samedi 2 octobre 2021

Aubrey Beardsley au Musée d'Orsay en octobre 2020

Une belle découverte au MO,  la rétrospective de cet  artiste anglais ! 
Né à Brighton en 1872, mort à Menton en 1898, il a construit un univers audacieux et virtuose avec plus de mille dessins en quelques années à partir de 1890.
Illustrateur de génie, il est très vite reconnu. Le musée présente une soixantaine d'oeuvres originales peu connues car il a surtout été édité dans des livres et magazines.
Portrait d'Aubrey Beardsley
Jacques -Émile Blanche 1895
Caricature d'Aubrey Beardsley 
Walter Sickert 1894

Les débuts Le Morte Darthur et l'influence préraphaélite

A dix-huit ans, Beardsley rencontre Edward Burne-Jones (1833-1898), grande figure du préraphaélisme. Ce mouvement artistique anglais né au milieu du XIX siècle se réfère à l'art médiéval, aux primitifs italiens d'avant Raphael comme Sandro Botticelli et Andrea Mantegna, et étend son influence aux arts décoratifs, au livre et à l'illustration Après avoir vu le portfolio du jeune artiste, Burne-Jones lui
conseille de devenir dessinateur professionnel En 1892. grâce à son ami Frederick H. Evans, photographe et libraire, Beardsley fait la connaissance de l'éditeur Joseph Malaby Dent qui lui confie les illustrations d'une nouvelle édition de Le Morte Darthur de Thomas Malory écrit au XV" siècle à partir des légendes du Roi Arthur. Il réalise pour ce projet en deux ans trois cent cinquante trois dessins et gagne désormais sa vie grâce à son art.

Beardsley parodie le trait de la gravure sur bois et l'imagerie médiévale des publications de la Kelmscott Press créée par William Morris. Il interprète de maniere très libre le texte et introduit de façon récurrente des éléments de mythologie païenne tels que faunes et satyres. Il donne une importance centrale aux motifs floraux, moyen d'unifier l'ensemble des illustrations.

Affiche annonçant de futures productions à l'Avenue Theatre Londres, 1894, 
Affiche annonçant des séries de livres publiés par T. Fisher Unwin Londres, 1894
Affiche annonçant des livres pour enfants publiés par T. Fisher Unwi
Londres, 1894
Paon blanc, Rabat intérieur pour la partition de Tristan und Isolde 1893
Incipit Vita Nova [ici commence la nouvelle vie), 1892
Le titre du dessin est une référence à La Vie Nouvelle ode Dante Alighieri (1265-1321), dans laquelle le poète se remémore son histoire d'amour avec Béatrice.
Rameau fané 1891
Comment le roi Arthur a vu la Bête Glatissante, et en a été émerveillé, 1893
Arthur et l'étrange manteau 1893
Comment La Beale Isoud a soigné sir Tristram, 1893
Comment sir Tristram a bu le philtre d'amour, 1893, Encre noire et graphite sur papier vélin 
Comment La Beale Isoud a écrit à sir Tristram, 1893
Encre sur graphite sur papier
L'aplatissement général de l'espace, reflet de l'intérêt de Beardsley pour les estampes japonaises, contraste avec les courbes des tournesols qui rappellent les motifs esthétiques de de William Morris (1834-1896) 
Deux anges 1894
Deux grands pavots 
Feuilles d'acanthe
Quatre boutons de clématite
Vignette pour la page de titre
Fleur stylisée 
Lettrine 
Quatre grands lis, 
Dessins pour Le Morte Darthur de Thomas Malory,  1892 1893 encre sur graphite 

Un jeune chevalier 1894

Un nouvel illustrateur

Suite à sa visite, avec sa sæur Mabel, de la Peacock Room  décorée par le peintre James McNeill Whistler (1834-1903) dans la demeure londonienne du collectionneur Frederick Leyland, Beardsley commence à introduire des détails japonisants dans ses dessins. Il s'inspire de la finesse des katagami pochoirs japonais, et des conventions graphiques des gravures sur bois japonaises : stylisation des formes traitement en aplat de larges surfaces, absence de perspective linéaire, contraste entre des figures précisément dessinées et des fonds abstraits. Comme beaucoup de ses contemporains, dont les Nabis en France, il apprécie le format vertical allongé des kakemonos, peintures
ou calligraphies suspendues en rouleaux. En 1893, la création de la revue d'art The Studio (« L'Atelier), qui décloisonne beaux-arts et arts appliqués, contribue à la diffusion du mouvement Arts and Crafts. Beardsley participe à treize numéros et réalise plusieurs couvertures. Le premier numéro lui apporte la notoriété grace à l'élogieux article intitulé "A New illustrator: Aubrey Beardsley" de l'écrivain et graveur Joseph Pennell, qui y loue son art « aussi remarquable dans sa réalisation que dans son invention ».

Beardsley reçoit dès lors de nombreuses commandes pour des livres et revues littéraires. Cette mème année, il crée pour la série de livrets de mots d'esprit Les Bon-Mots des « grotesques », du nom de ces ornements redécouverts à la Renaissance dans des vestiges romains, mēlant arabesques, végétaux, elements architecture et figures de fantaisie. Il y déploie de son trait fin et souple caricatures et monstres de son invention, créatures embryonnaires entre foetus et satyres.

Caricature de J. M. Whistler, 1893
Beardsley est un grand admirateur du peintre James Abbott McNeill Whistler (1834-1903). Ici, il caricature son aîné et imite même sa signature papillon. 
Après s'être montré distant lors de leur rencontre, Whistler finit par reconnaitre le talent du jeune artiste : "Aubrey, j'ai fait une grave erreur - vous êtes un très grand artiste!"
Pierrot et le bouffon, dessin de la série des « Bon Mots, 1893

En parallèle de son travail sur Le Morte Darthur Joseph Malaby Dent propose à Beardsley d'illustrer une série de trois petits livres réunissant des mots d'esprit, nommés Les Bons Mots.  Y apparait la figure de Pierrot, que l'on retrouve tout au long de la carrière de Beardsley. L'artiste s'amuse à imaginer des figures grotesques, où il exagère ou distord les personnages afin de créer un effet à la fois fantaisiste et étrange. Les grotesques représentent un aspect fondamental de son art voire même de sa personnalité.
Deux figures tenant un fetus à la lumière d'une chandelle 1893
Le baiser de Judas, 1893
Dessin pour le frontispice du recueil de pièces de John Davidson, 1894
Beardsley représente des figures du théâtre britannique pour un recueil de pièces de l'écrivain écossais John Davidson. Au centre se trouve l'acteur et le producteur de théâtre Sir Augustus Harris: à sa droite, Oscar Wilde, coiffé de larges grappes de raisin, signes d'ébriété, enfin, derrière Sir Augustus Harris, le poète anglais Richard Le Gallienne, vêtu en costume d'arlequin, qui a contribué au Yellow Book et fait partie, comme Oscar Wilde, du groupe de poètes du Rhiymer's club 

La femme incomprise 1892
Le Dèbris d'un poète [sic], vers 1892

Cette oeuvre a souvent été interprétée de manière autobiographique, faisant référence au jeune Beardsley et à son emploi dans une compagnie d'assurance londonienne, qu'il apprécie peu. Il y exerça durant deux ans avant d'en être libéré grâce à son travail d'illustration pour Le Morte Darthur Le format kakemono, le peu de profondeur et le jeu avec la perspective, la pureté des lignes, les fleurs laissées en réserve sur un aplat noir produisent la dimension japonisante propre aux oeuvres de cette époque
Frédéric Chopin, 1892
Beardsley, que sa mère pianiste avait initié très tôt à la musique, apprécie particulièrement le compositeur Frédéric Chopin 18101849 Il représente ici le musicien vêtu d'une large cape, assis, les pieds croisés, la main droite délicatement étendue devant lui. L'illustrateur met en avant les doigts délicats du pianiste en les plaçant au centre de la composition, devant des éléments verticaux, qui accentuent le format kakemono de l'oeuvre.

Salomé

Dans le Nouveau Testament, Salome, fille d'Hérodiade devient l'instrument de la vengeance de sa mère, que Saint Jean-Baptiste (iokanaan) dénonçant pour avoir dpouse Hérode Antipas, le frere de son premier mari. Celle-ci console en effet a sa fille de demander à son beau pare, charme par ses danses, la tête de Jean-Baptiste.

Oscar Wilde (1854-1900) consacre une pièce à ce mythe, reprenant et amplifiant la figure traditionnelle de Salomé, femme fatale mortifere pour en faire une icone de la décadence fin de siècle. Il écrit d'abord Salomé en français qui inspire à Beardsley un dessin publié dans The Studio qui décide Wilde et son acteur John Lane de faire appel à lui pour illustrer l'édition anglaise de la pièce. L'artiste dessine dix-huit planches, images du désir et de la mort, aliant mythe et univers contemporain, raffinement et grotesque, foisonnement de détails et stylisation extreme. En 1894, seuls dix dessins sont publiés dans la premiere édition anglaise de la pièce Ils deviennent rapidement les images de Beardsley les plus célèbres.

Portfolio de dessins d'Aubrey Beardsley illustrant Salomé d'Oscar Wilde, 1893
La femme dans la lune, 1893
Ce dessin renvoie au passage où le jeune Syrien s'exclame « Comme la princesse Salomé est belle ce soir !», ce à quoi le page d'Hérodias répond « Regardez la lune. La lune a l'air très étrange. On dirait une femme qui sort d'un tombeau. Elle ressemble à une femme morte. On dirait qu'elle cherche des morts. » Nombreux sont les commentateurs qui ont vu dans la lune une caricature d'Oscar Wilde, que Beardsley a également représenté dans Enter Herodias. Wilde apprécia peu les illustrations du jeune artiste, « pas assez byzantines et trop japonaises

La jupe-paon, 1893
Cette oeuvre, sans doute la plus connue de Beardsley, réunit deux scènes de la pièce d'Oscar Wilde. Dans la première, le page d'Hérodias met en garde le jeune Syrien qui n'a d'yeux que pour Salomé. Dans la seconde, Hérode promet à Salomé cinquante paons blancs en échange de sa danse : « Eh bien ! je vous donnerai cinquante de mes paons. (...) au milieu d'eux vous serez comme la lune dans un grand nuage blanc..». Le motif du paon et des ocelles de ses plumes est alors très en vogue: on retrouve ce symbole de l'art décadent et de l'art pour l'art dans la Peacock Room de Whistler, qu'avait visitée Beardsley.
La cape noire 1893
Chant funèbre platonique , 1893
Le page d'Hérodias fait ses adieux au jeune Syrien, Narraboth. Il avait demandé à son ami de cesser de regarder Salomé, et avait prédit un malheur : « Pourquoi lui parler ? Pourquoi la regarder ? (...) Je suis sûr qu'il va arriver un malheur. »
À la droite d'un bouffon narquois, Beardsley a tracé son monogramme, très calligraphie. C'est en effet avec une pointe très fine qu'il dessine la nuit, à la lumière de chandelles stylisées dans ce signe.
John et Salomé 1893
Les yeux d'Herode 1893
La danse du ventre 1893
La toilette de Salomé] (première version), 1893
Beardsley invente ici une scène qui ne se trouve pas dans la pièce d'Oscar Wilde. Ce dessin, jugé trop explicitement érotique, fait partie des trois projets supprimés par John Lane. On voit sur la coiffeuse Les Fleurs du mal de Baudelaire et La Terre de Zola. Dans la version publiée de La Toilette de Salomé, Beardsley choisit de faire une place à Nana de Zola, aux Fêtes Galantes de Verlaine, à Manon Lescaut de l'abbé Prévost et au marquis de Sade. À plat, The Golden Ass (LÂne d'or) (ou Les Métamorphoses) d'Apulée, aventures burlesques d'un héros transformé en âne par sa maitresse, qui doit manger des roses pour retrouver sa forme humaine.
La toilette de Salomé
 seconde version 1893
La rétribution de la danseuse 1893
Entre Hérodias, 1893
À la demande de John Lane, Beardsley dissimule le sexe du page d'Hérodias par une feuille de figuier, mais il ajoute deux lignes au niveau des hanches qui transforment ce traditionnel cache-sexe en accessoire de mode érotique. D'autres détails licencieux nous sont parvenus, comme le foetus monstrueux en érection, ou les chandeliers phalliques. Au premier plan, Wilde est figuré en magicien, armé du caducée d'Hermès et coiffé d'un masque-casque de chouette, l'un des symboles d'Athéna, déesse de la sagesse. En même temps, les clochettes du casque transforment l'auteur en bouffon.
Le paroxysme, 1893
Aubrey Beardsley reprend et simplifie le dessin « J'ai baisé ta bouche iokanaan » publié en 1892. Jouant avec les mythes, il imagine une Salomé anti-ange et un saint Jean-Baptiste Méduse. Les lignes ondulantes et le caractère décoratif de ce dessin expliquent l'influence de Beardsley sur l'Art nouveau. En simplifiant ses lignes, l'artiste accentue l'intensité du moment qu'il représente : celui où, enfin, Salomé embrasse iokanaan, après qu'il a été décapité. Le sang qui coule de sa tête forme une flaque depuis laquelle s'épanouit un lys blanc, symbole de sa chasteté.
« Ah ! j'ai baisé ta bouche, Iokanaan, j'ai baisé ta bouche. Il y avait une âcre saveur sur tes lèvres. Est-ce la saveur du sang ?... Mais peut-être est-ce la saveur de l'amour. On dit que l'amour a une âcre saveur. »
Cul de lampe 1893
Salomé sur une banquette 1893

Le Yellow Book

En 1894, Beardsley devient directeur artistique du Yellow Book (« Le Livre jaune»), une revue d'avant-garde qui met les Beaux-Arts et la littérature sur un pied d'égalité. Elle devient, grâce aux dessins stylés et audacieux du jeune artiste, l'une des publications iconiques de la décennie. Le choix du jaune donne le ton: couleur à la mode, il rappelait surtout les couvertures des romans populaires érotiques français. Si Beardsley acquiert une grande notoriété grâce à cette revue, dont il réalise aussi les couvertures, elle est de courte durée. En effet, associé dans l'opinion publique à Oscar Wilde depuis ses illustrations pour Salomé, il est renvoyé de l'équipe du Yellow Book, après la condamnation de l'écrivain en 1895 pour outrage aux bonnes moeurs. Il se trouve dans une situation financière très précaire, quitte un temps l'Angleterre pour la France et rejoint à Dieppe, en Normandie, une communauté d'artistes et écrivains anglais.


Dessin pour une couverture du Yellow Book 1894

Dessin pour une couverture du Yellow Book 1895
Ex libris John Lumsden Propert, 1894
Un ex-libris est terme bibliophilique qui désigne une inscription ou une vignette portant le nom ou les armes du propriétaire du livre. Celui-ci est celui de John Lumsden Propert, un médecin londonien passionné de portraits miniatures.
Les fous de Wagner
Beardsley est passionné de musique. Plutôt que de donner à voir la scène d'un opéra de Wagner, il choisit de représenter le public. A l'époque, l'opinion commune fait des opéras de Wagner une source d'émotions trop intenses pour qu'elles soient éprouvées par des femmes convenables. C'est l'un des rares dessins de Beardsley où le trait blanc n'est pas dans la réserve du papier mais travaille la gouache sur les aplats de noir
La Dame aux camélias, 1894 Encre et aquarelle sur papier
 Inspiré de la courtisane Marie Duplessis que Giuseppe Verdi transforme en La Traviata, La Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils retrace l'histoire d'une prostituée phtisique rachetée par l'amour et la mort. Beardsley a pu voir l'interprétation que Sarah Bernhard en a fait lors de ses représentations Londres, en 1889 ou 1890
Café noir 1895
La grosse femme, 1894
 John Lane refuse de publier ce dessin dans The Yellow Book de peur
d'offenser Beatrice Whistler, l'épouse du peintre James Abbott McNeill
Whistler. Assise au Café Royal de Regent Street à Londres, lieu de
rencontre pour de nombreux artistes, elle est représentée comme une figure importante du demi-monde.

The Rape of the Lock et l'esprit du XVIII° siècle

Beardsley admire beaucoup le poète Alexander Pope (1688-1744), un goût poétique dont se moque Oscar Wilde qui avait proclamé : « il y a deux manières de ne pas aimer la poésie : l'une est de ne pas l'aimer, l'autre est d'aimer Pope.» En 1896, Beardsley se lance dans l'illustration du poème héroï-comique The Rape of the Lock (« La Boucle de cheveux enlevée, 1712) qui tourne en ridicule un incident réel : Lord Petre (Le Baron) coupe une boucle des cheveux d'Arabella Fermor (Belinda) sans sa permission, provoquant une querelle entre leurs familles. Beardsley s'inspire des gravures en taille douce du XVII" siècle francais, qu'il admire et collectionne, pour développer un nouveau style, décoratif et opulent surchargé de motifs dont la délicatesse rappelle l'art de la broderie. Ainsi, le texte est publié en 1897 non pas comme «illustré », mais comme « brodé avec onze dessins d'Aubrey Beardsley. »

Messaline et sa compagne, 1895
Fameuse impératrice romaine, troisième femme de Claude Messaline (25-48 ap. J-C), est devenue le symbole du luxe et de la débauche de la haute societé romaine, fréquentant les lupanars et complotant pour le pouvoir. 
Messaline retournant chez elle 1896
La pastorale dévergondée 1894
Venus entre les dieux termes 1895
Le miroir de l'amour 1895
La grotte de la mélancolie, illustration pour La Boucle de cheveux enlevée d'Alexander Pope, 1896 ; cette grotte est le lieu où les corps se changent en formes variées - théières vivantes, jeunes filles bouteilles.. Envahie d'une vapeur constante, elle abrite des fantômes qui apparaissent dans la brume. Beardsley choisit d'en faire plutôt une « grotte de cheveux » et s'amusa de ce motif à la fois graphique et érotique qui envahit l'espace de la feuille. Pope lui-même apparait au centre de la composition.
La bataille des beaux et des belles 1896
La boucle de cheveux enlevée 1896

L'Antiquité paillarde 
Illustrer Aristophane et Juvénal

En convalescence dans le sud de l'Angleterre durant l'été 1896, Beardsley commence ses deux séries les plus explicitement sexuelles, inspirées de textes classiques. La première est un ensemble de huit dessins pour Lysistrata d'Aristophane (411 av. JC), comédie satirique où femmes athéniennes et spartiates font la grève du sexe afin d'amener les hommes à cesser le combat. L'autre série s'inspire de la Satire VI de Juvénal (fin 1*- début II ap. JC), attaque misogyne contre les mæurs des femmes de la Rome antique. Beardsley trouve dans ces sujets matière à exprimer son humour irrévérencieux et son absence de tabous pour aborder les aspects les plus divers de la sexualité. Il déploie un nouveau style linéaire inspiré notamment par les estampes érotiques japonaises et la céramique de la Grèce antique. Ces séries trop provocantes pour circuler ouvertement ne furent connues que d'un petit public d'initiés par souscription privée auprès de l'éditeur, Leonard Smithers. Converti au catholicisme peu avant sa mort, Beardsley lui demanda de détruire tous ses «dessins obscènes», ce que l'éditeur ne fit pas...

Lysistrata protégeant son con, 1896
Dessin pour le frontispice de Lysistrata d'Aristophane, 
La toilette de Lampito 1896
Lysistrata haranguant les Athéniennes, 1896
Lysistrata défendant l'Acropole 1896
Deux athéniennes dans l'affliction 1896
L'Inspection du messager 1896

Le Savoy

Suite à sa rencontre à Dieppe, en 1895, avec Leonard Smithers, libraire et éditeur spécialisé dans la pornographie, Beardsley participe à la création de la revue The Savoy, lancée en 1896. Il en devient le directeur artistique tandis que la partie littéraire est confiée à l'écrivain et poète Arthur Symons. Le titre de la revue fait référence à l'hôtel Savoy nouvellement ouvert à Londres, premier bâtiment public entièrement éclairé à l'électricité, réputé pour sa modernité. En seulement huit numéros, The Savoy s'impose comme une publication de référence, avec notamment des textes de Stéphane Mallarmé, William Butler Yeats et Joseph Conrad. Beardsley réalise toutes les couvertures dont certaines sont censurées par des libraires londoniens. Il écrit et illustre une version ludique et érotique de l'opéra Tannhäuser de Wagner, Venus and Tannhäuser, publiée sous une forme expurgée dans The Savoy sous le titre Under the Hill (« Sous la colline »). En raison du conservatisme social et moral qu'elle combat, la revue doit cesser de paraitre au bout d'une année.

La Dame à la rose 1897

La Dame au singe 1897
Ali Baba, 1897
Pendant l'été 1896, c'est l'ami de Beardsley, l'éditeur Leonard Smithers 18611907 qui suggère Ali Baba et les quarante voleurs comme nouveau projet pour l'artiste. Beardsley ne réalisera que deux dessins et le livre ne verra pas le jour Cette illustration est le seul dessin about pour ce projet, réalisé près d'un an après un premier travail montrant un Ali Baba effrayé au milieu des bois. Ici, le personnage a découvert la caverne aux trésors; il est représenté repu et richement paré de bijoux.
Ali Baba dans les bois 1896

 Troisième tableau de L'Or du Rhin, vers 1896
Quatrième tableau de l'Or du Rhin
Vers 1896 
Ave Atque Vale 1896
Volpone,
Lettrine « V » avec hermès, 1894
Beardsley projetait d'illustrer la pièce satirique du dramaturge Ben Jonson (1572-1687), Volpone (1606), où le personnage éponyme, sans héritier, fait mine d'être à l'article de la mort et attire des profiteurs sans vergogne, Il Imagine aussi pour ce projet des lettrines, ou il crée des effets de profondeur rendus grace à l'impression en demi-teinte, qui assure la reproduction de différents tons du plus clair au plus foncé. Beardsley meurt avant d'avoir achevé l'ensemble des vingt-quatre illustrations prévues. L'ouvrage est publié de manière posthume, neuf mois plus tard, par Leonard Smithers.
Volpone  Lettrine V avec éléphant 1896

Les derniers dessins

Entre 1897 et son décès en mars 1898, Beardsley s'attelle à différents projets qui resteront inachevés. En 1897, illustre Mademoiselle de Maupin (1835) de Théophile Gautier. Ce roman raconte les aventures d'une jeune femme qui se travestit en homme et échappe ainsi a l'arbitraire du genre et à l'assignation sexuelle, androgyne, elle est attirée autant par les hommes que par les femmes et se sent appartenir à ces deux sexes. La préface du livre est un manifeste de l'art pour l'art, contre la vision utilitaire et moralisatrice de la beauté. Dans ses dessins, Beardsley réalise des tons subtils de gris au lavis et à l'aquarelle. Il commence des dessins pour Volpone, une comédie de Ben Jonson (début du XVIe siècle). Ces chefs-d'oeuvre graphiques sont inspirés par l'art baroque et par l'exubérance des coiffures et costumes des XVII et XVIII siècles.

Beardsley meurt à Menton, en France, à l'âge de vingt-cinq ans. Déja phénomène de son vivant, il entre alors dans la légende. Le début du siècle connaît un véritable « Beardsley Boom, période brève et intense de production de copies et imitations du style de l'artiste, Son graphisme précis, audacieux et abstrait ainsi que son esprit rebelle vont inspirer de nombreux artistes.

Arbuscula, 1897
Arbuscula était une danseuse de l'Antiquité romaine. Elle est représentée richement vêtue, sans doute apprêtée pour recevoir une visite galante, dans un intérieur raffiné, baroque, dans un esprit qui rappelle la littérature libertine du XVIII siècle français. L'éditeur William Heinemann avait proposé à Beardsley d'illustrer un passage

Mademoiselle de Maupin, 1897

Estampe sur papier coloriée à la main entre février et octobre 1897. A la demande de Leonard Smithers, Beardsley travaille à l'illustration de Mademoiselle de Maupin, roman épistolaire de Théophile Gautier (1811-1872). Le personnage principal, D'Albert est en quête de la femme idéale et s'éprend d'un jeune homme, qui se révèle être Madeleine de Maupin, une femme hors des attentes genrées de l'époque, qui est attirée à la fois par les hommes et les femmes. Ce dessin est le frontispice de Mademoiselle de Maupin, première illustration d'une série de six. Beardsley, trop atteint par la maladie, ne pourra réaliser la trentaine espérée.

En prime, M/M (PARIS) dans les collections d'art nouveau 

«D'un M/Musée à l'autre»

Pour la première fois, les salles d'Art Nouveau du musée d'Orsay sont le lieu d'une invitation à des artistes et designers contemporains. Pour ces salles ou sont conservés certains des chefs-d'oeuvre d'Hector Guimard ou Émile Galle, Mathias Augustyniak et Michael Amzalag cofondateurs de M/M (Paris). créent une installation associant à la présentation des collections un de leurs alphabets Leur intervention est conçue en dialogue avec une exposition de leurs travaux au Musée des Arts Décoratifs, de l'autre côté de la Seine et des expositions graphiques consacrées à Aubrey Beardsley et Léon Spilliaert de l'autre côté de la nef.

M/M (Paris), actifs aussi bien dans le design, Tart, le theatre, la mode, la musique, que la literature rondent ainsi hommage aune de leurs inspirations majeures, l'Art Nouveau, wc lequel ils partagent un intérét pour la fusion de la figure humaine de l'objet. et du vital dans des formes souples et organique

Durant les trente années de collaboration, M/M (Paris) ont dessiné plus de 100 caractères typographiques, qui associent visages. lettres, plantes L'alphabet présenté au musée d'Orsay est intitulé The New Alphabet, et a été dessiné en 2o16 d'après des images des photographes de mode et d'art inez & Vinoodh

Cette installation se deploie suivant wn systeme de présentation nommé Borderline, invente spécialement pour ce projet et qu trace une forme de dessin dans l'espace.












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