Une belle rétrospective !
Vassily Kandinsky (1866-1944)
Gabriele Münter
1905
Huile sur toile
Munich, Lenbachhaus;
donation Gabriele Münter, 1957
Gabriele Münter
Peindre sans détours
« Ce qui est expressif dans la réalité, je l'extrais, je le représente, simplement, sans détours, sans fioritures. Ainsi, [...] les formes se rassemblent en contours, les couleurs en surfaces, il en résulte des esquisses du monde, des images.▸ GABRIELE MONTER
Gabriele Münter (1877-1962) compte parmi les femmes artistes les plus éminentes de l'expressionnisme allemand.
Artiste voyageuse, indépendante, habitée par la passion de la création, elle a suivi une vocation nourrie par la pratique du dessin dès son plus jeune âge. Afin de se libérer des contraintes des académies d'art traditionnelles, elle s'inscrivit en 1902 à l'école de la Phalanx à Munich. Elle y rencontra Vassily Kandinsky (1866-1944), dont elle fut la compagne jusqu'en 1916, participant à la fondation des cercles munichois d'avant-garde: la Nouvelle Association des artistes de Munich, en 1909 puis Le Cavalier bleu en 1911.
Le parcours chronologique commence par les photographies, prémices de sa carrière artistique. Témoignant de ses premiers voyages, aux États-Unis (1898-1900) et en Tunisie (1905), celles-ci sont d'une surprenante qualité visuelle et novatrice Puis on découvre ses gravures, lors de son premier séjour parisien (1906-1907), marqué par la rencontre des avant-gardes, en particulier du fauvisme. Suivent les chefs d'oeuvres de sa période expressionniste (1908-1914), correspondant à son activité au sein des avant-gardes munichoises. La section suivante évoque les intérêts de Münter pour les expressions vernaculaires et l'art des enfants. Un ensemble inédit de ses dessins ouvre sur son second séjour parisien (1929-1930), qui révèle son évolution stylistique, en lien avec les nouvelles tendances de la figuration. Le parcours se clôt avec quelques ceuvres phares du milieu des années 1930 à la fin des années 1950, qui donnent un aperçu de la permanence et de l'intensité de l'engagement artistique de Gabriele Münter, le projet d'une vie, elle qui déclarait vouloir simplement peindre sans détours
Emmy Münter avec des hommes de la famille devant la maison de Plainview, Texas
1899-1900
Tirage d'exposition
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Tunisie
Au cours d'un voyage en Tunisie (fin 1904-1905), Münter et Kandinksy parcourent des lieux éloignés des circuits touristiques de l'époque. Ils travaillent beaucoup, côte à côte, sur le motif. Si Münter se plaît à broder des textiles d'après des esquisses de Kandinsky, elle réalise surtout près de 150 peintures et dessins, et prend environ 180 photographies. Il s'agit moins d'une expérience artistique que d'une confrontation à une culture autre dont elle fixe le quotidien, les gens dans la rue, des éléments d'architecture et de calligraphie. Ses peintures et photographies témoignent d'une vision originale qui échappe aux poncifs orientalistes.
Rue de la Verdure
à Bab el-Khadra, Tunis
1905
Tempera et crayon sur papier gris
Munich, Lenbachhaus;
donation Gabriele Münter, 1957
Münter a exécuté cette tempera (technique de peinture à base d'eau) d'après une esquisse dessinée sur le motif, sans doute après son retour en Allemagne. Cette pièce fait partie des tout premiers dessins qu'elle réalise lors de son séjour de trois mois en Tunisie. Depuis l'Hôtel Saint-Georges, où elle loge avec Kandinsky, Bab el-Khadra est la porte la plus proche pour se rendre dans la médina (vieille ville). Münter photographia également cette porte dont le nom, Bab el-Khadra, qui signifie «porte verte», désigne aussi tout le quartier, ainsi qu'une rue menant à la médina
Aloès
1905
Toile
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Ruelle à Tunis
1905
Toile
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Premiers pas sur la scène parisienne
Au début du XXe siècle, Paris est l'épicentre de l'art moderne européen, où les artistes du monde entier se pressent. Münter y séjourne près d'une année, occasion pour elle de poursuivre sa formation et d'exposer pour la première fois de sa carrière. Elle dessine et peint d'après modèle vivant à l'Académie de la Grande-Chaumière,
à Montparnasse. Elle approfondit sa pratique de la gravure, réalisant de nombreuses estampes inspirées par son environnement quotidien. Elle visite les galeries d'art et des collections privées, en particulier celle de la famille Stein, des collectionneurs américains chez qui elle peut voir des œuvres de Gauguin, Bonnard, Cézanne, Picasso et surtout Matisse. Ce séjour parisien aura une influence décisive sur sa manière de peindre, libérant sa touche et son usage de la couleur.
Kandinsky à l'harmonium
1907
Linogravure couleur sur papier japonais
Munich, Lenbachhaus;
donation Gabriele Münter, 1957
Parc de Saint-Cloud
1907
Probablement linogravure couleur
sur papier japonais
Munich, Lenbachhaus;
donation Gabriele Münter, 1957
Parc en automne
1906
Carton entoilé
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Vue par la fenêtre à Sèvres
1906 Toile
Munich, Lenbachhaus
Dans cette peinture, l'une des plus importantes réalisées lors de son séjour parisien, Münter donne au spectateur la sensation d'embrasser le paysage urbain qui remonte jusqu'à la colline de Saint-Cloud, à peine contrariée par la silhouette d'un arbre que l'hiver a dépouillé de son feuillage et qui se détache au premier plan. Cet élément, qui agit comme un léger obstacle à la vision tout en faisant office de point de repère, revient régulièrement dans ses compositions, en particulier dans ses photographies. Cette œuvre figure au Salon des indépendants de 1907, où Münter expose sous son nom pour la première fois de sa carrière
Tête d'homme, Paris
1906
Huile sur toile contrecollée sur carton
Kunstsammlungen Chemnitz -
Museum Gunzenhauser;
propriété de la Fondation Gunzenhauser
Mme Vernot avec Aurélie
1906
Linogravure couleur sur papier japonais
Munich, Lenbachhaus;
donation Gabriele Münter, 1957
Pendant l'année qu'elle passa à Paris en 1906-1907, Münter réalisa de nombreuses gravures. Elle portraiture ici la logeuse de la chambre qu'elle loua quelques mois au 58, rue Madame, dans le quartier de Montparnasse. Sarah et Michael Stein - le frère cadet de la poétesse Gertrude Stein -, également collectionneurs, vivaient dans le même immeuble. Le goût de l'expérimentation de l'artiste se révèle notamment dans les arrière-plans des portraits, traités à chaque fois différemment. Dans cette gravure, on aperçoit Aurélie, la domestique de Mme Vernot, affairée dans la cuisine
M. Vernot
1906
Linogravure couleur sur papier japonais
Munich, Lenbachhaus;
donation Gabriele Münter, 1957
Kandinsky
1906
Linogravure couleur sur papier japonais
Munich, Lenbachhaus;
donation Gabriele Münter, 1957
Vase rouge
1909
Toile
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Tête de femme, Munich
1908
Carton
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Portrait de garçonnet [Willi Blab]
vers 1908-1909
Carton
Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung
La Petite Dietrich
1908
Carton
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Mlle Mathilde*
vers 1908-1909
Carton
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Mlle Mathilde au châle bleu
vers 1908-1909
Carton
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Munich, Murnau et le Blaue Reiter
En 1909, Münter acquiert une maison à Murnau, village situé à une heure de train de Munich, au pied des Préalpes bavaroises et au bord du lac Staffel. Ce site l'enthousiasme, par sa diversité de motifs - les maisons aux façades colorées, le lac, les marais, les montagnes - qui l'inspirent continuellement. Au même moment, elle participe activement au renouveau de l'art
à Munich: elle est membre fondatrice de la Nouvelle Association des artistes de Munich et, en 1911, du Cavalier bleu, aux côtés de Kandinsky, Franz Marc, August Macke et Paul Klee, entre autres. Cette période est marquée par le travail collaboratif au sein de ce cercle d'artistes que réunit une même fascination spirituelle pour le paysage et la nature. Münter participe aux expositions du groupe et à l'édition du célèbre Almanach, ouvrage théorique et programmatique qui pose les bases d'une nouvelle avant-garde internationale et pluridisciplinaire.
Mme Olga von Hartmann*
vers 1910 Toile
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Le couple russe Olga et Thomas von Hartmann vécut à Munich de 1908 à 1912. Le musicien Thomas von Hartmann était un ami proche de Kandinsky. Il écrivit la musique pour la composition scénique de ce dernier, intitulée La Sonorité jaune et parue dans l'Almanach du Cavalier bleu. Chanteuse d'opéra de formation, Olga von Hartmann semble s'être vouée à la carrière de son mari plus qu'à la sienne. Elle fut un modèle privilégié pour Münter, qui la peignit et la photographia à plusieurs reprises. Ce portrait sans fioritures présente une grande simplicité de formes
Habitante de Murnau [Rosalie Leiss]
1909
Huile sur carton
Murnau, Schlossmuseum;
propriété partielle de la Ernst von Siemens Kunststiftung (Murnau) et de la Fondation privée du Schlossmuseum (Murnau)
Nature morte au fauteuil*
1909
Carton
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Portrait de Marianne von Werefkin*
1909
Carton
Munich, Lenbachhaus;
donation Gabriele Münter, 1957
Münter fait poser l'artiste Marianne ven Werefkin devant le soubassement jaune de la maison qu'elle vient alors d'acquérir, en août 1909, à Murnau. Elle la représente coiffée d'un grand chapeau à fleurs lui projetant des ombres colorées sur le visage, le buste réduit à un imposant triangle blanc cerné d'une écharpe rose. Les couleurs audacieuses de ce portrait rappellent les portraits peints par Matisse à la même époque, notamment Femme au chapeau (1905), que Münter a pu voir chez Gertrude Stein. Son langage pictural est cependant plus radical, par l'emploi d'une stylisation des formes plus accentuée
À l'écoute
[portrait de Jawlensky]
1909
Carton
Munich, Lenbachhaus;
donation Gabriele Münter, 1957
Rue de village bleue
1911
Huile sur carton
Collection privée
Paysage avec cabane au couchant
1908
Huile sur papier contrecollée sur carton
Kunstsammlungen Chemnitz - Museum Gunzenhauser; propriété de la Fondation Gunzenhauser
Ce paysage est caractéristique du langage pictural que Münter met au point durant son premier séjour à Murnau, à l'été 1908: l'utilisation de couleurs s'éloignant de la réalité, et une grande simplification des formes. Les collines bleues se détachent devant un ciel rose de crépuscule, les derniers rayons du soleil font rougeoyer les petites meules de foin qui parsèment les champs. Par ces moyens stylistiques, l'artiste cherche à augmenter la force d'expression d'une scène et à rendre ce qu'elle en appelle "l'essence".
Au salon
1911
Carton
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Deux femmes discutent devant un papier peint ou une tapisserie, dont les couleurs et les motifs chatoyants viennent animer le fond de la scène d'ondulations obliques. Une petite fille coiffée d'un noeud rouge est représentée de dos. Le spectateur ne voit que l'arrière de sa tête, comme s'il était derrière elle. Cette perspective donne l'étonnante sensation d'assister à la conversation. La fusion de la scène et du décor rappelle les peintures intimistes de Bonnard ou Vuillard, mais aussi les intérieurs et ateliers de Matisse peints la même année.
Combat du dragon
1913
Huile sur toile
Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne/Centre de création industrielle; don de la Société Kandinsky, 2015
Cette peinture s'inspire d'une sculpture populaire russe, dont la reproduction figurait dans l'Almanach du Cavalier bleu, et représentant le combat de saint Georges à cheval contre dragon, sous la forme d'une hydre (monstre à plusieurs têtes). Münter transpose cette lutte légendaire du Bien contre le Mal en la vision d'une scène sanglante, ancrée dans un arrière-plan paysager. Elle l'anime au moyen d'une touche mouvementée, très expressive, et de coloris contrastés. Peut-être illustre-t-elle ainsi symboliquement la lutte des artistes du Cavalier bleu pour la défense de leur art novateur dans l'environnement hostile et incompréhensif de l'époque, ou bien la philosophie qui les anime dans la défense du spirituel contre le matériel.
Nature morte aux oeufs de Pâques*
1914
Carton
Munich, Lenbachhaus;
donation Gabriele Münter, 1957
Dans cette composition, Münter fait un usage étonnant de la vue en plongée (un emprunt au cadrage photographique d'une très grande óriginalité pour l'époque), en représentant une nature morte vue du dessus. Les objets sont disposés sur une nappe ou un plateau de couleur blanche qui se détache sur un fond sombre (le sol ou bien une table de bois). Ils semblent ainsi dans une position instable. Münter exposa fréquemment cette nature morte, notamment à la Biennale de Venise de 1950, où elle présenta également un paysage et une scène d'intérieur avec Paul Klee.
Nuages du soir
vers 1909-1910
Huile sur carton
Collection privée
Intérieur à Murnau
vers 1910
Carton
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
La vie privée de Münter est le sujet de cette peinture qui n'est pas sans rappeler la célèbre chambre de Van Gogh. Comme si elle prenait une photographie, l'artiste montre une pièce décorée de meubles peints par elle et Kandinsky. Parmi les nombreux objets que l'on peut distinguer, on remarque particulièrement des sandales et des chaussures à talon posées sur le sol. Le tapis au centre de la composition guide le regard du spectateur vers une autre pièce située à gauche, où l'on peut voir Kandinsky en train de lire, allongé sur un lit.
Nature morte aux vases, bouteilles et branches de sorbier
vers 1908-1909
Huile sur carton
Kunstsammlungen Chemnitz - Museum Gunzenhauser; propriété de la Fondation Gunzenhauser
Portrait d'enfant [lwan]
1916 Toile
Munich, Lenbachhaus;
donation Gabriele Münter, 1957
Iwan était le fils du couple d'artistes suédois Sigrid Hjertén et Isaac Grünewald, dont Münter avait fait la connaissance à Stockholm en 1915, sans doute par l'intermédiaire du galeriste berlinois Herwarth Walden. Grâce à eux, elle intégra rapidement la scène artistique de l'avant-garde suédoise. Tous deux avaient été élèves de l'académie fondée par Matisse à Paris. Pendant ses années scandinaves, l'intérêt de Münter se porte davantage sur la figure humaine, qu'elle représente sous forme de portraits ou dans des scènes d'intérieur.
Enfant endormi (vert sur noir)
1934
Carton
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Fillette endormie (marron, bleu)
1934
Carton
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Ces œuvres illustrent la constance du travail en série dans la production de Münter. Le sujet est inspiré par l'observation d'une fillette endormie sur la banquette d'un compartiment de train, dont le motif apparaît dans plusieurs pages d'un carnet, en 1930. Il resurgit dans ces deux peintures quelques années plus tard, et fait écho à d'autres œuvres représentant des enfants endormis dans les bras de leur mère. L'épais cerne noir séparant des plages de couleur aux tonalités douces caractérise de nombreuses oeuvres réalisées par l'artiste à partir de cette époque.
Au salon
1913
Toile
Munich, Lenbachhaus; acquisition grâce
au soutien de la Ernst von Siemens Kunststiftung
Non identifié
Villa les Fleurettes* (Paris)
vers 1929-1930
Toile
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Échafaudage
1930
Toile
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Autoportrait
vers 1921
Toile montée sur un autre support textile
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Nature morte aux couverts rouges
1930
Carton
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Münter peint cette nature morte lors de son second séjour à Paris. Elle en explique la genèse dans une lettre adressée à son conjoint Johannes Eichner: «Hier soir, je voulais écrire des cartes et des lettres, comme j'avais prévu de le faire depuis longtemps - me mettre à la couture aurait été tout aussi bien - mais j'ai peint à la place une nature morte que j'ai vue en débarrassant la table. Des couverts à salade rouge dans le bol blanc (et un citron) avec des ombres portées. » La vue rapprochée sur ce coin de table, avec le saladier et le fragment d'un dossier de chaise à l'arrière-plan, rappelle un zoom photographique.
Sténographie. Suissesse en pyjama
1929 Toile
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Comme l'indique le titre qu'elle a donné a cette œuvre phare de son second séjour parisien, Münter figure une sténographe, vêtue de pantalons légers à la mode, en train de travailler à la prise de notes. La composition évacue tout élément de contextualisation, sans aucun effet de perspective, le point focal du tableau étant situé sur le geste d'écriture. L'accent mis sur la profession et l'activité du modèle, et la grande frontalité de cette œuvre, en font davantage un emblème qu'un portrait. Münter témoigne, à sa manière, des mutations culturelles de l'époque reflétant l'émancipation des femmes par le travail, autour de la construction de l'archétype de la «femme nouvelle »> (Neue Frau), en Allemagne, ou de la garçonne, en France
La Lettre
1930
Toile
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Loulou Albert
1929
Toile
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Lou Albert-Lasard (1885-1969) est une peintre franco-allemande formée à Munich au début du XXe siècle et proche des milieux artistiques et littéraires, en particulier du poète Rainer Maria Rilke. Münter l'a sans doute fréquentée successivement à Munich, entre 1904 et 1910, et à Berlin, au milieu des années 1920, avant l'installation d'Albert-Lasard à Paris, en 1928. L'artiste l'a peinte à plusieurs reprises lors de son séjour parisien, puisque c'est également Lou Albert-Lasard qui apparaît alitée dans La Lettre, accroché à côté de ce portrait
Auditrices
vers 1925-1930
Toile
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Penseuse
1917
Toile
Munich, Lenbachhaus;
donation Gabriele Münter, 1957
Münter a réalisé plusieurs portraits de cette femme, nommée Gertrud Holz, à Stockholm. Son style
a évolué, il est plus graphique, avec des couleurs adoucies. Les objets (fleurs dont on ne voit pas le vase, assiette de fruits, lampe) disposés sur la table à l'arrière-plan semblent se mouvoir en écho à la divagation des pensées du modèle. Certaines zones encore traitées de manière indéfinie et les tons sourds baignent la peinture dans une atmosphère empreinte de nostalgie. Chef-d'œuvre de la période scandinave de Münter, cette œuvre sera exposée en 1918 à Copenhague, lors de la plus grande exposition personnelle organisée de son vivant.
Une nouvelle vie à Murnau
En 1931, Münter s'installe définitivement à Murnau. C'est le début d'une période d'intense création. Les rues de ce village pittoresque et les paysages alentour constituent les motifs principaux d'oeuvres dans lesquelles elle renoue avec sa propre tradition expressionniste. Sous le III Reich, elle réduit ses apparitions publiques sans pour autant cesser de travailler, meme si son compagnon, l'historien de l'art Johannes Eichner, lui enjoint d'assagir sa touche et de veiller au choix de ses sujets. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'art de Münter est progressivement redécouvert et son importance, réaffirmée. Un épais cerne noir séparant des aplats de couleur aux tonalités douces caractérise nombre de ses peintures à partir du milieu des annees 1930. On y distingue moins les traces de pinceau, et le principe de la reprise en série évacue le contexte du sujet représenté. La radicalité formelle de ces images autonomes, très synthétiques, met à distance les catégories traditionnelles du portrait, du paysage et de la nature morte.
Autoportrait
1935 Carton
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
La Maison de Münter à Murnau
1931 Toile
Munich, Lenbachhaus ;
donation Gabriele Münter, 1957
Nature morte devant
«La maison jaune >>
1953
Toile
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Münter superpose ici différentes réalités et temporalités. Au premier plan, elle a peint une nature morte (fleurs et fruits sur une table ronde) dans le style récurrent de ses peintures depuis les années 1930: une très grande simplification des formes, un cerne noir délimitant des zones de couleurs primaires avec peu de touches de pinceau apparentes. L'arrière-plan reproduit l'une de ses peintures de 1911,
La Maison jaune, accrochée dans la section dédiée au Blaue Reiter. Le cadrage rapproché donne l'étrange sensation que cette peinture devient un vrai paysage hivernal, fusionné en une nature morte printanière
Le Lac bleu
1954
Huile sur toile
Linz, Lentos Kunstmuseum
La Route menant aux montagnes
1936
Huile sur toile
Murnau, Schlossmuseum; prêt permanent de la Sparkasse Oberland
Vue sur les montagne
1934
Toile
Munich, Lenbachhaus
L'Excavatrice bleue (étude)
1935 Carton
Munich, Gabriele Münter
und Johannes Eichner Stiftung
Münter a toujours représenté le monde du travail, depuis ses photographies américaines. De 1935 à 1937, elle peint, dessine et photographie à de nombreuses reprises les travaux de construction de la route et de la ligne de chemin de fer mis en œuvre pour les Jeux olympiques de 1936 à Garmisch-Partenkirchen. À la demande d'une marchande d'art, elle enverra les deux études ci-contre à une exposition intitulée «Les routes d'Adolf Hitler dans l'art », sujet hautement compatible avec la propagande officielle. Cependant, les petits personnages de La Pelle mécanique sont loin de la représentation «surhumaine » des travailleurs allemands prônée par les nazis. Münter associe d'ailleurs symboliquement le motif de l'excavatrice, autour duquel elle articule une série de douze peintures, à un «monstre qui dévore et abandonne >>.
Dr. Hanna Stirnemann
1934
Carton
Munich, Gabriele Münter und Johannes Eichner Stiftung; prêt permanent
au Landesmuseum Kunst & Kultur, Oldenburg
Münter réalisa ce portrait de Hanna Stirnemann lors d'une visite de celle-ci à Murnau, ou peu après. Les montagnes bleues en arrière-plan sont une évocation du paysage typique des environs de ce village du sud de la Bavière. Hanna Stirnemann était devenue la première femme directrice de musée en Allemagne, après avoir pris la direction du musée municipal de léna, en 1930. Celui-ci fut l'une des sept étapes de l'exposition itinérante «Gabriele Münter. 50 peintures des 25 dernières années (1908-1933)»>, en 1934.
Petit-déjeuner des oiseaux
10 mars 1934;
retouches minimes en janvier 1938
Huile sur carton
Washington, D.C., National Museum
of Women in the Arts; don de Wallace et Wilhelmina Holladay
Cette œuvre nous fait pénétrer dans l'intériorité de l'artiste, dont elle constitue une sorte d'autoportrait symbolique à l'aube de la soixantaine. Le spectateur peut en effet s'identifier à la figure de dos qui occupe le premier plan de la composition, comme s l était lui-même assis à la table de Münter et observait, avec elle, les oiseaux dans les arbres du jardin à travers la fenêtre de sa maison, à Murnau. Les deux rideaux rouges semblent encadrer la peinture plus que la fenêtre, ce qui donne un aspect solennel à ce souvenir d'un jour d'hiver
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