vendredi 3 février 2023

La Fabuloserie à la Halle Saint-Pierre en février 2023

Belle exposition dans ce lieu alternatif dont voici la présentation et les principales œuvres :


La Fabuloserie a 40 ans. Cette date anniversaire est pour la Halle Saint Pierre l'occasion de célébrer la collection qu'Alain et Caroline Bourbonnais ont rassemblée avec une passion insatiable à partir de 1972 à l'Atelier Jacob, puis à partir de 1983 à Dicy en Bourgogne dans un domaine aménagé en une maison musée et un jardin habité.

A la croisée de l'art brut, de l'art naïf et de l'art populaire, également ouvert sur les cultures extra occidentales, l'art hors-les-normes de La Fabuloserie n'a cessé d'accueillir les œuvres singulières de créateurs dépourvus de soucis esthétiques, qui ne se disent ou ne se pensent pas professionnels de l'art.

L'émerveillement que produit cette collection se prolonge dans le parc où les bâtisseurs de l'imaginaire et inspirés du bord des routes ont trouvé leur dernière demeure.

Placée sous le signe du fabuleux, du merveilleux et du fantastique, l'exposition La Fabuloserie à la Halle Saint Pierre réunit les œuvres et témoignages photographiques d'une cinquantaine de créateurs, aux côtés de la truculente tribu des Turbulents d'Alain Bourbonnais.

ANDRÉE ET JEAN MOIZIARD

Andrée est née le 25 septembre 1940 à Paris où je l'avais précédée le 22 novembre 1938. Nous nous sommes rencontrés en 1958 en Bretagne. Depuis, entièrement de connivence, nous nous promenons sur les chemins parfois escarpés de l'expression qualifiée par les géomètres de « hors normes », façon pour eux de définir l'indéfinissable confrérie des autodidactes en tout genre à laquelle nous sommes fiers d'appartenir. Après avoir vécu en banlieue dans une « cabane » de notre création qu'un coup de vent économique emporta, nous avons en 1971, au hasard d'un voyage, fixé nos pénates en Côte d'Or y gambergeant tous azimuts pendant près d'un demi-siècle pour atterrir en 2014 dans le département de l'Yonne, à Tonnerre, ville magique aux blessures semblant pourtant bien difficiles à cicatriser. Que dire de plus... bienvenue sur notre planète, perdue comme tant d'autres dans l'univers numérique, telle une aiguille dans une botte de foin. Ah, oui j'oubliais: j'ai aussi, nul n'est parfait, composé une pléiade de chansons dont certaines sont interprétées par Andrée. JEAN MOIZIARD

FRANCIS MARSHALL
Né en 1946 à La Frette-sur-Seine, Val d'Oise
Francis Marshall est issu d'une famille privilégiée et son premier poste d'instituteur à 23 ans l'envoie dans un tout petit village de Normandie. Là, il découvre la pauvreté, les gens exclus de la société, ravagés par l'alcoolisme et la consanguinité. Il décide alors de raconter l'histoire de Mauricette. "Pourquoi Mauricette ? Je crois que j'ai eu envie de raconter l'histoire d'une petite fille et pas d'un garçon. La petite fille subit davantage, le petit garçon ça deviendra un petit homme, il aura un certain nombre de privilèges, alors que la petite fille subit vraiment".
Les ficelles qui ligotent les personnages sont le symbole de tous les tabous,
les obligations qui nous entravent dès notre naissance.
Quand en 1972, Francis Marshall est présenté à Alain Bourbonnais par le galeriste Alain Ayache, cette rencontre est une «< chance inouïe ». Enfin un « regard affectueux » se pose sur ses créations. C'est ainsi que pendant de nombreuses années Bourbonnais devint son seul acheteur.
«Des Bourbonnais on en rencontre une fois tous les vingt ans >> ! Plusieurs expositions ont lieu à l'Atelier Jacob en 1973, en 1974, puis en 1975. En 1978, un grand espace lui est consacré aux Singuliers de l'art et en 1979 à l'Outsider à Londres.
"Alain me disait souvent : Tes objets, ils finiront bouffés par les rats ou dans un musée". Bien vu! à La Fabuloserie, Mauricette bénéficie
d'une salle entière depuis 1983. Depuis, tant pour les événements qui ponctuent la vie du musée que pour les expositions hors-les-murs, Francis est toujours parmi nous, avec,
de part et d'autre, beaucoup d'affection. En 2015, dans le Jardin habité, ses buildings, son train, ses naufrages, ses anges exterminateurs, ses pagodes furent à l'honneur. Un livre-objet sur son parcours est publié à cette occasion, Francis Marshall
Parcours turbulents 1, les textes de Déborah Couette et de son ami Didier Mouchel. apportent chacun un éclairage intense sur son œuvre. Il a exposé à deux reprises à La Fabuloserie Paris, en 2017 et 2021. Un court-métrage lui est consacré dans le DVD Les Etonnants - Portraits d'artistes Art hors les normes réalisé par Stéphane Jean-Baptiste et Pascale Massicot.

ALBERT SALLÉ
1886 Thésée - 1971 Menton
Tour à tour maréchal ferrant, Compagnon du Tour de France, receveur d'autobus à Paris, Albert Sallé s'installe, à la retraite, dans le vieux Menton. Il se met à fabriquer des scènes du «< petit monde de Menton »>,
des << petits théâtres >> animés et sonorisés, « l'Église Saint-Michel »>, des scènes dans des bonbonnes... Les matériaux utilisés sont dérisoires : capsules de bouteilles, bouchons, élastiques, perles, papiers dorés et argentés, bouts de fils électriques... Il les dispose devant sa porte afin que les passants y mettent 1 franc pour les animer, malheureusement des garnements lui piquent les sous.
Les œuvres d'Albert Sallé, outre leur valeur intrinsèque indéniable, ont aussi l'heur d'être le premier achat << d'art brut » d'Alain Bourbonnais, en 1969, soit bien avant sa rencontre avec Jean Dubuffet et l'ouverture de l'Atelier Jacob. A cette époque, il collectionnait plutôt l'art forain chez Jean-Paul Favand ou des peintures du groupe Cobra ou Louis Pons, par exemple. Alain Bourbonnais nous raconte sa découverte: « Je me baladais dans la vieille ville de Menton, et tout à fait par hasard, dans une encoignure de porte, je vois des automates. Des choses complètement émouvantes... C'est un art que je trouve total, avec des personnages, des sons, des petites musiques. Il fallait mettre 1 franc pour les mettre en route. Alors je mets des pièces et je vois une femme qui sort et qui me dit :
<< Excusez-moi, monsieur, les mauvais garnements viennent nous voler les pièces, alors on vient les prendre au fur et à mesure. Alors on se met à parler :
- Mais qui fabrique ces automates? 1
- C'est mon mari, il est grabataire maintenant, nous sommes à la fin de notre vie, qui est-ce qui va s'en occuper ? Au bout d'un moment, je parlais de ses ouvrages avec une telle ferveur, je vois l'homme qui monte. >>
Mon mari se lève ! crie la femme.
Oui, je viens voir la tête de l'homme qui parle comme ça de mes trucs.
Je l'entends et je trouve ça assez extraordinaire. >> Dès cette première rencontre, Alain Bourbonnais fit l'acquisition
le 23 novembre 1969, comme l'atteste les livres de compte, de quatre œuvres à Albert Sallé. Les 6 autres œuvres ont été acquises auprès de ses enfants en mars 1973.
Alain Bourbonnais avait envisagé de faire un film en mêlant les œuvres de Sallé et celles de Albert Geisel.

GASTON TEUSCHER
Né en 1903 à Montherod, Suisse décédé en 1986 à Lausanne
Les voyages sont au cœur de la vie de Gaston Teuscher. Dès la fin de sa scolarité, il parcourt l'Europe et donne des cours de gymnastique et de français pour subvenir à ses besoins. Puis revient en Suisse, où il exerce le métier d'instituteur.
Il commence subitement à dessiner à l'âge de 71 ans. Poursuivant ses incessants déplacements, il dessine avec frénésie sur les supports qui lui tombe sous la main : sets de table, nappes, emballages
de paquets de cigarettes, journaux etc. L'auteur privilégie de préférence des surfaces entachées, salies, afin de révéler un dessin déjà sous-jacent, déjà préexistant. Comme l'a souligné Michel Thévoz, dans un petit ouvrage qu'il lui consacre en 1981, il << savoure les textures et découvre avec stupéfaction dans le hasard des plis et des taches un monde en gestation, qui attend de lui son accomplissement ». De ces visages, imbriqués les uns dans les autres, naissent des foules réalisées avec divers composants alimentaires : café, jus de fruits, cendre, etc.. Il recourt également au stylo à bille, à l'encre de Chine et au crayon noir.
Les dessins de Gaston Teuscher sont entrés dans la collection d'art hors-les-normes à la suite d'une donation faite par Michel Thévoz en 1986. En effet, dépositaire de l'œuvre de Gaston Teuscher, le conservateur de la
collection de l'Art Brut à Lausanne offrit un ensemble de dessins à Alain Bourbonnais, selon les vœux de l'auteur lui-même, qui avait déposé une partie de son œuvre à Lausanne dans la perspective d'être représenté dans d'autres musées.

JACQUELINE BARTHES
DITE JACQUELINE B.
Née en 1928 à Perpignan
Jacqueline née des amours illicites de M. René Barthes avec une dame mariée elle aussi, ne put être reconnue devant l'état-civil et devint donc pupille de l'Assistance publique. La seconde épouse prit Jacqueline en affection et s'en occupa, ce faisant elle prit conscience des difficultés d'apprentissage de cette enfant, nerveuse, et chétive. Ballottée d'écoles en pensionnats, Jacqueline revint au sein de sa famille à l'âge de 23 ans. Sa belle-mère lui suggéra alors de dessiner et lui acheta du matériel au bazar d'Alphonse Chave à Vence. Celui-ci ayant aussi ouvert une galerie, il la présenta en 1959 dans l'exposition Alphonse Chave présente l'Art Brut, sous l'égide de Jean Dubuffet. En 1965, ce dernier lui consacrera un article
dans le Fascicule 4 de L'Art Brut. En 1967, elle fera partie de l'exposition de Jean Dubuffet aux Arts décoratifs de Paris. Dans les années 70, Alain Bourbonnais, qui fréquentait la galerie Chave à Vence, fut ému par l'œuvre de Jacqueline B. et décide de lui rendre visite à Biot en avril 1977 où il acquiert une trentaine de dessins.
Evidemment stimulée par cette visite, Jacqueline B. lui écrit : Cher Monsieur Jacob, je travouille beaucoup pour que vous soyiez content et faire une magnifique exposition.
Elle fit partie des Singuliers de l'art en 1978. En 2013, elle participa à l'exposition Un autre regard au musée Singer-Polignac du Centre hospitalier Sainte-Anne, désormais le MAHHSA. Puis, en 2020, la galerie Christian Berst lui consacre une exposition monographique Jacqueline B. l'indomptée.
Voilà qu'un jour, Jacqueline B se saisit de crayons qui traînaient sur la table et un monde s'ouvrit à elle, à elle seule, avec lequel elle pourrait se partager, auquel elle pourrait se donner. Devenir oiseau, paysage, rivière, angelot, démon ou Dieu lui-même. Un monde où l'autre disparaîtrait, le monde ennuyeux des gens de tous les jours, le monde du « comment ça va ? ». Dans son monde à elle tout va bien puisqu'elle y est heureuse. Et les ânes deviennent oiseaux, les oiseaux deviennent feuilles et les montagnes s'allongent pour qu'elle s'y promène. Sans son dessin, il y aurait nulle vie pour Jacqueline B. Parce que toutes les portes lui ont été fermées... Extrait d'un texte écrit par M. et Mme Barthes pour leur fille Jacqueline

GALA BARBISAN
Née en 1894 à Jaroslav, Russie décédée en 1982 à Paris
Russe blanche excentrique et figure emblématique du milieu littéraire de Saint-Germain-des-Prés, elle fonde en 1958 avec Jean-Pierre Giraudoux
le Prix Médicis.
<< Madame, Jean Dubuffet m'a communiqué votre adresse, c'est pourquoi je me permets de vous écrire. J'ai vu de vos œuvres à l'Art Brut et je souhaiterais en acquérir une ou deux, mais pour cela, j'aimerais que vous me disiez où je peux en voir à moins que vous soyez disposée à m'en vendre vous-même ».
ALAIN BOURBONNAIS le 25/04/1972
En parallèle de son rôle dans le monde de la littérature, elle réalise, des heures durant, des dessins à l'encre de Chine. Les pages vierges se couvrent alors de créatures, de personnages sans visage,
de signes, certainement reflets de ses rêves, de son monde intérieur, de ses visions et de ses fantasmes secrets. Ses dessins nous captivent et nous entraînent dans un univers miniature enchanté, un patchwork d'images oniriques.
Claude Mauriac voyait d'ailleurs en ses dessins << les radiographies d'une âme >>. Exposée dès 1973 à L'Atelier Jacob, elle devint une habituée des vernissages et l'on trouvait, dans le sillage de la vieille dame élégante, le très jeune et sémillant Jean-Marc Roberts, futur écrivain et directeur de collection au Seuil. Elle participa à l'exposition Un Autre Regard en 2013 au Musée Singer Polignac de l'hôpital Sainte Anne, désormais le MAHHSA.
Je ne travaille jamais, je m'amuse... Je fais mes dessins au lit, j'en fais toujours plusieurs à la fois...
Les gens simples aiment ce que je fais, ils disent: c'est du travail ! J'ai commencé à dessiner après la mort
de ma mère, ma chatte, mon chien... autrement je serais devenue folle !
Vous savez, dans ma famille de « pop » russes, deux grands-pères ont terminé leur vie en asile.
C'est une sorte de psychanalyse; d'abord, je ne remplissais pas le papier, il restait du blanc, et ensuite j'ai commencé à tout remplir.

THOMAS BOIXO
Né au début du XXe siècle au Portugal
décédé en 1976 à Amiens
Thomas Boixo émigre en France en 1936 à la suite de la guerre civile. Après avoir exercé le métier de charpentier de marine dans l'aéronavale jusqu'en 1950, il est interné au service psychiatrique de l'hôpital d'Amiens jusqu'à son décès en 1976.
Dans l'atelier d'ergothérapie, où Philippe Mahaut, créateur également présent à La Fabuloserie, exerçait le métier de psychologue, Thomas Boixo réalisait des sculptures et des dessins aquarellés, seul ces derniers ont été conservés et apportés par Philippe Mahaut à La Fabuloserie en 1986.
Les architectures fantastiques, baroques, ouvrant parfois sur le monde du théâtre, ont particulièrement retenu l'attention d'Alain Bourbonnais. Les navires sont aussi d'une grande majesté.
La Fabuloserie conserve un petit corpus d'une douzaine de ces œuvres sur papier.
En 2013, Déborah Couette et Antoine Gentil le présentèrent, pour la première fois, lors de l'exposition Un autre regard au musée Singer-Polignac du Centre hospitalier Sainte-Anne, désormais le MAHHSA.

JANO PESSET
Né en 1936 à Saintes, Charente-Maritime
Il fut élevé par sa grand-mère dans les montagnes de l'Ariège.
C'est décidé il sera << artiste »>, mais pour être artiste en toute liberté mieux
vaut rester magasinier, ce qu'il fera jusqu'à la retraite. Il s'installe un atelier dans le sous-sol de son pavillon de la Vallée de Chevreuse. Une découverte qui le stimulera: le livre de Jean Dubuffet Asphyxiante culture, qui devient son viatique.
Lors de ses balades dans Paris, il découvre l'Atelier Jacob; en 1977,
il y expose puis participe aux Singuliers de l'art en 1978. Une de ses pièces rentre dans la Collection de l'art brut à Lausanne grâce à Alain Bourbonnais. Un court-métrage lui est consacré dans le DVD Les Etonnants - Portraits d'Artistes Art hors les normes, réalisé en 2007 par Stéphane Jean-Baptiste et Pascale Massicot. Jano et Loli ont exposé en 2017 à La Fabuloserie Paris.

LOLI
Née en 1940 à Bolbaite, Espagne
Assurant l'entretien à la Mairie de Chevreuse, stimulée par la créativité débordante de son mari Jano, Loli se met à broder, tout d'abord avec des modèles, mais bien vite Jano lui suggère de se lancer << sans >> modèle, naissent alors de singuliers petits personnages. Pour mettre en valeur le travail de son épouse, Jano lui fabrique des cadres, à sa manière, bien sûr.
Tous les étés, j'allais garder les vaches et m'amusais à décorer mes bâtons avec mon Opinel. J'ai passé de merveilleuses années dans la nature. A la Libération, en 1945, je quittais ce milieu rural pour rejoindre ma mère à Bordeaux. J'ai eu beaucoup de mal à me réadapter à cette nouvelle vie. J'ai passé mon certificat d'études, puis un CAP d'ajusteur et je commençais à peindre. A 21 ans, après l'armée, je suis monté à Paris à la recherche d'un emploi : j'ai été tour à tour ajusteur, intervalliste dans le dessin animé, dessinateur dans le tissu et la publicité, puis manœuvre, emballeur et magasinier. A 32 ans, j'ai épousé Loli, brodeuse espagnole. J'ai beaucoup lu, j'ai vu des expos... A la rétrospective de Picasso au Grand Palais en 1966, il y avait une série de petits personnages en bois taillés au couteau, comme quand je gardais les vaches. C'est là que j'ai commencé à créer avec des bois pauvres, vermoulus comme le lierre, le noisetier, les racines...

JANKO DOMSIC
Né en 1915 à Malunje, Croatie décédé en 1983 à Paris
Seul un entretien, qu'il a eu en 1979 avec Alain Bourbonnais permet d'obtenir quelques indications sur sa vie : « Moi je n'ai jamais été à l'école, pas une journée... alors j'ai appris à écrire les premières lettres chez les bohémiens. » Pourquoi est-il arrivé en France ? Mystère. Il travaille en 1935 à la construction du chemin de fer à Pont-sur-Yonne.
Ensuite, il vient à Paris où il vivra misérablement dans une chambre de bonne au sixième étage vers Montmartre, jusqu'à son décès.
L'écriture et le dessin sont à parts égales dans son œuvre. Ses << écrits codés » sont en français cependant : << Moi je suis écrivain, toujours été penché sur l'économie générale et internationale, cotée en dollars. >> Élaborées au stylo à bille, ses compositions en rouge, bleu et vert se caractérisent par une forte symétrie. Les figures stylisées sont tracées à l'aide de la règle et du compas, symboles maçonniques, la svastika y est aussi très présente.
L'œuvre de Domsic fut découverte, en 1978, par Alain Bourbonnais lors de l'exposition Peintres et sculpteurs contemporains, à la Mairie du 3e arrondissement de Paris.
Toute l'année 1979, Domsic apporte régulièrement à l'Atelier Jacob ses dessins, comme en témoigne le livre de compte de la galerie. Comme il traverse Paris à pied depuis le 18e arrondissement où il loge, il apporte en majorité des petits et moyens formats, la plupart des grands formats seront découverts après son décès chez son voisin qui les avait conservés sous son lit. Bourbonnais ne révèle qu'en 1984 le fruit de cette découverte à Jean Dubuffet par un courrier accompagné d'un dessin.
C'est excellent, très impressionnant, où avez-vous déniché cela? L'auteur semble être un Yougoslave. Et grand merci de son dessin original, je l'aime beaucoup et je suis content de l'envoyer à Lausanne.
Le texte au verso est très frappant. JEAN DUBUFFET, 15 juin 1984 Ce n'est qu'en 1986 qu'Alain Bourbonnais présentera son œuvre au public dans le cadre des Indomptés de l'art au Palais Granvelle à Besançon. Michel Thévoz enrichira le fonds de la Collection de l'Art Brut par l'achat de plusieurs dessins en 1988.
Un article et la retranscription de quelques textes de Domsic sont publiés dans le Fascicule N°16 de la Collection de l'Art Brut 1990. En 2013, les commissaires de l'exposition Un autre regard au Musée Singer-Polignac de l'hôpital Sainte Anne, Déborah Couette et Antoine Gentil, ont choisi une œuvre incroyable d'un deus ex machina survolant New-York.

DENISE AUBERTIN
Née en 1933 à Boulogne-sur-mer Décédée en 2019 à Villejuif
Lectrice insatiable et autrice de plusieurs manuscrits, Denise A. Aubertin réalise à partir de 1969 des livres-objets dits «< livres impubliables >>. Puis, << en 1974, j'ai fait mon premier "livre cuit" (au four) avec divers ingrédients de cuisine. Acte de dérision, de subversion, mais aussi désir de réaliser un objet insolite, merveilleux >>. Jean Dubuffet écrit le 19 octobre 1977:
Cher Alain Bourbonnais,
Je vous ai signalé par téléphone les espèces de « livres » que confectionne Denise Aubertin et dans lesquels interviennent toutes sortes de collages et de maculations, associés à des textes. Je les trouve très impressionnants et de nature à vous intéresser. J'ai conseillé à Denise Aubertin de vous les montrer. Ci-dessous son adresse ...
A vous amicalement. J.D.
En 1978, elle fut présentée aux Singuliers de l'art. Les «< livres cuits » de Denise Aubertin ont été exposés à la Maison Rouge en 2006.

JEAN BORDES DIT JEAN DE RITOU
Né en 1916 à Augirein, Ariège décédé en 1985 à Saint-Lizier, Ariège
Sauvée de la destruction par Jano Pesset, La Fabuloserie est l'unique lieu où est présenté ce qu'il reste de la production de Jean Bordes. A la suite du décès de Jean Bordes, un proche parent pensa renvoyer ses assemblages dans leur lieu d'origine : la décharge.
Heureusement, Jano Pesset découvre les amas de Jean Bordes alors qu'il glane des morceaux de bois pour ses propres compositions dans la forêt ariègeoise. Formant des tas amassés aux pieds des arbres ou rassemblés en fagots suspendus aux branches, Jano Pesset a l'intuition que ces agrégats relèvent de la création. Après quelques recherches, il rencontre l'auteur de ces productions précaires : Jean Bordes dit Jean de Ritoù.
Immédiatement il pense que ces œuvres doivent rejoindre La Fabuloserie, il en fera don à Alain Bourbonnais qui ne dissimulera pas son enthousiasme devant une telle découverte, s'exclamant : « Il n'y a pas pire que lui en Art Brut, c'est le summum de l'Art Brut, le plus déconnecté, le plus fort. >> Si certains de ces objets peuvent évoquer des locomotives, des tracteurs et engins divers, d'autres dénotent de la seule volonté d'assemblage: rassembler, attacher, ligoter, ficeler, lier...
Jean Bordes, outre son œuvre qui suscite une émotion bien réelle, est le dernier créateur à avoir rejoint la Collection de la Fabuloserie du vivant d'Alain Bourbonnais, la même année que le manège de Petit Pierre, en 1987. En 2013, il participa à l'exposition Un autre regard au musée Singer-Polignac du Centre hospitalier Sainte-Anne, désormais le MAHHSA. Clémence Prévault a conçu, réalisé et joué un superbe spectacle, Matiloun, autour de cette œuvre, qui a tourné en France toute l'année 2022.

MARCEL LANDREAU
Né en 1922 à Bourg-de-Noirterre décédé en 1992 à Thouars, France
Cheminot,<«< chef de train >> précise-t-il, il ne conduit donc pas la locomotive, ce qui lui laisse le temps de rêver et d'observer les pierres du ballast qui ont des formes bizarres, lui évoquant des figures humaines ou animales. A partir de pierres et de cailloux glanés sur les voies de chemin de fer, il élabore des pièces montées dans son jardin de Mantes-la-Jolie:
une cathédrale, une cérémonie de mariage, un bal musette...
Aidé par un ami électricien il cache de petits moteurs qui font tourner les couples de danseurs. Les visiteurs se pressent les dimanches après-midi pour admirer son << Paysage de Pierres >>.
Réalisé entre 1958 et 1974, cet environnement a fait plusieurs fois l'objet de vandalisme, conduisant Marcel Landreau à vendre sa maison vivre dans sa région natale. Le site a été détruit vers 1990. pour Dès 1972, Alain et Caroline Bourbonnais rendent visite à Marcel Landreau, retourner
ils s'écrivent régulièrement. Mais seuls un couple et une vache furent acquis
par Alain Bourbonnais.
En 1978, il fut représenté aux Singuliers de l'art par des images de Claude
et Clovis Prévost, son œuvre est aussi largement documentée dans leur ouvrage
Les Bâtisseurs de l'imaginaire réédité en 2016.
Enfin en août 2020, Delphine Robert, nièce de Marcel Landreau, envoya des bouteilles à la mer, sous forme de courriels, à plusieurs musées pour faire une donation urgente de 9 pièces de son oncle avant de déménager. Sophie Bourbonnais, seule, y répondit et alla chercher les œuvres le 27 août. Ces personnages, qui font partie de la procession de mariage qui descendait la colline devant l'église, sont présentés pour la première fois à la Halle Saint Pierre en 2023.

SIMONE LE CARRE-GALIMARD
Née en 1912 à Troyes, décédée en 1996 à Paris
<< J'ai été élevée dans une famille puritaine où on ne devait pas rire ni avoir de jouets, le dimanche on lisait la Bible >>.
Elle épouse Maurice à 35 ans et ils ouvrent ensemble un restaurant à Paris.
En 1970, à la retraite, ils s'installent dans un petit pavillon dans le 14° à Paris, elle le trouve sombre, triste et de là naît l'idée de fabriquer des tableaux pour décorer sa maison. Ils se mettent à chiner toutes sortes de matériaux (aux puces, dans les poubelles du quartier...). De ces trésors en plastique, métal, papiers divers elle fait naître des poupées et pantins qu'elle considère comme ses enfants adoptifs. << Tout à coup, tout ce qui m'avait manqué dans mon enfance, j'ai pu l'accumuler. Je me suis vengée en réunissant tous les objets que je n'avais pas eus. Tous les rêves d'enfance sont ressortis. J'ai collé, assemblé et au fond j'ai pu recréer un monde qui vivait en moi
et que je n'avais pas pu exploiter jusqu'alors >>. Elle surnomme sa maison la petite maison d'un autre monde, et de la cave au grenier celle-ci est envahie de ses créations. Maurice, très admiratif, lui, fait les cadres ou les boîtes.
En 1976, sa première exposition a lieu à l'Atelier Jacob.
Elle recevait de temps en temps toute la famille Bourbonnais à diner, c'était une soirée très gaie : la vitalité de Simone, son débit de paroles incroyable
fascinaient Alain Bourbonnais, qui d'ailleurs a réalisé un film où l'on explore la maison, de la cave au grenier, avec pour guide ce couple improbable. C'était fascinant de voir tous ces tiroirs avec des merveilles rangées par catégories. << Je réalise maintenant que j'ai des murs vivants : quand plusieurs pièces partent pour des expositions, le vide est insupportable. Alors vite on recherche quels sont les personnages qui peuvent remplacer : c'est long les accrochages,
tous les personnages ne s'entendent pas toujours entre eux, il faut voir s'ils peuvent voisiner >>.
En 1996, suite à son décès, sa fille fit don à La Fabuloserie d'un bon nombre d'œuvres qui restaient dans la maison.
En 2013, elle est présentée à l'exposition Un autre regard au musée Singer- Polignac du Centre hospitalier Sainte-Anne, désormais le MAHHSA.
En 2019, elle est exposée à La Fabuloserie Paris. Toutes les citations de Simone sont extraites du film Les Etonnants-Portraits
d'Artistes Art hors les normes, réalisé par Stéphane Jean-Baptiste et Pascale Massicot en 2007.

SOLANGE LANTIER
DITE SOL
Née en 1906 à Issoudun décédée en 1987
Sol mène une vie laborieuse, avec son mari, ils tiennent un restaurant, un tabac, enfin un bazar. Puis de longues années, elle se dévoue pour son mari devenu paralysé.
Ses dessins furent exposés à plusieurs reprises à l'Atelier Jacob où elle passait souvent, et à chacune de ses visites sa joie de vivre illuminait nos après-midi. Elle participa aux Singuliers de l'art en 1978 au Musée d'art moderne de la Ville de Paris.
Jean Dubuffet acquit plusieurs dessins pour la Collection de l'Art Brut et un article parut dans le Fascicule 10 de l'Art Brut.

MICHEL NEDJAR
Né en 1947 à Soisy-sous-Montmorency
D'une famille de tailleurs, originaires d'Afrique du Nord et de Pologne, enfant, il observe sa grand-mère, chiffonnière aux Puces de Saint-Ouen, qui empile des vêtements. Il regarde aussi son père, tailleur, travailler.
En 1961, Michel est âgé de 14 ans, le film Nuit et Brouillard d'Alain Resnais passe à la télévision, sa mère dit à ses enfants : << Venez voir ce qu'on a fait aux juifs. >> << Je ne savais pas trop ce que c'était, un juif. J'ai été horrifié, pétrifié. Ce jour-là j'ai quitté l'Eden. Adieu l'innocence >>.
Michel devient tailleur et travaille dans des ateliers du Sentier, puis voyage en Europe et en Asie pour rencontrer d'autres peuples, d'autres cultures. Dans tous les pays, il découvre que les poupées ont un pouvoir magique, qu'on leur demande de faire venir la pluie, de rendre les femmes fertiles, de soigner, d'exorciser les démons. A son retour, son atelier est peuplé de poupées trouvées aux quatre coins du monde. Un jour, une photographie le bouleverse,
elle représente la fête de Pourim dans un camp de transit en 1946. C'est un carnaval, ce sont des juifs sauvés de l'extermination programmée. Tous déguisés, ils fixent l'objectif. Michel comprend alors le sens profond de la fête de Pourim: après avoir côtoyé la mort, on peut reprendre vie, c'est ce qu'enseigne la tradition. Le recours au rire, à l'absurde, à la dérision est vital. Poupées Pourim, Nathalie Hazan, Gallimard jeunesse 2008 En 1972, Michel tombe en arrêt, rue de Rivoli, devant une affiche d'Aloïse :
« Je cours rue Jacob: fermé le matin ! J'attends l'après-midi. Et j'y retourne
tous les jours. Caroline me demande si je fais des choses. Je réponds que oui,
mais que je ne veux pas les montrer tout de suite. On a sympathisé. Elle, je l'aimais bien. Lui, il me faisait peur avec ses grosses moustaches et son trop-plein d'énergie. Un gros dévoreur ! Il me faisait flipper mais il m'a encouragé. Ensuite, je suis parti au Mexique. Et en 1976, quand j'ai fait mes premières poupées je les apportées à Alain. Il les a accrochées tout de suite. >> Michel bavardant avec Sophie : « Le premier chèque que ton père m'a fait, je l'ai photocopié et mis au mur, c'était la première fois qu'on m'achetait mes poupées. » Michel, le 23 septembre 2022 à Sophie B.
Les achats de poupées se sont d'ailleurs poursuivis jusqu'en 1984. En 1978, c'est tout naturellement qu'il fait partie des Singuliers de l'art. Michel commente : « Madeleine Lommel et Claire Teller, deux artistes autodidactes, ont visité cette exposition. Elles étaient des habituées de l'Atelier Jacob où elles avaient déjà vu mes poupées. >> Ces trois artistes, devenus amis, en 1982, lors de la fermeture de l'Atelier Jacob, décidèrent de créer l'Aracine. En fait, c'est l'histoire de Michel et les femmes... d'Aloïse, à Madeleine en passant par Caroline. Ayant rejoint, en 1981, la Collection de l'Art Brut, les Fascicules 16 et 26 présentent son œuvre.

MARIE ROSE LORTET
Née en 1945 à Strasbourg
Marie-Rose, après une enfance passée en Alsace, s'établit en Normandie. Dans sa maison-atelier elle tricote et fabrique des architectures de fils qui envahissent l'espace jusqu'aux combles.
<< Avant les tricots, il y a eu les broderies, à ces broderies se sont mélangés un jour des bouts de tricot, pour un arbre notamment et un Cerveau tricoté. Ce fut le point de départ, je crois. Mes tricots sont faits sans dessin préalable, au fur et à mesure, selon l'humeur des jours, certains cheminent si lentement qu'ils semblent ne jamais aboutir et sont recommencés plusieurs fois, surtout les têtes, d'autres se font plus rapidement, car l'image que j'ai dans la tête est plus précise, donc plus facile à cerner. Je fais 5 à 6 pièces en même temps que rarement je ne finis pas... ou que je finis lentement dans un même souffle toutes ensembles. J'ai toujours des pistes à suivre, je ne me donne pas le temps, à tort, d'une récréation... Les journées doivent être bien remplies, je veux en faire plus qu'il n'est possible de faire, évidemment je n'y arrive pas. Et pourtant j'ai l'impression que la vie m'accorde le temps de faire... emportée que je suis par la couleur »>.
Marie-Rose Lortet fait partie des 33 adresses de créateurs données par Jean Dubuffet à Alain Bourbonnais au moment de la création de l'Atelier Jacob, lieu où elle exposera à plusieurs reprises entre 1972 et 1982. Elle a participé à l'exposition des Singuliers de l'art au Musée d'art moderne de la Ville de Paris en 1978. Elle est maintenant reconnue et expose
régulièrement dans différents musées. Elle a exposé à deux reprises à La Fabuloserie Paris en 2017 et 2022. Préparant pour les vernissages ses délicieux petits gâteaux alsaciens. Et surtout elle est restée une fidèle amie de la famille.

FRANÇOIS PORTRAT
Né en 1884 à Saint-Dizier-sur-Arnoux décédé en 1976 à Bondy
Pendant une trentaine d'années il tient un commerce de droguerie, puis travaille dans une usine de produits chimiques à Aubervilliers.
A 67 ans, il prend sa retraite dans l'Yonne. Dès lors, il se consacre à son << art ». Son jardin devient son théâtre baroque, envahi d'étranges sculptures en béton recouvertes d'assiettes cassées et surmontées d'animaux fantastiques. Il réalise aussi des médaillons au centre desquels il colle des photos de ses idoles : B.B., la Reine d'Angleterre...
Pendant l'hiver, il revient à Bondy chez ses enfants et là il peint des tableaux
d'une simplicité émouvante.
Alain Bourbonnais avait été alerté sur l'existence de ce jardin merveilleux, situé à une trentaine de kilomètres de Dicy, par un habitant du Loiret. Il s'y rend aussitôt, mais François Portrat était décédé depuis un an. Il écrit donc à sa fille, qui lui répond: << Monsieur Portrat était en relation avec le Musée de Lausanne qui s'est montré, à la mort de mon père, acquéreur de beaucoup de pièces. Il en reste encore. Je leur écrit pour leur demander s'ils en désirent encore ou si cela leur suffit pour leur exposition. La ville de Lausanne a mit à la disposition des personnes s'interressant à l'art brut, un château qui est devenu un musée de l'art brut. >> MME BEAUFORT, 2 juin 1977
Le musée de Lausanne en avait suffisamment, Bourbonnais put ainsi acquérir tout ce qu'il restait l'été 1977. Il érigera, dans le parc, un mur-présentoir spécialement conçu autour des arborescences de Portrat. De son côté, à la suite d'un article dans L'Yonne Républicaine, cet environnement avait interpellé Bernard Lassus qui commençait ses recherches sur les Habitants-Paysagistes, des photos du jardin de Portrat furent présentées aux Singuliers de l'art. Il fut exposé en 1980 à la Collection de l'Art Brut à Lausanne, et un article parut en 1982 dans le Fascicule N°11 de l'Art Brut. Des médaillons de François Portrat ont été présentés en 2013 à l'exposition Un autre regard au musée Singer-Polignac du Centre hospitalier Sainte-Anne, désormais le MAHHSA.
Les grandes tôles peintes de Portrat ont été choisies par Antoine Gentil pour son exposition au Consulat, lieu éphémère, festif et itinérant à Paris, lors de l'été 2018.

MICHÈLE BURLES
Née en 1948 à Limoges
Privilégiant des papiers aux fibres apparentes, Michèle Burles trace à la plume. des silhouettes longilignes évoquant des formes tantôt humaines, tantôt animalières ou indéfinissables car directement issues de son imagination. Ses encres de Chine sont découpées et recousues au fil d'argent : l'aiguille est son autre outil.
Dans ce monde foisonnant et délicat fait d'entrelacs et d'enchevêtrements,
la créatrice insère des textes poétiques et des petites pensées. Dès 1976, ces « drôles de constructions légères », selon les mots de Michèle Burles, sont venues enrichir le fonds de la collection art hors-les-normes.
Créatrice phare de La Fabuloserie, le troisième cahier d'art hors-les-normes où les créateurs s'expriment eux-mêmes à travers leurs dits, leurs écrits, leurs ouvrages, lui est consacré.
Selon l'auteur, sa création porte la trace de son activité de mime exercée au théâtre de l'école de Montreuil. Michèle Burles exposa à plusieurs reprises
à l'Atelier Jacob, qui acquit de nombreuses œuvres de 1976 à 1980. Elle participa aux Singuliers de l'art en 1978.
Elle est présente en permanence à La Fabuloserie depuis 1983. Caroline Bourbonnais, particulièrement sensible aux dessins et à la personnalité
de Michèle, poursuivit les acquisitions.
En 2013, elle fut présentée à l'exposition Un autre regard au musée Singer-Polignac du Centre hospitalier Sainte-Anne, désormais le MAHHSA. En 2016, elle fut la première à être exposée à La Fabuloserie Paris.

Anonyme DIT PIERROT LE FOU
Fin XIX-début XXe siècle, localisation inconnue, France
En 1989, une institutrice, qui était aussi guide à La Fabuloserie, apporte à Caroline un ensemble de dessins découverts par des amis qui vidaient un appartement à Paris. Ils sont réalisés dans les années 1930. Il n'existe aucune autre information sur l'auteur.
Au fil des pages des cahiers réalisés par ce créateur, il semblerait que l'auteur croque Paris sur le vif et l'explore à partir d'illustrés. La composition des scènes en pleine-page ou subdivisées en vignettes,
la précision du trait, l'application des encres colorées et l'exhaustivité
des éléments textuels dénotent un travail fait à partir d'images extraites
de journaux et d'albums.
On perçoit une prédilection pour les animaux : de ceux, exotiques de la ménagerie du Jardin des Plantes et du zoo de Vincennes, aux viandes comestibles des boucheries du Quartier latin.
L'originalité de cette production tient à la capacité de l'auteur à se réapproprier ces clichés en y ajoutant de rigoureuses indications météorologiques et en y incorporant au quart d'heure près ses activités journalières.
Cette œuvre s'inscrit à la croisée du journal intime et du cahier d'ethnologue. L'œuvre de cet anonyme a rejoint la collection art hors-les-normes en 1989.
Ce n'est qu'en 2013 qu'elle fut, pour la première, fois présentée par Déborah Couette, Anne-Marie Dubois et Antoine Gentil lors de l'exposition Un autre regard au Musée Singer Polignac de l'Hôpital Sainte Anne, désormais nommé le MAHHSA.


PHILIPPE DEREUX
Né en 1918 à Lyon
décédé en 2001 à Villeurbanne
Philippe Dereux est né dans une famille de petits commerçants.
Après des études à l'Ecole normale primaire, il devient instituteur dans un collège de Villeurbanne jusqu'à sa retraite en 1973. En fait, son souhait était d'écrire.
En 1955, en vacances à Vence, il rencontre Jean Dubuffet pour lequel il chasse les papillons et l'aide dans ses collages d'éléments botaniques! << Dubuffet m'a guéri de mes prétentions littéraires »>, dira-t-il et dès 1959, il crée ses propres compositions avec des résidus végétaux, des épluchures de fruits et de légumes, des graines... des personnages surgissent avec le corps
en épluchure de banane et la tête en pelure d'artichaut, parfois réhaussés de gouache.
Il publie, en 1966, chez Julliard un délicieux Petit traité des épluchures qui aura beaucoup de succès.
Il expose régulièrement à la Galerie Alphonse Chave à Vence, c'est là qu'Alain Bourbonnais le rencontre. En mai 1973, il se rend chez lui
à Villeurbanne, suite à cette visite Philippe Dereux lui écrit le 1er juin 1973:
<< Votre achat m'a été d'un précieux réconfort moral. Je poursuis donc mon travail avec une ardeur nouvelle, et d'autant plus activement que le départ
d'une quinzaine de tableaux m'a fait éprouver la sensation d'un trou,
d'un gouffre à combler rapidement. >>
Il poursuit : « Cet état d'âme, ces pensées ne sont pas tout à fait conformes aux dogmes de l'Art Brut de mon cher maître, Jean Dubuffet. Mais lorsque je compare les théories et les actes de ce dernier je songe à ces chefs d'état qui pour mieux gagner les guerres encouragent chez leurs voisins l'antimilitarisme et le désarmement, voire l'objection de conscience. A vous deux, en bonne amitié. >> Cet achat comprendra deux œuvres d'une facture particulière qu'évoque Laurent Danchin :
<< Il conserve également dans ses cartons, mais sans jamais les exposer, de grandes gouaches abstraites au pointillisme hypnotique
qui ne sont pas sans évoquer le travail de Joseph Crépin. >> De ce moment, Philippe Dereux fréquenta l'Atelier Jacob lors de ses passages à Paris. C'est Caroline Bourbonnais, qui acquerra la superbe Foule en 1993
à Claude Roffat.
Philippe Dereux fait partie de la Neuve Invention / Collection Art Brut Lausanne.

PAUL AMAR
1919, Alger - 2017, Paris
A 17 ans, Paul Amar vient à Paris suivre une formation de coiffeur, mais appartenant à la classe 39, il passe 7 ans sous les drapeaux. en 1945, il épouse Rose Yaïch et devient chauffeur de taxi à Alger, puis est rapatrié en 1962 à Paris.
En 1974, au cours d'un séjour en Vendée, il découvre dans une boutique de souvenirs des objets en coquillages. Là, naît sa passion du merveilleux. De retour dans son HLM de Ménilmontant, il réalise des compositions féériques hautes en couleur, baroques. Son appartement est envahi, mais aussi enchanté par ses innombrables créations. Son épouse, Rose, exprime son admiration éperdue sauf quand il s'est lancé dans des scènes érotiques, mais cela n'a pas duré. Les milliers de coquillages sont peints au vernis à ongles, les lumières scintillent. Comme en Orient, plus ça brille plus c'est beau! Chaque pièce demande des centaines d'heures d'un travail acharné et minutieux. Paul Amar expose pour la première fois en 1985 à la Salle Pleyel. Dès lors, Laurent Danchin le fait connaître et les expositions se succèdent. Deux pièces emblématiques font partie de La Fabuloserie: Le Palais des mille et une nuits et Les Fonds marins, respectivement acquis en 2000 et 2006 par Caroline Bourbonnais.

Sylvia KATUSZEWSKI

Jean-Nicolas REINERT

FERNAND MICHEL
Né en 1913 à Neuviller-lès-Badonviller, Meurthe-et-Moselle Décédé en 1999 à Montpellier, Hérault
Fernand Michel commence à travailler à 12 ans, dans une usine de poterie. Puis il devient relieur et s'établit à Montpellier. Amateur de poésie et s'essayant à diverses techniques, c'est parallèlement
à ses recherches en reliure qu'il expérimente le travail sur les plaques de zinc. Ce qu'il traquait, c'était le métal griffé, battu, abimé par le temps, les éléments naturels, la rouille... en somme le zinc qui a bien vécu, qui a une histoire. Il s'autoproclame donc "artiste-zingueur".
Dès 1956, il réalise des paysages en se servant du tracé naturel de l'oxydation. Puis la figure féminine devient son sujet de prédilection. Recouvertes d'accessoires cloutés, ses «< zingueries >> sont empreintes d'un érotisme mâtiné d'une bonne dose d'humour.
Ami d'Alphonse Chave, il commence à exposer dans les années soixante dans sa galerie de Vence. C'est là même qu'Alain Bourbonnais le découvre et sa première exposition à Paris a lieu à l'Atelier Jacob en 1974, puis une autre en 1976. Depuis 1983, il est exposé à La Fabuloserie. Le Musée de la Création Franche à Bégles possède également un corpus de ses œuvres.
Souhaitant rendre hommage à son travail, ses fils ont ouvert, dans son ancien Atelier-Musée, le Musée d'Art Brut, Singulier & Autres, en 2016 à Montpellier.

JEAN ROSSET
Né en 1937 à Sainte-Agnès, Isère Décédé en 2021 à La Tronche, Isère
D'abord agriculteur dans une petite ferme de montagne, il dut, pour compléter ses revenus, faire divers travaux : maçonnerie, bûcheronnage... En 1969, premiers essais de sculpture sur bois à la tronçonneuse et à la hache : procédé qu'il utilisera sa vie durant. « Je sculpte chaque fois que je peux... c'est pour moi une nécessité; que j'ai ou non du succès n'y change rien. Personne ne m'y a poussé (au contraire !...) sinon moi-même.
A l'école, quittée à 14 ans, on me disait << bon en dessin >> et, en gardant les vaches, il m'arrivait parfois de sculpter des bâtons au couteau, mais après, le temps m'a manqué. J'essaie surtout de travailler en «< collaboration >> avec la Nature en utilisant ses formes si riches et variées, vivantes dans tous les sens du terme : biologiques. J'essaie de faire actuellement de la sculpture sur arbres vivants, en guidant leur croissance (comme l'arboriculteur donne les formes qu'il veut à ses arbres, mais avec une part de hasard qui est celle de la Nature): expérience que j'appelle pour les différencier; bio-sculpture le temps d'être ! >>
Arbiculture - Agrosculpture. Cela demandera des années et je ne sais pas si j'en aurai la patience ! C'est la lutte pour vivre et faire - on a à peine
Jean Rosset expose en 1977 à l'Atelier Jacob, il est présent à La Fabuloserie depuis 1983.
Il fit partie des Singuliers de l'art. Agnès Bourbonnais lui rendit visite en 2019, à nouveau en 2021 peu avant son décès, et acquit 4 trognes, peintes en rouge, pour les installer dans le "jardin habité"

ABEL SECUTEUR
DIT ABEL
Né en 1899 à Cercoux, Charente-Maritime décédé en 1980 au Châtenet-en-Dognon, Haute Vienne
Tailleur à Paris. A sa retraite, il se retire dans le Limousin où il récupère de vieilles racines dans la retenue d'eau, lorsque le lac du Taurion est asséché. Sans les transformer, sauf l'ajout des yeux, il réalise un bestiaire fantastique.. Ses autres passions sont ses pigeons-paons blancs et son jardin exubérant. C'est le point de départ, en 1972, de la collection d'art hors-les-normes d'Alain Bourbonnais, qui le dénicha en demandant dans un bistro:
<< Connaîtriez-vous quelqu'un qui fait des choses bizarres, hors du commun ? » Abel fut exposé en 1973 à l'Atelier Jacob.

RENÉ GUIVARCH
Né en 1891 à Louverné, Mayenne décédé en 1980 à Gourdon, Lot
Engagé jeune dans la Marine Marchande, il est initié à la peinture par le peintre officiel de la marine Robert Dumont-Duparc. Il réalise des scénettes maritimes, puis à la retraite dans le Lot, près de Cahors,
il se met à assembler des racines de bois. Oscillant entre des représentations
du Christ en croix et des oiseaux utilisés en porte-plume pour les « bureaucrates », objets destinés à la vente, René Guivarch taille également des formes animalières dans des souches de ceps de vigne. sans souci de rentabilité et de fonctionnalité. C'est cette dernière production qui retint l'attention d'Alain Bourbonnais,
en vacances dans le Lot, en 1972.
Dès lors, tous les ans la famille Bourbonnais lui rendait visite et à chaque fois plusieurs racines étaient acquises pour l'Atelier Jacob.
Il participa à l'exposition des Singuliers de l'art en 1978. En 2013, il fut présenté à l'exposition Un autre regard au musée Singer-Polignac du Centre hospitalier Sainte-Anne, désormais le MAHHSA.

MARIO CHICHORRO
Né en 1932 à Torrès Vedras, Portugal
Après avoir étudié l'architecture au Portugal, il s'établit en 1964 à Perpignan, embauché dans un cabinet d'architectes.
Mais il perd son travail un an plus tard et commence alors son œuvre : des bas-reliefs sculptés dans du bois aggloméré, puis peints.
Ses compositions foisonnent de personnages qui s'adonnent parfois à des activités teintées d'érotisme. Dans les visages ou les corps on peut voir d'autres petites scènes, comme des rébus, des jeux de l'oie.
Jean Dubuffet acheta << une œuvre sculptée destinée aux collections de l'Art Brut ». En 1974, Chichorro fit sa première exposition à Paris à l'Atelier Jacob. En 1978, il participa aux Singuliers de l'art.
Depuis 1983, il est présenté en permanence dans le Grenier noir de La Fabuloserie.

PASCAL VERBENA
Né en 1941 à Marseille
Il vit dans le quartier populaire du vieux port, son père est pêcheur, sa mère marchande de poissons. A 5 ans, il est mis au pensionnat, à 16 ans s'embarque sur un cargo de la marine marchande, à 19 ans s'engage dans la Marine. Puis se marie et trouve un emploi dans le tri-postal en horaires de nuit : il reçoit et distribue les télégrammes. Vers l'âge de 21 ans : dans un ancien entrepôt du vieux port, il accumule des bois flottés qu'il ramasse au cours de ses parties de pêche dans les calanques et aux Saintes-Maries-de-la-Mer. En 1976, il a 35 ans et monte à Paris avec son book de photos, il se rend à la galerie Durand-Dessert et là se trouve Pierre Cabane qui l'oriente sur l'Atelier Jacob. Il se présente un samedi et tombe sur Sophie qui, tout de suite, lui dit au vu de son book: « Je pense que cela va intéresser mon père. >>
Effectivement, Alain Bourbonnais est subjugué par ses habitacles pleins
de poésie. Ses << Habitacles >> seront exposés en 1977 et ses « Pondeuses >>
en 1978 à l'Atelier Jacob. Pascal deviendra un ami proche de toute la famille Bourbonnais, Alain le surnommait « Mon cherubin >>. En 1978, il fera partie de l'exposition des Singuliers de l'art au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris.
En 2012, la Collection de l'Art Brut acquiert un triptyque intitulé
«>. Pascal Verbena a fait don au LaM en 2022 d'une pièce destinée aux enfants autistes ou malvoyants. Il poursuit toujours son œuvre qu'il expose régulièrement à la Galerie Chave à Vence.
Une grande rétrospective y a eu lieu en 2022.

MIGUEL AMATE
Né en 1944 à Carthagène, Espagne
<< A partir de 7 ans, j'ai fait mes études dans une école religieuse en Espagne et déjà je dessinais parce que je m'y ennuyais. Il y avait un refus de ce milieu répressif, un blocage envers ce milieu militarisé. La violence sourde qui s'en dégageait ressortait dans mes dessins. Je ne pouvais pas m'intégrer alors j'ai quitté l'école et je suis devenu un peu play-boy, je travaillais comme entraineur dans des boîtes de nuit. A 22 ans, je quitte l'Espagne pour la Suède puis l'Angleterre, puis l'Allemagne, à la recherche d'un milieu où je pourrais m'exprimer librement. En 1969, je me fixe à Paris, où je trouve enfin le climat approprié pour exprimer mon travail. >>
Miguel Amate rassemble divers chiffons, objets et matériaux qu'il coud ensuite
à la main, transformant cet ensemble hétéroclite en d'étonnantes poupées.
Grandeur nature, volontairement provocantes, obscènes. << Mes créatures
sont la concrétisation, la transposition de mes fantasmes >>.
Proche de l'Art Action, il se lance dans la performance, invitant le public
à assister au meurtre et au dépeçage de ses poupées.
Son art, qu'il qualifie non pas d'art brut mais << d'art brutal »>, est fait
pour surprendre, pour susciter des émotions fortes.
A la fois artiste-peintre, acteur et décorateur, ses multiples talents le conduisent
à réaliser les << mannequins-art » des films d'Arrabal.
Alain Bourbonnais, grand amateur du théâtre de Fernando Arrabal,
a donc croisé Miguel, dont les poupées sont exposées en 1976 à L'Atelier Jacob. Miguel est à l'époque très souvent avec son ami Jorge Amat, assistant d'Arrabal. De cette rencontre surgira un film déjanté Turbulent's Band
réalisé par Jorge Amat en 1977.
Nous sommes toujours en lien avec Miguel grâce à Facebook, puisqu'il vit
à Majorque.
Ses créations sont exposées à l'Atelier Jacob en 1976, puis aux Singuliers de l'Art en 1978, à la Halle Saint Pierre en 1995.
Les deux poupées présentées ont été acquises en 1976. Puis en 2016, les poupées d'Amate sont présentées, à la fois dans la salle d'exposition temporaire du musée à Dicy et dans la galerie La Fabuloserie Paris, lors de l'exposition Clin d'œil... 40 ans - pour fêter les 40 ans de l'inauguration de la Collection de l'Art Brut à Lausanne.

ALAIN BOURBONNAIS
1925-naît le 22 juin à Ainay-le-Château dans l'Allier. Passe son enfance à Tours où sa mère tient une épicerie en face du Grand Théâtre où ils se rendent les dimanches après-midi. Son père exerce une carrière militaire.
1942 à 17 ans, réussit le concours d'entrée à l'école Nationale Supérieure
des Beaux-Arts de Paris.
1946-découvre l'œuvre de Jean Dubuffet lors de l'exposition « Mirobolus, Macadam & C» dans le sous-sol de la Galerie René Drouin.
Dès son arrivée à Paris, il côtoie le monde du théâtre et réalise de nombreux décors jusqu'en 1965. 1950-54-effectue plusieurs voyages d'études en Europe.
En 1954, obtient son diplôme d'architecte et rencontre Caroline
qu'il épouse l'année suivante. 1955-57- leur première fille, Sophie, naît.
Ouvre sa propre agence et se lance dans les concours nationaux
et internationaux.
Leur seconde fille, Agnès, naît en 1957.
1958 - Lauréat du concours pour le Théâtre de Caen, inauguré en 1963. 1960 - Lauréat du concours pour le Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg, inauguré en 1964.
Lauréat du concours pour l'église Stella Matutina à Saint-Cloud inaugurée en 1963.
Acquiert une maison de campagne à Dicy dans l'Yonne.
1963-est choisi par les étudiants comme chef d'atelier à l'Ecole Nationale
Supérieure des Beaux-Arts.
Dépose un brevet d'invention pour la création d'une salle polyvalente,
le 9 janvier 1963.
1965- est désigné, par le Général de Gaulle, comme architecte pour la station RER Nation, inaugurée en 1969.
Crée de toutes pièces un étang dans sa propriété de Dicy. 1968 - est nommé Architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux par le ministère des Affaires culturelles. 1970 - débute la création de ses Turbulents.
1971-découvre les Collections de l'Art Brut de Jean Dubuffet à l'occasion de l'annonce de sa donation à la télévision et dans Le Monde.
Rencontre avec ce dernier avec lequel il entretiendra une correspondance régulière durant dix années.
1972 ouvre l'Atelier Jacob, galerie d'art hors-les-normes à Paris : exposition inaugurale avec les œuvres d'Aloïse Corbaz, prêtées par la Collection de l'Art Brut. 1975-construit le quartier de l'Ilot du Pont et la Bibliothèque d'Auxerre. Lance les travaux d'agrandissement de ce qui deviendra La Fabuloserie. Produit et réalise des courts-métrages: Turbulent's band, Les Articles de bois
d'Emile Ratier.
1976 réalise le Parc des sports et loisirs du Tremblay à Champigny-Sur-Marne de 75 ha. 1977 réalise la série d'estampes les Gratte-Cul et le deuxième court-métrage mettant en scène ses Turbulents: Triciclo.
1978 est à l'origine, avec Michel Ragon, de l'exposition Les Singuliers de l'art. Des inspirés aux habitants-paysagistes au MAM de la Ville de Paris,
où il prête 350 œuvres.
1979 participe à l'exposition Outsiders. An Art without Precedent or Tradition à la Hayward Gallery de Londres, par le prêt d'une centaine d'œuvres.
Lance la série Fabuloserie petit cahier à grand spectacle où les créateurs s'expriment << à travers leurs dits, leurs écrits, leurs ouvrages, leurs vies >>. 1980- construit son atelier dans le parc de La Fabuloserie, crée une série
de Turbulents habitables et mobiles, Les Custumes, destinés à être portés lors d'un opéra bouffe.
1982 ferme la galerie l'Atelier Jacob.
Participe au concours international pour la Grande Arche de la Défense. 1983- ouvre au public le musée de La Fabuloserie à Dicy dans l'Yonne. 1988-décède à Sens (Yonne) le 21 juin, son épouse Caroline poursuit l'animation de La Fabuloserie.

ALBERT GEISEL
Né en 1905 à Ottange, Moselle
décédé en 1970 à Pouilly, Ardennes
Mineur de fer dans les Ardennes. A la retraite, il sculpte dans des billes de pin sylvestre, appelées "bois de mine ", bois qui servait à étançonner les galeries. Naît alors tout un monde polychrome de prophètes, de gueules barbues, de sirènes, d'acrobates, de crocodiles, de chats...
Alain Bourbonnais dénicha les premières œuvres de Geisel dans l'arrière- boutique de la Galerie Alphonse Chave à Vence en 1971, jusqu'en 1973 une douzaine d'œuvres y furent acquises. Il en offrit une à Jean Dubuffet: << Toujours si fiévreusement occupé par mes travaux je m'aperçois que j'ai omis de vous exprimer ma gratitude pour le si important et merveilleux cadeau
de la statue de Geisel que vous avez fait à nos collections de l'Art Brut. Je vous en remercie vivement. C'est une œuvre très imposante et hautement attachante. Jean Dubuffet, le 21 août 1972
Albert Geisel fut présenté en 1978 aux Singuliers de l'art.

FRANÇOIS MONCHÂTRE
Né en 1928 à Coulonges-sur-l'Autize, Deux-Sèvres
Enfant, il réside dans la Sarthe et fréquente les aéroclubs, fasciné par les << machines volantes ». De 1946 à 1950, il suit des études à l'Ecole des métiers d'art de Paris, mais il préférera exercer divers métiers tels que marionnettiste, étalagiste, liftier... Expériences dont il tirera son regard ironique et humoristique sur le monde.
En 1952, il retourne dans la Sarthe et se voue totalement à la construction de << machines à rêver », foncièrement inutiles, mais au mécanisme compliqué et parfait, telle L'Automaboule, monument à l'universelle bêtise, exposée depuis 1983 à La Fabuloserie.
De 1963 à1975, il expose chez Iris Clert où le rencontre Alain Bourbonnais, qui l'exposera à l'Atelier Jacob en 1975, 80 et 82. En 1978, il participe aux Singuliers de l'art. Dans les années 90 il exposait régulièrement à la galerie Treger à Paris.
Puis en 2013 chez Lelia Mordoch.

PHILIPPE MAHAUT
Né en 1950 à Boulogne-sur-mer
En parallèle de son activité de psychologue-clinicien, Philippe Mahaut élabore une œuvre graphique minutieuse en toute autodidaxie. Les dessins de la collection appartiennent à la série des Paramorphoses. Pour réaliser cette utopie sur papier, plusieurs mois de travail sont nécessaires. Philippe Mahaut peut faire deux ou trois dessins simultanément.
Certains d'entre eux sont exécutés à l'appui de reproductions photographiques. Ainsi des falaises d'Etretat, du château des Carpates ou encore de Central Park qui se trouvent métamorphosés dans les compositions de Philippe Mahaut. En revanche, d'autres dessins sont directement issus d'images oniriques. L'auteur explique qu'il en trace l'esquisse à son réveil pour les laisser ensuite
dormir dans un carton à dessin.
Dès l'enfance, il nourrit une prédilection pour le motif architectural. Petits-fils d'un architecte, il était habitué à observer les plans, coupes et élévations. Cette attention explique sans doute la précision du rendu de ses encres colorées.
En 1986, Philippe Mahaut offre un ensemble de dessins à Alain Bourbonnais. Il explique avoir choisi ce lieu considérant qu'«< il ne pouvait pas y avoir de meilleure place pour eux ! », ajoutant que «< La Fabuloserie est une étape évidente dans mon itinéraire. [...]. Je suis heureux de figurer auprès d'Emile Ratier ou d'Alain Genty, ces gens comme moi, anonymes, cachés, et qui avaient un besoin si fou d'être aimés, tellement plus que d'autres
à qui "ça tombe tout cru dans le bec" ». Il apporta un jour à La Fabuloserie une de ses découvertes : les dessins de Thomas Boixo.
En 2013, les deux créateurs furent réunis pour la première fois à l'exposition au musée Singer-Polignac du Centre hospitalier Sainte-Anne, désormais le MAHHSA.

ROGER HARDY
Né en 1931, Eure décédé en 2005, Bourgogne
Roger Hardy crée son entreprise de maçonnerie en région parisienne, puis s'installe dans l'Yonne avec sa femme et ses deux filles. Le départ de sa femme le plonge dans la solitude: il cesse de travailler et doit vendre tous ses biens.
Depuis toujours, Roger Hardy s'est plu dessiner, à créer. Ne supportant pas les injustices sociales, les taxes, la misère, il élabore et codifie un nouveau monde, une nouvelle société. Sur des peintures recto-verso, ou des calques, Roger Hardy entreprend de réformer l'orthographe, rédige une nouvelle Constitution où sont définis tous les actes de la vie en fonction de l'âge et du genre.
Mathématicien, il cultive également les chiffres et la géométrie qui lui
permettent de tracer de rigoureux mandalas.
Roger Hardy a fait des études supplémentaires d'architecture. Sans doute ont-elles été le point de départ à la création de ses cités idéales, de ses phalanstères utopiques.
Caroline Bourbonnais reçoit en 1995 une lettre d'un certain Philippe Besnard, éclusier, qui lui signale un homme ayant couvert les murs d'un parking à Auxerre et qui lui semble avoir sa place à La Fabuloserie. C'est lors de l'exposition à la Halle Saint Pierre en 2023 que ses œuvres sont présentées pour la première fois au public.

GIOVANNI PODESTÀ
Podestà à La Fabuloserie
De la production extravagante de Giovanni Battista Podestà (1895-1976), je connaissais les œuvres conservées à la Collection de l'Art Brut, à Lausanne, acquises par Jean Dubuffet dans les années 1960. Je voulais en savoir davantage à propos de ce créateur italien auquel j'avais décidé de consacrer mon mémoire de fin d'études universitaires, sous la direction du professeur Michel Thévoz. Il avait applaudi à mon choix tant cet auteur l'intriguait, mais aussi parce que le dossier Podestà était mince, aucune prospection ni aucune analyse n'ayant encore été effectuées.
Cap sur la Bourgogne, un jour de septembre 1985. A mon arrivée à Dicy, Caroline et Alain Bourbonnais m'accueillent à bras ouverts et m'entraînent sans détour dans les dédales de leur Fabuloserie ouverte deux ans auparavant, regorgeant de créations qui impressionnent la jeune étudiante en histoire de l'art que je suis. Se succèdent sous mes yeux, dans l'atmosphère mystérieuse de la maison de pierre, les saisissants personnages de Francis Marshall, les étranges productions d'Émile Ratier et de Janko Domsic. Suivant mes guides alertes et loquaces, je pénètre alors dans une plus grande salle et découvre soudain, éblouie, le grand Manteau d'apparat - féérique - de Giovanni Battista Podestà, ainsi que plusieurs sculptures et hauts-reliefs tout aussi chatoyants. Ces œuvres, à ce moment-là, n'ont jamais été exposées ailleurs que dans ce musée privé et ne figurent dans aucune publication. Je les vois pour la première fois, écoutant Caroline et Alain me raconter leurs acquisitions de ces pièces fantasques auprès de l'une des filles de Podestà, pour les faire entrer dans leur collection d'art hors-les-normes. Le soir même, en faisant ripaille tous les trois autour d'un repas préparé par Claudine, la gouvernante, discussions, échanges et éclats de rire s'entrecroisent. Alain Bourbonnais me raconte que Dubuffet leur a fait découvrir Podestà, qu'ils l'ont rencontré à Laveno, en Lombardie, en 1972, et ont exposé ses œuvres à l'Atelier Jacob à Paris, la même année, puis en 1976. Mon carnet de notes s'enrichit.
Il est prévu de photographier chacune des créations dès le lendemain matin. Encore marquée par ma découverte récente, je demande à regarder à nouveau les productions de l'auteur qui occupe mon esprit. Sans hésitation, le couple me remet les clés du musée, me laissant librement passer une partie de la nuit, en solitaire, à m'affairer à l'observation de ce corpus d'œuvres scintillantes : Le Dio Oro, Le Couple, Dieu et Diable, Les dix doigts et Les Dix
Commandements et tant d'autres m'entourent. J'inventorie, prends des mesures et recopie minutieusement mot à mot l'ensemble des nombreux cartels explicatifs, en italien, qui se trouvent sur chacune des pièces. Au matin, Bourbonnais a déjà installé chevalets et socles à l'extérieur, préparant ainsi nos séances de photo à deux, en plein air, pour profiter de la lumière du jour. Ce studio, improvisé sur la route, se révèle efficace, puisqu'il nous permet de sortir chaque œuvre de La Fabuloserie et de faire des images de bonne qualité. Mon dossier iconographique est au complet. Je tiens encore à voir et photographier la salle à manger intégralement peinte par Podestà, mais cet ensemble est installé à Paris, dans l'appartement des Bourbonnais qui vivent dans cet extravagant mobilier. Je décide alors de poursuivre sur ma lancée et, grâce à Caroline et Alain, je suis accueillie joyeusement gare de Lyon par l'une de leurs filles, Sophie, qui me fait immédiatement visiter leur maison. Je découvre, étourdie, table, chaises, tabourets, banc, bahut, vaisselier et coffre, où se déclinent, dans les couleurs et la brillance, paysages, sujets religieux et décor végétal qui envahissent les objets jusqu'à masquer le support initial. Les œuvres de Podestà sont marquées par une exubérance jubilatoire. Je comprendrai au fil de mon étude qu'elles sont placées sous le double signe de la féérie et de la protestation. Chacun des personnages représentés dans des scènes peintes de la vie quotidienne est en vérité le protagoniste d'une accusation. Par leur intermédiaire, Podestà dénonce les inégalités et les injustices sociales, les abus de pouvoir, le mensonge, l'avarice et l'égoïsme, rendant responsable la société moderne, matérialiste et capitaliste qui se développe en Italie dans les années 1950 et 1960. Lui-même fils de paysan, victime de l'exode rural, il se trouve subitement projeté dans le monde urbain, mais décide de résister. Il conteste avec véhémence la perte des valeurs symboliques et spirituelles en créant sculptures, hauts-reliefs et en revêtant deux costumes historiés pour se livrer à des parades dans les rues de la petite ville de Laveno, en Lombardie, haranguant les passants. Avec sa longue barbe, ses cheveux qui tombent sur ses épaules et son étrange parure de « prédication »>, Podestà se sert de son corps comme support d'expression, investissant l'espace public pour donner vie à une œuvre des plus incongrues et des plus inventives. Il entend rendre l'humanité meilleure et apporter un message de rédemption, par des créations aussi espiègles que subversives. L'acte créateur retrouve ses valeurs originelles, entre rite, morale et magie.
LUCIENNE PEIRY

JOËL NÉGRI
Né en 1949 à Grenoble.
Joël Négri fut tout d'abord maçon, carreleur et mosaïste, avant de se consacrer définitivement à la création. Ses premières œuvres furent un ensemble de bas-reliefs peints, puis il travailla sur le thème de la roue, réalisant, dans une alliance sophistiquée de bois, cuir et métal, une série de "chariots" à tête humaine
ou animale, évoquant les inventions les plus surréalistes de Léonard de Vinci. Alain Bourbonnais lui achète 9 pièces en 1976, puis en 77 et 78, quatre furent vendues à l'Atelier Jacob.
Joël Négri y passait de temps à autre, mais ce n'était pas un grand bavard! Ses sculptures-chimères furent très remarquées lors de l'exposition Les Singuliers de l'art en 1978 au Musée d'art moderne de la Ville de Paris. Sa première exposition personnelle eut lieu au musée de Grenoble en 1981. Ses derniers travaux, sculptures ou œuvres sur papier portant souvent des titres musicaux, ont pris une orientation nettement abstraite où subsiste cependant l'idée de la roue et de l'aile, motifs récurrents de ses créations. Plusieurs de ses œuvres des années 70-80, époque de ses "chariots ailés", participèrent à l'exposition Hey Acte m à la Halle Saint Pierre à Paris de septembre 2015 à mars 2016.

REINALDO ECKENBERGER
Né en 1938 en Argentine décédé en 2017 à Sao Paulo, Brésil
<< Ma mère était de Bavière où on aime le baroque. Il y avait toujours
une couturière qui venait chez nous, alors je regardais ce qu'elle faisait
et comme ça j'ai appris à piquer à la machine ». Le monde de son enfance engendre d'extraordinaires poupées de chiffons grandeur nature dans lesquelles << la mère possessive » est omniprésente.
Il vivait à Salvador de Bahia au Brésil, mais une fois par an il venait en France,
souvent avec Emilio, rendre visite à ses amis.
Il venait rue Jacob voir Caroline Bourbonnais qu'il aimait beaucoup et lui offrait des petites << bonnes femmes » en céramique. Tous ceux qui l'ont connu se souviennent de sa longue silhouette,
un brin nonchalante, de sa gentillesse, de sa politesse. Il exposa plusieurs fois à l'Atelier Jacob en 1975 et 1981 et participa aux Singuliers de l'art en 1978.
<< Quand j'étais à l'école primaire il y avait une Directrice qui était très maquillée, très fardée, qui m'impressionnait beaucoup. Je me souviens à l'époque on faisait des caricatures d'elle. »

MULTIPART, L'HISTOIRE D'UN TABLEAU
Dans les années 1970, Kantor crée une action conceptuelle intitulée Multipart (multiplication et participation). Le premier volet se déroule e 21 février 1970 dans la galerie Foksal, l'une des premières, et la plus importante, galerie d'avant-garde en Pologne, s'opposant par sa pratique anti-institutionnelle au fonctionnement traditionnel des lieux d'exposition.
L'artiste fait produire un tableau à plusieurs dizaines d'exemplaires,
réalisé selon ses indications très précises: << coller sur une toile, mesurant 110 x 120 cm, un parapluie cassé, l'ensemble peint en blanc et intitulé « Parapluie-emballage >>. Lors du vernissage, tous les exemplaires numérotés sont vendus à un prix symbolique. Les acquéreurs peuvent en faire ce qu'ils veulent sauf que, selon le protocole établi par Kantor lui-même, ils s'engagent à le montrer un an plus tard.
Selon le contrat signé par l'acquéreur-collectionneur, ce dernier se doit de créer quelque chose à partir de l'oeuvre acquise. Et noir sur blanc, Kantor d'émettre ses souhaits sinon ses injonctions: gribouillez-le, frottez-le, écrivez dessus, notez vos appréciations, exprimez votre sympathie, vos reproches, vos critiques, n'hésitez pas à aphoriser, à vous confesser, à adresser des menaces, à indiquer numéros de téléphone, adresses, dates et même factures. S'il vous plaît, faites ce que vous voulez avec ce tableau ! Salissez-le, brûlez-le, vendez-le, rachetez-le ! Et pour achever ses recommandations, Kantor indique qu'il s'agit de les suivre avec brio, cyniquement, noblement, banalement, avec arrogance, en robe longue... Mais surtout, de ne pas en faire un tableau, car cela irait à l'encontre du contrat signé.
Un des exemplaires de Multipart, acquis par un groupe d'une dizaine d'étudiants en architecture, rassemblés autour de leur professeur Czesław Krassowski, eut un destin singulier. C'est cette histoire hors du commun qui a été racontée et montrée à la Fabuloserie Paris, en ce mois de février 2020. Ce groupe, qui s'était donné pour nom Zuzanni (contraction de Zuzanna i inni-Suzanne et les autres) demeure jusqu'à aujourd'hui propriétaire collectif de cet exemplaire.
CE TABLEAU CONSTITUE EN FAIT UNE ACTION
Ce tableau avait été le support de plantation de cresson et utilisé comme plateau-repas. Mais surtout, lors du défilé du 1er mai 1970 à Varsovie, le groupe d'étudiants défila en le brandissant et en scandant << Kantor » à la place des slogans officiels. L'événement fut immortalisé dans le film Multipart réalisé par Krzysztof Kubicki et Marek Młodecki. Ce film fut projeté à la galerie Foksal en 1971, directement sur le tableau en guise d'écran ! Kantor en fut ébahi!
Mais les jeunes étudiants n'avaient pas dit leur dernier mot. Après l'exposition, ils organisèrent l'enterrement solennel de l'œuvre en creusant une tombe dans le sol, à une distance de 44 pas du Palais Foksal, siège de l'Association des architectes à Varsovie. En 2012, Andrzej Baran découvre le film et contacte les protagonistes afin d'organiser le déterrement du « parapluie-emballage ». Cette première tentative fut interrompue faute de préparatifs suffisants.
Il a fallu attendre mai 2015, pour que des spécialistes de l'atelier Novum de la Faculté de conservation et de restauration des œuvres d'art de l'Académie des Beaux-Arts de Varsovie, des archéologues et conservateurs de l'Académie, exhument l'objet. Le temps avait fait son œuvre et fortement dégradé le tableau. Il fut déterré avec moult précautions et la documentation photographique permit de le reconstituer. Non prévue par Kantor, une nouvelle œuvre voyait le jour ! Le vestige archéologique de cet improbable objet d'art contemporain fut donc ajouté comme « preuve matérielle » à l'action artistique « Multipart en cours », dont le film fait partie intégrante. Aujourd'hui, grâce à cette exposition, le souhait de Kantor de continuer à faire revivre cette œuvre à travers une action artistique, s'est poursuivi.
Par son action qu'il a dénommée Multipart, Tadeusz Kantor, en renonçant à la réaliser lui-même, participe à la remise en question de la notion même d'oeuvre d'art en tant qu'oeuvre produite par un auteur. En refusant le caractère unique de l'œuvre d'art, il remettait en cause la suprématie et la position dominante des musées, galeries et aussi celle des collectionneurs. C'est pour toutes ces raisons que Kantor, artiste hors les normes, a toute sa place à La Fabuloserie.
Claude Bardavid


Danielle-Marie CHANUT

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