samedi 2 octobre 2021

L'école de Paris au musée d'art et d'histoire judaïque en juillet 2021

Quelle belle et émouvante exposition dont voici la présentation 

Peut-on considérer comme indésirable l'artiste pour qui Paris est la Terre promise, la terre bénie des peintres et des sculpteurs ? C'est ainsi qu'André Warnod défendait dans Comoedia, en 1925, les artistes, marginalisés parce qu'étrangers, ou sein du Salon des indépendants ? De cette critique de la xénophobie du milieu de l'art français est née l'appellation "Ecole de Paris". Depuis, celle-ci désigne moins un mouvement qu'une génération de peintres et de sculpteurs de toutes nationalités, attirés, dès le tournant du xx siècle, par la scène parisienne.. Parmi eux, nombreux sont les artistes juifs arrivés à Paris avant 1914, venant des métropoles européennes mais aussi des bourgades juives de l'Empire russe. Ils sont allemands comme Lou Albert-Lasard ou Rudolf Levy, bulgares comme Jules Pascin, hongrois comme Béla Czóbel ou Alfred Reth, polonais comme Mela Muter, Simon Mondzain ou Marek Szwarc, russes comme Marc Chagall, Sonia Delaunay, Adolphe Feder, Michel Kikoine, Jacques Lipchitz, Mane-Katz, Chana Orloff, Chaim Soutine ou Ossip Zadkine, tchèques comme Georges Kars, italiens comme Amedeo Modigliani.
En quête d'émancipation, les juifs d'Europe orientale sont particulièrement nombreux, fuyant les discriminations, mais aussi une situation économique désastreuse. Fascinés par la France républicaine, ils sont familiers des maitres français du XIX siècle et des impressionnistes, qu'ils connaissent par l'intermédiaire de leurs professeurs de Cracovie ou de Munich. L'accès aux disciplines artistiques étant limité par des quotas dans l'Empire russe, ils viennent se confronter à la modernité et devenir, en toute liberté, des créateurs à part entière.

Leur nombre a pu faire croire à l'existence d'une école juive, suscitant un virulent rejet antisémite dans les années 1930. Au-delà d'un désir partagé de s'affranchir des cadres de la vie juive, de maitriser leur art et de gagner une certaine reconnaissance, ces artistes se retrouvent dans le refus des systèmes et la volonté de mener un itinéraire singulier que leur récent statut autorise enfin. Ils ne sont en réalité d'aucune récole mais sont liés par une histoire et un idéal communs, ainsi que, pour certains, par un destin tragique.


LE DÉSIR DE PARIS

Pour les artistes débarquant à Paris au début du XX° siècle, la capitale est un lieu foisonnant d'énergies et d'expressions nouvelles. Les cafés deviennent le rendez-vous de la bohème. À partir de 1903, artistes et intel lectuels germanophones se rencontrent au Dôme, à proximité des académies de Montparnasse. Rudolf Levy et Walter Bondy, les premiers arrivés, y retrouvent ensuite d'autres artistes formés à Munich comme Béla Czóbel, Léopold Gottlieb, Jules Pascin, Hans Purrmann; les critiques d'art et marchands Adolphe Basler, Wilhem Uhde et Alfred Flechtheim se joignent à eux, ce dernier assurant la liaison avec le marché de l'art allemand.

Créée en 1908, sous l'impulsion de Purrmann et de Sarah et Leo Stein, l'académie Matisse forme une centaine d'artistes étrangers et rapproche cette communauté, marquée par l'exposition des oeuvres fauves d'Henri Matisse, André Derain, Albert Marquet ou Maurice de Vlaminck au Salon d'automne de 1905. En juin 1914, Flechtheim organise dans sa galerie de Düsseldorf une exposition intitulée «Der Dome» avec vingt-trois de ces artistes, que la postérité consacre comme les "Dômiers".
Les itinéraires
BÉLA CZÓBEL
Budapest, Autriche-Hongrie, 1883 - Budapest, 1976
Peintres à la campagne, 1906
Huile sur toile
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle, don de l'artiste en 1934

Fils d'un marchand de grains de Budapest, Czóbel commence sa carrière artistique dans la colonie de peintres de Nagybanya en Hongrie. Après des études à Munich, où il rencontre Jules Pascin et Rudolf Levy, il arrive à Paris en 1904. Il participe au Salon d'automne dès 1905 et son style évolue vers le fauvisme dès 1906, un genre qu'il diffuse en Hongrie où sa fortune critique est importante.

"J'ai déjà décidé que, dès que cela sera possible, je m'installerai à Paris ou à Londres, là-bas la vie est plus vaste, joyeuse [...] Puissé-je partir au plus vite d'ici pour voir le plus de gens possible, nouveaux, intéressants! Une vie bouillonnante!"
SONIA TERK-DELAUNAY, Journal, 21 août 1904

SONIA DELAUNAY [SARA ÉLIEVNA STERN]
Odessa, Empire russe (actuelle Ukraine), 1885- Paris, 1979
Philomène, 1907
Huile sur toile
Montpellier, musée Fabre, dépôt du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne-Centre de création industrielle

Élevée par son oncle à Saint-Pétersbourg, Sonia Delaunay se forme à l'École d'art de Karlsruhe et arrive à Paris en 1906, où elle étudie à l'académie La Palette. Pressée par sa famille de rentrer, elle contracte un mariage blanc avec le critique et marchand Wilhelm Uhde en 1908. Elle se nourrit alors des innovations radicales apportées par le fauvisme. À la manière de Matisse, elle utilise des aplats de couleur pure et ses figures, bordées d'un épais cerne noir, se détachent sur un fond qui rappelle les textiles traditionnels russes.
JULES PASCIN [JULIUS MORDECHAÏ PINCAS]
Vidin (Bulgarie), 1885- Paris, 1930
Portrait d'Hermine David, 1908
Huile sur toile
Musée de Grenoble, don d'Hermine David et Lucy Krog en 1937

De 1906 à 1919, Jules Pascin réalise plusieurs portraits d'Hermine David, son épouse. Miniaturiste sur ivoire, celle-ci a rencontré l'artiste très peu de temps après son arrivée à Paris en décembre 1905. Formé à Budapest, Vienne puis Munich, Pascin est accueilli par les « Dômiers >> et devient rapidement une figure de Montparnasse. Sa première exposition a lieu chez Paul Cassirer à Berlin en 1907. A Paris, il participe au Salon d'automne, au Salon des indépendants, et expose à la galerie Berthe Weill. En 1913, il est présent à l'Armory Show à New York.
WALTER BONDY
Prague, Autriche-Hongrie
(actuelle République tchèque), 1880
Toulon, 1940
Autoportrait, 1912
Huile sur carton
Paris, collection Catherine Cozzano

Rudolf Levy
Stetting empire allemand 1875, Auschwitz 1944, modèle debout dans l'atelier, Huile sur toile, collection particulière Londres

LÉOPOLD GOTTLIEB
Drohobytch, Autriche-Hongrie (actuelle Ukraine), 1879 - Paris, 1934
Autoportrait, 1907
Huile sur toile
Lyon, collection Esther Charrin

ALBERT WEISGERBER
Saint-Ingbert,, Empire allemand, 1878-Fromelles, France, 1915
Caricature de William Howard, Pascin, Hans Purrmann, Rudolf Levy, 1906
Encre et aquarelle sur papier
Paris, collection Catherine Cozzano

L'EFFERVESCENCE DES AVANT-GARDES

Inventé par Georges Braque et Pablo Picasso entre 1907 et 1914, et promu par Albert Gleizes et Jean Metzinger, le cubisme remet en cause la pers pective traditionnelle en recourant à la géométrisation des formes. Le genre se diffuse à partir de 1911 dans les Salons et connaît rapidement un succès international.

Arrivés à Paris entre 1903 et 1907, les Polonais Louis Marcoussis et Henri Hayden, de même que le Hongrois Alfred Reth, choisissent cette nouvelle voie. Ils confèrent au cubisme une variété d'accents en adoptant à des degrés divers ses innovations: absence de perspective, formes fragmentées, gamme restreinte de coloris... Jacques Lipchitz se familiarise avec le cubisme auprès de Picasso et de Max Jacob avant de réaliser ses premières sculptures cubistes en 1914. Sonia et Robert Delaunay explorent une autre voie, que Guillaume Apollinaire nomme « cubisme orphique », marquée par le caractère dynamique de la couleur, allant jusqu'à l'abstraction.

Fauves, cubistes ou abstraits, les étrangers participent à l'effervescence d'avant-gardes aux frontières perméables - un tourbillon dans lequel Apollinaire, Max Jacob, André Salmon et Blaise Cendrars jouent à la fois un rôle de soutiens, de critiques et de passeurs.

JACQUES LIPCHITZ [CHAÏM JACOB LIPSCHITZ] Druskininkai, Empire russe (actuelle Lituanie), 1891-Capri, 1973
Marin à la guitare, 1914-1915
Bronze
Rouen, musée des Beaux-Arts, dépôt du Centre Pompidou, Musee national d'art moderne - Centre de création industrielle

Arrivé à Paris en 1909, malgré l'opposition de son père, Lipchitz s'inscrit à l'École des beaux-arts dans l'atelier de Jean-Antoine Injalbert, et fréquente les académies Julian et Colarossi. Il se familiarise avec le cubisme auprès de Diego Rivera, Picasso et Max Jacob. Le Marin à la guitare est une de ses premières sculptures cubistes. En 1917, il signe son premier contrat avec Léonce Rosenberg, directeur de la galerie L'Effort moderne, qui défend le cubisme et expose Albert Gleizes, Henri Laurens, Fernand Léger, Diego Rivera.

Jacques Lipchitz
Nature morte aux instruments de musique, 1917
Plâtre peint
Strasbourg, musée d'Art moderne et contemporain, dépôt Musée national d'art moderne - Centre de création industri donation de la Jacques et Yulla Lipchitz Foundation

Jacques Lipchitz
Baigneuse, 1917
Pierre Paris, mahj, don de Rubin Lipchitz

LOUIS MARCOUSSIS [LUDWIK KAZIMIERZ MARKUS] Varsovie, Empire russe (actuelle Pologne), 1878- Cusset (Allier), 1941
Nature morte au damier, 1912
Huile sur toile
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle

Arrivé à Paris en 1903, Marcoussis fréquente l'académie Julian et collabore comme illustrateur à des magazines satiriques. Présent au Salon d'automne dès 1906, sa fréquentation à partir de 1910 d'Apollinaire et de Max Jacob est décisive. Il prend part aux premières expositions cubistes, et notamment en octobre 1912 à celle de la Section d'or, organisée à la galerie La Boétie, aux côtés d'Albert Gleizes, Juan Gris, Fernand Léger et André Lhote.

HENRI HAYDEN
Varsovie, Empire russe (actuelle Pologne), 1883- Paris, 1970
Parisienne à l'éventail, 1912
Huile sur toile
Paris, mahj, dépôt du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne Centre de création industrielle
ALFRED RETH [ALFRED ROTH]
Budapest, 1884-Paris, 1966
Le Restaurant Hubin, [1913]
Huile sur toile
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne Centre de création industrielle
ADOLPHE FEDER [AIZIK FEDER]
Odessa, Empire russe (actuelle Ukraine), 1886 ou 1887 Auschwitz, 1943
Nature morte, 1916
Huile sur toile
Paris, mahj, fonds du musée d'Art juif, don de M. et Mme Charach

Fils de commerçants, membre du Bund (Union générale des ouvriers juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie), Feder prend part à la révolution de 1905. À l'âge de dix neuf ans, il poursuit sa formation à Berlin, puis à Genève. Arrivé à Paris en 1908, il entre à l'académie Matisse. Il se rapproche du cercle des artistes de Montparnasse, notamment Modigliani et Lipchitz. Son œuvre est alors influencée par le cubisme.
ALICE HALICKA
Cracovie, Autriche-Hongrie (actuelle Pologne), 1894 - Paris, 1975
Nature morte au violon, 1918
Huile sur toile
Bordeaux, musée des Beaux-Arts

Née dans une famille de médecins, Alice Halicka grandit entre Vienne et Cracovie, puis se forme à l'académie Hollosy à Munich, avant de s'installer à Paris en 1912 et de s'inscrire à l'académie Ranson. En 1913, elle épouse son compatriote, le peintre Louis Marcoussis, qui lui présente Apollinaire, Max Jacob, Juan Gris. Lorsque Marcoussis est mobilisé, Halicka s'installe en Normandie, où elle travaille intensément dans un style cubiste qu'elle abandonnera par la suite.
ALICE HALICKA
Cracovie, Autriche-Hongrie (actuelle Pologne), 1894 - Paris, 1975 Nature morte cubiste, 1915
Aquarelle sur papier Paris, mahj, don de M. et Mme David Smolas
OTTO FREUNDLICH
Stolp, Empire allemand (actuelle Słupsk, Pologne), 1878 Maidanek (Pologne), 1943
Masque d'homme, 1911 Bronze
Musée de Pontoise - Donation Freundlich

Lorsqu'il arrive à Paris en mars 1908, Otto Freundlich prend un atelier au Bateau-Lavoir, à Montmartre. Il y rencontre Picasso et fait la connaissance d'Apollinaire, de Max Jacob, des Delaunay. Pour autant, il reste à l'écart des recherches formelles des cubistes et place la figure humaine au centre de ses préoccupations. Stigmatisé par les nazis en 1937 dans l'exposition "Art dégénéré", il verra sa Grande tête (1912) figurer en couverture du catalogue, tandis que ses œuvres restées en Allemagne seront détruites.
SONIA DELAUNAY (illustrations), BLAISE CENDRARS (texte)
La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France, 1913
Livre d'artiste
Paris, musée Zadkine

Blaise Cendrars et Sonia Delaunay fréquentent alors les mêmes cercles d'amis, et l'intérêt que le poète suisse porte à la Russie, où il a séjourné, comme sa pratique du russe, les rapprochent. Dédicacé à Ossip Zadkine, le livre revêt la forme d'un codex: fermé, il tient dans la poche, ouvert, il se déplie en un accordéon de deux mètres de long.
OTTO FREUNDLICH
Stolp, Empire allemand (actuelle Słupsk, Pologne), 1878 Maïdanek (Pologne), 1943
Composition, vers 1919
Pastel sur papier
Musée de Pontoise - Donation Freundlich

Dès 1911, Otto Freundlich évolue vers l'abstraction dont il est un des précurseurs. Dans un bel élan, Apollinaire l'enrôle sous la bannière de l'orphisme, mais Freundlich ne s'y reconnaît pas et s'engage dans une voie plus solitaire, celle de l'expressivité de la couleur.
PINCHUS KRÉMÈGNE
Zaloudok, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1890 Céret, 1981
Le Musicien aveugle, 1916
Huile sur toile
Tel-Aviv, collection Nadine Nieszawer

Initialement sculpteur, Pinchus Krémègne se consacre finalement à la peinture dès 1915. Nourris de poésie et de musique, ses premiers travaux se distinguent par leur onirisme. Un registre qui laissera place à une peinture plus matiériste et expressive.
VLADIMIR BARANOFF-ROSSINÉ

[LÉONIDE DAVYDOVITCH BARANOFF] Kherson, Empire russe (actuelle Ukraine), 1888 - Auschwitz, 1944
Composition abstraite, 1910
Huile sur toile
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne Centre de création industrielle, don d'Eugène Baranoff-Rossiné

D'abord associé à l'avant-garde russe à Moscou et à Kiev, le peintre et musicien Vladimir Baranoff-Rossiné s'installe à Paris en 1910. Il présente alors des peintures inspirées par le ruban de Möbius, comme cette Composition abstraite. Deux ans plus tard, il met au point un appareil de projection qui lui permet de donner ses premiers concerts lumineux.

MARC CHAGALL ET LA RUCHE

La Ruche est fondée en 1902 par le sculpteur et philanthrope Alfred Boucher qui souhaite offrir un lieu d'accueil et de travail pour les artistes. Après le démantèlement de l'Exposition universelle de 1900, il rachète la rotonde des vins de Gironde qu'il remonte passage Dantzig, près des abattoirs de Vaugirard. La Ruche héberge alors cent quarante ateliers à loyer modique. Les étrangers y sont nombreux. Le yiddish est la langue commune à beau coup d'entre eux; l'imaginaire attaché au monde juif d'Europe centrale et orientale marque les oeuvres de certains.

Joseph Tchaikov arrive à la Ruche en 1911. Avec Marek Szwarc, Isaac Lichtenstein et Henri Epstein, il y crée Makhmadim: conçue pour "traiter du style juif dans la plastique", cette revue sans texte, dont le titre signifie en hébreu « délices, plaisirs», est la première entièrement dédiée à l'art juif.

Léon Indenbaum, Ossip Zadkine et Marc Chagall s'installent à la Ruche en 1911. Pinchus Krémègne, Michel Kikoïne et Chaïm Soutine, liés d'amitié depuis leur formation à Minsk et à Vilnius, s'y établissent peu après. Ces années d'intense création sont marquées par un grand dénuement matériel. Dès que leurs finances le permettent, ces artistes quittent le passage Dantzig.


MARC CHAGALL [MOYSHE SHAGAL] Vitebsk, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1887 Saint-Paul-de-Vence, 1985
Étude pour Adam et Ève ou Hommage à Apollinaire, 1911-1912 Gouache sur papier contrecollé sur toile
Collection particulière
Marc Chagall
Femme à la mandoline, 1914 Huile sur carton contrecollé sur toile
Collection particulière

Marc Chagall
Portrait de Guillaume Apollinaire, 1913-19 Dessin à l'encre violette, aquarelle sur papier
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle

Marc Chagall
Apollinaire et Cendrars (?), 1910-1911 Encre et gouache sur papier
Collection particulière
MICHEL KIKOÏNE [MIKHAIL KIKOÏNE] Gomel, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1892 - Paris, 1968
La Ruche sous la neige, 1913
Huile sur toile
Genève, Association des Amis du Petit Palais

LÉON INDENBAUM
Tcherikov, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1890 Opio (Alpes-Maritimes), 1981
La Ruche, 1918
Huile sur toile
Paris, collection Laurent Moos

Formé à Odessa et à Vilna, Léon Indenbaum arrive à Paris en 1911 et parfait son apprentissage auprès d'Antoine Bourdelle à l'académie de la Grande Chaumière. Dès 1912, il participe au Salon des indépendants, puis l'année suivante au Salon d'automne où le remarque son premier mécène, le couturier et collectionneur Jacques Doucet. Indenbaum vit à la Ruche de 1911 à 1913 et de 1916 à 1927. Le bâtirnent central qu'il représente ici existe toujours.
PINCHUS KRÉMÈGNE
Zaloudok, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1890 - Céret, 1981
La Ruche, 1916
Huile sur toile Paris, collection Sandrine Pissarro

Krémègne étudie à l'École des beaux-arts de Vilna, où il rencontre Soutine et Kikoïne. Il s'installe à la Ruche en 1912, rapidement rejoint par ses amis. Il y séjourne jusqu'en 1918, année de son départ pour Céret.

OSSIP ZADKINE
Vitebsk, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1888 Neuilly-sur-Seine, 1967
Le Prophète, 1914
Bois de chêne
Musée de Grenoble, don de l'artiste en 1938

Né à Vitebsk comme Chagall, Zadkine a quinze ans quand il se rend en Grande-Bretagne, où il apprend le travail du bois et élabore ses premières œuvres. En 1909, il arrive à Paris et étudie à l'École des beaux-arts dans atelier de Jean-Antoine Injalbert, de même que Lipchitz. En 1911, il s'installe à la Ruche. Le bois est alors son matériau de prédilection. Ici, le corps du Prophète est taillé de manière sommaire et donne à l'œuvre un aspect primitif qui contraste avec le traitement soigné des mains - une rudesse qui n'exclut pas la spiritualité.
CHAIM SOUTINE
Smilovitchi, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1893- Paris, 1943
Nature morte à la pipe, 1916
Huile sur toile
Troyes, musée d'Art moderne, dépôt du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle, dation Pierre et Denise Lévy, 1988

Arrivé de Lituanie en 1913 après une formation à Vilna avec Krémègne et Kikoïne, Chaim Soutine s'installe à la Ruche et suit les cours de l'atelier de Fernand Cormon à l'École des beaux-arts. Les natures mortes sont le genre dominant du début de sa carrière. Sur cette table, les éléments d'un repas réduit à sa plus simple expression: un concombre, une bouteille de vin et une pipe. En 1916, Soutine est particulièrement seul; réformé, il n'a pas pu s'engager comme nombre de ses amis. La même année, il quitte la Ruche et s'installe cité Falguière.
CHANA ORLOFF
Tsaré-Constantinovska, Empire russe (actuelle Ukraine), 1888 Tel-Aviv, 1968
Maternité, 1914
Bois
Collection particulière

Originaire d'Ukraine, la famille Orloff fuit les pogroms et s'installe en Palestine en 1905. Souhaitant se perfectionner en couture, Chana rejoint Paris en 1910. Douée pour le dessin, elle s'inscrit à la Petite École (future École des arts décoratifs), gratuite et ouverte aux femmes depuis peu. Elle étudie qussi la sculpture à l'académie Vassilieff, où elle se lie avec Soutine et Zadkine. En 1916, elle épouse le poète Ary Justman et réalise vingt-quatre maternités en bois. Ses premières sculptures sont marquées par une simplification des volumes et un goût pour le polissage qui apporte une grande douceur aux surfaces.
Artistes de la Ruche Paris, 1912 ou 1913 Épreuve argentique
Paris, mah), don d'Ariel Fenster
Abraham Brazer, Léo Koenig, Fontauzzo, Marek Szwarc, David Chterenberg (de gauche à droite, au premier plan), Moïse Kogan avec la revue et, derrière, Henri Epstein et Isaac Lichtenstein, réunis à la Ruche autour d'un exemplaire de la revue Makhmadim
AMEDEO MODIGLIANI Livourne (Italie), 1884 - Paris, 1920
Portrait de Chana Orloff, 1916
Encre
Collection particulière

Modigliani prend comme modèles les artistes qu'il croise au fil de ses rencontres, ainsi que les marchands, les poètes et les excentriques qui gravitent autour de lui. Sur ce dessin, il est écrit en hébreu: "Chana fille de Raphaël". Cette mention peut être interprétée comme un hommage à son amie, dont la famille avait immigré en Palestine en 1905. Elle renvoie également à la culture de l'artiste, élevé dans une famille juive d'origine ibérique, installée de longue date à Livourne, port de Toscane abritant une importante communauté juive depuis le XVI° siècle.
MARC CHAGALL [MOYSHE SHAGAL] Vitebsk, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1887
Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes), 1985
Le Père, 1911 Huile sur toile
Paris, mahj, dépôt du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne-Centre de création industrielle

AMEDEO MODIGLIANI ET LE CERCLE DE MONTPARNASSE

Dans la constellation des artistes de l'École de Paris, Amedeo Modigliani occupe une place à part. Issu d'une famille juive séfarade de Livourne, il a une culture multiple, à la fois latine et juive, nourrie des oeuvres de la Renaissance comme de son goût pour les statuaires africaine ou khmère.

Il s'installe au Bateau-Lavoir dès 1906, puis comme les autres artistes de sa génération, délaisse Montmartre pour Montparnasse. Cité Falguière, il se consacre d'abord à la sculpture, échangeant avec Constantin Brancusi. Mais en 1914, l'artiste, affaibli, abandonne la taille et se remet à la peinture. Alors que la guerre éclate, Modigliani, réformé, devient le portraitiste de la bohème cosmopolite. Il prend pour modèles les artistes qu'il croise au fil de ses rencontres et de ses amitiés - Chaïm Soutine, Henri Epstein, Jacques Lipchitz, Chana Orloff, Simon Mondzain, Moïse Kisling -, ainsi que les mar chands, les poètes et les excentriques qui gravitent autour de lui.

À une époque où le genre du portrait est peu prisé par les avant-gardes, Modigliani en fait le cœur de ses expérimentations, aussi bien dans sa peinture que dans ses dessins. Dans la continuité de ses recherches dans le domaine de la sculpture, il simplifie les formes, étire les mains et allonge les visages, en quête d'une beauté abstraite aboutissant à l'effacement des caractères individuels.

AMEDEO MODIGLIANI Livourne (Italie), 1884-Paris, 1920
Portrait de Conrad Moricand, vers 1915
Mine de plomb
Paris, collection De Bueil & Ract-Madoux
Mine de plomb
Villeneuve-d'Ascq, LaM-Lille Métropole-musée d'Art moderne, d'Art contemporain et d'Art brut, donation de Geneviève et Jean Masurel en 1979
Amedeo Modigliani
Portrait du peintre Henri Epstein, 1918
Mine de plomb
Ancienne collection Roger Dutilleul
AMEDEO MODIGLIANI
Livourne (Italie), 1884- Paris, 1920
Lolotte, 1917 Huile sur toile
Paris, mahj, dépôt du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle
AMEDEO MODIGLIANI
Livourne, 1884-Paris, 1920
Portrait de Dédie, 1918
Huile sur toile
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle, donation de M. et Mme André Lefèvre en 1952

En 1918, Amedeo Modigliani peint une soixantaine de portraits, dont ce Portrait de Dédie, surnom d'Odette Hayden, première épouse du peintre cubiste Henri Hayden. Visage, cou et mains sont pris dans un jeu de courbes et de contre-courbes élancées qui rappelent les déformations opérées par Ingres. Un maniérisme qui contraste avec l'austérité d'une simple robe noire à la Manet.
AMEDEO MODIGLIANI
Tête de femme, 1911-1913
Pierre
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne Centre de création industrielle

Cette tête appartient à l'ensemble des rares sculptures réalisées par Modigliani entre 1911 et 1913. Par son caractère massif et son archaïsme, elle autorise des rapprochements avec l'art africain et la sculpture gauloise.
AMEDEO MODIGLIANI
Livourne (Italie), 1884 - Paris, 1920
La Chevelure noire ou Jeune fille brune assise, 1918
Huile sur toile
Musée national Picasso-Paris

L'identité du modèle ne nous est pas connue. Cette œuvre est datée de 1918, après un séjour de Modigliani dans le sud de la France pour s'éloigner des bombardements allemands sur Paris. L'artiste éclaircit alors sa palette, allège sa touche et privilégie des fonds bleu gris traités à grandes touches. Cette œuvre a appartenu à Picasso, après avoir figuré dans la collection de Paul Guillaume. L'amitié entre les deux peintres remonte à 1916, alors qu'ils avaient leurs ateliers à Montmartre. Ensuite, leurs liens se distendront.
EUGÈNE ZAK
Mogilno, Empire allemand (actuelle Pologne), 1884 - Paris, 1926
Les Marionnettes, 1922
Huile sur toile
Paris, mahj, dépôt du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle

LES ARTISTES DANS LA GRANDE GUERRE

La mobilisation est décrétée le 1er août 1914; elle concerne tous les citoyens français. Pris dans le conflit, certains artistes étrangers regagnent leurs pays, comme Léopold Gottlieb la Pologne. Pour échapper à l'enrôlement dans l'armée bulgare, hostile à la France, Jules Pascin part pour Londres, puis New York.

L'appel lancé dans la presse le 29 juillet 1914 par un groupe d'intellectuels étrangers mené par Blaise Cendrars et Ricciotto Canudo invite les immi grés à l'enrôlement volontaire. En tout 8 500 juifs étrangers rejoignent les rangs de l'armée française. Ces volontaires accomplissent ainsi un devoir envers la patrie des droits de l'homme où ils ont trouvé la liberté.

Isaac Dobrinsky, Moïse Kisling, Louis Marcoussis, Ossip Zadkine et Simon Mondzain s'engagent dans la Légion étrangère. Ce dernier dessine sa vie de soldat et ses compagnons jusqu'en 1918. Brancardier dès 1915, Zadkine esquisse dans l'urgence son quotidien: casernes, obus, tranchées, hôpi taux, mutilations.

Témoignant d'un engagement pour leur patrie d'adoption, l'enrôlement des étrangers marque une étape majeure dans leur intégration au sein de la société française, qui se traduira par leur naturalisation à l'issue du conflit.

MARC CHAGALL (MOYSHE SHAGAL] Vitebsk, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1887
Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes), 1985
Le Salut, 1914
Huile sur toile
Paris, mah], dépôt du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle

Surpris par la guerre lors d'un séjour dans sa famille à Vitebsk, Chagall est contraint à demeurer en Russie. Il se marie en 1915 avec Bella Rosenfeld, rencontrée en 1909. Il participe ensuite à des expositions d'avant-garde telles que « Le Valet de carreau», mais aussi à des événements comme l'Exposition de peintres et de sculpteurs juifs à Moscou. Après la révolution d'Octobre, il est nommé commissaire artistique de la région de Vitebsk, où il fonde un musée d'art moderne et une école d'art.
MAREVNA [MARIA VOROBIEV]
Tcheboksary, Empire russe (actuelle Russie), 1892 - Londres, 1984
La Mort et la Femme, 1917
Huile sur bois
Genève, association des Amis du Petit Palais

Marevna arrive à Paris en 1912 et découvre l'académie Colarossi et l'Académie russe, que fréquentent déjà Chana Orloff et Ossip Zadkine. Elle expose au Salon des indépendants et au Salon d'automne. Son travail est remarqué par Léonce Rosenberg qui le présente dans sa galerie L'Effort moderne. Dans son œuvre comme dans ses mémoires, l'artiste témoigne du quotidien des années de guerre: «En hiver [...] nous traînions à la Rotonde du matin au soir. Que faire, ou aller sinon? Nous étions pour la plupart à court de charbon et de gaz. Après une nuit à trembler de froid sous nos minces couvertures, nous nous levions tard pour courir au café [...], on lisait les nouvelles du front et on parlait de la guerre, de la Russie, des expositions [...]». Marevna, Life with the Painters of La Ruche, New York, Macmillan, 1974.
SIMON MONDZAIN (SZAMAJ MONDSZAJN] Chelm, Empire russe (actuelle Pologne), 1887 ou 1888-Paris, 1979
Portrait de Zadkine, 1910
Fusain
Paris, collection Marie-José Mondzain
SIMON MONDZAIN [SZAMAJ MONDSZAJN] Chelm, Empire russe (actuelle Pologne), 1887 ou 1888 - Paris, 1979
La Faim, 1914
Huile sur toile
Paris, collection Marie-José Mondzain

Simon Mondzain quitte sa famille, qui s'opposait à son désir de devenir peintre, pour intégrer l'École des arts et métiers de Varsovie, puis l'Académie des beaux-arts. En 1908, il entre à l'Académie des beaux-arts de Cracovie, où il rencontre Kisling. En 1909, il obtient une bourse pour un premier séjour à Paris. Il s'y installe définitivement en 1912. Lorsque la guerre éclate, il s'engage dans la Légion étrangère.
SIMON MONDZAIN [SZAMAJ MONDSZAJN]
Chelm, Empire russe (actuelle Pologne), 1887 ou 1888- Paris, 1979
Homme à la lettre, vers 1915
Huile sur toile
Paris, collection Marie-José Mondzain

OSSIP ZADKINE
Vitebsk, Empire russe (actuelle Bielorussie), 1888 Neuilly-sur-Seine, 1967
"Vingt eaux-fortes de la guerre 1914-1918" Maison Wittmann, 1918
Paris, musée Zadkine
le sous-officier
Ossip Zadkine
Garde à vous

SIMON MONDZAIN [SZAMAJ MONDSZAJN] Chelm, Empire russe (actuelle Pologne), 1887 ou 1888 - Paris, 1979
Pro Patria, 1916 Encre sur papier
Paris, collection Marie-José Mondzain

"Nous nous plaçons au dessus de toutes les frontières, et qu'un camarade soit juif, russe, nègre, chinois ou français que nous importe?
L'originalité de Montparnasse est précisément d'attirer tous les artistes du monde, dans la grande communion française [...] c'est peut-être le seul endroit du monde où une véritable république internationale des lettres et des arts existe.
Voilà les raisons du succès de Montparnasse. "

Lettre de Géo Charles et Auguste Clergé à Charles Fegdal, 9 novembre 1921

MARIANNE BRESLAUER
Berlin, 1909-Zurich, 2001
La Rotonde, Paris, 1930
Épreuve gélatino-argentique
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne Centre de création industrielle

JULES PASCIN ET LES ANNÉES FOLLES

Un sentiment de liberté envahit la France à la fin de la Première Guerre mon diale. Les années 1920 connaissent une effervescence sans précédent, asso ciée à l'apparition du jazz, de la radio ou du cinéma parlant. Montparnasse symbolise ce renouveau, où le plaisir et l'exubérance sont érigés en mode de vie. Surnommé le «prince de Montparnasse » par Ernest Hemingway, Jules Pascin est l'incarnation du cosmopolitisme parisien de cette décennie. Né en Bulgarie, élevé à Vienne, formé à Munich, il s'installe en France en 1905 puis devient citoyen américain en 1920. Son œuvre se nourrit de l'euphorie et du chaos du Paris de l'entre-deux-guerres. Pascin est de tous les bals fêtes et banquets.

Les cafés du carrefour Vavin - le Dôme, la Rotonde, le Parnasse, la Coupole... - sont fréquentés par des artistes venus du monde entier; leurs terrasses sont des lieux de convivialité, mais aussi d'intenses échanges intellectuels. Avec une distance amusée et caustique, Oser Warszawski les croque en dessins et en courtes nouvelles. C'est avec une liberté rare pour l'époque que Lou Albert-Lasard retrace la frénésie de ces nuits parisiennes. Les photographies de Marianne Breslauer et d'André Kertész participent à la construction du mythe du Paris des Années folles.

OSER WARSZAWSKI
Sochaczew, Empire russe (actuelle Pologne), 1898 - Auschwitz, 1944
A Montparnasse
Années 1930
Paris, mahj, don de Lydie Lachenal

JULES PASCIN [JULIUS MORDECHAÏ PINCAS] Vidin (Bulgarie), 1885- Paris, 1930
Personnages, vers 1928
Encre à la plume, aquarelle, crayons de couleur sur toile
Musée d'Art moderne de Paris
«Pascin voyageur errant, aujourd'hui à Paris, mais hier en Tunisie avant de passer plusieurs mois en Louisiane, apparaît comme un témoin inquiet et attentif
du monde d'à présent. » André Warnod, Les Berceaux de la jeune peinture. L'École de Paris, Paris, Albin Michel, 1925

JULES PASCIN [JULIUS MORDECHAÏ PINCAS]
Vidin (Bulgarie), 1885- Paris, 1930
Les Petites Américaines 1916
Huile sur toile
Paris, mahj, don de Claire Maratier

Quand il revient à Paris en 1920, Pascin s'installe à Montparnasse, rue Joseph-Bara, où vivent déjà Moïse Kisling et Léopold Zborowski. Il prend pleinement part à la vie nocturne de la capitale, en compagnie de Pierre Mac Orlan, André Salmon, Foujita et la célèbre Kiki de Montparnasse. Il connaît le succès et ses œuvres sont exposées tant aux États-Unis qu'en Europe. En 1922, l'artiste vend plusieurs œuvres au collectionneur américain Albert C. Barnes.

HENRI HAYDEN
Varsovie, Empire russe (actuelle Pologne), 1883- Paris, 1970
Les Trois Musiciens, 1920
Huile sur toile
Lyon, musée des Beaux-Arts, dépôt du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle
LOU ALBERT-LASARD [LOUISE LAZARD] Metz, Empire allemand (actuelle France), 1885- Paris, 1969
Montmartre, portfolio de treize lithographies, 1925
Strasbourg, musée d'Art moderne et contemporain
Couple dansant Homme au chapeau haut-de-forme
LOU ALBERT-LASARD [LOUISE LAZARD] Metz, Empire allemand (actuelle France), 1885- Paris, 1969
Femmes en noir dansant

LOU ALBERT-LASARD [LOUISE LAZARD] Metz, Empire allemand, 1885- Paris, 1969
Dancing
Huile sur toile
Strasbourg, musée d'Art moderne et contemporain

Née dans une famille de banquiers à Metz, alors annexée à l'Allemagne, Louise Lazard se forme à Munich et effectue de nombreux séjours à Paris. De retour à Munich à la déclaration de la guerre, elle y rencontre le poète Rainer Maria Rilke, avec lequel elle vit entre Munich et Vienne. Ses premières expositions personnelles ont lieu en 1917 dans des galeries de Munich et de Zurich. En 1925, elle publie un portfolio de lithographies sur la vie nocturne parisienne et s'installe dans la capitale en 1928.

La Querelle du salon des Indépendants
Dans un contexte ou l'antisémitisme a droit de cité dans l'espace public, la question de l'origine des artistes prend de l'ampleur: dès 1921 les comptes rendus d'exposition relèvent la présence d'un trop grand nombre d'étrangers et souhaitent que l'art français "s'affranchisse une bonne fois des influences exotiques" Mais la question change d'échelle avec le choix, en 1923 de la direction du salon des Indépendants, de substituer à la présentation par ordre alphabétique une présentation par nationalité au salon de 1924. Cette décision va engendrer une forte mobilisation dans la presse.

C'est dans cette opposition à un sentiment chauvin et xénophobe de l'« école française » que nait l'expression « École de Paris >> sous la plume d'André Warnod en 1925. Il désigne ainsi l'ensemble des artistes étrangers et loue leur concours à la scène française.

CHAIM SOUTINE
Smilovitchi, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1893- Paris, 1943
Portrait du sculpteur Oscar Miestchaninoff, 1923-1924
Huile sur toile
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle, legs de Mme Miestchaninoff en 1972

Dix ans se sont écoulés depuis que Soutine a été hébergé par sculpteur russe Oscar Miestchaninoff dans son
atelier de la cité Falguière, à Montparnasse. Le peintre mène toujours une vie de bohème, mais il connaît le succès depuis 1922 et sa rencontre avec Albert C. Barnes. Avec ce portrait, Soutine réalise un hommage à la fois à son compatriote Miestchaninoff, mais aussi à Modigliani qui avait peint ce dernier quelques années plus tôt, en 1917, dans une pose et une tenue identiques. À l'époque Soutine et Modigliani étaient amis et partageaient le même atelier.
CHAIM SOUTINE
Smilovitchi, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1893- Paris, 1943
La Jeune Anglaise, vers 1934
Huile sur toile
Paris, musée de l'Orangerie, collection Jean Walter et Paul Guillaume

PORTRAITS D'UNE COMMUNAUTÉ COSMOPOLITE

Nombre d'artistes de Montparnasse se sont consacrés au portrait - Chaïm Soutine et Jules Pascin ont contribué à en renouveler le traitement. Leur prédilection pour un genre qui, plus que tout autre, renvoie à l'identité, n'est sans doute pas sans lien avec leur trajectoire.

Soutine choisit en 1923 de représenter son ami le sculpteur Oscar Miestchaninoff, d'origine biélorusse comme lui, dont il avait partagé l'ate lier cité Falguière à son arrivée à Paris. Éloigné de ce style expressionniste, le portrait en costume de torero que peint Pascin de son marchand Alfred Flechtheim est révélateur de son goût pour la dérision. Chana Orloff, quant à elle, se distingue, au début des années 1920, par ses nombreux portraits sculptés de personnalités artistiques.

L'entre-deux-guerres est marqué par la reconnaissance critique et commerciale de ces artistes, présentés dans des galeries dont le nombre croît jusqu'aux années 1930. Leurs expositions font l'objet de recensions par les plumes les plus influentes de la période, comme les poètes Guillaume Apollinaire, Max Jacob et André Salmon, bientôt rejoints par les critiques André Warnod, Waldemar-George ou Florent Fels. L'entrée d'une cin quantaine de toiles de Soutine ainsi que d'oeuvres d'autres artistes de Montparnasse dans la collection du philanthrope américain Albert C. Barnes, à l'instigation du marchand Paul Guillaume, à partir de 1923, sym bolise le succes désormais international de l'«< École de Paris ». Cette dyna mique sera freinée par la crise économique qui atteint la France à partir de 1931 et se traduit par l'exacerbation du nationalisme.

CHAM SOUTINE
Smilovitchi, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1893- Paris, 1943 Garçon d'honneur, vers 1924-1925
Huile sur toile
Paris, musée de l'Orangerie, collection Jean Walter et Paul Guillaume
MELA MUTER [MARIA MELANIA KLINGSLAND]
Varsovie, Empire russe (actuelle Pologne), 1876 - Paris, 1967 Le Sculpteur François Pompon, 1924
Huile sur toile
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle

Issue d'une famille fortunée, Mela Muter s'installe à Paris dès 1902. Elle s'inscrit à l'académie Colarossi et à la Grande Chaumière. Sa peinture évolue vers une facture à la touche expressionniste. Gracieuse et charismatique, elle séduit tout ce que Montparnasse compte d'artistes et d'intellectuels qui deviendront ses modèles, notamment Henri Barbusse, Romain Rolland, Auguste Perret, Maurice Ravel et Erik Satie, ou encore le sculpteur François Pompon
MELA MUTER [MARIA MELANIA KLINGSLAND] Varsovie, Empire russe (actuelle Pologne), 1876 - Paris, 1967
Autoportrait, 1915
Huile sur toile
Genève, Association des Amis du Petit Palais
CHANA ORLOFF
Tsaré-Constantinovska, Empire russe ( Ukraine), 1888-Tel-Aviv, 1968
Shalom Ash, 1932
Plâtre
CHANA ORLOFF
Edmond Fleg, 1922
CHANA ORLOFF
Anaïs Nin, 1934
CHANA ORLOFF
Mme Bloch-Serruys, 1927
CHANA ORLOFF
Docteur Allendy, 1923
MOÏSE KISLING
Cracovie, Empire austro-hongrois (actuelle Pologne), 1891 Sanary-sur-Mer, 1953
Femme au châle polonais, 1928
Huile sur toile
Paris, mahj, dépôt du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle

Reconnu dès la fin des années 1910, Moïse Kisling fait de son atelier un des principaux lieux de rencontre des artistes de Montparnasse. D'abord marqué par le cubisme, il s'en éloigne rapidement. Cette Femme au châle polonais a le regard baissé, l'air songeur. Elle est assise au milieu d'un décor de feuillage qui fait écho aux motifs de son châle. L'attitude du corps, les courbes des bras rappellent les portraits féminins de Modigliani, un proche de Kisling. C'est d'ailleurs ce dernier qui organisera les obsèques de l'artiste italien en 1920.
JULES PASCIN [JULIUS MORDECHAÏ PINCAS]
Vidin (Bulgarie), 1885- Paris, 1930
Alfred Flechtheim en toreador, 1925
Huile sur toile
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne -
Centre de création industrielle, legs d'Alfred Flechtheim en 1938

Marchand allemand investi dans la diffusion de l'art parisien, Alfred Flechtheim expose tour à tour, dans ses galeries de Berlin et de Düsseldorf, les artistes de l'École de Paris et les cubistes. Il connaît Pascin depuis le café du Dôme dans les années 1910. Son air sérieux contraste avec l'accoutrement de torero dans lequel il est représenté ici. Cette œuvre s'inscrit dans une période agitée de la vie de Pascin, ponctuée de fêtes et d'abus de toutes sortes. Alors au sommet de sa notoriété, l'artiste se suicidera en 1930.
MICHEL KIKOÏNE [MIKHAÏL KIKOÏNE]
Gomel, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1892- Paris, Femme en buste, 1915-1920
Huile sur toile
Paris, mahj, dépôt de la fondation Pro mahj

GEORGES KARS [JIRI KARPELES]
Kralupy, Autriche-Hongrie
(actuelle République tchèque), 1882
Genève, 1945
Femme au châle gris, 1930
Huile sur toile
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne Centre de création industrielle
JULES PASCIN [JULIUS MORDECHAI PINCAS] Vidin (Bulgarie), 1885- Paris, 1930
Portrait d'Hermine David, 1918
Huile sur toile
Granville, musée d'Art moderne Richard Anacréon, dépôt du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle,
don d'Hermine David et Lucy Krohg en 1936
JACQUES LIPCHITZ [CHAÏM JACOB LIPSCHITZ] Druskininkai, Empire russe (actuelle Lituanie), 1891- Capri, 1973
Gertrude Stein, 1920
Bronze
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle

Si Lipchitz connaissait l'écrivaine et collectionneuse américaine Gertrude Stein depuis 1915, c'est seulement en 1920 qu'il réalise son portrait, « dans l'espoir qu'elle l'achèterait, mais elle ne l'a jamais fait ». La même année, il fait six autres portraits de personnalités, dont Jean Cocteau, Raymond Radiguet et la mécène Annie Dalsace. Ces bustes témoignent d'un bref retour à l'ordre dans son œuvre et contrastent avec ses figures cubistes.
ISAAC DOBRINSKY
Makarov, Empire russe (actuelle Ukraine), 1891 - Paris, 1973
Aujourd'hui moins connu que nombre de ses contemporains, Isaac Dobrinsky fut pourtant une des figures incontournables de Montparnasse et de la Ruche où il vécut pendant vingt-sept ans. Les esquisses au crayon ou au fusain de ce portraitiste hors pair permettent de reconstituer le réseau de ses amitiés avec la communauté des artistes juifs de Montparnasse.
Auto Portrait présumé
Quelques esquisses
HENRI EPSTEIN

Lodz, Empire russe (actuelle Pologne), 1891-Auschwitz, 1944

La Famille, 1920

Huile sur toile

Villeneuve-d'Ascq, LaM-Lille Métropole-musée d'Art moderne, d'Art contemporain et d'Art brut, donation de Geneviève et Jean Masurel en 1979

Installé à la Ruche depuis 1913, Epstein est d'abord influencé par les avant-gardes. Il évolue ensuite vers une facture plus expressionniste aux couleurs soutenues.
JACQUES LIPCHITZ [CHAÏM JACOB LIPSCHITZ]
Druskininkai, Empire russe (actuelle Lituanie), 1891-Capri, 1973
Portrait d'Annie Dalsace, vers 1920 Terre cuite et socle en marbre
Paris, mahj, don de Mme Claude Dalsace
GEORGES KARS [JIRI KARPELES]
Kralupy, Autriche-Hongrie (actuelle République tchèque), 1882 Genève, 1945
Autoportrait, 1929
Huile sur toile
Strasbourg, musée d'Art moderne et contemporain

Kars naît en Bohême, de parents d'origine allemande négociants en grains. Arrivé à Paris en 1908, il présente ses tableaux dans les Salons. En 1914, il prend part à l'exposition collective "Der Dome", organisée par Alfred Flechtheim à Düsseldorf.
En 1919, il fait la connaissance de
Maurice Utrillo et de Suzanne Valadon, dont il peint de nombreux portraits. Il expose à la galerie La Licorne en 1922 et 1928, puis chez Berthe Weill en 1932.
MANÉ-KATZ [EMMANUEL KATZ]
Krementchouk, Empire russe (actuelle Ukraine), 1894
Tel-Aviv, 1962
La Lecture, 1931
Huile sur toile Collection particulière, en dépôt au mahj
MORICE LIPSI [MORICE LIPSZYC]
Pabianice, Empire russe (actuelle Pologne), 1898 Küsnacht-Goldbach (Suisse), 1986
La Tête prophétique, 1924
Bois de violette
Boulogne-Billancourt, musée des Années Trente
MARC CHAGALL [MOYSHE SHAGAL]
Vitebsk, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1887
Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes), 1985
Villageois tenant la Torah, 1928
Gouache sur papier
Paris, mahj, dépôt de la ville de Fontenay-sous-Bois

LA RENAISSANCE D'UNE CONSCIENCE JUIVE

Les années 1920 à Paris sont néanmoins une période fertile pour la vie culturelle de l'importante immigration juive venue d'Europe centrale et orientale. L'entre-deux-guerres voit ainsi, en France, la naissance d'une presse qui relaie le mouvement d'affirmation du yiddish comme vecteur d'une culture juive autonome, conjuguant les préoccupations des avant gardes et l'héritage de l'art populaire (Parizer Haynt, Di Naye Presse...). C'est ainsi que paraît à Paris en 1924 le second numéro de Khalyastra ("La Bande"), revue littéraire et artistique créée deux ans plus tôt à Varsovie; les poètes Peretz Markish et Oser Warszawski en assurent la rédaction, Marc Chagall les illustrations.

Les revues juives en langue française jouent aussi un rôle déterminant: Menorah (1922-1933) développe une réflexion sur l'art en France durant les années 1920, au point d'organiser des expositions et de s'attacher les ser vices d'un critique d'art éminent, Gustave Kahn, qui en deviendra le rédac teur en chef, tandis que l'éphémère Revue juive, dirigée par Albert Cohen et publiée par Gallimard en 1925, bénéficie des contributions de prestigieux auteurs, dont Haïm Nahman Bialik, Jean Cassou, Ilya Ehrenbourg, Albert Einstein, Élie Faure, Sigmund Freud, Max Jacob, Marcel Proust (à titre pos thume) ou André Spire.
MARC CHAGALL [MOYSHE SHAGAL] Vitebsk, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1887
Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes), 1985
Le Rêve du poète, 1931
Encre sur papier
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne
Centre de création industrielle
MARC CHAGALL [MOYSHE SHAGAL]
Vitebsk, Empire russe (actuelle Biélorussie), 1887 Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes), 1985
Dessin pour la couverture
de la revue Khalyastra, nº 2, 1924
Encre rouge, mine graphite sur papier vergé Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle
CHANA ORLOFF
Tsaré-Constantinovska, Empire russe (actuelle Ukraine), 1888 -
Tel-Aviv, 1968
Sauterelle et colombe, 1939 Encre de Chine
Collection particulière

Face à l'actualité d'une guerre qui approche, Chana Orloff se réapproprie le motif de la sauterelle, rappel des dix plaies d'Égypte. Loin de tout naturalisme, elle prête à l'animal un corps en forme de canon.

1940

La guerre et l'Occupation marquent la fin de l'École de Paris. Dès le début des hostilités, nombre d'artistes quittent la capitale et s'installent en pro vince. Le 4 octobre 1940, pour compléter le « statut des juifs »> promulgué la veille, le gouvernement de Vichy édicte la loi sur « les ressortissants étran gers de race juive », qui ordonne leur internement « dans des camps spé ciaux » ou leur assignation à « une résidence forcée»>, les obligeant à fuir ou à se cacher.

Le journaliste américain Varian Fry, arrivé à Marseille en août 1940, met en place l'Emergency Rescue Committee et organise le départ pour New York d'intellectuels et d'artistes, parmi lesquels Chagall, Lipchitz.

Mais pour la majeure partie des juifs étrangers, le rêve d'une vie meil leure en France se transforme en cauchemar. Fichés, ils sont parmi les premiers à être arrêtés, avant d'être déportés vers les camps d'extermi nation, à l'instar de Vladimir Baranoff-Rossiné, Henri Epstein, Adolphe Feder, Otto Freundlich, Samuel Granowsky, Rudolf Levy, Jacob Macznik, Marcel Slodki, Oser Warszawski ou Léon Weissberg.

La dynamique de cette première École de Paris s'interrompt ainsi dans la mort, la clandestinité ou l'exil des artistes, mais aussi dans la destruction, le vol ou la spoliation de leurs œuvres. Pour autant, rares sont ceux à l'avoir alors véritablement saisi, comme le journaliste polonais Hersch Fenster, qui parvient à reconstituer les itinéraires des artistes morts en déportation et publie à compte d'auteur, en yiddish, dès 1951 Undzere farpainikte Kinstler (Nos artistes martyrs), avec en préface un poème de Chagall.

MOÏSE KISLING
Cracovie, Empire austro-hongrois (actuelle Pologne), 1891 Sanary-sur-Mer, 1953
Port de Marseille, 1940
Huile sur toile
Musée d'Art moderne de Paris

Se sentant menacé, Kisling quitte la France au début de la Seconde Guerre mondiale. Juste avant de partir se réfugier à Lisbonne dans l'attente d'un visa pour les États-Unis, il écrit à son épouse et à ses enfants: "Ma petite Renée, dans deux heures je quitte Marseille et arriverai demain matin à 9 h 30 à Cerbère. Je te télégraphierai sitôt arrivé au Portugal [...]. Dans ce moment troublant tout peut arriver [...]. J'ai le cafard de foutre le camp, mais que faire? Je crois que c'est une chance que j'ai en ce moment et que je fais bien de foutre le camp [...]. Je te quitte ma petite Renée et vous embrasse tous les trois bien tendrement."
Fonds Marc Vaux
Marc Vaux (1895-1971) commence, dans les années 1920, à photographier les oeuvres des artistes de Montparnasse. L'étude de ce fonds, conservé au Centre Pompidou, permet d'élaborer un portrait de Paris comme foyer
de création cosmopolite. Sont ici rassemblées 106 photographies d'oeuvres d'artistes disparus dans la Shoah.
JACQUES LIPCHITZ [CHAÏM JACOB LIPSCHITZ] Druskininkai, Empire russe (actuelle Lituanie), 1891-Capri, 1973
La Fuite, 1940 Plâtre patiné
Paris, mahj, dépôt du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle, donation de la Jacques et Yulla Lipchitz Foundation en 1976

«À Toulouse j'ai pu me remettre à travailler [...]. C'est à cette époque que j'ai réalisé en même temps une sculpture et une série de dessins intitulés La Fuite [...]. Il s'agit d'une petite esquisse d'un homme et une femme en train de courir. Ils n'ont que trois jambes à eux deux. L'homme lève son bras comme pour le protéger lui et sa femme »>, Jacques Lipchitz, My Life in Sculpture, New York, Viking Press, 1972.
CHANA ORLOFF
Tsaré-Constantinovska, Empire russe (actuelle Ukraine), 1888-Tel-Aviv, 1968
Pierre Mac Orlan, 1924 Béton teinté
Chana Orloff
Docteur Otto Rank, 1927
CHANA ORLOFF
Tsaré-Constantinovska, Empire russe (actuelle Ukraine), 1888-Tel-Aviv, 1968
Plâtre Autoportrait, 1940
Collection particulière

"Elle est essentiellement une portraitiste et une fabuliste. Ce qu'il y a de plus particulier en chaque être vivant retient, amuse, attendrit son attention. Chana Orloff est humaine. Rien de ce qui est humain chez un être vivant, homme ou bête [...], ne lui est étranger." Jean Cassou, préface au livret d'exposition à la galerie Katia Granoff, Paris, 1962

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