Quelle bonne idée, cette confrontation entre ces deux géants du 19ème siècle !
Une belle exposition dont voici la présentation et l'essentiel des œuvres présentées :
Rapprocher Manet (1832-1883) et Degas (1834-1917), c'est chercher à comprendre l'un à partir de l'autre en examinant aussi bien leurs ressemblances que leurs differences, voire leurs divergences.Chez ces acteurs essentiels de la Nouvelle peinture des années 1860-1880, les analogies ne manquent pas, des sujets aux options stylistiques, des lieux où is exposèrent à ceux où ils se croisérent, des marchands aux collectionneurs sur lesquels s'appuyerent leurs carrieres indépendantes.
La biographie signale d'autres proximites de l'experience de la guerre de 1870-1871 jusqu'à la Nouvelle Athenes ce café de la place Pigalle qui avait le don de stimuler les discussions et d'apaiser les tensions. Car heurts et disputes. Il y en eut. Manet ne suit pas Degas dans l'aventure impressionniste par choix de carrière Degas lui-même, s'il croit à la force collective se garde de peindre comme Monet.
En ramenant Manet et Degas sous la lumière de leurs contrastes, cette exposition incite à porter un nouveau regard sur la complicité et la durable rivalité de deux créateurs, à maints égards, uniques.
Edgar Degas (1834-1917)
Portrait de l'artiste
1855
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
Degas réalise une quinzaine d'autoportraits durant sa jeunesse. Le plus ambitieux et le plus abouti le montre âgé d'une vingtaine d'années, posant ami-corps dans l'habit noir à l'élégance sévère d'un jeune bourgeois. Sa condition d'artiste est discrètement évoquée par le carton à dessins et le porte fusain
Édouard Manet (1832-1883)
Autoportrait à la palette
vers 1878-1879
Huile sur toile
Collection particulière
Si Manet pose volontiers pour des photographes ou pour ses amis peintres, on ne lui connaît qu'un seul véritable autoportrait. C'est à la fin des années 1870 qu'il se représente à la fois comme un artiste et un dandy parisien, affublé d'un chapeau de feutre noir et d'un veston jaune.
L'énigme d'une relation
Une part importante de mystère entoure les relations de Manet et de Degas. Si tous deux se fréquentent régulièrement et côtoient les mêmes cercles, on ignore la date de leur rencontre et on ne conserve quasiment aucune lettre adressée par l'un à l'autre. Leurs contemporains et leurs biographes sont les principales sources d'information sur leurs rapports faits d'un mélange d'admiration et d'irritation, l'écrivain George Moore évoquant à leur propos une amitié (...) ébranlée par une rivalité inévitable>
Leurs œuvres révèlent une asymétrie frappante: on ne connaît aucune représentation de Degas par Manet tandis que Degas a fait de nombreux portraits de Manet. L'un d'entre eux était une peinture le montrant en train d'écouter son épouse au piano. Insatisfait par ce tableau qui lui avait été offert. Manet aurait coupé la partie de la toile où était représentée sa femme. Ce geste, d'une grande violence symbolique, serait à l'origine de l'une des plus fameuses brouilles entre les deux artistes.
Édouard Manet (1832-1883)
Les Bulles de savon
1867
Huile sur toile
Lisbonne, Calouste Gulbenkian Museum
Le modèle est Léon Koëlla-Leenhoff (1852-1927), fils naturel de Suzanne Manet, née Leenhoff, présenté par convenance comme son jeune frère (on ignore toujours qui est son père biologique). Elevé par sa mère et par Manet, son parrain, il figure dans de nombreuses œuvres des débuts de l'artiste. En 1867, Léon est employé comme commis de bourse par le père de Degas. C'est à cette époque qu'il apprend que Suzanne est en réalité sa mère et non sa sœur.
Edgar Degas (1834-1917)
Monsieur et madame Édouard Manet
vers 1868-1869
Hulle sur tolle
Kitakyushu Municipal Museum of Art
Salsissant ici Manet dans une attitude étrangement habituelle », Degas peint à l'origine un double portrait réunissant l'artiste et son épouse au piano. Insatisfait de cette œuvre que lui offre Degas, Manet coupe l'image de sa femme trop enlaidie». Lorsqu'il découvre son tableau mutilé, Degas, terriblement blessé, l'emporte avec lul. Plusieurs décennies plus tard, il ajoutera une bande de toile afin de rétablir Madame Manet et de lui rendre ce portrait, projet qu'il ne mettra jamais à exécution.
Édouard Manet (1832-1883) Noix dans un saladier
vers 1866
Huile sur toile
Collection particulière
Manet aurait offert à Degas cette nature morte à la suite d'un dîner au cours duquel Degas avait cassé un saladier. Racontant à Vollard la brouille intervenue à propos du portrait de Suzanne découpé par Manet, Degas se souvient: « Je suis parti sans lui dire au revoir, en emportant mon tableau. Rentré chez moi, je décrochai une petite nature morte qu'il m'avait donnée. Monsieur, lui écrivis-je, je vous renvoie vos Prunes. » Il se réconciliera avec Manet, «seulement il avait déjà vendu les Prunes». Bien qu'il représente des noix, il s'agirait de ce tableau.
Édouard Manet (1832-1883)
Madame Manet au piano
vers 1868-1869
Hulle sur toile
Paris, musée d'Orsay
Manet représente ici son épouse, née Suzanne Leenhoff (1830-1906), talentueuse musicienne qu'il avait rencontrée alors qu'elle enseignait le piano à ses jeunes frères. Parmi les nombreux portraits de Suzanne réalisés par Manet, celui-ci semble avoir été exécuté en réaction au tableau de Degas qui lui déplaisait. Les deux œuvres sont situées dans le même lieu: le petit salon de l'appartement de la rue de Saint-Pétersbourg où les Manet recevalent leurs amis, dont Degas, chaque jeudi.
Édouard Manet (1832-1883)
Tête de femme (Suzanne Leenhoff) de profil à droite
vers 1859-1861
Sanguine, traces de craie noire sur papier
Paris, BnF, département des estampes et de la photographie
Deux fils de famille
Nés à Paris au début de la monarchie de Juillet (1830-1848), Manet et Degas sont les fils aînés de familles bourgeoises aisées. Le père de Manet est un haut fonctionnaire au ministère de la Justice, sa mère une fille de diplomate, filleule du roi de Suède. La famille de Degas appartient au milieu des affaires et de la finance. Après avoir effectué leur scolarité dans des établissements à la réputation solide, Manet et Degas abandonnent leurs études de droit auxquelles leur milieu les prédestinait pour suivre leur vocation artistique. Si ce choix ne s'est pas fait sans heurts dans le cas de Manet, contraint de passer auparavant le concours de l'École navale, auquel il échoue par deux fois, le père de Degas ne semble s'être que faiblement opposé à la décision de son fils. Manet et Degas étudient ensuite chacun auprès de peintres reconnus mais en dehors de l'École des beaux-arts, signe possible d'un précoce désir d'indépendance.
Edgar Degas (1834-1917) Lorenzo Pagans et Auguste De Gas
1871-1872
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay, don de la Société des amis du Louvre avec la participation de M. David-Weill en 1933
Degas a réalisé le portrait de nombreux membres de sa famille, mais il n'a jamais fait poser son père, Auguste Degas (1807-1874) qui avait choisi de modifier son patronyme en « De Gas » en quittant Naples pour s'établir à Paris comme banquier. Il est présent à l'arrière-plan de cette œuvre qui fixe le souvenir d'une soirée musicale chez lui en compagnie du guitariste et chanteur Lorenzo Pagans. Mélomane et fin connaisseur en art, Auguste De Gas prodigue de nombreux conseils à son fils qui conservera toute sa vie ce tableau dans sa chambre à coucher.
Edgar Degas (1834-1917)
Hilaire Degas
1857
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
Après avoir fui Paris à l'époque révolutionnaire, Hilaire Degas (1770-1858), grand-père de l'artiste, s'établit à Naples où il fonde une société bancaire. Son portrait fut réalisé par son petit-fils lors d'un séjour en Italie. L'homme de quatre-vingt-sept ans est représenté tel un patriarche autoritaire, dans l'intérieur du palais familial. La facture et la mise en scène rappellent Ingres, dont Degas était un fervent admirateur.
Édouard Manet (1832-1883)
La Lecture
vers 1866 (sans doute repris vers 1873)
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
Édouard Manet (1832-1883)
Portrait de Mme Manet mère
1863
Huile sur toile
Boston, Isabella Stewart Gardner Museum
Édouard Manet (1832-1883)
Portrait de M. et Mme M[anet]
1860
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
La mère de l'artiste, née Désirée Fournier (1811-1885), est fille de diplomate et filleule du roi de Suède. Son père, Auguste Manet (1797-1862), haut fonctionnaire au ministère de la Justice puis juge au tribunal de la Seine. Manet est admis pour la première fois au Salon, en 1861, avec ce portrait qui aurait rassuré ses parents sur ses capacités à embrasser une carrière artistique.
Copier, créer, étudier
Légende ou réalité, la rencontre de Manet et Degas aurait eu lieu au musée du Louvre au début des années 1860 devant une peinture de Velázquez dont Degas réalisait la copie gravée. Tous deux ont été habitués depuis leur plus jeune âge à fréquenter les salles du musée en famille. Durant leurs années de formation, leur apprentissage est en partie fondé sur la copie des maîtres anciens au Louvre ou au cabinet des Estampes de la Bibliothèque impériale.
Leur situation sociale et familiale leur permet en outre de voyager pour parfaire leur formation et leur culture artistiques. Ils séjournent ainsi plusieurs fois en Italie, au cours des années 1850, où ils découvrent les œuvres des musées et les fresques ornant les monuments.
Du côté des maîtres contemporains, c'est vers Ingres et Delacroix que se porte leur admiration. Au-delà de la pratique de la copie, les références à l'art du passé se déclinent de la citation à l'hommage, voire au pastiche.
Edgar Degas (1834-1917)
Souvenir de Velázquez
vers 1858
Huile sur toile
Munich, Bayerische Staatsgemäldesammlungen-Neue Pinakothek
Édouard Manet (1832-1883)
La Barque de Dante (d'après Delacroix)
vers 1855-1858
Huile sur toile
Lyon, musée des Beaux-Arts
Édouard Manet (1832-1883)
L'Enfant à l'épée
1861
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, gift of Erwin Davis, 1889
Édouard Manet (1832-1883)
La Pêche
vers 1862-1863 Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, purchase, Mr. and Mrs. Richard J. Bernhard Gift, 1957
Cette œuvre énigmatique est un hommage de Manet aux maîtres anciens dont il admirait les paysages, Rubens et Annibal Carrache, et une mise en scène de ses propres rapports amoureux. Il se représente en effet en costume du XVIIe siècle au premier plan aux côtés de Suzanne qu'il épousera en 1863. Le tableau a peut-être été réalisé à cette occasion. Sur la rive opposée se tient un jeune pêcheur pour lequel a posé Léon, le fils de Suzanne.
Édouard Manet (1832-1883) La Vierge à l'Enfant avec sainte Catherine et un berger, [dit aussi La Vierge au lapin] (d'après Titien)
1850-1860 Huile sur toile
Edgar Degas (1834-1917)
Le Calvaire (d'après Mantegna
vers 1861
Huile sur toile
Tours, musée des Beaux-Arts
Édouard Manet (1832-1883)
Tête de jeune homme (d'après l'autoportrait de Filippino Lippi)
vers 1853-1858
Huile sur panneau parqueté
Paris, musée d'Orsay
Edgar Degas (1834-1917}
Vieille Italienne
1857
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, bequest of Charles Goldman, 1966
Édouard Manet (1832-1883) Le Chanteur espagnol [dit aussi Espagnol jouant de la guitare]
1860 Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, gift of William Church Osborn, 1949
L'œuvre crée une « vive sensation » au Salon de 1861: ce sont les vrais débuts publics de l'artiste. Avec Velázquez et Goya en tête, Manet représente un Espagnol moderne, comme le signalent pantalon et espadrilles, sans pittoresque ni sentimentalité. « Caramba ! Voilà un Guitarero qui ne vient pas de l'Opéra-Comique », s'exclame Théophile Gautier. Son cri d'admiration a évidemment pesé sur la décision du jury, qui accordera à Manet une mention honorable.
Salon et défi des des genres
Pas plus Manet que Degas, aucun débutant ne saurait se soustraire au Salon au cours des années 1860. Abrité dans l'ancien palais de l'Industrie, imposant vestige de l'Exposition universelle de 1855, le Salon est annuel depuis 1863 et son jury de plus en plus libéral. Cette manifestation héritée de l'Ancien régime réunit des milliers de peintures, sculptures, œuvres sur papier. Elle attire près de 500 000 visiteurs et mobilise l'attention des grands journaux et des collectionneurs. Jusqu'au plein essor des galeries d'art, le Salon constitue en France le principal lieu d'exposition des artistes vivants. C'est au Salon que le mécénat d'État manifeste son action au moyen d'achats, de récompenses et d'encouragements. Manet y expose dès 1861, Degas en 1865, avec des chances inégales, car le premier intègre mieux que le second les attentes de l'époque.
Édouard Manet (1832-1883)
Olympia
1863-65
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
Olympia peut se lire comme l'apothéose insolente d'une prostituée, qui prend la pose des nudités de la Renaissance. Lors du Salon de 1865, à peu d'exceptions, un cri d'horreur accueille le tableau et son double crime : il aborde le monde du sexe tarifé; aucun artifice de représentation, aucune fable ne vient masquer la crudité érotique. Aux innombrables Vénus du Salon, protégées par leurs corps asexués, Manet substitue l'apparition d'une « invisible » au corps sacrilège et au regard souverain. Le chat y ajoute le soupçon d'intentions lubriques.
Édouard Manet {1832—1883}
Le Christ aux anges
1864
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, H.O. Havemeyer Collection, bequest of Mrs. H.O. Havemeyer, 1929
La volonté ferme qu'a Manet de revivifier la peinture religieuse est essentielle au milieu des années 1860, et elle ne se réduit pas à son hispanisme militant. La force visuelle et le mysticisme des œuvres de Zurbaran, Velázquez et Goya lui servent d'antidote aux fades imageries du Second Empire. Catholique de culture, Manet vibre à la Passion du Christ. Son tableau réaliste et rauque lui valut au Salon de 1864 une bordée de critiques qui laisseront des traces.
Edgar Degas (1834-1917}
Semiramis construisant Babylone
1861
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
Au-delà du portrait
Très en vogue sous le Second Empire (1852-1870), le portrait occupe une place importante dans la production des débuts de Manet et de Degas. Peu soucieux d'obtenir des commandes lucratives, ils prennent leurs modèles d'abord dans leur cercle familial et amical, mais ils destinent également au Salon des portraits de personnalités publiques, soulignant ainsi leurs liens avec certains milieux sociaux ou artistiques.
Manet aime à traiter ses modèles avec une certaine majesté : ils occupent le cœur de la composition, souvent dans des poses héritées des maîtres anciens, et leur présence est magnifiée par les couleurs vives de leurs habits ou des accessoires qui les entourent.
La palette de Degas est plus sourde. Il cherche avant tout à saisir les << gens dans des attitudes familières et typiques »>, et s'intéresse autant au pouvoir expressif des corps qu'à celui des visages.
Edgar Degas (1834-1917)
Femme sur une terrasse [dit aussi Femme aux Ibis]
1857-1858, retravaillé par l'artiste ensuite (vers 1866-1868?) Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, gift of Stephen Mazoh and purchase, bequest of Gioconda King, by exchange, 2008
Édouard Manet (1832-1883)
La Femme au perroquet
1866
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, gift of Erwin Davis, 1889
Peut-être en réponse à Gustave Courbet qui présente au Salon de 1866 une Femme au perroquet, Manet peint le même sujet. Debout, le modèle (Victorine Meurent) hume le parfum d'un bouquet de violettes et semble jouer de la main gauche avec le cordon d'un monocle d'homme. Au Salon de 1868, le tableau inspire un croquis à Degas où le perroquet est perché sur la main du modèle. C'est peut-être aussi après avoir vu cette œuvre que Degas a transformé une figure de jeune fille drapée d'un voile bleu en y ajoutant deux ibis rouges à la présence mystérieuse.
Edgar Degas (1834-1917)
Portrait de famille
[dit aussi La Famille Bellelli]
1858-1869
Huile sur tolle
Paris, musée d'Orsay
Ce portrait de la famille Bellelli, ébauché à la fin des années 1850, et fruit de maints dessins préparatoires, est exposé dix ans plus tard, au Salon de 1867. Il n'y produit pas l'effet escompté. Cet échec signe l'audace d'un portrait de société qui déroge aux codes habituels: entourée de ses deux filles au charme direct, la tante du peintre, figure austère, se tient à distance du mari, qui nous tourne le dos: le baron Gennaro, exilé de Naples, avait participé aux soulèvements révolutionnaires de 1848.
Édouard Manet (1832—1883}
Le Balcon
1868-1869
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
Le Balcon fait entrer Berthe Morisot dans l'univers singulier de Manet. Accoudée à la rambarde d'un vert grinçant, Berthe laisse promener son regard oblique et noir. Une vraie « femme fatale », selon l'intéressée, qui s'en étonne à peine en découvrant le tableau au Salon de 1869: « Je suis plus étrange que laide. » Berthe Morisot est entourée du paysagiste Antoine Guillemet et de la violoniste Fanny Claus. Le silence règne: Manet liquide les joliesses de la conversation galante et du jeu social.
Édouard Manet (1832-1883)
Jeanne Duval
[dit aussi La Maîtresse de Baudelairel
1862
Huile sur toile
Budapest, Museum of Fine Arts
Edgar Degas (1834-1917)
Femme accoudée près d'un vase de fleurs (Madame Paul Valpinçon ?)
1865
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, H.O.Havemeyer Collection, bequest of Mrs. H.O. Havemeyer, 1929
Édouard Manet (1832-1883)
Portrait de Zacharie Astruc
1866
Huile sur toile
Brême, Kunsthalle Bremen - Der Kunstverein in Bremen
Sculpteur et critique d'art, Zacharie Astruc est un ami intime de Manet et un soutien important de ses débuts. Il est l'auteur des vers qui accompagnent Olympia, présentée au Salon de 1865, dont le contenu contribue au scandale provoqué par le tableau.
Edgar Degas (1834-1917)
Edmond et Thérèse Morbilli
vers 1865
Huile sur toile
Boston, Museum of Fine Arts, gift of Robert Treat Paine, 2nd
Edgar Degas (1834-1917)
L'Amateur d'estampes
1866
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, HO. Havemeyer Collection, bequest of Mrs. H.O. Havemeyer, 1929
Édouard Manet (1832-1883)
Lola de Valence
1862
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
Très tôt, l'Espagne inspire Manet qui ne découvrira la péninsule ibérique qu'en 1865, après avoir peint plusieurs < sujets espagnols> dont Lola de Valence exposé à la Galerie Martinet en 1863. Ce portrait, réalisé en atelier, représente l'étoile d'un ballet espagnol qui connaît un grand succès à Paris. Manet a tout d'abord placé son modèle sur un fond neutre, puis, quelques années plus tard modifié l'arrière-plan en y ajoutant un décor vu depuis les coulisses, la scène, et le public sur des gradins.
Edgar Degas (1834-1917)
Portrait de Mlle Eugénie Fiocre ; à propos du ballet << La Source »
1867-1868
Huile sur toile
New York, Brooklyn Museum, gift of James H. Post, A. Augustus Healy and John T. Underwood, 1921
Degas expose ce tableau au Salon de 1868 sous le titre de Portrait de Mlle E. F. à propos du ballet << La Source ». Les initiales désignent Eugénie Fiocre, célèbre danseuse de l'Opéra de Paris. L'artiste opte pour une mise en scène inhabituelle pour le portrait d'une danseuse : plutôt que le spectacle lui-même, il montre la jeune femme s'abandonnant à un moment de rêverie au cours d'une répétition. Les solides rochers et les reflets de l'eau dans laquelle s'abreuve un cheval évoquent un cadre naturel plutôt qu'un décor de scène.
Le cercle Morisot
Le salon que les parents de Berthe Morisot ouvrent aux artistes, musiciens et écrivains, sous le Second Empire, est un foyer de modernité. Femmes et hommes y parlent d'art ou de politique sur un pied d'égalité. Les divergences esthétiques s'effacent devant le plaisir d'en discuter.
Berthe et sa sœur Edma, formées à la peinture et dotées d'un atelier familial, débutent au Salon en 1864. Mais c'est la fréquentation de Fantin-Latour, puis de Manet et Degas, qui pousse la première à sauter le pas et à entamer une véritable carrière, fût-elle contrainte par les règles sociales du temps.
Manet prend une place grandissante dans ce cercle à partir de 1868-1869 et multiplie les portraits de Berthe Morisot. Ils sont autant d'incarnations de la Parisienne élégante et singulière, complice et actrice de la Nouvelle peinture. Du reste, à rebours de Manet, dont elle épouse l'un des frères en 1874, Berthe s'associe durablement, cette année-là, à l'aventure impressionniste.
Edgar Degas (1834-1917)
Portrait du peintre James Tissot
vers 1867-1868
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, Rogers Fund, 1939
Dans les années 1860, Degas entretient une vive amitié avec le peintre James Tissot, qui a été, comme lui, un élève de Louis Lamothe. Il réalise le portrait de son ami, dont les œuvres connaissent alors un succès croissant, sur une toile d'un format inhabituellement grand chez lui.
Édouard Manet (1832-1883)
Portrait de M. Émile Zola
1868
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
En reconnaissance pour son soutien dans la presse, Manet peint ce portrait de Zola et le lui offre après l'avoir exposé au Salon de 1868. Cet hommage permet à Manet de légitimer sa propre peinture, comme en témoigne, au mur, une gravure d'Olympia, «< chef-d'œuvre » digne du Louvre selon E. Zola.
Edgar Degas (1834-1917)
Madame Yves Gobillard, née Morisot
1869
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, H.O. Havemeyer Collection, bequest of Mrs. H.O. Havemeyer, 1929
Très lié au milieu des sœurs Morisot, Degas a une tendresse particulière pour l'aînée, prénommée Yves, mariée tôt à un percepteur, Théodore Gobillard. Des dessins préparatoires à la toile finale, toute sensualité s'évanouit, en faveur d'une austérité impressionnante. Cette toile aurait pu dialoguer avec les portraits d'Ingres qui démultiplie savamment les points de vue par le biais d'un miroir, mais son aspect était trop inachevé pour être exposé en l'état au Salon. Degas attendra l'exposition impressionniste de 1876 pour ce faire.
Édouard Manet (1832-1883)
Portrait de Berthe Morisot étendue
1873
Huile sur toile
Paris, musée Marmottan Monet, legs Annie Rouart, 1993
Édouard Manet (1832-1883) Berthe Morisot au bouquet de violettes
1872
Huile sur toile
Paris, musee d'Orsay
Aux lendemains de la guerre et de la Commune, les images de Berthe Morisot expriment un élan particulier et la volonté de reconstruire le présent. Dans le portrait au bouquet de violettes, le noir perd sa résonnance endeuillée, il devient le signe même de l'élégance parisienne, l'atout discret de ce visage au sourire enjôleur.
Édouard Manet (1832-1883)
Berthe Morisot à l'éventail
1872
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
Édouard Manet (1832-1883)
Le Repos
vers 1871
Huile sur toile
Providence, Museum of Art, Rhode Island School of Design, bequest of Mrs. Edith Stuyvesant Vanderbilt Gerry
Manet allonge à plaisir les séances de pose avec Berthe Morisot jusqu'au moment où elle devient sa belle-sœur. En écho direct au Balcon, Le Repos rayonne d'une mélancolie commune à Manet et Morisot. Sa libre posture, peu conforme au maintien exigé alors des femmes, déplaît et inspire les caricaturistes. Pourtant, le poète Théodore de Banville, au Salon de 1872, prise « son caractère intense de modernité [...] Baudelaire avait bien raison d'aimer la peinture de M. Manet>>.
Edgar Degas (1834-1917}
Eugène Manet
1874
Huile sur toile
Collection particulière
Edgar Degas (1834-1917)
Mme Lisle et Mme Loubens
1866-1870
Huile sur toile
The Art Institute of Chicago, gift of Annie Laurie Ryerson in memory of Joseph Turner Ryerson
Aux courses
L'essor des courses hippiques, venues d'Angleterre à la fin du XVIIIe siècle, rencontre pleinement les aspirations de la modernité parisienne des années 1860. Éclat social, intérêt d'argent, compétition sportive, expérience de la vitesse, les avantages du sujet sont certains.
Degas se distingue de l'imagerie de presse, friande de spectaculaire, par la saisie d'une autre temporalité. Plus que la cavalcade, il privilégie le moment qui précède le départ, le défi psychologique des jockeys, la fine chorégraphie des montures qui piaffent. Manet lui n'est que galop, explosion visuelle, temps accéléré.
Edgar Degas (1834-1917)
Femme regardant avec des jumelles
vers 1877
Huile sur papier
Dresde, Albertinum, Galerie Neue Meister, Staatliche Kunstsammlungen
Edgar Degas (1834-1917)
Aux courses (Jockeys amateurs près d'une voiture)
1876-1887
Huile sur toile Paris,
musée d'Orsay
Édouard Manet (1832-1883)
Courses à Longchamp
1866
Huile sur toile
The Art Institute of Chicago, Potter Palmer Collection
Autour de 1864-1865, le thème de l'hippodrome obsède Manet. Après avoir réalisé une grande composition qu'il découpera, Manet en peint une seconde, destinée aussi à changer de format. Cette réduction aboutit à cette version foudroyante. Les six cavaliers lancés à bride abattue n'ont pas d'équivalent dans l'œuvre de Degas.
Edgar Degas (1834-1917}
Édouard Manet aux courses
vers 1868
Mine graphite et fusain sur papier
New York, The Metropolitan Museum of Art, Rogers Fund, 1918
Édouard Manet (1832-1883)
Les Courses
1865-1872
Lithographie, 1er état sur 2, épreuve sur vélin imprimée par Clot d'après une composition de 1864
Paris, BnF, département des estampes et de la photographie
Edgar Degas (1834-1917)
Scène de steeple-chase [dit aussi Aux courses, le jockey blessé]
1866 (retravaillé en 1880-1881 et 1897) Huile sur toile
Washington, National Gallery of Art, Collection of Mr. and Mrs. Paul Mellon
Exposé au Salon de 1866 puis remanié après 1880, ce tableau a gagné en fantastique ce qu'il a perdu en réalisme. La composition, inspirée de L'Épisode d'un combat de taureau de Manet, ne comportait initialement que trois protagonistes, le cavalier désarçonné, son cheval saisi en vol et l'autre jockey poursuivant sa route dans l'indifférence. Aucune moralité ne gouverne le spectacle moderne, que dominent le sensationnel et le cynisme. Quant au cavalier à terre, est-il mort ? N'attendons pas de Degas, comme de Manet, qu'il tranche.
Édouard Manet (1832-1883)
L'Homme mort
[dit aussi Le Torero mort]
1864
Huile sur toile
Washington, National Gallery of Art, Widener Collection
Ce tableau formait la partie inférieure de L'Épisode d'un combat de taureau, une scène de corrida où se voyait l'animal qui a renversé l'homme étendu sur le dos. La presse, au Salon de 1864, étrille l'œuvre. Mais d'autres avis s'expriment, sensibles à la puissance de cette figure flottante entre vie et mort, d'une émotion renversante, voire digne d'être isolée. En somme, Manet suit ce conseil, découpe son tableau et le renomme pour l'exposer en 1867 sous un titre qui lui confère une portée plus universelle.
Edgar Degas (1834-1917)
Le Faux Départ
1869-1872 Huile sur bois
New Haven, Yale University Art Gallery, John Hay Whitney, B.A. 1926, Hon. 1956, Collection
Le public a pris place à l'ombre des tribunes d'un modeste hippodrome. Le jockey du premier plan, emporté par la fougue de son cheval, bride difficilement les ardeurs du coursier qu'il faut ramener sur la ligne de départ. Avant que la chronophotographie ne traduise en images la réalité du garop et ne démontre que le cheval regroupe ses membres lorsqu'il décolle du sol, les peintres restent fidèles à la solution illustrée par Géricault : une manière de vol, pattes écartées et tendues.
Édouard Manet (1832-1883) Les Courses au bois de Boulogne
1872
Huile sur toile
Collection particulière
Edgar Degas (1834-1917)
Chevaux de course, devant les tribunes
1866-1868
Huile sur papier marouflé sur toile
Paris, musée d'Orsay
D'une guerre l'autre
En républicain convaincu, Manet expose régulièrement des œuvres en lien avec des événements qui le touchent ou le révoltent en tant que citoyen. Il vise à frapper l'opinion, tandis que Degas laisse toujours l'actualité hors de son œuvre publique.
Leur relation débute alors que le continent américain est marqué par la guerre de Sécession (1861-1865) puis l'exécution de l'empereur Maximilien au Mexique (1867), autant de sujets dont se saisit Manet. Ces événements touchent directement la famille maternelle de Degas qui vit du commerce du coton à La Nouvelle Orléans.
En juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. Les deux peintres sont réquisitionnés au sein de la Garde nationale et demeurent à Paris pour défendre la ville durant le siège. Ils partagent les longues semaines marquées par l'attente, le froid et les privations et se distinguent des nombreux artistes ayant fui le pays.
En 1872, Degas visite pour la première fois sa famille à La Nouvelle Orléans. Durant son séjour, il évoque plusieurs fois Manet qui << verrait ici de belles choses ». Il découvre une société encore marquée par le système esclavagiste.
Édouard Manet (1832-1883) L'Exécution de Maximilien
1868
Lithographie
New York, The Metropolitan Museum of Art, Rogers Fund, 1921
Ambitionnant d'établir un Empire latin catholique sur le continent américain, Napoléon III favorise l'installation sur le trône mexicain en 1864 du frère de l'empereur d'Autriche, l'archiduc Maximilien. Face à la rébellion des forces républicaines mexicaines de Benito Juárez, Napoléon III rappelle son armée de soutien, laissant Maximilien et deux de ses généraux être exécutés le 19 juin 1867. La nouvelle suscite une vive indignation envers Napoléon III. Manet s'empare immédiatement du sujet, et réalise quatre peintures qu'il ne pourra jamais exposer en France. L'une d'entre elles est acquise après sa mort par Degas. La lithographie sera interdite par la censure.
Édouard Manet (1832-1883) La Queue devant la boucherie
vers 1870-1871
Eau-forte, 1er état
Paris, BnF, département des estampes et de la photographie
Dans ses lettres du Siège, Manet décrit à plusieurs reprises la pénurie de viande dans un Paris où l'on fait alors << ses délices du cheval »>, où l'âne est << hors de prix », tandis que s'établissent des « boucheries de chiens, de chats, de 《 rats ». Il exécute a posteriori quelques œuvres graphiques évoquant directement cette période qui l'a douloureusement marqué.
Édouard Manet (1832-1883)
Guerre civile
1871-1873
Lithographie sur chine collé
Paris, BnF, département des estampes et de la photographie
Édouard Manet (1832-1883)
La Barricade
1871
Lithographie sur chine collé, tirage de 1884 Paris, BnF, département des estampes et de la photographie
Édouard Manet (1832-1883)
Enfants aux Tuileries
vers 1861-1862
Huile sur toile
Edgar Degas (1834-1917)
Cour d'une maison (Nouvelle-Orléans, esquisse)
1873 Huile sur toile
Copenhague, Ordrupgaard
La découverte de la Nouvelle-Orléans semble interroger Degas sur ses origines créoles et générer chez lui une forme d'anxiété accrue par le contexte de l'après-guerre de Sécession. Ce malaise perceptible dans ses lettres explique peut-être l'absence du « monde noir » dans ses tableaux d'alors, à l'exception de la nounou aux traits à peine esquissés sur le seuil extérieur d'une maison. Elle fait écho à une nourrice noire peinte par Manet une dizaine d'années plus tôt dans Enfants au jardin des Tuileries.
Edgar Degas (1834-1917)
Portraits dans un bureau (Nouvelle-Orléans) [dit aussi Un bureau de coton à La Nouvelle-Orléans]
1873
Huile sur toile
Pau, musée des Beaux-Arts
En octobre 1872, Degas part pour six mois à La Nouvelle Orléans où réside une partie de sa famille maternelle. Il découvre un pays qui est << un peu le sien » où l'on << vit pour le coton et par le coton >>. Le plus ambitieux tableau qu'il y réalise est celui-ci, qu'il espère vendre à «< un riche filateur » de Manchester. On y voit Michel Musson, son oncle, dont c'est le bureau, contrôlant d'un geste expert la qualité du coton, tandis que les deux frères de l'artiste ont un rapport plus distant à la précieuse matière » : René lit un journal et Achille est négligemment adossé à un guichet. Ce tableau est le premier Degas acheté par un musée français, à Pau en 1878.
Édouard Manet (1832-1883) Le << Kearsarge » à Boulogne
1864
Huile sur toile
New York,
The Metropolitan Museum of Art
Édouard Manet (1832-1883)
L'Évasion de Rochefort
vers 1881
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
Manet est absent de Paris durant la Commune. Il réalise cependant plusieurs œuvres graphiques dénonçant la violence des répressions envers les Communards. Sa joie est manifeste lorsque l'Assemblée vote leur amnistie le 14 juillet 1880. Pour le Salon de 1881, il travaille à un tableau << à sensation» inspiré d'un récit du journaliste Henri Rochefort, opposant au régime de Napoléon III, évadé du bagne en Nouvelle- Calédonie où il avait été déporté après la Commune.
Édouard Manet (1832-1883) Le Combat du << Kearsarge et de l'<< Alabama
1864
Huile sur toile
Philadelphia Museum of Art, The John G. Johnson Collection, 1917
Manet met en scène un épisode de la guerre de Sécession survenu en 1864 au large de Cherbourg: la victoire du navire de l'Union, le Kearsarge, sur la corvette confédérée l'Alabama qui sombre dans un nuage de fumée. Un voilier français (premier plan à gauche) et un steamer anglais (arrière-plan à droite) viennent au secours des naufragés. Manet célèbre ainsi publiquement, un mois après les événements, la victoire des nordistes, dont il partage les positions anti- esclavagistes.
Édouard Manet (1832-1883)
Bateaux en mer. Soleil couchant
vers 1868 Huile sur toile
Le Havre,
musée d'Art moderne André-Malraux
Édouard Manet (1832-1883)
Sur la plage de Boulogne
1868
Huile sur toile
Richmond, Virginia Museum of Fine Arts, Collection of Mr. and Mrs. Paul Mellon
Un double spectacle s'offre à nouveau ici, l'un s'emboîtant dans l'autre. D'un côté, la mer et un ensemble varié d'embarcations; de l'autre, la plage où des oisifs typés ne forment pas groupe. Ni liens interpersonnels, ni espace unifié : la scène se présente comme une série d'aperçus disjoints sur un nouveau loisir, le tourisme balnéaire.
Edgar Degas (1834-1917)
Bains de mer. Petite fille peignée par sa bonne
1869-1870
Huile sur toile
Londres, National Gallery, Sir Hugh Lane Bequest, 1917; in partnership with Hugh Lane Gallery, Dublin
La production normande de Degas est plus que tributaire de Manet, et ce tableau n'est pas loin de rappeler Sur la plage de Boulogne de son aîné. Composition tabulaire, creusement perspectif presque insensible, fragmentation des groupes, thème de l'enfant au chaperon, les analogies abondent. Degas a aussi en tête la fluidité des marines de Whistler.
Edgar Degas (1834-1917)
Au bord de la mer
1869
Pastel sur papier
Paris, musée d'Orsay
Impressionnismes
L'histoire de l'impressionnisme s'est bâtie sur un amusant chassé-croisé : après la guerre de 1870-1871, Manet se serait tenu à distance du mouvement dissident, alors même que sa peinture, y aurait fait allégeance; inversement, Degas n'aurait jamais tant affiché son mépris d'une approche trop sensible du réel qu'au cours de ces mêmes années, qui le voient prendre la tête du groupe.
Mais Degas et Manet n'ignorent pas la poussée d'un certain << paysagisme de plein air » qui repose sur l'unité du motif et la mobilité de la perception. Ils s'en emparent assez vite, avec audace, et en usent selon les besoins de leurs carrières, car les débouchés commerciaux à Londres et Paris des marines et des scènes de bain ne sont pas à bouder. << Rendre son impression »>, pour citer Manet lui-même, apparaît comme une nécessité. Toutefois, comme Degas, il forge un impressionnisme à part.
Édouard Manet (1832-1883)
La Famille Monet au jardin
1874
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, bequest of Joan Whitney Payson, 1975
Ce que nous nommons << expositions impressionnistes », quand Degas parle lui de << salon réaliste », semble l'éloigner un peu plus de Manet. Ce dernier est en effet trop attaché au Salon pour rejoindre la sécession, mais aussi trop sensible à la nouvelle esthétique pour ne pas mettre en évidence ce qu'elle lui doit. Se transportant en 1874 à Argenteuil, Manet défie Monet sur ses terres, le représentant de façon désinvolte et déclinant son propre impressionnisme, mobile et solide à la fois.
Édouard Manet (1832-1883)
En bateau
1874
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, H.O. Havemeyer Collection, bequest of Mrs. H.O. Havemeyer, 1929
Réseaux croisés
Peintre savant et lettré, Manet a connu, parfois étroitement, les plus grands écrivains de son époque, et les a associés à son œuvre par le portrait et la communauté d'inspiration. Sa dette envers Baudelaire, Zola, Astruc et Mallarmé, parmi d'autres, a laissé de nombreuses traces dans sa peinture et sa vie.
Plus les artistes cherchent à s'émanciper des institutions, plus s'installe une connivence avec les intermédiaires du marché et la presse. La médiation publicitaire que requièrent les choix de Manet est vitale. N'entend-il pas exposer au Salon jusqu'à sa mort, sous tous les régimes et tous les jurys?
Degas aura moins fait étalage de ses goûts et de ses relations littéraires avant les années 1870. C'est alors qu'il peint et expose, en manière de gratitude, ses portraits aigus et mordants d'Edmond Duranty ou de Diego Martelli, plumes acerbes de la critique d'art. La faune des cafés et l'autorité de quelques bohèmes, tels le peintre graveur Marcellin Desboutins ou l'écrivain irlandais George Moore, trouvent aussi des échos chez Manet.
Edgar Degas (1834-1917)
Mary Cassatt au musée du Louvre
1885
Pastel sur eau-forte, aquatinte, pointe sèche et crayon
The Art Institute of Chicago, bequest of Kate L. Brewster
Edgar Degas (1834-1917)
Edmond Duranty
1879
Crayon Conté rehaussé de craie blanche sur papier
New York, The Metropolitan Museum of Art, Rogers Fund, 1918
Edgar Degas (1834-1917}
Marcellin Desboutin et Ludovic Lepic
1876-1877
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
L'aura de Desboutin, l'homme à la pipe, n'a pas échappé à Degas. On le reconnaît derrière le rapin interlope d'Au café, aux côtés du comte Lepic, près duquel il le représente au travail, plaque de cuivre en main, et regard pointé vers un motif extérieur à la toile. On ne saurait mieux exprimer la part de subjectivité propre au réalisme. En 1876, année où Desboutin grave les portraits de Manet et Degas, il prend part à la deuxième exposition impressionniste.
Édouard Manet (1832-1883)
George Moore au café
1878 ou 1879
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, gift of Mrs. Ralph J. Hines, 1955
Édouard Manet (1832-1883)
Portrait de Stéphane Mallarmé
1876
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
Au lendemain de la Commune, Manet fréquente le salon très républicain de la poétesse Nina de Callias et y fait la connaissance du poète Stéphane Mallarmé, aussi libéral en politique qu'élitiste en art. Les deux hommes ne se quitteront plus. Deux livres illustrés et deux essais critiques devaient sceller leur amitié, que confirme ce portrait de 1876.
Edgar Degas (1834-1917}
Portrait de M. Diego Martelli
1879
Huile sur toile
Édimbourg, National Galleries of Scotland
Cet éminent critique italien (1839-1896), qui rend compte de la manifestation impressionniste de 1879, n'a pas eu le plaisir d'y découvrir son image: l'étonnant portrait restera non signé dans l'atelier de Degas. Il tourne le dos à son bureau, et vient de poser la plume. Une certaine forme de familiarité se dégage de cette vue plongeante conduisant jusqu'aux pantoufles du modèle.
Édouard Manet (1832-1883)
L'Artiste (Portrait de Marcellin Desboutin)
1875
Huile sur toile
São Paulo, Museu de Arte Assis Chateaubriand, achat 1958
Ancien élève de Thomas Couture comme Manet, d'origine aristocratique, Marcellin Desboutin (1823-1902) a vécu en Italie avant de revenir à Paris et d'incarner, sur les hauteurs des Batignolles, une sorte de prince de la bohème. La royauté du goût et de la création dans une situation sociale dégradée, c'est précisément ce que Manet traduit à travers le clair-obscur appuyé, le regard perdu du modèle et le lévrier en écho à l'ancienne peinture.
Parisiennes
Manet et Degas sont très attachés à leur ville natale. À travers des figures de Parisiennes dans leur environnement familier se noue un dialogue étroit entre les deux artistes, dont les sujets et l'approche font écho aux romans naturalistes des frères Goncourt ou d'Émile Zola.
Manet et Degas font émerger une << Nouvelle Peinture », appelée de ses vœux par le romancier et critique d'art Louis-Edmond Duranty, dans laquelle la représentation des femmes de différentes catégories sociales évoquant la vie moderne joue un rôle déterminant. S'intéressant à des sujets semblables, ils cherchent à insuffler à leurs œuvres, posées et exécutées en atelier, la spontanéité de scènes prises sur le vif.
Edgar Degas (1834-1917)
Blanchisseuse (silhouette)
1873
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, H.O. Havemeyer Collection, bequest of Mrs. H.O. Havemeyer, 1929
Edgar Degas (1834-1917)
Repasseuses
1884-1886
Huile sur toile
Paris, musee d'Orsay, legs du comte Isaac de Camondo, 1911
Edgar Degas (1834-1917)
La Chanteuse du café-concert [dit aussi Au café des Ambassadeurs] Paris, musée d'Orsay, legs du comte Isaac de Camondo, 1911
Édouard Manet (1832—1883}
La Belle Polonaise
vers 1878
Lavis d'encre de Chine et crayon
Collection particulière
Après la mort de Manet, une version gravée de ce dessin est prise pour illustrer une livraison des Souvenirs de son ami d'enfance Antonin Proust, parus dans La Revue blanche en 1897. En découvrant l'oeuvre dans le journal, Degas se serait exclamé : « Ce Manet! Dès que j'ai fait des danseuses, il en a fait... il imitait toujours. >>. Les scènes de cafés-concerts sont abordées par Degas à partir de 1876-1877 et en 1878-1879 par Manet.
Masculin-féminin
Parmi les traits de personnalité qui distinguent Manet et Degas figurent en bonne place leurs relations avec les femmes. Décrit comme un séducteur, Manet, n'est, de l'avis de ses contemporains, jamais aussi à son aise qu'entouré d'une société féminine. Tout aussi proverbiale est, à l'inverse, la réserve de Degas, dont la vie << fut toujours mystérieuse au point de vue sentimental »>. Il n'aurait, de son propre aveu, << jamais fait beaucoup la noce ».
Ces différences de tempérament se retrouvent en partie dans leurs œuvres : tandis que Manet représente des femmes dont la pose et le regard traduisent une certaine assurance, les relations entre hommes et femmes apparaissent presque toujours troublées ou déséquilibrées dans les œuvres de Degas. Le traitement qu'il accorde au nu féminin lui vaut la réputation d'un artiste misogyne. La réalité est autrement plus complexe et l'on perçoit dans ses écrits la sensibilité d'un homme préoccupé par son cœur et rêvant de félicité conjugale
Edgar Degas (1834-1917)
Femmes devant un café, le soir
1877
Pastel sur monotype
Paris, musée d'Orsay
Dans cette œuvre présentée à l'exposition impressionniste de 1877, Degas montre des prostituées bavardant à la terrasse d'un café de boulevard, un sujet à la fois moderne et trivial. Il s'intéresse à l'organisation complexe de l'espace, aux effets lumineux produits par l'éclairage artificiel et aux mimiques éloquentes des femmes conversant entre elles.
Édouard Manet (1832-1883)
La Serveuse de bock
1878-1879
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
Edgar Degas (1834-1917)
Dans un café [dit aussi L'Absinthe]
1875-1876 Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay
S'inspirant du décor du café de la Nouvelle- Athènes où se réunissent artistes et hommes de lettres, Degas fait poser deux de ses amis, l'actrice Ellen Andrée et le graveur Marcellin Desboutin. La jeune femme semble indifférente à ce qui l'entoure, gagnée par l'hébétude que procure l'alcool.
Édouard Manet (1832-1883)
La Prune
vers 1877
Huile sur toile
Washington, National Gallery of Art, Collection of Mr. and Mrs. Paul Mellon
Bien que reprenant le même modèle (l'actrice Ellen Andrée) et le même lieu (le café de la Nouvelle Athènes) que Dans un café de Degas, Manet propose une approche sensiblement différente. Il ne représente pas son modèle sous l'emprise dégradante de l'alcool mais comme une jeune femme séduisante, élégamment vêtue. Son attitude évoque certaines techniques de séduction des prostituées attendant dans un café la << rencontre à venir
Edgar Degas (1834-1917}
Madame Jeantaud devant un miroir
vers 1875 Huile sur toile Paris, musée d'Orsay
Edgar Degas (1834-1917}
Chez la modiste
1879-1886
Huile sur toile
The Art Institute of Chicago, Mr. and Mrs. Lewis Larned Coburn Memorial Collection
Edgar Degas (1834-1917}
Chez la modiste
1882
Pastel sur papier
Paris, musée d'Orsay
Édouard Manet (1832-1883)
Chez la modiste
1881
Huile sur toile
Fine Arts Museums of San Francisco, Museum Purchase, Mildred Anna Williams Collection
Édouard Manet (1832-1883)
La Leçon de musique
1870
Huile sur toile
Boston, Museum of Fine Arts, Anonymous Centennial Gift in memory of Charles Deering
Edgar Degas (1834-1917)
Violoniste et jeune femme (Raoul Madier de Montjau et sa femme, la cantatrice Émilie Fursch-Madier)
vers 1871
Huile et crayon sur toile
Detroit Institute of Arts, bequest of Robert H. Tannahill
Edgar Degas (1834-1917}
Bouderie
vers 1870
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art, H.O. Havemeyer Collection, bequest of Mrs. H.O. Havemeyer, 1929
Édouard Manet (1832-1883)
Nana
1877
Huile sur toile
Hambourg, Hamburger Kunsthalle
Une courtisane à demi déshabillée, portant un corset, des bas brodés et des escarpins à hauts talons, se maquille en présence de son protecteur. La jeune femme au sourire mutin adresse une œillade au spectateur, tandis que l'homme, sur la banquette, est coupé en deux par le cadrage, sans plus d'importance que s'il s'agissait d'un meuble. Refusé au Salon de 1877, Nana est exposé dans la vitrine de Chez Giroux, un magasin de << bimbeloterie, tableaux, éventails » où elle obtient un vif succès de curiosité.
Edgar Degas (1834-1917)
Artiste dans son atelier
(Portrait d'Henri Michel-Lévy?)
vers 1878
Huile sur toile
Lisbonne, Calouste Gulbenkian Museum
Edgar Degas (1834-1917)
Intérieur [dit aussi Le Viol]
1868-1869
Huile sur toile
Philadelphia Museum of Art, The Henry P. Mcllhenny Collection in memory of Frances P. Mcllhenny, 1986
Désignée par Degas comme « son tableau de genre », cette toile demeure en grande partie énigmatique. Dans l'espace clos d'une chambre, une jeune femme est assise sur une chaise dans une attitude prostrée. Elle tourne le dos à un homme qui s'appuie de toute sa stature sur la porte, son ombre se déployant tel un double menaçant. Les vêtements jetés sur le lit et le corset gisant au sol ajoutent une note inquiétante à cette scène. Un autre titre, Le Viol, a été donné au tableau du vivant de l'artiste.
Du nu
Depuis la Renaissance et la glorification de l'héritage gréco-romain, le nu jouissait d'un rôle central dans l'apprentissage des arts du dessin, voués à cerner ce que la nature offrait de plus harmonieux. La théorie dite << classique »>, fait du corps humain l'image de la perfection. En le dissociant de la nudité et donc du corps sexué, en érigeant la statuaire en modèle de la peinture, un idéal esthétique s'était fixé et se perpétuait à travers la copie. Contester cette discipline revenait à
renverser tout un ordre de valeurs. Romantiques, comme Delacroix, et Réalistes, comme Courbet, s'y emploient au XIXe siècle, avant-même que la photographie et la Nouvelle peinture ne dissolvent les canons de beauté au profit de la réalité corporelle. D'Olympia de Manet aux << baigneuses en chambre » de Degas, la nudité féminine, loin de n'être qu'objet, affiche une vérité aussi engageante que dérangeante.
Edgar Degas (1834-1917}
Le Tub
1886
Pastel sur carton
Paris, musée d'Orsay
En 1886, à l'occasion de l'ultime exposition impressionniste, Degas regroupe une « Suite de dix nus de femmes se baignant, se lavant, se séchant, s'essuyant, se peignant ou se faisant peigner ». Faute de saisir le vrai sens de ces corps vus sous des angles que l'on jugea malséants ou inesthétiques, le reproche de misogynie, souvent avancé pour commenter les œuvres de Degas, surgit pour la première fois.
Édouard Manet (1832-1883)
Femme dans un tub
1878
Pastel sur toile
Paris, musée d'Orsay
Au lendemain de l'exposition impressionniste de 1877, où le thème de la femme au bain est largement traité par Degas, Manet agit de même : il s'attaque au thème du tub (large cuvette destinée à la toilette) et demande à ses modèles de nous tenir, d'un regard, à bonne distance de tout voyeurisme. En avril 1880, dans les locaux de la Vie moderne, son accrochage remarqué de dix huiles et quinze pastels sera presque exclusivement féminin.
Edgar Degas (1834-1917)
Femme nue accroupie, de dos
vers 1876
Pastel sur monotype
Paris, musée d'Orsay, collection Gustave Caillebotte
Edgar Degas (1834-1917)
Admiration
vers 1877-1880
Monotype rehaussé de pastel
Paris, bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art, collections Jacques Doucet
Edgar Degas
(1834-1917)
Le Client
1879
Monotype à l'encre noire sur papier
Musée national Picasso-Paris, donation Picasso, 1978
Édouard Manet (1832-1883)
Étude de nu assis (La Toilette ou Après le bain)
1858-1860
Craie rouge sur papier
The Art Institute of Chicago, Restricted gift of the Joseph and Helen Regenstein Foundation
Édouard Manet (1832-1883)
La Femme au chat
vers 1862-1863
Encre de Chine sur papier
Paris, musée d'Orsay
Édouard Manet (1832-1883)
Les Chats
1867-1868
Eau-forte et aquatinte
Stockholm, Nationalmuseum
Sa vie durant, Manet nourrit, comme son ami Baudelaire, une fascination pour les chats. Après le scandale d'Olympia au Salon de 1865, il demeure pour beaucoup << le peintre du chat noir »>, en référence au félin arqué aux pieds de la prostituée, interprété comme une allusion sexuelle. Pour un ouvrage de Champfleury, Manet représente des chats dans diverses attitudes, à la façon des planches des maîtres japonais. Sans intérêt équivalent pour l'animal, Degas se contente d'en griffonner quelques-uns dans ses carnets où il assimile de façon cocasse leurs formes à des phallus.
Édouard Manet (1832-1883)
Étude de femme nue étendue, tournée vers la droite
vers 1862-1863 Sanguine sur papier
Paris, musée d'Orsay
Édouard Manet (1832-1883)
Femme en costume oriental étendue sur un lit
vers 1862-1868
Aquarelle et encre de Chine avec rehauts de gouache sur papier
Paris, musée d'Orsay
Une gravure de Manet en rapport avec ce dessin a fait partie de la collection de Degas.
Édouard Manet (1832-1883)
Rendez-vous de chats
1868
Lithographie, état unique
Stockholm, Nationalmuseum
Cette lithographie de Manet a fait partie de la collection de Degas.
Édouard Manet (1832–1883}
La Femme au chat (Madame Édouard Manet)
vers 1880
Huile sur toile Londres, Tate, achat 1918
Après Manet
Frappé par la mort prématurée de Manet en 1883, Degas aurait declaré au moment de ses obsèques : «< il était plus grand que nous le croyions ». Degas participe ensuite à différentes initiatives réunissant le milieu artistique dont le banquet organisé en l'honneur de Manet en 1885, puis la souscription lancée par Monet en 1890 pour faire entrer Olympia au musée du Louvre.
L'admiration de Degas pour son aîné est surtout manifeste à travers sa collection d'œuvres d'art dont il pensait faire un musée. Manet y occupe une place éminente avec près de 80 œuvres acquises entre 1881 et 1897, dont huit tableaux et une soixantaine de gravures. Dans des feuillets manuscrits, Degas détaille la façon dont il est parvenu à les rassembler: dons, achats ou encore échanges avec ses propres œuvres. Sa persévérance lui permet de réunir plusieurs des fragments dispersés de l'un des tableaux les plus ambitieux de Manet: L'Exécution de Maximilien.
Paul Gauguin (1848-1903) Olympia (d'après Manet)
1891
Huile sur toile
Collection particulière
Ce tableau est une copie d'Olympia de Manet réalisée par Paul Gauguin peu de temps après l'entrée au musée du Luxembourg de l'œuvre originale de Manet. Degas en fait l'acquisition lors d'une vente publique pour l'accrocher dans l'antichambre de son appartement.
Édouard Manet {1832—1883}
Portrait de Madame Édouard Manet sur un canapé bleu
1874
Pastel sur papier brun marouflé sur toile
Paris, musée d'Orsay
Un feuillet manuscrit de Degas à propos de sa collection (exposé en vitrine) indique : << Manet
Portrait au pastel de sa femme robe blanche, chapeau de campagne blanc, paille, nœud noir - sur un canapé bleu, fond marron. Intérieur et meuble du petit salon de la rue St. Petersbourg. acheté de Mme. Manet, par intermédiaire de Portier. payé 2000F à celui-ci, donne en échange quelque chose de moi >>
Édouard Manet (1832-1883) Polichinelle
1874
Lithographie colorée sur papier, 4º état sur 4 Paris, BnF, département des estampes et de la photographie
Edgar Degas (1834-1917)
Autoportrait
avec Paul-Albert Bartholomé
1895-1897
Reproduction à partir d'un contretype
Paris, BnF, département des estampes et de la photographie
Édouard Manet (1832-1883) Le Jambon
vers 1875-1880 Huile sur toile
Glasgow City Council, Lent by Glasgow Life (Glasgow Museums) on behalf of Glasgow City Council: from the Burrell Collection with the approval of the Burrell Trustees. Gifted by Sir William and Lady Burrell to the City of Glasgow, 1944
Un feuillet manuscrit de Degas à propos de sa collection (exposé en vitrine) indique :
<< Manet
Jambon sur un plat d'argent fond cuir de Cordoue vient d'une vente Pertuiset Eu de Manzi (3000F) échangé pour pastel et petit tableau
Édouard Manet (1832-1883}
Berthe Morisot au chapeau de deuil
1874
Huile sur toile
Collection particulière
Édouard Manet (1832-1883)
Femme nue assise
vers 1861
Plume et encre brune, pinceau et lavis, sur craie rouge, avec correction à la craie noire, sur papier vélin
Collection particulière
Édouard Manet (1832-1883)
En haut à gauche
Portrait de M. Auguste Manet, père de l'artiste
1860
Première planche, eau-forte, état unique Stockholm, Nationalmuseum
Baudelaire, tête nue, de face
1869
Eau-forte et plume avec encre brune,
Stockholm, Nationalmuseum
Plainte moresque
1866 Lithographie, seule épreuve connue du premier état Stockholm
Édouard Manet (1832-1883)
Gitane à la cigarette
vers 1862
Huile sur toile
Princeton University Art Museum, bequest of Archibald S. Alexander, Class of 1928
Édouard Manet (1832-1883)
L'Exécution de Maximilien
1867-1868
Huile sur toile
Londres, National Gallery, achat 1918
En 1867, l'exécution de Maximilien, empereur du Mexique, inspire à Manet le plus ambitieux de tous ses projets artistiques liés à l'actualité. Il travaille plusieurs mois a une grande composition destinée au Salon de 1868 réalisant successivement quatre peintures, dont trois monumentales, et une lithographie pour en assurer la diffusion. Trop subversives, aucune ne sera exposée en France de son vivant. Demeurées dans son atelier, elles n'ont été vues que par quelques proches, dont peut-être Degas, qui fit I'acquisition de plusieurs fragments de la seconde version découpée après la mort de Manet pour tenter de la recomposer.
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