Difficile de rendre compte par la photo les magnifiques grands format quasi-philosophiques de cette exposition dont voici la présentation et la plupart des œuvres :
Faute d'avoir pu être philosophe, Gilles Aillaud est devenu peintre. De sa première formation, sa peinture a hérité une nature hybride, l'équivalent de ce que la tradition chinoise nommait une Peinture-lettrée. Que ses représentations des parcs zoologiques soient contemporaines de Surveiller et punir de Michel Foucault et de La société du spectacle de Guy Debord, en lesquels se résumaient les questions que sa génération adressait aux formes du pouvoir et à l'artificialisation du monde, ne saurait être insignifiant.
Plutôt toutefois que de peindre une philosophie, Aillaud s'est appliqué à « peindre philosophiquement ». Laissant croire qu'il représentait des animaux, c'est notre relation à la nature qui s'impose comme son seul et véritable sujet. Loin des villes et de leur « jungle » de béton, Aillaud a retrouvé en Afrique une nature dont les animaux dupliquent couleurs et contours jusqu'à disparaitre en elle. Avec les moyens de son art, il s'est efforcé d'atteindre cet << efface-ment ». Son respect religieux du réel, son « humilité » technique donnent forme au songe d'une réconciliation, loin de tout projet de «maîtrise » et de « possession » du monde.
Intérieur vert, 1964
Huile sur toile / Oil on canvas Collection particulière
Un an après son accession à la Présidence du très politique Salon de la Jeune Peinture, Gilles Aillaud et les membres du comité du Salon décident de tourner en dérision la couleur fétiche des peintres paysagistes qui y exposent majoritairement jusqu'alors. Leur « hommage au vert » prend la forme de tableaux monochromatiques d'un format uniforme de 2 x 2 mètres. « Cette salle de peintures est une salle de boxe, un champ de bataille » écrit Aillaud dans le Bulletin du Salon. C'est dans ce contexte militant que le peintre recourt à une iconographie animalière appelée à devenir exclusive dans les années à venir. Un an après avoir présenté cette œuvre, Aillaud rend compte de son iconographie : « Lorsque je représente des animaux toujours enfermés ou « déplacés », ce n'est pas directement la condition humaine que je peins. L'homme n'est pas dans la cage sous la forme du singe mais le singe a été mis dans la cage par l'homme. C'est l'ambiguïté de cette relation qui m'occupe et l'étrangeté des lieux où s'opère cette séquestration silencieuse et impunie. Il me semble que c'est un peu le sort que la pensée fait subir à la pensée dans notre civilisation. »
Vol d'oiseaux, 2000
Huile sur toile / Oil on canvas Collection particulière, Paris
Ours noir, 1982
Huile sur toile/ Oil on canvas
Collection particulière
Le Judas (mur jaune), 1969
Huile sur toile / Oil on canvas Collection particulière
Piscine vide, 1974
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection MAC VAL - Musée d'art contemporain du Val-de-Marne
Otarie endormie, 1965
Huile sur toile/ Oil on canvas
Collection particulière
Cage aux lions, 1967
Huile sur toile / Oil on canvas
T&C collection, Paris
Intérieur et hippopotame, 1970
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière, Bruxelles
Rhinocéros, 1979
Huile sur toile / Oil on canvas
Centre national des arts plastiques. Achat en 1983 N° Inv.: FNAC 34308 En dépôt depuis le 19 décembre 2007: Musée Buffon, Montbard
Rhinocéros de dos, 1966
Huile sur toile / Oil on canvas
Musée d'Art Moderne de Paris, achat en 2001
Panthères, 1977
Huile sur toile / Oil on canvas
Centre national des arts plastiques. Achat en 1977 N° Inv. : FNAC 32997 En dépôt depuis le 25 avril 1996: Musée d'Art Moderne de Paris, Paris
Eléphants et clous, 1970
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière, Courtesy galerie Loevenbruck, Paris
Les Pingouins, 1972
Huile sur toile / Oil on canvas
Transfert de collection de l'Etat, attribution au [mac] musée d'art contemporain, Marseille, en 2008 inv 2007.2.2
Détail du tableau précédent
Fourmiliers, 1967
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection Tay Pamart, Paris
Eau et crocodile, 1971
Acrylique sur toile/Acrylic on canvas Collection particulière
Rhinocéros, 1972
Huile sur toile/ Oil on canvas
T&C collection, Paris
Réalité quotidienne des travailleurs de la mine (Fouquières-lès-Lens) n° 6, 1971
Huile sur toile / Oil on canvas
Musée d'Art Moderne de Paris, Paris Achat en 2021
Le 4 février 1970, une explosion dans la mine de Fouquières-lès-Lens provoque la mort de 16 travailleurs. L'organisation maoïste la Gauche Prolétarienne et le Secours rouge organisent un procès populaire et une exposition autour des « gueules noires » et de leurs familles. Le 19 janvier 1971, dans l'atelier du peintre Guy de Rougemont, est présentée une exposition-vente de solidarité avec les mineurs, à laquelle participent entre autres Jean Hélion, César, Jean Degottex. Gilles Aillaud y expose Réalité quotidienne des travailleurs de la mine (Fouquières-lès-Lens) nº6. Comme il en est de ses représentations de zoos, l'œuvre confronte figures et dispositifs techniques, formes du vivant et structures d'enfermement et de contrôle.
Orang-outang, 1967
Huile sur toile / Oil on canvas Collection particulière, Paris
Désert nocturne, 1972
Huile sur toile / Oil on canvas
Courtesy Musée national d'histoire et d'art Luxembourg
Python, 1975
Huile sur toile / Oil on canvas
Musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg
Otarie et jet d'eau, 1971
Huile sur toile/ Oil on canvas
Collection Michel et Martine Brossard
Python et tuyau, 1970
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière
Perroquets, 1974
Huile sur toile / Oil on canvas
Courtesy galerie Loevenbruck, Paris
Tuyau et porcs-épics, 1976
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection privée, courtesy galerie Loevenbruck, Paris
La Bataille du riz, 1968
Huile sur toile/ Oil on canvas
Collection particulière, Courtesy galerie Loevenbruck, Paris
Dans la suite des événements de Mai 1968, pour manifester son opposition à l'« impérialisme américain », le 19e Salon de la jeune peinture consacre une « salle rouge » à « la lutte victorieuse du peuple vietnamien ». Gilles Aillaud y présente la Bataille du riz, directement inspiré d'une photographie de la propagande vietnamienne. Il donne à son tableau un titre inspiré d'une citation de Pham Van Dong, Premier ministre de la République démocratique du Vietnam : Il faut se battre pour préserver la production et il faut produire pour assurer la victoire au combat »>. L'annulation du Salon conduit ses organisateurs à organiser une vaste itinérance de la « salle rouge » depuis la Cité universitaire, le Musée d'art moderne de la ville de Paris, Sartrouville, Versailles, l'usine Alsthom de Belfort, les rues de Pérouges jusqu'aux usines Berliet de Bourg en Bresse.
Serpent dans l'eau, 1967
Huile sur toile/ Oil on canvas
Collection particulière
Intérieur jaune et bûches, 1973
Huile sur toile/ Oil on canvas
Collection particulière
Nuit vivarium, serpent, crapauds, 1972
Huile sur toile / Oil on canvas Collection Tay Pamart, Paris
Trous dans la nuit (chiens de prairie), 1976
Huile sur toile / Oil on canvas Collection particulière
Mangouste nuit rouge, 1976
Huile sur toile / Oil on canvas Collection «BY ART MATTERS», Hangzhou, Chine
Encyclopédie
y compris les minéraux Lithographies
Tome I, 1988; Tome II, 1989; Tome III, 1990; Tome IV, 2000
de tous les animaux,
Encyclopedia of all the Animals, Including Minerals
Volume I, 1988; Volume II, 1989; Volume III, 1990; Volume IV, 2000
En 1988, Gilles Aillaud et l'éditeur Franck Bordas initient un vaste projet d'encyclopédie des animaux, clin d'œil au Comte de Buffon, intendant du Jardin du roi devenu Jardin des plantes où le jeune Aillaud a dessiné ses premiers animaux, et auteur, entre 1749 et 1789, d'une Histoire naturelle, génerale et particulière en 36 vo-lumes. Pour le second volume, réalisé au Kenya, Bordas crée pour Gilles Aillaud un véritable atelier de campagne, installant au cœur de la savane ses pierres lithographiques. Chaque jour, le peintre conçoit une image consacrée à un animal. L'écrivain Jean-Chris-tophe Bailly qui les accompagne compose sur sa machine à écrire un texte pour chacune des lithographies. Deux autres recueils seront publiés en 1990 et 2000.
Batracien
Chameau
Girafes, 1989
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière, Courtesy Archives Galerie de France
Détail du tableau précédent
Eléphant après la pluie, 1991
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire