samedi 2 octobre 2021

Napoléon à la Grande Halle de la Villette en septembre 2021

Je suis allé visiter cette exposition de la Réunion des musées nationaux.
Rapport qualité prix décevant, 20 € pour une présentation très didactique de tableaux venant essentiellement du musée du château de Versailles...



1779-1784 BRIENNE

En décembre 1778, Napoléon quitte la Corse pour Autun. en Bourgogne. Le futur empereur y reste quatre mois, dans l'attente de son affectation dans une des écoles destinées à préparer les fils des gentilshommes au métier des armes. On relève déjà son caractère ombrageux, presque timide. Il entre finalement à l'école de Brienne, en mai. Ces années de formation sont une épreuve pour ce petit garçon qui parle français avec un accent corse, lequel suscite les moqueries. Il travaille, lit, apprend. Quant à ses relations avec ses camarades, elles sont dans l'ensemble mauvaises. Napoléon est l'objet d'un mépris auquel il répond par des réprimandes autoritaires et une assurance déconcertante. Les années 1779-1784 passées à Brienne sont bien celles de la construction d'une dureté faite de labeur et de détermination, qu'il transformera en une extraordinaire énergie au service de son ambition. 

Napoléon Bonaparte 
à l'école de Brienne
Louis Rochet 1857
Bronze argenté
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

1795 1799 UN SOLDAT DE LA RÉVOLUTION

Comme beaucoup d'officiers de sa génération, Napoléon a profité du contexte de la Révolution française pour réaliser une carrière extraordinairement rapide. Les démissions et les renvois des aristocrates de l'armée ont conduit à une valse de promotions de jeunes généraux. 
Ainsi en est il de Napoléon, devenu général de brigade à seulement vingt-quatre ans, après un coup d'éclat stratégique lors du siège de la ville de Toulon alors occupée par les Anglais. Il va à nouveau se distinguer auprès du Directoire à l'occasion d'une révolte de partisans royalistes à Paris en octobre 1795. Responsable de la répression de l'insurrection, il parvient à disperser les émeutiers et à sauver la République. Pour le récompenser, le Directoire lui confie le commandement de l'armée d'Italie. Là encore, Napoléon triomphe, ce qui lui vaut un nouveau commandement, celui de l'armée d'Orient, à la tête de laquelle il mène la campagne d'Egypte, où il subira de nombreuses déconvenues.


Bataille de Lodi, 10 mai1796
Louis-François Lejeune 1804

Détail du tableau précédent 
Détail du tableau précédent

LA CAMPAGNE D'ITALIE

Depuis 1793, la Révolution affronte les monarchies d'Europe coalisées. Au nord de l'Italie, elle combat les armées autrichiennes. En mars 1796, Napoléon prend le commandement de l'armée d'Italie. Alors que la troupe est mal équipée, que manquent chevaux et canons, le jeune général parvient à remporter des victoires où il se distingue par sa bravoure et sa proximité avec les hommes, notamment lors de batailles mémorables, Arcole (17 novembre 1796/27 brumaire an V) et Rivoli (14 janvier 1797/25 nivôse an V). Sa popularité grandit. À son retour, c'est un des généraux les plus célèbres de la Révolution.
 
Napoléon Ier,
empereur des Français
Charles Emile-Marie Seurre
1833-1834 Bronze patiné
musée du château de Versailles 

Ce bronze est une réduction de la statue monumentale de l'Empereur placée au sommet de la colonne Vendôme entre 1833 et 1863 (aujourd'hui dans la cour d'honneur de l'hôtel des Invalides, à Paris).
Cette image du-Petit Caporal- est remplacée en 1863 par un Napoléon vêtu à l'antique, toujours en place.

Bonaparte au pont d'Arcole
Antoine-Jean Gros
1796 Huile sur toile
Paris, musée du Louvre, département des Peintures, en dépôt au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Ce tableau, l'une des icônes de la légende napoléonienne, est le premier portrait officiel du général Bonaparte, et déjà une image de communication qui réécrit le récit d'un combat qui faillit lui coûter la vie. C'est aussi le premier tableau important, d'une facture très libre, d'un jeune peintre au talent prometteur.

LA CAMPAGNE D'ÉGYPTE

En mai 1798, Bonaparte part pour Egypte avec 40 000 hommes. L'objectif est de couper la route commerciale des lndes aux Anglais, contre lesquels la jeune République française est en guerre.

Les Françals remportent plusieurs batailles, comme celle des Pyramides, s'installent au Caire, mais rencontrent une résistance inattendue des Mamelouks du sultan Murad Bey alliés aux Anglais. La flotte française est détruite. Après une nouvelle campagne en Syrie, Napoléon retourne en France. L'expédition a néanmoins eu des aspects positifs Cent soixante dix savants y ont participé. Ils rentrent avec des objets égyptiens. mais surtout des dessins, relevés, lesquels sont les sources d'un ouvrage fondateur : la Description de l'Egypte. Leurs découvertes passionnent les Français et stimulent l'égyptomanie.

Batailles des Pyramides, 21/6/1798
Louis-François Lejeune 
1806 Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Louis-Charles-Antoine Desaix
Andrea Appiani 1801 Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Desaix est l'un des plus remarquables généraux de la campagne d'Egypte. Après la bataille des Pyramides, il est chargé de poursuivre les mamelouks de Mourad Bey vers la Haute-Égypte, dont il fait la conquête jusqu'à Syène (Assouan). Selon le vœu de Bonaparte, l'ordre du jour est bilingue arabe et français pour être compris de tous.

Les Égyptiens et les Français
Les principaux notables égyptiens du Caire, ralliés à Bonaparte, sont regroupés par lui en une assemblée consultative ou «Divan»>-chargée de collaborer avec les Français pour les questions d'administration et de ravitaillement de la ville. Le cheikh Abd Allah al-Sharqâwi, qui en est le premier président, tient son autorité de son enseignement à la mosquée Al Azhar du Caire et montre une habileté politique qui lui permet d'influencer les décisions des Français. Le cheikh Sulayman al-Fayyumî joue souvent un rôle de médiateur entre les Français et la population du Caire.

Le cheikh
Abd Allah al-Sharqâwi, président du grand divan du Caire
Le cheikh
Sulayman al-Fayyûmî, directeur des bourgs et provinces d'Égypte
Michele Rigo
1813 Huiles sur toile

Pendule à cariatide égyptienne
Claude Gallé Vers 1805 Bronze doré et patiné Paris, Mobilier national

Paire de candélabres à sept lumières
Consulat-Empire Bronze doré et patiné Paris, Mobilier national

Bonaparte, Premier consul, franchissant le Grand-Saint-Bernard, le 20 mai 1800
Jacques-Louis David 1802 Huile sur toile, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Ce portrait de David est l'image la plus emblématique de Bonaparte chef de guerre, «calme sur un cheval fougueux», Il fixe l'image du héros des temps modernes, héritier des grandes figures du passé, tels Hannibal et Charlemagne, qui avaient franchi les Alpes avant lui.

Encadrer les religions

Bonaparte entreprend de mettre un terme aux dissensions au sein de l'Église, en signant avec le pape le Concordat, qui précède la réorganisation générale de l'Église catholique en 1802. Les membres du clergé contribuent à assurer la cohésion sociale en recommandant aux fidèles l'obéissance au régime et au catéchisme impérial à partir de 1806. Les cultes protestant et juif sont également réorganisés.

Allégorie de Bonaparte rendant la Religion à la France
Anonyme
Vers 1802 Huile sur toile musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau

1799 1804
LA RÉPUBLIQUE DE NAPOLÉON

Après avoir pris le pouvoir lors du coup diftat du 18 brumaire (9-10 novembre 1799/18 et 19 brumaire an VIII), Napoléon devient Premier consul. Il mène une politique de rassemblement sans précédent depuis 1789: grâce accordée à des prisonniers politiques, retour au fondement de l'égalitarisme républicain, concordat signé avec le pape, lequel met fin au conflit entre la France et le Saint-Siège. Le Consulat correspond aussi à la fondation de la France moderne: création de la Banque de France, du corps préfectoral, du Code civil, des lycées ou encore du Conseil d'État. Ces réformes s'accompagnent d'un nouveau coup d'éclat militaire avec la victoire de Marengo le 14 juin 1800, lequel ne fait qu'accentuer la popularité du Premier consul. Deux ans plus tard, en mars 1802, il démontre qu'il est également capable d'apporter la paix en signant, avec l'Angleterre, le traité d'Amiens, lequel marque une pause dans l'affrontement systématique entre les deux nations depuis le règne de Louis XIV. Ces triomphes lui valent d'être nommé consul à vie la même année.

Napoléon Bonaparte en Premier consul
Antoine-Jean Gros
1802 Huile sur toile
Paris, musée national de la Légion d'honneur

Vêtu du riche costume des consuls de la République, Bonaparte porte l'épée commandée au joaillier Nitot sertie du diamant le Régent et qu'il arborera à diverses occasions dont la cérémonie du sacre. Les documents qu'il désigne de sa main récapitulent les différents traités de paix qu'il a signés.


1802
LE RÉTABLISSEMENT DE L'ESCLAVAGE

Avec la paix d'Amiens en 1802, l'Angleterre rend à la France ses colonies comme la Martinique, où, du fait de l'occupation anglaise, l'esclavage n'a jamais été aboli. À la demande des colons, Bonaparte décide de le maintenir par un décret du 20 mai 1802. En Guadeloupe, où l'esclavage avait été aboli en 1794, il est rétabli par un arrêté du 16 juillet 1802, malgré la résistance menée par les officiers antillais Delgrès et Ignace. C'est la première et unique fois dans l'histoire qu'un pays rétablit l'esclavage après l'avoir aboli. Les Noirs et «gens de couleur» sont alors exclus de la citoyenneté dans les colonies, et interdits d'entrée sur le sol de la métropole, tandis qu'en 1803 les mariages entre personnes noires et blanches sont interdits en France. En Guyane, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion, l'esclavage restera en vigueur jusqu'à son abolition définitive en 1848, par la Seconde République.

Décret-loi autorisant la traite et l'esclavage dans les colonies restituées par le traité d'Amiens
20 mai 1802, [30 floréal an X]
Paris, Archives nationales, A//1055

Ce texte bloque la mise en œuvre du décret d'abolition pris par la Convention le 4 février 1794 qui aurait dû s'appliquer à la Martinique, à Sainte-Lucie, à Tobago, rendues par la paix d'Amiens, comme aux îles de France et de la Réunion. Il répond aux demandes des colons et des Britanniques qui craignent la fin de l'esclavage pour leurs propres colonies.

1799 1803 LE RÊVE AMÉRICAIN

En 1799, la France est une puissance coloniale. Sa principale possession, Saint Domingue (aujourd'hui Haïti), était avant la Révolution la source d'immenses richesses, grâce à l'esclavage. L'aspiration à l'égalité des droits, l'insurrection des esclaves et la guerre franco-anglaise bouleversent l'ordre colonial et conduisent à l'abolition générale de l'esclavage dans les colonies
françaises en 1794. Bonaparte rêve de faire du golfe du Mexique une «mer française ». En 1800, il acquiert la Louisiane, immense territoire entre le Canada et La Nouvelle Orléans, qu'il compte mettre en valeur en s'appuyant sur Saint-Domingue, alors gouvernée par Toussaint Louverture, un ancien esclave qui a vaincu les Anglais. Mais il se méfie de cet ambitieux général noir. En 1801, il envoie une expédition pour le renverser. Son échec et la reprise de la guerre avec la Grande-Bretagne entraînent la vente de la Louisiane aux États-Unis en 1803 et l'indépendance de Haïti en 1804. C'est la fin du «rêve américain» de Napoléon.

L'EMPEREUR

Les dernières années du Consulat ont tout d'un régime républicain certes, mais aussi autoritaire. Napoléon va franchir un nouveau cap dans le renforcement du pouvoir exécutif en étant désigné empereur. Pourquoi choisir ce titre ? D'abord, pour se distinguer des rois. Ensuite, par souci de continuité. Le royaume de France était déjà qualifié d'«empire» depuis le XVIe siècle. Le Sénat proclame Napoléon Bonaparte empereur des Français le 18 mai 1804. En dépit de ce pas décisif vers la monarchie, la Constitution républicaine du régime est maintenue, de même que le sont les assemblées législatives. Les Français sont consultés par la voie d'un plébiscite auquel ils répondent favorablement. Malgré cette transition constitutionnelle irréprochable du point de vue du droit, Napoléon portera, au cours de son règne, des atteintes aux libertés et à cette République à laquelle il se disait attaché.

LE SACRE

Le  sacre a lieu le 2 décembre 1804 en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Au faste de la cérémonie répondent un protocole, une étiquette et des symboles qui révèlent la nature du nouveau régime. Il y a bien sûr des références à l'un des derniers empereurs d'Occident, Charlemagne, dans les pas de qui Napoléon veut inscrire les siens, mais aussi à saint Louis, le protecteur de la dynastie des Bourbons, et à la République. Le plus important des symboles est sans doute la présence du pape. Après des années de lutte entre la Révolution et le Vatican, l'Empereur place finalement son règne sous la bénédiction de Pie VII. En dépit de cette main tendue vers l'Église, Napoléon se couronne lui-même, rappelant ainsi que son pouvoir n'émane pas, comme celui des rois, de Dieu, mais de la volonté du peuple.

Napoléon Ier, empereur des Français (1769-1821)
François Gérard
1808 Huile sur toile
Paris, musée du Louvre, département des Peintures, en dépôt au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Ce portrait du modèle commandé en 1804 à François Gérard est l'image officielle qui traduit le mieux la majesté impériale. L'Empereur est revêtu du grand habillement du sacre, de velours cramoisi richement brodé d'or, et porte la couronne de laurier en or et le grand collier de la Légion d'honneur.
L'impératrice Joséphine
Atelier de François Gérard 1808
Huile sur toile
Rueil-Malmaison, musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau

Ce portrait de l'Impératrice, commandé pour faire pendant à celui de l'Empereur, connaît un grand succès en raison de sa ressemblance avec le modèle. Joséphine porte le grand habillement du sacre, somptueusement brodé d'or, et une riche parure de saphirs et diamants.
La salle du trône
Aux yeux de l'Empereur, les principaux palais doivent comporter une salle du trône dans laquelle le souverain peut donner ses audiences solennelles. On en aménage deux quasiment semblables aux Tuileries, résidence principale, et à Saint-Cloud ; tout est mis en place pour le sacre en décembre 1804. Mais Napoléon ayant décidé qu'il n'y aurait pas de trône dans la salle du trône de Saint-Cloud, on envoie ce siège en 1808 au château de Fontainebleau, où subsiste aujourd'hui l'unique salle du trône des palais impériaux.

LES IMPÉRATRICES ET LE ROI DE ROME

Napoléon Bonaparte éponse Joséphine le 9 mars 1796. Elle est sans conteste la personne avec laquelle il entretient les rapports les plus intimes, les plus francs et les plus durables. Même s'il l'aime, Napoléon doit céder à la raison d'État. Elle ne peut pas avoir d'enfant, ce qui pose un problème de succession à un empire dont la solidité repose aussi sur son caractère héréditaire. Il se sépare de Joséphine en décembre 1809. Son choix se porte sur la fille de l'empereur François d'Autriche, Marie-Louise, qui lui donne l'héritier tant attendu le 20 mars 1811, titré dès sa naissance «roi de Rome». Napoléon a également eu des maîtresses. Une des plus célèbres est une comtesse polonaise, Marie Walewska, qu'il rencontre à Varsovie et avec qui il a un fils, Alexandre Walewski.

Manteau de cour de l'impératrice Joséphine
Début du 19e siècle Soie et velours
musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau

En matière de toilettes, Joséphine montre toujours le goût le plus sûr et y engloutit des sommes énormes. Elle crée la mode et se montre toujours éblouissante lors de ses apparitions. Ses toilettes étant imitées dans toute l'Europe, elle se fait ainsi l'ambassadrice du luxe français.


Mariage de Napoléon Ier et de Marie-Louise de Habsbourg Lorraine, 2 avril 1810
Georges Rouget 1810
Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Marie-Louise, impératrice des Français et le roi de Rome
François Gérard 1813 Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Le tableau est commandé par l'Impératrice elle-même pour en faire cadeau à l'Empereur, qui le fait placer aux Tuileries dans le salon bleu de son appartement. Le roi de Rome porte déjà le grand cordon et la croix de la Légion d'honneur. Quant à la grenade ouverte, elle symbolise l'unité de l'État.

Marie Walewska (1789-1817)
François Gérard
Vers 1810 Huile sur toile
Paris, musée de l'Armée

Napoléon rencontre la comtesse Walewska en janvier 1807 à Varsovie. L'Empereur tombe sous le charme de la belle Polonaise qui lui donne un fils prénommé Alexandre.
Lit de la première chambre de Napoléon Ier à Fontainebleau
Attribué à Jacob Frères Vers 1800
Hêtre tourné, sculpté et peint
Fontainebleau, musée national du château de Fontainebleau

Le lit de la première chambre aménagée à la hâte
pour Napoléon à Fontainebleau à l'automne 1804
comporte une estrade et un ciel.


LE CHEF DE GUERRE

Napoléon demeure l'un des plus grands stratèges de tous les temps. Son nom, sa silhouette, ses victoires, les pas de sa Grande Armée résonnent dans l'Histoire et font écho aux gloires militaires de la France. Pendant quinze ans, entre 1796 et 1812, son talent lui confère un avantage décisif sur ses adversaires autrichiens, prussiens, russes, espagnols, dépassés par sa vision novatrice de la guerre. Sous son commandement, l'armée française, renforcée par d'importants contingents alliés, est la plus puissante d'Europe. Napoléon remporte des victoires majeures, à Rivoli (1797), aux Pyramides (1798), à Austerlitz (1805), à léna (1806), à Friedland (1807) et à Wagram (1809).

Bivouac de Napoléon à la veille de la bataille d'Austerlitz, 1er décembre 1805
Louis-François Lejeune 1808
Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

La tente de Napoléon Ier
 "Mon intention est que ma tente soit toujours contenue dans un seul fourgon. C'est en cela que consiste l'art du Garde Meuble. Dépensez le double s'il le faut, mais faites une chose commode, forte et légère"
dira Napoléon. Tout le mobilier est pliable et rangé en sac ou malle. Le lit, ancêtre de notre lit parapluie est l'invention du serrurier Desouches en 1804.

Bivouac de l'Empereur Napoléon Ier, modèle de 1808 
Première moitié du 19e siècle Coutil rayé bleu, indienne
Paris, Mobilier national

L'ARMÉE

Napoléon commande une armée performante façonnée au cours des guerres de la Révolution (1792-1802) et dont il perfectionne l'organisation. Son armée n'est pas uniforme. Elle est composée d'unités d'infanterie, de cavalerie, d'artillerie et du génie; chaque unité ayant une fonction et une position précises sur le champ de bataille et dans la hiérarchie militaire. Napoléon sait combiner l'action de ces diverses unités selon ses objectifs militaires et les manœuvres de l'ennemi. Entre 1805 et 1812, Napoléon dispose de la plus importante armée d'Europe. Lors des campagnes militaires, ses effectifs oscillent entre 150 000 et 660 000 hommes.

L'ÉTAT MAJOR


Avant chaque campagne, Napoléon détermine les objectifs militaires, ainsi que les moyens humains et matériels nécessaires à leur réalisation. Puis, il transmet ses ordres à son armée en s'appuyant sur une structure de commandement organisée de manière pyramidale au sein de laquelle le grand quartier général impérial occupe le sommet. Napoléon peut compter sur des officiers compétents qui savent exécuter ses ordres. Il sait les utiliser à bon escient et leur attribue des missions en fonction de leur sens tactique ou de leur charisme. Aguerris, ils sont généralement d'une grande bravoure et n'hésitent pas à donner de leur personne sur les champs de bataille.

LA CHARGE DES CUIRASSIERS A EYLAU
EXTRAIT DU FILM LE COLONEL CHABERT DE YVES ANGELO


Napoléon Ier recevant la soumission d'Ulm. 20 octobre 1805
Charles Thévenin 1806-1815
Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Napoléon 1er parcourant le champ de bataille d'Eylau, le 9 février 1807
Charles Meynier 1807
Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Au lendemain de la bataille, Napoléon décide d'organiser un concours de peinture pour représenter cet événement particulièrement meurtrier. L'esquisse de Meynier montre Napoléon entouré de ses officiers visitant le champ de bataille. Il donne l'ordre au chirurgien Larrey, représenté à gauche tenant le bras d'un blessé, de s'occuper des Russes abandonnés par les leurs.

Attaque et prise de Ratisbonne, 21 avril 1809
Charles Thévenin 1810
Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Horatio, vicomte Nelson, vice-amiral de la flotte anglaise (1758-1805)
George Peter Alexander Healy, d'après John Hoppner
1844 Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

L'amiral Nelson s'illustre pendant les guerres napoléoniennes par sa vision novatrice des combats sur mer. Contrairement aux amiraux français, il privilégie la manœuvre et le mouvement. À deux reprises la flotte française est détruite à la bataille d'Aboukir (1er août 1798), puis à celle de Trafalgar (21 octobre 1805). Ces deux victoires assurent à la Grande-Bretagne sa suprématie sur les mers.

1805 1813 NAPOLÉON ET L'EUROPE

L. a conquête de l'Europe par Napoléon est scandée par des batailles décisives. En 1805, il soumet l'Autriche à Austerlitz, en 1806, la Prusse à léna, en 1807, la Russie à Friedland. I e voici maître de l'Europe. Pour contrôler ce vaste territoire, il place, à la tête d'États stratégiques, ses sœurs, frères et même le fils de Joséphine: Louis en Hollande (1806), Jérôme en Westphalie (1807), Joseph en Espagne (1808), Caroline et son mari le maréchal Murat à Naples (1808), Elisa, grande-duchesse en Toscane (1809) et Eugène, vice roi en Italie (1805). Qu'on ne s'y trompe pas, ils ont un pouvoir limité par la centralisation impériale, et ils ne sont aux yeux de l'Empereur que de «super préfets». Même si l'Empire apporte des bienfaits de la Révolution dans les pays soumis, la domination française provoque un ressentiment qui se retournera contre Napoléon dès que sa puissance vacillera.


1808 1814 LE DÉCLIN

A partir de 1808, les campagnes militaires sont de plus en plus coûteuses en hommes et de moins en moins décisives. Napoléon remporte encore de grandes victoires, notamment à la Moskowa (en Russie), mais l'époque des triomphes à la manière d'Austerlitz ou de Friedland est révolue. La position hégémonique de la France en Europe irrite les autres grandes puissances qui ne désarment pas. Britanniques, Russes. Autrichiens, Prussiens affrontent les Français et leurs alliés dans de grandes batailles, souvent indécises. Napoléon fait toujours preuve d'une réelle supériorité tactique et stratégique sur ses adversaires, mais l'accumulation des campagnes et des combats affaiblit progressivement son armée qui est décimée en Espagne (1808-1814) et en Russie (1812).

1808-1814

LA GUERRE D'ESPAGNE

En avril 1808, Napoléon force le roi d'Espagne Charles IV et son fils à abdiquer au profit de son frère Joseph Bonaparte. La majeure partie de la population espagnole se soulève au mois de mai 1808. L'armée française et ses alliés alternent batailles rangées et sièges de ville contre l'armée régulière espagnole, alliée aux Britanniques et aux Portugais. Dans les montagnes, des guérilleros harcèlent les troupes de Napoléon, multipliant les embuscades contre les soldats isolés, les convois de ravitaillement et les courriers. La répression est brutale et fait entrer le pays dans une spirale de violence qui marque profondément les deux camps. Pendant près de sept ans, l'armée de Napoléon s'enlise en Espagne sans parvenir à remporter de victoires décisives.
Prise du monastère de San Engracia à Saragosse 8 février 1809
Louis-François Lejeune 1827
Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Défense du château de Burgos, octobre 1812
François-Joseph Heim 1814
Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

1812
LA CAMPAGNE DE RUSSIE

Lorsque débute la campagne de Russie en juin 1812, Napoléon dispose de la plus puissante armée jamais rassemblée en Europe. L'armée russe bat en retraite et applique une stratégie de repli défensif et de terre brûlée qui entraîne la Grande Armée de Napoléon jusqu'à Moscou après avoir livré la sanglante bataille de la Moskowa (7 septembre 1812). À l'approche de l'hiver, Napoléon se résigne à quitter la ville. La Grande Armée, harcelée par les Russes, affaiblie par le froid, les maladies et les privations, échappe de peu à l'anéantissement. Forte de 440000 hommes venus de toute l'Europe en juin 1812, renforcée par plus de 120 000 hommes pendant la campagne, la Grande Armée n'en compte plus que quelques dizaines de milliers en état de combattre en décembre.

Bataille de la Moskowa, 
7 septembre 1812
1822 Huile sur toile
Louis-François Lejeune Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon 

Épisode de la campagne de Russie
E. Gédé d'après Henri-Félix Emmanuel Philippoteaux 1848
Huile sur toile
Paris, musée de l'Armée


1813 1814 LES DÉFAITES

Lacar la campagne de Russie renforce la détermination des ennemis de la France qui se liguent tous contre elle. Angleterre, Prusse, Autriche, Russie et Suède forment la sixième coalition antifrançaise. Au lendemain de la bataille de Leipzig (16-19 octobre 1813), les coalisés envahissent la France. Leur objectif est de vaincre Napoléon et de le chasser du pouvoir. Face à eux, l'Empereur tente de repousser l'invasion du territoire français, mais son armée, malgré de brillantes victoires, ne dispose plus de ressources pour résister à l'écrasante supériorité numérique des alliés. En mars 1814, les coalisés entrent dans Paris. Napoléon est contraint d'abdiquer. Quelques jours plus tard, Louis XVIII, frère de Louis XVI, monte sur le trône.

Adieux de Napoléon à Fontainebleau, 20 avril 1814
Antoine-Alphonse Montfort, d'après Horace Vernet Vers 1837
Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Le frère cadet de Louis XVI, Louis-Stanislas-Xavier de Bourbon, portait avant la Révolution le titre de comte de Provence. Après la mort de son neveu, le Dauphin, «Louis XVII »>, en 1795, il prend le titre de roi de France, mais ne monte sur le trône qu'à la chute de Napoléon, en avril 1814, sous le nom de Louis XVIII. Reparti au retour de l'Empereur en mars 1815, il reprit définitivement son trône en juin suivant, après la seconde abdication de celui-ci.
Louis XVIII, roi de France (1755-1824)
Robert Lefèvre 1816 Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

1815 LES DERNIERS FEUX

Ε.. En avril 1911, Napoléon est exilé sur file dibe située au large de la Toscane. Moins d'un an plus tard, il rentre en France et débarque à Golfe-Juan, près de Cannes, à la tête d'une troupe de mille hommes. En quelques jours, il rallie Paris où il reprend le pouvoir. Son succès provoque l'hostilité des puissances européennes, qui mobilisent leurs troupes. Le 15 juin 1815, Napoléon prend l'initiative d'attaquer Britanniques et Prussiens dans l'actuelle Belgique, mais il multiplie les erreurs. Trois jours plus tard, son armée est vaincue à Waterloo. Napoléon quitte le pouvoir une seconde fois. Les Anglais veulent l'éloigner définitivement et choisissent une île au beau milieu de l'Atlantique Sud, Sainte-Hélène. Napoléon y passe les six dernières années de sa vie, en captivité dans une maison appelée Longwood, entouré de quelques fidèles. Diminué et malade à partir de 1817, il est l'ombre de lui-même. Il meurt à cinquante et un ans, le 5 mai 1821 à 17 h 49. Dans un premier temps, son décès provoque peu de réactions en Europe. Il faut attendre 1823 et la publication du Mémorial de Sainte-Hélène, récit de son exil par un témoin de première main, le comte de Las Cases, pour que Napoléon retrouve sa popularité. En 1840, le roi Louis-Philippe ordonne le retour des cendres de l'ancien Empereur à Paris, où il repose encore aujourd'hui sous le dôme de l'église des Invalides.

Retour de Napoléon de l'île d'Elbe, 1er mars 1815
Ambroise-Louis Garneray
1837 Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Bataille de Waterloo, 18 juin 1815
Clément-Auguste Andrieux
1852 Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Reproduction:
Second acte d'abdication de Napoléon 22 juin 1815
Archives nationales (France)

Le boudoir d'argent
Napoleon signe sa deuxième abdication au palais de l'Élysée où il a élu domicile durant les Cent-Jours. Cette pièce a été conservée depuis lors avec son mobilier couleur blanc, parme et argent.

Table de l'abdication à l'Élysée dans le boudoir d'argent
Empire
Bois peint, rechampi blanc et argent Paris, Mobilier national, en dépôt au Palais de l'Élysée
2 Fauteuil du boudoir d'argent à l'Élysée Empire
Bois rechampi blanc et argent Paris, Mobilier national, en dépôt au Palais de l'Élysée
Napoléon à Sainte-Hélène dictant ses mémoires au général Gourgaud
Zéphirin Belliard d'après le tableau de Charles Steuben 19e siècle Lithographie
Rueil-Malmaison, musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau

Napoléon déclare: «Nous écrirons nos Mémoires.» Las Cases se taille la part du lion avec son Mémorial, mais l'Empereur dicte aussi aux généraux de son entourage, Gourgaud, Montholon ou Bertrand. Puis tout le monde s'y met, des docteurs O'Meara et Antommarchi, jusqu'aux serviteurs comme Ali et Marchand.

Masque mortuaire de Napoléon
Francesco Antommarchi 1821
Moulage en plâtre
 musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau.

Sitôt Napoléon mort, on réalise l'empreinte de son visage. Exécutée par les médecins Burton et Antommarchi, ce dernier fait dès 1821 quelques rares tirages en plâtre pour les proches et la famille; en 1833, Antommarchi lance une souscription commerciale éditant de nombreux exemplaires en plâtre ou en bronze.

Char funèbre de Napoléon à Sainte-Hélène
Vers 1815 Bois, métal
Paris, Mobilier national, en dépôt au musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau
La calèche qu'utilise Napoléon pour ses promenades dans l'île est transformée en corbillard et sert pour ses obsèques qui ont lieu cinq jours après sa mort le 10 mai 1821. On le conduit dans le lieu qu'il a désigné dans la vallée du Géranium, où il repose jusqu'en 1840, lorsque son corps est ramené à Paris.

Les derniers moments de Napoléon Ier à Sainte-Hélène
Vincenzo Vela
1866 Marbre
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Napoléon vit ses derniers instants, le poing crispé sur une carte de l'Europe, conquise par ses armées. Achetée par Napoléon III en 1867, l'ceuvre appartient pleinement à la légende, par cette vision tout à fait idéalisée de l'Empereur, en réalité très malade et méconnaissable au moment de sa mort.

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