lundi 13 novembre 2023

Modigliani, le peintre et son marchand au musée de l'Orangerie en novembre 2023

Une exposition prétexte qui permet d'approfondir la manière singulière de ce peintre attachant :

UN PEINTRE ET SON MARCHAND
Un peu plus d'un siècle après la rencontre entre les deux hommes en 1914, cette exposition se propose de revenir sur l'un des moments emblématiques de la vie d'Amedeo Modigliani (1884-1920), celui où le Parisien Paul Guillaume (1891-1934) devient son marchand. Elle s'attache à explorer la manière dont les liens entre les deux personnages peuvent éclairer la carrière de l'artiste et sa renommée posthume. Arrivé dans la capitale française en 1906, l'artiste italien d'origine juive Amedeo Modigliani peint et sculpte dans le contexte bouillonnant de l'Ecole de Paris. Peu après le départ au front de son premier mécène Paul Alexandre en 1914, il fait la rencontre d'un jeune marchand, Paul Guillaume, qui devient son galeriste vers la fin de l'année 1915. Le peintre et le marchand fréquentent alors les cercles artistiques et littéraires de la capitale et partagent des goûts communs pour la poésie et les arts extra-occidentaux. L'appartement-galerie du marchand est à cette époque couvert de toiles du peintre. Paul Guillaume l'encourage, tente de faire connaître et de vendre ses œeuvres. Alors même que Modigliani rencontre son autre grand marchand, le poète d'origine polonaise Léopold Zborowski en 1916, Paul Guillaume continue à promouvoir et à diffuser les œuvres de Modigliani en France et outre-Atlantique jusqu'à son décès en 1934. L'exposition met en lumière certains des grands chefs-d'œuvre de l'artiste passés par les mains du galeriste ainsi que des archives et documents témoignant de leurs liens. Toutes les œuvres présentées dans cette exposition ont un rapport étroit avec Paul Guillaume: qu'elles lui aient appartenu, aient été vendues par lui ou aient été commentées dans sa revue Les Arts à Paris.

ANONYME (PAUL GUILLAUME ?)
Modigliani dans son atelier de la rue de Ravignan
Photographie
Vers 1915
Paris, Musée de l'Orangerie

AMEDEO MODIGLIANI ET PAUL GUILLAUME
Le galeriste et collectionneur Paul Guillaume aurait découvert Amedeo Modigliani dès 1914 par l'entremise du poète Max Jacob. Il devient vraisemblablement son marchand l'année suivante et constitue l'un des premiers soutiens de l'artiste. Le marchand loue pour lui un atelier rue Ravignan à Paris, resté célèbre par des clichés photographiques où les deux hommes prennent la pose aux côtés des œuvres de l'artiste accrochées au mur. Modigliani réalise quant à lui des portraits peints et dessinés de son nouveau marchand. Trois portraits à l'huile ainsi que deux dessins sont réunis dans cette salle, ainsi que des témoignages photographiques montrant l'appartement-galerie de Paul Guillaume avenue de Villiers et l'atelier de la rue Ravignan. Outre les cinq peintures de Modigliani présentes aujourd'hui dans la collection du musée de l'Orangerie, on recense plus d'une centaine de toiles réputées être passées par les mains de Paul Guillaume ainsi qu'une cinquantaine de dessins et une douzaine de sculptures. Ce nombre indique à la fois l'implication du marchand dans la promotion de l'artiste ainsi que son goût personnel pour ses œuvres.

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Paul Guillaume, Novo Pilota
Huile sur carton collé sur contre-plaqué parqueté 1915
Paris, Musée de l'Orangerie, collection Walter-Guillaume
Entre 1915 et 1916, Modigliani réalise quatre portraits peints de son mécène. Le premier d'entre eux, conservé au musée de l'Orangerie, proclame la relation privilégiée qu'entretiennent le marchand et l'artiste à cette époque. Paul Guillaume, qui n'a alors que vingt-trois ans, est représenté en costume, ganté et cravaté comme un pilote visionnaire de l'avant-garde, avec les mots << novo pilota »> peints sur la toile. Cette inscription nous laisse entrevoir l'immense espoir que le galeriste suscite chez le peintre et chez une jeune génération d'artistes tels Giorgio de Chirico ou André Derain.

ANONYME (PAUL GUILLAUME ?)
Modigliani dans son atelier de la rue de Ravignan
Photographie Vers 1915
Paris, Musée de l'Orangerie

Paul Guillaume en chapeau, assis, dans l'atelier de
Modigliani, rue Ravignan
Paul Guillaume assis dans un fauteuil en rotin au 16, avenue de Villiers 
Paul Guillaume au 16,
av. de Villiers, assis dans un fauteuil en rotin, en chapeau devant une cheminée
Paul Guillaume tête nue, canne et chapeau à la main droite, assis, dans l'atelier de Modigliani, rue Ravignan
Album photographique de Paul Guillaume, Folio 5 Photographie
Non daté
Paris, Musée de l'Orangerie, don de M. Alain Bouret, 2011

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Portrait de Paul Guillaume
Huile sur carton
1915
Toledo, The Toledo Museum of Art

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Portrait de Paul Guillaume
Huile sur toile
1916
Milan, Museo del Novecento


MASQUES ET TÊTES
Entre 1911 et 1913, Modigliani se consacre presque exclusivement à la sculpture. En parallèle de ces œuvres sculpturales, il réalise plusieurs dessins élégants. Les formes simplifiées qui les caractérisent inspirent le style fragmenté ou allongé de ses peintures ultérieures, telles que les têtes de femmes, également exposées dans cette salle. Les visites de musées parisiens, dont le Louvre et le Musée d'Ethnographie du Trocadéro, incitent Modigliani, et d'innombrables autres artistes européens, à s'intéresser à l'art égyptien, khmer, africain et primitif italien. Paul Guillaume est alors l'un des rares marchands de son époque à considérer les statues et les masques africains comme des œuvres d'art, ainsi que l'un des premiers à les exposer aux côtés d'oeuvres d'art moderne européen. Bien que Modigliani ait déjà arrêté la sculpture à l'époque où Paul Guillaume devient son marchand, cela n'empêche pas le jeune Parisien d'acheter des têtes en pierre ou en marbre de Modigliani et de les vendre à d'importants clients, comme Albert C. Barnes, le collectionneur de Philadelphie, après la mort de l'artiste en 1920.

ANONYME
Paul Guillaume au 16, avenue de Villiers, assis dans un fauteuil en rotin, en chapeau, devant une cheminée.
Au mur, La Jolie ménagère de Modigliani
Non daté
Musée de l'Orangerie


Paul Guillaume, Amedeo Modigliani et l'art africain
Dès l'ouverture de sa galerie en 1914, Paul Guillaume expose simultanément sculptures africaines et tableaux modernes. Il est ainsi l'un des premiers marchands français à développer le commerce des pièces africaines et océaniennes tout en contribuant à l'étude et à la connaissance de ces arts grâce à des associations de connaisseurs ou à des publications. Modigliani, quant à lui, fréquente le Musée d'Ethnographie du Trocadéro dès 1909 et manifeste un intérêt précoce pour ces arts. En 1916 l'Association Lyre et Palette propose une exposition d'artistes modernes et d'art d'Afrique montrant de nombreux tableaux de Modigliani ainsi que des œuvres africaines appartenant à Paul Guillaume

ARTISTE KOTA, GABON
Elément de reliquaire Mbulu-ngulu
Bois, cuivre
Avant 1941
Paris, Musée du quai Branly - Jacques Chirac, déposé au Musée de l'Orangerie

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
L'Enfant gras
Huile sur toile
1915
Milan, Pinacoteca di Brera


AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Lola de Valence
Huile sur papier monté sur bois
1915
New York, The Metropolitan Museum of Art, legs Miss Adelaide Milton de Groot (1876-1967), 1967
L'aspect quasi-cubiste de cette œuvre attire l'attention sur les liens entre la production bidimensionnelle et tridimensionnelle de Modigliani. Bien que Modigliani ait cessé de sculpter la pierre au début de la Première Guerre mondiale, ses têtes peintes de 1914
et 1915, dont certaines figurent dans cette salle, présentent des formes angulaires
et allongées similaires.

ARTISTE FANG, GABON
Élément de reliquaire eyima byeri
Bois, perle
Avant 1941
Paris, Musée du quai Branly - Jacques Chirac, déposé au Musée de l'Orangerie

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Tête de femme
Calcaire
1911-1913
Paris, Centre Pompidou
Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle
AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Tête
Pierre
1912
Collection Abelló

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Tête de femme
Marbre de Carrare
1913-1914
Paris, Centre Pompidou
Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle, dation en 1993, en dépôt au LaM - Lille Métropole musée d'Art moderne, d'Art contemporain et d'Art brut (Villeneuve-d'Ascq)

ARTISTE FANG, GABON
Masque anthropomorphe Ngon Ntang
Bois, pigments dont kaolin, laiton XIXe siècle
Paris, Musée du quai Branly - Jacques Chirac

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Femme au ruban de velours
Huile sur papier collé sur carton
Vers 1915
Paris, Musée de l'Orangerie, collection Walter-Guillaume
Ce portrait se distingue par la pureté et la stylisation des traits du visage. Avec ses yeux vides, sans pupilles, cette figure apparaît comme une adaptation en peinture des expérimentations menées par Modigliani dans ses sculptures de Têtes et dans les dessins et esquisses de Cariatides. C'est un « visage-masque >> qui reflète également l'intérêt de l'artiste pour les arts extra-occidentaux. La présence
d'un paysage en arrière-plan, dont les tons sombres contrastent avec le visage, est inhabituelle chez Modigliani

ARTISTE FANG, GABON
Masque
Bois, fromager
XVIIIe siècle
Avignon, Musée Angladon, collection Jacques Doucet

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Fille rousse
Huile sur toile
1915
Paris, Musée de l'Orangerie, collection Walter-Guillaume

Les Arts à Paris
Paul Guillaume publie à partir de 1918 une revue, Les Arts à Paris, en collaboration avec Guillaume Apollinaire (1880-1918). Après la mort du poète, Paul Guillaume prend la plume et utilise cette publication pour promouvoir l'activité de sa galerie, les artistes qu'il défend ainsi que son rôle dans l'histoire de l'art. Il y rend compte de l'actualité du marché de l'art, des publications et expositions de son réseau dans un esprit ludique et engagé pour la défense de l'art moderne. Une place croissante est accordée aux reproductions d'œuvres, qui, dans les revues, jouent à cette époque un rôle important pour la reconnaissance d'un artiste. Vingt-et-un numéros sont publiés entre 1918 et 1935. Après la mort de Paul Guillaume, la galerie ferme et la revue cesse de paraître.

Revue Les Arts à Paris 

ANONYME
Paul Guillaume, Mme Archipenko (?)
et Modigliani à Nice sur la Promenade des Anglais
Photographie, carte postale 1918-1919

PAUL GUILLAUME
(Paris, France 1891 - Paris, France, 1934)
<< Deux peintres: Modigliani, Utrillo »
Les Arts à Paris, n°6
Novembre 1920
Paris, Musée de l'Orangerie


Paul Guillaume a consacré plusieurs textes à Modigliani dans Les Arts à Paris.
Le premier paraît dix mois après la mort de Modigliani en janvier 1920. Il s'y présente comme le premier protecteur d'un artiste en difficulté : « On me discutera faiblement j'espère, si je dis qu'à partir du moment où je le connus, cette triste situation cessa ». Le marchand utilise sa publication pour valoriser son statut de découvreur d'artistes. Fasciné par le mythe de l'artiste maudit, il l'associe ici à Maurice Utrillo, grand ami de Modigliani.

AMEDEO MODIGLIANI (Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Portrait de Max Jacob
Huile sur toile 1916
Düsseldorf, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, acquis en 1965 par une donation du Westdeutschen Rundfunks
L'homme de lettres et poète Max Jacob est celui qui aurait présenté Amedeo Modigliani et Paul Guillaume en 1914.
Il écrit : « Le portrait de Modigliani fut peint au crépuscule au printemps dans le jardin d'une dame anglaise [Beatrice Hastings] qui était sa maîtresse à Montmartre [...]. Dans un recueil de mes vers, il y en a deux que je fis pour ce portrait : "Il a l'air à la fois du juge et du forçat, Tel vers ce double but le peintre s'efforça"

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Antonia
Huile sur toile
Vers 1915
Paris, Musée de l'Orangerie, collection Walter-Guillaume
Seul le prénom du modèle représenté nous est connu : Antonia. Avec le contour arrondi de son visage, son cou allongé en forme de cylindre et la stylisation extrême des traits du visage, l'œuvre rappelle les innovations stylistiques du mouvement cubiste.

 AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Madam[e] Pompadour
Huile sur toile
1915
Chicago, The Art Institute of Chicago, Joseph Winterbotham Collection
Intitulé Madam[e] Pompadour, ce tableau est un portrait de Beatrice Hastings. En tant que rédactrice en chef de la revue londonienne The New Age, Beatrice Hastings publie des auteurs importants, dont Ezra Pound. Elle écrit également ses propres poèmes, de la prose, des articles d'opinion politique et des critiques d'art sous d'innombrables pseudonymes. Ses récits sur les méthodes de travail de Modigliani, le marché et leur vie domestique figurent dans sa chronique du New Age intitulée « Impressions de Paris». Sa liaison de deux ans avec Modigliani, entre 1914 et 1916, coincide avec la période durant laquelle l'artiste travaille en étroite collaboration avec Paul Guillaume.

AMEDEO MODIGLIANI (Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
La Belle irlandaise, en gilet et au camée
Huile sur toile
Vers 1917-1918
Cleveland, The Cleveland Museum of Art, don du Hanna Fund

MILIEU PARISIEN, AFFINITÉS ARTISTIQUES ET LITTÉRAIRES
C'est au cœur d'un Paris cosmopolite, capitale des arts, qu'Amedeo Modigliani arrive en 1906 à l'âge de 21 ans et commence un parcours artistique singulier. Ce carrefour culturel, si vivant au début du XXe siècle, lui fournit des interlocuteurs artistiques aussi bien dans le domaine pictural que littéraire et marchand, constituant un terreau fertile à l'épanouissement de son art. Les figures de ses proches peuplent alors ses tableaux et dressent un étonnant panorama des personnalités de cette époque: Constantin Brancusi, Chaïm Soutine, Moïse Kisling, Juan Gris, Jacques Lipchitz, Jean Cocteau, Léopold Survage, Pablo Picasso, Diego Rivera, Max Jacob, Beatrice Hastings... peintes au même titre que des figures connues uniquement par leurs prénoms ou encore des anonymes. Réformés pour raisons de santé, Modigliani comme Paul Guillaume ne prennent pas part au premier conflit mondial. Ils restent dans la capitale française et fréquentent des cercles de sociabilité communs. Modigliani, qui oscille entre Montmartre et Montparnasse depuis son arrivée à Paris, reste l'un des témoins et des acteurs privilégiés de ce Paris artistique bouillonnant.

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Portrait de Moïse Kisling
Huile sur toile
1915
Milan, Pinacoteca di Brera
Les différents portraits du peintre d'origine polonaise Moïse Kisling par Modigliani datent de 1915 et 1916. Cette version, centrée sur le visage du modèle, est reconnaissable dans les photographies de la fin des années 1920 montrant le bureau de Paul Guillaume à son domicile de l'avenue Foch.

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Portrait de Beatrice Hastings
Huile sur carton
1915
Toronto, Art Gallery of Ontario, don de Sam and Ayala Zacks, 1970


PERIODE MÉRIDIONALE
En 1916, avec le soutien d'un nouveau marchand d'art, Léopold Zborowski, Modigliani se remet à peindre des nus féminins. Si Modigliani réalise ces tableaux pour des acheteurs masculins, leur sensualité évoque également l'émancipation croissante des femmes au cours des années 1910, dans un certain milieu social. Ces images sont perçues comme choquantes et en 1917, lorsque certaines d'entre elles sont montrées dans la seule exposition personnelle de Modigliani, elles finissent par devoir être retirées pour cause d'indécence, notamment à cause des poils pubiens dont les représentations de nus sont traditionnellement dépourvus. Grâce à son album d'œuvres de Modigliani, nous savons que Paul Guillaume a acquis et vendu au moins deux nus après la mort de l'artiste, un nombre relativement faible qui pourrait être lié à l'investissement personnel de Léopold Zborowski dans ces œuvres. Durant les derniers mois de la Première Guerre mondiale, alors que Paris subit des raids aériens et que l'état de santé de Modigliani se dégrade, Léopold Zborowski envoie l'artiste sur la Côte d'Azur. Modigliani est anxieux à l'idée de ce déménagement, mais comme bon nombre de ses amis citadins ont déjà pris la direction du Sud, il a bon espoir de trouver de la compagnie sur place. Sa nouvelle compagne, la peintre Jeanne Hébuterne, déjà enceinte du premier enfant du couple, l'accompagne. C'est à Nice que Modigliani réalise certaines de ses œuvres les plus fortes, peignant des portraits d'enfants, de domestiques et d'autres anonymes locaux et s'essayant même aux paysages Paul Guillaume achète et vend plusieurs de ces œuvres phares, dont certaines figurent dans cette salle, au cours des années 1920.

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Jeune Fille rousse au collier,
dit aussi
Femme Rousse portant un pendentif
Huile sur toile
1918
Collection particulière

AMEDEO MODIGLIANI (Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Portrait de Madame Hanka Zborowska
Huile sur toile 1918-1919
Collection particulière

AMEDEO MODIGLIANI
Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Portrait de femme dit La Blouse rose
Huile sur toile, cadre de Pierre Legrain 1919
Avignon, musée Angladon, collection Jacques Doucet
La Blouse rose pourrait avoir été peinte après le retour de Modigliani du Sud de la France en mai 1919, peut-être dans l'appartement de Léopold Zborowski, alors marchand de Modigliani, rue Jacques Bara. Le rose intense du chemisier du modèle, qui confère une luminosité inhabituelle au tableau, est probablement une conséquence du séjour de l'artiste dans le Sud. Le rendu sommaire de la jupe à carreaux et des mains de la femme contraste avec les traits précis et délicats de son visage. L'oeuvre est saluée comme «resplendissante » et « l'une des plus belles œuvres du maître » par Paul Guillaume dans sa revue Les Arts à Paris

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Elvire assise, accoudée à une table
Huile sur toile
1919
Saint-Louis, Saint Louis Art Museum, don de Joseph Pulitzer Jr. en mémoire de sa femme, Louise Vauclain Pulitzer

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Le Jeune Apprenti
Huile sur toile
1917-1919
Paris, Musée de l'Orangerie, collection Walter-Guillaume

AMEDEO MODIGLIANI (Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
La Belle droguiste, dit aussi La Belle épicière
Huile sur toile
1918
Collection Nahmad

AMEDEO MODIGLIANI (Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
La Chevelure noire, dit aussi
Jeune fille brune assise
Huile sur toi.e
1918
Musée national Picasso-Paris, Paris, Donatio Picasso, 1978

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884- Paris, France, 1920)
Jeune Fille au corsage rayé
Huile sur toile
1917
Collect on Nahmad
Cette peinture a été vendue par Paul Guillaume au collectionneur et philanthrope américain Albert C. Barnes et a été présentée lors de l'exposition de la collection de Barnes, qui s'est tenue à Philadelphie en 1923. Albert Barnes a réagi à l'inflation du marché des oeuvres de Modigliani à la fin des années 1920 en cédant certaines de ses œuvres-dont celle-ci- à des prix bien plus élevés que ceux auxquels il les avait acquises

AMEDEO MODIGLIANI
(Livourne, Italie, 1884 - Paris, France, 1920)
Nu couché
Huile sur toile
1917
Turin, Pinacoteca Agnelli
Bien que les nus de Modigliani ne représentent que dix pour cent de la production de l'artiste, ils sont largement considérés comme ses œuvres les plus célèbres. Paul Guillaume n'a pourtant vendu qu'un très petit nombre de ces œuvres, ce qui peut s'expliquer par leur relative rareté et leur valeur élevée ou par le fait que la plupart d'entre elles ont été peintes lorsque Modigliani travaillait en étroite collaboration avec Léopold Zborowski, entre 1917 et 1919

MODIGLIANI DANS LES INTÉRIEURS DE PAUL GUILLAUME
Un film réalisé grâce à des photographies d'archives nous permet d'évoquer ici les différentes adresses du marchand-collectionneur Paul Guillaume tout au long de sa vie et de mieux comprendre comment s'inséraient les œuvres de Modigliani dans les appartements et les accrochages de ce galeriste-collectionneur. Les différents intérieurs de Paul Guillaume reflètent la trajectoire fulgurante et la singularité de ce jeune galeriste parisien. Sa collection, alliant maîtres modernes et anciens à un goût pour la statuaire extra-occidentale, était l'une des plus intéressantes du Paris de l'entre-deux-guerres. Du modeste trois pièces de ses débuts, qui lui permet toutes les experimentations, au splendide appartement de l'avenue du Maréchal Maunoury dans le 16e arrondissement où il emménage l'année de sa mort en 1934, on peut lire l'ascension sociale et l'affirmation des goûts artistiques du marchand. Les œuvres de Modigliani, parmi celles de Picasso, Matisse, Renoir, Cézanne ou Derain, y occupent toujours une place de choix.
Intérieur de Paul Guillaume







dimanche 12 novembre 2023

Animal politique, Gilles Aillaud au Centre Pompidou en novembre 2023



Difficile de rendre compte par la photo les magnifiques grands format quasi-philosophiques de cette exposition dont voici la présentation et la plupart des œuvres :

Faute d'avoir pu être philosophe, Gilles Aillaud est devenu peintre. De sa première formation, sa peinture a hérité une nature hybride, l'équivalent de ce que la tradition chinoise nommait une Peinture-lettrée. Que ses représentations des parcs zoologiques soient contemporaines de Surveiller et punir de Michel Foucault et de La société du spectacle de Guy Debord, en lesquels se résumaient les questions que sa génération adressait aux formes du pouvoir et à l'artificialisation du monde, ne saurait être insignifiant.
Plutôt toutefois que de peindre une philosophie, Aillaud s'est appliqué à « peindre philosophiquement ». Laissant croire qu'il représentait des animaux, c'est notre relation à la nature qui s'impose comme son seul et véritable sujet. Loin des villes et de leur « jungle » de béton, Aillaud a retrouvé en Afrique une nature dont les animaux dupliquent couleurs et contours jusqu'à disparaitre en elle. Avec les moyens de son art, il s'est efforcé d'atteindre cet << efface-ment ». Son respect religieux du réel, son « humilité » technique donnent forme au songe d'une réconciliation, loin de tout projet de «maîtrise » et de « possession » du monde.

Intérieur vert, 1964
Huile sur toile / Oil on canvas Collection particulière
Un an après son accession à la Présidence du très politique Salon de la Jeune Peinture, Gilles Aillaud et les membres du comité du Salon décident de tourner en dérision la couleur fétiche des peintres paysagistes qui y exposent majoritairement jusqu'alors. Leur « hommage au vert » prend la forme de tableaux monochromatiques d'un format uniforme de 2 x 2 mètres. « Cette salle de peintures est une salle de boxe, un champ de bataille » écrit Aillaud dans le Bulletin du Salon. C'est dans ce contexte militant que le peintre recourt à une iconographie animalière appelée à devenir exclusive dans les années à venir. Un an après avoir présenté cette œuvre, Aillaud rend compte de son iconographie : « Lorsque je représente des animaux toujours enfermés ou « déplacés », ce n'est pas directement la condition humaine que je peins. L'homme n'est pas dans la cage sous la forme du singe mais le singe a été mis dans la cage par l'homme. C'est l'ambiguïté de cette relation qui m'occupe et l'étrangeté des lieux où s'opère cette séquestration silencieuse et impunie. Il me semble que c'est un peu le sort que la pensée fait subir à la pensée dans notre civilisation. »

Vol d'oiseaux, 2000
Huile sur toile / Oil on canvas Collection particulière, Paris

Ours noir, 1982
Huile sur toile/ Oil on canvas
Collection particulière

Le Judas (mur jaune), 1969
Huile sur toile / Oil on canvas Collection particulière

Piscine vide, 1974
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection MAC VAL - Musée d'art contemporain du Val-de-Marne

Otarie endormie, 1965
Huile sur toile/ Oil on canvas
Collection particulière

Cage aux lions, 1967
Huile sur toile / Oil on canvas
T&C collection, Paris

Intérieur et hippopotame, 1970
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière, Bruxelles

Rhinocéros, 1979
Huile sur toile / Oil on canvas
Centre national des arts plastiques. Achat en 1983 N° Inv.: FNAC 34308 En dépôt depuis le 19 décembre 2007: Musée Buffon, Montbard

Rhinocéros de dos, 1966
Huile sur toile / Oil on canvas
Musée d'Art Moderne de Paris, achat en 2001

Panthères, 1977
Huile sur toile / Oil on canvas
Centre national des arts plastiques. Achat en 1977 N° Inv. : FNAC 32997 En dépôt depuis le 25 avril 1996: Musée d'Art Moderne de Paris, Paris

Eléphants et clous, 1970
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière, Courtesy galerie Loevenbruck, Paris

Les Pingouins, 1972
Huile sur toile / Oil on canvas
Transfert de collection de l'Etat, attribution au [mac] musée d'art contemporain, Marseille, en 2008 inv 2007.2.2

L'Arbre aux singes, 1980
Huile sur toile / Oil on canvas Collection Frac Normandie

Détail du tableau précédent

Fourmiliers, 1967
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection Tay Pamart, Paris

Eau et crocodile, 1971
Acrylique sur toile/Acrylic on canvas Collection particulière

Rhinocéros, 1972
Huile sur toile/ Oil on canvas
T&C collection, Paris

Réalité quotidienne des travailleurs de la mine (Fouquières-lès-Lens) n° 6, 1971
Huile sur toile / Oil on canvas
Musée d'Art Moderne de Paris, Paris Achat en 2021
Le 4 février 1970, une explosion dans la mine de Fouquières-lès-Lens provoque la mort de 16 travailleurs. L'organisation maoïste la Gauche Prolétarienne et le Secours rouge organisent un procès populaire et une exposition autour des « gueules noires » et de leurs familles. Le 19 janvier 1971, dans l'atelier du peintre Guy de Rougemont, est présentée une exposition-vente de solidarité avec les mineurs, à laquelle participent entre autres Jean Hélion, César, Jean Degottex. Gilles Aillaud y expose Réalité quotidienne des travailleurs de la mine (Fouquières-lès-Lens) nº6. Comme il en est de ses représentations de zoos, l'œuvre confronte figures et dispositifs techniques, formes du vivant et structures d'enfermement et de contrôle.

Orang-outang, 1967
Huile sur toile / Oil on canvas Collection particulière, Paris

Désert nocturne, 1972
Huile sur toile / Oil on canvas
Courtesy Musée national d'histoire et d'art Luxembourg

Python, 1975
Huile sur toile / Oil on canvas
Musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg

Otarie et jet d'eau, 1971
Huile sur toile/ Oil on canvas
Collection Michel et Martine Brossard

Python et tuyau, 1970
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière

Perroquets, 1974
Huile sur toile / Oil on canvas
Courtesy galerie Loevenbruck, Paris

Tuyau et porcs-épics, 1976
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection privée, courtesy galerie Loevenbruck, Paris

La Bataille du riz, 1968
Huile sur toile/ Oil on canvas
Collection particulière, Courtesy galerie Loevenbruck, Paris
Dans la suite des événements de Mai 1968, pour manifester son opposition à l'« impérialisme américain », le 19e Salon de la jeune peinture consacre une « salle rouge » à « la lutte victorieuse du peuple vietnamien ». Gilles Aillaud y présente la Bataille du riz, directement inspiré d'une photographie de la propagande vietnamienne. Il donne à son tableau un titre inspiré d'une citation de Pham Van Dong, Premier ministre de la République démocratique du Vietnam : Il faut se battre pour préserver la production et il faut produire pour assurer la victoire au combat »>. L'annulation du Salon conduit ses organisateurs à organiser une vaste itinérance de la « salle rouge » depuis la Cité universitaire, le Musée d'art moderne de la ville de Paris, Sartrouville, Versailles, l'usine Alsthom de Belfort, les rues de Pérouges jusqu'aux usines Berliet de Bourg en Bresse.

Serpent dans l'eau, 1967
Huile sur toile/ Oil on canvas
Collection particulière

Intérieur jaune et bûches, 1973
Huile sur toile/ Oil on canvas
Collection particulière

Nuit vivarium, serpent, crapauds, 1972
Huile sur toile / Oil on canvas Collection Tay Pamart, Paris
Trous dans la nuit (chiens de prairie), 1976
Huile sur toile / Oil on canvas Collection particulière

Mangouste nuit rouge, 1976
Huile sur toile / Oil on canvas Collection «BY ART MATTERS», Hangzhou, Chine

Encyclopédie
y compris les minéraux Lithographies
Tome I, 1988; Tome II, 1989; Tome III, 1990; Tome IV, 2000
de tous les animaux,
Encyclopedia of all the Animals, Including Minerals
Volume I, 1988; Volume II, 1989; Volume III, 1990; Volume IV, 2000

En 1988, Gilles Aillaud et l'éditeur Franck Bordas initient un vaste projet d'encyclopédie des animaux, clin d'œil au Comte de Buffon, intendant du Jardin du roi devenu Jardin des plantes où le jeune Aillaud a dessiné ses premiers animaux, et auteur, entre 1749 et 1789, d'une Histoire naturelle, génerale et particulière en 36 vo-lumes. Pour le second volume, réalisé au Kenya, Bordas crée pour Gilles Aillaud un véritable atelier de campagne, installant au cœur de la savane ses pierres lithographiques. Chaque jour, le peintre conçoit une image consacrée à un animal. L'écrivain Jean-Chris-tophe Bailly qui les accompagne compose sur sa machine à écrire un texte pour chacune des lithographies. Deux autres recueils seront publiés en 1990 et 2000.

Lamantin

Batracien

Chameau

Ibis, 1987
Huile sur toile/ Oil on canvas Collection particulière

Girafes, 1989
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière, Courtesy Archives Galerie de France

Les oiseaux du lac Nakuru, 1990
Huile sur toile / Oil on canvas Collection particulière

Détail du tableau précédent 

Eléphant après la pluie, 1991
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière





 





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