Superbe rétrospective !
Le bicentenaire de la naissance de Rosa Bonheur (1822-1899) est à l'origine de cette exposition co-organisée par le musée d'Orsay et le musée des Beaux-Arts de Bordeaux, la ville natale de l'artiste, avec la collaboration exceptionnelle du château Rosa Bonheur à By- Thomery. Il s'agit de la première rétrospective consacrée à cette grande artiste du XIXe siècle à Paris depuis un siècle.
Près de deux cent œuvres ont été rassemblées pour mettre à l'honneur une personnalité hors normes qui fut une véritable << star» en son temps. Célébrée des deux côtés de l'Atlantique, comblée d'honneurs et de récompenses, elle sut s'imposer à la fois comme la plus grande peintre animalière, supplantant dans ce genre ses confrères masculins, et en tant que femme libre dans un siècle très corseté. Icône du féminisme, symbole fort pour l'émancipation des lesbiennes, elle n'a jamais été autant en phase avec notre époque par son art lié à ses engagements écologiques avant l'heure et à sa défense de la cause animale.
Renouvelant le regard porté sur Rosa Bonheur et son œuvre, longtemps réduites à quelques clichés, l'exposition donne à voir le travail de cette artiste singulière, révélant des pans méconnus de sa création: sa virtuosité dans l'art du dessin, sa verve satirique, le souffle épique de son inspiration ouest-américaine, sans oublier son talent incomparable de portraitiste des animaux dont elle sut si bien capter l'âme.
DE MARIE-ROSALIE À ROSA BONHEUR
Marie-Rosalie Bonheur naît à Bordeaux le 16 mars 1822. Aînée de quatre enfants, tous devenus artistes (Auguste, Isidore et Juliette), elle est la fille du peintre Raymond Bonheur et de Sophie Marquis, femme cultivée et musicienne. La famille Bonheur s'installe en 1829 à Paris. Passionnée dès sa plus tendre enfance par les animaux qu'elle croque inlassablement, Marie-Rosalie abandonne à l'âge de 13 ans l'école pour rejoindre l'atelier de son père. Une vie de bohème studieuse s'organise alors, où les leçons de dessin et de modelage dans l'appartement familial de la rue des Tournelles alternent avec les séances en plein air dans les bois. Plein d'ambition pour sa fille, Raymond Bonheur l'exhorte à "suivre sa voie" et à se confronter aux maîtres du passé qu'elle copie au Louvre. Lors de sa première participation au Salon, en 1841, ses Deux lapins sont remarqués. Marie-Rosalie s'affranchit peu à peu de l'emprise paternelle; elle signe, deux ans plus tard, "Rosa Bonheur", en souvenir du diminutif que lui donnait sa mère dont la mort prématurée, en 1833, traumatisa l'artiste.
5.03.1822
Naissance de Rosa Bonheur à Bordeaux.
1829
À 7 ans, elle s'installe avec sa famille à Paris.
1833
La famille vit dans la misère. À 11 ans, elle perd sa mère, Sophie Marquis, morte d'épuisement.
1937
À 14 ans, elle rencontre son amie et compagne Nathalie Micas.
1841
À 19 ans, elle participe pour la première fois au Salon en exposant Deux Lapins.
1845
À 23 ans, Rosa Bonheur reçoit une médaille de troisième classe au Salon pour Labourage
1848
À 26 ans, elle reçoit une médaille d'or (première classe) au Salon pour Taureaux et Boeufs (race du Cantal) ainsi qu'une commande de l'État pour le futur Labourage nivernais.
1949
Labourage nivernais est le grand succès du Salon. À 27 ans, Rosa Bonheur succède à son père à la direction de l'École gratuite de dessin pour jeunes filles.
1853
À 31 ans, Rosa Bonheur expose au Salon Le Marché aux chevaux, puis, deux ans plus tard, la Fenaison en Auvergne.
1856
À 34 ans, elle voyage au Royaume-Uni, où son marchand et éditeur Ernest Gambart a organisé une exposition itinérante du Marché aux chevaux. Le tableau reçoit un accueil triomphal
1959
À 37 ans, elle achète le château de By, à Thomery (Seine-et-Marne). Elle y installe son atelier et ses animaux.
1865
À 43 ans, Rosa Bonheur reçoit la Légion d'honneur des mains de l'Impératrice Eugénie pour qui "le génie n'a pas de sexe".
1889
À 67 ans, l'artiste perd sa compagne Nathalie Micas. Elle s'intéresse à la troupe de Buffalo Bill, installée à Neuilly, dans le cadre de l'Exposition universelle. Elle rencontre Anna Klumpke, sa portraitiste, sa biographe et sa légataire universelle.
1893
À 71 ans, elle participe à l'Exposition universelle de Chicago.
25 5 1899
Décès de Rosa Bonheur à l'âge de 77 ans, à By.
Édouard Dubufe (1819-1883) et Rosa Bonheur Portrait de Rosa Bonheur
1857
Huile sur toile
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, dépôt du musée d'Orsay, Paris
Double portrait
Voici un portrait de Rosa Bonheur, âgée de 35 ans, réalisé par Edouard Dubufe. Il la représente avec tous les attributs de l'artiste, un porte-mine, un carnet sous le bras et un jeune taureau, puisque Rosa Bonheur peint surtout des animaux. C'est même elle qui a peint celui-ci.
Consuelo Fould (1862-1927) Portrait de Rosa Bonheur
1893 Huile sur toile
Courbevoie, musée Roybet-Fould
Raymond Bonheur
(1796-1849) Rosa Bonheur enfant
Vers 1826
Huile sur toile
Musée départemental des peintres
de Barbizon. Département de Seine-et-Marne,
en dépôt au Château de Rosa Bonheur
Saint Georges terrassant le dragon
1896
Gouache sur éventail
Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris
Deux lapins
1840 Huile sur toile
Bordeaux, musée des Beaux-Arts
Pierre-Jean David, dit David d'Angers (1788-1856) Rosa Bonheur de profil
1854
Médaillon, bas-relief en bronze
Signé, daté en bas à droite: « David d'Angers / 1854 » Bordeaux, musée des Beaux-Arts
Nathalie Micas
Fusain, estompe, pastel craie papier
Château Fontainebleau
Nathalie Micas est "l'étoile polaire" sans laquelle Rosa Bonheur n'aurait pu créer son œuvre et mener son extraordinaire carrière. Les deux femmes se rencontrent dès l'adolescence et ne seront séparées que par la mort Lorsqu'elle achète le Château de By Thomery, Rosa Bonheur s'y installe avec Nathalie et la mère de cette dernière. Elles s'associent pour être autonomes échapper un système où les femmes étaient encore dépendantes des homme pour toute démarche administrative et juridique.
Après la bataille
Vers 1840
Aquarelle et gouache blanche sur papier
Dessin provenant d'un album de dessins de jeunesse
By-Thomery, Château de Rosa Bonheur
«L'innocente brebis abandonne sa laine», dans Berlot-Chapuit, Fables-proverbes, précédées d'une lettre-introduction de M. de Lamartine, édition illustrée d'après les dessins de Rosa Bonheur, Bertall, Daubigny, Jules David Gavarni, Philippe Rousseau, gravés par Adrien Lavieille
1874, Paris, Librairie classique et d'éducation, A. Pigoreau
By-Thomery, Château de Rosa Bonheur
"Race écossaise West Highland, type perfectionné des bœufs sauvages d'Ecosse" gravé par Thiébault, dans Louis Gossin, L'Agriculture française. Principes d'agriculture appliqués aux diverses parties de la France
1874, Paris, G. Masson etc, 3e édition
By-Thomery, Château de Rosa Bonheur
LES TRAVAILLEURS DE LA TERRE
Rosa Bonheur observe avec le plus grand intérêt les relations qu'entretiennent les animaux et les hommes. Elle représente les uns et les autres dans leurs interactions en insistant tantôt sur les rapports de pouvoir exercés par l'homme sur l'animal, tantôt sur l'harmonie qui semble les relier. Les scènes de la vie rurale illustrent le quotidien des bergers et des pâtres, le labeur des charbonniers dans la forêt, les travaux des champs. Dans les années 1840, l'artiste poursuit les recherches formelles en ce sens. Elle sillonne les campagnes, en Auvergne, dans les Pyrénées, dans le Nivernais. Elle étudie intensément chaque nouvelle race rencontrée. Au Salon de 1845, Rosa Bonheur reçoit une médaille de troisième classe pour son Labourage. En 1848, elle est la grande révélation du Salon avec Taureaux et bœufs, race du Cantal (non localisé). L'État lui commande alors ce qui deviendra son premier chef d'œuvre: Labourage nivernais, hommage au travail des animaux, devenu icône d'une ruralité heureuse.
Les Charbonniers
1853
Huile sur toile
Aberdeen City Council (Aberdeen Archives, Gallery & Museums)
Le Labourage
1844 Huile sur toile
Collection particulière
Étude de fleurs et chardons
n.d. Huile sur papier
Musée départemental des peintres de Barbizon. Département de Seine-et-Marne, en dépôt au Château de Rosa Bonheur
Pâtre gardant ses vaches
n.d.
Crayon graphite et lavis d'encre brune sur papier
Musée départemental des peintres de Barbizon. Département de Seine-et-Marne, en dépôt au Château de Rosa Bonheur
Sculpter pour mieux dessiner
Rosa Bonheur est connue pour ses tableaux mais elle a aussi réalisé des sculptures d'animaux. Il était très important pour elle de modeler leurs corps pour mieux les dessiner.
Toute sa vie, elle perfectionna sa connaissance anatomique des animaux en lisant des ouvrages spécialisés, en les observant dans les zoos, les cirques, au Muséum d'Histoire Naturelle. Elle s'est également entourée d'une vraie ménagerie: chiens, lions, cerfs, sangliers, béliers, moutons.
Taureau beuglant
1847
Taureau marchant
1846
Mouton couché
1845-1846
Taureau couché
1846
Brebis tondue,
dit aussi Mouton broutant
Vers 1852
Bélier couché
Avant 1853
Bronze à patine brune
Bordeaux, musée des Beaux-Arts Legs de François Auguste Hippolyte Peyrol, 1930
Loup marchant dans la neige
n.d.
Bronze et marbre Collection particulière
Boeuf à l'arrêt, regardant vers la droite
n.d.
Bas-relief en plâtre
Musée départemental des peintres de Barbizon. Département de Seine-et-Marne, en dépôt au Château de Rosa Bonheur
Pâturage
n.d. Huile sur toile
Lille, Palais des Beaux-Arts
Auguste Bonheur (1824-1884)
Portrait de Rosa Bonheur
1848
Huile sur toile
Bordeaux, musée des Beaux-Arts
Le Salon de 1848 réunit pour la première et dernière fois, autour de Rosa, son père et deux des membres de sa fratrie, dont Auguste Bonheur qui y expose le portrait de sa sœur. Récompensée cette année-là par une médaille de 1re classe à seulement 26 ans, Rosa Bonheur est une artiste à la carrière prometteuse. Auguste Bonheur rend ici hommage au double talent de peintre et de sculptrice de sa sœur.
Boeufs au pâturage, esquisse pour La Fenaison en Auvergne
Vers 1855 Huile sur toile
Fontainebleau, musée national du Château de Fontainebleau, dépôt du musée d'Orsay, Paris
Labourage nivernais, dit aussi Le Sombrage
1849
Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay Commande de l'État, 1848
Après son succès au Salon de 1848, Rosa Bonheur obtient une commande de la lle République, pour 3000 francs, une somme très importante à l'époque: ce sera Labourage nivernais. L'artiste y célèbre « l'art de tracer les sillons d'où sort le pain qui nourrit l'humanité tout entière». Pour étudier ses modèles, elle séjourne dans le Nivernais. Grand succès du Salon de 1849, le tableau consacre Rosa Bonheur comme la plus grande artiste animalière en France. Au cœur de la composition, elle donne la parole aux «bêtes muettes » à travers le regard très expressif d'un boeuf charolais-nivernais.
Détail du tableau précédent
Détail du tableau précédent
Jules Laurens (1825-1901), d'après Isidore Bonheur (1827-1901) Cheval (écorché)
n.d.
Lithographie
Bordeaux, musée Goupil
Isidore Bonheur (1827-1901) Études de tête de cheval écorché
n.d.
Plume et encre sur papier
Paris, musée des Arts décoratifs
Rosa Bonheur et auteur inconnu Diptyque: trois galets peints et photographie de Rosa Bonheur
Vers 1880 Cartonnage, velours, photographie et peinture sur galets
Nice, musée des Beaux-Arts Jules-Chéret
VOYAGES EN ÉCOSSE ET DANS LES PYRÉNÉES
Très tôt, Rosa Bonheur souhaite voyager. Il faut se rendre sur le motif pour observer, découvrir la vie des animaux et des hommes dans les campagnes, dans les montagnes, exprimer l'essence des différents terroirs, les spécificités de tel animal ou de telle pratique agricole. L'artiste voyage surtout en France, en Auvergne, dans le Nivernais, dans les Landes. Plus tard, elle passe souvent la saison hivernale à Nice. Les Pyrénées restent aussi une destination importante où Rosa Bonheur découvre la beauté grandiose des montagnes et étudie à sa guise les ânes conduits par les bourriquaires ou les moutons qu'elle apprécie tant et qu'elle étudie également dans la plaine de Chailly. Lors dela tournée du Marché aux chevaux au Royaume-Uni, organisée par Ernest Gambart en 1856, elle se rend en Ecosse, sur les traces de Walter Scott, l'un de ses auteurs favoris. Elle découvre avec enthousiasme les races écossaises, dont elle rapporte des études qu'elle utilisera toute sa vie.
Pâturage dans la montagne
n.d.
Huile sur carton marouflé
Château Fontainebleau, dépôt du musée d'Orsay, Paris
Étude de terrain nd
Huile sur papier marouflé
musee de Vire Normandie
Berger landais
Après 1850 Huile sur toile
Lille, Palais des Beaux-Arts
Le Sevrage des veaux
1879
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum Art, Legs de Catharine Lorillard Wolfe, 1887
Muletiers des Pyrénées
1879 Huile sur toile
Aberdeen City (Aberdeen Archives, Gallery
Les Poneys de l'île de Skye
1861
Huile sur toile
Collection Chris et Marion Ball
Les poneys peints par Rosa Bonheur sont Bob et Derby, offerts à l'artiste par le marchand tableaux Londres Ernest Gambart en 1860. Ils
luttent contre «ghillie», jeune garçon écossais qui tente les maîtriser. Il porte le traditionnel sporran, sacoche utilisée comme poche. Le sporran se trouve toujours dans l'atelier l'artiste au Château de By.
Vaches et boeufs traversant un lac à Ballachulish
1867-1873
Fusain, encre craie sur papier
Paris, musée d'Orsay
Rosa Bonheur entreprend ce grand dessin plus d'une dizaine d'années après son séjour dans le village de Ballachulish en Écosse3n 1856. Elle avait observé le bétail traversant à nage Loch Leven en direction de la foire auw bestiaux. Considéré par l'artiste comme l'un ses grands morceaux de fougue après le Marché aux chevaux, ce dessin devait devenir une grande toile. 1873, Rosa Bonheur l'envoie finalement à son marchand Ernest Gambart précisant qu'elle y avait mis «tout ce qu'il était possible de faire».
Changement de pâturages, dit aussi Une barque (Écosse)
1863 Huile sur toile
Hambourg, Kunsthalle
L'artiste s'interresse à la pratique du "ferrying" de moutons d'île en ile dans les Highlands: une fois les herbages consommés, les bergers conduisent les troupeaux d'une île à l'autre en utilisant des embarcations fond plat. Rosa Bonheur montre deux générations de bergers, des jeunes hommes à l'avant au vieux pâtre, dont la longueur de l'écharpe indique le rang social. Comme à son habitude, elle a individualisé chaque mouton au sein du troupeau.
Le Berger des Highlands
1859 Huile sur toile
Hambourg Kunsthalle
Le berger vetu du plaid en tartan et du kilt guide son troupeau travers une lande de bruyères, accompagné de son fidèle chien, un colley. Les moutons sont des «Scottish blackface» reconnaissables à leurs cornes, en volutes, à la tête et aux pattes noires. Rosa achète des moutons de cette race à la foire de Falkirk Écosse en 1856 mais ne peut les ramener en France, pour cause de peur d'épizootie (épidémie qui touche un groupe d'animaux) à la frontière française.
Moutons au pâturage dans les Pyrénées
Nd Huile sur toile
New Yok Dalesh Museum of Art
Troupeau de moutons dans les Pyrénées
1868
Aquarelle sur papier
New York, Dahesh Museum Art
Cirque de Gavarnie
Nd Huile sur toile
Barbizon. Département de Seine-et-Marne, dépôt Château Rosa Bonheur
Paysage
n.d.
Huile sur toile
Musée départemental de Seine-et-Marne, en dépôt au Château Rosa Bonheur
Déjà célèbre grâce au Rosa Bonheur connaît triomphe au Salon de aux chevaux. Elle entend une créatrice hors à un genre traditionnellement hommes et en donnant à le format des plus L'artiste choisit un sujet Elle peint avec vérité Percherons et la en invoquant l'héritage et en se mesurant aux romantique, tel Théodore Géricault. Pour préparer ce tableau immense, elle multiplie les dessins préparatoires. Des études de détails et de composition sont ici réunies avec une esquisse sur toile à l'échelle du tableau (plus de deux mètres de haut et cinq mètres de long). Si la peinture de 1853 (Metropolitan Museum of Art, New York) n'a pu faire le voyage, en raison de sa fragilité, la réplique peinte par Rosa Bonheur elle-même avec Nathalie Micas est exposée, prêtée par la National Gallery de Londres.
Esquisse du Marché aux chevaux
Vers 1853
Fusain, pierre noire et craie blanche sur toile
By-Thomery, Château de Rosa Bonheur
Cette grande esquisse a été récemment découverte par l'équipe du Château de Rosa Bonheur, roulée dans le grenier. Elle a été nettoyée et montée sur châssis par des restaurateurs au musée d'Orsay. Elle est d'un format presque identique à celui de la toile finale du Metropolitan Museum of Art de New-York. Cet immense dessin permet de plonger au cœur du processus créatif de l'artiste et de comprendre le rythme et les grandes masses structurantes de la composition.
Rosa Bonheur et Nathalie Micas, Le Marché aux chevaux
1855
Huile sur toile
Londres, The National Gallery Don de Jacob Bell, 1859
Le marchand d'art Ernest Gambart (1814-1902) tient à faire graver Le Marché aux chevaux afin d'en diffuser l'image le plus largement possible. Pour faciliter le travail du graveur Thomas Landseer - frère du peintre animalier Edwin Landseer - Rosa Bonheur lui fournit une réduction au quart de la toile originale, bien trop imposante pour rejoindre l'atelier du graveur.
Détail du tableau précédent
D'après Thomas Landseer (1793-1880) The Horse Fair in Paris
Eau-forte
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie
Ernest Gambart (1814-1902) est une figure clé de la carrière de Rosa Bonheur. Belge d'origine, il s'installe à Londres en tant qu'éditeur d'estampes puis galeriste. Il joue un rôle fondamental dans le marché de l'art de la deuxième moitié du 19e siècle. En 1855, il achète Le Marché aux chevaux, pour la somme colossale de 40 000 francs. Marchand hors pair et fin diplomate, il organise une tournée triomphale du tableau en Grande Bretagne et aux États-Unis, et contribue à diffuser l'art de Rosa Bonheur sur la scène internationale.
Étude Le Marché aux chevaux
Vers 1853
Craie noire, lavis gris et rehauts de gouache blanche sur papier
New York, The Metropolitan Museum of Art Legs d'Edith H. Proskanes, 1975
Un homme assis à califourchon, dessin préparatoire pour Le Marché aux chevaux
Vers 1853
Crayon noir et rehauts de gouache blanche sur papier
Paris, musée d'Orsay
Études de jambe de cheval
Vers 1850-1853
Crayon graphite sur papier
Paris, musée d'Orsay
Un succès populaire
Les œuvres de Rosa Bonheur connaissent très vite un grand succès, que renforce leur diffusion par la gravure et la lithographie. Les marchands avec qui l'artiste s'est associée sont en effet bien souvent également éditeurs d'estampes: Gambart, Tedesco frères, Knoedler et Goupil tout particulièrement. Le succès commercial de ces estampes, en noir et blanc ou coloriées, selon les bourses, permet aux compositions de Rosa Bonheur de pénétrer en masse les intérieurs des particuliers, en Europe et aux États-Unis. L'artiste est par ailleurs fréquemment sollicitée pour illustrer une grande variété d'ouvrages liés à l'agriculture ou au monde animal. Rosa Bonheur fait même l'objet d'une véritable «rosamania». Ses chefs-d'œuvre sont reproduits sur de nombreux objets du quotidien: papiers peints, services à thé, boîtes d'allumettes... Sa personnalité indépendante est aussi érigée en modèle, la forme poupées de porcelaine, portant pantalon et cheveux ornant les cahiers d'écoliers.
Auguste Victor Deroy Frédéric Théodore (1830-1897)
Sa Majesté l'imperatrice Eugénie rendant visite à Rosa Bonheur dans son atelier de Thomery
1864
Gravure sur bois rehaussée en couleurs à la main
Collections du château musée de Fontainebleau
Louis-Emmanuel
Soulange-Teissier
(1814-1898)
En route pour le marché
Lithographie
Paris, Éditions H. Peyrol, Imp. Lemercier
Nice, musée des Beaux-Arts Jules-Chéret
Émile Salmon (1840-1913)
Labourage nivernais
1881
Gravure
New York, Éditions Knoedler & Co
Nice, musée des Beaux-Arts Jules-Chéret
Louis-Emmanuel
Soulange-Teissier (1814-1898)
Labourage
1881
Lithographie
Paris, Éditions H. Peyrol, Imp. Lemercier
Nice, musée des Beaux-Arts Jules-Chéret
William Henri Simmons
(1811-1882)
Le Vieil Invalide
1882
Eau-forte
Londres, Éditions L. H. Lefèvre/
New York, Knoedler & Co
Nice, musée des Beaux-Arts Jules-Chéret
Émile Lassalle (1811-1871)
Tête de bélier
1852
Lithographie en couleurs
Bordeaux, musée Goupil
Toutou, le bien-aimé
1885
Huile sur panneau
Utrecht, Centraal Museum
Georges Achille-Fould
(1865-1951)
Rosa Bonheur
dans son atelier
1893
Huile sur toile
Bordeaux, musée des Beaux-Arts
En 1892, les sœurs Consuelo et Georges Achille-Fould séjournent au Château de By pour y peindre le portrait de Rosa Bonheur dans son atelier. L'artiste au travail, en blouse de peintre est représentée, devant son chevalet. Elle semble apporter la dernière toucheà Lions dévorant une gazelle (Moscou, musée Pouchkine), tandis que l'on aperçoit derrière elle sa dernière oeuvre, restée inachevée, La Foulaison du blé en Camargue (Bordeaux, musée des
Beaux-Arts, dépôt du musée d'Orsay).
La tanière de Rosa
Rosa Bonheur, âgée de 71 ans,
pose ici dans son atelier du
château de By. Situé dans la forêt
de Fontainebleau, elle choisit cet
endroit pour fuir l'agitation de
la ville. Ce tableau traduit fidèlement
l'ambiance de son atelier: plusieurs
toiles sont en cours de réalisation,
oeuvres finalisées et dessins
préparatoires jonchent le sol et
des animaux empaillés trônent
sur les meubles.
Au pied de son chevalet, la peau de sa lionne Fathma, qui la suivait
partout et que Rosa Bonheur a voulu garder au plus près d'elle.
Renard
n.d.
Huile sur toile
Bordeaux, musée des Beaux-Arts
Tête de bouc
1869
Huile sur toile
Bordeaux, musée des Beaux-Arts
Tête de lion
1870-1891
Huile sur toile
Royaume-Uni, prêté par
Sa Majesté le Roi Charles III
Anna Klumpke (1856-1942)
Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre 1908
Paris, Ernest Flammarion,
Paris, bibliothèque du musée d'Orsay
Jean Gilletta (1856-1933)
Portrait en pied de Rosa Bonheur
Vers 1890
Tirage au charbon sur papier
Nice, Ville de Nice-bibliothèque de Cessole
Georges Bizet (1838-1875)
Musique pour Rosa
1867
Plume, encre brune et cachet de cire rouge sur partition lignée à la plume.
Dédicace: «À Mlle Rosa Bonheur/Chevalier de la Légion d'honneur/très
faible (?) témoignage de vive et/sincère admiration/1867/signé/Georges Bizet
By-Thomery, Château de Rosa Bonheur
Anna Klumpke et la mémoire de Rosa Bonheur
Anna Klumpke (1856-1942) est une portraitiste née en Californie dans une famille de femmes
indépendantes et talentueuses. Elle étudie à Paris à l'académie Julian et adule Rosa Bonheur, dont elle propose de réaliser le portrait. Les
séances de pose rapprochent les deux femmes.
Rosa Bonheur voit en cette Californienne de trente-quatre ans sa cadette la personne idéale pour transmettre sa mémoire à la postérité.
En 1898, elle invite Anna Klumpke à s'installer auprès d'elle et en fait sa légataire universelle, au grand dam de la famille Bonheur. La jeune
peintre recueille ses souvenirs et les compile dans une biographie, parue en 1908, qui est encore le texte de référence sur l'artiste.
À la mort de Rosa Bonheur en 1899, Anna Klumpke photographie sur plaques de verre chacune des études présentes dans l'atelier afin de conserver la mémoire de ce grand œuvre, avant sa dispersion lors de la vente de 1900.
Elle préserve également le domaine de By qui conserve toujours des archives et des études
de l'artiste. Anna Klumpke est inhumée au cimetière du Père Lachaise, aux côtés de
Rosa Bonheur et Nathalie Micas.
Anna Klumpke (1856-1942)
Portrait de Rosa Bonheur
1898
Huile sur toile
New York, The Metropolitan Museum of Art
Don de l'artiste en mémoire
de Rosa Bonheur, 1922
L'ATELIER DES ANIMAUX
Dans les années 1850, la renommée de Rosa Bonheur s'accompagne d'un grand succès commercial. La vente des estampes lui permettent de faire l'acquisition du château de By à Thomery en lisière de la forêt de Fontainebleau. Rosa Bonheur échappe ainsi aux innombrables visiteurs qui l'assaillent à Paris grâce cette demeure isolée proche de la nature. Elle demande à l'architecte Jules Saulnier de lui ériger un grand atelier qu'il adjoint au bâtiment principal. Rosa Bonheur y emménage le 12 juin 1860 avec Nathalie Micas et sa mère, qui s'occupent de la gestion du domaine et du soin des animaux, libérant l'artiste des préoccupations matérielles.
Nathalie joue également un rôle important dans la préparation des toiles: elle reporte les calques et prépare les fonds; ingénieure,
elle met au point dans le parc un système de frein ferroviaire, breveté. Dans ce monde conçu comme le "Domaine de la Parfaite Amitié"
et «une véritable arche de Noé», Rosa Bonheur étudie au quotidien les animaux. Chiens,
chevaux, mais aussi moutons, fauves, cerfs et sangliers figurent parmi ses nombreux modèles amis et muses
Rosa et Isidore (1827-1901), Paul Chardin (1833-1918), et Nathalie Micas (1824-1889)
Projet de foulard
1861
Encre, gouache et crayon noir sur soie
Paris, musée d'Orsay
Œuvre à plusieurs mains, ce foulard livre une série de caricatures des habitants et des amis de By. On y voit Nathalie Micas accaparée par ses recherches scientifiques, Rosa Bonheur peignant au milieu de ses
animaux, Madame Micas préparant la soupe pour toute la maisonnée et Paul Chardin se battant avec un cerf. À « Tout By» répond malicieusement un "to be or not to be" lancé par Nathalie Micas déguisée en Hamlet. Le foulard était destiné au député Antoine Passy, comme l'indique le rébus encadrant la composition
Étude de cheval
bai cerise
n.d.
Huile sur toile
Fontainebleau, musée national
du Château de Fontainebleau,
dépôt du musée d'Orsay, Paris
Étude d'un cheval alezan
n.d.
Encre, aquarelle et graphite sur papier Paris, musée d'Orsay
Cheval blanc dans un pré
n.d.
Huile sur toile
Rouen, musée des Beaux-Arts
Études de cheval blanc
n.d.
Huile sur toile
Musée départemental des peintres de Barbizon. Département de Seine-et-Marne, en dépôt au Château de Rosa Bonheur
Étude de cheval blanc de dos
n.d.
Huile sur toile
Château de Rosa Bonheur,
By-Thomery,
dépôt du musée des peintres de Barbizon,
Département de Seine-et-Marne
Études de tête de bœuf et d'encolure
de bœuf brun
n.d.
Huile sur toile
Musée départemental des peintres de Barbizon. Département de Seine-et-Marne, en dépôt au Château de Rosa Bonheur
Études de tête et d'œil de bœuf
n.d.
Huile sur toile
Musée départemental des peintres de Barbizon. Département de Seine-et-Marne, en dépôt au Château de Rosa Bonheur
Étude de moutons noirs
n.d.
Huile sur toile
By-Thomery, Château de Rosa Bonheur
Étude de chèvres
n.d.
Huile sur toile
Musée départemental des peintres de Barbizon. Département de Seine-et-Marne, en dépôt au Château de Rosa Bonheur
Portrait de taureau,
esquisse
Vers 1857
Huile sur toile
Collection particulière
La Mare aux fées
à Fontainebleau
1860
Aquarelle sur papier
Paris, musée d'Orsay
L'Automne en forêt
n.d.
Aquarelle sur papier
Fontainebleau, musée national
du Château de Fontainebleau
Le Gros Chêne
n.d.
Aquarelle sur papier
Paris, musée d'Orsay
Paysage, étude d'arbre
n.d.
Huile sur carton marouflé sur toile
Fontainebleau, musée national
du Château de Fontainebleau,
dépôt du musée d'Orsay, Paris
Paysage boisé
[Fontainebleau?]
Vers 1855
Aquarelle sur papier
Clermont-Ferrand, musée d'art Roger-Quilliot
Un chemin de forêt à l'automne
n.d.
Aquarelle sur photographie
Musée départemental des peintres de Barbizon. Département de Seine-et-Marne, en dépôt au Château de Rosa Bonheur
Études de cerf
n.d.
Aquarelle, encre et crayon sur papier
Paris, musée d'Orsay
Le Chevreuil blessé
n.d.
Huile sur toile
Collection Larry Ellison
Études de renard
1890
Crayon graphite sur papier
Paris, musée d'Orsay
Étude de renard
n.d.
Huile sur toile
Collection particulière
Faon
n.d.
Aquarelle et crayon graphite sur papier
Collection Monsieur B.
L'ÉTUDE AU COEUR DE LA CRÉATION
À By, Rosa Bonheur peut étudier ses modèles quand elle le souhaite et accomplir de longues
promenades dans les champs et la forêt environnants afin d'y observer les animaux dans leur cadre naturel. Elle porte aussi une grande attention au rendu des arbres, des feuillages, et de la terre elle-même. Il n'est pas un jour sans qu'elle ne croque méticuleusement l'attitude de tel cerf, le regard de tel chien.
Elle dessine sans relâche, accumule les études de détails qu'elle juxtapose sur de grandes feuilles. Rosa Bonheur chérissait ses études,
au crayon, à l'huile ou à l'aquarelle. Elles constituaient son "vocabulaire" dans lequel elle a puisé toute sa vie pour créer de nouvelles
compositions. L'artiste avait baptisé son atelier "le sanctuaire". Lieu central de la maison de By, il revêt une dimension quasi sacrée.
C'est le lieu de la liberté absolue, le territoire suprême de l'artiste où, sous le regard des animaux naturalisés, s'élaborent patiemment
les grandes toiles parallèlement au travail d'après nature qui vise à capter l'étincelle de vie de chaque animal
Hure de sanglier
n.d.
Aquarelle sur papier
Marseille, musée Grobet-Labadié
Étude de cerf, vu de dos
n.d.
Aquarelle et graphite sur papier
Paris, musée d'Orsay
Études de bouc, un mouton,
un perroquet
n.d.
Crayon graphite sur papier
Paris, musée d'Orsay
Étude de chèvre
n.d.
Aquarelle sur papier
Paris, musée d'Orsay
Étude de chien
de berger
n.d.
Huile sur papier marouflé sur toile
Fontainebleau, musée national
du Château de Fontainebleau,
dépôt du musée d'Orsay, Paris
Études d'un couple
de chiens de chasse
et une tête de chien
n.d.
Crayon graphite sur papier
Paris, musée d'Orsay
L'Histoire de mon
chien, illustration
pour Gustave Nadaud
1880
Crayon graphite sur papier
Roubaix, La Piscine
musée d'art et d'industrie André Diligent
ANIMAUX EN MAJESTÉ
Sous l'œil de Rosa Bonheur, les animaux acquièrent un nouveau statut et deviennent les sujets de véritables portraits, en pied
et grandeur nature. L'artiste leur consacre des toiles importantes, en usant de cadrages atypiques. Des formats inhabituels, panoramiques, revèlent la vie secrète des cervidés de la forêt de Fontainebleau
où elle se rend chaque jour pour observer les animaux sauvages et la beauté des arbres.
L'attention de Rosa Bonheur est avant tout portée sur le regard, qui agit comme un lien entre les humains et les animaux. Pour l'artiste les animaux ont une âme, visible à travers leurs yeux. Néanmoins, elle laisse à ces êtres
leur irréductible étrangeté et leur altérité.
Par son art, elle tente de rendre la vérité de ce instant fugace où ces deux mondes se rejoignent.
Cerfs sur les Longs Rochers
1865
Huile sur toile
Sarasota, Florida State University,
a Florida Collection of the John
and Mable Ringling Museum of Art
Le cerf à grande ramure suivi de biches et de faons se déplace dans l'un des endroits favoris de Rosa Bonheur, dans la forêt de Fontainebleau, les « Longs Rochers », qui lui rappelait les paysages d'Écosse. La peintre travaillait à cette toile panoramique lorsque l'impératrice Eugénie lui rendit visite à By. Cette œuvre est assez proche dans sa composition d'un grand tableau de son ami le peintre animalier britannique Edwin Landseer.
Détail du tableau précédent
Le Roi de la forêt
1878
Huile sur toile
Collection Melinda Jeffery Hildebrand
Les Charbonniers
1880-1890
Fusain, craie blanche, et gommage sur papier gris-vert
Los Angeles Paul Getty Museum
Rosa Bonheur travaille longuement en forêt de Fontainebleau. Elle s'intéresse à une pratique alors fréquente qui s'y déroulait: les brûlis de bois faits par les charbonniers pour faire le charbon. Ils préparaient l'hiver le bois qu'ils carbonisaient au printemps, en travaillant sans relâche afin d'éviter l'incendie. Avec un usage subtil de l'estompe, du gommage et la mise en valeur du papier coloré, l'artiste suggère l'atmosphère mystérieuse du feu nocturne au moyen du fusain, matériau lui-même venu du bois carbonisé.
Cerfs au clair de lune
Fusain et rehauts de pastel papier
Collection particulière
Un cerf
Huile sur toile
Dublin, National Gallery Ireland
Lors de l'exposition Salon des Amis des Arts de Bordeaux 1869, Rosa Bonheur envoie ces cinq Têtes de chien. Elle demande expressément que les dessins restent Bordeaux: "Ces cinq études resteront comme Souvenir soit la soit la Société des Amis Arts. offre avec plaisir; c'est une satisfaction d'amour-propre d'artiste, désire ces études soient pas séparées."
Têtes de chien 1869
Fusain et pastel craie papier marron
Bordeaux, musée des Beaux-Arts
Barbaro après la chasse
Huile sur toile
Museum John pour P. Wilstach Collection, 1900
Ce grand portrait en pied de chien s'inscrit dans la tradition des portraits de chiens de chasse du roi en en prenant le contrepied. Barbaro n'est pas représenté ici en action mais au repos, entravé par une laisse. Il est dans la position de la proie acculée. Attaché trop court pour se coucher et pour atteindre son os, l'animal regarde l'humain qui est situé hors-champ et interroge les rapports de pouvoir interespèces.
Études de Barbaro
Huile sur toile
Château Fontainebleau, dépôt du musée d'Orsay,
Rosa Bonheur avait une affection particulière pour les chiens, quelles que soient leur race et leur taille, du yorkshire au chien de chasse. Elle a étudié le corps et la tête du limier-briquet sous différents angles avant de choisir le point de vue donnant de ces yeux de chien. un regard particulièrement expressif de l'animal qui révèle toute la complicité entre Rosa Bonheur son modèle canin.
LE RÊVE DE L'OUEST AMÉRICAIN
Très célèbre aux États-Unis en 1860, Rosa Bonheur y avait une image glorieuse qui mettait en avant son talent et sa liberté d'artiste femme. C'était également le pays d'Anna Klumpke, celui de la jeune Amérique qui émancipait les femmes par éducation plus progressiste que celle donnée dans la vieille Europe Malgré son envie profonde de se rendre aux États-Unis, Rosa Bonheur ne peut accomplir ce rêve. Elle fascinée par les grands espaces de l'Ouest, ses habitants autochtones, et surtout la faune spécifique à ces paysages: chevaux sauvages surtout les bisons. Lorsque William Cody alias Buffalo Bill, installe son Wild West Show à Neuilly, en 1889, Rosa Bonheur ne manque pas l'occasion d'aller à la rencontre des acteurs Sioux Lakotas de leurs familles. Elle craint la disparition de cette race infortunée face aux blancs usurpateurs, et avec eux celle des bisons, décimés par hommes dans les grandes plaines de l'Ouest.
L'Aigle blessé
Vers 1870 Huile sur toile
Los Angeles museum of Art,
Don de Jane et Justin Dart
Bien qu'entouré de volières, Rosa Bonheur a rarement peint et dessiné les oiseaux. Très rares sont aussi les représentations d'animaux blessés. Ainsi comment ne pas voir dans l'image atypique de cet aigle touché en plein vol une évocation symbolique de la guerre franco-prussiene et la chute de l'Empire? Nourrie par des réminiscences baroques et romantiques, l'œuvre fascine par la majesté de cette aile déployée dansun ciel d'azur.
Frères de cœur
À la fin de sa vie, Rosa Bonheur se passionna pour l'Ouest américain ses grandes plaines, ses animaux sauvages, mustangs, bisons et ses Indiens. Elle ne put rendre mais lors passage à Bordeaux de la troupe Buffalo Bill Wild West Show, elle pu passer quelques jours en compagnie d'Indiens.
L'Art perpétue la renommée: Rosa Bonheur peignant Buffalo Bill, Paris
Lithographie
Wyoming Cody, courtesy of the Buffalo Bill Center
Don de Tony Sapienza
Le portrait équestre de William Cody est diffusé pendant de nombreuses années, contribuant à la célébrité de Buffalo Bill et de son cirque .
L'affiche présentée témoigne de la renommée de Rosa Bonheur et de sa place cruciale parmi les illustres puisque c'est qui elle qui est à l'origine de l'effigie de Buffalo mis en avant comme le Napoléon des temps modernes.
Étude de Bisons
Vers 1889
Peau-Rouge cheval [Red Shirt?]
1889 Huile sur toile
Musée de Blérancourt,
Peau-Rouge assis [Rocky Bear?]
1889 Huile sur toile
Musée de Blérancourt,
Rocky Bear and Red Shirt
1890 Huile sur toile
Buffalo Center
leg partiel de Vernon R. Drwenski
Colonel William F. Cody
1889
Huile sur toile
the Bill Center Don en mémoire de William R. Coe et Mai Rogers Coe
Dans ce rare portrait d'humain peint par Rosa Bonheur, et qui est devenu le plus célèbre portrait de Buffalo Bill, on remarque que ce dernier est traité avec moins de précision que sa monture. Le cheval et en particulier son regard capte toute l'attention de l'artiste, dans un renversement du rapport traditionnel d'importance entre l'animal et le cavalier.
Détail du tableau précédent
Rocky Bear et Red Shirt
1890
Huile sur carton
Wyoming, Cody courtesy of the Buffalo Bill Center
Legs partiel Vernon Drwenski
Ce tableau est une sorte de contrepoint à la toile du Marché aux chevaux. A l'inverse de toute domination violente de l'homme sur l'animal mise avant dans la toile de 1853, Rosa Bonheur montre ici une cohabitation harmonieuse entre les espèces. Elle représente les Autochtones d'Amérique montant à cru leurs montures et n'exerçant aucune contrainte Alors qu'elle a dessiné ailleurs leurs costumes, elle imagine presque nus, faisant corps les chevaux, tels des centaures.
L'APPEL DU MONDE SAUVAGE
L'oeuvre de Rosa Bonheur est traditionnellement classée parmi celles des réalistes, à rebours des aspirations des artistes romantiques. Pourtant, les atmosphères brumeuses et propices au rêve forment l'arrière-plan de plusieurs compositions. Rosa Bonheur, en habile dessinatrice, joue du contraste entre le noir profond du fusain et le papier laissé en réserve. Animaux énigmatiques et fascinants, les loups en horde sauvage sont au cœur d'une ses rares lithographies originales. L'amour de Rosa Bonheur chevaux est imprégné de la vision laissée par Géricault, dont elle possédait de nombreuses estampes. En 1896, Rosa Bonheur s'inspire d'une gravure du Britannique Stubbs et met en scène Le Duel où s'affrontent deux étalons célèbres, Godolphin Arabian et Hobgoblin. Enfin, Chevaux en liberté, toile restée inachevée, offre un plan quasi cinématographique pour rendre le mouvement d'un troupeau de mustangs. On pourrait voir dans ce tableau un manifeste pictural, où plus encore que le rendu méticuleux des animaux, c'est la liberté de chevaux dans l'espace qui devient véritable sujet.
Chevaux sauvages fuyant l'incendie
Vers 1890 Huile sur toile
Musée départemental Barbizon, dépôt au Château Rosa Bonheur
Il s'agit d'un des derniers tableaux. Rosa Bonheur y représente l'énergie de chevaux qui galopent, sans entrave, sans selle, sans mors crinières au vent et surtout sans homme leurs côtés.
Les coups de pinceaux précis, nets et nerveux.
Troupeau de bisons
Vers 1889
Pastel et fusain sur papier
Barbizon. Département de Seine-et-Marne, en dépôt au Château Rosa Bonheur
Les Loups (fumé)
n.d. Lithographie sur papier
By-Thomery, Château Rosa Bonheur
Le Duel
1896
Fusain et rehauts craie blanche sur papier
Collection particulière
Cavalier dans les Highlands, dit aussi L'Orage menaçant
Fusain craie papier
Collection Chris et Marion Ball
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