LÊ PHỐ, MAI-THU, VU CAO DAM
PIONNIERS DE L'ART MODERNE VIETNAMIEN EN FRANCE
À partir de la fin du xix siècle, la France assoit sa domination sur l'Indochine. Les bouleversements politiques et économiques se doublent d'échanges culturels intenses et complexes, donnant notamment naissance à un «art moderne » vietnamien. En 1925, l'École des beaux-arts de l'Indochine (EBAI) ouvre à Hanoï sous la direction d'un peintre français, Victor Tardieu. Lê Phô, Mai-Thu et Vu Cao Dam, diplômés des deux premières promotions, se distinguent, parmi les artistes pionniers, par leur choix de mener leur carrière en France.
Vu Cao Dam est sculpteur lorsqu'il découvre Paris en 1932. Il a alors 24 ans et ignore encore qu'il ne reverra jamais son pays natal. Lê Phô a le même âge lorsqu'il vient en France pour la première fois l'année précédente, en 1931. Il assiste Victor Tardieu dans l'aménagement de la réplique du temple d'Angkor Vat lors de l'Exposition coloniale du bois de Vincennes. Il rentre à Hanoï fin 1932, où il est professeur de dessin. En 1937, il est à nouveau envoyé à Paris pour superviser la section indochinoise de l'Exposition universelle. Mai-Thu le rejoint. Il a 30 ans. Les trois camarades bénéficient du soutien officiel du gouvernement colonial qui organise des expositions de leurs œuvres, tant en Europe qu'au Vietnam. Mais la Seconde Guerre mondiale puis la guerre d'Indochine (1946-1954) mettent fin à cette implication de l'État. Lê Phô, Mai-Thu et Vu Cao Dam, en France, se tournent désormais vers le réseau des galeries privées. En toile de fond de leur trajectoire artistique se joue l'histoire de la douloureuse accession à l'indépendance du Vietnam.
En France, une épineuse question reste à résoudre : comment concilier racines orientales et profond attachement à la France ? C'est en artiste que chacun, à sa manière, modestement et avec sincérité, propose une synthèse entre réminiscences d'Asie et liberté d'inspiration reçue en gage de l'Occident.
MAI-THU
Autoportrait à la cigarette
Self-Portrait with a Cigarette
Mâcon ou Nice, 1940
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection particulière
LÊ PHÔ
Autoportrait
Self-Portrait
Paris, 1938
Couleurs sur soie / Colour on silk Collection particulière
Lê Phô est issu d'une grande famille mandarinale. Son père, Lê Hoan (1856-1915), gouverneur de la province de Bắc Ninh puis de Hải Dương, dans le Tonkin, fut un temps commissaire impérial, Khâm Sai. Lê Phô et Mai-Thu reçoivent une solide éducation, faisant succéder l'apprentissage des caractères chinois à celui du français. Tous deux fils d'épouses secondaires, ils ne sont pas destinés à hériter de la charge de la famille et choisissent de suivre la voie artistique.
MAI-THU
Autoportrait à la cigarette
Self-Portrait with a Cigarette
Hanoi, 1927
Huile sur panneau d'Isorel / Oil on hardboard Collection particulière
Mai-Thu est élève à l'EBAI lorsqu'il peint cet autoportrait. Il a alors 20 ans. Né dans une famille noble, son père, Mai Trung Cát (1857-1945), était gouverneur de la province de Bắc Ninh, dans le Tonkin, au nord de l'actuel Vietnam, avant d'être nommé grand secrétaire de la Cour, Đại Học Sĩ. Mai Thu
recoit une éducation empreinte de culture classique confucéenne. Il suit ses études au lycée du Protectorat, à Hanoi, où il rencontre Lê Phô, lui aussi issu d'une grande famille mandarinale.
Portraits Affirmation du statut d'artiste
Traditionnellement
au Vietnam, l'art était produit par des corporations d'artisans.
La notion d'artiste, au sens occidental du terme, apparaît au sein de l'École des beaux-arts de Hanoi. Les étudiants y assimilent les codes de l'art européen. Être artiste implique une part de liberté et d'individualisme et leur confère un statut social élevé. Ils le revendiquent au moyen de l'autoportrait, genre qu'ils pratiqueront à quelques moments clés de leur carrière, tant en peinture qu'en photographie
Hérité de la Chine, le portrait d'ancêtre obéit à des codes stricts: le sujet hiératique est représenté frontalement. Monté en rouleau, il était suspendu au-dessus de l'autel familial où les ancêtres étaient honorés. La nouvelle École indochinoise revisite le genre en adoptant le format occidental, rigide et encadré, et en évacuant la fonction cultuelle. Cette permanence illustre la volonté d'inclure l'héritage pictural vietnamien dans le renouveau de l'art.
VU CAO DAM
Portrait d'un lettré
Portrait of a Scholar
Paris, 1939
Couleurs sur soie / Colour on silk
Centre national des arts plastiques, n° FNAC 16219 En dépôt au musée Cernuschi depuis 2024
Vu Cao Dam ne semble pas s'être intéressé au genre de l'autoportrait, contrairement à Lê Phô et Mai-Thu, mais il a peint plusieurs portraits de lettrés, revisitant ainsi le genre du portrait d'ancêtre. Peut-être peut-on voir dans le visage émacié et les sourcils tombant du vieil homme une réminiscence autant qu'un hommage
à son père Vũ Đình Thi (1864-1930), un érudit de confession catholique qui maîtrisait parfaitement le français et formait des interprètes.
MAI-THU
Vieux lettré assis
Seated Old Scholar
Huê, 1935
Fusain et pastel sur papier / Charcoal and pastel on paper Collection particulière
Ce portrait témoigne de la rupture introduite par l'assimilation de l'art occidental : la pose de trois quarts est naturelle, l'homme s'appuie sur un coussin et la main portée à sa barbiche ajoute à son expression grave, pleine d'introspection. Désormais, l'artiste peut transcrire les états d'âme de son sujet et, par effet miroir, ses propres sentiments dans ses compositions. C'est à cette époque que l'individualité de l'artiste transparaît pour la première fois dans l'art vietnamien.
MAI-THU
Le Mandarin
The Mandarin
Nice, 1942
Couleurs sur soie / Colour on silk Collection particulière
La génération des trois artistes voit la fin d'une époque millénaire, celle de la culture classique confucéenne héritée de la Chine. La société y était régie selon une stricte hiérarchie, en haut de laquelle se situaient les mandarins, ou fonctionnaires civils ou militaires. Ces agents de l'État étaient recrutés par concours.
Leur idéologie commune se fondait sur
la connaissance de l'histoire, la littérature, la poésie, la calligraphie, les rituels, la musique, la stratégie militaire.
Un nouvel art vietnamien
L'École des beaux-arts de l'Indochine (EBAI) ouvre en 1925 grâce à la ténacité de Victor Tardieu, peintre lauréat du prix d'Indochine en 1921, installé dès lors à Hanoi, et qui en assure la direction. Lê Phô et Mai-Thu sont admis au premier concours et débutent leur cursus de cinq ans. Sur le modèle des Beaux-Arts de Paris, le programme, particulièrement dense, comprend le dessin académique, l'anatomie, la perspective, le modelage, la composition. Contrairement à Paris où les beaux-arts et les arts décoratifs sont enseignés dans deux écoles différentes, l'EBAI fait la part belle aux arts décoratifs afin d'assurer à ses nouveaux diplômés les débouchés professionnels les plus larges possibles, à une époque où ce nouvel art qui adopte les codes de l'Occident séduit peu la clientèle vietnamienne.
La singularité de l'EBAI est d'associer l'étude de l'art occidental à celle des techniques extrême-orientales comme la peinture sur soie et la laque, en les adaptant au goût moderne. À cela s'ajoute une solide formation en histoire de l'art et en archéologie. Lors d'excursions, les étudiants font des relevés archéologiques des monuments anciens.
Victor Tardieu veut permettre à ses élèves de créer un style nouveau, spécifiquement « indochinois »>, en les encourageant à approfondir la connaissance de leur propre culture tout en assimilant l'art occidental. De cette synthèse doit naître le renouveau de l'art vietnamien et son entrée dans la modernité.
MAI-THU
Trois études de mode
Three Fashion Sketches
Hue, 1934
Crayon et aquarelle sur papier / Pencil and watercolour on paper Collection particulière
UN VENT DE MODERNITÉ
Une grande effervescence intellectuelle anime le Vietnam des années 1920. Depuis la fin du xixe siècle, les chefs-d'œuvre de la littérature occidentale sont traduits et inspirent bientôt une nouvelle littérature écrite en quốc ngữ, la transcription du vietnamien en caractères latins. La presse en plein essor diffuse les idées des lettrés modernistes vietnamiens: selon eux pour devenir indépendant, le pays doit se moderniser grâce aux connaissances occidentales.
Le mouvement d'émancipation des femmes qui s'ensuit est décelable à travers les modifications du vêtement féminin. L'áo dài, ou tunique longue, se cintre pour révéler les formes. Les souliers s'affinent et sont rehaussés de petits talons.
Par ailleurs, la part de l'enseignement consacrée aux arts décoratifs permet aux artistes formés à l'EBAI de répondre à de multiples commandes, comme en témoignent les dessins de mode que Mai-Thu réalise alors qu'il est professeur de dessin au lycée Khải-Định, à Huê.
MAI-THU
Étude de nu
Study of a Nude
Hanoï, entre 1925 et 1930
Mine graphite sur papier / Graphite on paper Collection particulière
MAI-THU
Étude de poissons rouges
Study of Goldfish
Hanoi, 14-15 décembre 1925
Crayon et gouache sur papier / Pencil and gouache on paper
Collection particulière
Lê Phố laqueur
Naissance de la peinture à la laque
La laque est traditionnellement utilisée au Vietnam pour protéger et embellir le bois. Dans les années 1930, elle est au cœur d'un renouvellement entrepris par I'EBAI: Victor Tardieu tire parti des ateliers locaux et encourage ses élèves à expérimenter les techniques chinoises et japonaises en les adaptant au goût
Art déco. Un nouvel art national naît de ces recherches: la peinture à la laque indochinoise. La laque est appliquée sur panneau de bois en différentes couches colorées, dorées ou argentées qui permettent d'obtenir des effets picturaux.
Lê Phô accompagne Victor Tardieu à Paris en 1931 pour suivre l'aménagement de la section indochinoise de l'Exposition coloniale. Il y rencontre Jean Dunand et s'imprègne du luxe moderne des grands décors de l'époque. Les laques qu'il réalise ensuite au Vietnam allient, à la force issue du style Art déco, une mystérieuse poésie. Lê Phô renoncera au travail de la laque vers 1937, après avoir développé une allergie.
LÊ PHÔ
Paysage du Tonkin
Tonkin Landscape
Hanoi, entre 1932 et 1934
Paravent en trois panneaux de bois laqué / Three-panel folding screen in lacquered wood Collection de la famille Lam
L'épouse du résident supérieur Auguste Tholance, haut fonctionnaire à la tête du protectorat français du Tonkin, achète, en 1935, ce paravent comme cadeau de mariage pour son fils. Dans un paysage vide à la gamme colorée restreinte, seul le toit rouge émerge parmi la végétation et indique une présence humaine. Le feuillage est animé par une diversité de laques à l'éclat doré et argenté, dont l'argent a noirci. Les formes simplifiées sont traitées par larges masses, dans le goût de l'Art déco.
LÊ PHÔ
Boîte au décor de paysage Box with Landscape Decor
Hanoi, 1930
Bois laqué/Lacquered wood
Collection de la famille Lam
À la fin de ses études, Lê Phô offre cette boîte en cadeau à Victor Tardieu. L'élève entretenait avec son professeur des liens quasi filiaux. La végétation luxuriante, le calme et le silence évoqués par le temple isolé sont caractéristiques de l'école indochinoise des années 1930. Les différentes techniques déclinées sur cette boîte, saupoudrage de paillettes d'or et d'argent, laque dorée en surépaisseur, sont influencées par les arts décoratifs du Japon
MAI-THU
Femme à la cigarette
Women with a Cigarette
Huê, 1932
Huile sur toile / Oil on canvas Collection particulière
Cette toile de deux mètres est exposée en 1932 à la résidence supérieure de Huê. Une marchande de fruits traverse la rivière aux Parfums sur une barque manœuvrée par un homme torse nu; à l'horizon, apparaît la célèbre pagode de la Dame céleste. Mai-Thu a emporté en France cette toile qui, pour des raisons inconnues, a été retaillée. La simplification par masses, la touche rapide et lumineuse sont héritées des nouveaux orientalistes français qui enseignent à l'EBAI.
LÊ PHÔ
Femme au chignon
ou Tête de Saïgonnaise
Woman with Bun, or Head of a Saigon Woman
Hanoi, 1931
Huile sur toile / Oil on canvas
Dépôt du ministère de la Justice au musée Cernuschi, 2023 MJ 928
Comme dans La Maison familiale au Tonkin, Lê Phô restreint sa palette à des tons bruns et verts assourdis pour transcrire une atmosphère silencieuse et empreinte de nostalgie.
Le personnage est perdu dans ses pensées, dont l'étang et les méandres des allées du jardin se font l'écho. La représentation de profil évoque les portraits de la Renaissance italienne, mais la simplification du modelé et le traitement par masses colorées s'inscrivent dans le goût des années 1930
Vu Cao Dam sculpteur
Le premier style
En 1931, Vu Cao Dam achève, à l'EBAI, ses études au cours desquelles il s'est spécialisé en sculpture. Sorti premier de sa promotion, il reçoit en récompense une bourse pour venir en France, où il arrive dès décembre 1931. Il loge à la Maison des étudiants indochinois de la Cité universitaire et suit la formation en histoire de l'art de l'École du Louvre. Des personnalités politiques, en lien avec le gouvernement colonial, ou des célébrités du monde du spectacle
lui commandent leur portrait, ce qui lui permet de prolonger son séjour.
Ses sculptures réalisées en Indochine sont exposées à Paris lors de l'Exposition coloniale de 1931 puis à l'Agence économique de l'Indochine. Vu Cao Dam envoie également quelques œuvres au Salon des artistes français. Son premier style adopte la simplification des masses propre à l'Art déco, avec parfois
des accents de sculpture khmère, bien connue du public grâce notamment à la réplique du temple d'Angkor Vat de l'Exposition coloniale de 1931.
VU CAO DÁM
Femme nue
Female Nude
Hanoi, 1930
Plâtre patiné / Patinated plaster
, musée du quai Branly-Jacques-Chirac En 1930, Vu Cao Dam perd sa mère, puis son père. Il réalise alors cette figure de jeune femme dont l'attitude prostrée exprime le deuil. Le choix de la nudité donne un ton allégorique à cette œuvre conçue comme un monument en souvenir de ses parents. Les formes simples et massives, dans
la mouvance de l'Art déco, témoignent de la diffusion rapide, en Indochine, des tendances artistiques occidentales contemporaines.
Expositions internationales
Le soutien officiel
Dès la création de l'EBAI, Victor Tardieu s'inquiète du manque de débouchés professionnels pour ses jeunes diplômés.
Il mobilise ses contacts personnels et les réseaux de l'administration coloniale pour promouvoir leurs travaux et leur obtenir des commandes. La grande toile réalisée par Lê Phô en 1929 pour la Maison des étudiants indochinois de la Cité universitaire de Paris en est le premier exemple. L'Exposition coloniale de 1931 à Paris est l'occasion pour Victor Tardieu d'exposer les réalisations de ses élèves. Lê Phô l'accompagne en France pour superviser l'aménagement du temple d'Angkor Vat: au premier étage, quelques salles présentent des sculptures, des peintures et des laques envoyés de Hanoi. En 1937, Lê Phô viendra à nouveau en mission à Paris pour l'Exposition universelle.
L'Agence économique de l'Indochine, fondée à Paris en 1917 dans le but de développer le commerce entre la métropole et l'Indochine, prend le relais à partir de 1932, en proposant des expositions-ventes dans ses espaces de la rue La Boétie. Les œuvres sont constamment renouvelées par les envois des élèves et anciens élèves de l'EBAI, à qui l'agence offre une vitrine quasi permanente à Paris.
Les artistes vietnamiens vendent aussi leurs travaux en Indochine, où des expositions sont organisées dans les grandes villes, sous l'égide des autorités coloniales. La clientèle touchée par ces présentations reste cependant, pour l'essentiel, occidentale.
LÊ PHÔ
La Cueillette des simples
Picking Medicinal Herbs
Hanoi, 1932
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection particulière
S'il privilégie la peinture à l'huile au début de sa carrière, Lê Phô maîtrise aussi la peinture sur soie. Cette œuvre a été exposée en mars 1933 à l'Agence économique de l'Indochine, dont le directeur encourage dès 1932 les artistes à envoyer des peintures sur soie, qui se vendent mieux que les huiles. Les personnages massifs aux formes simplifiées sont installés dans une composition pyramidale solide. Le volume est à peine marqué et la vue plongeante ferme le fond en accentuant l'effet plat.
LÊ PHÔ
La Maison familiale au Tonkin
The Family Home in Tonkin
Hanoi, 1929
Huile sur toile / Oil on canvas
Cité internationale universitaire de Paris,
Maison des étudiants de l'Asie du Sud-Est
Par l'entremise de Victor Tardieu, cette toile est commandée à Lê Phô pour décorer
la salle commune de la Maison des étudiants indochinois à la Cité universitaire de Paris, qui va ouvrir en 1930. Sur la photographie, on la reconnaît dans la grande salle de l'EBAI à Hanoi, avant son départ. À Paris, elle est exposée au Salon des artistes français
début 1930, où elle obtient une mention honorable, puis elle rejoint la Cité universitaire.
VU CAO DAM
Bouddha
Buddha
Paris, vers 1933 Plâtre/Plaster
Paris, musée du quai Branly-Jacques-Chirac 75.9300
Vu Cao Dam cite ici directement la statuaire khmère qu'il a longuement étudiée à l'EBAI. Ce bouddha s'apparente étroitement au style du Bayon qui s'épanouit, autour de 1200, à Angkor. Le modelé est à la fois sensible et d'une grande douceur. Les lèvres charnues s'étirent à l'horizontale en un sourire marqué seulement par les commissures redressées. Les cheveux forment une masse lisse dont l'épaisseur n'est soulignée que par la ligne de démarcation, à la naissance du front.
VU CAO DAM
Portrait de sa majesté Bao Dai, empereur d'Annam
Portrait of His Majesty Bao Dai Emperor of Annam
Paris, 1932
Pierre/Stone
Paris, musée du quai Branly-Jacques-Chirac
75.10219
Bảo Đại (Huê, 1913 – Paris, 1997), dernier empereur du Vietnam, vit et étudie en France de 1922 à 1932, à l'exception d'un bref retour au Vietnam, en 1926, pour y être couronné à l'âge de 12 ans. Bảo Dai rencontre Vu Cao Dam lorsque que tous deux vivent à Paris, entre janvier et août 1932. Vu Cao Dam réalise alors son portrait en pierre et un autre en bronze, qui reçoit une mention honorable au Salon des artistes français, en 1932.
COQS ET DINDONS
Dessiner des coqs et des dindons constitue un exercice difficile car ces animaux sont sans cesse en mouvement et s'équilibrent par des ajustements constants de la position de leurs pattes et de leur cou. Victor Tardieu en avait fait un sujet d'étude pour ses étudiants, comme en témoignent les croquis de Mai-Thu. Au cours de sa seconde année à l'EBAI, Vu Cao Dam réalise deux sculptures de poules qui seront tirées en bronze. Ce sont les plus anciens exemples d'un thème qu'il reprendra tout au long de sa vie, d'abord en sculpture, puis en peinture.
Le coq, dans la tradition vietnamienne, symbolise la chance et figure souvent sur les estampes du Nouvel An. Il est aussi l'emblème de la France et partage dans les deux cultures les mêmes vertus de bravoure, de combativité et de protection contre le mal, par son chant qui annonce la lumière. Vu Cao Dam était très attaché à ce motif qui peut s'interpréter comme une synthèse de sa double culture vietnamienne et française.
VU CAO DÁM
Deux poules
Two Hens
Hanoi, 1928
Bronze
Collection particulière
VU CAO DAM
Le Coq
The Rooster
Vence, 1957
Huile sur panneau / Oil on panel
Collection particulière
LÊ PHÔ
Danseuse annamite
Annamese Dancer
Hanoi, 1929
Couleurs sur papier / Colour on paper
Paris, musée du quai Branly - Jacques-Chirac 75.15494.912
Mai-Thu représente une scène de théâtre traditionnel où une dame éplorée est assise aux pieds d'un guerrier et Lê Phô, une danseuse et des musiciens. Ces thèmes populaires n'appartiennent pas au répertoire de la peinture chinoise classique. La justesse anatomique et la composition sont modernes : les plans se superposent, la lanterne est coupée, les personnages du second plan sont partiellement cachés et ceux du premier plan semblent prêts à s'échapper du champ..
MAI-THU
L'Adieu
The Farewell
Hanoi, 1929
Couleurs sur papier / Colour on paper
Paris, musée du quai Branly - Jacques-Chirac
75.15494.914
L'Agence économique de l'Indochine achète ces deux kakémonos pour les exposer dans plusieurs expositions coloniales: à Anvers, en 1930 ; à Paris, en 1931; et à Naples, en 1934. Le fond vide et le dessin linéaire renvoient à la tradition asiatique, mais les bandes de tissu du montage traditionnel sont peintes en trompe-l'oeil. Les artistes vietnamiens citent et réinterprètent la référence classique chinoise. L'aspect décoratif est mis en avant par les couleurs vives traitées en aplat.
Traversées: 1931/1937
Les séductions du Paris artistique
Parmi les artistes issus de l'EBAI, Lê Phô, Mai-Thu et Vu Cao Dam se distinguent par le fait qu'ils s'établissent en France. Prévoyaient-ils pour autant, au moment de leur départ d'Indochine, que ce voyage serait sans retour?
Lê Phô est le premier à se rendre en France. En 1931, il supervise la section indochinoise de l'Exposition coloniale. Il revient à Paris en 1937 où la même mission lui est confiée pour l'Exposition universelle. Vu Cao Dam arrive à Paris en décembre 1931 grâce à une bourse d'études. En 1936, il rencontre une jeune Française qu'il épousera en 1938. Dès lors, il imagine certainement son avenir en France. Mai-Thu vient à Paris en 1937 pour visiter l'Exposition universelle. Les trois camarades ont partagé dès leurs années d'études une curiosité passionnée pour l'art et l'envie de connaître l'effervescence artistique de Paris où les artistes de tous les horizons se retrouvent alors. En Indochine, le métier de professeur de dessin en lycées reste le principal débouché des diplômés de I'EBAI. Malgré les efforts du directeur pour clientèle organiser des expositions-ventes, est occidentale et peu nombreuse. Lorsque Victor Tardieu décède en juin 1937, une page se tourne et le besoin d'élargir leur horizon s'impose à Lê Phổ et Mai-Thu. L'aventure se prolonge par choix mais aussi par la force des choses, puisque la guerre sévit d'un côté puis de l'autre du continent, de 1939 à 1975, pendant trente- six années qui rendent hasardeux tout retour.
LÊ PHÔ
Le Col des Nuages
The Ocean Cloud Pass [Đèo Hải Vân
Vietnam, entre Huê et Danang, 1937
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière
En 1937, juste avant de quitter le Vietnam pour la France, Lê Phô représente le col des Nuages, une passe célèbre de la route mandarine, menant de Hanoi à Huê, qui marquait autrefois la limite entre les royaumes du Đại Việt et du Champa, au sud. Le fortin construit en 1826 pour protéger la capitale apparaît ici dans son état des années 1930. Par la suite, il a été largement endommagé et dénaturé par la construction de casemates en béton, au cours des guerres d'Indochine et du Vietnam.
LÊ PHÔ
La Redonne
France, 1937
Huile sur panneau d'Isorel / Oil on hardboard Collection particulière
À la beauté de la cordillère annamitique qui plonge majestueusement dans la mer répond l'azur des calanques de La Redonne, non loin de Carry-le-Rouet, où Lê Phô encadre une équipe d'artisans vietnamiens venus pour construire le pavillon de la section indochinoise de l'Exposition universelle de 1937. Ce tableau est l'un des premiers que Lê Phô peint à son arrivée en France. On lui connaît peu de paysages: ces deux œuvres de 1937 marquent un tournant important de sa vie.
LÊ PHÔ
Portrait de Blanche Balain
Portrait of Blanche Balain
Nice, 1941
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection particulière
Le portrait de Lê Phô se distingue de celui de Mai-Thu par un tracé des contours plus flou qui semble souligner les formes d'un halo lumineux. Les modulations de tons plus marquées accentuent davantage le volume des pivoines. La dentelle du corsage produit un effet décoratif et les mains, proportionnellement petites, une impression de naïveté. Le jeu de double point de vue entre le vase et le modèle, vus de face, et la console, vue de haut, rappelle la tradition asiatique et sa perspective plongeante.
MAI-THU
Portrait de Mme N.D. et de sa fille
Portrait of Mrs N.D. and her Daughter
Mâcon, 1941
Couleurs sur soie / Colour on silk Collection particulière
Le ton oriental est donné par l'absence de volume et de profondeur, le fond étant fermé par un paravent. Seul le visage de la jeune femme présente un modelé plus accentué. Les lignes marquant les plis et les contours sont, au contraire, d'un réalisme scrupuleux qui renvoie à l'Occident.
Hồ Chí Minh
1946: la conférence de Fontainebleau
La Seconde Guerre mondiale renverse le
rapport de force en Asie. Les mouvements indépendantistes vietnamiens profitent de l'affaiblissement de la France. Le 2 septembre 1945, la République démocratique du Vietnam est proclamée à Hanoi par Hồ Chí Minh, mais la France veut conserver certaines prérogatives. De difficiles négociations s'ensuivent: les dernières ont lieu à Fontainebleau, à l'été 1946. Pour sa première visite officielle à l'étranger en tant que président, Hồ Chí Minh laisse son Premier ministre siéger à la conférence tandis qu'il cherche à gagner le soutien de l'opinion publique française. Pour créer en métropole un groupe d'influence en faveur de la souveraineté nationale, il rencontre les Vietnamiens de France qui, tout en restant attachés au pays qui les accueille, souhaitent voir leur pays natal accéder à l'indépendance.
VU CAO DAM
Buste de Hồ Chí Minh
Paris, 1946
Plâtre
Collection particulière
La femme
Allégorie de la modernite
Diplômé en 1930, Mai-Thu est alors affecté à Huê comme professeur de dessin au lycée Khải-Dinh. Il y poursuit sa pratique personnelle, en parallèle de sa carrière d'enseignant. Son thème de prédilection, la jeune fille, incarne la liberté nouvelle offerte par la modernité à l'artiste vietnamien des années 1930: représenter une femme anonyme pour exalter la beauté, à la fois de l'œuvre et du modèle. Ce motif rompt avec la tradition picturale vietnamienne dont les sujets illustraient des épisodes religieux, légendaires ou historiques.
Entre 1935 et 1937, Mai-Thu représente souvent la même jeune fille au visage doux et triste. Cette étudiante de Huê était son modèle mais bientôt il en tombe amoureux. Son projet d'union se heurte à l'opposition de sa famille, la jeune fille étant issue d'un milieu modeste. Cet amour contrarié est peut-être l'une des raisons qui ont incité Mai-Thu à partir pour la France en 1937.
MAI-THU
Les Seins nus
Model with Chest Exposed
Huê, 1936
Huile sur toile / Oil on canvas Collection de la famille Barrère
MAI-THU
Jeune femme sur la véranda
Young Woman on the Veranda
Huế, 1937
Huile sur toile / Oil on canvas Collection Nguyen Huu Long
MAI-THU
Jeune femme lisant
Young Woman Reading
Huế, 1937
Pastel et fusain sur papier / Pastel and charcoal on paper Collection particulière
MAI-THU
La Mariée
The Bride
Huê, 1935
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière
MAI-THU
Étude de femme assise de profil
Study of a Woman Sitted in Profile
Huê, vers 1935-1937
Fusain et sanguine sur papier / Charcoal and sanguine on paper Paris, musée Cernuschi, M.C. 2022-79
Don de Mai Lan Phương en mémoire de ses parents, Sao et Mai Thứ, 2022
Le modèle de Mai-Thu pose de profil sur cette esquisse préparatoire à une grande huile sur toile où l'on reconnaît le pantalon blanc et la tunique de gaze noire. Sur l'œuvre finale, la jeune fille porte une coiffe blanche, signe de deuil. Une photographie prise par l'artiste montre le modèle devant le tableau, en une mise en abîme récurrente dans les premières œuvres des artistes vietnamiens qui prouvent ainsi qu'ils ont assimilé la longue histoire de la peinture occidentale.
La période française
Parenté stylistique et divergences
En 1937, Lê Phô et Mai-Thu rejoignent Vu Cao Dam à Paris. Ils ne perçoivent plus leur salaire de professeur de dessin et doivent désormais vivre de leur art. Ils abandonnent alors la peinture à l'huile et suivent l'exemple de Vu Cao Dam qui s'était mis à la peinture sur soie dès 1933, ses ventes de sculptures s'avérant insuffisantes. Cette technique de la soie marouflée sur carton mise au point à l'EBAI et qu'eux seuls maîtrisent leur permet de se démarquer et de répondre aux goûts d'un public français séduit par la tonalité asiatique du matériau.
Sous l'effet de l'élan créatif qu'entraînent leurs retrouvailles, les trois camarades élaborent un style commun mettant en scène un Vietnam idéalisé et hors du temps, où des jeunes femmes vêtues de tuniques modernes évoluent dans un décor traditionnel. L'élégance de la ligne, les harmonies colorées, les attitudes gracieuses, les courbes maniérées prédominent. Le caractère asiatique un peu archaïsant est volontairement accentué par l'étagement des plans, les compositions solides mais épurées, l'uniformisation des personnages et de leur visage dépourvu d'expression.
Pendant cette période de 1938 à 1949, les trois artistes exposent ensemble ou séparément leurs peintures sur soie. Mai-Thu restera fidèle à ce style en variant les sujets traités. Lê Phô et
Vu Cao Dam expérimenteront quant à eux d'autres modes d'expression, renouant notamment, dans les années 1950, avec la peinture à l'huile.
Lê Phổ en France
Des femmes aux fleurs
La période française de Lê Phô peut être divisée en trois moments: le premier style, de 1938 à la fin des années 1940, propose une vision d'un Vietnam imaginaire où de belles jeunes femmes évoluent dans une nature idyllique.
Déjà, le peintre s'intéresse aux effets de la matière en utilisant des rehauts de
gouache opaque sur le support de soie.
Le deuxième temps, des années 1950 jusqu'au début des années 1960, est connu comme «l'époque Romanet», Lê Phô étant alors représenté par le galeriste André Romanet. Il revient à la peinture à l'huile qui permet des effets d'empâtement et une touche rapide.
La dernière période, dite «Findlay», s'ouvre en 1963, lorsqu'il signe un contrat avec le galeriste américain Wally Findlay qui diffusera largement ses œuvres sur le continent nord-américain. Dans un style postimpressionniste coloré où les effets de lumière sont les seuls véritables sujets, ses personnages stylisés semblent s'effacer au profit des fleurs environnantes.
LÊ PHÔ
Femme à l'ouvrage
Woman Sewing
Paris, vers 1938-1939
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection particulière
Fin 1931, Lê Phô visite l'Italie, la Belgique et les Pays-Bas. Il y admire les primitifs flamands et italiens qui l'influenceront durablement. L'École moderne vietnamienne et la Renaissance européenne cherchent à renouveler l'art en puisant dans une autre culture, l'Occident pour l'une, et l'Antiquité pour l'autre. Ici, la baie en plein cintre auréolant la tête du personnage rappelle l'Italie ; les collines au loin et le cadrage resserré tiennent des portraits flamands
LÊ PHÔ
Les Deux Baigneuses
Two Bathers
Paris, 1939
Couleurs sur soie / Colour on silk
Centre national des arts plastiques, n° FNAC 16720
En dépôt au musée départemental des arts asiatiques à Nice
LÊ PHÔ
La Coiffure
The Grooming Session
Nice, vers 1941
Couleurs sur sole / Colour on silk
Mobilier national, GMTB-970-000
En dépôt au musée Cernuschi depuis 2024
Cette œuvre figurait probablement à l'exposition de Mai-Thu et Lê Phô à la galerie Lorenceau, à Vichy, en octobre 1941. C'est à cette occasion que Lê Phô rencontre le marchand d'art André Romanet, avec qui il collabore jusqu'en 1963. On retrouve ici le goût décoratif des imprimés, des correspondances de couleur et de la composition rythmée par les masses des chevelures noires, caractéristiques du style des années 1940
LÊ PHÔ
Jeune fille à la rose
Young Girl with a Rose
Nice, 1942
Couleurs sur soie / Colour on silk Collection particulière
Lê Phô porte un regard curieux et admiratif sur les œuvres d'autres peintres d'origine étrangère installés à Paris au début du xx siècle. On pense ici à Modigliani. Le Vietnam reste présent à travers la tunique, l'architecture du fond, et par l'usage du double point de vue : la figure principale se tient de face tandis que le fond est vu de haut, l'horizon disparaissant hors du cadre. Ce côté archaïque contraste avec la modernité des contours épais et de la touche rapidement brossée
LÊ PHÔ
La Lettre
The Letter
Paris, entre 1960 et 1970
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière
LÊ PHÔ
Femmes au jardin
Women in the Garden
Paris, 1969
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière
Ces deux toiles sont caractéristiques de l'époque Findlay. Le style néo- impressionniste aux accents nabis attire
particulièrement la clientèle américaine.
Le peintre y rappelle ses origines vietnamiennes par quelques indices: la tunique et la chevelure noire, un vase de Chine ou une boîte laquée. Mais la tonalité générale s'éloigne des préoccupations des années 1940. Un monde de fantaisie, coloré et joyeux, est désormais le théâtre de recherches autour de la lumière
des années 1940, Lê Phô privilégie le rythme des lignes courbes des bras et des étoles au réalisme des attitudes. .
LÊ PHÔ
Femmes arrangeant des fleurs
Women Arranging Flowers
Paris, années 1960
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière
LÊ PHÔ
Baigneuses
The Bathers
Paris, années 1950
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection Kim Rooney et David Parker
Cette œuvre illustre la transition des années 1950. Si la référence à l'Asie est conservée par le support de soie
et la perspective redressée faisant disparaître l'horizon, la touche se charge de matière, la transparence cède la place à des effets picturaux plus proches de la peinture à l'huile que des techniques à l'eau. Lê Phô, désormais dans sa maturité, s'autorise à explorer une nouvelle voie.
Mai-Thu en France
Une tradition réinventée
Mai-Thu arrive à Paris en août 1937. Il abandonne alors l'huile sur toile pour la peinture sur soie, qui sera désormais son moyen d'expression exclusif. Son style évolue assez peu pendant les quarante-trois années de sa période française. La ligne sinueuse des débuts s'assagit,
les volumes s'effacent, la stylisation s'accentue, les décors se simplifient.
Affranchi des recherches picturales, Mai-Thu soigne ses compositions et décline à l'infini les thèmes qui lui sont chers: la tendresse maternelle, les jeux des enfants, l'étude et l'harmonie familiale. Dans cette société idéalisée illustrant les vertus confucéennes, les scènes de la vie quotidienne évoquent des plaisirs simples et raffinés où les femmes éternellement jeunes tiennent la première place.
Le subtil mélange entre éléments asiatiques et occidentaux est relevé d'un soupçon d'archaïsme : l'alchimie opère et la vision sublimée du Vietnam de Mai-Thu passe pour traditionnelle.
MAI-THU
Confidence
Paris, 1939
Couleurs sur soie / Colour on silk
Centre national des arts plastiques, n° FNAC 18171
En dépôt au musée des Beaux-Arts de Lyon
MAI-THU
La Lecture
Reading
Nice, 1940
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection particulière
MAI-THU
Portrait de famille
Family Portrait
Vanves, 1971
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection Almine Ruiz Picasso
MAI-THU
Musicienne à la viole [dàn nhi]
Musician Playing the đàn nhị
(bowed string instrument)
Vanves, 1965
Couleurs sur soie / Colour on silk
MAI-THU
Le Mont Granier
Mount Granier
Vanves, 1972
Couleurs sur soie / Colour on silk Collection particulière
À partir des années 1950, Mai-Thu conçoit des encadrements d'inspiration asiatique. Il rehausse ses passe-partout de poudres métallisées et grave au stylet dans le carton des motifs issus du répertoire traditionnel des arts textiles et de l'orfèvrerie. La peinture des baguettes donne un effet laqué. Ici, le passe-partout est orné de nuages et d'un disque symbolisant le yin et le yang en haut, d'un pic émergeant des vagues en bas, ainsi que de rinceaux encadrés par des caractères chinois signifiant «longévité ».
HOMMAGE AUX MAÎTRES
À partir des années 1960, Mai-Thu pastiche les chefs-d'œuvre de l'art occidental. Il réalise plusieurs versions de La Joconde et du Portrait présumé de Gabrielle d'Estrées et de sa sœur la duchesse de Villars, conservés au Louvre. Les deux sœurs, ici habillées, échangent des bijoux. Mai-Thu déclinera la même composition à plusieurs reprises en dénudant les jeunes femmes. La Source s'ouvre sur un paysage de montagnes bleutées, en référence à la perspective atmosphérique des peintres flamands du xvi siècle. Les baigneuses sont une référence directe à l'art occidental dont les nus allégoriques sont inconnus dans la tradition asiatique. Le Nu allongé de 1964 reprend l'attitude de la Grande Odalisque d'Ingres dont l'artiste proposera une version encore plus proche de l'original en 1970. En citant avec humour les maîtres de la peinture occidentale, Mai-Thu leur rend hommage selon la tradition chinoise, où l'élève copie le maître pour pénétrer son art.
Non identifié
La Source
The Spring
Vanves, 1966
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection Almine et Bernard Ruiz Picasso
Variation autour du Portrait présumé de Gabrielle d'Estrées et de sa soeur la duchesse de Villars
Variation on the Presumed
Paris, vers 1977
Gouache sur carton / Gouache on
cardboard
Collection particulière
LES PETITS TABLEAUX >>
Les grands formats de Mai-Thu étaient des objets luxueux dont les prix restaient assez élevés. D'après les factures conservées dans ses archives, en 1963, lors de l'exposition intitulée Les Enfants de Mai-Thu, à la galerie du Péristyle, les prix des tableaux allaient de 2250 à 12000 francs (entre 4000 et 20 000 euros actuels). À partir de la fin des années 1950, Mai-Thu propose des petits formats, œuvres sur soie raffinées, toujours encadrées par ses soins dans un style asiatique. Le peintre considère que ses «petits tableaux », comme il les appelle, pénètrent les foyers avec autant de justesse et de grâce que ses grandes compositions. Il poursuit cet élan de démocratisation de l'art en proposant des reproductions de ses œuvres, plus ou moins luxueuses, sur soie ou sur papier. Dans les années 1960, son nom figure par exemple au catalogue des reproductions d'art de la Maison Braun, qui assure une large diffusion de ses compositions.
Petite fille en costume de fête
Little Girl Dressed up for Tét
Vanves, 1970
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection particulière
MAI-THU
La Prière
The Prayer
Vanves, 1963
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection particulière
ÉCHOS DE LA GUERRE
L'univers de Mai-Thu semble imperméable au temps présent. Pourtant, certains tableaux évoquent les guerres qui meurtrissent le Vietnam (1946-1975). La séparation et la famine sont dépeintes avec la même douceur et la même retenue qu'est exaltée
la beauté de la femme et la pureté de l'enfant.
Dans Les Orphelins, trois enfants en haillons se tiennent solitaires devant un ciel rougeoyant. Les bombes sont proches, les provisions sont maigres et l'espoir semble bien ténu.
Le 11 juin 1963, le moine Thích Quảng Đức s’imole par le feu pour protester contre la répression anti-bouddhiste menée par la République du Vietnam, au sud. La Prière est une exhortation à la paix confiée à l'innocence des enfants. Mai-Thu a présenté ce tableau au public, mais sans jamais le mettre en vente. Quelques années plus tard, le peintre revient exceptionnellement à l'huile pour représenter cette mère portant le cadavre nu de son enfant. Il peint l'œuvre pour lui-même, sans la montrer, comme un exutoire à sa douleur.
MAI-THU
Désolation
Vanves, vers 1966
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière
MAI-THU
Les Orphelins
The Orphans
Vanves, 1962
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection particulière
Vu Cao Dam en France
Un roman courtois vietnamien
Entre 1934 et 1937, les premières peintures sur soie de Vu Cao Dam ont les mêmes couleurs sobres que celles de ses camarades de l'EBAI. À partir de 1938, les formes massives des personnages cèdent la place à des silhouettes souples aux attitudes élégantes. Son pinceau, comme celui de Lê Phô, se charge de matière au fil des ans.
Fin 1949, Vu Cao Dam quitte Paris pour Béziers. Dans une veine plus réaliste, il redonne du volume aux corps. Mais ses œuvres se vendent mal et, en 1952, il s'installe à Vence où travaillent de nombreux artistes. Il abandonne la peinture sur soie et peint désormais à l'huile. Ses surfaces s'animent d'un miroitement de touches colorées où les éléments du décor disparaissent. En 1959, il ouvre sa galerie personnelle à Saint-Paul-de-Vence. À partir de 1963, les galeries Wally Findlay diffusent ses œuvres aux États-Unis. Ses thèmes restreints célèbrent l'amour maternel et l'amour courtois inspiré du Roman de Kiêu, un long poème vietnamien de 1813.
VU CAO DAM
La Prière
The Prayer
Paris, vers 1934-1935
Couleurs sur soie / Colour on silk Collection de la famille Barrère
Dans ses premières peintures sur soie, Vu Cao Dam place souvent sur un fond sans décor des personnages qui se livrent à des occupations typiques de l'ancien Vietnam. Ici, une femme aux formes pleines se recueille devant un autel identifiable par le seul brûle- parfum où se dressent les baguettes d'encens. À l'arrière-plan, une balustrade en bois ouvragé tient lieu d'unique décor. Le dessin est linéaire, aucune modulation de ton n'indique le volume.
VU CAO DAM
Les Deux Soeurs
The Two Sisters
Paris, vers 1935-1937
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection particulière
Ce tableau est sans doute légèrement postérieur à La Prière. Les silhouettes conservent leur plénitude mais les visages ont une grâce désormais stéréotypée. Le geste de la main levée, un peu petite, annonce les futures concessions que fera le peintre au réalisme, au profit de l'élégance des attitudes. Il contraint ses figures dans le champ du tableau et n'hésite pas à les couper. Ce cadrage resserré deviendra récurrent dans les années suivantes.
STATUETTES EN TERRE CUITE
Entre 1939 et le début des années 1940, Vu Cao Dam réalise des statuettes en terre cuite qu'il patine à l'aide de peinture à la caséine, au rendu mat et velouté. Il s'inspire des figurines funéraires chinoises de la dynastie des Tang (618-907), admirées dans les musées, et dont il reprend la silhouette filiforme
aux jambes courtes et aux bras souples. Le cou étiré naît d'épaules tombantes et porte une tête un peu grosse aux traits ramassés au centre du visage.
Comme dans ses peintures sur soie contemporaines, Vu Cao Dam joue à dissimuler les éléments modernes sous une fausse allure d'ancienneté. Ainsi, ses statuettes sont modernes par la tunique vietnamienne des années 1930 et les cheveux enroulés en couronne autour de la tête à la mode du nord, mais elles présentent une surface irrégulière qui rappelle la gangue de terre d'un objet tout juste exhumé d'une fouille. Les pigments sont appliqués par couches inégales, comme si un long enfouissement avait effacé la couleur d'origine.
VU CAO DAM
Femme debout
Standing Woman
Paris, 1940
Terre cuite patinée / Patinated terracotta
Espagne, Majorque,
VU CAO DÁM
Les Deux Sœurs
The Two Sisters
Paris, 1940
Terre cuite patinée / Patinated terracotta
Espagne, Majorque
VU CHO DAM
Granda tête de femme
Large Female Head
Paris, 1940
Terre cuite panée / Patinated terracotta
Espagne
VU CAO DAM
Mère et enfants traversant la rivière
Mother and Children Crossing the River
Béziers, entre 1950 et 1952
Couleurs sur soie / Colour on silk
Espagne, Majorque, Fundación Yannick y Ben Jakober
Inv. n°532
Cette œuvre est caractéristique de la courte période que Vu Cao Dam passe à Béziers (1950-1952). Sous la lumière méridionale, le peintre redonne du volume à ses personnages en accentuant les contrastes, dans une veine plus réaliste. Les visages aux joues roses s'arrondissent. Les ridules de l'eau, les plis des vêtements, la surface de la rivière gagnent en naturel
VU CAO DAM
Cavalier et maternité
Horseman and Maternity
Vence, 1955
Huile sur panneau
Collection particulière
VU CAO DAM
Composition (Le Rêve)
Composition (The Dream)
Béziers, 1952
Couleurs sur soie / Colour on silk
Espagne, Majorque, Fundación Yannick y Ben Jakober Inv. n°533
La figure flottante rappelle celles de Chagall. Cependant, c'est dans le chef-d'œuvre de la littérature vietnamienne, le Roman de Kiều, que Vu Cao Dam puise son inspiration. Le Rêve contracte deux passages, celui où l'héroïne allume des bâtonnets d'encens sur le tertre funéraire d'une courtisane dont le sort tragique l'émeut, et l'épisode de la nuit suivante, lorsque l'esprit de la courtisane lui apparaît en songe. Ici, l'apparition émane directement des fumées d'encens.
VU CAO DAM
Maternité jaune
Yellow Maternity
Saint-Paul-de-Vence, 1993
Huile sur toile / Oil on canevas
Collection particulière
VU CAO DAM
Famille
Family
Vence, 1957
Huile sur panneau / Oil on panel
Collection Michel Vu
VU CAO DAM
Saint-Paul-de-Vence
Saint-Paul-de-Vence, vers 1959-1960 Huile sur panneau / Oil on panel Collection particulière
Les rares paysages de Vu Cao Dam forment une exception dans son œuvre : rien ne permet de les rattacher à l'Asie, ni dans le thème, ni dans la facture. L'installation à Saint-Paul- de-Vence marque la fin d'une période difficile pour l'artiste. À Béziers et à Vence, jusqu'au milieu des années 1950, peu de galeristes sont intéressés par ses toiles. À force de persévérance, il se constitue pourtant une clientèle fidèle et ouvre finalement sa propre galerie à Saint-Paul, en 1959
VU CAO DAM
Dames jouant aux échecs
Ladies Playing Chess
Paris, 1943
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection particulière
Cette œuvre est caractéristique du style sur soie commun à Lê Phô, Mai-Thu et Vu Cao Dam entre 1938 et la fin des années 1940. Trois jeunes femmes élégantes, au visage indifférencié, s'adonnent à un jeu traditionnel vietnamien. Les chevelures noires, la couleur des tuniques, la souplesse des bras et la grâce des gestes rythment la composition. Le cadrage resserré est caractéristique de l'artiste : les personnages touchent presque le bord du cadre qui semble trop étroit.
VU CAO DAM
Divinité
Divinity
Saint-Paul-de-Vence, 1961
Huile sur toile / Oil on canevas Collection de la famille Barrère
Au milieu des années 1950 apparaît le thème de la Divinité, qui rappelle la figure de Bouddha mais que Vu Cao Dam veut universelle.
Son image est fixée en 1960: la Divinité est frontale, les épaules tombantes lui donnent une douceur toute féminine. De nombreuses variations colorées, tant dans la robe que dans l'arrière-plan, seront réalisées au fil des ans
VU CAO DAM
Le Jardin d'été
The Summer Garden
Paris, 1944
Couleurs sur soie / Colour on silk
Espagne, Majorque
Natures mortes Fleurs et oiseaux
Au genre occidental de la nature morte répond, dans la peinture chinoise classique, celui très codifié des «fleurs et oiseaux». Les trois artistes connaissent bien ces deux traditions, qu'ils interprètent chacun à leur manière. Lê Phô explore ce sujet dès la fin des années 1930. La nette référence chinoise des débuts cède la place à des effets de matière et à une touche plus libre, qui iront en s'accentuant. La Nature morte à la nappe rouge reflète l'influence des Nabis, avec ses contrastes colorés et le jeu de points de vue multiples.
Vu Cao Dam se démarque des références chinoise et occidentale. Ses Camélias occupent entièrement le cadre et flottent sur un fond grisé, comme s'ils apparaissaient tout à coup au promeneur levant les yeux. Pour peindre ses Chrysanthèmes, symboles de la persévérance en Asie, l'artiste supprime le vase et place chaque tige dans une bouteille afin d'éviter l'effet de bouquet qu'il juge trop artificiel.
Mai-Thu applique à ses natures mortes le même principe de mélange entre éléments occidentaux et motifs asiatiques que dans ses peintures de personnages. Il sème la confusion entre le réalisme des fruits et l'archaïsme de la perspective volontairement déformée. Fleurs et fruits sont présentés sur une table, selon les codes européens, mais la coupe ou le vase sont asiatiques. Clin d'œil autant qu'hommage aux maîtres de la peinture occidentale,
sa Nature morte aux pommes fait directement référence aux vanités de la Renaissance.
LÊ PHÔ
Canards mandarins parmi les lotus
Mandarin Ducks among the Lotuses
Paris, fin des années 1930
Couleurs sur soie / Colour on silk Collection de la famille Dabriwala
La touche tantôt vaporeuse, tantôt précise de Lê Phô sert un thème classique chinois : les canards mandarins nagent toujours en couple et symbolisent l'amour conjugal. Les mots lotus et harmonie sont homophones, en chinois. Le cœur du lotus, au centre de la composition, avec ses alvéoles dans lesquelles se nichent les graines, promet une descendance nombreuse. Pour avoir voyagé à Hong Kong et Canton au cours de l'été 1936, Lê Phô connaissait bien la manière et le répertoire chinois
LÊ PHÔ
L'Oiseau dans le jardin
The Bird in the Garden
Paris, vers 1938-1939
Couleurs sur soie / Colour on silk Paris, musée Cernuschi,
LÊ PHÔ
Pivoines
Peonies
Paris, 1945
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection particulière
MAI-THU
Nature morte aux pommes
Still Life with Apples
Vanves, 1959
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection particulière
MAI-THU
Nature morte aux pommes,
raisin et pêches
Still Life with Apples, Grapes, and Peaches
Vanves, 1958
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection particulière
VU CAO DAM
Camélias
Camellias
Paris, vers 1946-1948
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection Nguyen Huu Long
LÊ PHÔ
Bouquet au vase blanc
Bouquet in a White Vase
Paris, 1969
Huile sur toile / Oil on canvas
Collection particulière
LÊ PHÔ
Nature morte à la nappe rouge
Still Life with a Red Tablecloth
Paris, 1960
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection particulière
LÊ PHÔ ET MAI-THU DÉCORATEURS D'INTÉRIEUR
L'accent mis sur les arts décoratifs à l'EBAI permet à Lê Phô et Mai-Thu de répondre à des commandes variées à différents moments de leur carrière. Dans les années 1950, Lê Phô peine à vivre de sa peinture. Des membres du cabinet de Bảo Đại, devenu chef de l'État du Vietnam (1949-1955), lui confient alors la décoration de leur appartement parisien. Les tons jaune, vert et rouge de ces intérieurs luxueux rappellent ceux de la cité impériale de Huê. La ligne moderne des canapés est relevée d'une touche asiatique, décelable dans les piétements et les accoudoirs laqués de noir.
En 1962, Mai-Thu dessine des meubles pour la villa royale du Souissi, à Rabat, au Maroc, où il mêle des éléments vietnamiens au style des années 1960. Les accoudoirs des fauteuils et le plateau laqué de la table s'inspirent de modèles vietnamiens, mais la ligne du fauteuil jaune est contemporaine. Il y ajoute les arcs outrepassés caractéristiques du Maghreb, repris aussi dans les pieds du fauteuil et de la table.
LÊ PHÔ
Rendu pour le projet
de décoration de l'appartement du prince Bửu Lộc
Proposal for Prince Bửu Lộc’s Apartment Decoration Project
Paris, vers 1951-1952
Gouache sur carton / Gouache on cardboard
Collection particulière
Le Roman de Kiều
Vecteur de l'identité vietnamienne
Le Roman de Kiều, long poème de 3254 vers composé en 1813 par Nguyễn Du, décrit les mésaventures de
Kiều, une belle jeune fille dotée de tous
les talents mais accablée par un destin contraire. Tout au long de leur période française, nos trois artistes sont inspirés par l'histoire de Kiều. Leur principe créatif et celui du poète sont similaires : Nguyễn Du traduit un roman chinois du xviie siècle en vietnamien courant à l'aide d'un système basé sur les caractères chinois, le chữ nôm, mais en accentuant la dimension poétique et sentimentale. De même, Lê Phô, Mai-Thu et Vu Cao Dam assimilent et mêlent diverses influences, passées et présentes, asiatiques et occidentales, pour offrir une forme nouvelle, moderne. Plutôt qu'une révolution, leur art est une alchimie. Sans rompre avec le passé, ils en perpétuent l'essentiel : à la vertu confucéenne et à la persévérance face à l'adversité, louées par le poète, répond leur ode à l'amour et à la beauté.
Mai-Thu
La rencontre
Vence, 1953
Huile sur panneau / Oil on panel
Collection particulière
VU CAO DAM
L'Anneau de jade
Vence, 1953
Huile sur panneau / Oil on panel
Collection particulière
VU CAO DAM
Deux jeunes filles
Two Young Girls
Vence, 1956
Huile sur panneau / Oil on panel
Collection de la famille Barrère
MAI-THU
Fleurs de pommier japonais
Japanese Apple Tree Flowers
Paris, 1976
Couleurs sur soie / Colour on silk
Collection Almine Ruiz Picasso
Réalisé au crépuscule de sa vie, ce tableau résume les sources d'inspiration
de Mai-Thu. Le livre au titre en caractères chinois, au premier plan, rappelle l'héritage intellectuel et artistique d'un Vietnam disparu. Le goût profond pour l'art européen qui a attiré l'artiste jusqu'à Paris est illustré par les montagnes bleutées inspirées
de la Renaissance, à l'horizon. Reliant les deux plans, comme un trait d'union entre les deux cultures, une branche en fleur symbolise l'espoir du renouveau
VU CAO DAM
Composition
Saint-Paul-de-Vence, 1959
Huile sur panneau / Oil on panel Collection particulière
L'association de deux jeunes filles au premier plan et d'un cavalier au fond renvoie au chapitre III du Roman de Kiêu, lorsque, après le rite du nettoyage des tombes, Kiêu et Vân rencontrent Kim, à cheval, revenant de voyage. Le frère des jeunes filles, Vương Quan, est éludé. Vu Cao Dam puise toute son inspiration dans ce poème. Au fil des ans, il reprend inlassablement le motif du cavalier et
des deux sœurs, les isole, les combine avec le motif de la mère à l'enfant ou du poète assis, allusion à Kim.