vendredi 12 août 2022

La collection permanente du musée des beaux-arts de Rennes en août 2022


Escale à Rennes avant d'aller au fin fond du Finistère pour mon stage d'orchestre. J'en profite pour visiter ce beau musée, l'occasion également de découvrir  des chefs-d'œuvre du musée de Reims prêtés de manière exceptionnelle pour cause de rénovation de cette institution.

L'art est dans l'escalier

Les collections d'art moderne et contemporain sont également présentes dans les deux escaliers du Musée des beaux-arts. Au fonds du patio, se trouve la Structure mobile de Francis Pellerin, commandée pour la réouverture du musée en 1957, rare contribution de l'artiste à l'art cinétique. De part et d'autre, Carole Rivalin a recouvert les murs de lignes colorées tracées les unes après les autres à main levée au feutre Posca, jouant avec le vocabulaire des décors monumentaux et de l'art abstrait.

Dans l'escalier principal le grand panneau à dominante rouge de Jean Dewasne semble avoir été réalisé pour le lieu. Ses matériaux sont ceux de l'industrie automobile: peinture au pistolet et émail à froid donnent ce rendu brillant spécifique. Son abstraction décorative évoque les formes tubulaires de la machine et de l'architecture industrielle. Autre référence à cet univers machiniste, la sculpture en fer de Robert Jacobsen illustre parfaitement l'abstraction des années 1950, s'appuyant sur les formes primaires des cercles, triangles et rectangles imbriqués. Enfin Bernard Piffaretti offre un ultime regard sur les infinies possibilités de l'art abstrait. Dès 1970 il met en place un protocole, basé sur la répétition, qui le pousse à diviser sa toile en deux et à dupliquer méthodiquement une moitié sur l'autre. Il en découle un jeu des 7 erreurs ou le pur plaisir de voir émerger les composantes essentielles de la peinture: dessin, couleur, fond, forme, savoir-faire, hasard..

Bernard PIFFARETTI
(Saint-Étienne, 1955)
Sans titre, 2011
Acrylique sur toile

Jean DEWASNE
(Lille, 1921- Paris, 1999)
Europe Clash, 1975
Laque glycérophtalique sur aluminium

Robert JACOBSEN (Copenhague, 1912-Egtved, 1993)
Hommage à Léon Degand,  1958 Fer

Antoine COYSEVOX
(Lyon, 1640- Paris, 1720)
Le Triomphe de la France sur les mers
1692-1693
Bronze

Cette composition met en scène la France sous une forme allégorique. Elle est incarnée par une femme arborant les insignes du pouvoir royal (fleurs de lys). Sa présence triomphale sur les eaux rappelle la position maritime stratégique de la Bretagne pour la France.

Antoine COYSEVOX (Lyon, 1640-Paris, 1720)
La Bretagne offrant à Louis XIV le projet de sa statue équestre
1692-1693
Bronze

Ce tableau de bronze renferme deux scènes superposées situées dans la galerie des glaces de Versailles, résidence du roi. Au centre de la composition, l'allégorie de la Bretagne est représentée sous les traits d'une belle femme. Coiffée de la couronne ducale et vêtue d'une robe décorée d'hermines, symbole du duché de Bretagne, elle s'agenouille dans une attitude de soumission. Elle présente un parchemin déroulé montrant le monument équestre du rol. Son auteur, Coysevox, le désigne du doigt. Le rol, assis sur son trône, lève la main en signe d'approbation. Derrière la Bretagne, le duc de Chaulnes instigateur de l'entreprise, tourne vers le roi un visage souriant et pose la main sur le parchemin. Enfin, accroché ingénieusement à une arcade, un tableau représente le second mariage d'Anne de Bretagne avec Louis XII, cérémonie qui scella l'union de la Bretagne à la France.

Partant d'un croquis du peintre Charles Le Brun, Coysevox réalise une véritable recreation Dans une composition habile, il conjugue à la fois la présentation au rol du monument équestre, et Funkgration de la province de Bretagne au royaume de France. Ces deux eléments sont essentials au message politique sous-jacent et à l'image de Louis XII en province

Édouard-Charles Hulton (Saint-Sevran, 1858-Paramé, 1935)
Le Musée de Rennes
Vers 1900
Huile sur toile

En 1951, madame Hulton écrivait au musée : "Parmi les peintures de mon mari, j'ai un joli petit tableau, représentant un coin du musée. J'ai pensé que cet intérieur pouvait avoir un intérêt rétrospectif puisque le musée a été en partie détruit et que cette toile date des premières années de 1900." « Mon mari avait un petit talent d'amateur, mais il n'a jamais rien exposé. Il a copié avec infiniment de plaisir bien des tableaux du musée de Rennes. » Cette peinture est un précieux témoignage de l'aspect des salles du musée avant les importantes dégradations causées par la Seconde Guerre mondiale. Le coin du musée» représenté se situe au premier étage où était disposé, dans de grandes salles à éclairage zénithal, l'essentiel des peintures. Il est difficile de retrouver l'emplacement exact de cet espace, tant les volumes ont été modifiés depuis. Il ne reste aujourd'hui plus rien des verrières, des voussures des plafonds, des plaintes et des lambris de la partie basse.

Dans cet accrochage très dense, où se mêlaient peintures et sculptures disposées en symétrie selon les formats, l'on aperçoit à droite le Nouveau né alors attribué à Le Nain. Ce dernier est surmonte de Venus opportant ses armes à Enée de l'atelier d'Antoine Coypel et du Saint Ambraise de Mathias Stoner, Devant le tableau de La Tour se trouve Lo Musique d'Eugène Delaplanche, oeuvre en platre de la fin du XIXe siècle, aujourd'hui non localisée Dans la seconde salle qui s'ouvre par une grand arcade trone la Descente de croix de Le Brun

Marie MÉTEZEAU
(Paris, 1601-Paris, 1688)
Portrait de Virginia da Vezzo, 17e siècle Pierre noire et craie blanche sur papier

Lippo di BENIVIENI
Actif à Florence de 1296 à 1320
Saint Pierre, 1300-1315
Tempera sur bois

Lippo di Beniveni appartient à la même génération que Giotto, grand rénovateur de la peinture au tournant du XIV siècle. Mais il prend un parti différent de la monumentalité caractéristique de ce dernier, empruntant plutôt au peintre siennois Duccio le goût pour l'élégance des lignes sinueuses et s'attachant au rendu expressif des physionomies. Lippo anime ses silhouettes de plis souples qui masquent les corps des deux apôtres à l'expression préoccupée. Tournés légèrement de trois quarts dans leur fond doré, ils signalent la volonté de l'artiste d'insuffler une certaine spatialité à son oeuvre. Une observation plus attentive laisse entrevoir l'attention portée aux détails des cheveux et des barbes de Jean et Pierre ainsi qu'à l'anatomie de leurs mains. 

Lippo di BENIVIENI Actif à Florence de 1296 à 1320
Saint Jean l'Évangéliste, 1300-1315
Tempera sur bois

C'est aux legs du commandant Paul Lucas que le musée doit son fonds de peintures italiennes des XIV et XV siècles. La constitution de la collection demeure mystérieuse. Il est toutefois possible que cet officier du génie ait acquis des œuvres de la collection du cardinal Fesch, oncle de Napoléon 1 et grand amateur d'art, au cours des années 1840. Parmi les sept tableaux du legs Lucas figurent les deux panneaux représentant les apôtres, Jean l'Evangéliste muni de son livre et Pierre. Il s'agit de deux compartiments latéraux d'un retable à trois ou cing panneaux, dont les autres éléments n'ont pas encore été identifiés.

Marteen van HEEMSKERCK
(Heemskerck, 1498-Haarlem, 1574)
Saint Luc peignant la Vierge, vers 1545
Huile sur bois
Heemskerck est l'un des principaux peintres hollandais du XVIe siècle. Il est l'un des premiers à entreprendre un voyage en Italie en 1536, où il découvre la culture classique et les ruines et sculptures de l'Antiquité, mais aussi les œuvres puissantes et expressives de Michel-Ange.
Vers 1545, alors qu'il est doyen de la guilde des peintres de Haarlem, il réalise le célèbre tableau de
Rennes comme un manifeste de sa vision de l'art et du nouveau statut plus noble que l'on acquiert à la Renaissance.
Patron des artistes, saint Luc y réalise le portrait de Vierge.

ANONYME FLANDRE
XVIe siècle
Vierge à l'Enfant
Huile sur bois

Adriaen Thomasz KEY
(Anvers ?, vers 1544 - Anvers, 1590)
Portrait de femme Huile sur toile

Abraham BLOEMAERT
(attribué à) (Gorinchem, 1564 - Utrecht, 1651)
Sainte Madeleine
Huile sur bois
Abraham Blomaert fut formé à Utrecht avant de séjourner à Amsterdam entre 1591 et 1600 pour finalement se fixer à Utrecht. Il incarna l'expression hollandaise du courant maniériste européen.

ANONYME, atelier parisien
Bal à la cour des Valois
Vers 1580
Huile sur toile

Le Bal à la cour des Valois est aujourd'hui l'une des images les plus emblématiques de la Renaissance en France. Témoignage des fastes et divertissements de la cour sous le règne des derniers Valois, l'œuvre a intéressé certainement par son aspect documentaire le féru d'histoire qu'était Christophe Paul de Robien (1698-1756). Il s'agissait d'ailleurs de l'une des plus grandes peintures du célèbre cabinet de curiosités, réunies à Rennes au XVIIIe siècle par le premier président à mortier du Parlement de Bretagne.
Le tableau, dont l'auteur demeure toujours anonyme, est le plus bel exemplaire d'un groupe d'œuvres similaires produites en série et montrant, avec des variations, des scènes de bal au temps d'Henri III  et de Charles IX. 

ANONYME, Flandres
XVIe siècle
Suzanne et les vieillards
Huile sur bois

VÉRONÈSE (Veronese)
Paolo CALIARI, dit (Vérone, 1528-Venise, 1588)
Persée délivrant Andromède, vers 1580
Huile sur toile
Réalisé aux alentours de 1580, ce tableau emprunte son sujet aux Métamorphoses d'Ovide (Livre IV, 669-751). Il représente le sauvetage d'Andromède, fille du roi Céphée, dont l'épouse Cassiopée avait eu l'audace de comparer sa beauté à celle des Néréides. Poseidon, outré par l'affront fait aux femmes de son cortège, envoie le monstre marin Cétus ravager les côtes d'Éthiopie. Donnée en sacrifice afin d'apaiser la colère divine, Andromède est délivrée de ses chaines par Persée, qui fend ici le ciel dans une posture audacieuse.
La destination première de cette peinture n'est pas connue. Elle apparaît pour la première fois au château de Vaux-le-Vicomte parmi les chefs-d'œuvre réunis par le Surintendant des finances de Louis XIV, Nicolas Fouquet. À la suite du séquestre des biens de ce dernier, le tableau intègre les collections royales en 1665 et sera par la suite exposé au palais de Versailles puis du Louvre. Saisie à la Révolution, l'œuvre est envoyée à Rennes en 1801 où il figure aujourd'hui parmi les fleurons de la collection.
Restauré à plusieurs reprises (1793, 1963, 1988). le tableau retrouve sa place au musée après une quatrième et très importante campagne de restauration. Ayant retrouvé sa luminosité Initiale, l'œuvre frappe par sa vivacité chromatique et la virtuosité de son exécution. Ces éléments lèvent quelques doutes quant à une possible collaboration de l'atelier du peintre. Persée et Andromède a retrouvé une place centrale dans l'œuvre de Véronèse dont il est une des plus belles peintures mythologiques.

Leandro BASSANO
(Bassano, 1557- Venise, 1622)
Pénélope défaisant son ouvrage
Huile sur toile
Cette étonnante représentation d'une lissière occupée à faire une tapisserie est l'une des œuvres les plus singulières de Leandro Bassano, fils du célèbre peintre vénitien Jacopo Bassano. La jeune femme, malgré son habit et sa coiffure contemporains de l'artiste, a été identifiée comme étant Pénélope. L'épouse d'Ulysse, le héros grec du roman d'Homère L'Odyssée, est restée fidèle à son mari pendant vingt années d'absence, partagé entre la guerre de Troie et son retour difficile à Ithaque. Pour faire attendre les nombreux prétendants qui veulent se marier avec elle, Pénélope leur promet de prendre une décision lorsqu'elle aura terminé sa tapisserie. Afin que cette dernière ne s'achève jamais, elle défait toutes les nuits le travail accompli pendant la journée.
La scène est plongée dans l'intimité de la nuit, seulement éclairée par la lueur d'une lampe à huile. Les yeux presque clos de Pénélope ainsi que la délicatesse du geste de sa main évoquent le silence d'une méditation nocturne et solitaire. L'essentiel de la composition est structuré par la forme imposante et géométrique du métier à tisser, accentuant l'effet poétique et onirique de cette image.

ANONYME, atelier parisien
La Femme entre les deux âges
Vers 1580-1590
Huile sur toile
Ce tableau est le plus bel exemplaire d'une composition dont il existe une multitude de versions peintes. Ces dernières mettent en scène les mêmes personnages vêtus comme au Moyen-Âge. Ici, les figures portent des vêtements plus modernes qui peuvent être datés de la fin du XVIe siècle. Le vieillard à droite, dont la tenue est marquée par une braguette disproportionnée, est Pantalone, un personnage de la comédie italienne. Le vieux marchand lubrique est repoussé par la belle jeune fille qui lui préfère l'homme dont elle pince le petit doigt pour lui signifier son amour.
Ce type de compositions marque le développement des sujets populaires (scènes de genre) dans la peinture française à partir de la seconde moitié du XVIe siècle.

ANONYME
XVIe siècle
La Femme entre les deux âges
Huile sur bois

PRÊT EXCEPTIONNEL DE REIMS
Peintre anonyme actif en France vers 1630
Portrait présumé de Marie d'Orléans Huile sur bois
Le visage de cette jeune fille souriante est considéré, depuis 1881, comme un portrait de Marie d'Orléans (1625-1707), fille d'Henri ll d'Orléans et duchesse de Nemours par son mariage avec Henri II de Savoie Nemours. Cette identification, aujourd'hui remise en cause, s'est fondée sur la comparaison avec un portrait similaire conservé au château de Versailles. Or, ce genre de petit portrait, très fréquent durant la première moitié du XVIIe siècle, est plus probablement l'incarnation d'un idéal de beauté. Le groupe de tableaux dont fait partie cette œuvre présente des points communs : une réalisation sur des panneaux de bois de la même taille, des visages stéréotypés, une attention particulière portée aux habits, accessoires de mode et coiffures. Souvent ces tableaux étaient accrochés par groupe dans des intérieurs où ils incarnaient des beautés types. Il s'agit probablement d'une production de séries décoratives destinées au commerce. Du XVIII" au XXX siècle, ces tableaux ont été interprétés comme des portraits et rapprochés des femmes les plus célèbres de l'époque de
 Louis XIII

Georges de LA TOUR (Vic-sur-Seille, 1593-Lunéville, 1652)
Le Nouveau-né Vers 1646-1648
Huile sur toile
Le Nouveau-né de Georges de La Tour est l'une des œuvres les plus populaires de la peinture française du XVIIe siècle et certainement le tableau le plus célèbre conservé dans les musées de Bretagne. Cette notoriété, qui est le privilège d'un nombre restreint de chefs-d'oeuvre, fait souvent oublier qu'il y a à peine un siècle, Le Nouveau-né était exposé avec une attribution erronée aux frères Le Nain, que son véritable auteur n'était connu de personne et qu'enfin son sujet était mal compris. Il a fallu le travail de plusieurs générations d'historiens de l'art et le croisement de recherches successives pour éclaircir une partie des interrogations suscitées par celui-ci. Cette enquête, qui s'inscrit au commencement de la redécouverte de La Tour, n'a pas encore élucidé toutes les questions. La provenance ancienne du tableau est inconnue. Il apparaît à Rennes au moment de sa saisie à la Révolution au bénéfice du musée. L'identité de l'auteur du tableau n'est retrouvée qu'en 1915 par l'historien de l'art allemand Hermann Voss. Plus tard, la comparaison avec d'autres œuvres de La Tour permet de montrer qu'il ne s'agit pas ici d'une simple scène de maternité, mais bien d'un sujet religieux mettant en scène la Vierge, sa mère sainte Anne et l'Enfant Jésus. Dans sa conception, cette peinture reprend les principes esthétiques mis en place par Caravage à Rome : des modèles populaires, un éclairage nocturne, un fond neutre. La simplicité de la représentation contribue pleinement à en accentuer l'aspect méditatif et silencieux. Le peintre met ici l'accent sur un élément universel: le miracle de la naissance d'un enfant.

Gerrit van HONTHORST (Utrecht, 1590- Utrecht, 1656)
Le Reniement de saint Pierre, vers 1618-1620
Huile sur toile
Formé à Utrecht par Abraham Bloemaert, Honthorst arrive à Rome vers 1610. Sensible à l'art innovant de Caravage dont il reprend les thèmes et les types, le peintre en offre une interprétation personnelle marquée par des effets d'éclairage à la bougie, d'où son surnom Gherardo delle Notti (Gérard des nuits). L'artiste quitte la Ville Éternelle en 1620 et s'établit dans sa ville natale d'Utrecht. il y prend la tête d'une école caravagesque que développeront plus tard certains de ses élèves tels que Mathias Stomer.
Daté de la fin de la période romaine d'Honthorst, cet épisode biblique où l'apôtre Pierre renie le Christ est un sujet particulièrement populaire chez les émules de Caravage. La composition en trise met en scène des figures à mi-corps, dont la gestuelle calme et les expressions sont exaltées par un savant éclairage à la chandelle.

Luca GIORDANO (Naples, 1634-Naples, 1705)
Le Martyre de saint Laurent, vers 1660
Huile sur toile
Luca Giordano, également nommé « Fa presto » en raison de son exceptionnelle capacité de travail, s'est formé auprès de Ribera. C'est probablement vers 1660, dans ses années de jeunesse profondément marquées par l'influence de son maître, que le peintre réalise cette œuvre. On y retrouve le réalisme expressif caravagesque qui marque toute l'école napolitaine.
Provenant d'une saisie napoléonienne opérée en Italie, le tableau représente saint Laurent au moment de son martyre. Lors de la persécution en 258, refusant d'abjurer sa foi et de livrer les trésors de l'Église, le diacre romain fut soumis au supplice du gril de fer. Giordano traduit cet épisode de l'histoire sacrée en plongeant la scène dans une atmosphère ténébreuse. La composition aux tons bruns et roux très contrastés, fait éprouver concrètement au spectateur la réalité tactile des corps. Le clair-obscur crée une véritable intensité dramatique, traduisant à la fois l'atrocité de la torture et la libération de l'âme de saint Laurent par le Ciel

Matthias STOMER 
Representation de saints vers 1633
Huile sur toile
Aux XV et XVIII siècles, les pertraits. posthumes de grandes figures de Eglise servirent d'exemples de piété et de modèle dans les couvents. Il en était de même pour les suites représentant les douzes apotres.
Les artistes, et plus particulièrement, les émules de Caravage se souvent servis de ces commandes pour deployer leur talent.

José de RIBERA
(Jàtiva, 1591-Naples, 1652)
Christ bénissant, vers 1607-1609
Huile sur toile
Ce Christ bénissant de Ribera, redécouvert il y a quelques années dans l'église de Nivillac (Morbi han) fait partie de la même série que les apôtres Jude et Matthieu également présentés dans cette salle.

Hendrick TER BRUGGHEN
(?,1588-Utrecht, 1629)
Le Christ aux Outrages, 1680
Huile sur toile

José de RIBERA (Xàtiva, 1591-Naples, 1652)
Saint Matthieu, vers 1607
Huile sur toile
Saint Jude Thaddée et Saint Matthieu, tous deux récemment entrés dans les collections du musée, font partie des toutes premières œuvres exécutées par Ribera à Rome, vers 1607-1608. Le peintre est alors âgé de seize ou dix-sept ans. Les personnages sont saisis sur le vif. Ces figures d'apôtres sont des éléments d'une série qu'on appelle un apostolado. Ce nom semble trahir l'origine espagnole de ce type de représentations du collège apostolique, en douze tableaux distincts (treize avec le Christ). Le Christ bénissant de cette suite, retrouvé dans l'église de Nivihac (Morbihan) est également déposé au musée de Rennes.

José de RIBERA
(Xàtiva, 1591-Naples, 1652)
Saint Jude Thaddée, vers 1607
Huile sur toile
Figure majeure du Siècle d'Or espagnol, Jusepe de Ribera est un artiste emblématique de l'influence du caravagisme sur les peintres de passage dans la péninsule italienne. Après une première formation, l'artiste se rend très jeune à Rome, vers 1606 et adhère à la nouvelle peinture naturaliste promue par Caravage. Son âge-il a alors quinze ans - lui vaut son surnom de Spagnoletto (l'Espagnolet ou le petit Espagnol).
Ce tableau est fait partie de la même série que le Saint Matthieu, offerte au musée par Michel Laclotte en 2015.

ANONYME ITALIEN
XVIIe siècle
La Mort d'Abel
Huile sur toile

Gian Francesco BARBIERI dit
LE GUERCHIN (Cento, 1591-Cento, 1666)

Jésus pleuré par la vierge
Huile sur toile

Salomé recevant la tête de saint Jean-Baptiste, 1637
Huile sur toile

Attiré dès le début de sa carrière par un naturalisme populaire et une manière de peindre spontanée, le Guerchin affirme son style suite à son passage à Bologne et à sa rencontre avec Ludovic, Augustin et Annibal Carrache. Ses oeuvres aux couleurs chaudes et à l'atmosphère lyrique et sentimentale connaissent un succès considérable, autant dans le domaine du tableau de chevalet que dans celui des grands retables d'église. Son activité se partage en grande partie entre Rome et Bologne.
Inspiré de la Bible, cette composition montre la jeune Salomé qui se voit remettre la tête de saint Jean-Baptiste qu'elle avait exigée suite à une danse très sensuelle exécutée pour son beau père Herode. La tête de la victime aux yeux clos et à l'expression paisible occupe le centre de la toile L'artiste oppose l'élégance recherchée de la jeune femme, représentée de profil, au corps dénude et plus brutal du bourreau. La facture moelleuse et veloutée du tableau est une des marques de fatirique du Guercin.

Jacob JORDAENS
(Anvers, 1593-1678)
Connais-toi toi-même, La jeunesse entre le vice et la vertu, 1650
Huile sur toile

Joachim von SANDRART (Francfort-sur-le-Main, 1606-Nuremberg, 1688)
Sainte Famille avec saint Jean-Baptiste et sainte Élisabeth, après 1630
Huile sur toile
Ce tableau est un rare témoignage de l'activité picturale de Sandrart, connu avant tout pour sa Deutsche Akademie, recueil de vies d'artistes à la manière de Giorgio Vasari qui constitue une source historiographique importante sur l'art nordique des XVI et XVII" siècles. Originaire de Francfort, l'artiste passe par Prague avant de fréquenter dès 1625 l'atelier de Honthorst à Utrecht où il a notamment l'occasion de rencontrer Rubens. Il voyage ensuite en Italie où il visite les plus grands centres artistiques, se liant notamment à Rome avec Le Bernin, Le Dominiquin ou Nicolas Poussin. Fort de ce syncrétisme culturel, il vivra successivement à Francfort et Amsterdam avant de se rendre en Bavière où il travaillera comme peintre pour le prince-électeur.
Le sujet évoque la famille élargie du Christ: à ses parents Marie et Joseph se joignent Elisabeth, cousine âgée de la Vierge, et son fils Jean le Baptiste, Ecce Agnus Dei dit le phylactère posé à ses pieds, ce qu'illustre le garçonnet vêtu de sa peau de chameau en tendant l'Agneau de Dieu au petit Enfant Jesus, qui consent ainsi au sacrifice permettant le rachat du péché originel.

Pieter BOEL
(Anvers, 1622 Paris, 1674)
Porcs-épics
 Huile sur toile

Pierre Paul RUBENS
(Siegen, 1577 - Anvers, 1640)
La Chasse au tigre, vers 1616
Huile sur toile
La Chasse au tigre formait à l'origine un élément d'un cycle de quatre chasses exotiques réalisées par Rubens vers 1616. Cette suite, où les autres toiles mettaient en scène des lions, des hippopotames et des sangliers, était destinée à orner le pavillon de chasse de l'électeur Maximilien de Bavière près de Munich.
Lorsque le peintre reçoit cette commande, il revient depuis peu d'un long séjour effectué en Italie. Il reprend pour sa composition de la chasse au tigre les grandes lignes d'une œuvre détruite de Léonard de Vinci représentant la bataille d'Anghiari dont il avait vu des copies lors de son passage à Florence 

Pieter BOEL
(Anvers, 1622 - Paris, 1674)
Lynx et loup
Huile sur toile
Pieter BOEL
(Anvers, 1622 - Paris, 1674)
Marmotte et trois cigognes
Huile sur toile

Nicolas LABBÉ, attribué à (Clerval, 1608 - Lyon, 1647)
Sainte Catherine
Huile sur toile

Longtemps attribué à Claude Vignon, ce tableau a été attribué ensuite au peintre italien Pietro Novelli et ensuite à un collaborateur du peintre Lorrain Charles Mellin, Nicolas Labbé qui est mentionné à Rome à la fin des années 1630.

Sainte Catherine est représentée ici avec l'instrument de son martyre, la roue. Elle est la patronne de nombreux corps de métiers dont en particulier ceux qui utilisent des mécaniques comportant des roues.

Antoon van DYCK
(Anvers, 1599-Londres, 1641), inspiré de Sainte Agathe
Huile sur toile

Ce tableau faisait probablement pendant à celui montrant une Sainte tenant une lance. L'auteur de l'œuvre, demeuré anonyme, s'est probablement inspiré pour le type physique de la figure d'une oeuvre d'Antoon van Dyck, célèbre peintre flamand et élève de Rubens.
Né vers 231 dans une famille noble de Catane, Agathe avait consacré sa virginité à Dieu. Quintien, le proconsul de Sicile convoitait la jeune fille à la fois pour sa beauté et sa fortune. Repoussé par Agathe qui refuse de renier sa foi, Quintien la fait emprisonner et torturer en lui coupant notamment les seins à l'aide d'une tenaille. L'artiste a évoqué cette effroyable épreuve par une légère entaille sur la poitrine du personnage

ANONYME, Italie ou France (?), XVII siècle
Sainte tenant une lance
Huile sur toile
Ce tableau provient, ainsi qu'une sainte Agathe
de même format, des saisies révolutionnaires opérées au couvent du Calvaire à Rennes. Cette institution religieuse était située à l'emplacement de la place à laquelle elle a donné son nom (place du Calvaire). La sainte représentée n'a pu être encore identifiée tout comme le nom du peintre qui a réalisé le tableau. Ce dernier a souvent été considéré comme italien mais il pourrait également s'agir d'une oeuvre exécutée par un artiste français d'après un modèle inspiré de la peinture italienne.

Giovanni Domenico CERRINI
(Pérouse, 1609 - Rome, 1681)
Une femme jouant de la flûte, la muse Euterpe (?) Huile sur toile

Luca GIORDANO
(Naples, 1634 - Naples, 1705)
La Présentation au Temple
Huile sur toile

Pietro Berrettini, dit Pierre de Cortone
(Cortone, 1596-Rome, 1669)
La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Martine, vers 1643
Huile sur toile
Pierre de Cortone est l'un des plus grands représentants de la peinture dite "baroque" à Rome au XVIIe siècle.
Empreinte d'émotion, cette composition présente sainte Martine en pleine rencontre mystique avec la Vierge et l'Enfant Jésus. L'échange intense de regards entre les trois personnages implique le spectateur Pierre de Cortone crée une force d'expression, de majesté et de puissance, par un savant dynamisme des postures et des drapés tout en conservant une grande douceur familiale dans son tableau.

Girolamo SCAGLIA
(Lucques, vers 1620 - Lucques, 1686)
Madeleine repentante
Huile sur toile

Philippe de CHAMPAIGNE (Bruxelles, 1602-Paris, 1674)
La Madeleine pénitente
Vers 1657
Huile sur toile
D'origine flamande, Champaigne s'installe à Paris vers 1620 et participe au chantier du palais du Luxembourg. Protégé par Louis XIII, Richelieu et Anne d'Autriche, il déploie une importante activité au service des églises dans les années 1630-1650. Ses décors les plus célèbres, ceux des Carmélites de la rue Saint-Jacques, de Port-Royal ou de la Chartreuse de Paris, se trouvent désormais dans divers musées. La poignante Madeleine pénitente de Rennes, l'un de ses chefs-d'œuvre, a été réalisée par l'artiste à l'occasion de la prise de voile de sa fille, soeur Catherine de sainte Suzanne au couvent de Port-Royal de Paris. L'oeuvre a été offerte par Champaigne avec un Saint Jean-Baptiste dans le désert qui lui faisait pendant et qui se trouve actuellement au musée de Grenoble.

Détail du tableau précédent 

Quentin VARIN (Beauvais, vers 1570/1575-Paris, 1626)
Les Noces de Cana Vers 1618-1620 Huile sur toile
Au sein de la riche collection de peinture française du XVIIe du musée de Rennes, Les Noces de Cana de Quentin Varin occupent une place à part. Exécuté vers 1618-1620 pour le maître-autel de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais à Paris, l'œuvre est non seulement l'un des chefs-d'œuvre du peintre, mais aussi le tableau du premier maître-autel «moderne» d'une église parisienne. En effet, Saint-Gervais est l'une des premières églises paroissiales de la capitale à se doter d'une structure monumentale en pierre et marbre recensant peintures et sculptures pour marquer l'axe eucharistique de l'autel principal. Placé juste au-dessus du tabernacle, le tableau évoque de fait un sujet préfigurant l'Eucharistie. Aux Noces de Cana, relatées dans l'Evangile selon saint Jean, le Christ transforme l'eau en vin à la demande de sa mère. La composition, d'une grande clarté de lecture, met en avant les deux personnages saints ainsi que le vin et le pain disposés au premier plan Les convives sont disposés autour d'une table que creuse l'espace sous une grande architecture en perspective faisant echo à la nef Quittant les exces du maniérisme finissant, Varin, premier maitre de Nicolas Poussin, met en place ici les premières pierres d'une peinture française.

Noël COYPEL (Paris, 1628-Paris, 1707)
La Visitation
1663
Huile sur toile (ovale)
La Visitation et son pendant L'Adoration des bergers, deux épisodes relatifs à l'enfance du Christ, ont été réalisés à l'origine pour orner la chapelle de l'hôpital des Incurables à Paris (ancien hôpital Laennec).

Noël COYPEL (Paris, 1628-Paris, 1707) Loth et ses Filles Vers 1704 
Huile sur toile
Cette œuvre très soignée et séduisante a été présentée par Coypel au Salon de 1704. L'artiste l'a probablement achevée peu de temps auparavant. Le sujet illustre un épisode incestueux de l'Ancien Testament lorsque les filles de Loth, voyant leur mère transformée en statue de sel après l'incendie de Sodome et Gomorrhe, décident de procréer une descendance avec leur père qu'elles enivrent à cet effet.

Louis I ELLE le Père, dit Ferdinand le Vieux (Paris, 1612- Paris, 1689)
Portrait d'une femme inconnue autre fois identifié comme la marquise de La Vallière
Huile sur toile

PRÊT EXCEPTIONNEL DE REIMS
Charles LE BRUN
(Paris, 1619-Paris, 1690)
Portrait funéraire d'Henriette Sélincart,
1680
Huile sur marbre ovale bombé
Cette œuvre atypique par son support et son encadrement ornait autrefois le monument funéraire d'Henriette Sélincart à l'église Saint Germain-l'Auxerrois à Paris. Née à Nancy en 1644, morte à Paris en 1680, Henriette épouse Israël Silvestre (dessinateur et graveur lorrain, conseiller du roi en son Académie royale de peinture et de sculpture). Les époux s'étaient mariés dans la même église où elle sera enterrée le 10 septembre 1662. Henriette était modèle et amie de Charles Le Brun. Le tableau a été saisi à la Révolution mais restitué à la famille Silvestre en 1839. Il sera offert par elle au musée de Reims en 1980.

ANONYME, France (XVIIe)
Portrait d'un jeune artiste
1647
Huile sur toile
Cet étonnant portrait d'artiste garde encore aujourd'hui tout son mystère. Malgré sa qualité et son originalité, l'auteur du tableau n'a pu encore être identifié. Certains historiens l'ont rapproché de l'œuvre de Charles Le Brun et y ont vu une de ses réalisations de jeunesse.

PRÊT EXCEPTIONNEL DE REIMS
Philippe de CHAMPAIGNE (Bruxelles, 1602-Paris, 1674)
Les Enfants Habert de Montmor, 1649
Huile sur toile
Ce chef-d'œuvre de Philippe de Champaigne est l'un des plus beaux portraits collectifs d'enfants exécuté au XVII° siècle. Dans une composition en frise, le peintre représente les sept enfants de l'érudit et homme de lettres d'Henri Louis Habert de Montmor (1600-1679) et d'Henriette de Buade de Fontenac. En 1648, alors que les troubles de la première fronde éclatent à Paris, la famille Montmor quitte la capitale pour son château situé dans la vallée de la Chevreuse, tout près de l'abbaye de Port-Royal des-Champs. C'est à cette occasion que Philippe de Champaigne, alors présent au monastère, reçoit la commande de ce tableau auquel il travaille au début de l'été 1649. L'artiste réalise ici une oeuvre très originale et sensible. Il y transcrit la personnalité de chaque enfant, chose rare au XVII siècle.
Sur un muret à gauche, it place une série d'inscriptions gravées qui donne les âges et les prénoms des modèles. L'aine adopte déjà une posture de chef de famille, tandis que le petit dernier arbore un visage plus facétieux. La seule fille de cette fratrie a pour attributs des fleurs de sel.
Michel DORIGNY (Saint-Quentin, 1616-Paris, 1665)

Suzanne et les vieillards

Vers 1630-1640 Huile sur toile

Natif de Saint-Quentin, Michel Dorigny s'installe à Paris où il fait un passage dans l'atelier de Georges Lallemant avant de devenir, en 1638, l'un des proches collaborateurs de Simon Vouet. Auprès de ce dernier l'artiste occupe rapidement une place privilégiée. C'est à lui que revient le quasi-monopole de la diffusion des estampes d'après son maître. Cette proximité professionnelle se renforce par son mariage avec l'une des filles du Premier peintre de Louis XIII en 1648. Longtemps la plupart des œuvres de Dorigny ont été attribués à Vouet à cause de la proximité artistique entre les deux peintres. Ce fut le cas de la Suzanne et les vieillards récemment déposé par le musée du Louvre à Rennes. À l'aube du règne personnel de Louis XIV, la manière de Dorigny se compose d'un curieux mélange entre une grâce sensuelle héritée de son beau-père et d'une certaine raideur antique qui tente probablement de répondre au goût classique en vogue sous la régence d'Anne d'Autriche. Ici le personnage de Suzanne conserve la sinuosité souple des personnages de Vouet tout en s'imposant par une corpulence plus épaisse. Les draperies se distinguent également de celles de Vouet par des plis plus serrés et une texture plus élastique. Le sujet est tiré de l'Ancien Testament: la chaste Suzanne est épiée dans son bain par deux vieillards lubriques dont elle repousse les avances. Ces derniers l'accusent alors d'adultère pour se venger. Le jeune prophète Daniel va pouvoir l'innocenter et les deux hommes finiront lapidés.

Philippe de CHAMPAIGNE (Bruxelles, 1602-Paris, 1674)
Le Christ au jardin des Oliviers Huile sur toile
Cette œuvre, dont il existe deux autres exemplaires de moindre qualité, est l'un des épisodes de la Passion du Christ. Après son dernier repas avec les apôtres (la Cène), le Christ se retire pour prier sur le mont des Oliviers. Pendant la nuit, des anges lui apparaissent et lui présentent le calice en signe de l'acceptation de son destin et de son sacrifice. Il est arrêté par la suite et crucifié. Champaigne met ici l'accent sur les émotions et le sentiment de piété qui se dégage de l'expression du Sauveur.

PRÊT EXCEPTIONNEL DE REIMS
Louis LE NAIN
(Laon, 1593-Paris, 1649)
Vénus dans la forge de Vulcain, 1641 Huile sur toile
L'oeuvre présente la déesse de la beauté et de l'amour Vénus qui se rend dans la forge de son époux, le dieu Vulcain. La jeune femme, accompagnée de son fils Cupidon, vient demander des armes pour son fils illegitime Enée.
Ce chef-d'oeuvre des frères Le Nain, l'un des rares à être signé et daté, met en scène un épisode de la mythologie transposé dans le contexte réaliste d'une forge du XVII siècle. Il est l'un des plus importants tableaux conservés au musée des Beaux-Arts de Reims
Les figures y sont dépeintes avec une approche réaliste qui souligne leur humanité et leur caractère. Dans les diverses tentatives de répartir les tableaux des Le Nain entres les trois frères Matthieu, Antoine et Louis, c'est à ce dernier qu'a le plus souvent été attribué ce tableau.

PRÊT EXCEPTIONNEL DE REIMS
Simon VOUET (Paris, 1590-Paris, 1649)
L'Assomption de la Vierge, 1644 Huile sur toile
En 1642, le cardinal de Richelieu lègue à la couronne son palais construit en face du Louvre. Un an plus tard, suite à la disparition du roi Louis XIII, la reine Anne d'Autriche, désormais régente, quitte le Louvre pour prendre possession des lieux qui seraient désormais appelés Palais-Royal. La mère du jeune Louis XIV y entreprend d'importants travaux entre 1644 et 1646. Elle y fait aménager à son usage de nouveaux appartements dont l'une des dernières pièces, l'oratoire (petite chapelle privée) força l'admiration des contemporains par la richesse et la qualité de sa décoration. Dans un cadre de verre blanc et de cristal, enchâssés dans des montures en argent, se présentaient une dizaine de tableaux illustrant la vie de la Vierge peints par les meilleurs peintres du moment: Bourdon, Corneille, Poerson, La Hyre, Stella, Champaigne, Dorigny et Vouet.
L'Assomption de la Vierge était destinée à l'autel de la chapelle: il s'agit du tableau central du décor L'artiste, alors au sommet de sa carrière, y crée une scène aux couleurs chatoyantes. L'oeuvre étant destinée à être vue de prés, le peintre s'applique à la realiser avec une exécution très fine et minutieuse, s'agit là d'un des plus beaux tableaux de la dernière période de l'activité de cet artiste. Par ses couleurs claires et le rythme lyrique de ses compositions Simon Vouet joue un role fondamental dans la peinture française des années 1630-1640

PRÊT EXCEPTIONNEL DE REIMS
Jacques BLANCHARD
(Paris, 1600-Paris, 1638)
La Mort de Cléopâtre
Huile sur toile

Après une série de péripéties, en août 30 avant J. C., Octave, le futur empereur de Rome Auguste, débarque à Alexandrie. Une fausse rumeur ayant annoncé le suicide de Cléopâtre, Marc-Antoine se transperce de son épée pour se donner la mort. La reine récupère le corps mourant de son amant et, peu de temps après, se suicide en se faisant mordre au sein par un aspic.
La scène avec le serpent est la plus fréquemment représentée mais Blanchard fait un choix original pour cette œuvre et décide de peindre l'instant qui suit. La reine d'Égypte rend ici son dernier soupir entourée de ses servantes tandis qu'un des soldats d'Octave entre dans la pièce pour l'arrêter. Le cadre est égalment étonnant: les figures monumentales sont délibérément coupées. Le cadrage resserré et le fond noir soulignent l'atmosphère confinée de la pièce
Formé à Lyon par Horace Le Blanc, Jacques Blanchard (1600-1638) s'installe à Paris après un séjour en Italie. Marqué par la lumière et la couleur des peintres vénitiens, il sera surnommé le Titien français.

PRÊT EXCEPTIONNEL DE REIMS
Nicolas MOILLON
(Rocroy, 1555-Paris, 1619)
Portrait d'Eustache de La Salle, 1613 Huile sur toile
L'oeuvre représente Eustache de La Salle, lieutenant des Habitants de Reims de 1607 jusqu'en 1609. II
était âgé d'environ 58 ans lors du portrait. Nicolas Moillon est un peintre dont la vie et l'œuvre demeurent peu connues. De sa production, seuls quelques tableaux nous sont parvenus dont ce très rare portrait. L'oeuvre a l'avantage très exceptionnel d'avoir conservé son impressionnant cadre d'origine. Celui-ci est orné de serpents ainsi que des armes du modèle.
Deux des enfants de l'artiste seront également peintres Isaac et surtout Louise Maillon, spécialisée dans les natures mortes, qui est l'une des femmes artistes les plus célèbres du XVIe siècle en France.

Jacques de LÉTIN
(Troyes, 1597-Troyes, 1661)
La Musique, vers 1630-1640
Huile sur toile

L'allégorie de la Musique fait pendant à celle de la Géométrie. Les visages ovales, les doigts en pointe, l'élégance un peu affectée des poses de ces figures sont autant d'éléments qui témoignent d'une bonne connaissance par Jacques de Létin des grandes oeuvres de Simon Vouet réalisées dans les années 1630. Malgré l'influence de ce dernier, la singularité de Létin s'affirme ici par une approche plus naturaliste et expressive rehaussées de tonalités sourdes. Ce goût particulier pour le réel le rapproche des oeuvres religieuses d'artistes tels que Matthieu Le Nain. Il montre également un goût pour les vues en contre-plongée employées de façon quasi systématique dans ses compositions. L'un des axes développés par le musée des Beaux-Arts de Rennes dans sa politique d'enrichissement de la peinture française du 17 siècle est la diversification des artistes entre ceux actifs à Paris et ceux qui exerçaient en province. L'acquisition des deux muses de Jacques de Létin, artiste troyen, s'inscrit dans cet optique et permet également de diversifier les sujets présents dans la collection actuellement dominé en très grande majorité par des thèmes bibliques

Jacques de LÉTIN (Troyes, 1597-Troyes, 1661)
La Géométrie, vers 1630-1640
Huile sur toile
Natif de Troyes, où se déroule une grande partie de sa carrière, Jacques de Létin fait un séjour en
Italie entre 1622 et 1625, où il se lie avec Simon Vouet.
Au retour d'Italie, tout en conservant de fortes attaches à Troyes, Létin travaille obtient également des commandes pour les églises de Paris, d'Orléans ou de Provins. Dans ses mémoires sur les Troyens célèbres rédigés au 18 siècle et publiés en 1813, l'érudit troyen Pierre-Jean Grosley donne la description d'une série de toiles conservées chez un arrière-petit fils de Létin, M. Carteron: « Sa famille (celle de M. Carteron), conserve précieusement, dans la maison paternelle, sept tableaux de l'Estaing, très estimés par les connaisseurs, surtout pour le dessin. Ils sont tous de la même grandeur, d'environ quatre pieds de hauteur, sur trois de largeur, et représentent la famille du peintre sous différents emblèmes». Cette information précieuse a permis d'identifier cet ensemble aujourd'hui dispersé entre les musées de Bordeaux, Rennes, Troyes et une collection particulière. Ici, une jeune femme pensive incarne la Géométrie. Elle est penché sur un globe et tient dans sa main un compas.

Louis de BOULLOGNE (Paris, 1654-Paris, 1733)
Le Christ et l'Hémorroïsse Vers 1695
Huile sur toile
Ce tableau ornait avec d'autres sujets relatant des miracles du Christ la nef de l'église du couvent des Chartreux à Paris (détruit). Formé par son père Louis de Boullogne l'Ancien, l'artiste compte parmi les peintres d'histoire les plus importants de la fin du règne de Louis XIV.

Jacob JORDAENS
(Anvers, 1593-Avers, 1678)
Crucifixion, vers 1620
Huile sur bois
Cette Crucifixion compte parmi les premiers chefs-d'œuvre de jeunesse de Jacob Jordaens. Daté autour de 1620, le tableau témoigne d'une grande maîtrise picturale et montre une approche monumentale et statique de la composition comme des figures. D'une exécution libre et brillante, l'œuvre était à l'origine destinée à l'église des Béguines d'Anvers où elle a été saisie par les armées révolutionnaires pour être par la suite envoyée au musée de Rennes. Jordaens est ici sensible au luminisme caravagesque et au style compact et dense de certains maniéristes tardifs du Nord tels qu'Abraham Janssens. Cette diversité de sources esthétiques, mêlée à une attirance personnelle pour une vision populaire et bourgeoise de ses sujets, inaugure une période intense de création dans les années 1620 et 1630, période considérée aujourd'hui comme la meilleure partie de son œuvre.

Charles LE BRUN (Paris, 1619-Paris, 1690)
La Descente de croix
Vers 1679
Huile sur toile
C'est en 1679, alors qu'il travaille au chantier de la galerie des Glaces, que Le Brun reçoit de Nicolas de Neufville (1598-1685), duc de Villeroy et maréchal de France, la commande d'une toile monumentale figurant la descente de croix. L'oeuvre était destinée à l'église des Carmélites de Lyon où se trouvait la chapelle familiale du commanditaire. Comme l'indiquent ses biographes, Le Brun, alors fort occupé, exécute le tableau « en différents intervalles de temps ». L'oeuvre est finalement retenue en 1684 par Louvois qui la destine à la chapelle royale de Versailles. Ses parties latérales, laissées inachevées, seront complétées par René Antoine Houasse après la mort de Le Brun. Toutefois, à la suite des changements du programme décoratif de la chapelle, La Descente de croix n'ira finalement jamais à Versailles. Elle reste dans le cabinet des tableaux du roi au palais du Louvre. Cette localisation la rend particulièrement appréciée des artistes de l'Académie royale qu'abrite alors le palais.
Saisie à la Révolution et envoyée à Rennes en 1811, La Descente de croix, l'ultime et le plus grand tableau religieux de Charles Le Brun, domine aujourd'hui la très belle collection de peintures françaises du XVIe siècle du musée dont elle est également l'une des images les plus emblématiques.

Noël COYPEL (Paris, 1628-Paris, 1707)
La Résurrection du Christ 1700 Huile sur toile
À la fin de sa vie, Noël Coypel reçoit la commande de Jacques Charles Ferret, marquis de Tymeur, conseiller au Parlement de Bretagne, et son épouse Marie Anne Jeanne Pélisser, de ce grand tableau pour le couvent Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle à Rennes. La composition, puissante, dynamique et aux contours fermes connaît un important succès. L'artiste en fera des exemplaires plus petits par la suite.

Jean François GILLES, dit Jean François COLSON
(Dijon, 1733 - Paris, 1803)
Portrait de la comtesse Hélène Marie de Piré en robe bleu, 1774
Portrait de la comtesse Hélène Marie Rosnyvinen de Piré en sultane, 1774
Huile sur toile
En 1869, le marquis Alexandre de Piré Rosnyvinen offre au Musée de rennes vingt-deux portraits de membres de sa famille allant du XVII" au début du XIXe siècle. Parmi ces œuvres se trouvaient les portraits de ses grands-parents présentés ici. Chacun des modèles a été peint deux fois par l'artiste dans une pose et une attitude identique mais avec des costumes différents.

Jean-Baptiste GREUZE (Tournus, 1725-Paris, 1805)
Tête de jeune fille au ruban bleu 1777
Huile sur toile
Greuze est l'un des plus grands artistes français de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Parallèlement à ses scènes de genre, il se fait une spécialité de ces têtes de jeunes filles au visage innocent et à l'attitude équivoque.

Jean-Baptiste GREUZE (Tournus, 1725-Paris, 1805)
Tête de jeune fille 1778
 Huile sur toile

Jean-Baptiste Marie PIERRE (Paris, 1714-Paris, 1789)
Bacchante endormie
1763
Huile sur toile

"Une femme sans grâces, sans pudeur, accablée de sommeil et d'ivresse, dont le corps paraît défiguré par les excès ridicules où elle s'est livrée, n'est pas un objet assez agréable pour intéresser vivement les spectateurs." (Mathon de la Cour, 1763).
Comme le prouvent ces propos, cette étonnante bacchante peinte en grisaille déplaît lors de son exposition au Salon de 1763. Trop audacieuse, trop érotique et pas assez idéalisée. L'œuvre est d'une grande originalité notamment par le fait qu'elle est peinte en grisaille. Elle reflète parfaitement le goût pour des amateurs du XVIIe siècle pour de telles nudités mythologiques.
L'artiste adapte la facture plus ou moins dense aux différentes textures qu'il représente (les feuilles, la chair...).

François DESPORTES (Champigneulle, 1661-Paris, 1743)
Hallali le Loup ou La Chasse au loup 1725
Huile sur toile
François Desportes est l'un des plus grands peintres animaliers de la fin du règne de Louis XIV et de la première moitié de celle de Louis XV. II exécute La Chasse au loup en 1724 avec d'autres toiles de mêmes dimensions (disparues) pour le décor du salon du château de Vilgénis à Massy. Ce type de sujets était particulièrement adapté aux demeures de campagne où la grande activité de l'élite était la chasse. Tout en conservant des mises en page dynamiques et théâtrales, le peintre insuffle à ses tableaux plus de naturel dans la représentation.

Carle VANLOO
 (Nice, 1705 - Paris, 1765)
Portrait de Guillemette de Piré, comtesse de Villetheart
Huile sur toile 
Ce tableau fait partie d'une importante galerie de portraits de famille offerts au musée des Beaux-Arts par le marquis Alexander de Piré. L'œuvre, attribuée au peintre d'histoire et portraitiste Carle Vanloo, a été agrandie sur les côtés. Le modèle pose avec une certaine décontraction, caractéristique des portraits du XVIIIe siècle.

Jan KUPETZKI
(Bösing, 1667 - Nuremberg, 1740)
Portrait de Wolf Tobias Huth avec sa femme Susanna Johanna Gillin
 Huile sur toile

Franciscus GYSBRECHTS
(?, vers 1650-?, après 1680)
Vanité Huile sur toile

Jean-Baptiste Siméon CHARDIN
(Paris, 1699 - Paris, 1779)
Pêches et Raisins, 1759
Huile sur toile
Tandis qu'à son époque, la nature morte est considérée comme un genre mineur, par son talent et son approche sensible de ce type de sujet anecdotique, Chardin donne une nouvelle dimension à ce type de peinture. L'artiste dépasse le sujet en offrant ici au spectateur un véritable morceau de peinture pur, véritable méditation sur l'art de la peinture..

Jean-Baptiste Siméon CHARDIN (Paris, 1699-Paris, 1779)
Le Panier de prunes
1759
Huile sur toile
Ce tableau ainsi que son pendant comptent parmi les chefs-d'œuvre du musée des Beaux Arts de Rennes. Cette paire, dont il existe un autre exemplaire dans une collection particulière, a été probablement exposée au Salon de 1759. Lors de cette exposition, Denis Diderot admire ces œuvres et en fait des éloges.

Jacob de WET (Haarlem, vers 1610-Haarlem, vers 1671)
L'Incendie de Troie
Huile sur bois
Derrière cette spectaculaire vue d'une ville médiévale en flamme se cache un épisode de l'histoire romaine. Au premier plan, nous assistons à la fuite d'Énée, portant son père Anchise et suivi par son fils Ascagne. Cet événement, consécutif à la prise de Troie par les Grecs, engendrera la fondation mythologique de Rome par le héros arrivé en Italie.
Jacob de Wet dirige un important atelier à Haarlem dans les Provinces-Unies où il forme jusqu'à trente-quatre élèves. Il fait partie des 'Trembranesques", remployant les découvertes et la manière de peindre de Rembrandt dans une production abondante destinée à satisfaire les besoins du marché de l'art nordique. Ici, tout en se cantonnant à une gamme de tons, allant de l'or de l'incendie à la pénombre nocturne, il déploie une grande richesse d'effets, opposant la noirceur du premier plan aux extraordinaires flammes soulevées par le vent au-dessus d'une église. Cette transposition du tragique événement antique, en plein cœur du Siècle d'Or néerlandais, peut ainsi rappeler les dangers de la guerre mais aussi des grands incendies qui ravageaient régulièrement les grandes villes d'Europe, comme celle de Rennes en 1720.

Antoine COYPEL
(Paris, 1661- Paris, 1722)
Jupiter et Junon sur le Mont Ida, avant 1699
Huile sur bois

Antoine COYPEL
(Paris, 1661-Paris, 1722)
Vénus apportant des armes à Enée,
avant 1699
Huile sur bois

François BOUCHER (Paris, 1703-Paris, 1770)
Neptune et Amymone 1764
Huile sur toile
Neptune et Amymone ainsi que son pendant Vénus à la Forge de Vulcain viennent d'intégrer les collections du musée des Beaux-Arts de Rennes grâce à leur dépôt par le musée national du château de Versailles. Ces deux oeuvres permettent d'évoquer une production fondamentale pour l'évolution de la grande peinture d'histoire, celle des tentures de tapisseries produites dans les manufactures des Gobelins et Beauvais. Celles-ci nécessitent des modèles peints à l'échelle et offrent aux artistes la possibilité d'obtenir des commandes ambitieuses d'œuvres de grandes dimensions. Les deux peintures ainsi que deux autres composées en hauteur (Vertumne et Pomone et Aurore et Céphale conservées au Louvre) ont en effet été exécutées entre 1763 et 1764 pour servir de modèles aux tapisseries des Tentures de François Boucher. Répondant à la mode du XVIIIe siècle, les sujets occupent le centre de vastes tapisseries dont l'essentiel est composé par un fond décoratif. La suite tissée la plus célèbre a été destinée au salon du château de Croom Court en Angleterre (actuellement au Metropolitan Museum of Art à New York). Ce tableau représente un épisode de la vie de Neptune se portant au secours de la danaide Amymone qu'un satyre agresse, tandis qu'elle va chercher de l'eau à la demande de son père Danaos.

Victor MOTTEZ (Lille, 1809-Bièvres, 1897)
Judith, 1853
Huile sur toile
Formé par François Édouard Picot et Jean-Dominique Auguste Ingres, Victor Mottez est un artiste actif durant la monarchie de Juillet et le Second Empire.
Comme il l'indique lui-même dans sa correspondance, le tableau est conçu lorsqu'il était en déplacement à Londres à partir de décembre 1852: «Je finis avec ardeur le Portrait de Gorgiana [seconde épouse de l'artiste] pour le joindre à celui de M. Guizot et de plus je me suis mis à faire un tableau, une Judith, pensant qu'en arrivant à Paris il me serait bien nécessaire d'avoir un tableau à vendre. L'héroïne biblique, qui a courageusement décapité le général romain Holopherne qui assiégeait sa ville, est présentée sous un éclairage lunaire d'esprit romantique. Le peintre dépeint la jeune juive sous les traits d'une jeune femme orientale à la fois digne et sensuelle. Le tableau est exposé au Salon de 1853 à Paris et c'est certainement à cette occasion que l'artiste l'agrandit vers le bas par l'ajout d'une planche de bois. Mottez conserve sa toile et la retravaille des années plus tard comme en témoigne un autre courrier daté de 8 avril 1865: J'ai aussi remis dans un état nouveau la Judith mais elle n'est pas terminée.

Louis Jean Julien AULNETTE DU VAUTENET
(Rennes, 1786-Meillac, 1853)
Le Départ du croisé, 1818
 Huile sur toile
Né à Rennes trois ans avant la Révolution, Aulnette du Vautenet embrasse une carrière militaire puis politique. Il pratique en amateur la peinture et ex pose ses œuvres à plusieurs reprises au Salon à Pa ris entre 1817 et 1822. C'est en 1819 qu'il montre les deux petites scènes du musée de Rennes illustrant deux épisodes anecdotiques du Moyen Age. Le premier tableau met en scène les adieux émouvants d'un chevalier qui s'apprête à partir en croisade. Le second relate avec une touche d'humour le retour de celui-ci ou d'un pèlerin, qui retrouve son épouse en galante compagnie. Dans les deux cas, l'exécution se signale par une grande délicatesse et les critiques du Salon ont été particulièrement sensibles au raffinement du rendu de la vielle femme qui se trouve dans la scène du départ.
Ces petits tableaux sont caractéristiques du style troubadour, très en vogue sous le ler Empire et la Restauration. Ils témoignent de la redécou verte à cette époque de l'art du Moyen Age, qu'ils mettent en scène sous l'angle amoureux. Une at tention particulière est portée aux décors de style gothique ainsi qu'aux costumes historiques

Louis Jean Julien AULNETTE DU VAUTENET
(Rennes, 1786-Meillac, 1853)
Le retour du croisé, 1818
 Huile sur toile

Eugène Emmanuel Pineu-Duval, dit Eugène AMAURY-DUVAL (Montrouge, 1808- Paris, 1885)
Portrait d'Isaure Chassériau, 1838
Huile sur toile
Cet étonnant portrait aux formes géométriques, néanmoins très expressif, valut à son auteur une médaille au Salon de 1839 à Paris.
Amaury-Duval développe ici des principes esthétiques fondés sur la ligne et une peinture très lisse établis par son maître Ingres. Son modèle, Isaure Chassériau, est la nièce de l'artiste.

Giovanni ROTA (?-?)
La Joconde (copie d'après Léonard de Vinci 1503-1506), 1877
Huile sur toile

Narcisse CHAILLOU (Nantes, 1835-Guémené-sur-Scorff, 1916)
Portrait de ma nourrice, vers 1882
Huile sur toile
Ce portrait aussi amusant qu'émouvant est aujourd'hui l'une des mascottes du musée des Beaux-Arts de Rennes.
Image réaliste, sans concession, mais aussi pleine de bienveillance, le tableau représente, comme son titre l'indique, la nourrice bretonne de l'artiste Narcisse Chaillou, aujourd'hui tombé dans l'oubli.

Alexandre CHANTRON
(Nantes, 1842 - Nantes, 1918)
Danaé, 1891
Huile sur toile

Auguste RODIN
 (Paris, 1840-Meudon, 1917)
Buste de jeune femme, 1879
Marbre

Réalisé dans la première partie de la carrière de l'artiste, l'œuvre séduit par la douceur de son modèle et le beau rendu des matières comme la chevelure ou le corsage lég8èrement défait. Entre 1865 et la fin des années 1870, Rodin réalise à plusieurs reprises des bustes similaires, sortes de portraits de fantaisies aux modèles non identifiés, qui répondent parfaitement au goût de l'époque et des collectionneurs pour l'art raffiné du 18" siècle.

Émile-Auguste CAROLUS DURAN
(Lille, 1837- Paris, 1917)
Portrait de Marie-Anne Feydeau, 1898
Huile sur toile
Formé à Lille et actif ensuite à Paris, Carolus-Duran est l'un des meilleurs portraitistes de la bonne société sous le Second Empire et la III République. Cette ravissante Parisienne si élégante est la propre fille de l'artiste qui avait épousé l'un des fils de Georges Feydeau. Le tableau incarne parfaitement l'idéal féminin très "Belle Époque" au tournant de 1900.

Thomas COUTURE
(Senlis, 1815-Villiers-le-Bel, 1879)
Tête de femme sans ruban, vers 1873
Huile sur toile

Thomas COUTURE 
(Senlis, 1815-Villiers-le-Bel, 1879)
Courtisane
 Huile sur toile
Esquisse

André-Charles Voillemot (Paris, 1823-Paris, 1893)
Velléda, vers 1869
Huile sur toile
Cette peinture monumentale, l'une des réalisations les plus célèbres de Voillemot, fut présentée au Salon de 1869 à Paris. Élève de Michel Martin Drolling (1786-1851), Voillemot commence sa carrière au Salon de 1845 et s'illustre en tant que portraitiste, peintre de genre et décorateur.
Voillemot ne représente pas ici l'héroïne en pleine rêverie amoureuse, mais illustre un passage précis des Martyrs de Chateaubriand (livre IX). Après avoir distribué le gui sacré, la druidesse altière et prophétique se raidit dans un instant de méditation solitaire avant de haranguer avec passion son peuple: La nuit était descendue. La jeune fille s'arrêta non loin de la pierre, frappa trois fois des mains, en prononçant à haute voix ce mot mystérieux: Au gui l'an neuf !

Henri-Léopold LÉVY (Nancy, 1840-Paris, 1904)
Mort de saint Jean-Baptiste, 1886
Huile sur toile
D'origine lorraine, Lévy intègre les Beaux-Arts de Paris en 1856. Malgré ses échecs au concours du Prix de Rome, il entame une carrière de peintre d'histoire et se fait connaître pour ses grandes compositions spectaculaires et théâtrales. En 1878, il fait partie du groupe d'artistes choisis pour réaliser le prestigieux décor du Panthéon à Paris. Sa carrière connaît pourtant des difficultés après 1894. Alors que Dreyfus est injustement condamné pour trahison, Lévy est victime de l'antisémitisme environnant. Les commandes diminuent mais l'artiste refuse de peindre sous un pseudonyme. Considéré comme l'un des derniers représentants du genre historique, il témoigne d'un véritable talent pour la mise en scène. La Mort de saint Jean-Baptiste, présentée au Salon de 1886, est un exemple éclatant de ce qui fit le succès de l'artiste. Le sujet est certes biblique, mais il ne s'agit pas ici d'une œuvre religieuse à proprement parler. Conçu comme un tableau d'exposition destiné à un musée, le theme offre un bon prétexte à la représentation d'une scène spectaculaire et grandiloquente. Le saint est placé au centre de sa cellule dans une grande agitation. A l'arrière-plan apparait Salomé, qui demande la tête du Baptiste en récompense de sa beauté. Le décorum, l'éclairage, le cadrage et le mouvement nous mènent progressivement vers les premiers pas du cinéma.

Léon COGNIET
(Paris, 1794-Paris, 1880)
Scène du massacre des innocents, 1824
Huile sur toile
Après sa formation à Paris et un séjour à la villa Médicis à Rome, Léon Cogniet expose au Salon de 1824 à Paris cette Scène du massacre des Innocents. L'oeuvre apporte une grande renommée à l'artiste qui commence alors une carrière brillante ponctuée de prestigieuses commandes publiques et d'honneurs académiques.
Puissant, dramatique et totalement romantique dans sa mise en scène, le tableau représente l'épisode biblique où le roi Hérode ordonne qu'on mette à mort tous les nouveau-nés mâles de Bethleem dans la crainte de la naissance annoncée du Christ.

Paul Albert BESNARD
(Paris, 1849-Paris, 1934)
L'Automne, 1874
Huile sur toile
En 1874, juste après un voyage à Anvers où il avait admiré des œuvres de Rubens et juste avant son départ pour l'Académie de France à Rome (villa Médicis), le jeune Besnard expose au Salon des Artistes Vivant cette plantureuse allégorie de l'Automne. Le tableau, tout en s'inscrivant dans les représentations classiques des saisons par son sujet, s'en écarte par son étonnante vigueur et l'aspect très peu idéalisé de son modèle. Cette figure voluptueuse assise sur un amas de pêches semble narguer le spectateur par son sourire à pleine dents: La touche, virtuose, est à la fois précise et très libre, voire esquissée par endroits comme dans le feuillage sur la droite. 1874 est également l'année de la première exposition du jeune groupe qui sera nommé les impressionnistes Par la suite, Besnard fera une importante carrière de décorateur et surtout de portraitiste au pastel.

Octave PENGUILLY L'HARIDON
(Paris, 1811 - Paris, 1870)
Les petites mouettes, rivage de Belle Isle en mer, Port Donnant, 1858
Huile sur toile


Johann Barthold JONGKIND 
(Lattrop, 1819-La Côte Saint-André, 1891)
Le Port d'Anvers, 1855
Huile sur toile

Eugène BOUDIN 
(Honfleur, 1824 - Deauville, 1898)
Cour de ferme, vers 1889-1890
 Huile sur toile

Eugène BOUDIN
 (Honfleur, 1824-Deauville, 1898)
Trouville, les jetées, mer haute, 1885
Huile sur toile

Alfred SISLEY
(Paris, 1839-Moret-sur-Loing, 1899)
Paysage de la vallée de la Seine, 1875
Huile sur toile

Même si Alfred Sisley est né dans une riche famille de négociants britanniques, il va poursuivre des études d'art à Paris pour faire de la peinture son métier. Il suit brièvement les cours de Charles Gleyre, où il retrouve Monet, Renoir et Bazille, avec lesquels il forme le groupe des paysagistes, et il est invité aux trois premières expositions des impressionnistes, de 1874 à 1877. Sisley ouvre souvent ses compositions paysagères vers le lointain. Le ciel occupe une grande partie de l'espace, par une pâte picturale chargée, animée de nuages duveteux. L'oeuvre du musée en est un bel exemple. Elle montre une vue large et panoramique de la vallée de la Seine, qui fut le "laboratoire" des impressionnistes. Sisley rend en 1899 discrètement hommage à ses aînés et ses amis. Comme chez Monet, dont les figures relèvent par le mouvement l'impression chaleureuse d'une belle journée d'été. Sisley introduit une scène qui réunit deux enfants. Comme chez Corot, dont il a vénéré l'oeuvre, l'un d'eux porte un bonnet rouge vermilton. Par le jeu du contraste simultané, il s'oppose au champ coloré vert et jaune de la prairie. Cette minuscule tache chromatique instaure une legere perturbation visuelle dans ce paysage apaise. Au fil de l'appréciation des historiens d'art le tableau, tout d'abord intitulé Bord de la Seine, deviendra La Seine vue de la terrasse

Charles NITSCH 
(Rennes, 1882- Brie-Comte-Robert, 1972)
Portrait de Max Meldrum, 1905
Huile sur toile

Gustave CAILLEBOTTE
(Paris, 1848-Gennevilliers, 1894)
Les Périssoires, 1878
Huile sur toile
En 1876, Caillebotte expose cette toile à la deuxième exposition des impressionnistes, orga nisée par Paul Durand-Ruel à Paris. Il décrit lui même le tableau comme étant un «panneau décoratif ».
Les Périssoires évoquent les plaisirs de l'été non loin de la capitale, dans le nouveau contexte social des loisirs dominicaux. Le tableau est l'élément central d'un triptyque, dont les autres panneaux représentent une scène de pêche à la ligne et une baignade. Cet ensemble était destiné au salon de la propriété de Montgeron. L'exécution en petites touches, le sujet mêlant le plein air et une activité de la vie moderne, le cadrage aussi bien photographique que japonisant, et le souci de la captation de l'atmosphère sont autant d'éléments caractérisant ici l'adhésion de Caillebotte aux principes défendus par le groupe des impressionnistes.

Gustave CAILLEBOTTE
(Paris, 1848-Gennevilliers, 1894)
Le Pont de l'Europe, vers 1876
Huile sur toile

Paul GAUGUIN
(Paris, 1848-Atuona, 1903)
Vase de fleurs, vers 1880
Huile sur toile

Paul RANSON
(Limoges, 1861 - Paris, 1909)
La Cueillette des pommes, vers 1895
Huile sur toile
Un des thèmes préférés de Paul Ranson comporte des personnages féminins dans leur activité en plein air: des femmes qui lavent le linge, récoltent dans le champ et, comme celle-ci, cueillent les pommes. La figure féminine aussi bien que celle des arbres et du pré sont comme les éléments décoratifs de l'Art Nouveau.

Boleslaw BIEGAS
 (Koziczyn, 1877 - Paris, 1954)
Le Monde, 1902
Plâtre

Boleslaw BIEGAS
 (Koziczyn, 1877 - Paris, 1954)
La Vie, 1903
Plâtre

Boleslaw BIEGAS
 (Koziczyn, 1877- Paris, 1954)
Ludwig van Beethoven, 1904
Plâtre

Odilon REDON
(Bordeaux, 1840-Paris, 1916)
Le Regard, profil d'homme, vers 1890
Huile sur toile marouflée sur bois
« J'ai fait un art selon moi », écrit Odilon Redon dans son journal, intitulé À soi-même (1889). S'il s'efforce de traduire un certain naturalisme, Redon, peintre, dessinateur et graveur, reste énigmatique dans les sujets qu'il choisit. Dans son premier album de lithographies de 1879, Dans le rêve, il avance des sources d'inspirations nouvelles pour l'époque, nourries de ce que l'on appellera plus tard l'inconscient.
Le Regard, portrait d'homme fait partie de la seconde partie de son œuvre, dans laquelle est apparue la couleur, nuancée et diaphane. On retrouve un thème souvent expérimenté par l'ar tiste, celui du portrait. La composition de profil droit occupe un grand nombre de ses dessins au pastel ou au fusain. La tête du personnage chauve et sans âge est encadrée par une bordure florale qui, en quelques traits, donne à ce visage au regard lointain une profondeur, ainsi qu'une certaine étrangeté. Cette figure, qui semble modelée, est le point fort de la composition, directement inspirée du Traité de la peinture de Léonard de Vinci,
Plusieurs oeuvres, intitulées Le Regard, se rapprochent du tableau du musée qu'il est possible de dater autour de 1890. Une version au crayon est conservée au musée du Louvre, une huile sur toile musée d'Orsay, une seconde peinture sur toile dans une collection privée.

Émile-Jean Armel-Beaufils dit Armel Beaufils
(Rennes, 1882-Saint-Briac, 1952)
Après le pardon, av. 1942
Bois
Plutôt que donner une image solennelle et religieuse du pardon, Armel Beaufils en livre ici une vision intimiste et sensuelle. Après le pardon, la jeune Bretonne se déshabille, dévoilant son buste dénudé et dégrafant la coiffe qu'elle portait pour la cérémonie. L'artiste représente son personnage déhanché, dans une attitude qui évoque le contrapposto de la statuaire antique. La schématisation géométrique des formes, l'équilibre de la posture légèrement sinueuse et le choix de l'instant sculpté marquent une volonté de créer un corps idéal plutôt que de mettre en scène le pittoresque breton.
Reprenant la pose de sa célèbre sculpture La Dernière Épingle (1931), Après le pardon, réalisée en plusieurs versions, fut exposée pour la première fois au Salon des artistes français de Paris en 1934. Elle obtint le prix de la Fondation Arthur Le Duc en 1948, Notre version en bois sculpté fut présentée à l'Exposition d'art régional breton de 1942, et acquise pour le musée des Beaux-Arts de Rennes à cette occasion.

Émile-Jean Armel-Beaufils dit Armel Beaufils
(Rennes, 1882-Saint-Briac, 1952)
La Fée des grèves, vers 1936
Bronze
Formé à l'École des beaux-arts de Rennes puis de Paris, Armel Beaufils fut un militant engagé dans la défense du patrimoine régional. Auteur de monuments aux morts et de représentations de Bretonnes en coiffe, il milita par son œuvre, comme René Quivillic (1879-1969), Jean Boucher (1870-1939) et Louis Nicot (1878-1944), pour un art authentiquement régional. Il fait ici le choix d'un sujet légendaire, la fée des grèves inspirée du roman de Paul Féval (1816-1887), lui-même intitulé La Fée des grèves (1850), dont il livre ici une interprétation originale, Plutôt que de donner à sa figure l'aspect d'une fée traditionnelle, le sculpteur la représente. sous les traits d'une baigneuse contemporaine. Deux images de la Bretagne se rencontrent ici: celle de la terre de légendes, et celle de la destination balnéaire en plein essor dans les années 1910-1920 L'oeuvre, au traitement sensuel et esquissé, fut exposée en 1942 à l'Exposition d'art régional breton de Rennes, et acquise à cette occasion par la Ville pour le musée des Beaux-Arts.

Paul SÉRUSIER (Paris, 1864-Morlaix, 1927)
Solitude, vers 1892
Huile sur toile
La rencontre de Paul Sérusier avec Gauguin en 1888 fut brève, mais elle transforma sa peinture postimpressionniste par une stylisation exemplaire de la forme et de la couleur, celle qui va inspirer le
groupe des « prophètes », les nabis.
Dans la poursuite de son Talisman de la même année, la couleur que choisit Sérusier est réduite à l'essentiel, souvent accentuée lorsqu'elle se veut naturaliste. Le jaune des rochers, de la main du personnage féminin assis en témoigne : il est traité par de fines lignes parallèles pour en donner le volume, souligné par un cerne. La composition de notre tableau est un exemple du synthétisme revendiqué par les artistes de Pont-Aven. L'œuvre est traversée en diagonale par une ligne qui reprend la pente de la colline, qui va jusqu'à souligner le bas de la coiffe de la fillette autant que ses pommettes. Celle-ci, les yeux mi-clos, est tout entière absorbée par la mélancolie. Elle semble seule au monde dans un paysage dense où le ciel a disparu. On retrouve la pose de cette figure féminine, inversée, dans deux peintures de 1892, ce qui permettrait de daterce tableau non signé au verso, comme l'artiste avait coutume de le faire. Il est très probable que Solitude fut exposée pour la deuxième exposition des nabis cette année la, décrite par le critique de La Plume comme étant le portrait d'une lionne, écoutant des voix.
Georges LACOMBE
 (Versailles, 1868-Alençon, 1916)
Marine Bleue. Effet de vagues, vers
1894
Tempera à l'œuf sur toile
Georges Lacombe est l'un des principaux acteurs du mouvement nabi qui se développe à partir des créations de Gauguin dans les années 1890. La Vague bleue est un paysage où se mêlent le sentiment de la mer, la recherche du décoratif par l'alliance de la ligne et les couleurs, mais aussi l'influence de l'estampe japonaise.

Émile BERNARD
(Lille, 1868-Paris, 1941)
L'Arbre jaune, vers 1890
Huile sur toile

Émile Bernard entre en 1884 dans l'atelier de Fernand Cormon où il fait la connaissance d'Anquetin et de Toulouse-Lautrec. Il découvre les expositions impressionnistes et l'œuvre de Cézanne. Après son éviction de l'atelier, il voyage à pied en Bretagne durant l'été 1886. À Pont-Aven, il rencontre Laval, Henri Moret, Chamaillard, Sérusier et bientôt Gauguin qui réserve au jeune homme un accueil maussade. La colonie artistique qui s'est formée affronte théories et techniques, et Emile Bernard est vite associé à ce groupe impressionniste et synthétiste qui expose en 1889 au café Volpini à Paris.
L'Arbre jaune est-il contemporain de la disparition de Van Gogh en 1890 ? Il est certainement un manifeste du cloisonnisme et de sa vigoureuse simplification. Débarrassé de toute figure humaine, la zone centrale jaune est travaillée par des lignes parallèles, colorées et lumineuses, de même que le sol et l'arbre sombre du second plan. Ces lignes renforcent le tracé des éléments entre eux, végétation ou nuages. Elles structurent ce paysage dense et nu. Un cerne discret enferme les formes, tandis que l'absence de perspective et d'ombre aus arbres dépassent les sources japonisantes qui ont pu irriger la création artistique de l'époque.

Maurice DENIS
(Granville, 1870- Paris, 1943)
Maternité aux manchettes de dentelle,
1895 Huile sur carton

Maurice DENIS (Granville, 1870-Paris, 1943)
Les Brûleuses de goémon, 1890
Huile sur toile
Cette étude de petit format de Maurice Denis, reconnu par ses pairs comme étant le « nabi aux belles icônes », rappelle l'intérêt que porte l'artiste aux sujets bretons, alors qu'il séjourne entre 1890 et 1892 à Perros-Guirec. Les scènes paysannes de petit format qu'il peint alors, telles que La Meule de paille permettent ainsi de dater les Brûleuses de goémon. Le sujet choisi suscite la curiosité: qui, ailleurs qu'en Bretagne connaît alors cette pratique du brûlage du goémon, source économique locale dont les résidus, vendus aux industries pharmaceutiques, produisent de la soude? La composition de cette toile est proche d'autres œuvres contemporaines. Le ciel est réduit à une sobre portion, tandis que l'espace est étagé en plans successifs de même intensité, dans une tradition japonisante. Les formes sont quant à elles cernées par un trait noir. Les personnages féminins sont extrêmement stylisés, réduits à une surface noire tourbillonnante. La première se distingue de son fardeau par la tache blanche de son vétement et de sa coiffe. De même, les deux autres figures féminines qui entretiennent le feu sont à peine esquissées et rendues visibles par la seule alternance de taches blanches et d'une tache bleue. Le troisième plan, la colline se distingue d'un sentier en croissant de lune, et met en avant des arbres fantomatiques Tout comme dans la Danse des Bretons de 1891, conservée à l'Indianapolis Museum of Art, la scene porte un caractère étrange.

Louis Henri Nicot
(Rennes, 1878-Paris, 1944)
Vieille Paimpolaise, vers 1930
Marbre noir
Dans la tradition bretonne, la grand-mère, ou la mamm-gozh, tient une place essentielle. Figure maternelle, elle est aussi l'ancêtre vénérable par qui se transmettent les mythes et les histoires. La Vieille Paimpolaise de Louis Henri Nicot montre une femme âgée coiffée de la traditionnelle toukenn. La pose monumentale et frontale, ainsi que l'extrême simplification des formes inscrivent cette œuvre dans le « retour au style » d'entre deux-guerres et les recherches d'artistes bretons tels René Quivillic (1879-1969), Armel Beaufils ou Francis Renaud (1887-1973). L'attention portée à la description des traits de la vieille dame révèle un souci ethnographique, initié au XIXe siècle dans la sculpture par Charles Cordier (1827-1905), auteur de bustes sculptés d'après les populations d'Afrique du Nord.

Jean-Bertrand PEGOT-OGIER
(Salamanque, 1877 - Moulin-sous-Touvent, 1915)
Matin de Pardon, 1913
Huile sur toile

Louis Henri Nicot (Rennes, 1878 - Paris, 1944)
Femme bretonne, coiffée du capot de Pontivy, 1927
Faïence émaillé
Comme la Vieille Paimpolaise, la Femme bretonne, coiffée du capot de Pontivy est une véritable figure totémique, et fut sans doute réalisée par la manufacture Henriot à Quimper. Ces deux représentations, l'une noire, l'autre blanche, se présentent telles des divinités tutélaires de la Bretagne de l'Armor (Paimpol) et de l'Argoat (Pontivy).

Georges DESVALLIÈRES
(Paris, 1861-Paris, 1950)
Notre Seigneur rencontre sa mère, 1944 Pastel sur papier

Francis RENAUD (Saint-Brieuc, 1887-Saint-Brieuc, 1973)
La douleur
Pierre

Maurice DENIS
(Granville, 1870 - Paris, 1943)
Les Premiers pas; Famille au bord de la mer, 1911
Huile sur toile

Paul SERUSIER 
(Paris, 1864-Morlaix, 1927)
Cylindre d'or, vers 1910
Huile sur carton

Frantisek KUPKA
(Opocno, 1871 - Puteaux, 1957)
Verticales et diagonales en vert, 1926
Huile sur toile

Frantisek KUPKA
 (Opocno, 1871 - Puteaux, 1957)
Bleus mouvants, entre 1923 et 1924 Huile sur toile

Malcolm MORLEY 
(Londres, 1931-New-York, 2018)
Albatros with Sopwith Pup, 2001 Peinture à l'huile et émail sur toile

Amadou SANOGO
(né en 1977, vit et travaille à Bamako au Mali)
Mes observations face à la situation (Coronavirus, Rennes), 2020
Acrylique sur toile
Amadou Sanogo réalise des peintures avec de grandes figures bordées d'aplats colorés ou composés de motifs répétitifs. Sa pratique s'ancre dans la culture traditionnelle malienne, tout en étant en connexion avec l'actualité et sa vie quotidienne. Il vient de réaliser une résidence et une exposition à La Criée - centre d'art contemporain de Rennes, basées sur une série de peintures récentes inspirées de proverbes bambaras et de paroles de sagesse. Cette toile fait partie de celles réalisées lors de ce séjour à Rennes en début d'année 2020 au moment de l'éclosion d'une crise sanitaire mondiale. Elle peut être considérée comme une sorte d'autoportrait réflexif face à cette situation inédite.

Yan PEI-MING
(né à Shanghai en 1960-vit et travaille à Dijon et Paris)
La Prisonnière (Agnès), 1996
Huile sur toile

Juan GRIS
(Madrid, 1887 - Boulogne-Billancourt, 1927)
Le livre ouvert, 1925
Huile sur toile

Louis MARCOUSSIS (Varsovie, 1878-Cusset, 1941)
La gare de Kérity, 1927
 Le port de Kerity, 1927
Huile sur carton

Robert DELAUNAY
(Paris, 1885-Montpellier, 1941)
La fête au pays, 1905
Huile sur toile

Pablo PICASSO
 (Malaga, 1881 - Mougins, 1973)
Baigneuse, 1928
Huile sur toile

Pablo PICASSO
 (Malaga, 1881-Mougins, 1973)
Nu à mi-corps, 1923 Huile sur toile

Pablo PICASSO
 (Malaga, 1881-Mougins, 1973)
Buste d'homme au chapeau, 1970
Huile sur toile

Henri de WAROQUIER
(Paris, 1881-Paris, 1970)
Paysage aux trois croix,
 1917 Huile sur toile

Joseph CSAKY
 (Szeged, 1888 - Paris, 1971)
Jeune fille, 1921
Pierre

Maurice DENIS
Le Yacht échoué à Trégastel
 1938

Georges ROUAULT
 (Paris, 1871-Paris, 1958)
Homo homini lupus (Le Pendu),
1940-1945

Mariano OTERO
(1942-2019)
Isabel à la chemise blanche
vers 1962
Huile sur toile

Germaine RICHIER
 (Grans, 1902-Montpellier, 1959)
Pomone, 1945
Bronze

Yves LALOY
(Rennes, 1920-Cancale, 1999)
Le Grand Casque ou Les Cathédrales
Huile sur toile

Yves LALOY
(Rennes, 1920-Cancale, 1999)
Les Petits pois sont verts, les petits poissons rouges..., 1959
Huile sur toile

Yves TANGUY
(Paris, 1900-Woodbury, 1955)
L'inspiration, 1929
Huile sur toile

Adolphe CIESLARCZYK
 (Dusseldorf, Allemagne, 1916-2003)
Pour une victoire à deux
Bois exotique

Francis PELLERIN
(Cancale, 1915 - Rennes, 1998)
Sans titre, 1988
Acrylique sur toile

Francis PELLERIN
 Cancale, 1915-Rennes, 1998)
Sans titre, 1957
Acrylique sur toile

Piotr Uklański
(né en 1968 à Varsovie, Pologne,
vit et travaille entre Varsovie et New York) Untitled (Dancing Nazis), 2008

Francis PELLERIN
Cancale, 1915-Rennes, 1998
Structure 1956
Réalisée à la demande du conservateur du musée, Marie Berhaut, avec le soutien de L'Etat, l'œuvre est inaugurée lors de la réouverture du musée en 1957.
Placée dans la niche au départ du grand escalier, le mobile est animé par un moteur à vis sans fin. Selon l'artiste, Structure "apporte la double animation du mouvement et des jeux de lumière".
Le mobile est unique dans l'œuvre de Francis Pellerin bien que la question du cinétisme l'ait beaucoup intéressé

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