vendredi 8 octobre 2021

Le théorème de Narcisse de Jean-Michel Othoniel au Petit-Palais en octobre 2021

Pour  cette présentation, Jean-Michel Othoniel invente Le Théorème de Narcisse : un homme-fleur, qui en se reflétant lui-même, reflète le monde autour de lui. Selon Gaston Bachelard, « le narcissisme n’est pas toujours névrosant, il joue aussi un rôle positif dans l’œuvre esthétique. La sublimation n’est pas toujours la négation d’un désir. Elle peut être une sublimation pour un idéal. » 

L’artiste tisse une toile d’irréalité, d’enchantement, d’illusion, de libération de l’imagination. Rivières de briques bleues, Lotus et Colliers d’orCouronne de la NuitNœuds Sauvages et Precious Stonewall miroitants, ces œuvres sont enchâssées dans le bâtiment, suspendues aux arbres ou posées sur l’eau ; elles dialoguent avec l’architecture du Petit Palais et les ors de son jardin.

Cette exposition est un message d’ouverture offert gratuitement au public. Elle est placée sous le signe du ré-enchantement et de la théorie des reflets que l’artiste développe depuis près de dix ans avec la complicité du mathématicien mexicain Aubin Arroyo. Cette invitation au rêve nous permet, le temps de l’exposition, de résister à la désillusion du monde.

La Rivière bleue

La Rivière bleue a été réalisée in situ avec des briques en verre indien. Sculpture-architecture, elle évoque l'idée du passage d'un monde à l'autre, et l'entrée dans un univers ludique, magique et poétique.

Le Jardin

Un monumental lotus or et noir invite les visiteurs à entrer dans le jardin et à tout y oublier, comme les compagnons d'Ulysse perdus sur l'ile enchantée des Lotophages, dans l'Odyssée d'Homère
Suspendus aux arbres du jardin ou s'élevant du sol, des Colliers évoquent des attributs do séduction géants. des fruits défendus sensuels et merveilleux.
Dans les bassins, quatre lotus dorés la feuille se mirent dans une eau qui lee reflète à leur tour. Ils évoquent la fleur jaune dans laquelle Narcisse, épris de sa propre image, finit d'après la légende par étre transformé. Comme Narcisse, le visiteur découvre autour de son propre reflet l'image du monde qui l'environne
Sous la colonnade, six Noeuds d'argent reflètent Farchitecture du Petit Palais et le cycle des saisons peint sur la voûte par Paul Baudouin (1844-1931), ouvrant sur l'infini du cosmos
La Grotte de Narcisse
A la fois ouverte et fermée, l'Agora (2019) forme une grotte de briques argentées où s'asseoir seul ou à plusieurs

Les reliefs de briques miroitées comme des pierres précieuses, dits Precious Stonewalls, sont nés d'une pratique quasi meditative de l'artiste durant le confinement. Ils allient lignes minimalistes et couleurs baroques.
Les Nœuds Sauvages

C'est en 1997 que Jean-Michel Othaniel adopte pour ses sculptures le module de la perle de verre souffle. Il conçoit alors un grand coller cicatrice exposé dans le jardin de la Collection Peggy Guggenheim Venise. Ces colliers gigantesques sont devenus depuis emblématiques de son oeuvre.

Depuis le début des années 2000, a Tautre bout du monde, au Mexique, le jeune mathematicien Aubin Arroyo se consacre à une nouvelle theorie des reflets, utilisant l'image virtuelle de perles miroirs comme base à ses calculs de narude sauvages. C'est grâce au hasard d'internet en 2015 que les colliers noués d Othoniel et les images virtuelles d'Arroyo confrontent leurs troublantes ressemblances.

Les deux hommes décident de se rencontrer et entament au fil des années de riches échanges. En 2017, Othoniel conçoit le Noeud infini, une sculpture de verre miroite, qu'il offre à la salle des mathématiques de l'Universite natio nale de Mexico (UNA), où Arroyo présente le fruit de ses recherches Les Neuds Souvages sont présentés au CCK à Buenos Aires en 2019 puis à l'Arsenal à Montréal en 2021.

Issues pour les unes de l'oeuvre personnelle d'un artiste et pour les autres de travaux mathématiques, ces formes présentent d'étonnantes similitudes, elles ouvrent sur la notion d'un univers sensible présent dans l'infini mathé matique. Cette théorie des reflets invite à une vision cosmique du mythe de Narcisse

La Couronne de la Nuit
Dans l'exposition, la Couronne de la Nuit marque le passage du jardin paradisiaque vers le monde souterrain de la Grotte de Narcisse.

L'œuvre est constituée de perles de verre soufflé de Murano. Avec ses bleus profonds, parsemés de quelques perles rouges comme autant d'étoiles, elle évo que la Reine de la nuit, héroine opératique de La Flûte enchantée de Mozart. Deux cœurs renversés, symbole romantique par excellence, occupent son centre, et sont surmontés d'une énorme boule-miroir, dite « affolante », qui sert habituelle ment à effrayer les oiseaux. Cette boule miroir prend dans son reflet l'ensemble de la sculpture, mais aussi la voûte qui revêt une dimension cosmique.

Entrée récemment dans les collections du Petit Palais, cette ceuvre restera définitivement suspendue au-dessus du magnifique escalier de l'architecte Charles Girault. Exposée pour la première fois en 2008 dans une sombre forêt plusieurs fois cente naire des Pays-Bas, à Arnhem, la Couronne de la Nuit fait pendant ici au grand ciel bleu peint par Maurice Denis sur la voûte de l'escalier opposé, dernière commande du musée à un artiste contemporain, achevé en 1925.



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