samedi 9 septembre 2023

Gravez la lumière à Marmottan Monet en septembre 2023


Une jolie exposition pour ceux qui aiment le dessin. En voici l'essentiel :


Graver la lumière
L'estampe en 100 chefs-d'œuvre La Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex.
Cette exposition consacrée à l'estampe permet de découvrir une collection venue de Suisse, constituée, d'un côté par des pièces maîtresses appartenant à l'histoire de cet art, réunies par le pasteur William Cuendet (1886-1958), et de l'autre par des créations de peintres-graveurs ayant exercé leur talent à l'Atelier de Saint-Prex, sur les rives du lac Léman, dès les années 1970.
En faisant systématiquement don d'un exemplaire de chacune de leur œuvre tirée sur les presses de cet atelier, ces derniers ont donc très activement et généreusement participé à l'enrichissement du fonds. C'est pourquoi la présente sélection, d'une centaine de pièces, insiste sur des images emblématiques devant lesquelles s'arrêtent et s'interrogent, en raison de leur contenu, et mieux encore de leur prouesse technique, les premiers bénéficiaires de cette collection que sont les artistes.
La Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex a été créée à Lausanne en 1977. Depuis 1989 ses collections sont déposées au Cabinet cantonal des estampes du Musée Jenisch Vevey


Albrecht DÜRER (1471-1528)
Le Christ au Mont des Oliviers, 1515
Eau-forte

Albrecht DÜRER (1471-1528)
Samson tuant le lion, vers 1497-1498
Gravure sur bois

Albrecht DÜRER (1471-1528)
Le Baiser de Judas, 1510
Planche extraite de « La Grande Passion sur bois », 1511
Gravure sur bois

Albrecht DÜRER (1471-1528)
Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse, vers 1497-1498
Planche extraite de « L'Apocalypse», 1511
Gravure sur bois

L'éloquence par l'image
Parmi les nombreuses scènes des Écritures que le graveur hollandais a retenues dans ses eaux-fortes, plus d'une représentent des personnages surpris dans l'acte de parler et, mieux encore, illustrent des passages où le discours est le centre de l'action. L'orateur est saisi dans l'effort de persuader son auditoire: Jésus s'adressant aux docteurs de la Loi, à la foule, Joseph racontant ses rêves...
Le pari tenté par l'aquafortiste consiste en l'occurrence à obtenir que la parole puisse agir sur le spectateur en dépit du fait qu'on ne peut ni la représenter ni la faire entendre par l'image.
Mais l'exceptionnel don d'observation de Rembrandt et l'extrême habilité de sa main parviennent à douer d'expression verbale ses personnages par le seul effet que la parole peut avoir-par contrecoup-sur les auditeurs: ainsi un simple accent sur un visage, une ombre sur un front, le détail d'un mouvement, un simple retrait du corps, bref toute physionomie ou attitude, mettent en lumière ce que l'orateur, ou l'auditeur, pense et ressent.

Harmensz van Rijn, dit REMBRANDT (1606-1669)
Jésus-Christ disputant avec les docteurs de la Loi, 1652
Eau-forte et pointe sèche

Harmensz van Rijn, dit REMBRANDT (1606-1669)
Descente de croix, effet de nuit, 1654
Eau-forte et pointe sèche

Harmensz van Rijn, dit REMBRANDT (1606-1669)
La Pièce aux cent florins, vers 1649
Eau-forte, pointe sèche

Détail du tableau précédent 

Jean MORIN (1609-1650) d'après Philippe de CHAMPAIGNE (1602-1674)
Vanité, non daté
Eau-forte

Classicisme français
Grâce à l'apport de plusieurs collectionneurs, la Fondation Cuendet s'est enrichie au cours de ces dernières années d'un ensemble exceptionnel d'estampes de maîtres français du XVIIe siècle.
D'une part, une série de paysages de Claude Lorrain, gravés à l'eau-forte, dans lesquels les effets de la lumière apparaissent d'une délicatesse et d'une richesse infinies en dépit de la sobriété du langage employé. À côté de cet ensemble, la collection réunit quelques
portraits majeurs des personnages illustres de la Cour de France
dus aux burinistes Claude Mellan et Robert Nanteuil. Dans ces images emblématiques du classicisme français, la technique à la fois simple et virtuose permet de restituer à l'aide des seuls jeux du noir et blanc toutes les nuances des tissus, les subtils reflets dans les chevelures et sur les visages.

Claude MELLAN (1598-1688)
Autoportrait, 1635
Burin

Robert NANTEUIL (1623-1678)
Louis, Dauphin de France, 1677
Burin

Robert NANTEUIL (1623-1678)
Louis XIV, 1664
Burin

Claude MELLAN (1598-1688) d'après Simon VOUET (1590-1649)
Intellect, Mémoire et Volonté, 1625
Burin

Jean-Étienne LIOTARD (1702-1789)
Autoportrait au bonnet, non daté
Roulette, poinçon et brunissoir

Jean MORIN (1609-1650) d'après Philippe de CHAMPAIGNE
(1602-1674)
Antoine Vitré, non daté
Eau-forte

Claude GELLÉE, dít LE LORRAIN
 (1600-1682)
La Danse sous les arbres, vers 1637
Eau-forte

Claude GELLÉE, dít LE LORRAIN
 (1600-1682)
Le Troupeau en marche par temps orageux, 1651
Eau-forte et morsure directe à l'acide

Jacques CALLOT (1592-1635)
Le Passage de la mer Rouge, 1629
Eau-forte

Détail du tableau précédent

Jean MORIN (1609-1650) d'après Jacques FOUQUIÈRES (vers 1590-1659)
Les Moissonneurs, non daté
Eau-forte

Détail du tableau précédent

Le Védutisme. Rome et Venise
Dès le XVIº siècle, la gravure a largement contribué à l'élargissement des connaissances scientifiques et de la géographie. Très vite d'imposants atlas et cosmographies contiennent de nombreuses vues de ville, des cartes et plans topographiques.
Au XVIIIe siècle, se développe en Italie la mode du védutisme qui encourage la restitution par l'image gravée, des monuments historiques et des joyaux ornant les villes visitées par les premiers touristes.
Ce sont là des images libres ou reliées en volumes que les voyageurs fortunés peuvent acquérir et emporter aisément avec eux au moment de leur retour au pays. Canaletto à Venise, puis Piranèse à Rome, se révèlent vite les maîtres incontestés de ce genre qui satisfait par moments aux exigences de la véríté topographique et à d'autres répond davantage aux aspirations de la rêverie.

Bernardo BELLOTTO (1720-1780)
Vue de l'église et de la rue Sainte-Croix à Dresde, 1757
Eau-forte

Antonio Canal, dit CANALETTO
 (1697-1768)
La Torre di Malghera, vers 1740
Planche extraite de « Vedute, altre prese dai luoghi, altre ideate >», 1744
Eau-forte

Détail du tableau précédent

Antonio Canal, dít CANALETTO 
(1697-1768)
Portique à la lanterne, [1742]
Planche extraite de « Vedute, altre prese dai luoghi, altre ideate», 1744
Eau-forte

Une vue de Venise
Si les peintures de Canaletto ont parfois un côté figé et trop méticuleux, ses gravures traduisent en revanche avec une extraordinaire efficacité la lumière changeante qui règne sur la lagune et qui glisse le long des façades liquides de la cité des Doges. Canaletto avait une connaissance parfaite de la technique de l'eau- forte qu'il parvient à exploiter grâce à une économie souveraine des traits obtenus par la pointe: il les fait vibrer à la surface de la feuille, tantôt en laissant entre eux de larges blancs, tantôt en les accumulant, pour suggérer le contraste des ombres et des heures. En véritable amoureux de sa ville, il dessine des compositions nobles et calmes où la précision du détail architectural, emprunté aux édifices, alterne avec la rêverie provoquée par la lente dérive sur les eaux.

Giandomenico TIEPOLO (1727-1804)
La Sainte Famille marchant, de dos
Planche extraite de « Idées pittoresques sur la Fuite en Égypte >>, 1753
Eau-forte

Giambattista TIEPOLO (1696-1770)
Le Magicien assis et les Quatre Personnes debout, vers 1757
Planche extraite de «Scherzi di fantasia», vers 1743-1757
Eau-forte

Marco RICCI (1676-1730)
Les Ruines d'un édifice magnifique
Planche extraite de «Varia Marci Ricci pictoris praestantissimi experimenta», 1730
Eau-forte et burin

Détail du tableau précédent

Giovanni Battista PIRANESI
 (1720-1778)
Le Pont-Levis, [1749]
Planche 7 extraite des « Carceri d'invenzione», 1761
Eau-forte

Giovanni Battista PIRANESI
 (1720-1778)
La Roue géante, [1745]
Planche 9 extraite des « Carceri d'invenzione», 1761
Eau-forte

Giovanni Battista PIRANESI
 (1720-1778)
Les Squelettes, [1744]
Planche extraite des « Grotteschi >
Eau-forte

Détail du tableau précédent

Lorenzo TIEPOLO (1736-1776) d'après Giambattista TIEPOLO (1696-1770)
Monument à la gloire des héros, vers 1762
Eau-forte

Détail du tableau précédent

Edmond QUINCHE (né en 1942)
Les Passants, vers 1969
Lithographie au crayon et grattages

La passion du paysage
La découverte de la peinture de paysage et la relation de celui-ci avec la subjectivité revêt une importance nouvelle à la suite de Jean-Jacques Rousseau, à partir du romantisme.
La plupart des artistes travaillant autour de l'Atelier de Saint-Prex sont des peintres qui se sont vivement intéressés dans leur œuvre personnelle pour le genre en question. Il n'est donc pas étonnant de retrouver dans la collection dont ils ont le souci divers paysages réalisés par un grand nombre de maîtres appartenant à tous les siècles.
À ce titre, l'ensemble des cliché-verre de Camille Corot ou des lithographies de Rodolphe Bresdin est exemplaire. Leur modèle ne fournit pas seulement le témoignage d'une extraordinaire liberté dans le maniement de l'outil mais il constitue du même coup pour certains un formidable stimulant pour renouveler leur technique et développer de nouveaux thèmes.

Jean-Baptiste Camille COROT
 (1796-1875)
Les Arbres dans la montagne, [1856]
Cliché-verre
Impressions de vitesse
Corot est le maître du plein air. Peu de peintre ont été aussi sensibles que lui au frémissement des arbres, aux fréquents changements de lumière, aux événements du ciel, chargé d'orage ou allégé jusqu'à la transparence. Le vent, la pluie traversent fréquemment ses images. Pas étonnant qu'il ait été très vite sensible à la photographie, cette nouvelle technique qui apportait tout à coup le témoignage de l'instant dans les arts et confiait le travail de reproduction du réel à la lumière. Dans le domaine de l'estampe, il a vite opté pour une technique insolite, le cliché-verre, qui permet de tracer à toute vitesse, comme l'éclair zébrant la nuit, un dessin sur une plaque de verre. Certaines de ses planches obtenues grâce à ce procédé sont les plus rapides que l'on connaisse dans l'histoire de l'estampe.

Pietro SARTO (né en 1930)
L'Arbre, [1993]
Eau-forte et aquatinte

Jean-Baptiste Camille COROT 
(1796-1875)
Le Songeur, [1854]
Cliché-verre

Camille PISSARRO (1830-1903)
La Masure, [1879]
Aquatinte, eau-forte et vernis mou

Gérard de PALÉZIEUX (1919-2012)
Arbres et treille à San Vincenzo, [1979]
Vernis mou

Hendrick GOUDT (1583-1630)
Aurore, [1613]
Eau-forte et burin

Claude GELLÉE, dít LE LORRAIN
 (1600-1682)
Les Chèvres, vers 1630-1633
Eau-forte

Détail du tableau précédent

Édouard VUILLARD (1868-1940)
Intérieur aux tentures roses I
Planche extraite de «Paysages et intérieurs», album Vollard 1899
Lithographie

Intimités
Quand elle ne sert pas à faire circuler à travers l'Europe des interprétations de peintures, sculptures et autres œuvres d'art; quand elle ne reproduit pas l'effigie des grands de ce monde; et quand elle n'est pas destinée à l'édition commerciale diffusant un peu partout en Europe l'image des monuments célèbres, la pratique de l'estampe peut rejoindre les préoccupations plus intimes et personnelles des artistes.
La Fondation Cuendet contient ainsi de nombreux portraits qui témoignent de l'attrait des artistes et des collectionneurs pour l'introspection psychologique.
Plusieurs planches, remontant principalement à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, témoignent également d'une passion très prononcée pour les scènes de genre, les intérieurs et les dialogues intimes avec la musique ou la poésie.

Pierre BONNARD (1867-1947)
La Petite Blanchisseuse, 1896
Lithographie au lavis et crayon

Pierre BONNARD (1867-1947)
Le Bain, [1925]
Planche extraite de «Album des Peintres-Lithographes de Manet à Matisse », 1925
Lithographie au crayon avec grattages

 Pietro SARTO (né en 1930)
Edgar Allan Poe, [1963]
Lithographie au crayon

 Félix BRACQUEMOND (1833-1914)
Le Haut d'un battant de porte, 1852
Eau-forte

Marcellin DESBOUTIN (1823-1902)
L'Homme à la palette (Autoportrait), [1885]
Pointe sèche

Giovanni-Benedetto CASTIGLIONE (1616-1670)
Tête de jeune homme avec turban à plume, vue de trois quarts et tournée vers la droite, vers 1645-1650
Eau-forte

Harmensz van Rijn, dit REMBRANDT (1606-1669)
Rembrandt dessinant, [1648]
Eau-forte, pointe sèche

Camille PISSARRO (1830-1903)
Camille Pissarro par lui-même, 
[1890-1891]
Eau-forte
Musée Marmottan Monet

Édouard MANET (1832-1883)
Berthe Morisot, en noir, vers 1872-1874
Lithographie au crayon


 Henri FANTIN-LATOUR (1836-1904)
Autoportrait ou Portrait de Fantin à dix-sept ans, 1853
Planche pour « L'Artiste », février 1895
Lithographie au crayon

Jean-Baptiste Camille COROT 
(1796-1875)
Corot par lui-même, [1858]
Cliché-verre

Gaston DUCHAMP, dit Jacques VILLON (1875-1963)
Baudelaire au socle, [1920]
Eau-forte

Eugène CARRIÈRE (1849-1906)
Marguerite Carrière, [1901]
Lithographie au lavis et grattages

Marcel PONCET (1894-1953)
Femme au collier, [1932]
Eau-forte et aquatinte

Marcel PONCET (1894-1953)
[Femme de nuit], [1930]
Eau-forte et aquatinte

Pablo PICASSO (1881-1973)
Portrait de Vollard I, vers 1937
Planche de la « Suite Vollard», 1937
Aquatinte

Secrets intimes, secrets techniques
Degas pratique l'art de la gravure pour lui-même, en essayiste devrait-on dire. Il n'a pour ainsi dire jamais édité ses cuivres, cela ne l'intéressait guère. En revanche, il les reprend sans cesse, recherchant de nouveaux effets à partir de l'aquatinte, mélangeant instruments et techniques, modulant sans fin ses gammes de valeurs à l'aide de bains acides aux durées différentes, par des interventions accumulées de roulette, pointe sèche et vernis mou. Cette rage de faire rendre gorge à son cuivre est typique des peintres- graveurs, nombreux dans cette collection, qui ne se contentent jamais des techniques acquises mais désirent à tout moment renouveler le langage qui est mis à leur disposition

Edgar DEGAS (1834-1917)
Mary Cassatt au Louvre, Musée des Antiques, vers 1876
Aquatinte, pointe sèche et eau-forte

Edgar DEGAS (1834-1917)
La Sortie du bain, [1895-1898]
Eau-forte, pointe sèche et aquatinte

Odilon REDON (1840-1916)
Yeux clos, [1880]
Lithographie

Henri FANTIN-LATOUR (1836-1904)
Les Petites Brodeuses, [1898]
Planche extraite de « L'Estampe et l'Affiche»,
15 mars 1898
Lithographie au crayon et grattages

Félix VALLOTΤΟΝ (1865-1925)
Les Petites Filles, [1893]
Bois gravé

Théodore GÉRICAULT (1791-1824)
Boxeurs, [1818]
Lithographie

Édouard MANET (1832-1883)
Guerre civile, 1871
Lithographie au crayon et grattages

Pablo PICASSO (1881-1973)
Le Repas frugal, [1904]
Planche extraite de la suite des "Saltimbanques", [1904-1913]
Eau-forte et pointe sèche

Prouesses techniques
Dans tous les ateliers de gravure, les artistes discutent volontiers des secrets de la technique et des prouesses de métier réalisées par les Anciens. Des images emblématiques sont commentées, soit en raison du mystère qui entoure encore leur fabrication, soit en raison de l'admiration générale qu'on porte à leur beauté. L'Atelier de Saint-Prex a ainsi interrogé en permanence les grands modèles du passé pour essayer non seulement de les comprendre mais de les dépasser...
Les exemples de la Sainte Face de Claude Mellan, réalisée d'un seul trait sans jamais lever l'outil, ou celui de l'Ange anatomique de Jacques-Fabien Gautier-Dagoty qui figure parmi les premières estampes en couleurs, sont des œuvres de référence qui ont stimulé bien des réflexions chez les graveurs travaillant à l'atelier.

Jacques-Fabien GAUTIER-DAGOTY (1710-1781)
Femme vue de dos, disséquée de la nuque au sacrum, appelée « L'Ange anatomique», 1746
Planche extraite de « La myologie complette en couleur et grandeur naturelle », 1746
Manière noire et burin

Francisco GOYA (1746-1828)
Lluvia de toros (Pluie de taureaux), 
vers 1824
Planche additionnelle de «Los Proverbios», 1877
Eau-forte, aquatinte et pointe sèche

Francisco GOYA (1746-1828)
Otras leyes por el pueblo (Autres lois pour le peuple), vers 1824
Planche additionnelle de «Los Proverbios», 1877
Eau-forte, aquatinte et pointe sèche

Édouard MANET (1832-1883)
Toréro mort, [1867-1868]
Eau-forte et aquatinte

Juste de JUSTE (1505-1559)
Pyramide d'hommes, vers 1545
Eau-forte

Albrecht DÜRER (1471-1528)
La Mélancolie ou Melencolia I, 1514
Burin

Ilse LIERHAMMER (née en 1939)
La Grande Pyramide, [1977]
Burin, aquatinte, pointe

Détail du tableau précédent

Pierre TAL COAT (1905-1985)
Le Petit Troupeau, vers 1971
Lithographie au lavis

Edgar DEGAS (1834-1917)
Buste de femme, vers 1880
Vernis mou, aquatinte (essai à l'essence) et pointe sèche

 Claude MELLAN (1598-1688)
La Sainte Face, 1649
Burin
 Détail du tableau précédent 
Prouesses techniques
La Sainte Face de Claude Mellan est l'une des planches de référence absolue qui fait les délices d'un atelier de gravure. Elle agit à la fois comme un objet de discussion et comme un stimulant. La prouesse réussie par le buriniste laisse pantois. Non seulement en raison de l'habileté manuelle qui a permis au graveur d'obtenir une image sans lever son outil, en déroulant une seule ligne sans la moindre hésitation à partir de la pointe du nez jusqu'aux bords, et cela en ne faisant que varier-de manière infime-les appuis ou les écartements: en jouant donc uniquement des effets de l'opposition subtile de la ligne noire et de l'espace laissé en blanc afin d'obtenir contour, modelé, lumière.
Mais à côté de l'exploit purement technique, ce Voile de Véronique, devenu depuis emblème des peintres et des photographes, permet de réfléchir sur le statut même de l'image. Et notamment sur l'organisation des structures qui en permet la reproduction et sur les combinaisons optiques qui de nos jours encore alimentent la recherche des techniciens sur les images analogiques et numériques

Harmensz van Rijn, dit REMBRANDT (1606-1669)
Gueux assis sur une motte de terre, ressemblant à Rembrandt, 1630
Eau-forte

Claude MELLAN (1598-1688)
Statue de femme assise, dite Agrippine, Vers 1671
Planche 8 de «Tableaux du Cabinet du Roy. Statues et bustes antiques des maisons royales »>, 1677
Burin

Honoré DAUMIER (1808-1889)
Un véritable amateur, [1846]
Planche 66 de la série « Les Bons Bourgeois >> parue dans Le Charivari, (16 mai 1847)
Lithographie au crayon

Marianne DÉCOSTERD (1943-2018)
Passants, [2004]
Eau-forte

Albert CHAVAZ (1907-1990)
Les Amants ou Les Amoureux, [1976]
Lithographique au lavis

Albert-Edgar YERSIN (1905-1984)
Pour Hans Baldung Grien, [1979]
Burin, pointe et échoppe 1er état 

Définition d'une estampe
Une estampe est une image multipliable à l'identique à partir d'un élément d'impression, ou matrice, tel qu'une planche de bois ou une plaque de métal gravée, qui, encrée, transfère, lors de son passage sous une presse, sa charge d'encre sur une feuille de papier ou tout autre support offrant la même souplesse.
L'impression d'une même image à un nombre variable d'exemplaires, selon les besoins et les époques, s'appelle une édition.
On appelle épreuve un témoin imprimé d'une matrice, qu'elle soit en cours de travail ou qu'elle serve à une édition. Il peut parfois exister des variations entre les épreuves d'une même édition. Ces variations sont dues à l'encrage, à l'essuyage, aux papiers ou à la pression exercée sous la presse. L'auteur de la gravure a également la possibilité - ou l'obligation - de retravailler sa matrice, en retouchant certains détails,
en ajoutant des éléments ou en améliorant certains effets. On appelle ces changements apparus sur la feuille imprimée des états.

Albert-Edgar YERSIN (1905-1984)
Pour Hans Baldung Grien, [1979]
Burin, pointe et échoppe, deuxième état

L'atelier
Un atelier est par définition un lieu où se rencontrent de nombreuses personnalités différentes et des expressions contradictoires. Et l'Atelier de Saint-Prex n'a jamais dérogé à cette règle.
Néanmoins, une certaine cohérence peut se déceler dans la réunion de ces différences : c'est d'abord un souci du beau métier, puis une connaissance étendue de l'histoire du genre, enfin un respect inconditionnel à l'égard de l'art de l'estampe et de ses procédés.
Et si les discussions vont bon train, elles servent à enrichir les très nombreux angles de vue (historique, scientifique, sociologique, technique, polémique, esthétique) sous lesquels la pratique de l'estampe peut être envisagée.

Henry BISCHOFF (1882-1951)
Danseurs grotesques (Pantalon et violoneux), [1911]
Gravure sur bois

Robert MÜLLER (1920-2003)
Giagia, [1982]
Gravure sur bois

Albert FLOCON (1909-1994)
Entrelacs: le noeud, 1973 
Burin

Albert FLOCON (1909-1994)
Entrelacs: La Vague, 1972 
Burin

Pierre TAL COAT (1905-1985)
Autoportrait, [1976]
Pointe sèche

Stimulation, échanges, réciprocité
Après Albert Yersin, maître et mentor de nombreux membres. fondateurs de l'Atelier de Saint-Prex, créé au début des années 1960, c'est l'artiste français de renommée internationale, Pierre Tal Coat, qui rassembla autour de sa personnalité à la fois inquiète et chaleureuse les plus jeunes énergies toujours avides de questionnement et de renouvellement.
Sa façon de regarder la nature, à travers le prisme de l'abrupt, attitude qui résume l'impression sabie par le spectacle du monde à un élan, à la cor densation inouïe de l'instant, aidera certains à se libérer des leçons locales. Son intérêt marqué pour les matériaux, la fabrication des encres, les beaux papiers, son attention ouverte à toutes les expressions pourvu qu'elles traduisent la fraîcheur d'un regard, sa vérité, orientera les recherches de l'atelier vers de nouvelles expériences, notamment dans le domaine de la lithographie et de l'édition de livres.

Welerent VAILLANT (7632-1672)
Autoportraît, non daté
Manière noire

L'héliogravure à grain
Peter Henry Emmerson (1856-1936), The Old Order and the New, 1886. Détail.
La photographie, on l'ignore parfois encore, est née des réflexions et des expériences des graveurs autant que de celles des chimistes. Dans l'esprit des pionniers, l'idée de fixer l'image sensible passa très vite par la recherche d'un support solide capable d'affronter de grands tirages et, surtout, de résister à l'usure du temps. Le procédé de l'héliogravure, qui permet d'imprimer sur papier - grâce à la matrice de cuivre préparée à l'aquatinte - les plus fines nuances de la gamme des valeurs s'étendant du noir au blanc, s'impose alors comme la technique la plus fiable et, surtout, comme l'une des plus satisfaisantes sur le plan esthétique. En effet, en transformant la prise de vue en gravure, grâce au grain d'aquatinte qui ajoute du relief à l'image, le procédé renforce la perception de la troisième dimension définie par la lumière. Et même si cette pratique complexe et exigeante fut très tôt supplantée par des solutions plus économiques, elle suscita toujours la préférence des photographes soucieux de donner à leur image un velouté et un relief fouillé et vibrant.
En 1855, Charles Nègre révèle au public, lors de l'Exposition universelle de Paris, une série de planches spectaculaires, tant par leur format que par leur rendu, qui immortalisent la façade de la cathédrale de Chartres et ses sculptures. À partir de là, l'héliogravure à grain devient le procédé privilégié des artistes-photographes qui, comme Henry Peach Robinson et Peter-Henry Emerson en Angleterre, puis les Américains Alfred Stieglitz, Edward Steichen et Paul Strand, réunis autour de la revue Camera Work au début du XXe siècle, s'attachent à traduire grâce à ce nouveau médium les effets les plus subtils de la lumière. Un siècle plus tard, au début des années 1980, la rencontre entre le jeune photographe Jon Goodman et l'équipe de graveurs de l'Atelier de Saint-Prex a permis de restaurer les secrets de cet instrument perdu.

Pietro SARTO (né en 1930)
L'Incendie au château de La Sarraz, [2002]
Héliogravure, aquatinte, grattages et rehauts

Détail du tableau précédent

Jon GOODMAN (né en 1953)
Lone Tree, North Canyon, 1991
Héliogravure

Jon GOODMAN
 (né en 1953)
Orbe, Gorge de la Covatannaz, [1985]
Héliogravure

Edward STEICHEN (1879-1973)
Moonrise. Mamaroneck, New York, [1904]
Planche pour « «Edward Steichen, The Early Years, 1900-1927», Aperture Inc. New York, 1981
Héliogravure

Edward STEICHEN (1879-1973)
In Memoriam. New York, [1902]
Planche pour Edward Steichen, The Early Years, 1900-1927 », Aperture Inc. New York, 1981
Héliogravure

Paul STRAND (1890-1976)
City Hall Park, New York, 1915
Planche du portfolio "Paul Strand. The Formative Years, 1914-1917", Aperture Inc. New York, 1983
Héliogravure

Robert HOWLETT (1831-1858)
Isambard Kingdom Brunel, [1857]
Planche pour "The Golden Age of British Photography", Aperture Inc. New York, 1985
Héliogravure

 Charles NEGRE (1820-1880)
Cathédrale de Chartres. Statues colonnes de la porte centrale du portail royal, [avant juillet 1857]
Planche 13 de l'album « Charles Nègre. Treize héliogravures. 1854-1857», Edwin Engelberts, Genève, 1982
Héliogravure

 Charles NEGRE (1820-1880)
Cathédrale de Chartres. Statues colonnes de la porte centrale du portail royal, [avant juillet 1857]
Planche 13 de l'album « Charles Nègre. Treize héliogravures. 1854-1857», Edwin Engelberts, Genève, 1982
Héliogravure

Charles NEGRE (1820-1880)
Cathédrale de Chartres. Portique de Midi, [1856 ou 1857]
Planche 12 de l'album «Charles Nègre. Treize héliogravures. 1854-1857», Edwin Engelberts, Genève, 1982
Héliogravure

Charles NÈGRE (1820-1880)
Pifferaro debout et paysanne italienne assise, dans la cour du 21, quai Bourbon, vers 1855
Planche 4 de l'album «Charles Nègre. Treize
héliogravures. 1854-1857», Edwin Engelberts, Genève, 1982
Héliogravure

Edward STEICHEN (1879-1973)
Grand Prix at Longchamp: After the Races. Paris, [1907]
Planche pour « Edward Steichen, The Early Years, 1900-1927»>, Aperture Inc. New York, 1981
Héliogravure

Edward STEICHEN (1879-1973)
Self-Portrait with Sister. Milwaukee, [1900]
Planche pour << Edward Steichen, The Early Years, 1900-1927», Aperture Inc. New York, 1981
Héliogravure

David Octavius HILL (1802-1870) et Robert ADAMSON (1821-1848)
The Fairy Tree at Colinton, vers 1845
Planche pour "The Golden Age of British Photography", Aperture Inc. New York, 1985
Héliogravure

Julia Margaret CAMERON (1815-1879)
Mrs. Herbert Duckworth, [1867]
Planche pour "The Golden Age of British Photography", Aperture Inc. New York, 1985
Héliogravure
Ce portrait dû à la photographe britannique Julia Margaret CAMERON est présenté exceptionnellement sans sa vitre protectrice afin de faire comprendre au public la qualité d'une épreuve obtenue par le procédé de l'héliogravure à grain. Rendu des matières, lumière et profondeur des noirs sont les effets recherchés par les photographes ayant recours à cette technique.

Henry Peach ROBINSON (1830-1901)
The Shortest Way in Summertime, [1884]
Planche pour "The Golden Age of British Photography", Aperture Inc. New York, 1985
Héliogravure


On ne quitte pas ce délicieux musée sans rendre hommage aux œuvres de Monet sans commentaire...


















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