vendredi 1 juillet 2022

Latitude, une exposition en plein air de Paulo Marioti au Jardin d'acclimatation en juin 2022

Allez, un peu de figuratif après ces œuvres abstraites de chez abstraites,  en sortant de la fondation Louis Vuitton par le jardin d'acclimatation 😉

Né à Bahia, au Brésil, et diplômé en Arts Graphiques de la Fondation FAAP de São Paulo, Paulo Mariotti s'installe à Paris en 1991.
Après un passage par le film d'animation, il dessine pour la presse et la publicité, en France comme à l'étranger.
Depuis plus de vingt ans, il signe une rubrique illustrée dans le magazine français « Ideat » et a déjà exposé à
Bruxelles, Rome, Londres, Vienne. Il prépare une exposition Brasília pour 2023. Outre de nombreuses parutions dans la presse internationale, des livres sur son travail ont été publiés en France et au Brésil.
Il a également été correspondant à Paris pour le magazine "Vogue Brésil" et la chaîne d'info "Globo News". Paulo Mariotti a aussi collaboré avec le Jardin d'Acclimatation à plusieurs reprises en créant pour le parc parisien des
affiches et des calendriers illustrés.

Pour Image Republic, Paulo Mariotti a imaginé une collection exclusive autour du voyage, des dessins à l'atmosphère vintage, mettant en scène des destinations emblématiques et des villes mondialement connues.

TUNIS
LA MARSA

Je te nomme Tunisie - 2011
"J'entendais ta voix au lever du jour
Comme une aube écarlate
Accouchée dans les ténèbres
Le retour des années
Sur elles-mêmes
Berçant le flux et le reflux
Au bord de la mer
Pleine et vide
Et captait ta lumière
Mille fois perdue dans la distance
Mille fois retrouvée
Par-delà les brumes
Par-delà les songes
Contre les récifs inondés
Ton appel me sauvait des naufrages."
Tahar Bekri (né en 1951)

LES CYCLADES
MER ÉGÉE

"Mer, douceur automnale, îles baignées de lumière, voile diaphane de petite pluie fine qui couvrait l'immortelle nudité de la Grèce. Heureux, pensai-je, l'homme à qui il a été donné, avant de mourir, de naviguer dans la mer égéenne."
Níkos Kazantzakis (1883-1957)
Alexis Zorba - 1946

LISBOA
DOCA DA MARINHA

« Je te revois une fois de plus,
Avec mon coeur plus lointain et mon âme soudain étrangère.
Une fois de plus je te revois - Lisbonne, et Le Tage, et tout -
Passant inutile en toi et en moi.
Étranger ici comme partout ailleurs».
Fernando Pessoa (1888-1935)
Lisbonne Revisitée - 1926

CAPRI
VILLA MALAPARTE

" ...puis, avant de s'en aller, il me demanda si j'avais acheté la maison en l'état, ou si je l'avais dessinée et construite moi-même. Je lui ai
répondu - et ce n'était pas vrai - que j'avais acheté la maison en l'état. Et d'un geste ample de la main, lui indiquant la paroi à pic de Matromania, les trois rochers gigantesques des Faraglioni,
la péninsule de Sorrente, les îles des Sirènes, l'arrière-plan bleuté de la côte d'Amalfi, et la lointaine lueur dorée de la rive de Pesto, je lui
dis: «J'ai dessiné le paysage»."
Curzio Malaparte (1898-1957)
La peau - 1947

ROMA
VIA CONDOTTI

"Il y a deux façons de voir Rome : on peut observer tout ce qu'il y a de curieux dans un quartier, et puis passer à un autre : ou bien
courir chaque matin après le genre de beauté auquel on se trouve sensible en se levant. C'est
ce dernier parti que nous prendrons. Comme de vrais philosophes, chaque jour nous ferons ce qui nous semblera le plus agréable ce jour-là ;
quam minimum credula postero. C'est pour la sixième fois que j'entre dans la ville éternelle, et pourtant mon cœur est profondément agité.
C'est un usage immémorial parmi les gens affectés d'être ému en arrivant à Rome, et j'ai presque honte de ce que je viens d'écrire."
Stendhal (1783-1842)
Promenades dans Rome - 3 août 1827

MONTE-CARLO
LE SPORTING

" J'aimerais que l'on se souvienne de moi comme d'une personne qui a accompli des actes utiles
et qui était une personne aimable et aimante.
J'aimerais laisser le souvenir d'un être humain avec une attitude correcte et qui a fait de son
mieux pour aider les autres."
Grace Kelly (1929 - 1982)

CANNES
HÔTEL CARLTON

"Mon nom, mes références, ma seule adresse du Carlton auraient prouvé que je ne suis pas
un voleur, mais un kleptomane."
Valery Larbaud (1881-1957)
Les Poésies de A. O. Barnabooth - 1913

ALPES FRANÇAISES
LES ARCS

« C'est que la montagne a ses idées à elle, c'est que la montagne a ses volontés. »
Charles Ferdinand Ramuz (1878 - 1947) La Grande Peur dans la montagne - 1925

MARSEILLE
LE VIEUX PORT

"Marseille, incendie en plein jour, flambe au soleil. Je vais la voir brûler jusqu'à la nuit venue.
Une heure encore la sépare du soleil couchant. Tantôt j'étais au château Fallet. De là, Marseille, dans un profond silence, dans un secret divin, loin de tout bruit et de tout mouvement, était une fleur d'améthyste, un lit de lavande et de
lilas. On n'aurait pas conçu de voir en rêve une île plus virginale, une plus pure Bérénice dans
son voile de mauve argenté, brodé de doux azur, et lançant comme un soupir ses minarets de Perse."
André Suarès (1868-1948)

LE CAP-FERRET
LE BASSIN

« Je ne savais pas qu'il existait une si étrange, si belle contrée dont on peut jouir, chez soi, sans le malaise des navigateurs. Comme on
ne reçoit pas les journaux et que pour acheter une plume il faut faire une heure de bateau à vapeur. >>
Jean Cocteau (1889-1963)
Cocteau - Lettres à sa mère - 1917

SAINT-MALO
LA PISCINE

 "Saint-Malo n'est qu'un rocher. S'élevant autrefois au milieu d'un marais salant, il devint
une île par l'irruption de la mer qui, en 709, creusa le golfe et mit le mont Saint-Michel au milieu des flots. (...) Auprès et au loin, sont, semés des rochers, des forts, des îlots inhabités:
le Fort-Royal, la Conchée, Césembre et le Grand-Bé, où sera mon tombeau; j'avais bien choisi sans le savoir :
 bé, en breton, signifie tombe."
François-René de Chateaubriand (1768-1848)
Mémoires d'outre-tombe - 1848

PARIS
LE BON MARCHÉ

" Mais, de l'autre côté de la rue, ce qui la passionnait, c'était le Bonheur des Dames, dont elle apercevait les vitrines, par la porte ouverte. Le ciel demeurait voilé, une douceur de pluie attiédissait l'air, malgré la saison ; et, dans ce jour blanc, où il y avait comme une poussière diffuse de soleil, le grand magasin
s'animait, en pleine vente."
Émile Zola (1840-1902)
Au bonheur des dames - 1883

PARIS
LA TOUR EIFFEL

 "À la fin tu es las de ce monde ancien 
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
Tu en as assez de vivre dans l'antiquité
grecque et romaine"
Guillaume Apollinaire (1880-1918)
Alcools-1913

LILLE
PLACE CHARLES DE GAULLE

"Et maintenant j'entends en moi l'âme du Nord
Qui chante et chaque jour j'aime d'un coeur plus fort
Ton air de sainte femme ô ma terre de Flandre
Ton peuple grave et droit ennemi de l'esclandre
Tes marais tes prés verts où rouissent les lins
Tes bateaux ton ciel gris où tournent les moulins."
Albert Samain (1858 - 1900)
Le chariot d'or - Mon enfance captive
(1888 - 1900)

AMSTERDAM
HERENGRACHT
Amsterdam - 1964

"Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui chantent
Les rêves qui les hantent
Au large d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dorment
Comme des oriflammes
Le long des berges mornes
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui mangent
Sur des nappes trop blanches
Des poissons ruisselants
Ils vous montrent des dents
A croquer la fortune
A décroisser la Lune
A bouffer des haubans
Et ça sent la morue
Jusque dans le cœur des frites"
Jacques Brel (1929 - 1978)

LONDON
SOUTH KENSINGTON

"Londres s'effrite. Londres palpite comme une houle. La ville se hérisse de tours et de cheminées. Là une église blanche; là un mât
parmi les flèches. Là un canal. À présent il y a des espaces ouverts et des allées goudronnées
où il est étrange qu'il y ait à présent des gens qui marchent. Voilà une colline rayée de maisons rouges. Un homme traverse un pont, un chien
sur ses talons. À présent le garçon en rouge commence à tirer sur un faisan. Le garçon en bleu
l'écarte du coude. "Mon oncle est le meilleur fusil d'Angleterre. Mon cousin est grand veneur."
Les fanfaronnades commencent."
Virginia Woolf (1882-1941)
Les Vagues - 1931

LONDON
GATWICK AIRPORT

"Monsieur, quand un homme est fatigué de Londres, 
il est fatigué de la vie."
Samuel Johnson (1709-1784)
Life of Mister Richard Savage - 1744

NEW YORK
NEW YORK FLIGHT CENTER

"Maintenant que nous faisons partie de New York, la seconde ville du monde, monsieur, ne
l'oubliez pas... Oui, le temps viendra, et je crois fermement que vous et moi nous le verrons, le temps viendra où, des ponts et des ponts
traversant East River, Long Island et Manhattan ne feront plus qu'un. L'arrondissement du
Queens sera alors le cœur même et le centre de la grande métropole tout comme Astor Place aujourd'hui.
Que nous le voulions ou non, Mr Perry, nous sommes soulevés par une grande vague d'expansion et de progrès. Toutes ces inventions
mécaniques - téléphone, électricité, ponts en acier, voitures sans chevaux - tout cela aboutira certainement à quelque chose. Il ne tient qu'à
vous d'être à l'intérieur, à l'avant du progrès... Bon Dieu ! Je ne veux pas vous dire ce que ça représentera..."
John Dos Passos (1896 - 1970)
Manhattan Transfert - 1925

NEW YORK
THE GUGGENHEIM

"Tandis que nous marchions dans un sens, puis dans un autre, sur la Septième Avenue, en passant devant le pressing, l'épicerie, la
boulangerie, le salon de beauté, le kiosque à journaux, le marchand de café, [Lucy] était assaillie par une multitude de langues différentes.
Elle entendait de l'espagnol et du coréen, du russe et du chinois, de l'arabe et du grec, du japonais, de l'allemand et du français,
mais au lieu de se sentir intimidée ou perplexe, elle exultait au cœur de cette variété de sons humains. « Je veux parler comme ça » me
dit-elle un matin. »
Paul Auster (né en 1947)
Brooklyn Follies - 2005

NEW YORK
EAST 71ST STREET,
EAST SIDE

"J'adore New York les après-midis d'été quand tout le monde s'en va. Il y a quelque chose de très sensuel - trop mûr, comme si toutes
sortes de fruits amusants allaient tomber entre vos mains."
Francis Scott Fitzgerald (1896 - 1940)
Gatsby le magnifique - 1925

NEW YORK
MUSEUM OF MODERN ART
(MOMA)

 "New York avait eu sur moi l'effet qu'il a sur tout le monde : il avait ouvert le champ des possibles. L'espoir avait ressurgi."
Philip Roth (1933 - 2018)
Exit le fantôme 

LOS ANGELES
BEVERLY HILLS
Hotel
California - 1977

"Welcome to the Hotel California
Such a lovely place
They livin' it up at the Hotel California What a nice surprise
Bring your alibis"
The Eagles

CAPE COD
LIGHTHOUSE
(The Lights Went Out In) Massachusetts - 1967

"Feel I'm goin' back to Massachusetts
Something's telling me I must go home And the lights all went out in Massachusetts."
Barry Gibb (né en 1946),
 Robin Gibb (1949-2012)
et Maurice Gibb (1949-2003)

MIAMI BEACH

"On était en décembre, ce qui à Miami Beach
n'a qu'une signification météorologique
parfaitement anecdotique."
Tom Wolfe (1930-2018)
Bloody Miami - 2016

LOS ANGELES AIRPORT

" La Californie mérite tout ce qu'elle reçoit. Les Californiens ont inventé le concept de style de vie. Cela seul justifie leur perte."
Don DeLillo (né en 1936)
Bruit de fond - 1985

LOS ANGELES
STAHL HOUSE

"J'aime Los Angeles, j'aime Hollywood, ils sont
magnifiques. Tout le monde est en plastique, mais j'aime le plastique, je veux être en plastique."
Andy Wharol (1928-1987)
Catalogue exposition "Andy Warhol"
Moderna Museet de Stockholm 

LOS ANGELES
UNION STATION

"Los Angeles donne le sentiment de l'avenir plus fortement que n'importe quelle ville que
je connaisse. Un mauvais avenir aussi, comme quelque chose sorti de la faible imagination de Fritz Lang."
Henry Miller (1891 - 1980)
Le cauchemar climatisé - 1945

LOS ANGELES
EASTERN COLUMBIA

"Los Angeles, donnez-moi de vous ! Los Angeles vient à moi comme je suis venu à vous, mes pieds
sur tes rues, toi jolie ville je t'aimais tellement, fleur triste dans le sable jolie ville ! »
John Fante (1909-1983)
Demande à la poussière 

LOS ANGELES
THE SINGLETON HOUSE

"Tous les gens à Los Angeles font ça: cavaler comme des dératés derrière quelque chose qui n'existe pas. La peur fondamentale de se
regarder en face, tout seul."

LOS ANGELES
ZUMA BEACH
L.A. Woman
1971

"L.A. woman, L.A. woman
L.A. woman Sunday afternoon
L.A. woman Sunday afternoon
L.A. woman Sunday afternoon
Drive through your suburbs
Into your blues, into your blues, yeah
Into your blue-blue blues
Into your blues, oh, yeah
I see your hair is burnin'
Hills are filled with fire
If they say I never loved
You know they are a liar"
Jim Morrisson (1943-1971) 

PALM SPRINGS
THE KAUFMANN HOUSE

"Lorsque vous devez faire face au fait que le mariage avec l'homme que vous aimez est vraiment terminé, c'est très dur, c'est une véritable agonie. Dans ce genre de situation poignante, je pars toujours et je me coupe du monde.
Je ne prends plus une goutte d'alcool lorsqu'il y a de véritables mauvaises nouvelles dans ma vie ; Je n'y fais jamais face avec le cerveau embrumé. Je viens de louer une maison à Palm Springs et je me suis assis là et j'ai souffert pendant quelques semaines. Jusqu'à ce que je
sois assez forte pour y faire face."
Ava Gardner (1896 - 1970)
Mon histoire - 1990

PALM SPRINGS
PALM CANYON DRIVE
MAISON DE FRANK SINATRA

"L'orange est ma couleur favorite. Sur le fuselage de mon jet, il y a une grande virgule orange et
l'intérieur en est somptueusement décoré en orange. Mon appartement à Palm Springs est également orange. Mes sweats, mes peignoirs, mes pyjamas sont orange. Ma pochette de veste est souvent orange. J'essaye de peindre ma vie en un audacieux et brillant orange."
Frank Sinatra (1915-1998)
My Life, My Way - 2008

PALM SPRINGS
THE SWIMMING POOL

« Mon père me paraît très sain quand on ne l'examine pas de trop près. Il est impeccablement
bronzé, il a eu une greffe de cheveux à Palm Springs voilà deux semaines, si bien que son crâne est recouvert de cheveux blonds. Il en a
profité pour se faire faire un lifting."
Bret Easton Ellis (né en 1964)
Moins que zéro - 1985

BAHAMAS
PEARL ISLAND

"La maison était construite sur la partie la plus haute de l'étroite langue de terre entre le port
et le large. Elle avait résisté à trois ouragans et elle était bâtie aussi solidement qu'un navire.
Elle était ombragée par de grands cocotiers qu'avait courbés l'alizé et, du côté de l'océan, vous pouviez franchir le seuil et descendre la
falaise, traverser le sable blanc et entrer dans le Gulf Stream."
Ernest Hemingway (1899-1961)
Îles à la dérive - 1970

ARGENTINE
ESTANCIA

Ode composée en 1960 à l'occasion du 150ème anniversaire de l'expulsion du vice-roi espagnol
" Je te sens ma patrie, aux ruineux couchants Des faubourgs vastes, et dans la fleur de chardon
Que le vent des pampas laisse au seuil du patio, Et dans la chute patiente de la pluie, Et dans les lentes habitudes des étoiles ;
Dans un caveau pieux par l'urne et le symbole, Dans les jasmins, dans leur parfum rendu d'amour;  Ô ma patrie,
Ô mon inséparable, ô ma mystérieuse."
Jorge Luis Borges (1899-1986)

RIO
DE JANEIRO
IPANEMA

Garota de Ipanema - 1962
"Moça do corpo dourado
Do sol de Ipanema
O seu balançado é mais
que um poema
E a coisa mais linda
que eu ja vi passar
Ah' porque estou tão sozinho
Ah' porque tudo é tão triste
Ah' a beleza que existe
A beleza que não é
so minha"
Antonio Carlos Jobim (1927-1994)
et Vinicius de Moraes (1913 - 1980)


RIO
DE JANEIRO
MUSÉE D'ART MODERNE

"Rio de Janeiro, l'attrait de cet endroit unique réside davantage dans l'âme des Cariocas, qui
portent en eux le soleil qu'ils vénèrent tant."
Paulo Coelho (né en 1947)
Préface de "La légende Rio"
de Bruno Atusto - 2016

SYDNEY
OPERA HOUSE

"Ne vous inquiétez pas de la fin du monde aujourd'hui, c'est déjà demain en Australie."
Charles M. Schulz 

INDE
RAJASTHAN

"Comment t'expliquer ? 
L'Inde, c'est l'Inde."
Alberto Moravia (1907 - 1990)
Une certaine idée de l'Inde

JARDIN
D'ACCLIMATATION
STATUE DE LOUIS
JEAN-MARIE DAUBENTON
DEVANT LA GRANDE VOLIÈRE

« La vraie philosophie des naturalistes est 
de bien observer la nature. >>
Louis-Jean-Marie Daubenton
 (1716-1799)
Instruction pour les bergers et pour les propriétaires de troupeaux-Leçon III - 1782

JARDIN
D'ACCLIMATATION
FONDATION LOUIS VUITTON

"Souvent dans les allées du Bois ou du Jardin d'Acclimatation, nous croisions, nous étions
salués par telle ou telle grande dame amie de Swann, qu'il lui arrivait de ne pas voir et que lui signalait sa femme, "Charles, vous ne voyez
pas Mme de Montmorency ?"
Marcel Proust (1871-1922)
À l'ombre des jeunes-filles en fleurs
À la recherche du temps perdu - 1918

La couleur en fugue à la Fondation Louis Vuitton en juin 2022


En marge de l'exposition Hantaï, une belle découverte, notamment l'installation spectaculaire de Katharina Grosse !


L'exposition "La couleur en fugue" réunit cinq peintres de la scène artistique internationale, d'origines et de générations différentes: Sam Gilliam, Katharina Grosse,Steven Parrino, Megan Rooney, Niele Toroni.
Au travers d'un vocabulaire abstrait qui leur est propre, chacun repousse les limites traditionnelles du médium
pictural. La peinture sort du champ restreint de la toile tendue sur châssis et s'invente une liberté nouvelle dans son rapport couleur/support en se déployant dans l'espace, entre le sol, le mur et le plafond. Comme autant de variations de l'expansion de la couleur, les œuvres réunies ici opèrent un dialogue étroit avec l'architecture de Frank Gehry.
À côté d'ensembles d'œuvres de Sam Gilliam, Steven Parrino et Niele Toroni, qui ont bénéficié de prêts importants d'institutions publiques et privées, Katharina Grosse et
Megan Rooney ont créé chacune pour l'occasion une intervention inédite éphémère :

Megan Rooney
With Sun, 2022
Peinture industrielle, acrylique, peinture a la bombe, pastel gras, pastel, crayon

Avant de commencer à peindre, j'aime poser mes pieds nus
par terre afin de ressentir la force et l'énergie de ce qui se passe sous le sol. J'ai une relation particulière avec toutes les saisons, du fait des
changements spectaculaires de lumière au fil des mois..... mais
le printemps est tout spécialement sacré à mes yeux. Les lignes brunes des arbres nus s'exposent à notre regard, tel un dessin composé par la nature. Longtemps avant que tout
reverdisse, celle-ci commence à lentement ajouter de la couleur
à sa palette. Au loin, l'apparition d'un cornouiller d'une blancheur
fantomatique. Au coin de la rue, les bourgeons ératiques et silencieux du magnolia qui patientent avant d'exploser dans une perfection de rose poudré. Le mimosa nous salue de ses branches jaunes. Et l'on se sent mieux. Les images qui m'habitent s'attardent dans ma mémoire, puis se déversent face à l'impossibilité d'une surface vierge.
Lorsque je commence à travailler, j'imagine que je me libère
de la force d'attraction du sol. Je prends mon envol, j'essaie de
me laisser porter par un bon vent dans le ciel de ma peinture.
De sorte que les couleurs puissent me traverser, m'étreindre,
que je puisse m'y engloutir.
Tandis que j'étais étendue au sol, dans la galerie [de la Fondation
Louis Vuitton], en train de contempler le ciel par l'ouverture
zénithale, je me suis mise à rêver à une petite histoire. La lune
poursuit le soleil à travers le bâtiment. Elle se glisse par
Pouverture du toit et, prise au piège, rebondit d'un mur a l'autre.
Toute peinture est liée à un récit. Lorsque je peins, je me sens
connectée aux composantes les plus anciennes de l'humanité.
Raconter des histoires est une part essentielle de la condition
humaine. Cette envie de laisser une trace, sa marque, de dire:
"T'etais ici."
La mémoire et le temps, le temps et la couleur, la couleur et la
lumière. La peinture est un espace où tout le reste s'efface, où
je suis libre

Née en 1985 (Afrique du Sud), vit et travaille à Londres, artiste pluridisciplinaire, Megan Rooney associe dans une même œuvre peinture, sculpture, performance et écriture. L'acte de peindre est pour elle un engagement physique et mental intense qui culmine dans ses peintures monumentales, comme ici
avec With Sun, peinture murale inédite et éphémere réalisée spécifiquement pour la Galerie 8.

Sam Gilliam
Né en 1933 à Tupelo (États-unis), vit et travaille à Washington (États-unis)
Sam Gilliam est une figure majeure de la peinture américaine d'après-guerre.  Son œuvre est associée à la Washington Color School, un courant du Color Field painting qui se développe à New York au cours des années 1950.
En 1968, il inaugure les Drape paintings à travers lesquels il définit un langage pictural nouveau, en explorant le potentiel de la surface et l'étendue du champ coloré. Les trois œuvres monumentales exposées ici sont emblématiques de cette
série qui marque à la fois l'abandon total du châssis et l'avènement d'une peinture dont la forme se déploie à chaque fois en fonction des particularités architecturales
du lieu d'exposition. Dans l'atelier, Gilliam travaille sur une toile posée à même le sol sur laquelle il verse des pigments acryliques largement dilués avant de tamponner,
frotter ou presser la matière à l'aide de pinceaux et de chiffons. Dans le flot des couleurs qui se répandent largement sur les deux faces de l'étoffe, le long des plis,
dans les creux et dans les courbes, apparaissent des formes aléatoires - aplats, lignes, coulures, gouttes, traces et autres empreintes - qui se construisent sur le vif.
Lorsque la toile est imbibée l'artiste la manipule, la plie, la froisse, l'enroule avant de la laisser sécher. Parfois il ajoute de la poudre d'aluminium et applique par touches, ici et là, de la peinture acrylique dont les effets de matière et de texture contrastent
avec la surface plane imprégnée de couleurs. Dans un second temps, la toile est nouée en plusieurs points avant d'être suspendue librement dans l'espace, entre
sol, mur et plafond. Dans cette présentation inédite, la puissance lyrique et vibrante des couleurs requalifie l'architecture de Frank Gehry, dans une tension entre ordre
et désordre.

Steven Parrino
New York (États-Unis), 1958-2005
Bousculant les frontières entre peinture et sculpture, Steven Parrino libère la toile de sa planéité et fait sortir la couleur du cadre, la laissant déborder dans l'espace.
Les œuvres présentées appartiennent à la serie des misshaped canvases (toiles
déformées) que l'artiste développe à partir de 1981.
Steven Parrino définit à l'avance le processus de réalisation des œuvres : une fois décidés le support et ses dimensions, il peint la surface de façon uniforme - à l'acrylique, à la bombe, à la peinture émail ou la laque. Puis il opère toute une serie
d'actions violentes : il décadre, arrache, tord et froisse le support peint, puis le refixe sur son châssis, souvent après l'avoir retouché. Ces opérations font passer les
surfaces bi-dimensionnelles de la peinture à la tridimensionalité du relief et de la sculpture. De plus, l'importante implication physique de l'artiste dans le processus
confère aux œuvres un caractère performatif.
Au mur, quatre tondi et un carré percé dont les toiles ont été peintes soigneusement par Parrino avant d'etre manipulées pour créer des effets de vortex en relief.
Au sol, deux installations de toiles froissées deviennent sculptures. Au carrefour de la high et de la low culture, Parrino privilégie ici les couleurs brillantes, également
choisies pour leur portée symbolique.

Niele Toroni
Né en 1937 (Suisse), vit et travaille à Paris.
Artiste connu pour ses pratiques hors champ et nomades, réalisant ses empreintes à l'intérieur comme à l'air libre, Niele Toroni requalifie les espaces qu'il investit en adaptant ses œuvres au lieu d'exposition. Depuis 1966, il réalise des empreintes monochromes au moyen de pinceaux plats, larges de 5 cm, qu'il applique sur une surface donnée à intervalles réguliers de 30 centimètres. Bien que ce "travail/peinture"
soit le résultat d'un geste répété à l'identique, chaque empreinte est différente et varie en fonction de la quantité de peinture, de la vigueur du geste, du type de support, de sa forme, et de la couleur choisie.
Toroni est présent ici par un ensemble d'œuvres réalisées entre 1967 et 1997 qui témoigne de la diversité des supports utilisés. La toile cirée, utilisée par l'artiste à
ses débuts, lui permet de déployer ses empreintes en fonction de la dimension du mur. Découpée selon les besoins, c'est le lieu qui détermine la quantité de peinture visible. Avec Flambo, marque de présentoir des magasins de décoration, Toroni pose ses
empreintes de différentes couleurs sur les panneaux mobiles qui composent cet objet, tandis que l'Hommage aux hirondelles est placé en hauteur dans un angle, tel
un nid d'oiseau. Les tondi aux « rouges » de Bordeaux proviennent des empreintes réalisées par l'artiste sur des barriques de vin. Les quatre peintures formant un ensemble accueillent chacune des empreintes de couleur différente: rouge, jaune,
bleu, noir. La couleur rythme chaque toile de cette partition picturale.

Katharina Grosse
Splinter, 2022
Acrylique sur contreplaqué, mur et sol 
Katharina Grosse 
Née en 1961 (Allemagne), vit et travaille à Berlin et en Nouvelle-Zélande
Depuis la fin des années 1990, Katharina Grosse explore les potentialités de la peinture
au-delà des limites du cadre et de la toile. Embrassant sols, murs, plafonds, objets ou paysages entiers, elle crée des sites picturaux multidimensionnels grâce à la technique de projection de la couleur par pistolet-pulvérisateur qui est devenue sa signature. La couleur
est au cœur de son travail et fait le lien entre toutes ses œuvres. La question de l'échelle, ou encore de la fusion peinture / architecture / sculpture est omniprésente, comme ici dans le projet conçu en dialogue étroit avec le bâtiment de Frank Gehry. Au départ de Splinter, l'artiste crée un élément hétérogène dynamique, composé de
formes triangulaires, à partir duquel la couleur se propulse dans un grand élan. Composé d'une vingtaine de triangles en contreplaqué emboîtés sur une structure autoportante,
ce dispositif occupe une partie du mur de droite de la Galerie 10 et fonctionne comme un  "déclencheur" visuel reliant sol et plafond. Une fois la structure installée dans l'espace,
la seconde étape consiste à la peindre, ainsi que tout ce qui l'environne. Grâce à un pochoir,
Katharina Grosse crée un vide au centre, comme si la lumière en s'engouffrant par le skylight
était venue « brûler » la peinture. Selon les mots de l'artiste « une peinture peut atterrir
n'importe où, et s'attarder partout (...). La peinture n'est pas reliée à un endroit donné. Elle met à l'épreuve - et condense spectaculairement - les caractéristiques du réel. »



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