samedi 25 juin 2022

Hôtel de la Marine 2 La collection Gulbenkian



L'exposition temporaire du moment:

Gulbenkian par lui-même

Dans l'intimité d'un collectionneur

Éminent homme d'affaires et philanthrope, Calouste Gulbenkian (1869-1955) a fait fortune en développant l'industrie pétrolière au Moyen-Orient et constitué l'une des plus importantes collections d'art de son temps. Plus qu'un assemblage de pièces uniques, cette collection est révélatrice du goût de Gulbenkian pour les expressions les plus raffinées de la créativité humaine, et de son désir de ne réunir que les plus beaux chefs-d'œuvre, qu'il définissait comme des objets créés par des artisans virtuoses, réalisés avec des matériaux de très haute qualité, présentant une valeur artistique durable et ayant une riche histoire.

Pendant une grande partie de sa vie, le collectionneur a conservé ces objets dans ses résidences de Londres et de Paris - notamment dans son hôtel particulier de l'avenue d'léna, où il les manipulait avec beaucoup de soin et d'amour. Gulbenkian souhaitait ardemment que sa collection soit réu nie sous un même toit et rendue accessible au public, un rêve qui a été réalisé à titre posthume avec l'ouverture du musée Calouste Gulbenkian à Lisbonne en 1969.

La Collection Al Thani partage bon nombre des principes qui ont guidé Calouste Gulbenkian tout au long de sa vie de collectionneur. Notre institution est donc particulièrement honorée d'accueillir cette exposition, organisée en collaboration avec la Fondation Calouste Gulbenkian dans le cadre de la Saison France-Portugal 2022.
Jean-Marc Nattier (1685-1766)
Portrait du maréchal-duc de Richelieu
France, 1732
Huile sur toile
Ce portrait grandeur nature de Louis François Armand de Vignerot du Plessis (1696-1788), bel exemple de portrait de cour, occupait une place de choix dans !a galerie de peinture de la résidence parisienne de Gulbenkian. Nattier évoque à l'aide de symboles le prestige du modèle, sa carrière militaire et son appar tenance à l'Ordre du Saint-Esprit. Le duc occupait une place éminente à la cour de Louis XV.
Gulbenkian: classique et moderne

Par sa diversité, cette sélection d'objets montre à quel point, pour Gulbenkian, le goût du raffinement et la quête d'objets exprimant au mieux le génie humain transcendaient les frontières géographiques et culturelles. Par son éclectisme, sa collection -qui réunit des objets de l'Antiquité aussi bien que des œuvres d'artistes contemporains qu'il admirait-compte un grand nombre de véritables joyaux. Qu'il s'agisse de médaillons ou de bijoux antiques, de céramiques de la Renaissance ou de créations contemporaines de René Lalique, ces pièces remar quables étaient toutes traitées avec le plus grand respect et conservées précieusement dans des vitrines dans ses résidences.

Bouteille au lion chinois
Gulbenkian a rassemblé une remarquable collection de verrerie émaillée, représentative du
haut niveau technique atteint sous la dynastie mamelouke (1250-1517). Cette bouteille exceptionnelle fait partie de ses dernières acquisitions.
Les lions chinois montrent l'influence des motifs d'Asie centrale et orientale sur les objets mamelouks et l'importance des échanges trans continentaux à l'époque.

Coupe sur pied
Cette coupe sur pied, véritable tour de force technique, démontre l'habileté des potiers d'Iznik au XVI siècle. A l'extérieur, les motifs bleus de pivoines et de fleurs de lotus sur fond blanc sont d'inspiration chinoise; ils témoignent de l'influence de la porcelaine chinoise impor tée sur les céramiques ottomanes. En revanche, la forme de la coupe et la décoration intérieure sont typiquement ottomanes.

Considéré comme un chef-d'œuvre de fart égyptien de la Troisième Période intermédiaire, ce torse richement incrusté, vraisemblable ment destiné à être exposé dans un temple, est un fragment d'une statue représentant le roi Padibastet 1. Grand admirateur de l'art égyptien ancien, Gulbenkian était conseillé par d'éminents experts en la matière, et notamment par Howard Carter. Lors de sa visite en Égypte, en 1934, il a fait cette remarque restée célèbre: «Tant de beauté, tant de civilisation!»

Gulbenkian et Lalique

Gulbenkian a rencontré René Lalique au milieu des années 1890 - probablement par l'intermédiaire de l'actrice Sarah Bernhardt- et est devenu son ami et son mécène tout au long de sa vie. Il admirait énormément son travail, et ces pièces occupaient une place privilégiée dans sa collection, où elles étaient exposées comme des œuvres d'art à part entière. Entre 1899 et 1927, Gulbenkian a ainsi acheté près de deux cents œuvres de Lalique.
Diadème Coq
René Lalique (1860-1945) Paris, vers 1897-1898 Or, come, améthyste et émail
Ce diadème est remarquable par le traitement travail d'émail dans des tons irisés de bleu et Lalique. Présentée à l'Exposition universelle de Paris en 1900, qui contribua à consolider la délicat de la crête et des caroncules du coq, en fines mailles d'or, ainsi que par le superbe
1208

Détail 

Jean Antoine Watteau
(1684-1721)
Trois études de tête de jeune fille Paris, vers 1716-1717 Pierre noire, sanguine et craie blanche sur papier
En dehors de ses talents de peintre, Watteau était passionné de dessin. Il dessinait pour le plaisir, parfois sans but précis, se constituant ainsi un répertoire de formes et de modèles qu'il pouvait utiliser ensuite dans ses tableaux. Cet exemple, exécuté à une époque où il a atteint sa pleine maturité artistique, est une représentation magistrale du visage humain selon la technique des trois crayons.

Albrecht Dürer (1471-1528)
Canard mort
Allemagne, vers 1502 ou 1512 Aquarelle, gouache, encre de Chine, graphite et or sur parchemin Date et monogramme ajoutés postérieurement 
Outre ses collections de livres et de gravures, Gulbenkian possédait quelques dessins précieux. Le Canard mort d'Albrecht Dürer, l'une de ses plus belles études d'après nature, illustre le perfectionnisme de cet artiste et son talent de dessinateur, notamment dans l'attention portée aux détails des plumes, tant au niveau du trait que de la couleur.

Un grand siècle, le XVIIIe

Dès son enfance, Gulbenkian s'est passionné pour l'art français, et tout particulièrement pour les arts décoratifs du XVIIIe siècle, qui évoquent la culture des cours royales et le mécénat de l'Ancien Régime. Il n'était pas le seul à apprécier cette période, considérée comme représentant le summum du style, et de nombreux collectionneurs éminents se disputaient les plus belles pièces. Importance aux objets de proverance ce

Gulbenkian accordait une grande importance aux objets de provenance royale, comme l'illustrent les pièces présentées ici, dont beaucoup ont été commandées par des membres de la royauté comme Louis XVI, Marie-Antoinette, Elizabeth Ire et Catherine II de Russie.

Francesco Guardi (1712-1793)
La Fête de l'Ascension sur la place Saint-Marc
Venise, vers 1775
Huile sur toile 

Les vedute de Guardi faisaient partie des tableaux préférés de Gulbenkian. Entre 1907 et 1920, il a ainsi acquis 19 œuvres de cet artiste. Dans ce tableau qui représente la place Saint-Marc le jour de l'Ascension, occasion d'une somptueuse fête vénitienne appelée Festa della Sensa, il dépeint avec un extrême talent l'animation de la place en ce jour particulier. Gulbenkian possédait deux versions de cette scène.
Kulliyat (Œuvres complètes) 
Iran, période safavide, 1635,
Calligraphie de Shams al-Din
Shirazi
Gouache, encre et or sur papier

Les céramiques chinoises et japonaises étaient très prisées dans l'Europe du XVIIIe siècle, notamment pour les possibilités infinies qu'of frait leur décoration en bronze doré, que les marchands-merciers commandaient aux meilleurs ciseleurs de Paris. On sait que Madame de Pompadour a possédé plusieurs vases pisciformes, montés en bronze doré, semblables à ceux présentés ici.

Soucoupe à pied 
Sevres, 1792 Décor de Charles Éloi Asselin (1743-1804) Porcelaine

Soucoupe à pied
Cette soucoupe à pied fait partie d'un service commandé à la Manufacture royale de Sèvres par Louis XVI, l'un des plus chers jamais créés. Il fut conçu pour être utilisé dans les appartements privés du roi. Louis XVI fut étroitement associé à sa fabrication, restée inachevée. À la mort du roi, en 1793, la moitié du service est effectivement réalisée.

Panneau de soierie
Tissage: Jean Charton (reçu maître en 1743), d'après un carton de Jacques Gondouin (1737-1818) Lyon, 1779 Soie 
Ce panneau en soie a été conçu pour Marie-Antoinette par Jacques Gondouin (1737-1818), architecte du Roi, qui fut également responsable du décor intérieur de l'hôtel du Garde-Meuble, aujourd'hui connu sous le nom d'Hôtel de la Marine. Ce genre de tenture, qui correspondait tout à fait au goût de la reine, était destiné à décorer son  "cabinet intérieur" à Versailles.

Porcelaine chinoise
À la fin du XIXe siècle, la céramique Qing a connu un regain d'intérêt, notamment les émaux de la «< famille verte » et ceux de la « famille noire » de la période Kangxi (1662-1722). Gulbenkian a acquis des spécimens de ces deux styles. Ces porcelaines émaillées constituaient un nou veau type de céramique raffinée, qui a été développé dans les fours de Jingdezhen lors de leur réorganisation à la suite de la transition Ming Qing, moment où la production de porcelaine s'était effondrée.

Laques du Japon

Les laques de la collection Gulbenkian datent pour la plupart de la période d'Edo (1603-1868). Bénéficiant à l'époque du mécénat de riches seigneurs, les artistes laqueurs créaient des pièces telles que des boîtes à encens (kodansu) et des écritoires (suzuribako), qui faisaient souvent partie des cadeaux offerts à une mariée. Quant aux inrō et aux netsuke, qui étaient attachés à la ceinture d'un kimono, ils sont devenus des accessoires de mode masculins exprimant la personnalité de ceux qui les portaient.

Un art précieux: Japon et Chine
L'intérêt que portait  à la porcelaine chinoise et aux laques japonais s'inscrit dans le droit fil de l'admiration que les élites euro- péennes vouaient depuis longtemps à l'origine exotique, à la qualité et au raffinement de ces objets. Des collectionneurs prestigieux ont ainsi constitué de grandes collections de porcelaines et acquis quelques laques japonais, comme Marie-Antoinette, mais il faut attendre le milieu du XIXe siècle, avec la réouverture du Japon à l'Occident, pour que les laques de haute qualité parviennent à nouveau en Europe en quantité importante de ces objets originaux 
La perfection matérielle de ces objets originaires d'Extrême-Orient, combinée au naturalisme plein de vie de nombre de leurs motifs, correspondait parfaitement aux goûts de Gulbenkian.

Panneau de tissu
Turquie, Bursa, XVIe siècle Velours de soie et fils d'or et d'argent

Si les tapis qu'il collectionnait provenaient de la Perse safavide, Gulbenkian a acheté aussi de nombreux textiles créés dans l'Empire ottoman. Ce panneau (çatma) est un bel exemple des étoffes de luxe produites dans les ate liers ottomans, et plus précisément à Bursa, aux XVIe et XVIIe siècles. Ce type de panneau ser vait à l'origine de tenture ou de couverture de divan dans les maisons de la classe supérieure à Istanbul.

Hubert Robert (1733-1808)
Le Tapis Vert 
Vers 1775-1777 Huile sur toile
Grand amateur de peintures de paysages, Gulbenkian s'est parti culièrement intéressé au peintre Hubert Robert, qui a participé nota mment au réaménagement des jardins de Versailles sous Louis XVI. Ce tableau fait partie d'un lot consi dérable d'oeuvres des collections de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, acquis par Gulbenkian auprès des autorités soviétiques en 1929-1930.

Manteau de safavide, XVIII® siècle Les vêtements confectionnés dans des soies luxueuses - considérés comme la quintessence du style safavide - témoignent de l'opulence des tenues portées à la cour persane. Les manteaux à jupe évasée sont devenus à la mode au milieu du XVIIe siècle, sous le règne de Shah Abbas II (r. 1642-1666), et ils le sont restés jusqu'au XVIIIe siècle.

Textiles du monde islamique
Plus que tout autre volet de sa collection, les arts du monde islamique, et en particulier les textiles, sont intimement liés à l'expérience personnelle de Gulbenkian et à ses connaissances. Bien que recherchées par de nombreux collectionneurs occidentaux à l'époque, ces pièces prennent pour lui une dimension toute particulière. Né à Istanbul, alors partie de l'empire ottoman, Gulbenkian grandit dans une famille de riches marchands spécialisés dans la vente de kérosène et de produits en gros, et réalise très tôt l'importance des textiles dans la vie quotidienne de toutes les classes de la société. C'est donc en connaisseur qu'il a recherché les plus beaux textiles et tapis ottomans, safavides et moghols.


Quelques photos pour terminer du Palais


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