jeudi 6 octobre 2022

Miroir du monde, chefs-d'œuvre du cabinet d'art de Dresde au musee du Luxembourg en octobre 2022


CHEFS-D'OEUVRE DU CABINET D'ART DE DRESDE

De beaux objets, quelques tableaux et des installations d'art contemporain...
En voici la présentation :

Les collections nationales d'art de Dresde - Staatliche Kunstsammlungen Dresden reflètent cinq siècles d'histoire des musées européens. Le point de départ de ces collections est le Cabinet de curiosités ou cabinet d'art (Kunstkammer), qui est l'une des premières collections de ce type, fondée vers 1560 par le prince-électeur Auguste ler de Saxe. Aujourd'hui, les collections d'art de Dresde comprennent quinze musées, dont la Voûte verte (Grünes Gewölbe), la Collection de porcelaine (Porzellansammlung), la Salle d'armes (Rüstkammer), la Galerie des maîtres anciens (Gemäldegalerie Alte Meister) et le Salon de mathématiques et de physique (Mathematisch Physikalischer Salon).

Entre le XVI et le XVIIIe siècle, la Kunstkammer de Dresde s'est développée, évoluant d'un atelier privé rassemblant outils et instruments utilitaires, à une collection à vocation universelle. Des objets artistiques, scientifiques et naturels exceptionnels ont été rassemblés pour créer un monde en miniature. Les objets d'origine extra-européenne y tiennent une place particulière. La Kunstkammer et les musées qui en sont nés notamment avec Auguste le Fort, prince-électeur de Saxe et roi de Pologne (1697-1733), deviennent un miroir du monde, dans lequel se reflètent le pouvoir des souverains collectionneurs, les connaissances et les représentations du monde de cette époque.

ÉTUDIER LE MONDE IMAGES DU CIEL ET DE LA TERRE
En Europe, les idées du savant grec antique Ptolémée ont prévalu pendant plus d'un millénaire. Celui-ci plaçait la Terre au centre de l'univers et divisait le monde habité en trois continents (Afrique, Asie, Europe). Cette théorie a été remise en cause par la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb en 1492 et par la thèse de l'héliocentrisme défendue par Copernic. Ces bouleversements ont élargi la vision européenne du monde.
Les globes et les cartes sont des outils qui concourent à la compréhension spatiale du monde. La collection d'instruments scientifiques et d'horloges du Cabinet de curiosités (Kunstkammer) de Dresde reflète les efforts continus déployés pour mieux connaître la Terre et le Cosmos. Ces instruments ne servaient pas seulement à étudier le monde, ils étaient également considérés comme des symboles de domination et témoignaient de l'érudition des princes électeurs de Saxe. Cette volonté de représentation du monde s'est poursuivie au siècle des Lumières avec la création en 1728, par Auguste le Fort, du Salon de mathématiques et de physique (Mathematisch-Physikalischer Salon).

Globe céleste Willem Janszoon Blaeu Amsterdam, 1616
Carton, segments de gravure sur cuivre, support en chêne, laiton
Mathematisch-Physikalischer Salon, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Détail du globe

Baie de mer orientale Bonaventura Peeters 1652
Huile sur toile
Sur les rives d'une baie fictive où mouillent des navires battant pavillon néerlandais et espagnol, se croisent des voyageurs européens et des marchands en tenue asiatique. Cette scène imaginaire témoigne de la fascination pour les échanges liés au commerce maritime et le désir d'y prendre part.
Gemäldegalerie Alte Meister, Staatliche Kunstsammlungen Dresden
Détail du tableau précédent

Octant à miroir E.G. Pfaff Vers 1790
Laiton argenté, verre optique

Cadran solaire dans une boîte
Salomon Krigner Varsovie ou Marienburg, début du XVIIIe siècle
Laiton doré, argent, verre, acier
Mathematisch-Physikalischer Salon, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Horloge de table astronomique Andreas Schellhorn Schneeberg, 1570
Bronze doré
Cette horloge de table est un véritable objet encyclopédique qui propose plusieurs méthodes de mesure du temps: deux cadrans de douze et vingt-quatre heures et un autre pour les quarts d'heure, un réveil, un astrolabe, un instrument de mesure du temps par rapport au lever et au coucher du soleil, ainsi qu'un calendrier.
Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Un vieux savant Frans van Mieris l'Ancien Vers 1650-1655
Huile sur bois de chêne
Gemäldegalerie Alte Meister, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Enfant Jésus sur socle Sri Lanka (Ceylan), début du XVIIe siècle
Grenat, cristal de roche, or serti de pierres
Taillée dans du grenat par des artistes cinghalais, cette statuette est unique au monde. Elle témoigne de la conversion des élites ceylanaises à la foi chrétienne sous l'influence portugaise.
Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

LAVOGUE DES CABINETS DE CURIOSITÉS UNE QUÊTE DE LA RARETÉ

À partir du milieu du XVIe siècle, de nombreuses cours européennes se dotent de cabinets de curiosités. L'intérêt des collectionneurs ne se porte pas seulement sur les œuvres d'art (artificialia), il s'étend aussi aux instruments et aux livres scientifiques (scientifica), ainsi qu'aux curiosités de la nature (naturalia), en particulier la nacre, le corail, le jade ou l'ivoire. Acheminés vers l'Europe par les grandes routes commerciales, ces matériaux naturels y sont transformés en précieuses œuvres d'art, ce qui a souvent pour effet de faire perdre de vue leur origine et leur fonction initiale.
Les cabinets de curiosités permettent à leurs propriétaires, grâce à la rareté des pièces exposées, d'affirmer leur pouvoir. Ils sont en même temps des lieux d'étude et d'activité artistique. Au début du XVIIe siècle, le Cabinet de curiosités de Dresde est l'une des premières collections à ouvrir ses portes au public. Les étudiants, les artistes et les scientifiques y ont accès, tout comme les artisans, les commerçants et les familles, qui s'y rendent pour étudier les objets exposés, les admirer et s'en inspirer.

Neue Kuriositäten für das Grüne Gewölbe (« Nouvelles curiosités pour la Voûte verte ») Mark Dion (*1961) 2014
Lithographies en couleurs
Dans l'exposition "The Academy of Things" («L'Académie des choses », Dresde, 2014), Mark Dion a repris l'idée du cabinet d'art et de curiosités. Au milieu des précieux trésors de la Grünes Gewölbe, il a placé cinq installations dans lesquelles il a reproduit et détourné des objets naturels autrefois très convoités tels que la dent de narval, l'œuf d'autruche, le corail ou la corne de rhinocéros. La confrontation de ses œuvres avec les trésors de l'époque baroque interroge la notion de collection comme représentation et démonstration de pouvoir.
Kupferstich-Kabinett, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Cuillers à escargots tigrés.
Avant 1585
Coquille d'escargot tigré, argent doré, gravé et noirci Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Bol
Chine, Jingdezhen, dynastie Ming (1368-1644), période Jiaqing (1522-1566)
Porcelaine, peinture: bleu cobalt sous glaçure Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden
Cette coupe fait partie des premières porcelaines chinoise arrivées en Saxe à la fin du XVIe siècle et offertes par Ferdinand ler au prince électeur Christian ler.

Couteaux et fourchettes avec manche en corail Probablement Gênes, vers 1580
Corail, acier, argent partiellement doré

Tasse avec un animal ajouré en guise d'anse
Coupe avec fleurs fortement ajourées à l'extérieur Chine, dynastie Ming (1368-1644)

Bézoard revêtu de filigrane d'or XVIe siècle
Or, pierre bézoard
Nacre, argent doré
Les bézoards sont des concrétions minérales qui se trouvent dans l'estomac de certains mammifères. Objets particulièrement précieux, on leur attribuait des pouvoirs de guérison, voire des vertus magiques.
Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Coffret en filigrane d'argent Inde, Goa ou Batavia (?), XVIIe siècle
Filigrane d'argent

Récipient en noix des Seychelles Portugal ou Goa, avant 1579
Argent, moitié de noix des Seychelles laquée
On a longtemps pensé que les noix trouvées sur les plages des Maldives provenaient d'arbres sous-marins. Il s'agit en réalité de graines du palmier des Seychelles, qui ne pousse que sur l'archipel du même nom faisant de ces graines un objet extrêmement rare.
Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Deux massues à tête d'assiette des Tupinambas (*) et une massue plate en forme d'épée probablement des Tupis (**)
(*) Zone côtière du Brésil, avant 1652 (**) Brésil central, avant 1652
(*) Bois, coton, tiges de plumes décoratives autrefois reliées (**) Bois, coton, pigment blanc
L'origine exacte de nombreux ethnografica ne peut plus être établie aujourd'hui. En revanche, on sait que les deux massues à tête d'assiette des Tupinambas et la massue plate en forme d'épée d'une tribu des Tupis ont été rapportées du Brésil par le voyageur Carl Mildner.
Museum für Völkerkunde Dresden, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Cinq lances d'apparat Afrique occidentale et centrale, XVIIe siècle
Bois, fer, laiton, cuivre
Dans les inventaires de la Indianischen Kammer, les lances d'apparat sont qualifiées de « japonaises ». Aujourd'hui, au regard des matériaux et décors utilisés, on les attribue plutôt à des centres artisanaux de la côte ouest-africaine.
Museum für Völkerkunde Dresden, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

[Sans titre] (Riding Zebras, Upper Luapula, early 20th century [« À cheval sur des zèbres, Haut Luapula», début du XXe siècle]) Peggy Buth (*1967) 2006
Goudron, gomme-laque/bois
En s'intéressant aux thèmes de l'histoire coloniale dans ses tableaux goudronnés, Peggy Buth met à nu les clichés racistes, encore profondément ancrés dans la pensée européenne qui voit l'Afrique comme un «< continent noir ». Un homme blanc chevauche un zèbre qui, par nature, ne se prête pas à la domestication comme monture, symbolisant des rapports de force inégaux. À côté du cavalier apparaît un personnage noir presque invisible.
Kunstfonds, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

L'IVOIRE UN MATÉRIAU D'INTÉRÊT MONDIAL
L'ivoire a toujours été très apprécié en raison de sa rareté, de ses propriétés et de sa couleur. À partir du XVIe siècle, la mondialisation accrue des échanges s'est traduite par une augmentation de la demande. Les artisans africains ne se contentent plus de fabriquer des objets pour un marché local, ils produisent de plus en plus pour l'exportation. Le commerce mondial de l'ivoire est étroitement lié au commerce des esclaves entretenu par les puissances coloniales européennes en Afrique de l'Ouest. En Asie, où il est de plus en plus prisé, l'ivoire est importé d'Afrique pour la fabrication d'articles de luxe.
Dans les cours européennes, les artisans ont une longue tradition de tournage de l'ivoire, en particulier à Dresde, où l'une des plus importantes collections d'objets dans ce matériau a été conservée jusqu'à aujourd'hui dans la Voûte verte (Grünes Gewölbe). Les boules d'ivoire ajourées à plusieurs couches font partie des pièces les plus recherchées. Cette forme d'art est également populaire en Chine depuis le XVIIIe siècle, et la livraison à cette époque, à la cour impériale chinoise, de machines européennes pour le tournage de l'ivoire a probablement contribué à un transfert de connaissance et de techniques.

Cuilleres décoratives produites pour le marché européen
Afrique de l'Ouest, XVIe siècle
Ivoire sculpté
Olifant
Afro-Portugais, Sapi, Sierra Leone, 1490-1530
Ivoire taillé
Cet olifant (nom donné à ce type de cor d'ivoire) a été sculpté pour le marché européen, comme en témoigne son décor: outre plusieurs chasseurs habillés en costume européen sont représentées une licorne et d'autres créatures fabuleuses.
Museum für Völkerkunde Dresden, Staatliche Kunstsammlungen

Corne à poudre
Cor en ivoire
Inde du Nord, époque moghole, vers 1590

La corne à poudre provient des ateliers de l'Empire moghol du nord de l'Inde. Elle est ornée de figures animales entrelacées et de deux scènes originales: une chasse aux oiseaux indigènes et un épisode de commerce avec les européens.

26 pièces de jeu d'échecs Inde, XVIe siècle
Ivoire serti de couleurs
Les figurines de jeu d'échecs en forme de cavaliers, de guerriers, de tigres et d'éléphants sont répertoriées depuis 1610 dans les inventaires de la Kunstkammer de Dresde. Elles se trouvaient dans un coffret indien en nacre, mais semblent n'avoir jamais constitué un ensemble complet.
Rüstkammer, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Poignard avec fourreau Empire ottoman, fin du XVe - milieu du XVIe siècle
Lame en fer, damasquiné d'or; poignée en ivoire; garde en argent doré; fourreau en bois, argent
Rüstkammer, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Sphère dite chinoise (sphère multicouche) Guangzhou, Chine, XVIIIe-XIXe siècle
Ivoire GRASSI Museum für Völkerkunde zu Leipzig, Staatliche Kunstsammlungen Dresden
Sphère sur tige haute Georg Friedel
Dresde, 1611-1619
Ivoire tourné
Coupe en ivoire du prince électeur Auguste Dresde, 1586
Ivoire tourné

Les sphères en ivoire à plusieurs couches font partie des pièces d'art Fournées les plus sophistiquées et les plus recherchées du XVIIe siècle.
Le prince électeur Auguste ler de Saxe avait une passion pour le tournage de l'ivoire auquel il s'adonnait sous la direction de ses artistes de cour. Il aurait exécuté au total 165 pièces de ce type. Cette coupe inachevée est considérée comme son dernier travail.
Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden



Boomerang 2-16 [(postcolonial) mimicry], (« Boomerang 2-16 [(mimétisme post-colonial)] >>) Karoline Schneider (*1986) 2018
Céramique cuite émaillée
L'installation aborde le thème de l'appropriation culturelle, c'est-à-dire la récupération populaire et irréfléchie de biens culturels ethniques tels que les vêtements, les objets quotidiens et culturels, qui sont détournés comme souvenirs touristiques ou objets décoratifs. S'inspirant des instruments de chasse de haute précision des aborigènes australiens, l'artiste présente ici une série de boomerangs en argile colorée. Ce matériau fragile et friable les rend inadaptés à leur usage d'origine.
Kunstfonds, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

NATURALIA L'ART ET LA NATURE
Les coquilles de bivalves et d'escargots des océans Indien et Pacifique font partie des objets naturels particulièrement prisés des collections princières. À partir de 1500, les coquillages sont importés en grand nombre en Europe. Nuremberg, ville marchande renommée pour son orfèvrerie, ainsi que Leipzig, ville de foire, sont reconnues comme d'importants centres de ce commerce. C'est là que les princes électeurs de Saxe acquièrent de très nombreuses pièces pour leur Cabinet de curiosités et pour la Voûte verte (Grünes Gewölbe), aménagée entre 1723 et 1729, et qui constitue le tout premier musée d'art du trésor d'Auguste le Fort, ouvert au public.
Les escargots turbans et les coquilles des nautiles transformés en récipients somptueux sont particulièrement appréciés. Ils arrivent souvent en Europe pourvus de décors gravés. La ville commerciale de Guangzhou, au sud de la Chine, est une étape reconnue pour ce type de décoration, dont les artisans européens aiment à s'inspirer. Les objets ornés de plaquettes de nacre proviennent principalement d'Inde. Nombre d'entre eux sont sertis de métal précieux dans des ateliers européens pour être adaptés au goût local.
On retrouve également dans les peintures de natures mortes de nombreux coquillages qui témoignent du goût pour ces objets et pour ce qu'ils représentent : la mondialisation des échanges et le raffinement esthétique.

Fleurs et escargots Maria van Oosterwijck Vers 1685
Huile sur toile
Gemäldegalerie Alte Meister, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Détail du tableau précédent

Coquille de turbo Indo-pacifique
Coquille de turbo polie
Nautile Indo-pacifique Pays-Bas, vers 1650
Nautile gravé

Coupe avec coquille de turbo Tobias Wolff
Nuremberg, 1604-1609
Argent doré, nacre
Les coquillages sont souvent montés sur des pieds figurant des personnages décrits dans les inventaires comme des "Africains" ou des "Maures" afin de souligner leur origine extra-européenne.
Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen

Pot en escargots de mer Peut-être Christian Wecker Dresde,
vers 1635-1645
Différentes coquilles d'escargots, argent doré

Coupe nautile sur trois dauphins debout
Egidius Blanke Stettin, vers 1600
Nautile, argent doré

Vase à couvercle
Chine, Jingdezhen, dynastie Qing (1644-1911), ère Kangxi (1662-1722) et Hollande, vers 1710-1720
Porcelaine (Chine) avec couleurs de glaçure et or (Hollande)
Ce vase chinois a été peint aux Pays-Bas. Le somptueux décor associe des motifs et des couleurs typiques de la porcelaine japonaise "Kakiemon".
Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Centre de table mobile en forme de bateau
avec nautile sur roues Hans-Anton Lind
Nuremberg, 1603-1609
Nautile, argent doré

Sablier en filigrane
Schwäbisch Gmünd, début du XVIIIe siècle
Filigrane d'argent doré, verre, tissu, laçage, bois
Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Récipient pour boire : licorne de mer Elias Geyer
Leipzig, vers 1600
Coquille de turbo, argent doré, reste de couleur
Orfèvre inventif, Geyer façonne à partir de coquilles de turbo et de nautiles des créatures marines grotesques, qui sont très appréciées à la cour de Saxe. Ce type d'oeuvre, ainsi que les nacres indiennes sont vendues à la foire de Leipzig.

Aigrette de chapeau Johann Melchior Dinglinger Dresde, avant 1719
193 diamants, or, argent doré
Ce type d'aigrette de chapeau, auquel on peut ajouter des plumes de héron, est très apprécié vers 1600 dans les cours d'Europe occidentale. Il rappelle les ornements de turbans ottomans ou indiens.

Récipient pour boire: éléphant avec tour de guerre Urban Wolff Nuremberg, 1593-1598
Argent doré, plaquettes de nacre, pierres de couleur
Recouverte de plaquettes de nacre, la tour imite les réalisations indiennes. L'éléphant symbolise la force et le triomphe, ainsi que de nombreuses vertus parmi lesquelles la sagesse, la piété et la tempérance. Il souligne aussi l'origine extra-européenne du matériau.
Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Coffret d'apparat Niclaus Schmidt
Travail de la nacre: Gujarat (Inde), fin du XVIe siècle Monture: Nuremberg, vers 1592-1594
Nacre, argent partiellement doré, bois coloré, velours
Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Un marchand recevant un invité étranger au palais du port
Nicolaes Berchem Vers 1665
Huile sur toile
Gemäldegalerie Alte Meister, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Détails du tableau précédent

Bustes d'une Asiatique et d'un Asiatique Manufacture de porcelaine de Meissen, modèle de Johann Joachim Kaendler 1732, façonnage vers 1921-1922
Porcelaine
Cette représentation par Kaendler d'une Asiatique et d'un Asiatique est conforme aux clichés européens de l'époque : yeux obliques, lobes d'oreilles flasques et démesurés, vêtements amples et tombants, autant de déformations caractérisées qui témoignent de la prétendue supériorité dont se targuaient alors les Européens.
Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

VISIONS DU MONDE FORMATION DE STÉRÉOTYPES
Avec l'émergence et le rayonnement des Pays-Bas comme première puissance maritime et commerciale, les pays lointains occupent une place sans précédent dans le quotidien européen. À partir du milieu du XVIIe siècle, les représentations de régions non européennes deviennent de plus en plus populaires dans la peinture. Les images de ports maritimes orientaux, de marchandises luxueuses, d'architectures étrangères et de personnages magnifiquement vêtus se retrouvent dans un grand nombre de tableaux et reflètent les aspirations du public européen.
L'expansion européenne entraîne une augmentation considérable des connaissances sur les espaces naturels et culturels d'Asie, d'Afrique et Dans le même temps, la façon dont l'homme et la nature sont représentés dans les objets d'art est souvent déformée par rapport à la réalité, ce qui donne lieu à toute une série de stéréotypes et de clichés dès lors qu'il s'agit de caractériser le monde extra-européen. Présentes jusqu'à nos jours dans la décoration des résidences et des collections européennes, ces œuvres d'art continuent d'influencer l'imaginaire collectif.

Ara descendant
Manufacture de porcelaine de Meissen, modèle de Johann Joachim Kaendler 1732
Porcelaine
La figurine grandeur nature de l'ara, un perroquet originaire des forêts d'Amérique centrale, séduit par la fidélité et le caractère vivant de sa représentation. Afin de l'exécuter, Kaendler, le talentueux modeleur de Meissen, a pu étudier un spécimen vivant appartenant à la ménagerie du roi Auguste le Fort.
Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Chameau avec deux figurines Probablement Francfort,
vers 1700-1705
Perles baroques, or, monture colorée, émail, argent, diamants, émeraudes
Le chameau, formé d'une perle baroque, et les deux figures qui l'accompagnent forment une allégorie du monde extra-européen. La peinture sur émail du socle évoque le commerce d'outre-mer. L'image d'une femme à peine vêtue, au rire franc et à la sensualité affichée, relève des clichés de l'époque sur la population prétendument non civilisée des régions extra-européennes. Parallèlement, la scène minimise la violence des rapports commerciaux dans les colonies.
Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Coupe en noix de coco avec des scènes brésiliennes Nuremberg ou Dresde, peu avant 1656
Noix de coco, argent doré
Les scènes sculptées dans cette coupe en noix de coco font référence à la présence coloniale des Pays-Bas au Brésil dans la première moitié du XVIIe siècle. Elles prennent pour modèle des gravures sur cuivre tirées d'America de Théodore de Bry, récit de voyage très célèbre à l'époque, ainsi que les peintures d'Albert Eckhout. La figure du porteur agenouillé à la base de l'objet reflète la certitude qu'avaient les Européens de leur prétendue supériorité.
Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Détail de la coupe précédente

Statuette au plateau d'émeraudes Balthasar Permoser, sculpture. Johann Melchior Dinglinger, monture. Wilhelm Krüger, placage en écaille. Martin Schnell, vernis
Dresde, probablement 1724
Poirier laqué, argent doré, émeraudes, rubis, saphirs, topazes, grenat, almandin, écaille
Cadeau de l'empereur Rodolphe II, le plateau d'émeraudes arrive en 1581 à la Kunstkammer de Dresde. Les pierres précieuses proviennent de la mine de Chivor, dans l'actuelle Colombie. En 1724, à la demande d'Auguste le Fort, des artistes de la cour exécutent la figure qui présente les émeraudes. Elle est une personnification du « Nouveau Monde » et suit en cela des représentations stéréotypées et inégalitaires. La présence de personnes de couleur à la cour peut également avoir inspiré cette œuvre.
Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Détail de la statuette, notamment les émeraudes

Paysage paradisiaque Roelandt Savery 1624
Huile sur toile
Avec une précision minutieuse, l'artiste a peint un espace naturel idéal composé de collines, de forêts profondes et d'une clairière peuplée d'une multitude d'animaux de différentes régions du monde dessinés avec une grande exactitude zoologique. Dans le ciel, des aras apportent une note de couleur.
Gemäldegalerie Alte Meister, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Détail du tableau précédent

Gelehrtenstein 4 (1970) (« Pierre de lettré 4 [1970] ») Su-Ran Sichling (*1978)
Béton lavé, acajou (socle), acier inoxydable
L'œuvre reprend la tradition asiatique consistant à placer sur un socle des minéraux trouvés dans la nature. Les « pierres de lettré » servaient à leurs propriétaires pour la contemplation. Les matériaux naturels d'origine, qui pouvaient évoquer différentes formes, ont été remplacés par l'artiste par un matériau typique de l'histoire allemande d'après guerre: le béton lavé. Son thème est le rapport entre la culture et la nature, mais la signification historique et culturelle des matériaux de construction joue également un rôle important
Kunstfonds, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Trois vases d'une garniture initiale de cinq pièces Chine, Jingdezhen, dynastie Qing (1644-1911), ère Kangxi (1662-1722), vers 1700
Porcelaine, peinture: bleu cobalt sous glaçure
Les trois vases combinent décors floraux et ornementaux chinois et des scènes figuratives inspirées de motifs européens. Des gravures allégoriques de l'artiste français Henri II Bonnart ont servi de modèles aux peintres sur porcelaine de Jingdezhen. Peu familiarisés avec la représentation en perspective de l'espace en Europe, les artistes chinois avaient pour habitude de placer des lignes d'horizon élevées, allant ainsi à l'encontre de l'effet optique de profondeur.
Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Détail d'un vase

L'ART DE L'EMPIRE OTTOMAN MODE ET FÊTES DE COUR
Le Cabinet turc (Türckische Cammer) de Dresde renferme l'une des plus importantes collections d'art ottoman au monde en dehors du territoire de la Turquie. Ses racines remontent au XVIe siècle. La plupart des objets qui constituent cette collection sont des cadeaux diplomatiques, des achats ciblés et des œuvres de commande. Seule une petite partie des objets est parvenue à la cour de Saxe au titre de butin de guerre.
Auguste le Fort (1697-1733) a une prédilection particulière pour l'art de l'Empire ottoman. En tant que prince électeur de Saxe puis roi de Pologne, il se met lui-même en scène dans les atours d'un sultan. Il envoie des émissaires à Constantinople pour y effectuer des achats et n'hésite pas à faire venir à Dresde, pour ses fêtes baroques, des chameaux et des chevaux arabes harnachés de grandioses selleries d'apparat.
La raison d'être du Cabinet turc n'est pas seulement de rappeler les triomphes militaires des princes électeurs de Saxe dans les guerres contre l'Empire ottoman. Ses collections sont aussi mises à contribution lorsqu'il s'agit de créer des décors pour les fêtes de cour, les parades et les mises en scène d'opéras. Les défilés avec des participants déguisés font partie du phénomène de la « mode turque », qui se répand dans toute l'Europe et qui prend une forme particulière en Saxe.

Timbale de l'armée, saisi lors de la campagne de 1663-1664 contre les Ottomans, offert par Jobst Christoph Brand von Lindau Empire ottoman, XVIIe siècle
Fût en cuivre, peau tendue de veau, de chèvre ou de mouton
Rüstkammer, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Paroi latérale d'une tente Empire ottoman, fin du XVIIe siècle
Toile en coton avec applications tissées en coton et en soie
En 1730, Auguste le Fort fait construire une gigantesque ville de tentes près de Dresde. Il y reçoit des invités du monde entier pour leur présenter sa nouvelle armée, équipée selon le modèle turc.
Rüstkammer, Staatliche Kunstsammlungen Dresden


Fireworks after a really big event (« Feu d'artifice après un très grand événement ») Peggy Buth (*1967) 2006
Moquette entaillée à la fraise, agrafée à un cadre en bois
Peggy Buth se penche de manière critique sur les mécanismes de la représentation. Avec la moquette rouge, elle choisit un matériau symbolique, utilisé dans l'industrie culturelle comme en politique, lorsqu'il s'agit de célébrer le succès et le pouvoir. Le feu d'artifice graphique, fraisé dans la surface textile, thématise la mise en scène du pouvoir dans la politique et la culture. De loin, on a l'impression de voir une image aux couleurs vives, mais ce n'est qu'en s'approchant que l'on découvre la crudité des incisions dans le velours du tapis.
Kunstfonds, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Janissaire sur socle en cristal de roche Travail de joaillier: probablement Johann Christoph
Neßler
Dresde, vers 1710-1715
Figure en ivoire: probablement Dresde
Ivoire, cristal de roche, argent doré, serti de pierres précieuses, petite horloge avec mouvement, laiton
Les janissaires constituaient un ordre d'élite de l'Empire ottoman. La statuette en ivoire reprend leur tenue caractéristique. Outre le sabre et la poudrière, le guerrier est équipé d'une masse d'armes dans laquelle est incorporée une petite montre.
Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Épées avec fourreau, offerte en 1574 par Heinrich von Bünau auf Treben Empire ottoman, milieu du XVIe siècle
Garniture de carquois, offerte en 1587 par le duc de Savoie Charles Emmanuel Ier Empire ottoman ou France (?), avec retouches ultérieures, XVIe siècle
Cuir gaufré, vernis, coloré et orné d'éclats de nacre
Sabre avec fourreau, offert en 1602 par l'empereur Rodolphe II Hongrie, XVIe siècle ; retouches : Empire ottoman
Lame en fer, partiellement dorée, emprise en bois, entourée de cuir et de fil d'argent, croix en fer, pommeau en argent, doré; fourreau en bois, cuir, ferrures en argent
George Fisher, Londres (canon), 1620-1663; serrure et crosse ottomanes, XVIIe siècle
Fusil à mèche
Canon en laiton, crosse en bois de flasque, incrustations en laiton, os et corne, plaque de crosse en ivoire, ferrures en argent
Rüstkammer, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Selle avec sangle, acquise en Turquie en 1713 ou 1714 sur ordre d'Auguste le Fort Empire ottoman, avant 1714
Bois, cuir, velours, partiellement brodé d'argent doré

LA PORCELAINE SYMBOLE DES ÉCHANGES ENTRE L'ORIENT ET L'OCCIDENT
La porcelaine fait partie des premiers produits à circuler à l'échelle mondiale. Le commerce de porcelaines chinoises et japonaises à travers les continents donne naissance à des processus d'échanges que reflète bien la collection d'Auguste le Fort, prince électeur de Saxe et roi de Pologne (1697-1733). Très appréciées, les marchandises importées d'Extrême-Orient sont à la fois une référence et une source d'inspiration permanente pour la première manufacture de porcelaine européenne, fondée par la volonté du souverain en 1710 à Meissen, près de Dresde.
Dès le début du XVIIIe siècle, Auguste le Fort rassemble à Dresde la plus grande collection spécialisée d'Europe pour en équiper tout un château d'agrément, le Palais japonais, transformé dans les années 1720. Il profite alors de la présentation de sa collection pour mettre en scène d'une façon avantageuse les sensationnelles porcelaines d'un genre nouveau qui proviennent de la manufacture royale. Auguste le Fort fait ainsi du Palais japonais le lieu symbolique de son triomphe sur l'artisanat chinois, qui suscitait l'admiration et l'envie et avait remis en question la conviction qu'avaient les Européens de leur supériorité culturelle.

Guanyin assise avec enfant et deux accompagnateurs
Chine, Dehua, province du Fujian, dynastie Qing (1644-1911), ère Kangxi (1662-1722), 2nde moitié du XVIIe siècle
Porcelaine
Par analogie, le nom Guanyin signifie «< celui qui perçoit les sons du monde ». Dans la croyance populaire bouddhiste, le Guanyin est un sage (bodhisattva) devenu en Chine et en Asie de l'Est, la déesse de la miséricorde qui prend en charge les plaintes humaines. Elle est représentée ici en tant que "Guanyin porteuse de fils". Ces représentations sont très prisées en Europe car elles évoquent la figure de la Vierge à l'Enfant.

Européen à cheval
Chine, Dehua, province du Fujian, dynastie Qing (1644-1911), ère Kangxi (1662-1722), vers 1700
Porcelaine
Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Famille européenne Chine, Dehua, province du Fujian, dynastie Qing (1644-1911), ère Kangxi (1662-1722), vers 1700
Porcelaine
Malgré leurs traits asiatiques, le père et le fils peuvent être identifiés comme des Hollandais grâce à leurs manteaux, à leurs foulards et à leurs chapeaux tricornes. De tels personnages ou groupements de personnages, aux représentations stéréotypées dites d'« Occidentaux », sont expédiés en grand nombre vers l'Europe.

Bol japonais et sa copie de Meissen Japon, province de Hizen, Arita, époque Edo (1603-1868), 1690-1730
Manufacture de porcelaine de Meissen, vers 1730-1731
Porcelaine, peinture: bleu cobalt sous glaçure, couleurs sur glaçure et or
Ce bol destiné au marché japonais est ensuite arrivé à Dresde. Une copie réalisée à Meissen vers 1730 rivalise avec son modèle.
Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Cruche d'inspiration néerlandaise Japon, province de Hizen, Arita, époque Edo (1603-1868), 1700-1730
Porcelaine, montage en laiton, peinture: bleu cobalt sous glaçure, rouge fer et or
Cette cruche avec robinet en métal imite les « Kraantjeskannen en argent, utilisées couramment en Hollande à la fin du XVIIe siècle. Elle repose sur trois pieds afin que l'on puisse placer un brûleur à gaz dessous pour faire infuser le café ou le thé.
Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Vasque et cruche d'inspiration ottomane Manufacture de porcelaine de Meissen, vers 1750
Porcelaine, peinture : couleurs sur glaçure et or, montures en argent
La forme du service chinois, tout comme celle du service de Meissen, est inspirée de celle des services ottomans en métal. Ces deux aiguières avec vasques sont destinées au Proche et au Moyen-Orient, où elles sont utilisées pour les ablutions avant la prière ou pendant le repas.
Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Kendi (junchi ) en forme d'éléphant Chine, Jingdezhen, dynastie Ming (1368-1644), période Wanli (1573-1619), 1590-1605
Porcelaine, peinture: bleu cobalt sous glaçure
Les kendis sont à l'origine des récipients de l'Inde et de l'Asie du Sud-Est utilisés dans les rituels hindous ou bouddhistes. Cependant, les kendis chinois en forme d'éléphant ont fait l'objet d'un commerce mondial et se trouvent aujourd'hui dans des collections au Proche et au Moyen-Orient, ainsi qu'en Europe.
Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Vase, Chine
dynastie Qing (1644-1911), ère Kangxi (1662-1722), 1710-1725
Porcelaine, peinture: rouge fer et or


Seau rafraîchisseur à bouteille d'inspiration européenne Chine, Jingdezhen, dynastie Qing (1644-1911),
ère Kangxi (1662-1722),
vers 1700-1720
Porcelaine, peinture : couleurs sur glaçure et or
Ce récipient en porcelaine chinoise monumental reprend la forme d'objets d'orfèvrerie européens. Les échancrures sur le bord du bassin permettent d'accrocher des verres à pied la tête en bas ou de déposer des bouteilles pour les refroidir dans de l'eau glacée.
Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden


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