samedi 17 juin 2023

Le musée de la BNF en juin 2023



Magnifiques œuvres dans ce bâtiment Vivienne superbement restauré !

LE MUSÉE DE LA BNF

Une partie du musée de la BnF, de la salle des Colonnes au salon Louis XV, est aujourd'hui installée dans des salles historiques construites au début du 20e siècle par Jean-Louis Pascal. L'architecte édifie un nouveau bâtiment le long de la rue Vivienne et y aménage des espaces pour accueillir le musée de la Bibliothèque consacré alors aux collections du département des Monnaies, médailles et antiques, qui ouvre au public en 1917. Les salles sont conçues et décorées par Pascal en fonction des collections qu'elles reçoivent à leur ouverture en 1917. Pour la salle des Colonnes, il opte pour des références à l'Antiquité grecque et s'inspire de la structure d'un temple antique. Des colonnes d'un style épuré donnent son nom à la salle. La pièce suivante, appelée aujourd'hui Cabinet précieux, est ornée au plafond de quatre grandes médailles dorées rappelant la vocation du département des Monnaies, médailles et antiques. Elle ouvre sur la salle de Luynes, dédiée à la collection du duc du même nom. Grand érudit et collectionneur, le duc offre sa riche collection d'antiquités à la Bibliothèque en 1862. Le don prévoit que la collection doit être exposée dans une salle dédiée.
La salle Barthélemy est nommée d'après l'abbé en charge des collections de monnaies, médailles et antiques au 18e siècle. Pascal la conçoit comme une chambre forte, solidement protégée par de lourds volets roulants métalliques aux fenêtres. Jusqu'en 2016, les chercheurs prenaient place à une table centrale tandis que les collections étaient conservées dans les médailliers tout autour. La salle fait désormais partie du parcours muséal et donne accès au salon Louis XV.

SALLE DES COLONNES
LA PASSION DE L'ANTIQUITÉ
A la Renaissance, le regain d'intérêt pour l'Antiquité conduit à un nouveau regard sur les textes anciens et les objets, du plus précieux au plus commun. La collection des rois de France réunit alors bijoux et pierres gravées, vases, sculptures et autres témoins de ce passé en privilégiant les pièces exceptionnelles. À partir du 18° siècle et jusqu'à nos jours, elle s'enrichit de tout ce qui peut permettre de comprendre les civilisations antiques, avec une prédilection pour les objets portant des inscriptions. Réunie pour écrire l'histoire, elle éclaire la vie des Anciens dans tous leurs aspects. Principale collection française jusqu'à la Révolution, elle est le berceau de l'archéologie comme discipline scientifique et du déchiffrement d'écritures anciennes. Ces nouvelles connaissances sont diffusées sous forme de cours publics sur les ceuvres.

Péliké
Face A: Héraclès ôte sa léonté (pour combattre le géant Antée ?) Face B: jeune homme face à un pilier hermaïque
Attribuée au Peintre de Géras Athènes (Grèce), 490-480 av. J.-C.
Trouvée à Capoue (Italie)
Terre cuite, figures rouges Legs Oppermann en 1874 De Ridder.397

Hydrie
Épaule : départ en char Panse: Héraclès combat Nérée en présence de Néréides
Attribuée au Groupe de Léagros Athènes (Grèce),
520-500 av. J.-C. Trouvée à Vulci (Italie)
Terre cuite, figures noires Achat à la vente Durand en 1836 De Ridder 255
Nérée, le seul qui puisse indiquer à Héraclès la route du jardin des Hesperides, est une divinité marine douée du don de métamorphose. Il en use- en vain - pour échapper au héros, en prenant ici l'apparence du feu.

Tête colossale d'Héraclès
Grèce, 36-2° siècle av. J.-C.
Marbre
Acquise avant 1819 Inv.57.236
Les traits d'Héraclès portent les stigmates de ses combats : boursouflure des arcades sourcilières, tuméfaction des oreilles. Le type s'inspire d'une sculpture de Lysippe, l'Héraclès au repos, qui présente le héros à la fin de ses 12 travaux.

Statue : danseuse
Empire romain, 100-150
Marbre
Collection Foucault; achat à N. Mahudel en 1727
La danseuse est vêtue d'un << chiton >> (tunique légère) ceinturé, qui dévoile son sein droit. Elle tenait des crotales (cymbales), qui ont disparu. Cette copie romaine s'inspire d'une statue en bronze du sculpteur grec Lysippe réalisée vers 320 av. J.-C., représentant la poétesse Prasilla de Sicyone.

Figurine plate, dite à museau de souris
Béotie (Grèce), 580-550 av. J.-C.
Terre cuite, engobes Don Delepierre en 1966 Delepierre.tc.1
Coiffée d'un « polos >> bas (coiffure cylindrique) pourvu d'une volute frontale, la figurine arbore un collier à pendeloques et une ceinture ornée de rubans suspendus.

Statuette: femme drapée, dite Tanagréenne
Tarente (Italie), 3° siècle av. J.-C.
Terre cuite, polychromie mate Legs Janzé en 1865

Cratère à volutes
Face A: adieux d'Alceste et d'Admète entre deux démons Face B: ménade et satyres
Attribué au Groupe d'Alceste (vase éponyme) Vulci, Étrurie (Italie), 350-340 av. J.-C.
Trouvé à Vulci en 1846
Terre cuite, figures rouges. Don de Luynes en 1862 De Ridder.918
La vertueuse Alceste offre de mourir à la place de son époux Admète. Les inscriptions, ainsi que la présence des démons Charun et Tuchulcha, donnent à ce thème grec jamais représenté jusqu'ici par les céramistes d'Athènes une saveur tout étrusque.

Masque de momie
Égypte, Basse époque
(664-332 av. J.-C.)
Bois doré, lin, stuc, feuille d'or
Inv.53.1837
Le masque se place sur le visage du défunt momifié et le préserve pour l'éternité, tout comme la momification préserve le corps afin d'assurer la survie dans l'au- delà. Les traits restent cependant impersonnels.

Les médailliers de la collection Pellerin
Ces deux armoires ont été transformées en médailliers pour accueillir la collection de 32 000 monnaies grecques réunie par Joseph Pellerin (1684-1782), numismate de renom. Si Pellerin accepte de vendre ses monnaies en 1776, il conserve jusqu'à sa mort leurs contenants qui ne rejoignent le Cabinet du roi qu'en 1784. Ces meubles précieux, de conception et de fabrication françaises, réutilisent des éléments décoratifs exotiques, caractéristiques de l'engouement pour l'Orient au 18° siècle. Les portes et les côtés de l'un des médailliers ont été plaqués de panneaux en laque de Coromandel, découpés dans un paravent réalisé selon la technique « kuan cai» (laque découpée 寫 et colorée). Ce type de paravent, produit en Chine sous le règne de l'empereur Kangxi (1662- 1722), parvenait en France en transitant par la côte sud-est de l'Inde : la côte de Coromandel. Le deuxième médaillier, de style Régence, bel exemple de marqueterie Boulle en écaille de tortue et cuivre, utilise pour le décor des portes des bas-reliefs chinois en pierre de lard


Médaillier à panneaux de laque de Coromandel
Chine, fin du 17-début du 18° siècle (panneaux de laque) Paris, vers 1730 (bâti)
Laques gravés, peints et dorés, bois peint, bronze doré Achat aux héritiers de J. Pellerin en 1784 Dpt Monnaies, médailles et antiques Inv.55.701
Découpées dans un paravent à décor de palais, les scènes représentent des lettres et des dignitaires dans des pavillons de jardin. Les bordures sont ornées d'animaux chimériques et de natures mortes.

Détail du médaillier

Attribué à
Nicolas Sageot (1666-1731)
Médaillier
Chine (appliques de pierre de lard); Paris, avant 1720
Marqueterie, écaille de tortue, cuivre, bronze doré Achat aux héritiers de J. Pellerin en 1784 Dpt Monnaies, médailles et antiques

Sur un fond de laque rose française ont été collés des bas-reliefs chinois en pierre de lard représentant des lettrés dans des jardins, encadrés d'animaux chimériques et de vases anciens, dans une disposition de goût occidental.

Détail du médaillier précédent

Bijoux et pierres gravées de la Renaissance au 20° siècle
Parmi cette sélection d'objets précieux, certains, hérités du Cabinet du roi, sont de rares témoignages de commandes royales et de l'activité des orfèvres et graveurs liés à la cour de France. Camées, antiques et modernes, sont complétés par des montures raffinées. L'art de la gravure sur pierre fine s'est maintenu en France jusqu'au 20° siècle

Camée : centaures et amours
2e moitié du 1er siècle av. J.-C. (camée) Paris, vers 1560 (monture)
Agate-onyx (camée), or émaillé (monture) Acquis avant 1664; collection royale


Germain Pilon (1528-1590) Médaillon du chancelier de Birague
Paris, vers 1575 Bronze doré, fonte

Jean-Baptiste Nini (1717-1786) Médaillon de Catherine II de Russie
Paris, 1771
Terre cuite
Achat à T. Mortreuil en 1872

David d'Angers (1788-1856)
Médaillon de Bonaparte
Paris, 1838
Bronze, fonte

Camée: apothéose de
Claude
collection de Louis XIV
1 siècle av. J.-C
Josias Belle (1624-1695), Paris, 1686 (monture)
Sardonyx (camée), or émaillé (monture) Abbaye de Saint-Evre de Toul (France):
Rapporté au 11° siècle de
Constantinople, ce camée est alors considéré comme un
saint Jean l'Évangéliste. Depuis le 17° siècle, on y reconnaît la divinisation d'un empereur, enlevé au ciel par un aigle et assimilé à Jupiter. Cette apothéose de Claude a été décrétée peu après sa mort en 54.

Camée : portrait d'Alexandre le Grand
Attribué à Pyrgotélés, fin du 4-début du 3° siècle av. J.-C. (camée) Josias Belle (1624-1695), Paris, 1684-1689 (monture) Calcédoine (camée), or émaillé (monture) Collection Rubens: leg Gaston d'Orians en 1681
Le souverain, coiffé d'un diadème, porte une corne de bélier, rappel de sa nature divine de fils de Zeus Ammon, annoncée par un oracle en 332 av. J.-C. Si l'attribution à Pyrgotėlės, graveur officiel d'Alexandre le Grand, ne peut être confirmée, une date de peu postérieure à la mort du roi est probable.

CABINET PRÉCIEUX LUXE ET APPARAT
Le Cabinet précieux reflète le luxe du Cabinet du roi rattaché à la Bibliothèque royale dès 1666. Les œuvres qui y sont rassemblées possèdent des traits communs désirables à toutes les époques. Les matériaux en sont particulièrement précieux : bijoux et montures d'or émaillé sont produits dans des matières coûteuses et souvent importées de pays lointains. Les grands plats antiques en or et en argent se distinguent par leurs dimensions spectaculaires et le poids de métal accumulé. La virtuosité des techniques employées - fonte, repoussé, ciselure, dorure - et la variété iconographique des décors sont une autre caractéristique du luxe. Leur valeur a conduit la plupart des objets de cette qualité à leur destruction au fil de l'histoire, ce qui donne plus de prix encore aux exemples conservés à la Bibliothèque nationale de France

JASON ET LA QUÊTE DE LA TOISON D'OR
Hydrie
Épaule: Amycos châtlé par les Argonautes Panse: Dionysos, satyres et ménades (thiase)
Attribuée au Peintre d'Amycos (vase éponyme) Métaponte (Italie), 420-400 av. J.-C. Terre cuite, Figures rouges
Pour se ravitailler en eau douce, les Argonautes menés par Jason abordent en Bithynie, où le cruel roi Amycos défie à la lutte et met à mort les étrangers s'aventurant sur son sol. Pollux, lutteur hors pair, a tôt fait de le vaincre, mais lui laisse la vie sauve


Péliké Faces A et B :
Borée poursuit Oreithye
Athènes (Grèce), 450-440 av. J.-C. Trouvée à Nola (Italie)
Terre cuite, figures rouges De Ridder.401
Par son union avec la princesse athénienne Oreithye, Borée, le vent du Nord, devient l'allié de la cité d'Athènes. La tradition athénienne lui attribue la destruction de la flotte de l'ennemi perse au large des côtes thessaliennes en 480 av. J.-C.

Statue fragmentaire, dite << Vénus de Luynes >>
Grèce, 1er siècle av. J.-C. Marbre de Paros Achat du duc de Luynes à Rome en 1840 Dpt Monnaies, médailles et antiques Inv.57.219
Sensible à la beauté de cette Vénus anadyomène (émergeant des flots), le duc de Luynes a fait retirer les restaurations ajoutées par son précédent propriétaire, le sculpteur suédois Johan Niclas Byström (1783-1848), afin de retrouver son caractère originel.

Bronzes du sanctuaire de Rimat
Syrie romaine, 2°-3° siècle Trouvés à Rimat (Liban) en 1849 Bronze
Bronze.450, 117, 118
La figure d'applique, à revers creux, d'un jeune berger portant un bélier et les bustes du dieu Hélios/ Sol, couronnés de 12 rayons solaires, proviennent d'un petit sanctuaire voûté de la région de Sidon, grand centre bronzier à l'époque romaine.

Candélabre : Héraclès au repos
Vulci, Étrurie (Italie), 420-380 av. J.-C.
Bronze Bronze.1478

Un vase pour les héros : le rhyton
Vase dit plastique (de << plattein», modeler), le rhyton associe une partie figurée moulée à une partie tournée. Il revêt dans le monde grec une double valeur symbolique: évocateur de formes très anciennes, il est lié au monde héroïque; inspiré de l'orfèvrerie perse, il connote le luxe.

Rhyton à tête de taureau: griffon attaquant un cheval
Rhyton à tête de cheval
Tarente (Italie), vers 350 av. J.-C. Trouvé à tuvo talia)
Terre cuite, figures rouges décor moulé et polychrom De Ridder 1248
Pour satisfaire les besoins rituels des élites indigènes d'Italie méridionale, les ateliers de la cité coloniale de Tarente prennent le relais de la production attique au 4 siècle av. J.-C. Perforé à son extrémité, cet exemplaire est un véritable rhyton (de << rhein», couler), laissant s'écouler le vin.
Le choix du hyton comme du thème du cheval, symbole d'excellence, concourent à élever au rang de héros le défunt que ce vase a accompagné dans la tombe. Exécuté dans une matière modeste (l'argile) et plaqué d'étain, il offrait à l'origine un éclat métallique simulant celui de l'argent.

SALLE BARTHÉLEMY
LE CABINET DES MÉDAILLES
La BnF conserve 600 000 monnaies et médailles. Le Cabinet trouve son origine au Moyen Age dans la cassette des rois de France, collection privée d'objets précieux et réserve financière dispersée à la mort du souverain ou pour financer les guerres. Sous Louis xiv, en 1666, le Cabinet du roi est rattaché à la Bibliothèque royale. Ses collections prennent une extension particulière avec ce roi passionné de monnaies anciennes. En son honneur, l'art de la médaille connaît un nouvel essor. L'importance des collections leur vaut, au début du 20° siècle, d'être installées et présentées au public dans l'aile nouvellement construite par l'architecte Jean- Louis Pascal. La salle Barthélemy au décor d'acajou est alors conçue pour permettre la conservation et l'étude de cette collection.

David d'Angers (1788-1856) Médaillon de Charles Lenormant
1830
Bronze Achat à A. Devéria en 1859 D.56
Charles Lenormant (1802-1859) est une figure du monde artistique parisien. À partir des années 1830, il se consacre à une brillante carrière érudite et muséale. Son portrait est exécuté alors qu'il vient d'être nommé directeur de la section des beaux-arts dans le ministère de François Guizot. En 1849, Lenormant devient conservateur au Cabinet des médailles.

David d'Angers, médailleur du Paris romantique
Pierre-Jean David, dit David d'Angers (1788-1856), est connu pour les portraits en médaillons de ses contemporains, sculptés à partir des années 1820.
Sa connaissance approfondie des médailles de la Renaissance du Cabinet des médailles l'engage à en reprendre la technique, le bronze coulé, qui lui permet de sculpter en haut-relief, mais il s'en distingue par les importantes dimensions de ses créations.

David d'Angers
(1788-1856) Médaillon de
Jacques-Louis David
Plâtre
Don David d'Angers en 1844 DA.18
Jacques-Louis David (1748-1825) est le maître de David d'Angers. Le médailleur apprécie le rapport à l'antique du peintre, mais aussi l'engagement politique de celui qui fut membre de la Convention. David d'Angers exécute sans doute ce portrait dans les années 1830, alors qu'il œuvre à la
réhabilitation de l'artiste, mort en exil à Bruxelles, dont il fait rapatrier la dépouille en 1842

David d'Angers
(1788-1856) Médaillon de Jules Michelet
1834
Bronze
Achat à A. Devéria en 1859 D.161
L'estime réciproque entre David d'Angers et l'historien Jules Michelet (1798-1874) s'appuie sur leurs origines modestes, leur admiration pour les membres de la Convention et leur républicanisme. Si Michelet accepte d'être représenté par le sculpteur, il est cependant réservé sur son art, qu'il ne juge pas << assez peuple ».

David d'Angers (1788-1856)
Moule du médaillon d'Alfred de Musset
1831 Moule en plâtre
David d'Angers a sans doute remarqué Alfred de Musset (1810-1857), alors jeune homme prometteur, dans un salon littéraire. L'écrivain n'est pas encore très connu, ses succès n'étant publiés qu'à partir de 1833. David d'Angers le représente de trois-quarts alors qu'il privilégie d'ordinaire les profils, donnant ainsi une énergie inhabituelle à ce portrait.

David d'Angers (1788-1856)
Médaillon d'Honoré de Balzac
1843 Plâtre
Les ambitions artistiques rapprochent Balzac (1799-1850) et le sculpteur. L'auteur de La Comédie humaine rêve d'une galerie de peintures et de sculptures représentant ses grands contemporains, un objectif finalement proche de l'ensemble sculpté par David d'Angers.

Eugène Delacroix (1798-1863)
Six médailles antiques
1825 Lithographie
Le jeune Delacroix s'exerce au dessin d'antiques avec des monnaies grecques. Entre 1824 et 1825, il produit des dessins et des lithographies où il les assemble et les met en scène.

La salle de lecture de la BNF

Jean Varin (1604 ou 1607-1672) Médaille de Louis XIV avec sa chaîne
Paris, 1672
Fonte en or
Louis XIV est représenté en roi de guerre, à l'époque des succès militaires du début du règne : le roi est en armure moderne et porte une cravate en soie. Œuvre de Jean Varin, le grand médailleur du début du règne

Le « Grand Camée de France >>>
Rome (Italie), vers 23
Camée en sardonyx à cinq couches
Ce camée aux dimensions exceptionnelles est gravé de 24 figures réparties en trois registres évocateurs de trois mondes. En haut, est représenté le monde des morts héroïsés autour de l'empereur Auguste, mort en 14; au centre, celui des vivants - l'empereur Tibère et ses descendants et héritiers possibles, dont Nero Drusus; en bas, celui des vaincus, Parthes et Germains. Cette œuvre vise à affirmer la légitimité de la première dynastie de l'Empire romain. Le camée était serti dans un tableau reliquaire byzantin en bois à décor de pierreries et d'émaux cloisonnés sur or, disparu lors d'un vol en 1804.

Henri Matisse (1869-1954)
Trois Têtes
1951-1952
Gravure à l'aquatinte
Matisse crée une cinquantaine de gravures à l'aquatinte entre 1947 et 1951. Plusieurs présentent des visages réduits aux traits essentiels, tels des masques. Les formes épurées traduisent les caractéristiques universelles du visage humain. Il s'agit ici de Matisse lui-même et de ses amis le poète Guillaume Apollinaire et l'écrivain André Rouveyre.

Pablo Picasso (1881-1973)
La Colombe
1949
Lithographie 
Picasso utilise une plaque de zinc, plus maniable que la pierre, et l'attaque au pinceau à l'encre lithographique délayée au pétrole pour obtenir les parties les plus délicates de l'oiseau : il évoque ainsi la blancheur neigeuse du plumage. Louis Aragon choisit cette estampe pour l'affiche du premier Congrès mondial des partisans de la paix en 1949.

Zao Wou-ki (1920-2013)
Sans titre
Gravure à l'aquatinte en couleurs
Dans ses estampes, Zao Wou-ki rejette tout automatisme : il interprète souvent une œuvre originale, s'aidant parfois de photographies. L'estampe résulte d'une longue recherche avec multiplication des états et réalisation de nombreux essais avec ses complices, les imprimeurs de l'atelier Lacourière- Frélaut.

Hans Hartung (1804-1989)
1963
Lithographie
En 1963, Hartung crée dans l'atelier suisse Erker plus d'une trentaine de lithographies au moyen de craies grasses et de crayons: son dessin, directement apposé sur la pierre sous la forme d'un réseau de traits véhéments, explose littéralement. Il exploite également les variations d'impression en encrant ses matrices de couleurs différentes.

Pierre Soulages (1919-2022)
 Eau-forte IX
1957
Gravure à l'eau-forte en couleurs 

Eugène Delacroix (1798-1863)
Méphistophélès se présente chez Marthe
1827
Lithographie


Galerie Mazarin
La galerie Mazarin, avec son ordonnancement du 17° siècle, constitue l'un des très rares exemples de galerie baroque encore conservés en France. La galerie est commandée à François Mansart par le cardinal Mazarin, principal ministre de Louis XIII puis de Louis XIV. Ses dimensions sont impressionnantes: 45,55 m de long, 8,20 m de large et 9,20 m de haut.
La voûte peinte à fresque en 1646-1647 par Giovanni Francesco Romanelli (1610-1662) et son atelier a une superficie de 280 m².



Trône de Dagobert
Fin du 8-9 siècle
Alliage cuivreux fondu et gravé,
fer, restes de dorure 

Degas en noir et blanc à la BNF en juin 2023

Visite aujourd'hui du bâtiment Richelieu de la bibliothèque nationale de France en profitant de cette exposition, recommandée par Télérama, qui met en valeur les collections du Département des Estampes et notamment en fin de pos quelques œuvres de Delacroix, Manet, Pissaro, Marie Cassat, James McNeill Whistler et Picasso, entre autres....

Degas en noir et blanc Dessins, estampes, photographies
Si j'avais à refaire ma vie, je ne ferais que du noir et blanc », aurait avoué Edgar Degas à la fin de sa vie. Déclaration souvent jugée paradoxale, un "mot" de plus d'un artiste qui devait principalement sa gloire aux fééries colorées de ses pastels. Mais quand Claude Monet et Auguste Renoir sont avant tout peintres, Degas, comme le reconnaît Camille Pissarro, « va de l'avant sans cesse », porté par une insatiable curiosité technique et poussé par la « haute idée, non pas de ce qu'on fait mais de ce qu'on pourra faire un jour ».
Dès ses débuts, il s'essaie à la gravure; au milieu des années 1870, réinvente le monotype; en 1891, pratique la lithographie; en 1895, devient photographe; au tournant du siècle, multiplie les dessins au fusain sur papier-calque. En s'attachant à cette passion pour le noir et blanc, si singulière dans le milieu impression-niste, cette exposition considère, pour la première fois, l'ensemble des moyens que Degas va éprouver : dessin à la mine graphite, au crayon, au fusain, eau-forte, lithographie (et toutes les ressources de l'estampe), monotype, mais aussi peinture et photographie. L'activité du photographe, circonscrite à quelques mois de 1895, prolonge des recherches entreprises par la peinture, le dessin et la gravure. Les « femmes au bain », les « chevelures », lithographiées, dessinées au fusain, qui hantent les années 1880 et 1890, sont de nouveaux avatars des figures esquissées pour les peintures d'histoire de sa jeunesse.
Cette continuité de la ligne mélodique tient autant à l'inlassable revisitation des mêmes thèmes qu'à leur résonance d'une technique l'autre. Entre le jeune artiste qui se grave à l'eau-forte en 1857 et le vieil homme qui se photographie quarante ans plus tard, se lisent certes dans le regard la même attente, la même perplexité, la même distance, mais aussi semblable exacerbation des blancs et des noirs, révélatrice d'un moi ténébreux: Degas en noir et blanc.


Edgar Degas (1834-1917)
Autoportrait, étude pour le Portrait de l'artiste avec Évariste de Valernes
Vers 1865
Dessin au crayon noir sur papier calque
Paris, musée d'Orsay, don de la société des Amis du Louvre

Dans la suite de ce post, toutes les œuvres sont d'Edgar Degas sauf mention contraire 

Autoportrait
1857
Eau-forte, 3° état sur 4
Signé et daté au crayon dans la marge en bas à droite
Paris, Bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art,
collections Jacques Doucet

Sous l'influence de Rembrandt dont il copie le Jeune homme assis au béret de velours, Degas se livre, à Rome, à l'exercice de l'autoportrait alors qu'il est âgé de vingt-trois ans. Les quatre états successifs de cette plaque dévoilent des accidents de morsure dont le graveur a habilement tiré parti pour accentuer l'effet de contre-jour particulièrement saisissant dans cette épreuve du 3 état qui a appartenu au critique d'art Philippe Burty

Autoportrait devant sa bibliothèque
 (23, rue Ballu)
1895
Tirage argentique à partir d'un négatif sur plaque de verre

Profil de fillette [Giulia Bellelli?] et d'homme [Hilaire Degas?]
Vers 1856-1857
Dessin au graphite, encre noire sur papier vélin découpé

Rembrandt (1606-1669)
Jeune homme assis et réfléchissant
1637
Eau-forte, 2º état


1856-1868
L'apprentissage du noir et blanc
Degas découvre l'estampe en 1856, Dans le sillage de Rembrandt et des maîtres anciens dont il copie les gravures, il s'initie à l'eau-forte auprès du prince roumain Grégoire Soutzo, artiste amateur, ami de son père, et auprès du graveur de reproduction Joseph Tourny qu'il fréquente à Paris puis à Rome. Il s'approprie cette technique récemment remise à l'honneur, en explorant les possibilites offertes par la succession des états issus d'une même matrice et les variations d'encrages d'un tirage à l'autre.
Nouée à la fin des années 1860, l'amitié de Degas et d'Édouard Manet se concrétise par une série de portraits qui vient clore la première période de son activité de graveur.
Le goût du tracé spontané de l'eau-forte comme des clairs-obscurs trouve un écho dans les croquis au crayon, à la plume ou au lavis, qui émaillent ses carnets de dessin. Une vingtaine de feuillets du plus important d'entre eux. utilisé entre 1859 et 1864, sont exposés pour la première fois

Feuillets d'un carnet
Entre 1859 et 1864
BnF, département des Estampes et de la photographie
En 1920, René de Gas, le frère de l'artiste, donne au Cabinet des Estampes vingt-neuf carnets de dessins. Le carnet, dont les feuillets sont présentés ici, est utilisé par Degas dans toutes sortes de circonstances, entre 1859 et 1864. Au Salon, il y copie des tableaux; en Normandie, chez son ami Paul Valpinçon, il dessine au lavis et à la gouache les paysages qu'il traverse: il y trace les dessins préparatoires de compositions ambitieuses, comme La fille de Jephté. Il y note aussi des idées de couleurs, de tonalités, de composition. Ce camet donne un accés unique à l'atelier intime du jeune artiste

Scène d'intérieur et études de costumes du XVIIIe siècle
Dessin à la plume et lavis

Scène de bal public
Dessin à la plume et lavis

Croquis de marins et scène antique
Dessin à la plume

Croquis de silhouettes
Dessin à la plume

Croquis de têtes
Dessin à la plume

Études pour La Fille de Jephte
1859-1860
Dessin à la plume et lavis

Deux hommes au bord d'une rivière
Dessin à la plume

Paysages au Haras-du-Pin en Normandie
Septembre-octobre 1861
Dessin à la plume et lavis

Cavaliers au bord d'un lac
Dessin à la plume, lavis et rehauts de gouache blanche

Étude pour Sémiramis construisant Babylone
Vers 1860-1862
Dessin à la plume et encre noire

Le sportsman montant à cheval
1856
Eau-forte, 2º état sur 5

Joseph Tourny (1817-1880) 
Portrait de Masaccio
1857
Burin et eau-forte
Signé et dédicacé en bas à gauche :
< A monsieur De Gas / hommage d'amitié / J. Tourny >

Le Graveur Joseph Tourny
1857
Eau-forte
État unique, 3º impression

Eugène Delacroix (1798-1863)
Madame Frédéric Villot
1833
Eau-forte, 1er état

Marguerite De Gas, soeur de l'artiste
1860-1862
Eau-forte, 3e état sur 6

Édouard Manet assis, tourné à gauche
Vers 1868
Eau-forte, 1er état sur 2

Édouard Manet (1832-1883)
L'Infante Marguerite d'après Vélasquez (1599-1660)
Vers 1862-1865
Eau-forte

L'Infante Marguerite d'après Vélasquez (1599-1660)
Vers 1865-1866
Eau-forte, 1er état sur 2

Édouard Manet en buste
Vers 1868
Eau-forte, 1er état sur 4

1875-1880
Les années de passion dévorante pour l'estampe
Après une interruption d'une dizaine d'années, Degas reprend la pointe en 1875, a foccasion d'une séance amicale de portraits croisés avec Giuseppe De Nittis, Marcellin Desboutin et Alphonse Hirsch. Au même moment, les eaux- fortes mobiles de Ludovic-Napoléon Lepic lui ouvrent la voie à la pratique du monotype. autrement dit à l'art de dessiner à l'encre sur une plaque pour en tirer une épreuve unique.
Grâce à la presse dont il dispose. Degas se lance dans des recherches experimentales qui l'amènent à combiner les procédés entre eux (eau-forte, pointe séche, aquatinte, vernis mou). Il développe une véritable cuisine » de graveur avec la complicité de ses amis Camille Pissarro et Mary Cassatt. Peu intéressé par le tirage en nombre d'épreuves identiques, il s'attache à singulariser chaque épreuve imprimée par ses soins.
En 1879, cette passion pour l'estampe le conduit à envisager la création d'une revue composée de gravures originales, Le Jour et la Nuit

Marcellin Desboutin (1823-1902)
Degas de trois-quarts, la main sur la bouche
1875
Pointe sèche

Marcellin Desboutin (1823-1902)
Degas au chapeau
1876
Pointe sèche, 1er état
BnF, département des Estampes et de la photographie

Giuseppe De Nittis (1846-1884)
Degas de profil, la main sur la bouche
1875
Pointe sèche

Alphonse Hirsch
1875
Pointe sèche, 1er état sur 2

Giuseppe De Nittis (1846-1884)
Portrait de Alphonse Hirsch
1875
Pointe sèche

L'Homme à la pipe (Marcellin Desboutin)
1876
Monotype à l'encre noire

Mary Cassatt (1844-1926)
La Visiteuse. Scène d'intérieur
Vers 1880
Vernis mou, eau-forte, aquatinte et pointe sèche,
3° état

Les expérimentations techniques
Les recherches expérimentales de Degas en matière de gravure concernent à la fois le traitement de la matrice (plaque de cuivre ou de zinc) et les jeux d'encrage obtenus au moment du tirage.
À l'étape de la gravure de la plaque, Degas cherche à étendre la gamme des gris autrement que par le seul recours à l'eau-forte. Il y associe la pointe sèche, le vernis mou et l'aquatinte. Avec une ingéniosité sans limites, il essaie de nouvelles recettes (lavis d'aquatinte) et de nouveaux outils (crayon électrique) qu'il combine dans les états successifs de ses plaques.
Lors de l'impression qu'il contrôle lui-même, il ajoute des effets picturaux à l'aide d'encre travaillée au pinceau et au chiffon, rendant ainsi chaque épreuve unique. Les monotypes qu'il appelle << dessins faits à l'encre grasse et imprimés », exempts de trait gravé, sont l'aboutissement de cette pratique.

Ellen Andrée
1879
Pointe sèche et crayon électrique, 3° état sur 3

Portrait de René de Gas
Vers 1855-1856
Dessin à la mine graphite

Camille Pissarro (1830-1903)
Crépuscule
1879
Eau-forte et aquatinte, 3º état
Annotations de la main de l'artiste en bas à gauche : << n°2 - Epreuve d'artiste // Crépuscule (Cuivre) >> ;

La Femme sur la route
1879
Aquatinte, eau-forte et pointe sèche,
 4° état

Quatre têtes de femmes
1876-1877
Lithographie de report de quatre monotypes
BnF, département des Estampes et de la photographie
Degas cultivait le goût du mélange des techniques de l'estampe n'hésitant pas à passer de l'une à l'autre. Il a inventé le report de monotype sur pierre qu'il pouvait obtenir de plusieurs manières : soit en pressant une épreuve fraichement imprimée sur la pierre soit en exécutant un monotype sur celluloid transposé sur la pierre, soit en l'imprimant sur un papier-report lui-même transféré sur pierre. Cet art du transfert donne naissance à des planches qu'il tire individuellement ou qu'il assemble, comme ici, sur une même pierre.

Profil perdu à la boucle d'oreille
1876-1877
Monotype à l'encre noire

«Le Jour et la Nuit »> (1879-1880)
Au moment de la fermeture de la quatrième exposition impressionniste, en mai 1879, Degas se lance dans le projet de création d'un périodique composé d'estampes originales.
Pour cette revue intitulée Le Jour et la Nuit, << organe de l'impressionnisme », il sollicite la collaboration du graveur Félix Bracquemond, précieux pour son expertise technique, de Camille Pissarro, son complice en matière d'expérimentations gravées, et de son amie américaine, Mary Cassatt, alors novice en matière d'estampe, mais aussi de Jean-Louis Forain, de Jean-François Raffaelli et d'Henri Rouart. Le banquier et collectionneur Ernest May et le peintre Gustave Caillebotte s'engagent à en assurer le financement.
Degas exécute une planche représentant Mary Cassatt au Louvre. Musée des Antiques, Pissarro un Paysage sous bois, à l'Hermitage (Pontoise) et Mary Cassatt, Au théâtre. Femme à l'éventail, mais le projet avorte et la revue ne paraîtra jamais.

Mary Cassatt au Louvre
 Musée des Antiques
1879-1880
Eau-forte, aquatinte, vernis mou et pointe sèche
4º état sur 9

Mary Cassatt (1844-1926)
Au théâtre. Femme à l'éventail
Vers 1880
Vernis mou, aquatinte et eau-forte,
 3e état

Camille Pissarro (1830-1903)
Paysage sous bois, à l'Hermitage (Pontoise)
1879
Eau-forte et aquatinte, 5° état

Jean-François Raffaelli (1850-1924)
Le Chiffonnier éreinté
1879
Pointe sèche, 2º état

Mary Cassatt au Louvre. 
Les Peintures
1879-1880
Eau-forte, aquatinte, vernis mou et pointe sèche
20° état sur 20

Un monde en noir et blanc
Dès la première << exposition impressionniste >> de 1874, Degas proclame sa préférence pour le noir et blanc. Il présente, au milieu des œuvres éclatantes de couleurs des autres exposants, une étrange grisaille, Répétition de ballet sur la scène, peinture en camaïeu gris qu'il qualifie de << dessin >>. Durant toute sa carrière, il affirme cette singularité par le choix de motifs ténébreux, parfois scabreux. Le monde qu'il met en scène n'est pas celui du grand jour, des séductions du plein air, mais plutôt celui des intérieurs clos, souvent oppressants des heures indécises du soir : scène de café-concert sous la nuit constellée de globes lumineux, loge étouffante où les ombres projettent des silhouettes fantastiques, chambres dans la pénombre, salons de maisons closes.

Mademoiselle Bécat aux Ambassadeurs
1877-1878
Lithographie

Mademoiselle Bécat aux Ambassadeurs : trois scènes
1877-1878
Lithographie de report de trois monotypes

La Chanson du chien
1876-1877
Lithographie

Répétition de ballet sur la scène. 
Dessin 1874
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, legs du comte Isaac de Camondo
En 1874, lors de la première exposition impressionniste, Degas expose dix ceuvres, dont celle-ci. Co-organisateur de l'événement, il insiste sur la présence de l'estampe et invite Félix Bracquemond à y participer. Cette toile en grisaille contribue à asseoir sa réputation de dessinateur Dans le livret, il la qualifie de dessin réalisant toute sa composition dans un camaieu de teintes sourdes, bistres et grises.

Dans l'omnibus
Vers 1877-1878
Monotype à l'encre noire

Loge d'avant-scène. 
Femme à l'éventail
1878-1880
Lithographie

Au salon
Vers 1879
Monotype à l'encre noire

Scène de maison close
Vers 1879
Monotype à l'encre noire 
rehaussé de lavis

L'Entremetteuse
Vers 1879
Monotype à l'encre noire

L'Attente (seconde version)
Vers 1879
Monotype à l'encre noire

Nus de femme à leur toilette
Degas a inlassablement décliné le motif des femmes au bain, en variant les supports, les techniques, les formats.
En 1865, il participe pour la première fois au Salon de peinture et de sculpture, où il présente Scène de guerre au Moyen Age. Les esquisses dessinées pour ce tableau annoncent les nus féminins à venir.
En 1891, alors qu'il aborde la lithographie, il entreprend une série, selon ses mots, de « nus de femme à leur toilette », qui forme un ensemble spectaculaire de variations. Degas explore diverses méthodes de transfert sur la pierre lithographique, qu'il retravaille ensuite, par ajout ou par abrasion. La difficulté technique et ses problèmes oculaires mettent un terme à ces essais, qui constituent son ultime contribution à l'estampe originale. L'année suivante, il écrit à sa sœur : « Il me faudrait une presse chez moi, un ouvrier retors pour préparer et même dépréparer les pierres, et pas mal d'argent devant moi pour ne pas être arraché de la suite des essais. Ça finira bien par arriver, mais il commence à se faire tard dans ma cervelle et dans mes yeux... >>.

Le Lever.
Femme assise mettant ses bas
Vers 1880-1885
Monotype à l'encre noire 
avec rehauts de pastel

La Cheminée
Vers 1880-1885
Monotype à l'encre noire
New-York,
 The Metropolitan Museum of Art

Femme nue à la porte de sa chambre
1879
Lithographie de report d'un monotype

Le Tub
Vers 1885 Monotype à l'encre noire
Paris, Bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art,
collections Jacques Doucet 
Comme de nombreux monotypes
représentant des femmes à leur toilette, Le Tub a été exécuté selon la technique dite << à fond sombre » qui consiste à travailler en négatif, autrement dit à dessiner des blancs sur du noir, en enlevant l'encre posée sur la plaque à l'aide d'un tampon de mousseline, d'un pinceau, d'une pointe, du doigt ou de tout autre outil. Ce procédé est incomparable pour traduire les effets de clair-obscur ou de contre-jour, qui conservent le souvenir des nus de Rembrandt, que Degas a regardés dans sa jeunesse.

La Toilette
1876-1877
Lithographie de report d'un monotype, 1er état sur 2

Sortie du bain
1879-1880
Eau-forte, aquatinte, pointe sèche et crayon électrique
BnF, département des Estampes et de la photographie


Femme debout dans une baignoire
Vers 1880-1885
Monotype à l'encre noire

Femme s'essuyant les pieds près d'une baignoire
Vers 1880-1885
Monotype à l'encre noire

Femme nue se coiffant
Vers 1880-1885
Monotype à l'encre noire

Torse de femme
Modèle réalisé entre 1896 et 1911; fonte réalisée entre 1921 et 1931 par Adrien-Aurélien Hébrard Bronze patiné
Paris, musée d'Orsay

Baigneuses
1899
Dessin au fusain sur toile

Après le bain (3º planche)
1891-1892
Lithographie, 1er état sur 2

Après le bain (1º planche)
1891-1892
Lithographie, 2º état sur 2

Femme nue debout à sa toilette
1891-1892
Lithographie de report d'un monotype, 1er état sur 6

Femme démêlant des cheveux
Vers 1891
Lithographie de report d'un monotype, 1er état sur 2

La photographie, ça a été une passion terrible, j'ai ennuyé tous mes amis.
Edgar Degas à Daniel Halévy, 1905


Autoportrait avec sa gouvernante,
 Zoé Closier (23, rue Ballu)
1895
Tirage argentique à partir d'un négatif sur plaque de verre

Autoportrait devant La Femme qui pleure d'Albert Bartholomé (23, rue Ballu)
1895
Tirage argentique ; agrandissement réalisé par Delphine Tasset

Julie Manet chez elle 
(40, rue de Villejust)
1895
Tirage argentique à partir d'un négatif sur plaque de verre
BnF, département des Estampes et de la photographie
Julie Manet, la fille de Berthe Morisot et du frère de Manet, est orpheline à 17 ans. Degas veille sur elle et lui rend régulièrement visite. Il la photographie à plusieurs reprises dans l'appartement où elle vit avec ses cousines, Paule et Jeannie Gobillard, rue de Villejust. Degas est entouré d'amateurs qui s'adonnent à la photographie. Julie Manet prend ses premières photographies dès 1894.

Louise Halévy (22, rue de Douai)
14 octobre 1895
Tirage argentique ; agrandissement réalisé par Delphine Tasset
Degas est très proche de la famille Halévy, qui reçoit l'élite de l'art et de la pensée de son temps. Il connaît et admire Louise Bréguet depuis sa jeunesse et se prend d'amitié pour son mari, Ludovic Halévy, romancier et librettiste, qui partage sa passion pour l'opéra. En 2020, la BnF a acquis six albums ayant appartenu à cette famille. Treize épreuves de Degas s'y trouvent conservées parmi des centaines d'autres, donnant une idée de la fiévreuse émulation photographique qui régnait alors.

Trois danseuses nues
Vers 1895-1900
Dessin au fusain, reprises au pinceau et à l'encre de Chine sur papier-calque

Danseuses s'exerçant au foyer de l'Opéra
Vers 1890
Dessin au pastel et fusain

La collection d'estampes de Degas
Dans les années 1890, Degas, soucieux du sort de son œuvre resté pour l'essentiel dans l'atelier, envisage la création d'un musée ; il y serait entouré des siens, aînés (Ingres, Delacroix, Daumier...) et contemporains (Manet, Morisot, Pissarro, Cézanne, Cassatt, Gauguin...). À cette fin, il réunit une collection considérable où, à côté des peintures et dessins, il accorde une place importante aux estampes: après sa mort, plus de trois mille huit cent d'entre elles sont dispersées en vente publique. Honoré Daumier et Paul Gavarni y sont majoritairement représentés : 2065 pièces pour le premier, 745 pour le second. En amateur averti, Degas a traqué les épreuves de qualité. Son œuvre gravé de Manet, quasi- complet, issu en grande partie de la collection de Philippe Burty, est riche en belles épreuves tout comme les ensembles de planches de Mary Cassatt, Camille Pissarro et Félix Bracquemond, dans la proximité de qui il gravait.


Honoré Daumier (1808-1879)
L'Orchestre pendant
qu'on joue une tragédie
(Croquis musicaux, 17)
1852
Lithographie

Paul Gavarni (1804-1866)
Ce que c'est pourtant
que nos sentimens !... »
(Les Lorettes, 27)
1842
Lithographie

Jean-Auguste-Dominique Ingres
(1780-1867)
Odalisque
1826
Lithographie

Eugène Delacroix (1798-1863)
Juive d'Alger
1833
Eau-forte, 1er état

Édouard Manet (1832-1883)
Olympia (petite planche)
1867
Eau-forte, 6º état

Édouard Manet (1832-1883)
La Toilette
1861-1874
Eau-forte, 2º état, tirage de 1874

James McNeill Whistler (1834-1903)
The lime-burner (Le brûleur de chaux)
Eau-forte, 2º état


Mary Cassatt (1844-1926)
Mademoiselle Luquet assise sur un divan
Vers 1883
Vernis mou et aquatinte, 2º état

Picasso face à Degas
En 1958, Pablo Picasso achète sept monotypes de Degas, une collection qu'il complétera deux ans plus tard et avec laquelle il entame un dialogue nourri et durable. Dans la série de gravures réalisées entre février et juin 1971, il fait intervenir Degas lui-même en habitué de maisons closes, plus voyeur, c'est-à-dire peintre, que client. Ces gravures, réalisées à l'extrême fin de sa vie, sont l'aboutissement d'une longue familiarité avec l'œuvre de Degas, portée par des ressorts personnels (la ressemblance qu'il lui trouvait avec son propre père). de semblables obsessions thématiques (le bordel) mais aussi et surtout par une identique curiosité technique.

Pablo Picasso (1881-1973)
Fille au bracelet, avec Degas
1971
Eau-forte
BnF, département des Estampes et de la photographie

Pablo Picasso (1881-1973)
Degas imaginant. Scène de séduction
1971
Eau-forte

Pablo Picasso (1881-1973)
Degas fantasmant
1971
Aquatinte au sucre

Pablo Picasso (1881-1973)
Degas, en jaquette, se dessinant lui-même
1971
Eau-forte

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