samedi 2 octobre 2021

Gabrielle Chanel, manifeste de mode au Palais Galleria en juin 2021

Mon amie Hélène tenait beaucoup à visiter cette exposition où nous étions quelques mâles parmi une affluence essentiellement féminine. Bien que je ne sois pas très mode, je dois reconnaître du génie dans cette élégante simplicité des vêtements et des bijoux ! Quel personnage !

LA NAISSANCE D'UN STYLE
Si dans les années 1920 et 1930, Gabrielle Chanel accompagne l'évolution de la silhouette, elle confirme ses choix esthétiques et sa conception de la mode. D'une élégance épurée, les modèles sont nets et sobres, les matières souples et le plus souvent monochromes. Sa palette est subtile et nuancée, et si les blancs et les beiges dominent, elle inclut aussi des notes plus intenses de bleu nuit et de rouge ardent.

Dans sa recherche de simplicité, Chanel ne participe qu'à de rares exceptions et de façon très mesurée aux courants artistiques inspirés par l'historicisme et l'exotisme. Qu'ils soient imprimés ou brodés, elle fait aussi un usage parcimonieux et maîtrisé des décors et des motifs. Les fleurs, exception à la règle, participent par leur traitement et par la fraîcheur de leurs coloris à transmettre une idée de jeunesse et de naturel, unanimement reconnue par la presse.

Tout à la fois pratiques et élégants, ses vêtements s'inspirent des tenues de sport et empruntent certains codes de l'élégance masculine et du dandysme. Détournant techniques et matériaux jusqu'alors étrangers à l'univers de la haute couture, elle associe l'ordinaire et le luxe, fait avec la maille ou le tweed, ces étoffes communes, des tenues à l'allure désinvolte dont la coupe et les proportions cultivent raffinement et distinction. De ce fragile équilibre, Chanel a fait un style identifiable entre tous.

L'ascétisme du noir, parfois à peine éclairé de blanc, lui permet d'affirmer sa vision stricte et minimaliste de la mode. Dispensées de la couleur, la pureté des lignes plus tangible encore et les matières dans leur imperceptible délicatesse se fondent en une composition abstraite où le vêtement s'efface au profit d'une conception radicalement moderne du chic.

Dès le début de sa carrière, Gabrielle Chanel s'inscrit en totale opposition avec la mode de son époque soumise au passage des tendances et à une expression stéréotypée de la féminité. Première à porter ce qu'elle crée, ses choix reflètent ses propres goûts. Dans les années 1910, ils sont aussi inspirés par l'esprit de liberté qui caractérise la vie mondaine à Deauville, où elle ouvre une boutique en 1912, puis à Biarritz, où elle installe sa maison de couture en 1915.

Première aussi à percevoir les évolutions qui se font jour au sortir de la Première Guerre mondiale, elle s'inscrit contre tout ce qui entrave le mouvement et déséquilibre la ligne. Rejetant tout ornement superflu, elle propose des formes simples empreintes de naturel, des vêtements souples et fluides qui, avant tout, respectent le corps des femmes et leur accorde la capacité à se mouvoir avec aisance. Cette conception, caractérisée par un étonnant mélange de dépouillement et de précision, pose les bases d'une élégance nouvelle qu'elle défendra tout au long de sa carrière. Chacune de ses créations, vêtements, accessoires, bijoux, parfums, pensés dans leur ensemble, appartient à cette même vision s'inscrivant bien au-delà d'un phénomène de mode éphemère.

REPÈRES CHRONOLOGIQUES

1883
Gabrielle Chanel nait à l'hospice de Saumur (Maine-et-Loire), le 19 août.

1903
Chanel commence à travailler comme commise, dans une boutique de confection pour dames à Moulins.

1909
Chanel ouvre un atelier de chapeaux au 160 boulevard Malesherbes, à Paris, avec l'aide de la modiste Lucienne Rabaté.

1910
Ouverture de la boutique Chanel - Modes au 21, rue Cambon, à Paris.

1912
Chanel ouvre une boutique à Deauville. Aux chapeaux s'ajoute rapidement le sportswear, avec l'apparition de marinières, de vestes et de blouses.

1915
Gabrielle Chanel ouvre sa première maison de couture, à Biarritz, dans une villa face au casino. La Côte basque attire alors une riche clientèle cosmopolite.

1916
Gabrielle Chanel crée une collection de pièces en jersey de la maison Rodier.

1918
Ouverture d'une maison de couture
au 31, rue Cambon, à Paris, qui deviendra l'adresse emblématique de Chanel.

1921
Le parfum N° 5 est créé à Grasse avec Ernest Beaux. Création de l'atelier Sport. Première apparition du monogramme double C.

1923
Chanel achète l'immeuble du 29, rue Cambon. Ouverture d'une boutique à Cannes.

1924
 Chanel s'associe à Pierre et Paul Wertheimer pour créer la société Parfums Chanel. Chanel ouvre  la première ligne de maquillage. Elle ouvre dans sa maison de couture un premier rayon de bijoux. Elle réalise les costumes du ballet Le Train bleu, dont le livret est signé Cocteau.

1926
 Consécration de la « petite robe noire », surnommée « la Ford de Chanel » par Vogue US.

1928
Chanel crée une usine de tissage sous l'enseigne Tissus Chanel, qui inclut la société Tricots Chanel. Lancement
du parfum Bois des îles.

1932
Création de la collection "Bijoux de Diamants", que Chanel expose du 7 au 19 novembre dans son hôtel particulier, au 29, rue du Faubourg-Saint-Honoré.

1939
Dès la déclaration de guerre, la maison de couture ferme ses portes. La boutique de parfums et d'accessoires (31, rue Cambon) restera ouverte pendant toute la guerre.

1944
Chanel est arrêtée par les Forces françaises de l'intérieur en raison de sa relation avec
un officier allemand, le baron Hans Günther von Dincklage. Elle sera relâchée après un bref interrogatoire. Pendant dix ans, Chanel vit retirée du monde de la couture et partage son temps entre Lausanne, Paris, La Pausa (sa villa sur la Côte d'Azur) et ses voyages en Italie et aux États-Unis.

1953
Réouverture de la maison de couture après quatorze ans d'absence.

 1954
Gabrielle Chanel dévoile sa nouvelle collection le 5 février. Elle a 71 ans.

1955
Chanel crée le sac 2.55.

1957
Création du premier soulier bicolore.
Stanley Marcus, propriétaire de Neiman Marcus, remet à Mademoiselle Chanel l'oscar de la mode.

1961
 Chanel habille l'actrice Delphine Seyrig dans L'Année dernière à Marienbad d'Alain Resnais.

1971 
Gabrielle Chanel meurt à Paris le 10 janvier, dans sa chambre du Ritz. Elle est enterrée au cimetière du Bois-de-Vaux,

VESTE ENTRE 1928 ET 1930 JERSEY DE LAINE CHINE BEIGE, MAILLE JACQUARD MULTICOLORE, CRÊPE DE SOIE BEIGE 
PAIRE DE GANTS À CRISPIN
1933 VELOURS DE COTON BRUN, SUÈDE ROUILLE
Robe du soir 1934
ENSEMBLE ROBE ET CAPE
AUTOMNE-HIVER 1935-1936 ETAMINE DE LAINE INDIRE HIPRIMEE BRUNG DAIL MARRON, PIQUE DE COTON BLANC 
TAILLEUR
ENTRE 1927 ET 1929 TWEED DE LAINE CHINÉ BRUN ET ÉCRU 
Les pièces du vestiaire masculin deviennent, dans les mains de Gabrielle Chanel, le symbole d'une élégance féminine intemporelle. Fonctionnelles, confortables, elles permettent aux femmes de bouger avec aisance. Lors de ses voyages en Ecosse au milieu des années 1920, elle découvre le tweed. Son premier fournisseur est alors Linton Tweeds, installé dans la ville de Carlisle. Par la suite, pour fabriquer ses ensembles, elle fera appel aux plus grands
ROBE
TULLE DE SOIE NOIR BRODE DE TUBES EN VERRE, CREPE DE CHINE NOIR, GLANDS DE PASSEMENTERIE PERLÉE NOIRS
ROBE DU SOIR
AUTOMNE-HIVER 1918-1919 
TULLE DE SOIE NOIR BRODÉ
DE PAILLETTES EN ACIER ET DE PERLES DE JAIS, LAME OR
Dans les années 1930, le sens de ligne propre à Gabrielle Chanel s'exprime au plus haut point. Les robes précisent le corps sans excès. L'harmonie des proportions, la cohérence entre matériaux et formes révèlent une fois encore sa recherche de la simplicité. L'allure, cette tension entre le vêtement et le corps, est, pour la couturière, portée par le sentiment d'élégance et de liberté affranchie de toute solennité imposée.
Pour le soir, elle accomplit un subtil dosage d'inventions et de classicisme, combinant les matériaux les plus légers, les dentelles noires ou blanches et le tulle. Elle fait des robes de mousseline miraculeusement simples, des robes floues dont les décors incrustés s'intègrent à la coupe pour mieux souligner les formes. Sans jamais déséquilibrer la ligne, elle joue avec l'asymétrie, les mouvements enveloppants et les longueurs inégales. Avec elle, le vocabulaire de la mode féminine fait preuve de retenue, les volants ne sont froncés que très légèrement, les drapés à peine esquissés, les pans se font légers et flottants.
Chanel fait aussi un usage très personnel des techniques de décor. Ne retenant que la quintessence du procédé, elle recouvre entièrement la surface des tissus légers de perles, de paillettes ou de franges se fondant en une matière brillante et mouvante. À l'excès d'excentricité, elle oppose la monochromie des matières et la simplicité de la ligne.
ROBE DU SOIR
PRINTEMPS-ETE 1939 VOILE DE COTON IMPRIME MULTICOLORE, PLUME DAUTRUCHE TEINTE EN ROSE
Dès 1928, la société Tissus Chanel développe des imprimés exclusifs
de la maison. Chaque motif peut être décliné en plusieurs coloris et sur des tissus différents. Les plumes-queues et amandes de faisan, collerettes de Lady Amherst, plumes
 pour les collections d'autruche - sont des motifs souvent détournés pour créer des compositions graphiques et modernes. Chanel présente cette robe lors du dernier défilé de août 1939, avant la fermeture de la maison.
PORTRAIT DE GABRIELLE CHANEL CASSANDRE 1930
ROBE DU SOIR
AUTOMNE-HIVER 1937-1938 VELOURS DE SOIE, ENTRE-DEUX DE DENTELLE, TAFFETAS ET TULLE DE SOIE ROUGES 
CAPE
PRINTEMPS-ÉTÉ 1925 CRÊPE DE SOIE IVOIRE, PLUMES DE COQ 

LA MESURE ET L'EXCÈS
C'est dans le détail qu'elle excelle, et laisse éclater sa fantaisie, son imagination, prudemment retenues quand il s'agit du fond, car Gabrielle a le goût trop classique pour se rien permettre qui dérange la pureté de son contour. 
Princesse Marthe Bibesco, Vogue France, décembre 1927


LE TAILLEUR EN DÉTAIL
Créé par Hélène Gordon-Lazareff en novembre 1945, le magazine Elle n'est pas une simple revue de mode et occupe une place particulière dans la presse féminine. Élaborée par des femmes et usant d'un ton plus libre que ses concurrents, sa ligne éditoriale s'attache à promouvoir l'évolution de la condition féminine et encourage l'émancipation.
Hebdomadaire, moderne et pratique, il propose reportages et articles d'actualité, recettes et points de vue sur les nouvelles façons de s'habiller.
Il est un des rares magazines féminins à soutenir, dès 1954, le retour de Mademoiselle Chanel et à défendre avec autant de conviction son iconique tailleur. L'hebdomadaire lui consacre régulièrement articles et reportages, lui offre pleines pages et couvertures, détaille ses qualités et révèle point par point les secrets de sa fabrication. Avec la complicité de la couturière, il offre même à ses lectrices un patron de ce que le magazine nomme tout simplement  "un petit Chanel ".


TAILLEUR
AUTOMNE-HIVER 1958-1959
TWEED CHINE MARRON ET BLANC DE LESUR, METAL DORE
ENSEMBLE ROBE ET MANTEAU
PRINTEMPS-ETE 1968 LAINAGE, TAFFETAS DE SOIE MATELASSE FRAMBOISE
ENSEMBLE VESTE COURTE
ET JUPE PLISSÉE
TAILLEUR
AUTOMNE-HIVER 1960-1961 TWEED DE LAINE IVOIRE, GALON DE LAINE FRANGE MARINE ET ROUGE 
TAILLEUR PORTÉ PAR LA PRINCESSE PAOLA DE BELGIQUE 1961
TWEED FICELLE, GROS-GRAIN FUCHSIA GANSÉ MARINE, MÉTAL DORÉ, PERLE D'IMITATION
Descendante d'une prestigieuse famille italienne, la princesse Paola a épousé le prince Albert de Liège en 1959. Dans les années 1960-1970, sa beauté naturelle et son sens aigu de la mode en font l'une des personnalités les plus élégantes du gotha. D'un style sobre et classique, la princesse Paola privilégie les tailleurs à l'image de la femme active de son temps. En 1993, à la suite de l'accession au trône d'Albert II, elle devient la sixième reine des Belges.
TAILLEUR
AUTOMNE-HIVER 1960-1961 LAINAGE BLANC DE BURG, TRESSE DE LAINAGE MARINE, PONGÉ DE SOIE, MÉTAL DORÉ 
Les poches, éléments essentiels du costume masculin, sont un des caractères distinctifs du tailleur Chanel. Qu'elles soient deux ou quatre, elles participent à l'équilibre des formes et des proportions. Elles jouent aussi un rôle déterminant dans la disposition des galons et des boutons. Poches à rabat, sahariennes ou simplement plaquées, elles répondent à une vision pratique du vêtement - on peut y mettre les mains - et confèrent au tailleur une allure décontractée.
MANTEAU
PRINTEMPS-ÉTÉ 1954 DRAP DE LAINE ET CRÊPE DE SOIE IVOIRE, NACRE
TAILLEUR PORTE PAR MARLENE DIETRICH 1968 SERGE DE SOIE BARRE MARINE ET ROSE 



LES CODES DE CHANEL
Élément essentiel à l'harmonie de la silhouette, l'accessoire, pour Chanel, répond aussi à sa vision pragmatique de la mode tout en participant à la codification et à l'unité de son style.
Lancé en février 1955, le sac 2.55, identifiable entre tous par sa forme, son rabat, ses surpiqûres et son fermoir à tourniquet, a été pensé pour être avant tout pratique. Sa bandoulière, une chaîne bijou ou entrelacée d'un lien en cuir pour éviter le cliquetis du métal, devenue elle-même emblématique, permet de le porter à la main ou à l'épaule. En écho à la conception du tailleur, l'intérieur est doublé de basane ou de gros-grain rouge et comporte de nombreuses poches permettant de mieux en retrouver le contenu, notamment le rouge à lèvres auquel un compartiment est dédié. Réalisé en agneau, en jersey ou en satin de soie, le 2.55 est aussi décliné en trois tailles pour répondre aux différentes activités et circonstances de la journée.
À partir de 1957, le soulier bicolore parachève la silhouette définie par Chanel et apporte une note supplémentaire à l'élégance de son style. Après plusieurs essais avec différents bottiers, elle adopte le modèle réalisé par Raymond Massaro. Parfait accord entre l'usage et la forme, il est réalisé dans une peau beige pour allonger la jambe, tandis que son bout noir le protège des marques du temps et fait paraître le pied plus petit. La bride asymétrique et le talon, d'une hauteur mesurée, garantissent confort et liberté de mouvement.

COLLIER CHANEL ET GOOSSENS AUTOMNE-HIVER 1967-1968
MÉTAL DORÉ,
PERLE D'IMITATION
COLLIERCHANEL ET GOOSSENS AUTOMNE-HIVER 1969-1970 MÉTAL DORÉ, PÂTE DE VERRE, PERLE D'IMITATION

AUX SOURCES DE LA CREATION
Le goût pour les bijoux anciens et l'association de matériaux divers sont des principes récurrents chez Mademoiselle Chanel.
Pour réaliser ses créations mêlant perles, pierres précieuses, diamants et verre, la couturière s'entoure de paruriers dont la spécificité et le savoir-faire répondent à sa conception du bijou, alliant liberté d'expression et remise en question.
Vers 1924, elle fait appel au comte Étienne de Beaumont pour imaginer ses premières pièces fantaisie. Vers 1933, Fulco di Verdura réalise des bijoux en or ornés de gros cabochons colorés puisant dans ses racines et s'inspirant des mosaïques byzantines. Dans les années 1930, Gabrielle Chanel développe avec la Maison Gripoix des bijoux inspirés notamment du monde végétal. Fleurs, feuilles, glands et autres motifs sont traduits en verre multicolore, opaque ou translucide. Ces parures font écho aux tenues sophistiquées, que Chanel présente à la fin de cette décennie. À la même époque, l'orfèvre François Hugo réalise pour elle bijoux et boutons en matériaux non précieux.
L'expression des influences historiques trouve son aboutissement dans les pièces du parurier et orfèvre Robert Goossens. Dans les années 1960, celui-ci trouve les sources de sa création à Venise, à Byzance, en Perse ou chez les Celtes. Reprenant pour ces « bijoux barbares » les formes, les matières et le sertissage cloisonné des bijoux anciens, il va même jusqu'à la réplique d'une croix reliquaire byzantine ou de broches en forme d'aigle à la manière des fibules du vie siècle.
ROBE DE COCKTAIL
PRINTEMPS-ÉTÉ 1959 DENTELLE NOIRE DE DOGNIN
ROBE DU SOIR
AUTOMNE-HIVER 1964-1965
FAÇONNÉ EN FIL DE CHENILLE NOIR ET LUREX NOIR, 
VELOURS DE SOIE ROUGE
ROBE
AUTOMNE-HIVER 1969-1970 MOUSSELINE ET FRANGES DE SOIE NOIRES 
ROBE DU SOIR
PRINTEMPS-ÉTÉ 1955 MOUSSELINE DE SOIE ROUGE
De la nuance la plus éclatante à celle plus subtile de cerise, le rouge ponctue toutes les collections de Gabrielle Chanel. Pour le jour, on le retrouve associé à la douceur des lainages; pour le soir, à la somptuosité des velours de soie, à la transparence des mousselines ou celle des dentelles mécaniques. À chaque défilé, la couturière présente un modèle de couleur rouge, celui-ci arrive souvent en 5° position, son chiffre fétiche. "Le rouge, parce que c'est la couleur du sang et nous en avons tant à l'intérieur de nous qu'il faut bien en montrer un peu au-dehors", disait-elle.
ROBE PORTÉE PAR DELPHINE SEYRIG DANS L'ANNÉE DERNIÈRE À MARIENBAD
1961 LAMÉ OR
Tout au long de sa carrière, Gabrielle Chanel personnifie son propre style. Elle accorde aussi une importance particulière à la diffusion de ses modèles par des femmes qui lui ressemblent. Son amie, la comédienne Gabrielle Dorziat, sera la première personnalité en vue à s'approprier l'esprit et l'élégance de ses créations. À partir de 1954, les actrices de la Nouvelle Vague, Jeanne Moreau et Delphine Seyrig tout comme Romy Schneider,
incarnent elles aussi la femme Chanel, à la ville comme sur les plateaux de cinéma. Les mannequins qu'elle choisit, sont aussi à son image: très minces, coiffés comme elle et adoptant les mêmes gestes, dans les années 1960, on les appellera les "Chanel girls".
ROBE DU SOIR
AUTOMNE-HIVER 1967-1968
RÉSILLE DE NYLON, CHENILLE EN RAYONNE BLANCHE ET CELLOPHANE IRISÉS, CRÊPE, MOUSSELINE ET CHARMEUSE DE SOIE IVOIRE, MÉTAL DORÉ, STRASS ET PERLE NACRÉE
ROBE
 PRINTEMPS-ÉTÉ 1971 
ORGANZA IVOIRE FAÇONNÉ, LAMÉ OR CEINTURE CHANEL ET GOOSSENS 1971 MÉTAL DORÉ, PÂTE DE VERRE ROUGE ET VERTE, PERLE D'IMITATION
Pour ses robes habillées,
Gabrielle Chanel utilise parfois
des ceintures bijoux. Elles
permettent tout à la fois de
structurer la silhouette et
d'apporter une note sophistiquée.
Dans les années 1960, le métal
doré se marie à la perfection
avec les reflets or des lamés.
En écho aux bijoux, les matières
utilisées, comme la pâte de
verre polychrome et les décors
d'arabesques, rappellent le
caractère historicisant de
certaines parures créées pour
Mademoiselle Chanel.
TAILLEUR
AUTOMNE-HIVER 1961-1962 JERSEY DE LAINE ROSE, LAMÉ LUREX ET NYLON « MUSTAPHA » DE BUCOL 
Dans les années 1960, Chanel rend populaires les tissus lamés. Avec elle, l'or n'est plus réservé au soir, il se porte également le jour. Le «Mustapha » de Bucol, qu'elle utilise ici en doublure et pour la blouse assortie, marque la première apparition de ces étoffes à la brillance métallisée dans la composition de ses tailleurs. Le métal doré devient aussi une ponctuation avec les boutons ornés de perle artificielle, du double C ou de la figure du lion.
TAILLEUR
AUTOMNE-HIVER 1965-1966 LAMÉ ARGENT, VISON BLANC, GALON DE FIL MÉTALLIQUE OR, SATIN DE SOIE IVOIRE
En 1924, Charles Colcombet, et Claude Buchet, fabricants de tissus, s'associent pour créer la maison Bucol. Spécialisée dans les soieries, la maison ose de nouveaux mélanges de matières. À l'aide de procédés innovants, Bucol développe des étoffes considérées comme révolutionnaires. À partir de 1955, Chanel devient l'une de leurs plus importantes clientes avec une préférence marquée pour leurs tissus brochés et leurs étonnants cloqués lamés de Lurex.

ENSEMBLE PULL-TUNIQUE ET JUPE
PRINTEMPS-ÉTÉ 1970
LAINE ROSE ET LUREX IRISÉ AU CROCHET POINT D'ÉVENTAIL ET DOUBLE-BRIDE, MÉTAL DORÉ, VERRE TAILLÉ

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