André Kertész avec l'appareil de Martine Franck, Martine Franck et Henri Cartier-Bresson à Paris, rue de Rivoli
1935- George Hoyningen-Huene, Henri Cartier-Bresson à New York George Hoyningen-Huene Estate Archives
1942 - Anonyme, Henri Cartier-Bresson pendant sa captivité, Allemagne O Collection Fondation Henri Cartier-Bresson
Jardin des Plantes, 1959 Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition << Paris à vue d'œi! >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Bougival, 1956

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition « Paris à vue d'oeil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Ivry-sur-Seine, 1955

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition « Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Le Vert-Galant, 1956

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition "Paris à vue d'œil" Musée Carnavalet - Histoire de Paris
«Les Six Jours de Paris », Vélodrome d'hiver, novembre 1957
lle de la Cité, 1951

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition « Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris

La Seine, 1951-1956

Cartier-Bresson signe son retour d'Asie avec une image de la Seine prise depuis le pont des Arts, soit un des rares paysages panoramiques de Paris. Dans un jeu symétrique, il embrasse le ciel, l'eau et la ville, qui se déploie de chaque côté de l'île de la Cité. Le photographe est souvent aimanté par le fleuve, qu'il rejoint depuis la rive droite où il habite et où sont installés les bureaux de l'agence Magnum Photos. Cette attirance est confirmée en 1955, quand il suit le cours de la Seine, depuis sa source jusqu'à son embouchure, le sujet étant publié
DANS la série des grands fleuves, berceaux des civilisa tions, Paris-Match vous a emmené au bord du Gange, du Nil, du Mississipi et bientôt vous fera voyager sur le Niger. Aujourd'hui, comme une récréation, nous vous pré sentons le fleuve roi de la France. Il n'a ni l'ampleur ni la majesté de ces gigantesques artères du monde dont nos autres reportages vous racontaient l'histoire. Mais lui aussi fut le berceau d'une civilisation, faite de douceur, de bon goût, la nôtre.

Portraits, 1952-1994

Dans le Paris des années 1950 et 1960, Cartier-Bresson poursuit sa série de portraits de personnalités commencée en 1944. Il travaille en grande partie sur commande. Ses clients sont le plus souvent des magazines américains, Harper's Bazaar puis Vogue (son concurrent) ou Queen. Lors de rencontres à domicile, qu'il continue à assimiler à des visites de courtoisie, il ne prend que quelques clichés. Aucune indication au modèle aucun objet déplacé, pas d'éclairage d'appoint, « surtout pas de flash. Ce n'est pas l'éclairage de la vie ».
Colette et sa dame de compagnie, 1952

Tirage réalisé dans les années 1950 Fondation HCB, Paris
Portrait de l'écrivaine sélectionné dès 1952 pour un sujet sur Paris.
Jean Genet, place de la Bastille, 1963

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition << Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Portrait de l'écrivain publié dans Vogue (1er mai 1964).
Jean-Marie Gustave Le Clézio et sa femme à Saint-Germain des-Près, 1965
André Breton à son domicile, rue Fontaine, 1961
Gabrielle Chanel, dite Coco Chanel, 1964
Alberto Giacometti, rue d'Alésia, 1961

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition «Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Portrait de l'artiste publié dans Queen (mai 1962).
François Mauriac, 1952

Tirage réalisé dans les années 1970 Fondation HCB, Paris
Portrait de l'écrivain publié recadré dans Harper's Bazaar (janvier 1953).
Marcel Duchamp et Man Ray au domicile de Man Ray, rue Férou, 1968
Samuel Beckett, 1964
Henri Langlois, 1967
Isabelle Huppert, 1994

ATTENTIF AUX RÉVOLTES

Les manifestations dans les rues de Paris, animées par la résistance et la lutte, sont un motif récurrent dans l'œuvre de Cartier-Bresson. Cette attirance est liée à son caractère et à ses idées libertaires qui expliquent son éloignement du milieu familial, justifient ses liens avec le mouvement surréaliste et plus tard rejoignent ses convictions anticonsuméristes et écologistes. Les rassemblements humains, dans une ville qui les attire tant, sont égale- ment un motif de choix pour un photographe qui cherche, au moyen du cadrage, à mettre de l'ordre dans le chaos. Il assiste aux manifestations qui émaillent la fin de la IVe République en 1958. Il est aussi présent pour l'hommage aux victimes tuées dans la station de métro Charonne en 1962. Alors qu'il prend ses distances avec le photojournalisme, il témoigne pourtant des évènements de Mai 68, qu'il restitue de façon globale et complexe : d'un côté, les étudiants élevant des barricades, occu pant la Sorbonne, ou marchant avec les travailleurs; de l'autre, les partisans de De Gaulle, sur les Champs Élysées, qui sonnent le glas du mouvement.


Manifestation place de la République, 28 mai 1958
Funérailles des victimes de Charonne, 13 février 1962

Tirage réalisé en 1975 pour l'exposition itinérante << 40 ans de photographie >> Musée d'Art moderne de Paris

Le 8 février 1962, une manifestation organisée contre la vague d'attentats menée par l'OAS (Organisation armée secrète), qui refuse l'indépendance de l'Algérie, se finit en bain de sang avec la mort de huit personnes. Après l'ordre de dispersion, les policiers chargent et frappent les manifestants qui s'écrasent contre la grille fermée de la station de métro Charonne. Le 13 février, Cartier-Bresson photographie l'immense cortège qui accompagne les huit victimes enterrées au Père-Lachaise.
La Sorbonne, mai 1968
Vers le stade Charléty, mai 1968
Boulevard Saint-Michel, mai 1968
Rue de Vaugirard, mai 1968

Manifestation 1968

CHANGEMENT DE CAP APRÈS 1968

Boulevard Diderot, 1969
Brasserie Lipp, Saint-Germain-des-Prés, 1969
Porte de Bagnolet, 1969
Vendeur près du boulevard périphérique, 
Images published in the book Vive la France (1970).
Les Halles, 1968

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition «Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
La Défense, 1969
Tirage d'époque Fondation HCB, Paris
Image publiée dans le livre Vive la France (1970).
Salon des arts ménagers, La Défense, 1969
Salon des arts ménagers, La Défense, 1969
Rue Réaumur, 1968

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition << Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Image publiée dans le livre Vive la France (1970).
Avenue des Champs-Élysées, 14 juillet 1969

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition « Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Image publiée dans le livre Vive la France (1970).
Démolition de la gare Montparnasse, 1969

Tirage réalisé en 1984 pour l'exposition «Paris à vue d'œil >> Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Image publiée dans Politique hebdo (29 juin 1972) à la suite d'un article de Patrick d'Elme, «L'ordre du profit structure la ville »>.
Bidonville, Nanterre, 1968
Reportage au journal Le Monde, 14 mars 1985

Tirages de diffusion Fondation HCB, Paris

À la demande du Monde, journal qu'il n'a cessé de lire toute sa vie, Cartier-Bresson réalise un dernier reportage dans les locaux du quotidien, à Paris, à l'occasion du 50° anniversaire de la loi sur la presse. Le 14 mars 1985, au petit matin, il pénètre dans l'immeuble historique de la rue des Italiens, assiste à la conférence de rédaction qui se tient debout et passe ensuite dans les bureaux de journalistes dont il connaît le nom et veut capturer les visages. Il confle le lendemain: «Je me suis bien amusé.>>

FINIR EN DESSIN

En 1972, à 64 ans, apr avoir annoncé qu'il arrê- tait la photographie, ce qui est partiellement vrai, Cartier-Bresson demande à l'artiste Sam Szafran de lui donner des cours de dessin. Son ami Tériade, l'éditeur d'Images à la Sauvette, et d'autres proches l'encouragent dans cette démarche. Cartier- Bresson a besoin de se remettre en question, d'échapper à la routine et à la notoriété. Il pratique un dessin d'observation, classique, dans sa ville, qu'il aborde de façon radicalement différente qu'avec son appareil photographique. Paris n'est plus un décor mais devient le sujet central, évacuant les personnages du cadre. Estimant que la photographie est une action et le dessin une méditation, Cartier-Bresson se pose enfin. Il ne bouge pas, il s'assoit pour regarder des heures dans la même direction. Depuis son appartement de la rue de Rivoli, il observe le jardin des Tuileries, porte son regard jusqu'au Louvre et au musée d'Orsay, qu'il a tant visités. Mais jusqu'à la fin de sa vie, il tient son appareil toujours près de lui pour, à l'occasion, saisir un visage ou une vue plus fugitive de ce même jardin.


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