vendredi 24 février 2023

Espace Salvador Dali en février 2023


Des belles lithographies dans ce lieu un tantinet commercial de la Butte Montmartre...

Le Cheval à la Montre Molle
Dans son autobiographie "La Vie Secrète" (1942), Dalí affirme "L'objet mécanique est devenu mon pire ennemi, car tout comme les montres, il doit être mou, ou ne pas être du tout !".
Le cheval, l'une des représentations daliniennes les plus connues, est sellé avec une montre molle: le temps contrôle tous les mouvements. L'Homme pense qu'il détient le contrôle sur sa vie, mais c'est toujours le temps, au final, qui sera son guide. Le cheval représente la vie de l'Homme accablée par la dureté du temps qui passe.
Cette sculpture, modelée en cire par Dalí, est l'une des premières issues de la collaboration de Dalí et Beniamino Levi.

Les Songes Drolatiques de Pantagruel
Ces lithographies s'inspirent des Géants» de l'univers de Rabelais, dépeints dans Gargantua et Pantagruel. En janvier 1971, Dalí signe avec un éditeur parisien un contrat portant sur «la trans- formation à sa manière» de 25 illustrations choisies parmi 120 gravures anciennes qui illustraient le livre à sa parution. Ces figures mythiques s'inscrivent dans la tra- dition des «grotesques», qui au XVIème siècle désignaient des décorations où s'enchevêtrent des motifs géométriques, non-figuratifs, et des corps hybrides, des plantes et des animaux fantastiques, librement inventés et disposés dans l'entrelacs des arabesques. Dalí a mis l'accent sur la relation entre le monde littéraire de Rabelais et le monde chimé- rique de l'artiste Jérôme Bosch, souvent considéré comme le surréaliste de la Renaissance. 

L'Art d'aimer
Ce poème d'Ovide avait scandalisé la société romaine au moment de sa parution. Conçu comme un manuel humoristique de la séduction, il est aussi une satire de la société romaine de l'époque. Outragé par l'irrévérence et l'indécence apparente du livre, l'empereur Auguste condamna Ovide à l'exil. Les trois Chants ont inspiré à Dalí des gravures sur le thème de la rencontre amoureuse. Les illustrations aux couleurs vives évoquent  les figures mythiques d'Apollon, Icare ou of Apol Vénus et expriment sa fascination pour la féminité et le jeu érotique.

Roméo et Juliette
En 1597, William Shakespeare publie un drame intitulé Roméo et Juliette. D'une œuvre littéraire émouvante naît un mythe: poèmes, ballets, tableaux et opéras racontent cette histoire d'amour impossible. En 1942 aux États-Unis, Dalí réalise les décors pour le ballet éponyme et peint une grande toile de fond de scène, Le bateau échoué, censée symboliser un monde déchiré entre l'amour et la haine. Dans la suite litho- graphique exposée ici, le bleu et le rouge dominent pour amplifier la dualité des passions.

Dalí illustre Casanova
Les mémoires de Casanova, par Jacques de Seingalt, furent publiés en allemand en 1852 puis en français en 1926. Ces confessions érotiques d'un libertin du 18e siècle sont une description à la fois précise et critique de la vie quotidienne de ce temps. Cette série de 14 lithographies joue sur l'association érotique de la nourriture et de la sexualité. Dalí a mis en lumière le lien entre les arts plastiques et gastronomiques en présentant cette série comme le menu d'un banquet.
Le repas commence par une tranche de pain, un objet à la fois dur et mou - thème récurrent de l'œuvre de Dali, ici représenté de façon anthropomorphique et saignante. Dans Une poire délicieuse pour dessert, Dalí représente un trompe l'œil surealiste: une poire dont la partie inférieure est un corps féminin nu, se transforment en un fruit délicieux dans sa partie supérieure, mais dont l'ombre reste résolument humaine.

Femme en flammes
Girafe en feu (1935). Cette ceuvre réunit deux des obsessions de Dali: le feu et une figure féminine à tiroirs. Les flammes: sortant du dos représentent l'intensité cachée du désir inconscient, tandis que les tiroirs expriment le mystère des secrets cachés. Les tiroirs ouverts ren- voient à l'intime, au subconscient de l'être humain. Les flammes sont soutenues par des béquilles, utilisées généralement comme supports à la fragilité des struc- a tures molles, selon Dali. Cette femme sans visage dévorée par les flammes est le symbole du mystère de la féminité.

Canapé Lèvres de Mae West
La méthode paranoïaque-critique consiste à voir plus d'objets que dans la réalité «normale», Ici, Dali part d'une image réelle, une photographie de l'ac- trice américaine Mae West, pour créer un objet surréaliste. Il réalise d'abord une gouache, Visage de Mae West, pouvant être utilisée comme appartement sur- réaliste (1934-1935) où chaque élément de son visage est transformé en élément de mobilier. La bouche devient canapé, les cheveux des rideaux, les yeux des tableaux. Il fait ensuite réaliser plusieurs divans d'après des croquis originaux. L'un de ces divans est intégré dans la «pièce>> trompe-l'oeil du Teatro-Museo Dalí, à Figueras.

La Cène
La Cène (terme issu du latin cena: repas du soir) est le nom donné par les chrétiens au dernier repas que Jésus-Christ prit avec les Douze Apôtres le soir du Jeudi saint, avant la Pâque juive, peu de temps avant son arrestation, la veille de sa crucifixion. Dali peint la Cène en 1955 en ayant à l'esprit la règle suivante: «La communion doit être symétrique. C'est une référence à la géométrie du tableau éponyme peint selon la perspective albertienne par Léonard de Vinci dans le réfectoire de Santa Maria Delle Grazie. Ce plâtre original a ensuite servi à l'édition d'une version en laiton doré tiré à 160 exemplaires.

Ceci n'est pas une assiette
Dalí rend ici hommage au tableau du peintre belge surréaliste René Magritte (1898-1967) Ceci n'est pas une pipe (1928-29). L'inscription dalinienne est plus troublante car, apposée sur l'objet et non sur sa représentation, elle induit à douter d'un principe fondamental de la logique traditionnelle: le principe d'identité.

Adam & Eve
Au Jardin d'Eden, Adam, Eve et le serpent. Ce moment clef de l'histoire biblique a été exploité sous de nombreuses formes par Dali, dans un hommage évident à Dürer, mais aussi en résonnance avec son his- toire personnelle avec Gala. La rencontre avec Gala provoque en effet un reniement de Dalí par son père, comme chassé du Paradis.

La vision de l'ange
Salvador Dali détourne l'iconographie chrétienne. Croyant en la force du sym- bolisme religieux, il formalise dans cette Sculpture son idée de l'unicité de Dieu et de la Trinité. Attribut divin, créateur de vie, un pouce géant fait naître de jeunes branches. À la droite de Dieu se tient son fis, fait homme, qui s'éveille à la vie. À sa gauche, le personnage ailé symbolise le Saint Esprit, qui transmet le Verbe, la vérité.

La Main Divine
La Main Divine est issue d'une empreinte de la main de Dalí, inscrite dans une des plaques de cire qu'il aimait modeler et qui lui étaient fournies à sa demande par la Maison Daum, à l'hôtel Meurice, où il rési- dait lorsqu'il était à Paris. Du négatif de cette empreinte a été créé un surmoulage monté sur une sorte de bras semi-cy lindrique, sur une proposition du directeur artistique de la cristallerie Daum, Jean- Pierre Demarchi et acceptée par l'artiste, comme le confirme une fiche de modèle. Cette paume, refermée sur la matière qu'elle pétrit et dont le titre fait référence au Jugement Dernier de Michel-Ange est une métaphore de l'artiste démiurge La couleur de cette pièce évoque celle des bas-reliquaires d'orfèvrerie médiévale.

Christ de Saint Jean de la Croix
Cette sculpture est inspirée du célèbre tableau Le Christ de St Jean de la Croix peint par Dali en 1951. La sculpture repré- Isente ici le Christ, mais sans la croix, le corps supporté par un énorme clou, la pointe fichée dans une pyramide de pierres du Golgotha (lieu de crucifixion du Christ), usées et polies par les pieds des pèlerins. Le clou est fixé sur un trèfle, dont se servit Saint Patrick pour expliquer la Sainte Trinité aux Irlandais.

Téléphone Homard
Le Téléphone Homard, autrement connu sous le nom de « Téléphone Aphrodisiaque», est un des exemples les plus célèbres de la pratique surréaliste de juxtaposition d'éléments quotidiens totalement disparates. Dalí croyait que ses objets pourraient révéler les désirs secrets de l'inconscient. Il mettait l'emphase sur l'effet provocateur et mystérieux d'association d'objets apparemment sans rapport. Les homards et les téléphones avaient des connotations sexuelles fortes pour Dali. Ces symboles sont récurrents dans son travail de cette période. Il a aussi établit une analogie proche entre la nourriture et le sexe. Dans le Téléphone Homard, la queue du crustacé, où ses organes sexuels sont placés, est placée (située) directement sur le combiné de l'appareil.

Cantique des cantiques
Le Cantique des Cantiques est un livre de la Bible qui se termine par l'affirmation que l'amour est «comme une étincelle divine», dans lequel deux jeunes amants cherchent en vain à se retrouver. Selon la tradition, ce «poème érotique» aurait été composé par le Roi Salomon en personne, à l'atten- tion de sa femme égyptienne Sulamita. En illustrant et transformant le message de ce cantique antique, Dali réinterprète le message en le présentant d'une façon plus moderne, inspiré par son propre amour pour sa femme Gala.


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