Comme d'habitude, une exposition un peu intello dans ce charmant petit musée. En voici l'essentiel :
Au début du siecle dernier a Paris, Ossip Zadkine est l'un des artistes qui inventent, en se tournant vers le «primitif », un nouveau langage sculptural. La radicalité de son œuvre témoigne alors, bien au-delà de recherches formelles, d'une defiance envers la civilisation moderne et ses valeurs. Dans le geste de l'artisan, dans la foi du sculpteur roman, dans la naïveté des peintres d'enseigne de sa Russie natale, Zadkine voit non pas un défaut de connaissance ou de technique, mais l'exemple, disparu ou menacé, d'un lien vrai au monde.
C'est par le chant de cette « âme primitive» que Zadkine dialogue avec ceux de ses contemporains qui se revendiquent sauvages, fauves, néo-primitivistes; mais aussi, si intimement, avec ceux qui aujourd'hui continuent de chercher à exprimer «la palpitation de la vie humaine bouleversée par le tragique».
LA PERSPECTIVE INVERSÉE
Le premier chapitre de l'exposition reprend le titre d'un ouvrage de Pavel Florenski, auteur, philosophe et théologien russe. Il ouvre sur une certaine vision du primitivisme, qui récuse d'emblée l'idée d'une hiérarchie entre les productions artistiques qui serait fonction du degré de développement de la société, ou de l'individu, dont elles sont issues.
Comme Zadkine ou ses contemporains, notamment russes, qui rejettent violemment l'académisme, l'auteur inverse les termes de l'équation et déclare : << Normaliser mathématiquement les procédés de représentation du monde, cela relève de l'outrecuidance d'un fou. >>
L'art des enfants (collection de Vassily Kandinsky), des autodidactes (Helene Reimann), l'art populaire comme les arts extra-occidentaux ou « archaïques » - art du Moyen Âge et icônes - servent de modèle alternatif aux artistes qui cherchent, eux aussi, à voir et à rendre le monde autrement.
Ce renversement de perspective, à la fois formel et symbolique, est sensible dans les travaux des fauves et dans ceux des néo-primitivistes. Il se retrouve dans les œuvres de Valérie Blass ou dans les collages d'Hannah Höch, avec leur goût de l'hybridité, et, d'une autre manière, dans le perspectivisme, la capacité à regarder comme un autre, en l'occurrence un animal, dans L'Homme-lion d'Abraham Poincheval.
Abraham Poincheval (né en 1972)
L'Homme-lion 2020
Bronze
Paris, galerie Semiose
Ossip Zadkine (1888-1967)
Léda
[1919-1920]
Marbre
Legs de Valentine Prax, 1981 Paris, musée Zadkine
Hannah Höch (1889-1978)
Aus der Sammlung. Aus einem
Ethnographischen Museum Nr. IX [De la collection d'un musée ethnographique nº IX] 1926-1929
Collage et aquarelle sur papier marouflé Courtesy de la galerie Natalie Seroussi, Paris
Hannah Höch (1889-1978)
Am Nil I [Sur le Nil I] 1943-1946
Collage et crayon sur papier Paris, collection Dolores Alvarez de Toledo
Ossip Zadkine (1888-1967)
Maternité
[1919]
Marbre
Achat de la Ville de Paris sur les fonds du legs de
Valentine Prax, 1993 Paris,
musée Zadkine
Marc Chagall (1887-1985)
Nu en mouvement
1912
Gouache sur papier d'emballage brun marouflé sur toile
Dation, 1988
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne-Centre de création industrielle
Ossip Zadkine (1888-1967)
Figure féminine
[1920] Bronze
Legs de Valentine Prax, 1981 Paris, musée Zadkine
Valérie Blass (née en 1967)
I feel funny [Je me sens drôle] 2015
Impression jet d'encre sur panneau PVC, Kevlar et éléments d'étagères modifiés
Achat auprès de la Catriona Jeffries Gallery, 2016 Paris La Défense, Centre national des arts plastiques
Ossip Zadkine (1888-1967)
Femme à la cruche ou Porteuse d'eau
[1923]
Noyer
Legs de Valentine Prax, 1981
Paris, musée Zadkine
Morgan Courtois (né en 1988)
Sans titre
2021
Plâtre, moulage réalisé par Sébastien Nobue
Courtesy de la galerie Balice Hertling, Paris
Ossip Zadkine (1888-1967)
Les Vendanges,
[1918]
Orme
Legs de Valentine Prax, 1981
Paris, musée Zadkine
Dictée par la forme originelle et les accidents du bois, une ronde dynamique de femmes nues s'enroule autour du tronc massif de l'orme. Taillés à la surface par Zadkine, les corps sensuels se mêlent aux grappes de fruits, en déclinant les différentes postures de la récolte du raisin. Dans des perspectives multiples, ils rejouent l'antique motif de la bacchanale. Motifs et style relèvent d'un primitivisme très libre, qui regarde autant du côté des arts extra-européens, à l'instar de Paul Gauguin, que du côté de la sculpture médiévale romane ou de la tradition slave.
Valérie Blass (née en 1967)
One couple, a single one [Un couple, un seul] 2015
Diptyque, impression jet d'encre sur aluminium, cadre en acier
Courtesy de la Catriona Jeffries Gallery, Vancouver
Dans les compositions en tension de Valérie Blass, les corps plats deviennent volumes dans l'espace, tandis que les corps en volume doivent se plier à des formes géométriques sur papier. Les deux œuvres illustrent ce jeu d'équilibriste, tantôt de déconstruction, tantôt de décalage, qui permet à l'artiste de surprendre le regard. La sculptrice canadienne, qui s'intéresse au primitivisme et aux fragments de sculptures antiques, aime à manipuler les corps. A la recherche de formes nouvelles, elle crée des collages de corps hybrides, qui ne sont pas sans rappeler ceux de l'artiste Hannah Höch.
Natalia Gontcharova (1881-1962)
Thème jardin [1920]
Mine graphite, aquarelle et gouache sur papier Achat, 1976
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne-Centre de création industrielle Inv. AM 1976-17
Natalia Gontcharova est une figure majeure du néo-primitivisme russe. Vers 1920, elle réalise Thème jardin, probable projet de rideau de scène pour les Ballets russes de Serge Diaghilev. Les fleurs ébauchées, flottant sur la surface, rappellent celles des motifs populaires colorés de la fabrique textile des parents de l'artiste. La composition dynamique, mêlant formes géométriques et lignes organiques, structure T'espace printanier. Elle évoque les recherches rayonnistes menées par Gontcharova et son compagnon, Mikhail Larionov, pour représenter les vibrations energétiques émanant des objets.
Helene Reimann (1893-1987)
Fleurs 1979-1987
Crayon graphite et crayon de couleur sur papier beige imprimé au revers
Donation de L'Aracine, 1999
Villeneuve-d'Ascq, LaM, Lille Métropole musée d'Art moderne, d'Art contemporain et d'Art brut
Helene Reimann (1893-1987)
Fleurs
Avant 1987
Crayon graphite et crayon de couleur sur papier fin ligné
Donation de L'Aracine, 1999
Villeneuve-d'Ascq, LaM, Lille Métropole musée d'Art moderne, d'Art contemporain et d'Art brut
Helene Reimann (1893-1987)
Fleurs
Avant 1987
Crayon graphite et crayon de couleur sur papier beige
Donation de L'Aracine, 1999
Villeneuve-d'Ascq, LaM, Lille Métropole musée d'Art moderne, d'Art contemporain et d'Art brut
Helene Reimann (1893-1987)
Fleurs
Avant 1987
Crayon graphite et crayon de couleur sur papier Donation de L'Aracine, 1999
Villeneuve-d'Ascq, LaM, Lille Métropole musée d'Art moderne, d'Art contemporain et d'Art brut
Helene Reimann (1893-1987)
Fleurs
Avant 1987
Crayon graphite et crayon de couleur sur papier beige
Donation de L'Aracine, 1999 Villeneuve-d'Ascq, LaM, Lille Métropole musée d'Art moderne, d'Art contemporain et d'Art brut
CE QUI PARLE TOUJOURS EN SILENCE, C'EST LE CORPS
Le corps constitue un enjeu majeur pour les artistes "primitivistes" modernes comme pour les contemporains. De la même manière qu'on cherche à libérer la représentation de son carcan académique, il faut libérer le corps de son carcan d'obligations sociales: revenir à la nudité (André Derain), laisser s'exprimer le corps librement, en postures ou en danse (Auguste Rodin), ne pas réprimer sa dimension sexuelle. Cette liberté et cette puissance affirmées se retrouvent, comme un manifeste, dans la figure de guerrière de Miriam Cahn.
Mais au-delà de cette lecture sociétale immédiate, la cristallisation des recherches autour du corps tient à sa capacité à mettre au défi les dichotomies classiques. Le corps est intériorité en même temps qu'extériorité, seuil que représente parfaitement la peau (Morgan Courtois). Il est flux autant que fixation; energie autant que matière; un récepteur autant qu'un émetteur. Comme l'indique l'étymologie d'« âme », ce mot si cher a Zadkine, il est tout entier souffle, il traverse et est traversé par son milieu.
Le corps, et non plus seulement l'oeil, devient l'outil d'une appréhension sensible de l'environnement. Entre le nouveau langage abstrait de Kandinsky ou de Jean Arp, et le simple enregistrement sismographique des vibrations du monde par William Anastasi, une même recherche se joue. C'est celle d'une « langue primitive » qui dirait une autre vérité du monde, une vérité en deçà ou au-delà des discours rationalistes ravageurs.
La représentation du visage, dès lors, peut se défaire des oripeaux de l'apparence pour tendre à la vraie apparition. Nourri de culture russe et du souvenir des icônes, mais fasciné aussi par sa découverte de sculptures de bouddhas, Zadkine s'applique à insuffler à ses nombreuses Têtes une présence, une vie, qui ne réside pas dans la justesse de détails anatomiques. A distance de quelques décennies, les Têtes de Marisa Merz témoignent de la même intemporelle énergie.
Miriam Cahn (née en 1949)
Kriegerin [Guerrière] 2012
Huile sur toile Achat auprès de la galerie Jocelyn Wolff, 2016 Carquefou, Frac des Pays de la Loire Inv. 016031501
Cette grande toile aux couleurs vives fait partie d'un ensemble de guerrières peintes par Miriam Cahn. Prête à l'attaque, dans une posture d'intimidation ou de défi, la combattante semble tenir des grenades dans les mains. Le corps nu aux seins lourds et au sexe apparent impose la présence puissante et frontale de cette femme, dont la tête et la poitrine sont couvertes d'un voile bleuté presque transparent.
A hauteur du regard et à échelle humaine, cette guerrière devient corps-miroir de la condition féminine. Pour l'artiste suisse, qui considère la peinture comme une performance, le corps est autant un outil de travail qu'un sujet récurrent de représentation.
Ossip Zadkine (1888-1967)
Tête de femme
[1924]
Pierre calcaire, incrustation de marbre gris et rehauts de couleur
Achat de la Ville de Paris sur les fonds du legs de Valentine Prax,
2009 Paris, musée Zadkine
André Derain (1880-1954)
Couple enlacé
Nu assis
Nu assis (La Penseuse)
Nu assis
Vers 1906
Xylographie sur papier
Donation de Genevieve et Jean Masurel, 1979 Villeneuve-d'Ascq, LaM, Lille Métropole musee d'Art moderne, d'Art contemporain et d'Art brut
En 1906, en parallèle de sa peinture fauviste, André Derain expérimente la xylographie. Cette technique est perçue comme plus propice aux recherches primitivistes, car elle ne requiert pas de savoir technique académique et autorise une spontanéité et une simplicité du trait. Marqué autant par les oeuvres océaniennes de Paul Gauguin que par les arts africains, l'artiste cherche une forme d'expression originelle. Derain tire parti de la contrainte des plaques de bois qu'il grave, dans lesquelles les figures viennent se lover, pour donner de la force à ses compositions. Ramassés sur eux-mêmes, les corps nus évoquent ainsi certaines sculptures de Zadkine ou la peinture de Corentin Canesson.
Ossip Zadkine (1888-1967)
Personnage penché
[1919]
Pierre
Legs de Valentine Prax, 1981 Paris, musée Zadkine
La technique de la taille directe permet à Zadkine de faire apparaître des formes-corps, comme si elles étaient en réalité déjà présentes dans la matière. Personnage penché donne ainsi l'impression d'un corps fossilisé dans une pierre. La mythologie ayant été une source d'inspiration essentielle pour Zadkine, on ne peut s'empêcher de voir dans ce personnage Sisyphe, le héros d'Homère condamné à rouler un énorme rocher jusqu'au sommet d'une montagne d'où la pierre retombe sans cesse. « Un visage qui peine si près des pierres est déjà pierre lui-même ! » écrivait Albert Camus, en 1942, dans Le Mythe de Sisyphe.
Corentin Canesson (né en 1988)
Sans titre
2017
Acrylique et huile sur toile Courtesy de la galerie Sator, Romainville
Auguste Rodin (1840-1917)
Mouvement de danse B, avec tête de la femme slave 1911
Terre cuite
Paris, musée Rodin Inv. S.03796
Les Mouvements de danse d'Auguste Rodin sont des œuvres tardives dans la carrière du sculpteur, réalisées en observant les postures de la danseuse acrobate Alda Moreno. Elles révèlent autant la manière dont celle-ci travaille avec son corps, ouvert et en relation avec l'espace, que la façon dont Rodin, à son tour, modèle la terre ou assemble différentes sections moulées, déployant un vocabulaire architectonique du corps.
Ces Mouvements de danse sont symboles de liberté et d'expérimentation, celles de Rodin, celles de Moreno, à une période où le geste de l'artiste comme le corps de la danseuse cherchent à se libérer de certains carcans traditionnels.
Auguste Rodin (1840-1917)
Femme nue debout
Sans date
Aquarelle et mine graphite sur papier vélin Paris, musée Rodin
Auguste Rodin (1840-1917)
Femme nue debout, les bras croisés et levés devant elle
1898-1904
Aquarelle et mine graphite sur papier vélin collé sur carton
Paris, musée Rodin
Auguste Rodin (1840-1917)
Petite Faunesse Avant 1887
Plâtre et gomme laque
Paris, musée Rodin
Auguste Rodin (1840-1917)
Mouvement de danse D
Vers 1911
Plâtre patiné
Paris, musée Rodin
Louis Fratino (né en 1993)
Saturday [Samedi] 2019
Terre cuite et lavis d'oxyde de manganèse Courtesy de l'artiste et de la galerie Ciaccia Levi, Paris
Le peintre américain Louis Fratino a commencé à sculpter à Albissola, village italien réputé pour ses carrières d'argile et ses céramiques. Attiré autant par les miniatures indiennes que par les sculptures étrusques, il sculpte des moments intimes de la vie quotidienne avec son compagnon. Ces instantanés sont des éloges de la mémoire affective et érotique dont l'artiste apprécie les dimensions réduites, qui célèbrent selon lui les modes de vie alternatifs. Le lavis d'oxyde de manganèse est, quant à lui, une manière de rappeler la sculpture polychromée ancienne, dans laquelle Louis Fratino décèle une dimension queer.
Louis Fratino (né en 1993)
Tom's chair [La Chaise de Tom] 2019
Terre cuite et lavis d'oxyde de manganèse
Paris, collection Laurent Fiévet
Ossip Zadkine (1888-1967)
Couple 1913
Plume et encre brune, lavis, graphite sur papier vélin fin sur papier vergé Ingres
Achat auprès de la galerie Éric Touchaleaume, 1997
Paris, musée Zadkine
Ossip Zadkine (1888-1967)
Rebecca ou La Grande Porteuse d'eau
[1927]
Plâtre peint
Legs de Valentine Prax, 1981
Paris, musée Zadkine
Auguste Rodin (1840-1917)
Femme debout, vêtue d'une
robe transparente
Sans date
Aquarelle et mine graphite sur papier vélin
Paris, musée Rodin
Morgan Courtois (né en 1988)
Fold IV 2019
Grès sigillé cuit à très haute température Courtesy de la galerie Balice Hertling, Paris
La sculpture de Morgan Courtois témoigne à la fois d'une attention à la masse et à son équilibre, et d'une grande sensibilité à la texture, élastique, poreuse, vivante, de la matière. Les plis dessinent le corps humain et sa peau, agrandis de manière à pouvoir y plonger le regard. La volupte et la sensualité qui s'en dégagent évoquent une certaine ambivalence érotique, entre attraction et contrainte.
Le jeu de la lumière sur la matière et les modeles rappelle les recherches de la Renaissance italienne pour une transcription realiste de la peau tout en se libérant de la représentation classique du corps.
Thomas Gleb (1912-1991)
Sans titre
1965
Papier découpé et assemblé
Angers, musées d'Angers
Vassily Kandinsky (1866-1944)
Fagott [Basson]
Kreide und Russ [Craie et Suie]
1911
Xylographie sur papier
Legs de Nina Kandinsky, 1981 Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne-Centre de création industrielle
Maria Thereza Alves (née en 1961)
Aimõbucu
2014
Bronze
Courtesy de l'artiste et de la galerie Michel Rein
Paris-Bruxelles
Jean Arp (1886-1966)
Compositions dada
1919
Encre sur papier
Paris, collection Seroussi
Thomas Gleb (1912-1991)
Sans titre
1970
Os
Angers, musées d'Angers
Thomas Gleb est un artiste juif polonais arrivé en France dans les années 1930. Il s'est choisi comme prénom Thomas en référence à l'apôtre qui a eu besoin de toucher les blessures de Jesus pour croire à sa résurrection. Gleb, quant a lui, affirme qu'il ne voit bien que lorsqu'il ferme les yeux, il est un artiste du signe. Ses sculptures, réalisées pour certaines sur des semelles de chaussures, font apparaitre, en quelques traits et symboles, des visages humains hors du temps. Ces modestes incisions animent et donnent vie aux matières pauvres et aux petits objets deconsidérés.
William Anastasi (né en 1933)
Untitled (Subway Drawing, 10.17.12 Hudson New York) [Sans titre (Dessin de métro, 17/10/12, Hudson, New York)]
1985
Mine graphite sur papier Romainville, galerie Jocelyn Wolff
L'artiste américain William Anastasi participe dès les années 1960 au développement de l'art conceptuel. Dans ses Walking Drawings, réalisés d'abord à Philadelphie, puis dans ses Subway Drawings, le corps enregistre et répercute sur la feuille de dessin l'énergie et les mouvements générés par la marche ou par les soubresauts du métro.
Le caractère aléatoire des oscillations et la manière dont le corps les reçoit dictent le tracé à la place de la main, de la pensée ou des yeux, qui ne se posent pas sur la feuille. Ces dessins sont une forme de meditation et proposent une autre cartographie des déplacements quotidiens de l'artiste.
Laurent Le Deunff (né en 1977)
Totem 2021
Noix, bois, plume, coquiliage, corde, métal Paris, galerie Semiose
Michel Blazy (né en 1966)
Chien dans le désert 4 novembre 2008
Crème chocolat, crème vanille, lait en poudre et œuf sur bois, grignotés par des souris, déjections de souris
Achat auprès de la galerie Art: Concept, 2010 Paris La Défense, Centre national des arts plastiques
Ossip Zadkine (1888-1967)
Panthère [1922]
Terre cuite
Legs de Valentine Prax, 1981
Paris, musée Zadkine
Caroline Achaintre (née en 1969)
Solaris Inverse
2021
Aquarelle et encre sur papier
Courtesy des galeries Art : Concept, Paris et Arcade, Londres-Bruxelles
Ossip Zadkine (1888-1967)
Bois inachevé Sans date
Bois
Legs de Valentine Prax, 1981 Paris, musée Zadkine
Marisa Merz (1926-2019)
Sans titre
[Années 1980-1990] Argile, acier
Bruxelles, collection privée
Marisa Merz est une artiste majeure de l'Arte povera. A partir des années 1980, son oeuvre se peuple de nombreuses têtes modelées et yisages dessinés. La plupart ne portent ni titre ni date et apparaissent sans âge. Ni masculines ni féminines, ces figures sont à la fois universelles, presque Iconiques, et très intimes, mystérieuses. Les oeuvres sur papier et la sculpture disposée sur un plateau d'acier offrent une hybridité matérielle d'une grande richesse. Avec les surfaces d'or sur les visages et alentour, Merz se fait alchimiste.
La sculpture disposée sur un trépied conçu par l'artiste fait montre d'une plus grande économie de moyens. Elle associe t'argile modelée à l'acier du socle, matériaux bruts dont les qualités intrinsèques respectives sont mises en valeur. Le temps semble avoir effacer les traits du visage au lieu de les accentuer, ils ont presque disparu de cette tête sculptée. Une réelle expression intérieure en surgit pourtant. Du visage disposé en hauteur et comme tourné vers la lumière irradie une énergie invisible.
Marisa Merz (1926-2019)
Sans titre Sans date
Matériaux mixtes sur papier de riz Paris, collection privée
Courtesy de Saint Honoré Art Consulting, Paris
Marisa Merz (1926-2019)
Sans titre
Sans date
Argile rouge crue, peinture argentée et dorée, acier Turin, collection Merz
Ossip Zadkine (1888-1967)
Tête d'homme
[1922]
Bois doré à la feuille
Achat de la Ville de Paris sur les fonds du legs de Valentine Prax, 2003
Paris, musée Zadkine
Mark Manders (né en 1968)
Unfired Clay Head [Tête en argile crue] 2015-2016
Époxy peinte, bois, acier inoxydable, verre Courtesy de la Zeno X Gallery, Anvers
L'Unfired Clay Head de Mark Manders fait partie de son projet Self-portrait as a building débuté en 1986, métaphore d'un bâtiment au sein duquel, un jour, toutes ses oeuvres seront rassemblées. Cet autoportrait total prend ici la forme d'une coupe de visage, dont les côtés sont absents, détruits ou à venir.
Nourri de littérature, Manders laisse au regardeur le soin d'imaginer son propre récit face à cette tête qui brouille les pistes. Hors du temps, abandonnée ou retrouvée, elle est trompeuse. Son titre et son apparence, laissant présager d'une grande fragilité, dissimulent avec dexterite son véritable matériau de fabrication.
Ossip Zadkine (1888-1967)
Tête aux yeux de plomb
[1919]
Pierre calcaire
Legs de Valentine Prax, 1981 Paris, musée Zadkine
La tête dite « aux yeux de plomb » doit son nom au métal dont le regard était à l'origine incrusté. Avec cette sculpture à l'allure austère, Zadkine pousse la stylisation des formes à l'extrême. Il simplifie les plans, supprime certains détails et accentue ceux retenus, comme la protuberance du crâne, l'allongement de l'arête du nez et la géométrisation de l'arcade sourcilière, Loin de l'art académique du portrait individuel, les nombreuses têtes sculptées de Zadkine favorisent l'experimentation d'une grande liberté des formes qui mêle le respect de la matière et T'expressivité de l'âme humaine.
Marisa Merz (1926-2019)
Sans titre Sans date
Peinture et feuille d'or sur carton Collection privée
Eva Hesse (1936-1970)
Sans titre.
[1961]
Mine graphite, encre et gouache sur papier Don de M. et Mme André Bernheim, 1994 Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne-Centre de création industrielle
Ce dessin d'Eva Hesse aux dimensions intimes et aux noirs puissants a été réalisé avant que l'artiste ne commence son œuvre en trois dimensions. L'on y sent néanmoins un travail des volumes, entre figuration et abstraction, d'une grande expressivite. Le dessin, technique accessible et immédiate, est pour Hesse un support d'expérimentation afin de créer son propre univers. Le graphite, l'encre et la gouache s'entremêlent pour faire apparaître des formes qui peuvent sembler des griffonnages aléatoires, mais évoquent également un art parietal originel. une écriture primitive et introspective.
Laurent Le Deunff (né en 1977)
Patate I à IX
2018
Bois
Paris, galerie Semiose
Les Patates de Laurent Le Deunff déploient avec humour des combinaisons anthropomorphes à partir d'une forme de tubercule. À la fois familiers et grotesques, ces assemblages entremêlent de nombreuses sources d'inspiration. Le Deunff se nourrit de l'esprit de la forêt à côté de laquelle il vit, de folklores de différentes régions du monde et d'art brut. Il s'inspire aussi de pratiques amateurs et de cultures enfantine, pop et web. Le mariage des représentations du monde naturel de ces univers fait apparaître sa sculpture comme un décalage, une plaisanterie joyeuse et animée, l'artiste considérant ses oeuvres comme des personnages vivants.
OSSIP ZADKINE
PROJET DE MONUMENT A GUILLAUME APOLLINAIRE, 1948
BRONZE,ÉPREUVE 1/R
SUSSE FONDEUR, PARIS
LEGS VALENTINE PRAX, 1981
OSSIP ZADKINE LA FORÊT HUMAINE, [1957-1958]
BRONZE, ÉPREUVE 1/6 SUSSE FONDEUR, PARIS LEGS VALENTINE PRAX, 1981
Rebecca Digne (née en 1982)
A perdere #3 [À perte #3] 2018
Céramique, sable, cire et corde Courtesy de l'artiste
OSSIP ZADKINE
STATUE POUR UNE MONTAGNE OU COEUR VENTEUX, [1958]
BRONZE, ÉPREUVE 2/6 SUSSE FONDEUR, PARIS LEGS VALENTINE PRAX, 1981
OSSIP ZADKINE LA MÉLANCOLIE, [1929-1937]
BRONZE, ÉPREUVE 0/3
SUSSE FONDEUR, PARIS LEGS VALENTINE PRAX, 1981
OSSIP ZADKINE
REBECCA OU LA GRANDE PORTEUSE D'EAU (1927)
BRONZE, EPREUVE 2/4 SUISSE FONDEUR
LEGS VALENTINE PRAX, 1981
OSSIP ZADKINE NAISSANCE DE VENUS, [1930] BRONZE, EPREUVE
LEGS VALENTINE PRAX 1981
OSSIP ZADKINE ORPHÉE, 1956
BRONZE, ÉPREUVE 0/3 SUISSE FONDEUR, PARIS LEGS VALENTINE PRAX, 1951
OSSIP ZADKINE LA VILLE DÉTRUITE, 1947
MAQUETTE POUR LE MONUMENT ERIGE A ROTTERDAM, EN 1959 BRONZE EPREUVE , PARIS LEGS VALENTINE PRAK, 1991
OSSIP ZADKINE
STATUE POUR UN JARDIN [1943-1944)
BRONZE, ÉPREUVE D'ARTISTE 1/1 TALLIX FOUNDRY, BEACON, NEW YORK DON DE MME GREEP, 1901
LA DEMEURE
L'atelier du jardin, qui fut le refuge de tant de recherches de Zadkine, permet l'évocation du motif de l'abri, de La Demeure, selon le titre de l'œuvre d'Étienne-Martin, qui est aussi celui d'une série de sculptures et de dessins de Zadkine.
C'est un thème essentiel pour qui regarde vers le « primitif »>: à côté de la seule protection physique qu'apporte la société contemporaine après la révolution industrielle, il s'agit pour nombre d'artistes modernes et contemporains de rétablir l'idée et les gestes d'un nécessaire enveloppement qui ne soit pas seulement matériel mais aussi rituel, psychique, mémoriel.
À la pensée d'une progression est substituée celle d'une contenance, qui engage autant l'esprit que le corps. Les enchevêtrements de bois de la Tour des ombres, comme un tissage, construisent un espace à l'abri du visible; rappelant que la vie physique, comme la psychique, ne prospère pas dans la toute transparence. Autour d'elle s'organisent une multitude d'actions, de formes, qui retiennent le temps, la matière, la mémoire, avant leur inéluctable transformation.
Caroline Achaintre (née en 1969)
Riff Raff
2020
Céramique, porcelaine
Courtesy des galeries Art : Concept,
Paris et Arcade, Londres-Bruxelles
Caroline Achaintre (née en 1969)
Miss Chief 2021
Billow
Augustus
Céramique, grès
Courtesy des galeries Art: Concept, Paris et Arcade Londres-Bruxelles
L'intérêt que Caroline Achaintre porte au carnaval, à l'art préhistorique et au primitivisme, la conduit à la création de nombreux masques. Ses céramiques forment un peuple d'êtres aux formes humaines ou animales. Leur épiderme, reptilien, humide, offre une présence organique à ces créatures qui sont le fruit d'une mue constante, d'une fluidité de l'être nécessairement multiple.
Cette hybridité est aussi celle de la matière, travaillée par Achaintre, ancienne forgeronne qui fait l'expérience d'une relation directe avec les matériaux et goûte à chaque cuisson la métamorphose des matières et des couleurs.
Ossip Zadkine (1888-1967)
Prométhée
1955-1956
Orme
Legs de Valentine Prax, 1981
Paris, musée Zadkine
L'imposant Prométhée de Zadkine représente le héros mythologique transgressif qui a volé le feu aux dieux pour le donner aux humains. Taille d'un seul bloc dans une grume d'orme, essence que appréciait particulièrement, Prométhée apparait comme envoûté par le feu, et son corps telle une forêt de flammes. Cette sculpture monumentale est l'une des dernières occurences de la taille directe dans la carrière de Zadkine Les traces des outils qui surgissent a divers endroits font transparaitre les gestes.
Caroline Achaintre (née en 1969)
Sir Lieu 2021
Céramique, porcelaine Courtesy des galeries Art : Concept, Paris et Arcade, Londres-Bruxelles
Fernand Léger (1881-1955)
Quartier de mouton
1933
Encre de Chine sur papier
Achat, 1981
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art
moderne-Centre de création industrielle
Mathieu Kleyebe Abonnenc (né en 1977)
Le Veilleur de nuit, pour Wilson Harris (2) 2018 Carapace de tortue, gallium
Courtesy de l'artiste
Jessica Warboys (née en 1977)
Shaded Wood [Bois ombragé] 2014
Film 16 mm transféré en HD, 4:3, noir et blanc, couleur, sonore Courtesy de l'artiste et de la galerie Gaudel de Stampa, Paris
Gyan Panchal (né en 1973)
Le Poumon 2017
Épave, bleu de travail, résine, peinture Achat auprès de la galerie Marcelle Alix, 2018 Carquefou, Frac des Pays de la Loire Inv. 018040301
Disposé à la verticale et semblant flotter, le fragment de barque utilisé par Gyan Panchal forme un abri pour le bleu de travail, comme un thorax qui enveloppe les poumons. Barque et vêtement connectent l'humain à son environnement naturel ou de travail autant qu'ils t'en protègent, dans un rapport de porosité. L'artiste donne une nouvelle vie aux matériaux abandonnés- souvent manufacturés qu'il rencontre au hasard de ses balades et auxquels ottre une attention, un soin particulior Par des gostes ut associations simples, it on active la torce en dormance.
Rebecca Digne (née en 1982)
A perdere #6 [À perte #6] 2019
A perdere #10 [A perte #10] 2020
A perdere #1(A perto #1]
Céramique, sable, cire et corde
Courtesy de l'artiste
La série de sculptures de Rebecca Digne porte pour titre une notion primordiale pour l'artiste : la perte, qui autorise la métamorphose. Les structures fantomatiques matérialisent les réseaux de cire, issus de la technique ancienne du moulage à la cire perdue et voués à disparaitre pour laisser place à la sculpture. Comme les traces de repères construits et détruits, elles forment des territoires abstraits, une cartographie sensible du paysage mental de l'artiste et de ses transformations personnelles.
Dans le jardin du musée, Digne conduit le principe de la perte à son paroxysme en exposant l'une de ses sculptures aux éléments naturels et au passage du temps.
Étienne-Martin (1913-1995)
Le Passage ou Tour des ombres (La Demeure XII)
1969 Chêne
Achat en salon, 1970 Paris, musée d'Art moderne de Paris
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