samedi 2 octobre 2021

Les collections permanentes du musée Ingres Bourdelle en août 2021

Le fameux violon d'Ingres

Bourdelle, Ingres et quelques surprises !

BOURDELLE ET ALENTOURS

Quelques oeuvres d'artistes contemporains de Bourdelle: Camille Claudel tout d'abord qu'il rencontre dans l'atelier de Rodin et Joseph Bernard (1866-1911). De ce dernier, qui oriente rapidement son ceuvre vers le symbolisme, sont présentés une Tête de jeune garçon et une Tête de jeune fille, bronzes réalisés pour le Monument à Michel Servet, théologien et philosophe du début du XVI° siècle, victime de l'intolérance religieuse. Ce monument fut commandé au sculpteur en 1905 par la ville de Vienne où il fut inauguré en 1911.
Joseph Bernard travaille également pour Ruhlmann sur la décoration du pavillon Hôtel du Collectionneur, édité pour l'Exposition des Arts décoratifs de 1925 à laquelle collabore aussi Bourdelle.
De secrètes connivences lient ces artistes, aplanissant le saut dans le temps qu'effectuent les oeuvres entre elles.

Camille CLAUDEL
(Fère-en-Tardenois, 1864 - Montdevergues, 1943)
Buste de Charles Lhermitte, 1889
Bronze
Don du Baron Alphonse de Rothschild, 1893
Ce bronze fut donné au musée en 1893, par le baron Alphonse de Rothschild, premier mécène de Camille Claudel. Il représente le jeune Charles Lhermitte, alors âgé de 7 ans, fils du peintre naturaliste Léon Lhermitte. Camille Claudel a 25 ans et travaille encore dans l'atelier de Rodin quand elle fait poser, au cours de l'été 1888, le petit Charles Lhermitte. Cette ceuvre, dont il n'existe qu'un seul autre exemplaire, n'est pas sans rappeler La Petite Châtelaine, œuvre majeure de Camille Claudel dont elle n'exécuta pas moins de six versions entre 1893 et 1896. L'artiste souligne l'androgynie du petit garçon, en auréolant son visage aux joues rebondies et à la bouche finement
ourlée d'une longue chevelure bouclée
Joseph BERNARD
(Vienne, 1866-Boulogne-Billancourt, 1931)
Tête de jeune homme et de jeune fille, 1re moitié XXe siècle Bronze
Dépôt du musée d'Orsay à Paris, 1955

Études pour le groupe de La Jeunesse du Monument de Michel Servet commandé en 1907 et érigé à Vienne en 1911.

ALLEGORIES ET FIGURES

Une série d'allégories et de figures exécutées entre 1887 et 1910 sont regroupées dans cette salle. Le sculpteur réalise La Douleur en 1887, il fréquente alors l'atelier de Dalou et ses recherches sont marquées par l'influence de son aîné à travers le choix des sujets d'inspiration réaliste.

La rieuse, datée de 1893, illustre le moment où le sculpteur décide d'abandonner le naturalisme de ses premières figures et de s'orienter vers des recherches plus symbolistes. Ce thème de la jeune fille riant, sur lequel Bourdelle revient jusqu'en 1900, est repris avec Violettes et roses. Cette ceuvre se rattache aussi à une charmante série de bustes en marbre où l'artiste associe des fleurs à ses modèles féminins dans l'esprit décoratif et symboliste très fin de siècle.

La Nuit de face témoigne, avec ses contours heurtés et mouvementés, d'une période encore marquée par l'influence de Rodin. Les plans démultipliés accentuent l'expressionnisme de la figure. On y discerne son goût pour l'inachevé avec les traces de doigts et d'outils laissés sur la surface de l'oeuvre.


Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861 - Le Vésinet, 1929)
Tête de la France, 1925
Plâtre
Don Madame Veuve Bourdelle, 1930
Étude pour la tête de la France du Monument aux morts de la guerre de 1914-1918 à Montauban.

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861- Le Vésinet, 1929)
Violettes et roses, 1894
Marbre
MI.99.3-3 Legs Paliard-Molinié, 1999
Violettes et roses se rattache à cette
charmante série de bustes en marbre où l'artiste associe des fleurs à ses modèles féminins, dans un esprit décoratif et symboliste très fin de siècle

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861 - Le Vésinet, 1929)
La Rieuse dite: "Rieuse à la belle chevelure", vers 1893
Plâtre patiné façon bronze MI.899-5-34 Legs Madame Michelet, 1899

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861-Le Vésinet. 1929)
Femme sculpteur au repos, 1905-1908
Bronze, Fonderie nationale des Bronzes Don de Madame veuve Bourdelle, 1953

En 1908 Bourdelle divorce de sa première femme, Stéphanie Van Parys et épouse, en 1910, Cléopâtre Sévastos, une jeune élève grecque qui devient le modèle d'un grand nombre de ses oeuvres

La Femme sculpteur au repos est le pendant de la sculpture La Femme sculpteur au travail exécutée en 1906 et conservée au musée Bourdelle. Cléopâtre y est reconnaissable à sa tresse enroulée autour de la tête et à ses traits réguliers. Un visage d'enfant apparait sur le bloc de pierre qui sert d'appui à la jeune femme.

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861- Le Vésinet, 1929)
La Nuit de face, 1904 Bronze, Valsuani fondeur
MID 74.2.3 Dépôt de Mme Rhodia Dufet-Bourdelle en 1974. suivi de son legs en 2002.

On perçoit, dans cette allégorie de la nuit, un goût pour l'inachevé très redevable à Rodin. de même que les traces de doigts ou d'outils laissées volontairement sur la surface de l'œuvre.


Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861-Le Vésinet, 1929)
Beethoven aux grands cheveux, 1891
Plâtre
Entre 1887 et sa mort, en 1929. Bourdelle consacre plus de 80 ceuvres à Beethoven, preuve de la passion que le sculpteur éprouvait pour le musicien, symbole du romantisme et du courage artistique.

Bourdelle raconte qu'il s'identifia à l'auteur de la Neuvième Symphonie après avoir découvert. par hasard dans une boutique de Montauban. un portrait du musicien auréolé d'une folle chevelure, auquel il eut l'impression de ressembler. Aussi toutes ces œuvres peuvent être vues comme autant d'auto-portraits. L'artiste nous y décrit ses questionnements sur les exigences du génie créatif, sur ses tourments et ses rêves de grandeur. Dans les premiers bronzes, la facture est encore fondée sur le modelé mais à partir de 1901, les formes sont construites en plans heurtés, serrés avec de profonds sillons, fruits d'une exécution fougueuse et spontanée. Juste à côté, le chapiteau dit "au raisin" est une des dernières variantes créées par Bourdelle autour du thème de Beethoven. Les raisins évoquent Bacchus et renvoient à la phrase du compositeur allemand: Moi, je suis Bacchus qui pressure pour les hommes son nectar délicieux.

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861- Le Vésinet, 1929)
Tête d'enfant dit l'enfant de Montauban, 1885-1886 Terre cuite

On date cette œuvre en 1885, année où Bourdelle vaincu par l'épuisement dut venir se reposer en convalescence à Montauban où il reçut un certains nombres de commandes.
Ce petit garçon n'est pas identifié avec certitude mais il pourrait s'agir du fils de M. Pélissier l'une de ses relations montalbanaises qui commande un portrait en 1885.
L'exemplaire de Montauban en terre cuite estampée présente de légers manques sur la partie supérieure des oreilles du garçon. Bourdelle pensait d'abord en faire un portrait en pied mais il détacha finalement la tête pour l'étudier à part et la terminer en 1886.
Le musée Bourdelle conserve ce qui semble être le corps initialement prévu par le sculpteur.

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861 - Le Vésinet, 1929)
L'Effroi, 1909

Reprise d'une étude pour l'un des personnages du bas-relief ornant le socle du Monument aux Combattants et Défenseurs du Tarn-et-Garonne de 1870-1871 de Montauban.

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861 - Le Vésinet, 1929)
Buste de Madeleine Charnaux au chignon, 1917 Terre cuite
Elève de Bourdelle, Madeleine
Charnaux (1902-1943) fut l'une des premières femmes aviatrice, sculpteur à ses heures. Elle obtint notamment le record féminin d'altitude. Mais quand Bourdelle dresse son portrait, elle n'a encore que 15 ans. L'artiste souligne la pureté des traits de la jeune fille, la longueur et la grâce de son cou. Son chignon prééminent engage à regarder l'œuvre de profil. Il s'agit de l'une des effigies les plus synthétiques du sculpteur, évoquant ainsi l'archaïsme grec tout aussi bien que le hiératisme des statues colonnes médiévales.

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861-Le Vésinet, 1929)
Jeanne d'Arc Pastoure, 1898 Bronze

L'histoire de la célèbre bergère de Domrémy devenue sainte inspira Bourdelle qui en proposa quatre versions successives. Celle du musée de Montauban correspond à la troisième. On peut y voir Jeanne d'Arc en prière plutôt qu'en guerrière, émouvante de simplicité. Car c'est la jeune paysanne proche de ses origines que Bourdelle s'attache à représenter ici. Le sculpteur, lui-même d'extraction modeste, fut sensible au monde de la terre, à ses héros, paysans et bergers.

BOURDELLE ET LA MYTHOLOGIE

Après 1900, Bourdelle multiplie les œuvres faisant référence à la mythologie et puise dans cet univers des symboles, des sujets, dont le sens est connu afin de pouvoir s'affranchir des servitudes de la représentation et mettre en place des expérimentations plastiques nouvelles. Ce qu'il dégage de la statuaire grecque, c'est la loi des proportions et des structures essentielles qu'il résume ainsi : « Tout ce qui est synthèse est archaïsme, c'est l'art à la fois le plus humain et le plus éternel »>. L'Héraklès Archer présenté au Salon de 1910 en est un exemple saisissant. Cette œuvre témoigne de son émancipation de Rodin en se détournant de l'anecdote et du modelé lisse, pour s'orienter vers un art de la synthèse et du monumental en agençant les formes selon une dynamique mûrement réfléchie. Bourdelle s'oppose également à l'idéalisme impersonnel de la Grèce antique par sa sensibilité moderne. Dans chacune de ces œuvres il y a la présence sensible de la part d'humanité que l'artiste regrette de voir s'éteindre dans son siècle, ce qu'il exprime notamment dans Le Centaure mourant.

Dépassant l'anecdote mythologique, le sculpteur voulut faire de ce personnage un symbole résumant le destin de l'homme-artiste dans sa lutte contre les obstacles, à la fois malheureux, résigné et pourtant victorieux. Comme lui, le Centaure indompté meurt en plein combat, avec encore dans ses mains, la lyre par laquelle il avait espéré s'élever vers l'idéal. La tête retombant sur l'épaule marque la résignation à sa destinée. Bourdelle privilégie aussi une conception architecturale et spiritualisée de l'antique que l'on peut observer dans la décoration du théâtre des Champs-Elysées. Ces bas-reliefs soulignent l'importance qu'il accorde au rythme, à la géométrie et à l'architecture de ses œuvres.

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861-Le Vésinet, 1929)
Samson, vers 1900
Terre cuite

Bourdelle, passionné par la chevelure et les effets qu'il pouvait en tirer, ne pouvait rester insensible à l'extraordinaire histoire du héros biblique, Samson, dont la naissance même fut un miracle puisque sa mère était stérile. Devenu adulte, le jeune Samson dépioie alors une force herculéenne liée à la longueur de ses cheveux que, par vœu, il avait décidé de ne plus jamais tailler en signe de dévotion à Dieu. Marquée par l'influence de Rodin dont Bourdelle est le collaborateur, cette esquisse représente Samson brandissant dans sa main
gauche une mâchoire d'âne avec laquelle il vient de terrasser un Philistin.

Emile-Antoine BOURDELLE
(Montauban, 1861- Le Vésinet, 1929)
Télémaque reçu à Pilos par Nestor, 1883
Plâtre (haut-relief)

Cette œuvre à la composition savante témoigne de la parfaite maîtrise de l'espace par Bourdelle, et cela dès son plus jeune âge. Avec ce haut-relief l'artiste obtint le deuxième prix au concours triennal du Grand Prix municipal de sculpture à l'Ecole des Beaux-Arts de Toulouse.

La scène est empruntée à l'Odyssée d'Homère. Au premier plan, debout et nu, le jeune Télémaque parti à la recherche de son père Ulysse, est accueilli par le roi Nestor identifié par sa barbe, symbole de sagesse et de maturité. Nestor est entouré de ses fils Pisistrate et Transymède. A gauche, on reconnaît le vieux Mentor sous les traits duquel s'est cachée la déesse Athéna afin de protéger le fils d'Ulysse. Cette œuvre fut donnée par l'artiste à sa ville natale en remerciement de son soutien et des bourses octroyées durant ses études.

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861 - Le Vésinet, 1929)
La Première Victoire d'Hannibal, 1885 Plâtre original

Cette sculpture est l'œuvre de jeunesse la plus ambitieuse de Bourdelle. Elle témoigne avec éclat de son talent précoce : il n'a que 24 ans lorsqu' il la présente au Salon de 1886 où elle obtint une mention honorable.
Les sources de cet épisode de l'enfance d'Hannibal, le futur général carthaginois, sont doubles. La première, évidente est empruntée au roman de Flaubert, Salammbô. L'autre est l'écho d'un souvenir d'enfance, celui d'un aigle captif dans la maison de sa tante Rose, rue Saint-Louis à Montauban, qui parvint, après d'immenses efforts, à se libérer de ses chaînes et à prendre son envol sous les yeux émerveillés de l'enfant qu'il était alors.

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861- Le Vésinet, 1929)
Héraklès Archer, 1909
Plâtre patiné brun clair Première version de l'Héraklès Archer; plâtre original du bronze exposé au Salon de La Société nationale des Beaux-Arts en 1910.

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861 - Le Vésinet, 1929)
La Danse, 1912 Plâtre
Moulage d'un bas-relief de la façade du Théâtre des Champs-Élysées

Bourdelle choisit d'évoquer La Danse à travers les deux plus célèbres danseurs de cette époque : le russe Vaslav Nijinsky et l'américaine Isadora Duncan que l'on reconnaît à ses cheveux lâchés, ses pieds nus et sa tunique légère et fendue. Le sculpteur abandonne la perspective illusionniste et réduit sa composition à deux plans: le fond nu et plat d'où surgit la surface travaillée en relief, renvoyant ainsi aux principes de la sculpture romane. Pour accentuer les mouvements des danseurs, Bourdelle replie leur corps à l'intérieur d'un cadre exigu et fait virevolter la tunique d'Isadora Duncan, rythmée par de grandes lignes parallèles dans une chorégraphie aux accents modernes.

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861 - Le Vésinet, 1929)
Une Muse, dite Muse échevelée,
1912 Plâtre
Moulage d'un détail d'un haut-relief du Théâtre des Champs-Élysées à Paris (partie droite).

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861 - Le Vésinet, 1929)
La Musique, 1912 Plâtre
Moulage d'un bas-relief de la façade du Théâtre des Champs-Élysées

Cette sculpture appartient à un ensemble de cinq bas-reliefs dédiés chacun aux arts accueillis par le Théâtre des Champs-Elysées.
Pour figurer La Musique, le sculpteur choisit une violoniste faisant face à un faune joueur de syrinx, symbole de la musique ancienne mais aussi discrète allusion à L'Après-midi d'un faune de Debussy, pièce musicale créée au théâtre du Châtelet le 29 mai 1912 avec le danseur Nijinski comme interprète. Bourdelle qui y assista en fut très impressionné.

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861 - Le Vésinet, 1929)
La Sculpture et l'Architecture, 1912
Plâtre
Moulage d'un bas-relief de la façade du Théâtre des Champs-Élysées
La figure de L'Architecture, à droite, emprunte ses traits à la seconde épouse de Bourdelle, Cléopâtre Sévastos, reconnaissable à sa longue tresse. Le musée Bourdelle à Paris conserve des dessins montrant que l'artiste avait, dans un premier temps, songé à Isadora Duncan pour cette figure.

L'Architecture maintient un socle sur lequel La Sculpture vient déposer une statuette résumant ainsi l'union étroite et symbolique des deux arts essentiels à la construction du Théâtre des Champs-Elysées et proposant ainsi une mise en abyme de la création.

Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861 - Le Vésinet, 1929)
La Comédie, 1912
Plâtre
Moulage d'un bas-relief de la façade du Théâtre des Champs-Élysées
Don de Madame Veuve Bourdelle,
Ici, La Comédie présente deux jeunes femmes s'échangeant gaiement leur masque, l'une à droite figurant le théâtre moderne et l'autre incarnant par sa nudité sculpturale le théâtre antique.
Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861 - Le Vésinet, 1929)
La Tragédie, 1912
Plâtre
Moulage d'un bas-relief de la façade du Théâtre des Champs-Élysées à Paris MI.31.3.2
Don de Madame Veuve Bourdelle

Pour figurer la Tragédie, Bourdelle choisit d'évoquer le sacrifice d'Iphigénie dont l'histoire venait d'être remise au goût du jour grâce à la pièce du même nom écrite en 1903 par son ami le dramaturge
Charles Moréas et jouée au théâtre de l'Odéon.
Iphigénie était la fille d'Agamemnon, roi de Mycènes et commandant en chef des armées grecques durant la guerre de Troie. Pour permettre à sa flotte de reprendre la mer, le roi dut sacrifier sa fille à Artémis.
Bourdelle représente le grand prêtre, genou plié, montrant son glaive à Iphigénie.

Celle-ci, la tête rejetée en arrière, épouvantée et offerte à la fois, tend les bras pour repousser l'arme; son corps semble ployer sous le poids de son abondante chevelure.
Emile-Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861 - Le Vésinet, 1929)
Apollon et sa méditation, 1911-1912
Plâtre
Don de Mme Veuve Bourdelle, 1950
Détail de la frise extérieure du Théâtre des Champs-Elysées à Paris.

Emile-Antoine BOURDELLE
(Montauban, 1861- Le Vésinet, 1929)
Torse de la Force, 1916
Plâtre
Don de Madame Veuve Bourdelle

Étude pour l'une des figures du Monument au général Alvéar. Le monument au général Alvéar fut la plus importante commande publique de la carrière de Bourdelle et l'une de ses dernières. Il s'agissait d'honorer la mémoire d'un des héros nationaux de l'Argentine, par un monument élevé à Buenos-Aires. Les allégories devaient orner les quatre angles du socle du monument, deux hommes pour La Force et l'Éloquence, deux femmes pour la Liberté et la Victoire, encadrant le portrait équestre du général.


Antoine BOURDELLE (Montauban, 1861 - Le Vesinet, 1929)
Grand Guerrier de Montauban, 1895-1902
Pour le Monument aux combattants et défenseurs du Tarn-et-Garonne, 1870-1871 Bronze

INGRES ET LES MODERNES

"S'il vous plaît monsieur l'académicien pardonnez nos incartades. Cela fait des années maintenant que vous vous retournez dans votre tombe. À cause de tout ce que nous vous faisons subir" Michel Butor, Ballade sur Ingres, 1982

Un grand artiste et sa postérité : c'est un sujet qui intéresse notre temps et il est devenu courant, à bon escient ou non, qu'une exposition ou un musée monographique comporte une conclusion ou un commentaire dus à un créateur contemporain. Ingres est, tout comme Picasso avec lequel il présente tant d'affinités, un des artistes dont l'examen des sources d'inspiration et de la postérité se révèle le plus instructif.
"En art, il n'y a ni passé ni futur. Lorsqu'une œuvre d'art
ne continue pas de vivre de façon vivante dans le présent, elle n'entre plus en ligne de compte" disait Picasso. Mais c'est avant tout à travers les œuvres des artistes qu'il faut mesurer ce qu'Ingres a pu leur apporter. Quel meilleur commentaire d'une œuvre d'art qu'une autre œuvre d'art ? C'est ce que propose le musée, de la façon la plus large, d'une part en faisant appel à de célèbres plasticiens, de Dimitrijevic, en passant par
Ernest Pignon-Ernest ou Henri Cueco tout en accordant une place importante à la jeune scène hexagonale - Gaël Davrinche, Pascal Lièvre, Invader, Françoise Pétrovitch - et, d'autre part, à des créateurs méconnus en France mais célébrés dans leur pays, comme l'Américaine d'origine marocaine, Lala Essaydi ou le japonais Koya Abe.
Cette présentation rassemble toutes les générations comme les techniques les plus diverses, puisque, outre les champs de la peinture et dessin, ceux de la sculpture, de la photographie, de la gravure, de la vidéo, de l'installation, du street art et de la performance ont été sollicités. Elle voudrait suggérer que le regard sur la postérité du maître de Montauban doit rester curieux, dynamique et, pourquoi pas irrévérencieux ?

Ernest-PIGNON-ERNEST
(Né à Nice en 1942)
Anges du Vœu de Louis XIII d'après Ingres, 2007
Pierre noire sur papier MI.2010.16.1 et 2 Don de l'artiste, 2010

Ernest Pignon-Ernest intervient régulièrement à partir de 1974 dans les rues de villes françaises et étrangères en collant sur leurs murs ses dessins et sérigraphies de corps grandeur nature. L'artiste a proposé à l'occasion de l'exposition << Ingres et les Modernes >> en 2009, une < Intervention-image > s'inspirant des anges du tableau d'Ingres, Le Vœu de Louis XIII, conservé à la
cathédrale de Montauban. Ces deux grands dessins de plus de cinq mètres de haut puisent leur origine dans les études préparatoires d'Ingres consacrées aux anges qui écartent les rideaux de part et d'autre de la Vierge et dans lesquels on voit leurs corps nus et sexués alors que leur anatomie disparait entièrement sur le tableau final dans un bouillonement de drapés baroques. Collés sur les murs de la cathédrale en 2009, ils ont été vandalisés au bout d'un mois par une famille d'intégristes catholiques. A la fin de l'exposition, en accord avec l'artiste, ces dessins ont été déposés et conservés dans les collections du musée.
Ernest-PIGNON-ERNEST (Né à Nice en 1942)
Ange de droite, 2008-2009
Pierre noire sur papier MI.2010.16.2 Don de l'artiste, 2010

D'après Le Vœu de Louis XIII de Jean Auguste-Dominique Ingres (Montauban, Cathédrale Notre-Dame de l'Assomption), 1824. Dessin réalisé pour la façade de la cathédrale de Montauban à l'occasion de l'exposition « Ingres et les Modernes » (2009).
Pascal LIEVRE (Né à Lisieux en 1963)
Made in France - Jean-Auguste-Dominique Ingres, 2009
Acrylique sur papier
Acquisition de la Ville de Montauban avec l'aide du Fonds Régional d'Acquisitions pour les Musées, 2010.

D'après Roger et Angélique de Jean Auguste-Dominique Ingres (Montauban, Musée Ingres Bourdelle), 1844.
Patrick RAYNAUD (Né à Carcassonne en 1946)
Ingres Sex Toys, 1973
Technique mixte, peinture

Don de l'artiste, 2010
D'après Le Bain turc de
Jean-Auguste-Dominique Ingres (Paris, Louvre), 1862.

Paul DUCHEIN
(Né à Rabastens-sur-Tarn en 1930)
Pas de commentaire... Angélique aime les militaires, 2005
Boîte, technique mixte
MI.2012-5-1 Don de l'artiste, 2012
D'après Roger et Angélique de
Jean-Auguste-Dominique Ingres (Montauban, Musée Ingres Bourdelle) 1844
Braco DIMITRIJEVIC (Né à Sarajevo en 1948)
Triptychos Post Historicus, 2008
Photographie
Acquisition de la Ville de Montauban avec l'aide du Fonds Régional d'Acquisitions pour les Musées, 2010.
Madame Gonse, de Jean-Auguste Dominique Ingres (Montauban, Musée

Gaël DAVRINCHE (Né à Saint-Mandé en 1971)
Monsieur Bertin, 2005
Acrylique et crayons de couleurs sur papier
MI.2010.6.1 Acquisition de la Ville de Montauban auprès de l'artiste avec l'aide du Fonds Régional d'Acquisitions pour les Musées, 2010.
D'après Monsieur Bertin de
Jean-Auguste-Dominique Ingres (Paris, Louvre), 1832.

Stéphane LALLEMAND (Né à Epinal en 1958)
La Grande Odalisque, 2007
Photographie
Acquisition de la Ville de Montauban auprès de l'artiste avec l'aide du Fonds Régional d'Acquisitions pour les Musées, 2010.

D'après La Grande Odalisque de Jean-Auguste-Dominique Ingres (Paris, Louvre), 1814.

Pol BURY
(Haine-Saint-Pierre, Belgique - 1922 - Paris, 2005)
Vénus Anadyomène, d'après Ingres
Don de Paul Duchein, 2019
Œuvre mobile de la série des "Mélangeurs".

Henri CUECO
(Uzerche, 1929 - Paris, 2017)
Erotiques d'Ingres, 2008
Acrylique sur papier brun
Acquisition de la Ville de Montauban, 2012
D'après les dessins érotiques d'Ingres (Montauban, Musée Ingres Bourdelle).

Julie AN (Née à Séoul en 1971)
Odalisque (after Ingres), 1996
Photographie couleur
Acquisition de Montauban, 2010
D'après La Grande Odalisque de Jean-Auguste-Dominique Ingres (Paris, Louvre), 1814.

Lalla ESSAYDI (Née au Maroc 1956)
Les Femmes du Maroc - La Grande Odalisque, 2008
Photographie
Acquisition de la Ville de Montauban auprès de l'artiste avec l'aide du Fonds Régional d'Acquisitions pour les Musées, 2010.

D'après La Grande Odalisque de Jean-Auguste-Dominique Ingres (Paris, Louvre), 1814.

MISS TIC
(Née à Paris en 1956)
Libertine sans liberté, 2008-2009

Encres rouge et noire - pochoir sur papier
Don de l'artiste, 2010
D'après L'Odalisque à l'esclave de Jean-Auguste-Dominique Ingres (Cambridge, Fogg Art Museum), 1839-1840.

GUERRILLA GIRLS
(Collectif de femmes artistes créé à New-York en 1985)
Est-ce que les femmes doivent être nues pour entrer au Metropolitan Museum ? 1989-2009
Affiche éditée en 2009 pour l'exposition Ingres et les Modernes
Acquisition de la Ville de Montauban, 2010

Guerrilla Girls est le nom d'un collectif de femmes artistes, féministes et radicales, créé à New-York en 1985. Elles envahissent les rues de slogans cinglants qui dénoncent les inégalités inhérentes à leur univers.

Do women have to be naked to get into the Metropolitan Museum? est une de leurs toutes premières affiches et rend exactement compte des activités de propagande artistique, sociale et politique auxquelles elles se livrent. Elles appuient leur discours sur une image célèbre: La Grande Odalisque d'Ingres, affublée de leur effrayant masque de gorille, accompagnée de données statistiques. Le collectif féministe entend ainsi révéler au public les conditions de visibilité et de présence des femmes dans les musées. Cette affiche a été traduite en français et ses statistiques actualisées à l'occasion de l'exposition « Ingres et les Modernes » en 2009. Elle a été installée
sur la flotte de bus montalbanais durant les trois mois d'exposition.

Francois BOUCHER (Paris, 1703-1770) Pastorale
Huile sur toile Don Mortarieu, 1843

Premier peintre à la cour de Louis XV, François Boucher réalisa de nombreuses scènes pastorales ou à caractère mythologique, souvent teintées d'érotisme. Evoquant un monde champêtre idéalisé, ce tableau témoigne du style Rocaille dont Boucher est l'un des représentants les plus connus. L'image de la bergère ingénue, au milieu de son troupeau connaît un vif succès, tant pictural que littéraire, au XVIIIe siècle. Longtemps considérée comme une imitation du style Boucher, l'œuvre ne fut identifiée formellement qu'en 1992, lorsqu'une restauration laissa apparaitre la signature du peintre.

Jean-Baptiste GREUZE (Tournus, 1725 - Paris, 1805) d'après Fillette au capucin

Huile sur toile Don Mortarieu, 1843

Greuze fut l'élève du peintre lyonnais Grandon puis à Paris celui de Natoire à l'Académie royale de peinture et de sculpture. Il connait son premier succès avec son père de famille expliquant la Bible à ses enfants en 1755. Il participe à un mouvement vers un art moralisateur, en réaction aux artistes frivoles du Rococo. Ce tableau a longtemps été considéré comme l'original de Greuze exposé au salon de 1765 qui avait suscité l'enthousiasme de Diderot. La fillette tient dans ses bras une figurine de bois habillée en moine. Cette scène témoigne de la prégnance de l'église dans la vie sociale, qui s'atténuera avec la Révolution. Dans ce portrait qui tient de la scène de genre, le talent de Greuze s'est exercé dans l'harmonie des bruns et des orangés ainsi que dans les effets de transparence sur le visage de la fillette.
Hyacinthe Rigau y Ros, dit RIGAUD (Perpignan, 1659- Paris, 1743)
d'après
Portrait de Louis XV enfant
Huile sur toile
Don Mortarieu, 1843

Hyacinthe Rigaud se forme à Montpellier auprès d'Antoine Ranc. Considéré comme l'un des plus célèbres portraitistes français de la période classique, son œuvre fut abondante et constante en perfection.

Son nom est indissociable de son portrait de Louis XIV en costume de sacre et son œuvre livre une galerie de portraits quasi complète des dirigeants du royaume de France entre 1680 et 1740.

Cette copie d'après Le Grand Portrait du roi Louis XV à l'âge de cinq ans, peint en 1715 conservé à Versailles, ne reproduit fidèlement que le visage. Le cadrage, le costume et le geste des mains diffèrent de l'œuvre originale.
Jakob de WIT (Amsterdam, 1695 - Amsterdam, 1754)
Les Vestales, 1749
Huile sur toile

Philippe de CHAMPAIGNE (Bruxelles, 1602 - Paris, 1674)
d'après
Portrait de Monseigneur Pierre de Bertier, XVIIe siècle
Huile sur toile

Ce portrait est une réplique de celui qui fut commandé en 1647 par Monseigneur de Berthier à Philippe de Champaigne, aujourd'hui disparu. Le modèle fut évêque de Montauban de 1652 à 1674, et militant actif de la Contre-Réforme. Il fit construire un palais épiscopal au bord du Tarn afin de signaler la puissance des évêques et la victoire des Catholiques sur la ville protestante. Ce bâtiment, initialement destiné à accueillir le prélat et sa suite, est aujourd'hui le musée Ingres Bourdelle. Peintre de grands sujets religieux et de portraits, Philippe de Champaigne marque son œuvre d'une profonde spiritualité. Sa capacité à traduire l'âme de ses sujets, à rendre les carnations et les étoffes, assurèrent sa renommée auprès de Marie de Médicis, puis de Richelieu et enfin de Louis XIII. Il devint l'un des principaux peintres de la cour.
Louis-Léopold BOILLY
(La Bassée, 1761 - Paris, 1845)
Portrait du Baron Le Pelletier, préfet de Tarn-et-Garonne, après 1808
Huile sur toile

Frans POURBUS L'Ancien (Bruges, vers 1540 - Anvers, 1581) attribué à
Saint-Jérôme pénitent, XVIe siècle
Huile sur toile
Don Armand Cambon, avant 1885
Jérôme de Stridon (347-420), figure du lettré, érudit, est notamment connu pour avoir traduit de nombreux textes religieux du grec au latin, à la demande du pape Damase dont il était le secrétaire. Il est le père de la Vulgate, la version latine de la Bible, dont le texte était auparavant écrit en grec. Elevé au rang de cardinal, il figure parmi les Pères de l'Eglise catholique romaine. À la mort du pape, le saint gagne Bethléem où il fonde un monastère pour se consacrer entièrement à la traduction en latin de textes religieux grecs et hébreux. Ce séjour en Terre Sainte, où il finira ses jours, lui fournit également l'occasion de mener une vie d'ermite, marquée par de longs séjours dans le désert.

La Légende dorée de Jacques de Voragine, relate que se promenant dans le désert le saint se retrouve face à un lion qui, au lieu de l'attaquer, se lèche la patte d'un air malheureux. Jérôme, plein de pitié, retire l'épine qui blessait l'animal puis il rejoint son monastère accompagné du lion reconnaissant. Cette scène figure à l'arrière-plan du tableau de Frans Pourbus l'Ancien, Saint-Jérôme pénitent.

José de RIBERA
(Javita, 1591-Naples, 1652) attribué à
Saint-Jérôme lisant, XVIIe siècle
Huile sur toile MI.882.5 Acquisition de la Ville de Montauban, 1882

Ce tableau de José de Ribera traduit dans un style ténébriste hérité de Caravage le thème de Saint Jérôme dans le désert en accentuant le mystère de l'œuvre avec ce fond très sombre qui fait ressortir le corps décharné du saint, figure ascétique totalement absorbée par sa tâche.

Francesco Salvatore FONTEBASSO (Venise, 1709 - Venise, 1769)
La Charité, XVIIIe siècle
Huile sur toile

Philippe GAUTARD
(Pézenas, XVIe siècle)
Saint-Jérôme dans sa cellule,
XVIe siècle Huile sur toile

Copie d'un original de Joos Van Cleve (Anvers?, s.d. - Anvers, 1540?) dérivant du tableau de Dürer (Nuremberg, 1471 Nuremberg, 1528) sur le même sujet. Les représentations les plus courantes du saint le montrent soit en ermite du désert, en pénitence, accompagné de la seule croix, soit en cardinal, revêtu du manteau de pourpre et du chapeau caractéristique, plongé dans son travail de traduction, interprétation très prisée par les moines copistes qui s'identifiaient, depuis le moyen-âge, à ce labeur. Ainsi le tableau de Philippe Gautard présente un Saint-Jérôme dans sa cellule avec les attributs de l'homme d'Église accompagné des objets liés à son étude et d'un crâne, symbole de vanité, selon une composition mise au point par le grand peintre allemand Durer et popularisée par Joss Van Cleve.

Pierre MIGNARD
(Troyes, 1612- Paris, 1695)
Allégorie de la peinture
Huile sur toile Don Mortarieu, 1843

Cette Allégorie de la peinture est une transposition d'un fragment de plafond de la petite galerie de Versailles peinte par Mignard en 1685 et détruite en 1753 sous l'ordre de Louis XV. Seul deux gravures de Gérard Audran et Louis Surugue attestent encore de ce plafond. La transposition est une technique de restauration inventée au XVIIIe siècle, qui consiste à reporter la couche picturale d'un support vers un autre support. Celle-ci a été faite par Picault fils dont le père fut un des premiers restaurateurs du roi Louis XV. Cette œuvre fut considérée pendant longtemps comme le portrait de la Grande duchesse de Bourbon enfant, fille de Louis XIV et de madame de Montespan. Mais certaines incohérences de date figurant au dos de la toile remettent en cause cette hypothèse. La toile fut donnée au musée en 1843 par Vialètes de Mortarieu, ancien maire de Montauban et à l'origine du musée qu'il enrichit par un don très important de 64 tableaux de sa collection personnelle.

Gaspard CRAYER (Anvers, 1584-Gand, 1669) d'après
Couronnement de l'empereur Charles Quint à Bologne
Huile sur toile

Gaspard Crayer, né à Anvers en 1584, est un peintre des Pays-Bas connu pour ses nombreux portraits royaux et ses retables inspirés par la Contre-Réforme. Il fut un des peintres de la cour des gouverneurs des Pays-Bas et travailla dans les principales villes de Flandres où il contribua à la propagation du style de Rubens. A partir de 1631, son art fut fortement influencé par celui de Van Dyck. Jouissant à son époque d'une notoriété presque équivalente à celle de Van Dyck et Jordaens, il tomba cependant dans l'oubli peu après sa mort. Cette toile, considérée comme une copie de l'atelier de Crayer, reprend la scène d'une tapisserie conservée par la ville de Gand où était né Charles Quint. Ce dernier se fit remettre le 23 février 1530, au terme d'un long bras de fer l'opposant à la France, par le pape Clément VII, la Couronne de fer, l'un des symboles des rois d'Italie. Grace à ce rituel hérité de la tradition carolingienne, il put se faire sacrer le lendemain empereur des Romains à Bologne et asseoir son pouvoir d'empereur du Saint Empire.

Franz MOMPER
(Anvers, 1603 - Anvers, 1660) attribué à
Un village sous la neige, XVIIe siècle
Huile sur bois

José de RIBERA (Javita, 1591- Naples, 1652) attribué à
Un saint guerrier
Huile sur toile

Restaurée en 2014, cette œuvre a été récemment attribuée au peintre baroque d'origine espagnole José de Ribera. Il l'aurait réalisée lors de son séjour à Rome au début des années 1610.
L'iconographie est indécise. Alors que certains y voient l'apôtre Jacques, généralement représenté en pèlerin doté d'une panetière et d'un bâton de marche, d'autres pensent identifier Saint-Roch, originaire de Montpellier, lui aussi pèlerin. Dans les deux cas, cette identification est problématique. La représentation de saint Jacques est le plus souvent accompagnée d'une coquille, absente ici. Quant à Saint-Roch, il présente habituellement un bubon de peste à sa cuisse, également absent. La tradition l'identifie comme un saint guerrier.

Jacob JORDAENS
(Anvers, 1593 - Anvers, 1678)
Tête de faune, XVIIe siècle
Huile sur toile

Jacob JORDAENS
(Anvers, 1593-Anvers, 1678)
attribué à
Le Penseur ou Faune en méditation, XVIIe siècle
Huile sur toile

Jacob JORDAENS (Anvers, 1593-1678) atelier de
Silène et les quatre saisons
Huile sur toile
Dépôt du Louvre, 1876

Cette œuvre fut réalisée dans l'atelier de Jacob Jordaens, peintre anversois, certainement après 1640. Les spécialistes s'accordent à reconnaitre dans la figure du musicien ainsi que dans la vieille femme la main de Jordaens lui-même; les autres figures allégoriques du tableau sont probablement dues à des collaborateurs. Ancien dépôt de l'Etat, sa provenance avant son entrée dans les collections du musée est mal établie puisque il existe plusieurs versions de cette composition portant des titres différents. Aux quatre saisons, reconnaissables à leurs attributs, les fruits de l'été, le raisin de l'automne, la toile rajoute l'illustration des différents âges de la vie.

Antoon Van DYCK
(Anvers, 1599- Londres, 1641) d'après
Tête de moine, XVIIe siècle
Huile sur toile

France (XVIIe siècle)
Nature Morte au Homard
Huile sur toile - 0.80 x 1,00 (Provenance inconnue; entrée avant 1950 Copie d'après un tableau hollandais du XVIIe siècle)

Au XVIIe siècle, à l'instar des écoles flamandes et hollandaises converties au protestantisme, le genre de la nature morte se charge de significations profondes. Loin d'être simplement décorative, la représentation de bouquets divers est une réflexion sur la brièveté de la vie terrestre. Les fleurs coupées, si belles soient-elles, seront bientôt fanées. Le spectateur est poussé à conduire son examen de conscience, peser ses bonnes et mauvaises actions en prévision d'une vie céleste. On parle également de peintures de vanités, car elles expriment le caractère vain et éphémère des biens matériels. Bien souvent les fleurs sont accompagnées de mets culinaires renvoyant aux nourritures terrestres tout aussi éphémères et promises à la disparition.

Jacob-Gerritz CUYP (Dordrecht, 1594- Dordrecht, vers 1651)
Scène pastorale, XVIIe siècle
Huile sur toile Don Rudler,1885

Contrairement aux habitudes des ateliers hollandais du XVIIe siècle où les artistes se spécialisent dans un genre pictural, Jacob Cuyp s'illustre autant dans les scènes de genres que dans les portraits. Son art se définit par le souci d'exactitude psychologique et par la sobriété de sa palette. Il se forma auprès d'Abraham Bloemaert, un des principaux représentants du maniérisme hollandais et exerça son art essentiellement dans sa ville natale.

Ce tableau, indique son goût pour les scènes champêtres et les sujets traitant de la vie rustique ou des amours des bergers. La même attention est portée au traitement des personnages qui occupent le premier plan, à celui des animaux qui les entourent ainsi qu'au paysage dans lequel ils s'inscrivent; cela sans souci d'échelle, d'où l'impression de bizarrerie provoquée par cette composition.

Thomas COUTURE (Senlis, 1815-Villiers-le-Bel, 1879)
Bouquet de fleurs, vers 1862 ou 1871
Huile sur toile

Peintre d'histoire célèbre en son temps, Thomas Couture réalisa principalement de grands décors monumentaux comme ceux de l'église Saint-Eustache à Paris. Son tableau le plus connu, Les Romains de la décadence, est conservé au musée d'Orsay. Il fut également un professeur estimé et, malgré son académisme affirmé, il accueillit de nombreux jeunes peintres dans son atelier dont Édouard Manet, Henri Fantin Latour ou encore Pierre Puvis de Chavannes qui allaient inventer la peinture moderne. Ce Bouquet de pivoines témoigne d'une liberté et d'une délicatesse de trait habituellement absentes de sa peinture d'histoire. Il présente de grandes similitudes avec le tableau Vase de pivoines sur un piédouche, peint en 1864 par son élève Manet (musée d'Orsay).

Eugène DELACROIX (1798-1863)
Bacchante endormie
Huile sur toile
Eugène DELACROIX (Charenton-Saint-Maurice, 1798 - Paris, 1863)
Vase de fleurs sur une console, 1848-1850 Huile sur toile

Eugène Delacroix est un peintre français considéré comme le chef de file de la peinture romantique en France. Sa réputation commence à s'établir avec sa célèbre toile, La Barque de Dante, présentée au Salon de 1822, que l'Etat lui achète immédiatement. Très vite, la critique l'oppose à Ingres dont on fait son adversaire.

Plus célèbre pour ses scènes historiques et son goût pour l'orientalisme, l'artiste démontre ici avec une grande virtuosité ses talents de peintre décorateur. Ce "cratère de volcan artistement caché
par des bouquets de fleurs" selon les mots de Baudelaire, fait partie de la série des cinq natures mortes au bouquet que Delacroix voulait montrer au Salon de 1849, désireux de marquer une rupture avec sa production précédente. L'œuvre ne fut pas achevée à temps pour y être envoyée. Ne réussissant pas à la vendre, il la légua plus tard à l'un de ses exécuteurs testamentaires, l'avocat Legrand. Contrairement aux quatre autres toiles, celle-ci représente des fleurs dans un intérieur. Le luxe du décor, la console dorée, le lourd rideau de brocart et le foisonnement floral contredisent la recherche de simplicité à laquelle le peintre prétendait aspirer pour cet ensemble « [J'ai] essayé de faire des morceaux de nature comme ils se présentent dans des jardins, seulement en réunissant dans le même cadre une grande variété de fleurs". Ici pivoines, marguerites, giroflées, digitales, cinéraire campanules, crête de coq, roses qu'il est pourtant assez rare de voir fleurir ensemble.
Malgré le succès critique et l'enthousiasme de son ami, le poète Théophile Gautier s'extasiant de la «débauche de palette, le régal de donné aux yeux », Delacroix ne peint que douze tableaux au thème floral dans toute sa carrière.

Théodore CHASSERIAU (Saint-Domingue, 1819 - Paris, 1856)
Étude d'après le modèle Joseph, 1839 Dit aussi Etude de Noir
Huile sur toile

Chassériau entre dans l'atelier d'Ingres alors qu'il est à peine âgé de 11 ans. Il suit son enseignement entre 1830 et 1835, à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris. Séduit par l'Orient, où il séjournera en 1846, et grand admirateur de Delacroix, son style évolue ensuite vers le Romantisme. Son œuvre combine la pureté classique des lignes inspirées par Ingres et la fougue romantique de Delacroix. Cette toile fut commandée à Chassériau
en 1836 par Ingres pour un projet de tableau intitulé La Tentation du Christ. Le personnage noir aurait dû représenter Satan, l'ange déchu, vaincu et tombant du ciel. Ingres fournit des indications très précises sur un croquis et demande, pour cette figure, que pose « Joseph le Nègre », ancien modèle à l'Ecole des Beaux-Arts. Vingt ans plus tôt, Joseph avait posé pour le Radeau de la Méduse de Géricault. La réalisation fut très lente en raison de la pose très fatigante nécessitant des séances courtes. Le projet auquel se rattache cette étude ne vit jamais le jour, mais nous laisse une œuvre saisissante de modernité. On l'a vue au Musée d'Orsay dans l'exposition sur le modèle noir.

ARMAND CAMBON

Armand Cambon commence sa formation artistique dans l'atelier de Léon Combes (1786-1875) à Montauban. En 1842, il s'installe à Paris pour étudier la peinture. Le jeune homme est alors présenté à son cousin éloigné et compatriote: Ingres.

Cambon rejoint l'atelier du Maître de Montauban où il côtoie entre autres les Flandrin et les Balze. Il se présente au Prix de Rome puis au concours de la République en 1848 pour lequel il reçoit les conseils d'Ingres qui trouve auprès de lui, comme auprès de Debia et de Gilibert, ses amis d'enfance, un lien avec sa ville natale. Une étroite collaboration s'instaure entre les deux hommes et Cambon participe à l'exécution de la Sainte-Germaine de Pibrac et à plusieurs de ses portraits tardifs dont celui de Madame Moitessier.
Ingres le fait nommer directeur du musée de Montauban en 1862 et lui confie le rôle d'exécuteur testamentaire. A la mort d'Ingres, en 1867, Cambon consacre une dizaine d'années à inventorier et classer les dessins, peintures et objets d'art légués par le peintre à Montauban. En 1877, Armand Cambon souhaite créer un musée des arts décoratifs afin de fournir aux artistes et artisans des modèles et des sources d'inspiration. Pour cela, armé d'une curiosité insatiable, il se lance dans une vaste campagne d'acquisitions menée sur plusieurs années. La mode est alors à l'Orient. Les aires géographiques couvertes par les collections rassemblées par Armand Cambon sont très vastes: Chine et Japon pour l'Extrême-Orient; Perse, Irak, Inde, terres ottomanes, Maghreb mais aussi Malaisie, Bornéo, Indonésie. Les objets de la vitrine rappellent ce projet et la grande diversité des collections acquises pour le musée de Montauban. Ceux-ci n'étaient plus présentés depuis près d'un siècle malgré leur intérêt. Une grande campagne de restauration menée à l'occasion de la réouverture du musée Ingres Bourdelle rénové leur permet de retrouver tout leur éclat.

Armand CAMBON
(Montauban, 1819 - 1885)
Etudes de paysages, avant 1885
Legs Gustave Cambon, 1916

Armand CAMBON
(Montauban, 1819 - 1885)
Etudes de paysages, avant 1885
Legs Gustave Cambon, 1916

Armand CAMBON
(Montauban, 1819 - 1885)
Trop tard ou La Lettre, avant 1885
Huile sur bois

Armand CAMBON
(Montauban, 1819 - 1885)
Curieuse ou l'armoire, vers 1859
Huile sur bois

Armand CAMBON
(Montauban, 1819 - 1885)
Jeune fille lisant une lettre, 1851
Huile sur bois

Armand CAMBON
(Montauban, 1819 - 1885)
Femme nue couchée, 1850
Huile sur toile

Armand CAMBON
(Montauban, 1819 - 1885)
Galel, vers 1864
Huile sur toile

En peignant cette femme nue coiffée d'un turban et assise au bord d'un lit, Armand Cambon rend hommage à la Baigneuse de Valpinçon de 1808 de son cousin et maître Ingres. Le tableau Galel, peint en 1848 et retouché en 1864, est exposé au Salon de cette même année. Galel est dotée d'une anatomie plus respectueuse des normes que la Baigneuse d'Ingres. Elle est accompagnée d'un foisonnement d'étoffes chatoyantes. Consciencieux, Cambon attache un tel prix à leur description, vertes et violettes, glacées, brillantes ou satinées, que le nu passe au second plan. Un critique acerbe du Salon parle d'ailleurs « "d'un tas de saindoux sur du papier froissé". On admire cependant la virtuosité technique dans le traitement ces soieries colorées en contraste avec la peau veloutée du modèle. Armand Cambon semble s'être servi d'une photographie de Charles Nègre, pour laquelle avait posé un modèle adoptant l'attitude de la Baigneuse de Valpinçon. Ces relations entre photographes et peintres autour des thèmes ingresques paraissent se multiplier dans les années 1850-1860 lorsque le Montalbanais devient plus célèbre.

LES ÉLÈVES D'INGRES

Les collections de peinture du musée comprennent un nombre important de tableaux et de copies réalisées par les élèves d'Ingres. Celles-ci proviennent du legs de 1867, d'achats de la ville, de dépôts de l'Etat, des legs Gatteaux et Cambon et du don Paul Cazes. Ces œuvres nous permettent de comprendre l'immense impact qu'eurent l'œuvre et la personnalité d'Ingres sur toute une génération.

En 1825, peu après son retour d'Italie, le peintre montalbanais crée un atelier privé, proche de l'École des Beaux-Arts. Il y forma plus de 300 jeunes artistes durant neuf années.

Cet endroit est conçu et dirigé dans la grande tradition des ateliers qui ont compté dans l'histoire de la peinture, à l'image de celui de Raphaël ou de David.

Ingres y dispense ses préceptes artistiques, fait partager sa passion pour l'art antique et l'art italien, y prône la suprématie du dessin, le travail d'après modèle. Pour la plupart de ses élèves, il est vénéré
comme un chef de file. On a dit, Messieurs, que mon atelier était une église; et bien oui ! Qu'il soit une église, un sanctuaire consacré au culte du beau et du bien et que tous ceux qui y sont entrés et qui en sortent réunis ou dispersés, que tous mes élèves enfin, soient partout et toujours les propagateurs de la vérité. professait-il à qui voulait l'entendre...

Avec sa nomination de professeur à l'école des Beaux-Arts en 1829, la fréquentation de son atelier s'accrut davantage avec les jeunes gens venant se préparer pour le concours d'entrée de la célèbre école de la rue Bonaparte. Il quitte Paris en 1835 pour prendre les fonctions de Directeur de l'Académie de France à Rome où il retrouve certains de ses anciens disciples et en entraîne d'autres dans son sillage.

La plupart de ces artistes vécurent dans l'ombre du maître et comme dans les ateliers du passé, beaucoup d'entre eux furent oubliés par l'histoire. D'autres, plus rares, sont reconnus et célébrés aujourd'hui, tels les frères Flandrin ou Lehmann.

Hippolyte FLANDRIN (1809-1864)
Jeanne Elisabeth, dite Isabelle Hittorff, 1853
Huile sur toile

Henri LEHMANN (1814-1882)
L'Eau ou la Source
Huile sur toile

Romain CAZES
(Saint-Béat, 1808-Saint-Gaudens, 1897)
Ariane abandonnée
Huile sur toile Ml.07.3.1 Don de Mile Paul Cazes, 1907

Romain Cazes est un peintre français originaire de la Haute-Garonne et un élève d'Ingres. Il est l'auteur de nombreuses peintures murales dans les églises de Paris, de Bordeaux, d'Oléron et de Bagnères de Luchon.

Ariane, une princesse crétoise de la mythologie grecque, s'éprend de Thésée et l'aide à sortir du labyrinthe grâce à un fil lui permettant de repérer son chemin. En échange, Thésée lui promet de l'épouser, mais après avoir tué le Minotaure, il l'abandonne sur l'île de
Naxos. La jeune femme est recueillie
plus tard par le dieu Bacchus, qui
l'épousera.
C'est cet abandon que Cazes représente ici avec ce nu aux rondeurs ingresques. Initialement conçue dans un format rectangulaire, cette toile cintrée donne à l'œuvre un caractère décoratif.

COLLECTION ITALIENNE

La collection personnelle d'Ingres reflète son attrait pour la peinture italienne. Un précieux fonds de peintures gothiques ou pré-renaissance révèle chez lui un intérêt précurseur pour l'art des primitifs italiens trop longtemps incompris ou jugé maladroit à son époque.

Ainsi, ce petit panneau de l'entourage du florentin Daddi nous transporte au Moyen-Âge tout comme cette crucifixion attribuée au pisan Giuliano di Simone. La prédelle de Masolino da Panicale, le vieux compagnon de route de Masaccio, ce grand maître de la Renaissance florentine avec qui Masolino travailla à plusieurs reprises est exceptionnelle par sa rareté. Celle-ci est consacrée à la célèbre légende racontée par Jacques de Voragine sur Saint Julien l'Hospitalier. Une nativité rendue récemment à Vittore Carpaccio que l'on avait longtemps attribué à son fils, Benedetto, se détache de l'ensemble pour évoquer l'école vénitienne. Une Vierge à l'enfant assise dans un paysage, ainsi qu'une scène d'histoire figurant la tentative d'assassinat de Charles Borromée représentent l'école florentine, un étonnant et rare Ecce Homo peint sur marbre noir, complète cette section.

Si Ingres, avec ses attributions hasardeuses, ne savait pas toujours quel «trésor », il possédait là, il serait sans doute très heureux de savoir qu'il contribue, plus de cent-cinquante ans après sa mort, à mieux faire connaître dans sa diversité la peinture italienne qu'il aimait tant.

DADDI Bernardo (Florence vers 1300-1348) suiveur tardif, atelier ?
Triptyque, XIV° siècle

Bernardo Daddi est un peintre toscan, actif entre 1328 et 1348. Il a réalisé plusieurs triptyques et polyptyques. Celui de Montauban présente au centre la Vierge en majesté, entourée de saints et de saintes. Sur la partie gauche, on aperçoit une représentation de la crucifixion et sur la partie droite Saint Jean-Baptiste surplombe Saint Christophe. Dans les éléments supérieurs du panneau, le Christ est accompagné des évangélistes, le tout sur fond d'or.
La Vierge, Saint Jean-Baptiste et Saint Christophe ont un lien direct avec la vie de Jésus. Par sa prédication et le baptême qu'il propose aux foules, Saint Jean-Baptiste annonce et prépare la venue du Christ, qu'il baptisera. Il sera emprisonné et exécuté par le roi Hérode Antipas pour avoir critiqué son immoralité. Saint Christophe, très populaire à la fin du Moyen-Age, aida le Christ à traverser une rivière et devint le patron des voyageurs.
L'attribution de ce Triptyque à l'atelier de Daddi a été donnée dans les années 1930 par R. Offner en comparaison avec un tabernacle du musée de Sienne. L'œuvre, si elle n'est pas de la main même de l'artiste, a cependant pu être réalisée du vivant de celui-ci.

VENISE (XVIe siècle)
Tête de femme, XVIe siècle
Huile sur toile

Esquisse pour le Portrait de femme dit de Caterina Comaro, attribué à un peintre vénitien du XVIe siècle, et conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne.

Bernardino LUINI (Luino, vers 1480 - 1490 - Milan, 1532) d'après
Tête de Sainte-Catherine, XVIIe siècle
Huile sur toile

Florence, ITALIE
(XVe-XVIe siècle)
Vierge à l'Enfant assise dans un paysage

LA COLLECTION D'INGRES

Ingres, flatté de l'estime qu'on lui portait dans sa ville natale et conseillé par quelques amis, fut un précurseur en songeant très tôt à Montauban comme réceptacle de ses collections. Celles-ci devaient avoir pour mission de prolonger le souvenir de son art tout en constituant une source d'enseignement pour les jeunes générations, offrant ainsi l'image complète du labeur de sa vie d'artiste. Le peintre aima collectionner quelques flamands comme ce remarquable petit Portrait de moine attribué à Van Eyck. Ces œuvres révèlent l'intérêt d'Ingres pour cette peinture d'observation minutieuse et de rendu précis de la réalité, notant scrupuleusement rides, bajoues et bourrelets à l'inverse des écoles italiennes, l'autre versant de sa collection, idéalisant les formes au service de la beauté.

Quelques tableaux appartiennent à l'école française et traduisent l'admiration du maître montalbanais pour le paysage classique.

La collection personnelle d'Ingres reflète également ses goûts et son attrait pour la peinture italienne gothique ou pré-renaissance que l'on retrouve à la suite de cette salle. Tout en enrichissant considérablement le fonds du musée de Montauban, elle permet de rendre plus lisible les choix esthétiques du peintre et l'image de ses aspirations.

Jan Van EYCK (?vers 1390 - Bruges, 1441) école de
Portrait d'un moine
Huile sur bois

Cette huile sur bois représente un modèle resté anonyme, vraisemblablement un moine dont la figure se détache grâce au fond sombre. Le manteau, d'un noir profond lui aussi, ne laisse ressortir que le col de fourrure, à la mode dans la première moitié du XVe siècle. Seule la tonsure révèle la qualité d'ecclésiastique du sujet. Le visage de l'homme est représenté dans un style naturaliste très précis.

De récentes analyses tendent à confirmer l'attribution à Jan Van Eyck, ce grand maître flamand du XVe siècle connu pour sa maîtrise de la toute nouvelle technique de la peinture à l'huile avec laquelle il atteint des sommets de virtuosité qui firent la célébrité de ses retables (l'Agneau mystique de Gand ou la Vierge du Chancelier Rolin du musée du Louvre). Le pinceau du peintre détaille ici avec brio ce qui peut caractériser un homme prenant de l'âge: empâtement du cou et des joues, affleurement des muscles faciaux et, bien sûr, rides sous l'œil. Cette œuvre témoigne d'une grande qualité d'exécution par son souci d'exactitude et de précision ainsi que par l'harmonie du dessin..
Anonyme (Il siècle après J-C)
D'après LYSIPPE (Grèce, vers 395 av. J.-C-vers 305 av. J.-C.)
Eros archer, marbre
Collection Ingres

Cette œuvre est sans aucun doute la pièce majeure de la collection d'antiques d'Ingres. Auréolée d'une attribution au grand sculpteur grec Praxitèle, qui est à l'origine de ce type très connu dont il existe plusieurs reproductions antiques, elle a depuis été identifiée comme une belle copie anonyme d'après Lysippe, réalisée au lle siècle après J.-C. Ingres ne put l'acquérir que tardivement auprès des héritiers du peintre Paulin Guérin avant de l'offrir à sa ville natale de Montauban en 1866, un an avant sa mort. Il l'avait pourtant dessinée entre 1803 et 1806, parmi une série de douze marbres exposés dans la galerie d'Apollon du musée Napoléon (devenu musée du Louvre) afin de préparer des gravures illustrant le Musée français, grand projet éditorial de l'empereur désireux de faire connaître les nouvelles richesses du Louvre. Fasciné par l'art antique, l'artiste a réuni un ensemble hétéroclite de vingt-six marbres aujourd'hui conservés au musée de Montauban dont la plupart sont présentés au 2e étage du musée. Personnification divinisée de l'amour, Eros est souvent représenté sous les traits d'un très jeune garçon ailé pourvu d'un arc et de flèches qui lui servent non pas à tuer mais à propager l'amour parmi les êtres vivants. Dans les mythologies grecques et romaines il est le fils d'Aphrodite ou Vénus.

Jean-Auguste-Dominique INGRES (Montauban, 1780-Paris, 1867)
Etude pour le Martyre de saint-Symphorien: personnage vu de dos, 1830-1831
Huile sur toile

Commandé à Ingres en 1824 par le Ministère de l'Intérieur pour la cathédrale d'Autun, Le Martyre de saint-Symphorien n'est achevé qu'en 1834. Il illustre le moment où le jeune chrétien est entraîné hors des la ville vers un temple païen, pour y portes de sacrifier aux idoles ou mourir; en un geste à la fois d'adieu et d'acceptation du sacrifice, le héros se retourne vers sa mère qui l'exhorte à ne pas trahir sa foi. Cette esquisse peinte est surprenante par la réunion de motifs hétéroclites sur une même toile. Elle révèle la méthode de juxtaposition et de collage par laquelle Ingres élabore ses compositions. Il s'en dégage une poésie involontaire et presque surréaliste, témoignage précieux sur le processus créatif d'Ingres, fait d'hésitations et de tâtonnements. On reconnaît ici le licteur de dos, motif central de la toile, le centurion à cheval et le père du saint. Le peintre a utilisé cette méthode de travail pour quelques-uns de ses grands tableaux historiques.

Jean-Auguste-Dominique Ingres (Montauban, 1780-Paris, 1867)
Portrait de Caroline Gonse, 1852
Huile sur toile

Sans doute ébauché en 1851 et terminé au début de l'année suivante après les pressantes demandes de son impatient modèle, ce portrait est avec celui, plus modeste, de Mme Gaudry à Grenoble, l'unique portrait tardif d'Ingres encore conservé en France, dans une collection publique. Caroline Gonse (1825-1901), née
Joséphine-Caroline Maille, est représentée à l'âge de 37 ans. Elle était l'épouse de Henri-Jean Gonse, conseiller à la Cour d'Appel de Rouen. Avec son père, Eugène
Maille, député de Rouen et adjoint au
maire de cette ville, elle avait rendu visite à Ingres à Rome au cours d'un voyage en Italie en 1835. Une tradition familiale sans doute un peu enjolivée, en faisait une élève d'Ingres. Dans ce beau portrait, l'artiste a su conjuguer l'expression retenue du modèle, la frontalité de son visage et la fixité de son regard avec une certaine forme de naturel, visible aussi dans le sourire esquissé, plutôt rare dans les portraits d'Ingres. On retrouve tout le brio du peintre dans la description des étoffes, rubans et bijoux, ainsi que dans l'association étonnante des couleurs (noir de la robe, vert du fond, tonalités de rouge et de rose pour les accessoires). On soulignera ici la provenance de cette ceuvre, qui appartint à la collection d'Henry Lapauze (1867-1925), qui fut l'un des premiers biographes d'Ingres mais aussi un important directeur du musée du Petit Palais, président de la Société des Amis d'Ingres à Paris.

Jean-Auguste-Dominique INGRES (Montauban, 1780 - Paris, 1867)
Tête d'une mère et de ses deux enfants, vers 1806-1807
Huile sur toile
D'après un détail de la Messe de Bolsène de Raphaël, (Vatican, Chambre d'Héliodore), 1512.

Jean-Auguste-Dominique Ingres (Montauban, 1780 - Paris, 1867)
Roger délivrant Angélique, 1841
Huile sur toile
Acquisition de la Ville de Montauban, 1844

Dans cette scène tirée du Roland furieux de l'Arioste, Angélique, princesse prisonnière d'un monstre marin, est sauvée par l'intervention d'un chevalier chevauchant un hippogriffe, une créature mi- aigle mi-cheval.
La première version de ce sujet fut commandée par l'État comme dessus-de-porte pour la salle du Trône de Versailles, au moment où l'on pensait rétablir le siège de la monarchie restaurée dans l'ancien palais de Louis XIV. Très critiquée au Salon de 1819, l'œuvre fut néanmoins retenue par Louis XVIII en 1824 pour les collections du musée du Luxembourg et est aujourd'hui conservée au Louvre. Par la suite, Ingres en réalisa d'autres versions, dont celle-ci. La critique reprocha à Ingres la différence de traitement entre la figure féminine aux lignes serpentines (et qu'on disait pourvue de l'un de ces célèbres goitres pour lesquels Ingres était souvent moqué) et le personnage plus raide du chevalier. La forme ovale de la version de Montauban s'accorde mieux au traitement sinueux des courbes du somptueux nu féminin. Elle fut acquise très tôt, du vivant d'Ingres, par la municipalité de Montauban, en 1844. à la vente Scitivaux, ancien Payeur général de l'armée d'Italie sous l'Empire.

Atelier de Jean-Auguste-Dominique INGRES (1780-1867)
Detail de Roger délivrant Angélique 1819 Huile sur toile

Jean-Auguste-Dominique INGRES (Montauban, 1780 - Paris, 1867)
Eve
(D'après une peinture des Loges du Vatican, de l'atelier de Raphaël), vers 1809 Huile sur toile

Cette peinture d'Ingres est la toute première œuvre qu'il offrit à sa ville natale dès 1851. Il s'agit d'une copie partielle de la fresque dite du Péché Originel de l'atelier de Raphaël pour les Loges du Vatican à Rome. Première femme et mère de l'humanité, Eve est figurée nue, comme il est coutume de le faire dans les représentations, se tenant devant l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Sur cet arbre se tient le Serpent; Eve, face à celui-ci, est prête à cueillir le fruit défendu,
En choisissant un fond brun sombre et en éliminant le paysage originel de la fresque, Ingres détache la silhouette, pour mieux en dégager l'arabesque et le dessin des muscles saillants. Le style déroute toutefois car on n'y retrouve pas la sensualité chère aux nus des deux artistes.

Jean-Auguste-Dominique INGRES (1780-1867), atelier de.
La Source,
répétition en réduction du tableau d'Orsay, vers 1860
Huile sur toile
Jean-Auguste-Dominique Ingres (Montauban, 1780-Paris, 1867)
Jésus au milieu des Docteurs de la Loi, 1862 Huile sur toile

L'œuvre fut commandée par le roi Louis-Philippe et la reine Marie-Amélie pour la chapelle du château de Bizy (Eure), en hommage à leur fils, le duc Ferdinand d'Orléans, mort en 1842. À la demande de la reine, Ingres illustre cet épisode de l'évangile de Luc. À l'issue d'un pèlerinage annuel pour les fêtes de Pâques, Jésus alors âgé de 12 ans reste à Jérusalem à l'insu de ses parents. Ils le retrouvent au bout de deux jours au Temple, en pleine discussion théologique avec les docteurs de l'Eglise. Ces derniers s'extasient devant la maturité et l'intelligence des propos de l'enfant. Ingres s'inspira de l'Ecole d'Athènes de Raphaël pour cette composition qu'il commence en 1845 et qui ne sera jamais livrée en raison des évènements de 1848. Il l'acheva pour lui-même en 1862. Au fur et à mesure de l'élaboration, l'artiste semble introduire un message plus personnel, Il prend pour modèles des personnes de son entourage, son ami Théophile Gautier, poète et critique d'art. le docteur vêtu de vert sur la droite ainsi que son éditeur Magimel, en violet à la gauche du Christ, rendant ainsi hommage à ceux qui le soutiennent dans la défense de sa peinture si singulière.

Jean-Auguste-Dominique INGRES (Montauban, 1780 - Paris, 1867)
Portrait de Lorenzo Bartolini, 1805
Huile sur toile

Lorenzo Bartolini (Vernio, 7 janvier 1777 Florence, 20 janvier 1850) fut un grand sculpteur italien qui diffusa avec éclat les principes du néo-classicisme dans son pays. Ingres l'avait rencontré dans l'atelier de David alors qu'il n'était encore que l'un des nombreux élèves du maître du Serment des Horaces. Avec ce portrait, le Montalbanais rend un hommage évident à la peinture italienne de la Renaissance, renvoyant directement au Portrait de jeune homme avec une statuette de Bronzino. Le petit plâtre montré de façon ostentatoire par l'élégant Bartolini provient des collections d'antiques d'Ingres et indique la nouvelle voie à suivre, celle de l'antiquité à redécouvrir.

Cette peinture appartient au groupe de portraits d'amis, qui constitue le cœur des œuvres de la première période d'Ingres. En retour Bartolini représenta son ami peintre sur un joli médaillon sculpté qu'Ingres légua au musée de sa ville natale.
Jean-Auguste-Dominique INGRES (Montauban, 1780 - Paris, 1867)
Étude pour Homère déifié : buste d'Homère et Orphée, 1865
Huile sur toile

Jean-Auguste-Dominique INGRES (Montauban, 1780 - Paris, 1867)
Académie d'homme, 1801
Huile sur toile

Jean-Auguste-Dominique INGRES (Montauban, 1780 - Paris, 1867)
Academie d'homme, 1800
Huile sur toile

Jean-Auguste-Dominique INGRES (Montauban, 1780 - Paris, 1867)
Torse d'homme, vers 1799
Huile sur toile

Jean-Auguste-Dominique Ingres (Montauban, 1780 - Paris, 1867)
Le Voeu de Louis XIII : les mains du roi, vers 1824 Huile sur toile

Cette étude peinte pour le roi montre le souci du détail d'Ingres qui déploie dans toutes ces œuvres d'exceptionnelles qualités de dessinateur. Le musée conserve d'autres études dessinées pour les anges, les draperies ou le décor.

Jean-Auguste-Dominique INGRES (Montauban, 1780 - Paris, 1867)
Portrait de Jean-Pierre-François Gilibert, 1804
Huile sur toile

Le Portrait de Gilibert (1783-1850), le grand ami d'enfance d'Ingres, venu étudier le droit à Paris, a été peint par l'artiste la même année que le portrait de son père et n'a jamais été achevé. Il traduit l'influence du peintre David, maître d'Ingres, dans la mise en page du modèle coupé à hauteur des genoux sur un fond neutre et par la touche vivement frottée sur la toile où transparait la préparation blanche. Ingres semble ne s'être jamais formalisé de l'état dans lequel l'œuvre était restée, l'offrant telle quelle à son ami sans jamais tenter de la terminer, la qualifiant même comme « le meilleur de [ses] portraits ».

Jean-Auguste-Dominique INGRES
(Montauban, 1780 - Paris, 1867)
Tête de Jupiter (de face), 1810 Etude pour Jupiter et Thétis

Huile sur toile marouflée et agrandie sur bois MNR.147 (MID.54.1.2) Attribué au musée du Louvre par l'Office des Biens et Intérêts Privés en 1950; déposé au musée Ingres de Montauban en 1954.

Il existe peu d'études peintes pour des tableaux aussi anciens que le Jupiter et Thétis de 1811, dernier envoi de l'artiste comme pensionnaire de l'Académie de France à Rome. La date du tableau d'Aix en Provence signale le retard avec lequel Ingres a satisfait ses devoirs de pensionnaire, mais aussi la probité qui le conduit, malgré tout, à achever ce long travail bien après son départ de l'Académie de France. Dès sa réception à Paris, Jupiter et Thétis fut assez ouvertement critiqué ; ses excentricités formelles ne furent reconnues comme de véritables audaces artistiques que bien plus tard, notamment pour le corps de la déesse, à l'anatomie invraisemblable, certainement inspirée d'une figure de vase grec.

L'étude de Montauban semble être la seule véritable esquisse peinte pour le visage du roi des dieux, Jupiter. Dans cette composition, Ingres a choisi un sujet tiré du chant I de L'Illiade d'Homère: Thétis, divinité marine, monte au ciel pour supplier le dieu d'agir en faveur de son fils Achille en conflit avec Agamemnon. Jupiter est représenté comme une autorité suprême à la barbe et à la chevelure virile, le visage restant impassible et muet face à la supplique de Thétis. Cette figure a été inspirée à Ingres par la représentation antique du dieu solaire Sarapis.
Jean-Auguste-Dominique Ingres (Montauban, 1780 - Paris, 1867)
Le Songe d'Ossian,
1813 Huile sur toile

Le Songe d'Ossian, commandé à l'artiste en 1811 pour le plafond de la chambre à coucher de Napoléon ler au Palais du Quirinal, tire son sujet des Poèmes d'Ossian, anciens textes épiques traduits du gaélique. Très en vogue en Europe auprès des milieux intellectuels et politiques, ceux-ci fascinèrent Napoléon qui contribua à les diffuser dans l'art en commandant dès 1801 plusieurs œuvres sur ce thème. L'engouement que suscitèrent ces poèmes s'explique par leurs références médiévales et nordiques qui nourrirent le premier romantisme européen à la recherche d'un contrepoint à l'omniprésence de l'antiquité gréco-romaine.

Le Songe d'Ossian, remisé à la chute de l'Empire, a été racheté par Ingres en 1835, durant son directorat à la Villa Médicis et restauré par lui avec l'aide d'un de ses élèves, Raymond Balze pour transformer en ovale le format rectangulaire d'origine. Ayant à faire tenir dans la même image deux parties bien distinctes : les vivants et les morts, le songe et la réalité, Ingres répond ici en inventant une esthétique de la juxtaposition qui sera la marque de son style singulier, lui permettant de lever bien des difficultés dans ses ceuvres postérieures.

Jean-Auguste-Dominique INGRES (Montauban, 1780 - Paris, 1867)
Portrait de jeune homme à la boucle d'oreille, 1804
Huile sur bois

Jean-Auguste-Dominique INGRES
(Montauban, 1780 - Paris, 1867) Portrait de Belvèze-Foulon, 1805
Huile sur toile

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