samedi 19 février 2022

Les préraphaélites au Petit-Palais en février 2022

LES PRÉRAPHAÉLITES ET L'AESTHETIC MOVEMENT EN ANGLETERRE

Grâce au dépôt exceptionnel de huit tableaux provenant d'une collection particulière, le Petit Palais rend hommage aux artistes parmi les plus remarquables de l'Angleterre de la seconde moitié du 19ème siècle: les préraphaelites William Holman Hunt et Dante Gabriel Rossetti: Edward Burne-Jones, qui influencera profondément le courant symboliste en Europe ; et les peintres John William Inchbold, Frederic Leighton, Lawrence Alma-Tadema et John William Waterhouse, tous unis dans la quête d'un nouvel ideal artistique.

Fondée en 1848 en Angleterre, la confrérie préraphaélite ambitionne de libérer l'art des conventions académiques en créant une nouvelle peinture inspirée des primitifs italiens, les prédécesseurs de Raphael. Bien que rapidement dissoute, la confrérie donne un nouvel élan à l'art anglais et influence le Mouvement esthétique, ou Aesthetic Movement, fondé sur « l'art pour l'art » et le culte de la beauté.

Comme Oscar Wilde, figure emblématique du mouvement, les artistes considerent que l'art doit servir un seul idéal: le beau. Ils s'engagent dans une pure quête formelle à travers une harmonie de couleurs et de formes, refusant de donner un sens moral à leurs oeuvres. Pour échapper à la rudesse de l'époque, marquée par la révolution industrielle, ils puisent l'histoire et la géographie leur inspiration. L'Antiquité, synonyme de volupté et de raffinement, le Moyen Age et ses légendes, en particulier celle du roi Arthur, l'Afrique ou l'Orient fantasmés se mêlent dans des compositions spectaculaires où la figure féminine, idéalisée et sensuelle, tient souvent le premier role.
John William Waterhouse
(1849-1917)
Lamia
Vers 1909 Huile sur toile

Waterhouse représente Lamia à deux reprises, en 1905 et 19 Conquête de Zeus, ce personnage mythologique s'attira la haine d'Héra, qui tua ses enfants. Lamia sombra dans la folie et métamorphosa en créature monstrueuse. Mi-femme mi-serpen elle enlevait des enfants pour les tuer. Waterhouse la représente ici dans toute sa féminité: sa longue chevelure rousse dénouée tombe en cascade dans son dos et sa robe glisse pour dévoiler son sein gauche. Mais elle porte sa peau de serpent autour d'elle. Par ce détail, Waterhouse rappelle qu'elle n'est qu'une chimère, un présage de danger et de mort.

Dante Gabriel Rossetti
(1828-1882)
Un chant de Noël
1867
Huile sur bois

Un chant de Noël fait partie des nombreuses oeuvres de Rossetti qui mettent en scène des figures féminines sensuelles jouant d'un instrument de musique. Ces tableaux, souvent profanes, ont en commun une atmosphère médiévale et une composition japonisante dans un espace resserré et peu profond. Rossetti aborde ici un sujet sacré, souligné par la présence d'une icône en argent représentant une Vierge à l'enfant. L'inscription sur le bord inférieur du cadre indique : « Là, une servante, dans de beaux atours, chantera un chant de la naissance du Christ sur l'air de Bullulalow: Jesus Christus hodie Natus est de Virgine (Aujourd'hui, Jésus-Christ est né de la Vierge). »

William Holman Hunt
(1827-1910)
La Douce oisiveté 
1866
Huile sur toile

Dans ce tableau exposé à la Royal Academy en 1867, Hunt s'exerce à peindre un sujet qui vise à ne raconter aucune histoire édifiante, à ne donner aucun sens didactique ou moral. Son seul objectif est la beauté formelle. La silhouette féminine à la chevelure épaisse et richement vêtue, représentée à mi-corps, renvoie à la mode vénitienne qui traverse le mouvement esthétique dans les années 1860, s'inspirant de Palma Vecchio et de Titien. La chaise sur laquelle est assise la figure fait partie du mobilier égyptien que Hunt avait lui-même conçu pour sa maison en 1856, peu de temps après son premier voyage en Orient.

Lawrence Alma-Tadema
(1836-1912)
La Preuve d'amour (L'Anneau de fiançailles) 
Huile sur bois

Le tableau transpose dans l'Antiquité le roman Amazone (1880) de l'écrivain néerlandais Carel Vosmaer, qui conte les aventures de l'artiste Siwart Aisma et ses amours avec la poétesse Marciana van Buren. Sur la terrasse en marbre d'une luxueuse villa de la baie de Naples, Marciana montre à une amie sa bague, signe de l'amour que lui porte Aisma. Ce dernier est représenté dans le portrait accroché derrière elle, inspiré par les portraits du Fayoum de l'Égypte antique. On reconnaît en haut à droite de la composition, la statue Le Tireur d'épine.

John William Waterhouse
(1849-1917)
Le Sauvetage 
Vers 1909
Huile sur toile

Lecteur passionné d'Ovide, de Boccace, de Shakespeare et de Tennyson, Waterhouse met souvent scène des figures en féminines, mythologiques ou poétiques. Ophélie, Flore, Daphné, Pandore, Psyché et autres nymphes et sirènes sont, dans ses œuvres, souvent mêlées aux fleurs, au végétal ou au motif aquatique. Ici, le peintre exploite pleinement ce vocabulaire, dans une composition montrant un homme armé d'un bâton essayant de sauver, pour une femme, un bouquet de roses tombé à l'eau. Cet imaginaire de l'Antiquité gréco-romaine est un trait récurrent chez Waterhouse.

Frederic Leighton
(1830-1896)
Murmures 
Vers 1881 
Huile sur bois

Bien que d'inspiration classique, cette œuvre aux couleurs contrastées correspond parfaitement à la recherche de beauté idéale qui caractérise le Mouvement esthétique. Les deux amants s'embrassant chastement sont les symboles d'un âge d'or antique ou intemporel placé sous le signe de la beauté juvénile et de l'amour. Reconnu comme un grand peintre de figures, Leighton tirait son talent exceptionnel en ce domaine de sa formation artistique européenne, fondée sur la tradition académique du dessin d'après le modèle vivant. Il dessinait d'abord ses figures nues pour perfectionner les gestes et les poses avant de peindre les draperies.

Edward Burne-Jones
(1833-1898)
Le Roi Cophetua et la mendiante 
Huile sur bois

Deuxième version inachevée du célèbre tableau de Burne-Jones conservé à la Tate Britain (1884), cette oeuvre s'inspire d'un poème de Tennyson de 1852 intitulé « La Mendiante », lui-même inspiré par une ballade du Moyen Âge. Le peintre représente le moment où le roi d'Éthiopie, Cophetua, épris d'une jeune mendiante du nom de Pénélophon, fait le serment solennel de la prendre pour épouse. Sur le modèle des annonciations italiennes du xv siècle, le tableau montre le roi en situation d'infériorité par rapport à la jeune femme. Au coeur de la composition verticale, la mendiante aux pieds nus et pauvrement vêtue est comme divinisée.

John William Inchbold
(1830-1888)

L'Île du roi Arthur, Tintagel, Cornouailles
Vers 1862
Huile sur toile

Au début du XIX siècle, la légende arthurienne oubliée depuis des siècles connaît un renouveau spectaculaire en Angleterre, notamment grâce au poète britannique Alfred Tennyson. Ses Idylles du roi (1859-1885), série de poèmes sur la vie du roi Arthur rencontrent un immense succès populaire. En 1860, le paysagiste John William Inchbold séjourne à Tintagel en Cornouailles, site où le roi Arthur aurait été conçu et qui devient pour cette raison une attraction touristique. Inchbold y rencontre par hasard Tennyson lors d'une promenade sur la côte rocheuse. Deux ans plus tard, le peintre expose son tableau inspiré de ce voyage à la Royal Academy.


En prime, quelques œuvres de Gallé et un accrochage inédit sur le romantisme permettant de valoriser desbeaux tableaux sortis des réserves.



Aux armes, Romantiques !

Le Romantisme n'est pas forcément synonyme de mélancolie. La passion peut s'exprimer aussi par l'exaltation politique comme en témoignent les deux grands tableaux de Paul Delaroche et de Victor Schnetz dévoilés ici après un long purgatoire en réserve.

Commandés au lendemain de la Révolution de 1830 pour le décor de l'Hôtel de Ville, ils devaient célébrer en parallèle la Révolution de 1789 et celle qui venait de porter Louis-Philippe au pouvoir. L'élaboration de ces compositions ambitieuses fut toutefois trop lente. Lors de leur livraison, en 1833 pour l'oeuvre de Schnetz et en 1838 pour celle de Delaroche, le régime avait évolué et la glorification du peuple insurgé n'était plus de mise : on préféra ne pas les mettre en place. Si la décision fut sans doute blessante pour les artistes, elle épargna leurs œuvres de l'incendie de l'Hôtel de Ville en 1871.

Grâce au mécénat de la galerie Mendes et à celui du Fonds de dotation Carré Rive Gauche, ces toiles finalement peu connues ont pu être déroulées et restaurées. Elles sont ici entourées des esquisses des grandioses plafonds à la gloire de l'Empire et de la paix que le régime suivant sut commander à Ingres et à Delacroix mais qui périrent sous
la Commune.

Également dévoilés pour l'occasion, le buste rétrospectif du Conventionnel Saint-Just, sculpté en 1848 par David d'Angers, et l'imposant projet de Carpeaux, en 1864, pour le monument au général Moncey et la défense héroïque de Paris en 1814 illustrent combien l'Histoire resta une puissante d'inspiration pour les modernes.

Paul Delaroche (Paris, 1797- Paris, 1856) Portrait d'Horace Delaroche, fils du peintre
1838
Huile sur bois
Les luxueux accessoires forment un contraste attendrissant avec la candeur du modèle, flanqué d'un jeune épagneul qui pose aussi sagement que son maitre. Héritier d'une longue dynastie de peintres, l'enfant est le petit-fils d'Horace Vernet, dont la fille Louise épousa Paul Delaroche.

Baron Jean-Antoine Gros (Paris, 1771 – Meudon, 1835)
 Portrait de Jacques Amalric
1804 Huile sur toile
Chantre de l'épopée napoléonienne et portraitiste des dignitaires de l'Empire dans la mouvance de David, Gros réalise ici un portrait intime, sensible et naturel du jeune fils de sa sœur. Encore présenté dans son cadre d'origine, ce tableau est resté dans la famille de l'artiste jusqu'à la fin du XIXème siècle.

Paul Delaroche (Paris, 1797- Paris, 1856) Les Vainqueurs de la Bastille devant l'Hôtel de Ville, le 14 juillet 1789
1830-1838 Huile sur toile
Peu après l'avènement de Louis-Philippe, les peintres Delaroche, Cogniet, Schnetz et Drolling reçoivent commande de quatre grandes toiles destinées à la Salle du Trône de l'Hôtel de Ville, pour célébrer les révolutions de juillet 1789 et de juillet 1830. Il revient à Paul Delaroche de représenter «le Peuple revenant vainqueur de la Bastille». Au soir du 14 juillet 1789, les héros du jour, blessés, en haillons, mais triomphants, arrivent devant I'Hôtel de Ville, rapportant les trophées arrachés à la vieille prison. Le personnage central brandit victorieusement la clef de la forteresse et une lettre signée de Launay, le gouverneur de la Bastille qui vient d'être lynché par la foule. Le décor ne sera pas mis en place sous Louis-Philippe. Remisé dans des magasins extérieurs, il échappera ainsi à l'incendie de l'Hotel de Ville en 1871.

Pierre-Nicolas Beauvallet (Le Havre, 1750 - Paris, 1816) 
Pomone
1812 Plâtre
Dans la mythologie, Pomone est la nymphe des cultures et des jardins. Le sculpteur Pierre-Nicolas Beauvallet la représente ici sous les traits d'une jeune femme vêtue à l'antique, qui porte des fruits en abondance, dans un pli de son drapé et dans un panier en osier. Formé à la fin du XVIIIe siècle auprès d'Augustin Pajou, Beauvallet effectue l'essentiel de sa carrière de sculpteur et de restaurateur sous la Révolution et l'Empire. Présentée au salon en 1812, Pomone constitue un magnifique exemple de sculpture néo-classique et témoigne de l'influence d'Antonio Canova, alors au sommet de sa réputation européenne.

Louis-Léopold Boilly (La Bassée, 1761 – Paris, 1845) 
Portrait de Mademoiselle Athénaïs d'Albenas
1807 Huile sur toile
L'élégante simplicité de ce délicat portrait d'une très jeune fille rappelle les portraits de plein air mis au goût du jour par les peintres anglais.

Victor-Louis Mottez (Lille, 1809 - Bièvres, 1897) 
Portrait de Julie Mottez
1842 Huile sur toile
Dans ce portrait grave et hiératique de son épouse, Mottez démontre sa parfaite assimilation de la leçon d'Ingres dont il était l'un des plus fidèles disciples: pureté de la ligne, virtuosité du rendu des matières, rejet de la couleur au profit d'un camaïeu noir qui souligne la pâleur du visage et des mains. Il s'agit du dernier portrait connu de Julie Mottez, déjà atteinte de la phtisie qui l'emportera en 1845.

Baron Jean-Antoine Gros (Paris, 1771 - Meudon, 1835) La Gloire des dynasties royales et impériales devant sainte Geneviève
Esquisse d'ensemble pour le décor de la coupole de l'église Sainte-Geneviève (Panthéon), Paris Vers 1811
Huile sur toile
En 1806, Napoléon rend le Panthéon au culte sous le vocable de Sainte-Geneviève et confie à Gros la charge de décorer la coupole d'une Apothéose de la sainte patronne de la capitale. L'artiste développe le projet en représentant les grands souverains français rendant hommage à la châsse de la sainte et religion catholique: Clovis et Clotilde, Charlemagne et Hildegarde, Saint Louis et Marguerite de Provence, Napoléon et Marie-Louise qui tient dans ses bras le Roi de Rome. Á la chute de Napoléon, les travaux ne sont pas achevés; Gros se voit enjoint de remplacer la famille impériale par Louis XVIII et sa nièce, la duchesse d'Angoulême. Cette esquisse montre l'état initial du projet.
Jean-Auguste-Dominique Ingres (Montauban, 1780 - Paris, 1875 Apothéose de Napoléon Ier
Esquisse pour le Salon de l'Empereur de l'ancien Hôtel de Ville de Paris
Vers 1853 Huile sur toile
Au début du Second Empire, les travaux d'agrandissement de l'Hôtel de Ville de Paris sont achevés. Les plus grands noms du moment reçoivent commande des décors des nouveaux espaces d'apparat. Ingres, en charge du salon de l'Empereur, à l'extrémité sud de la Galerie des Fêtes, représente Napoléon Ier dans une nudité héroïque, monté sur un char d'or qu'une Victoire dirige vers le temple de l'Immortalité. Plus bas, Némésis, déesse de la Justice, met en fuite le Crime et l'Anarchie. La France en deuil assiste à cette apothéose.
Bien qu'elle soit conçue pour un plafond, la composition apparaît rigoureusement de face, comme un tableau de chevalet, contrairement à celle de Delacroix pour le salon symétrique dont l'esquisse est également présentée dans cette salle. Ce décor a été détruit en 1871, dans l'incendie de l'Hôtel de Ville, lors des évènements de la Commune.

François Xaver Winterhalter
(Menzenschwand, 1806- Francfort-sur-le-Main, 1873)
Philippe d'Orléans (1838-1894), comte de Paris, en robe de baptême
1842
Huile sur toile

Henri-Chapu (Le Mée-sur-Seine, 1833 - Paris, 1891) La Cantate
1866
Plâtre partiellement doré
La Cantate fait référence à l'univers de la musique et du chant: il s'agit d'un modèle à demi grandeur pour l'une des sculptures de la façade de l'Opéra de Paris. Afin de décorer l'Opéra construit entre 1862 et 1875, l'architecte Charles Garnier fait appel à de nombreux sculpteurs. Henri Chapu est l'un des plus jeunes : ancien élève de Pradier et de Duret, prix de Rome en 1855, Chapu commence alors une carrière qu'il poursuivra brillamment après le succès de sa Jeanne d'Arc au salon de 1870. Lors du dévoilement des sculptures de l'Opéra en 1869, La Cantate n'est guère remarquée car la critique se concentre sur le groupe de La Danse de Jean-Baptiste Carpeaux, qui fait scandale. La Cantate n'en constitue pas moins un bel exemple de sculpture décorative, mêlant influence antique et recherche d'expression. Elle annonce déjà La Moisson que Chapu réalise en 1883 pour l'Hôtel de Ville de Paris et dont le plâtre est également conservé au Petit Palais.

Ary Scheffer
(Dordrecht Pays-Bas, 1795, Argenteuil, 18 5 8) Portrait de Madame Edmond Caillard
1842
Huile sur toile
Proche de la famille d'Orléans, Ary Scheffer était l'un des portraitistes officiels de la monarchie de Juillet. Simple et raffiné à la fois, par la parure du modèle comme par sa facture lisse, ce portrait est exemplaire de l'idéal esthétique du « Juste milieu ».

Jean-François Millet
(Gréville, 1814- Barbizon, 1875) Portrait d'homme
Entre 1840 et 1845 Huile sur toile
Millet a débuté sa carrière comme portraitiste pour une clientèle bourgeoise de la région de Cherbourg. Après 1845, devenu le chantre du labeur paysan, il n'exécuta quasiment plus de portraits.

Victor Schnetz

(Versailles, 1787 - Paris, 1870) Combat devant l'Hôtel de Ville, le 28 juillet 1830

1833

Huile sur toile

Ancien élève de David, Victor Schnetz participe aux principaux chantiers décoratifs parisiens sous Louis-Philippe. Il est l'un des quatre peintres appelés pour célébrer aux murs de l'ancienne Salle du Trône de l'Hôtel de Ville les grandes révolutions parisiennes. Schnetz illustre le second jour des « Trois Glorieuses » de 1830. En réaction aux ordonnances liberticides signées par Charles X, la foule insurgée dresse des barricades puis s'empare de l'Hôtel de Ville. A l'instar de La Liberté guidant le Peuple de Delacroix, la scène se situe sur une barricade. L'enfant blessé qui brandit le drapeau tricolore préfigure le Gavroche de Victor Hugo. Ce décor ne sera pas mis en place sous la Monarchie de Juillet. Remisé dans des magasins extérieurs, il échappera ainsi à l'incendie de l'Hotel de Ville en 1871.

Eugène Delacroix
(Charenton-Saint-Maurice, 1798 Paris, 1863)
La Paix vient consoler les hommes et ramène l'abondance
Esquisse pour le Salon de la Paix de l'ancien Hôtel de Ville de Paris 1852
Huile sur toile
Delacroix est élu Conseiller municipal de Paris en 1851. A l'instar de son rival Ingres à qui est confié le décor d'un salon symétrique, il reçoit la charge de peindre les murs et le plafond du Salon de la Paix situé au nord de la Galerie des Fêtes de l'Hôtel de Ville. Delacroix conçoit lui-même un programme allégorique complexe, hymne à la prospérité de l'Empire naissant. Cette esquisse puissamment colorée porte témoignage d'un décor spectaculaire « plafonnant »> de manière illusionniste, à l'image des grands décors baroques. Ce décor a été détruit en 1871, dans l'incendie de l'Hôtel de Ville, lors des évènements de la Commune.

Léon Riesener (Paris, 18o8- Paris, 1878) Allégorie du 2 décembre 1852
Esquisse pour le plafond du Salon des prévôts de l'ancien Hôtel de Ville de Paris, vers 1852 Huile sur toile
L'allégorie proposée par Riesener pour le Salon des prévôts n'est pas moins complexe que celle imaginée par son cousin Delacroix pour le Salon de la Paix. Selon une banderole qui explicitait la composition : «le 2 décembre [1851], la Ville de Paris triomphe de l'anarchie et goûte les biens que lui offre la faveur des Muses, l'Abondance et le Commerce »

Jean-Baptiste Carpeaux (Valenciennes, 1827 - Courbevoie, 1875) 
Monument au maréchal Moncey
1864
Maquette en plâtre patiné
En 1814, le maréchal Moncey tente d'empêcher l'entrée dans Paris des troupes alliées par la barrière de Clichy. Ultime épisode héroïque avant l'armistice qui allait mettre fin à l'Empire. Il inspira, avant Carpeaux, le peintre Horace Vernet qui peignit, en 1820, un tableau très admiré sur ce thème (musée du Louvre). En 1861, un concours est organisé pour réaliser un monument commémoratif. Carpeaux propose en 1864 un projet spectaculaire. Le maréchal Moncey, sur un cheval cabré, occupe le sommet du monument, tandis qu'une masse de figures enchevêtrées forment le socle. Pour représenter le peuple en armes,Carpeaux s'inspire du chef-d'oeuvre de son maître François Rude pour l'Arc de Triomphe, Le Départ des Volontaires en 1792. Le projet de Carpeaux n'est malheureusement pas retenu : son souffle épique effraie le jury qui lui préfère le projet plus académique du sculpteur Amédée Doublemard, dont le monument en bronze, inauguré en 1869, occupe toujours le centre de la place de Clichy.

Ferdinand Georg Waldmüller (Vienne, 1793 - Hinterbrühl, Autriche, 1865) Portrait de Madame Josef Bayer
1854
Huile sur toile
Waldmüller est l'un des artistes majeurs de l'école autrichienne, apprécié pour ses portraits précis et élégants exécutés avec une minutie
quasi-photographique. Le modèle a été identifié comme l'épouse de l'imprimeur Josef Bayer et la belle-sœur de la seconde femme de l'artiste.

Alfred de Dreux
(Paris, 1810 - Paris, 1860) L'écuyère Kippler sur sa jument noire
Vers 1850 Huile sur toile
Admis très jeune dans l'atelier de Géricault qui était un ami intime de sa famille, Alfred de se spécialisa dans les sujets équstres appréciés d'une clientelle férue d'anglomanie.

Victor-Louis Mottez Lille, 1809 - Bièvres, 1897
Portrait d'Edmond Caillard
1847
Huile sur toile
Edmond Caillard dirigeait les florissantes Messageries Lafitte et Caillard qui disputaient aux Messageries Royales le monopole du transport des voyageurs. Derrière la sévérité de la pose et la stricte élégance du costume, on devine la réussite sociale du modèle. Le fonds de draperie rouge évoque la tradition des portraits aristocratiques dont la haute bourgeoisie se réapproprie les codes au XIXème siècle.

Thomas Couture
(Senlis, 1815 - Villiers-le-Bel, 1879)
Portrait de Léon Ohnet
1841
Huile sur toile

David d'Angers, Pierre-Jean David dit
(Angers, 1788 - Paris, 1856) 
Buste d'Antoine de Saint-Just
1848. Marbre
« Il était beau, Saint-Just, avec son visage pensif, sur lequel on voyait l'énergie la plus grande, tempérée par un air de douceur et de candeur indéfinissable. » Dans ses Carnets, le sculpteur David d'Angers dresse ce portrait flatteur du Conventionnel Antoine de Saint-Just
(1767-1794). 
Saint-Just exerça un rôle majeur sous la Révolution avant d'être guillotiné à vingt-six ans, lors de la chute de Robespierre.
Pour ce buste réalisé en 1848 et exposé au Salon de 1849, David d'Angers s'est inspiré d'un pastel (musée Carnavalet), exécuté du vivant du modèle. Cependant le sculpteur idéalise sa beauté,
accentuant la régularité de ses traits pour traduire ses qualités morales. Le buste, resté propriété du fils du sculpteur, a été acquis en 1882 pour l'Hôtel de Ville de Paris. Dès 1902 ce chef-d'oeuvre du portrait rétrospectif rejoint les collections du Petit Palais à son ouverture.




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