Pour une fois, une scénographie intéressante pour cette exposition du château de Fontainebleau dont voici la présentation :
«La magnificence et la galanterie n'ont jamais paru en France avec tant d'éclat que dans les dernières années du règne de Henri second », Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves.
Siècle de « galanterie », de guerres, d'art et d'idées, le siècle des Valois est aussi demeuré dans l'histoire comme celui des fêtes. De François Ier à Henri III, la cour de France éblouit ses voisins européens par le faste de ses banquets, la beauté des châteaux qui accueillent les réjouissances, la splendeur des costumes et le plaisir que l'on prend à écouter les musiciens et à admirer les danseurs.
La correspondance des ambassadeurs fait usage de tous les superlatifs pour décrire ces grandes occasions. Pourtant, par nature, la fête est éphémère.
Elle disparaît une fois les invités partis et ne laisse derrière elle que quelques bribes de sa genèse et des souvenirs. Comment exposer et expliquer la fête ?
Le château de Fontainebleau, qui en accueillit souvent à la Renaissance, se propose de partir à la recherche de ces fêtes perdues grâce aux quelques traces qui en subsistent, esquisses de costumes, plans de jardins, récits de tournois
ou de ballets. Bien souvent, le visiteur devra s'échapper du réel pour imaginer et reconstituer le spectacle ou l'accoutrement à partir des fragments qui nous sont parvenus. Il croisera les artistes, les poètes mais aussi les monarques
parmi lesquels une figure se détache : Catherine de Médicis, qui fit des fêtes à la cour de France une arme politique célébrée par un somptueux ensemble de tapisseries, la Tenture des Valois.
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Sphinge polygnaste
Vers 1546
Plume et encre brune, pierre noire, aquarelle
Stockholm, Nationalmuseum
Ce costume de sphinge portant le Némès témoigne de l'"égyptomanie" qui gagne la cour de France dans les années 1540 à la suite de la publication du Songe de Poliphile et des expéditions en Egypte de Pierre Belon et André Thevet. On sait par la correspondance de l'ambassadeur du duc de Ferrare Hercule II d'Este que ce costume a été porté par le roi François Ier et son ami le cardinal de Lorraine lors de la mascarade d'un mariage au Louvre en janvier 1546.
FRANCESCO COLONNA
(VENISE, 1433-VENISE, 1527)
Hypnerotomachie ou Discours du Songe de Poliphile
Paris, Jacques Kerver, 1546
Livre imprimé
Paris, Beaux-Arts de Paris, Les 1360.
Publié à Venise en 1499, Le Songe de Poliphile est l'un des ouvrages les plus célèbres de la Renaissance. Ce roman d'amour initiatique mène le héros Poliphile à travers de nombreuses aventures pour conquérir le cœur de Polia. A la fin cependant, alors qu'il touchait au but, Poliphile se réveille : tout cela n'était qu'un rêve. Ce roman a beau coup inspiré les artistes de la Renaissance qui réemployèrent les motifs exotiques rencontrés par le héros: pyramides, hiéroglyphes, ruines antiques, mais également un curieux éléphant portant un obélisque sur son dos.
Relation de l'entrée de Henri II, Roi de France, à Rouen le premier octobre 1550
1550
Manuscrit enluminé
Rouen, Bibliothèque municipale
L'entree d'Henri II à Rouen en octobre 1550 fut l'une des plus spectaculaires de tout le siècle. La ville de Rouen organisa en effet bon nombre de divertissements: bataille navale sur la Seine, reconstitu tion d'un combat de tribus brésiliennes sur une petite ile ou encore chars de triomphe, tirés par des licornes ou des éléphants et défilant devant le nouveau souverain, installé sous un dais, dans son habit de couleur sable, en compagnie des officiers de la Couronne.
ENTRÉES ROYALES
Cérémonie rituelle de la prise de pouvoir du souverain, l'entrée royale dans la ville constitue un moment de communication festive entre le roi et son peuple. Si elle se développe depuis le XIVe siècle, l'entrée devient à la Renaissance un évènement politique et artistique de tout premier plan. Architectes, peintres et poètes imaginent sur le parcours du roi dans la cité de savants arcs de triomphe réalisés dans des matériaux périssables, bois, carton ou toile, narrant les histoires héroïques des origines du royaume, comme celle de l'Hercule Gaulois, fondateur légendaire de la ville de Paris. Des chars tirés par des chevaux ou des éléphants défilaient aussi devant le nouveau souverain. À cette occasion, la ville offrait au roi un présent somptueux, comme le vaisseau d'or présenté par la ville de Paris à Henri II en 1549, malheureusement disparu mais dont on conserve le dessin préparatoire. Les souvenirs de ces cérémonies nous sont parvenus grâce à la publication, rapidement après les évènements, de livrets manuscrits ou imprimés, illustrés par des gravures ou des enluminures décrivant les inventions les plus remarquables de ces grandes fêtes publiques.
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Char guidé par un Turc
1540-1550
Plume et encre brune, aquarelle
JEAN MAIGNAN (ACTIF DANS LE DERNIER QUART DU XVI" SIÈCLE) ET JEAN PERRISSIN (1536-1616)
Entrée de Henri IV à Lyon
Vers 1594 Eau-forte
D'APRÈS ANDREA VICENTINO (VICENCE, VERS 1542-VENISE, VERS 1617)
La Réception du futur Henri III sur le Lido en 1574
Vers 1593 Huile sur toile
Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Fuyant son nouveau royaume de Pologne pour rejoindre la France, le duc d'Anjou, futur Henri III, fit une entrée triomphale à Venise en juillet 1574. Accueilli par le doge Alvise Mocenigo, il pénétra dans la Sérénissime par le Lido. On distingue derrière le cortège l'arc de triomphe éphémère construit pour l'occasion par le célèbre architecte Andrea Palladio, glorifiant les prouesses militaires du souverain.
ANONYME
Le Pont-Neuf paré d'arcs de triomphe
France, vers 1588 Huile sur toile
Paris, Musée Carnavalet, P621, dépôt du Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
Après le sacre de chaque souverain, la ville de Paris organisait une grande entrée, ponctuée d'arcs de triomphe, d'obélisques et d'édifices installés pour quelques jours à des points centraux de la capitale. Si ce projet pour le Pont Neuf ne fut jamais réalisé, il évoque, par le décor de pyramides, d'arches et de pavillons qui dialogue avec les lignes architecturales de la cité, les artifices éphémères des entrées royales.
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
D'APRÈS ROSSO FIORENTINO
(FLORENCE, 1494-PARIS, 1540)
Neptune sur un char
Vers 1540
Plume et encre brune, lavis brun
Stockholm, Nationalmuseum
Rosso Fiorentino s'était aussi fait une spécialité de dessins pour les fêtes, déjà à Florence lors de l'entrée du pape Léon X en 1515, mais également à la cour de François I", notamment lors de la venue de Charles Quint en 1539 Ce dessin est une copie par Primatice d'un projet de Rosso qui appartient peut-être à une série de représentations de dieux sur des chars, destinés à defiler lors d'une grande fête royale.
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE. 1503-PARIS, 1570)
Diane sur un char
Vers 1540
Plume et encre brune, lavis brun
FRANCESCO PRIMATICCIO,
DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Le Char de Junon
1540-1550
Plume et encre grise, pierre noire, aquarelle
Stockholm, Nationalmuseum
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Un héros dont le char est tiré par deux captifs
1540-1550
Plume et encre brune, aquarelle
Stockholm, Nationalmuseum
Le char reproduit ici a été conçu pour l'entrée en Avignon d'Henri IV et sa nouvelle épouse, Marie de Médicis, en 1600. Parmi les extravagants décors et festivités, le char triomphal du couple royal était tiré par des chevaux portant des «costumes » d'éléphants.
LA TENTURE DES VALOIS
Catherine de Médicis est très probablement à l'origine de la commande de cette luxueuse série de tapisseries représentant des fêtes de Cour. On reconnaît au premier plan les portraits de la famille royale: la reine mère, accompagnée de son nain, ses enfants, Marguerite de Valois, le futur Henri III, le duc d'Alençon, mais aussi de son gendre Henri de Navarre, le futur Henri IV. Ils ont été exécutés à partir de dessins de portraitistes de la Cour, adaptés par les cartonniers à l'échelle de la tapisserie. Le peintre Antoine Caron (1521-1599), un familier de la cour des Valois, donna quant à lui les dessins préparatoires pour les scènes de fêtes qui occupent le centre de chaque pièce. Ce sont ensuite les lissiers de Bruxelles, capitale de la tapisserie à la Renaissance, qui se chargèrent du tissage de la tenture à partir des dessins, probablement au début des années 1580. Les trois pièces présentées ici témoignent de l'inventivité des réjouissances sous le règne de Charles IX. On y découvre ainsi l'assaut d'une baleine artificielle sur une rivière, une bataille navale sur l'étang de Fontainebleau et la mêlée finale d'un grand tournoi mythologique.
D'APRÈS LE DESSIN D'ANTOINE CARON (1521-1599) ATELIERS DE TAPISSERIE DE BRUXELLES
Fête nautique sur l'Adour
1575-1584
Laine, soie, fil d'or et fil d'argent
Marques: BB, MGP, WF
Florence, Gallerie degli Uffizi- Palazzo Pitti, Arazzi
A Bayonne, en juin 1565, Catherine de Médicis et son fils Charles IX devaient accueillir le roi Philippe II d'Espagne afin de discuter de la question protestante. Le roi ne vint pas mais envoya ses ambassadeurs à la grande fête qui fut organisée à cette occasion. La tapisserie en raconte les principaux épisodes. Au premier plan à gauche, on reconnaît Marguerite de Valois dans une somptueuse robe et son époux Henri de Navarre le futur Henri IV de dos, accompagnés de Charles III de Lorraine, gendre de la reine-mère. Un grand bateau s'avance sur la rivière. Catherine de Médicis est assise à l'intérieur, à la poupe, dans son costume noir de veuve. Au milieu des flots, plusieurs embarcations occupées par des hommes vêtus à l'Antique ou à l'Orientale attaquent avec leurs lances une grande machine en forme de monstre marin, que les textes de l'époque décrivent comme une baleine. Derrière, un autre engin mécanique s'avance : une tortue sur laquelle cinq tritons sont juchés et jouent de la trompette. Enfin, au fond à gauche, on aperçoit un char tiré par trois chevaux marins. Il est conduit par Neptune, le dieu des mers qui tient son trident et vient reprendre le contrôle sur les eaux après l'assaut de la baleine.
D'APRÈS LE DESSIN D'ANTOINE CARON ( 2I-1599) ATELIERS DE TAPISSERIE DE BRUXELLES
Fontainebleau
1575-1584
Laine, soie, fil de prime or et fil d'argent
Marques: BB, MGP, WF Florence, Gallerie degli Uffizi-Palazzo Pitti, Arazzi
Le château de Fontainebleau fut souvent le théâtre de fêtes à la Renaissance. En février 1564, à l'occasion du carnaval, Catherine de Médicis en organisa de particulièrement superbes qui se déroulèrent à l'intérieur du château comme dans les jardins. Elles ont en partie inspiré la composition de cette tapisserie. On reconnaît ainsi la cour de la Fontaine avec les arcades de l'aile de la galerie François I(er) , la porte Dorée et surtout l'étang du château autour duquel se pressent les membres de la cour. Une petite île est située au milieu de l'étang. A moitié imaginaire, elle est défendue par des hommes sauvages, symbole du Nouveau Monde, en cette époque de découvertes et d'explorateurs. Le chef de la tribu y a planté son palanquin. Tout autour, de riches galions portant hommes en armes et musiciens, vêtus de costumes de guerriers exotiques encerclent le petit territoire. Au premier plan, à droite, deux personnages regardent le spectateur et l'invitent à entrer dans l'image: il s'agit du duc d'Anjou, le futur Henri III, roi de France à l'époque de la réalisation des tapisseries et de son épouse Louise de Lorraine vêtue d'une exceptionnelle robe brochée d'or enrichie de joyaux et de perles, tenant son mari par la main.
D'APRÈS LE DESSIN D'ANTOINE CARON (1521-1599) ATELIERS DE TAPISSERIE DE BRUXELLES
Le Tournoi
1575-1584
Laine, soie, fil d'or et fil d'argent
Marques : BB
Florence, Gallerie degli Uffizi- Palazzo Pitti, Arazzi
Le 25 juin 1565, les fêtes de Bayonne se terminèrent par un spectaculaire tournoi mythologique organisé par Catherine de Médicis. Il opposait les chevaliers de Grande-Bretagne aux chevaliers d'Irlande. Les premiers défendaient les Vertus tandis que les seconds représentaient l'Amour. Ce combat chevaleresque constitue le sujet de la tapisserie. La reine-mère Catherine de Médicis est représentée sur la gauche, en pied. C'est la seule tapisserie sur laquelle elle apparaît ainsi. Elle est accompagnée de son nain, de sa fille Marguerite de Valois et de son gendre, Henri de Navarre. Au fond de l'image, de chaque côté d'une tribune, des chars tirés par des chevaux portent les figures allégoriques de la Vertu et de l'Amour, récitant des vers avant le début du combat pour présenter les participants. Au premier plan, on assiste à l'épisode final du tournoi : la mêlée. Deux cavaliers, peut-être le roi Charles IX lui-même et son frère cadet le futur Henri III, portant des armures étincelantes et des boucliers ornés de symboles mythologiques s'affrontent au milieu du champ. Leurs chevaux sont très richement empanachés de plumes et de glands de passementerie. Partout sur le sol explosent des boules de feu, ancêtres des feux d'artifice qui firent de l'issue de ce tournoi un véritable spectacle pyrotechnique.
BERNARDO BUONTALENTI (FLORENCE, 1536 - FLORENCE, 1608)
Modèle de costume de nymphe marine pour un intermède de La Pellegrina
Pierre noire, plume, aquarelle carmin, jaune, vert et bleu
Florence, Biblioteca Nazionale
Ce costume de nymphe marine, réalisé en satin « bleu turquin », écailles d'argent, perles, coquillages et corail, est l'une des créations les plus audacieuses de Buontalenti pour le cinquième intermède de La Pellegrina Sur la feuille, la danseuse émerge de l'eau en esquissant un gracieux pas de danse. La nymphe et ses consoeurs célébraient par leur chant les noces du grand-duc de Toscane et de la petite princese de Lorraine.
BERNARDO BUONTALENTI (FLORENCE, 1536-FLORENCE, 1608)
Modèle de costume pour Arion dans un intermède de La Pellegrina
1589
Pierre noire, plume et encre noire, aquarelle
Florence, Biblioteca Nazionale
En plus des décors de scène, Buontalenti conçut également les costumes pour la représentation de La Pellegrina et ses intermèdes, Ce costume d'Arion fut porté par le chanteur florentin Jacopo Peri. surnommé le Zazzerino, au cinquième intermède du spectacle. L'histoire de ce poète qui charma les dauphins figurait déjà aux fêtes de Bayonne, représentées sur l'une des pièces de la Tenture des Valois. Ici, il est représenté appuyé sur sa lyre sculptés d'un buste de femme.
JEAN DECOURT (VERS 1530-1585) ET SON ATELIER
Marguerite de France, future reine de Navarre, puis de France (1553-1615) Huile sur bois
Chantilly, Musée Condé
Marguerite de France, fille cadette de Catherine de Médicis accompagna sa mère et son frère Charles IX lors de leur grand tour du royaume entre 1564 et 1566. Ses mémoires livrent un témoignage vibrant des fêtes données à Bayonne, Le portrait la représente âgée d'une quinzaine d'années et offre l'image d'une princesse sophistiquée, dont le sens du style se révèle déjà dans la robe brodée de pierreries et de perles.
Horae ad usum romanum dites Heures de Catherine de Médicis
Vers 1572 Manuscrit enluminé - 223 feuillets
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits
Ce livre d'heures, réalisé pour François Ier a été enrichi par Catherine de Médicis. Il comprend une série de portraits de la famille royale, réalisés par ou d'après les modèles des grands portraitistes de la cour. La miniature représentant Christine de Lorraine, petite-fille de Catherine de Médicis qui hérita de cet ouvrage, témoigne de l'affection que lui portait sa grand-mère. Livre de prières, cet objet est aussi un bijou. Catherine de Médicis le dote en effet d'une superbe reliure à la fanfare, ornée d'appliques d'or émaillé et du monogramme < HC », La reine-mère pouvait ainsi conserver sur elle, à la ceinture, les portraits de sa précieuse progéniture.
D'APRÈS JEAN DECOURT (VERS 1530-1585)
Henri de France duc d'Anjou, futur Henri III
Huile sur bois
Chantilly, Musée Condé
Jean Decourt succéda à François Clouet comme portraitiste de la cour. Il exécuta de nombreux dessins dont certains servirent de modèles aux portraits tissés de la Tenture des Valois. Ici, il représente Henri de France avant son accession au trône, coiffé d'un toquet à plume. Le jeune prince était un amateur de fêtes. de tournois et de spectacles. Il est d'ailleurs représenté à plusieurs reprises sur la Tenture des Valois.
DES VALOIS AUX MÉDICIS
Arrière-petite fille de Laurent le Magnifique, Catherine de Médicis demeura très attachée à ses racines florentines et conserva des liens avec la branche cadette qui régnait desormais sur Florence. Dans les dernières années de sa vie, elle s'emploie toujours à tisser la toile des Valois en Europe à travers une ambitieuse politique matrimoniale au profit de ses enfants. Très attachée à l'une de ses petites-filles, la duchesse Christine de Lorraine, elle se charge de lui trouver un époux et son choix s'arrête sur le nouveau grand-duc de Toscane, Ferdinand Ier de Médicis. Pour la seconde fois depuis le mariage de Catherine avec Henri II en 1533, les Valois et les Médicis unissent leur sang. La reine-mère mourra malheureusement avant les noces qui se déroulèrent à Florence au début du mois de mai 1589. Les fêtes durèrent plusieurs semaines et, en bien des points, elles rappelaient celles de la cour de France : bataille navale dans la cour du Palazzo Pitti, quintaines costumees, intermèdes dansés par des nymphes musiciennes habillées d'après les dessins de Bernardo Buontalenti. C'est enfin à cette occasion que la Tenture des Valois prit le chemin de Florence, parmi les cadeaux offerts par Catherine de Médicis à l'héritière des Valois, nouvelle grande-duchesse de Toscane.
D'APRÈS FRANÇOIS CLOUET
(TOURS, VERS 1520-PARIS, 1572)
Catherine de Médicis
(1519-1589)
Huile sur bois
Paris, Musée Jacquemart-André
<< ELLE DÉPENSAIT ET DONNAIT TOUT OU FAISAIT BÂTIR OU DEPENSAIT EN HONORABLES MAGNIFICENCES; ET PRENAIT PLAISIR DE DONNER TOUJOURS QUELQUE RÉCRÉATION À SON PEUPLE OU À SA COUR COMME EN FESTINS BALS, DANSES, COMBATS, COUREMENTS DE BAGUES DONT ELLE EN A FAIT TROIS FORT SUPERBES DANS SA VIE »
Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme, « Vie de Catherine de Médicis », Des Dames
BERNARDO BUONTALENTI
(FLORENCE, 1536 - FLORENCE, 1608)
L'Enfer
1589
Plume et encre brune, pierre noire, aquarelle
Paris, Musée du Louvre, département des Arts graphiques
Pour célébrer le mariage de Christine de Lorraine et Ferdinand Ier de Médicis, la ville de Florence organisa un spectacle exceptionnel : la représentation d'une pièce de théâtre lyrique, La Pellegrina entrecoupée d'une série d'intermèdes dans le théâtre des Offices, le 2 mai 1589. Bernardo Buontalenti est à l'origine des décors de scène, dont celui de l'Enfer, présenté au quatrième intermède.
Cet agrandissement d'un dessin d'Antoine Caron, présente une com position préparatoire pour l'une des tapisseries de la Tenture des Valois. La cour est représentée avec son cortège de carrosses, de musiciens et d'animaux quittant le château d'Anet, chef-d'oeuvre de l'architecture française de la Renaissance.
LES VALOIS ET LA FÊTE
Si les entrées royales sont des fêtes organisées par la ville pour célébrer le roi, celui-ci orchestre également des réjouissances pour divertir sa cour. Toutes les occasions se prêtaient à la fête : mariages, baptêmes, entrevues diplomatiques ou encore carnavals. Les ambassadeurs de Mantoue, Florence ou Londres qui y furent conviés en revenaient bien souvent ébahis. Sous le règne de François Ier, le camp du Drap d'Or et le séjour de Charles Quint à Fontainebleau en 1539 démontraient déjà que les enjeux de la fête étaient politiques : il fallait éblouir pour dominer. Catherine de Médicis à son tour en fit une arme diplomatique. A Fontainebleau en février 1564 à l'occasion du carnaval, l'année suivante à Bayonne lors de la rencontre entre Charles IX et les ambassadeurs de Philippe II d'Espagne, ou encore à Paris, pour la réception des ambassadeurs polonais en 1573, les fêtes, toutes soigneusement organisées par la reine, servaient une ambition politique et philosophique: la paix. Chaque tournoi, chaque bataille navale et chaque ballet se terminait sur la réconciliation des adversaires dans la musique et l'harmonie, métaphore espérée de la réconciliation des protestants et des catholiques en plein cœur des guerres de Religion.
ANTOINE CARON
(BEAUVAIS. 1521- PARIS, 1599)
Carrousel à l'éléphant
Huile sur panneau
Paris, collection particulière.
D'APRES FRANÇOIS CLOUET (TOURS, VERS 1520 - PARIS, 1572)
Portrait du duc d'Anjou, futur Henri III, en armure de parade
1560-1573
Pierre noire et sanguine
Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie
Ce dessin a été mis en relation avec les portraits du futur Henri III envoyés à Elisabeth I d'Angleterre, à l'époque où Catherine de Médicis envisageait l'union de son fils à la reine Tudor. Le prince porte ici une demi-armure à décor de rinceaux au-dessus de son pourpoint. Ce genre de harnois pouvait être porté pour des jeux moins violents, tels que la quintaine ou le jeu de bagues.
JEAN PERRISSIN (1536? — 1611?)
ET JACQUES TORTOREL (ACTIF ENTRE 1568 ET 1592)
Le Tournoy ou le Roy Henry II, fut blessé à mort, le dernier de juin, 1559
Genève, 1569 - 1570
Gravure sur cuivre
Paris, Bibliothèque nationale de France.
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS. 1570)
Modèle pour un costume d'homme à cheval
1540-1550
Plume et encre brune, aquarelle
ANONYME FRANÇAIS
Chevalier armé pour le combat à la barrière
Plume et encre brune, lavis brun et gris, aquarelle
Paris, Musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild
Avec son haut cimier de plumes et sa pique de Suisse, ce chevalier s'apprête à se lancer dans un combat à la bar rière, une joute à pied qui opposait les combatants dans un champ délimité par des barrières. Ce jeu, moins violent que le tournoi traditionnel, était très populaire à la cour des Valois et permettait aux participants d'arborer d'éblouissantes tenues de joute.
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503-PARIS, 1570)
Modèle pour un porte-enseigne romain
1540-1550
Plume et encre brune, aquarelle
Florence, Biblioteca Nazionale Centrale.
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 – Paris, 1570)
David tenant sa fronde et portant la tête de Goliath à la ceinture
Vers 1546
Plume et encre gris-brun, aquarelle
Stockholm, Nationalmuseum
Ce costume de David fut porté par six gentilshommes français lors d'une mascarade donnée à l'occasion d'un mariage, au palais du Louvre en janvier 1546. La encore Primatice s'inspire de Michel-Ange
Rosso FIORENTINO (FLORENCE, 1494- PARIS, 1540)
Guerrier de profil, vêtu à l'Antique
1530-1540
Plume et encre noire, lavis beige, aquarelle, rehauts d'or et d'argent (ou de blanc)
Paris, Musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Persée debout tenant la tête de Méduse
1540-1550
Plume et encre brune, aquarelle
Florence, Biblioteca Nazionale Centrale, Ms. Palat.
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Figure masquée vue en buste, de trois quarts vers la droite
1540-1550
Plume et encre noire, lavis gris et beige, aquarelle
PIERRE MILAN (DOCUMENTE ENTRE 1542 ET 1547) LEONARD THIRY (VERS 1500 - VERS 1550).
D'APRES ROSSO FIORENTINO (FLORENCE, 1494-PARIS, 1540)
Buste de personnage masculin portant un masque
Vers 1549 Estampe
Paris, Beaux-Arts de Paris, Est. 2936.
Rosso Fiorentino, chargé des décors au château de Fontainebleau, proposa égale ment de nombreux modèles de masques aux ornements de cuirs découpés, de rubans entremêlés, de perles et de cabochons pour les mascarades. Ces masques qui sont de son invention et se présentent en couples ont été gravés au burin par Pierre Milan d'après des dessins de Léonard Thiry, peintre d'ori gine flamande et assistant de Rosso sur les chantiers de Fontainebleau.
FRANCESCO PRIMATICCIO,
DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570) Modèle pour un costume de femme-caryatide
1540-1550
Plume et encre grise, aquarelle
Stockholm, Nationalmuseum
L'imagination de Primatice pour la création de costumes était débridée. Ici, ce costume féminin représente une femme vêtue à l'antique et portant sur son chef un élément d'architecture tandis que son corps prend la forme d'une gaine, Peut-être représente t-elle une caryatide ayant pris vie, comme celles que l'on pouvait admirer dans les décors de Fontainebleau, dans la galerie François I" ou la chambre de la duchesse d'Etampes.
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
La Discorde
1540-1550
Plume et encre brune, lavis d'encre et aquarelle
Florence, Biblioteca Nazionale
L'un des écoinçons de la salle de Bal du château de Fontainebleau représentait, au -dessus de la table du banquet, la scène des noces de Thétis et Pelée. Cet épisode des Métamorphoses d'Ovide symbolise une occasion festive autant que funeste, puisqu'il est aussi à l'origine de la guerre de Troie, Ce modèle de costume représente justement la déesse Eris, fille de la Nuit, Le drapé virevoltant et le remarquable traitement à l'aquarelle de la figure en font l'un des plus beaux dessins de costumes de l'artiste.
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Figures costumées en Faune, Sylvain et Pan de profil vers la gauche portant des plats Plume et encre brune, aquarelle
1540-1550
Florence Biblioteca Nazionale
Un faune, Sylvain, le dieu des forêts et Pan se dirigent vers la gauche en portant des coupes, sans doute afin de présenter aux convives quelques friandises. Lors des mascarades, il arrivait régulièrement que les protagonistes coordonnent leurs costumes comme c'est le cas pour ces trois hommes-arbres qui rappellent ceux portés par François I et le cardinal de Lorraine faits de toile d'or, de couleur similaire à l'écorce d'un arbre, avec la tête coiffée de lierre et les mains pareillement, lors du carnaval de 1541 à Fontainebleau.
FRANCESCO PRIMATICCIO,
DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Figures costumées en lion, chien à trois têtes et bélier de profil vers la gauche, portant des plats
1540-1550
Plume et encre brune, aquarelle
Florence, Biblioteca Nazionale Centrale
MASQUES, MASCARADES
Lors des fêtes, à la fin du banquet le plus souvent, les invités et même le roi en personne participaient à des mascarades. Issu de l'italien "maschera" qui signifie masque, la mascarade consistait en un défilé de personnages vêtus de costumes extraordinaires et parfois très mystérieux. On voit ainsi François Ir arborer un costume d'ours, d'arbre ou de crevette. Tissés dans les tissus les plus précieux, enrichis de broderies et de pierreries, ces costumes ont aujourd'hui disparu mais on conserve de nombreux dessins préparatoires à leur confection, véritables fêtes sur le papier, exécutés par les plus grands artistes de l'époque comme Léonard de Vinci, Rosso Fiorentino, Francesco Primaticcio ou Antoine Caron. Héros antiques, personnages exotiques, Turcs, Maures, Amazones, créatures zoomorphes comme l'Homme-Grenouille mais aussi cortège sylvestre ou véritable chars miniatures, les « habits de masque », qui marient merveilleusement le savant et le cocasse, témoignent de la créativité débridée des artistes de cour au service de la fête.
Cet agrandissement d'un dessin d'Antoine Caron (Cambridge, Harvard Art Museums), nous invite à assister au Ballet des Provinces de France don né par Catherine de Médicis pour les ambassadeurs polonais, au jardin des Tuileries. Sur un char en forme de montagne, des nymphes offrent au roi des médaillons portant un symbole de chaque province du royaume, tandis que les convives dansent une pavane.
FRANCESCO PRIMATICCIO,
DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Apollon, l'Amour et Cyparisse
1552-1556
Sanguine, rehauts de blanc, traces de stylet
FRANCESCO PRIMATICCIO,
DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Étude pour une Naïade
1552-1556
Sanguine, rehauts de blanc
Paris, Musée du Louvre, département des Arts graphiques,
Cette naïade aux cheveux relevés dévoilant une longue nuque est caractéristique des figures féminines de Primatice dans les années 1550. Elle est sculpturale à la manière de Michel Ange, mais aussi sensuelle et gracieuse, comme chez Parmigianino. Il s'agit peut-être de la néréide Amphitrite, épouse de Neptune, qui lui fait face de l'autre côté de la salle de Bal.
FRANCESCO PRIMATICCIO,
DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503-PARIS, 1570)
Étude pour Bacchus
1552-1556
Sanguine, rehauts de blanc
Paris, Musée du Louvre, département des Arts graphiques
Ce dessin est préparatoire à la figure de Bacchus, placée dans l'embrasure de la troisième croisée, du côté du jardin, dans la salle de Bal. La cour bure de l'échine du dieu de la vigne, soulignée par les rehauts de blanc sur la colonne vertébrale, témoignent du talent de Primatice pour représenter avec une élégance stupéfiante les lignes du corps masculin.
MUSIQUE ET DANSE
Les rois de France entretiennent de nombreux musiciens souvent chargés d'animer les fêtes au son de leur musique. Pendant les banquets, ils s'installent sur une tribune conçue pour eux - comme dans la salle de bal de Fontainebleau ou la salle des Caryatides du Louvre - ou plus simplement sur une estrade. Ces concerts associent instruments à corde, comme la lyre de bras, la viole ou le luth, des clavecins mais aussi des instruments à vents, le cornet à bouquin, la bombarde et les différentes flûtes. Sous l'influence de Catherine de Médicis, le goût pour les violons italiens se développe. Cet instrument est surtout utilisé lors des bals. On danse en effet beaucoup à la cour et sous le règne d'Henri III deux bals sont donnés chaque semaine. On y pratique la lente pavane, le branle, plus rythmé qui associe plusieurs couples dans une ronde, les sautillantes voltes ou encore les gaillardes avec leurs nombreuses pirouettes. À la fin du siècle, un nouveau type de divertissement musical voit le jour : le ballet de cour. Spectacle total mêlant poésie, musique, danse et costume, le ballet de cour, dont le plus célèbre exemple est le Ballet comique de la Reyne de 1581, est l'ancêtre de l'opéra moderne.
ANTOINE CARON
(BEAUVAIS, 1521- PARIS. 1599)
Femme au tambourin
1560-1573
Plume et encre brune, aquarelle
Stockholm, Nationalmuseum
FRANCESCO PRIMATICCIO,
DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Mercure et une dame dansant
1540-1550
Plume et encre brune, pierre noire
et aquarelle Stockholm, Nationalmuseum
MAÎTRE DES BALS À LA COUR DES VALOIS
Branle à la Cour de Henri III 1581-1583 Huile sur toile
Paris, musée du Louvre, département des Peintures
Contrairement à la pavane, le branle est une danse rapide au cours de laquelle les danseurs forment une ronde et balancent leurs jambes en avant. Les musiciens en livrée jouent du hautbois et de la musette à droite, tandis que sur la gauche, Catherine de Médicis. Henri III et la jeune Christine de Lorraine se détournent de la scène.
MAITRE DES BALS À LA COUR DES VALOIS Pavane à la cour de Henri III
1581-1583 Huile sur toile
Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
La pavane est une danse de présenta tion au rythme lent qui se pratiquait en couple au début des bals. Sur ce tableau, un couple de courtisans aux splendides costumes traverse une salle de fête au riche décor sculpté. Sous un dais, Henri III et Catherine de Médicis assistent à la scène tandis que sur la gauche, Christine de Lorraine, petite fille de la reine-mère, vêtue d'une robe rose à vertugadin dirige son regard vers le spectateur.
Détail du tableau précédent
Les Bals des Valois
A la Renaissance, le bal est le passe temps préféré des rois. Toute la cour aime danser. Pendant que les musiciens jouent d'instruments à vent et à cordes, des invités observent les couples esquisser les pas rapides du branle ou plus lents de la pavane. C'est parfois le moment pour les danseurs d'échanger des confidences dans le tumulte de la musique.
ÉCOLE DE FONTAINEBLEAU?
Modèles pour des costumes d'Apollon et Diane
Seconde moitié du XVI° siècle Plume et encre brune, lavis brun, aquarelle
Paris, Beaux-Arts de Paris
FRANCESCO PRIMATICCIO,
DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503-PARIS, 1570)
Vieille femme drapée, tenant une lira da braccio et un faisceau de verges
1540-1550
Sanguine, plume et encre grise
ENTOURAGE DE
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Cadran d'horloge avec Apollon, le zodiaque et les emblèmes de Catherine de Médicis
1560-1562
Plume et encre noire, lavis gris, encre brune
Paris, Musée du Louvre, département des Arts graphiques
Cette étude pour un cadran d'horloge orné des signes du zodiaque et du char du Soleil est préparatoire au décor de la "Mi-Voie", une petite maison d'agrément acquise par Catherine de Médicis au coeur du parc de Fontainebleau et décorée par Frémin Roussel et Primatice en 1562. Elle accueillit des fêtes de cour dont celles du carnaval de 1564. pour lesquelles Ronsard composa une Bergerie en vers.
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Modèle pour un costume d'Apollon
1540-1550
Plume et encre brune, lavis brun, aquarelle
Stockholm, Nationalmuseum
FRANCESCO PRIMATICCIO,
DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Les Noces de Thétis et Pelée
1552-1556
Sanguine, rehauts de gouache blanche
New York, Metropolitan Museum of Art
Lors des festins donnés dans la salle de Bal, la table du Roi se trouvait en-dessous de la fresque préparée par ce dessin. Le banquet de cour et le banquet des dieux ne faisaient alors qu'un. Sur ce dessin, tous les invités se réunissent autour de la table. Alors que Momus, le nain des dieux, s'en approche, Eris, la déesse de la discorde y jette la pomme d'or qui sera à l'origine du jugement de Paris et de la guerre de Troie.
NICOLÒ DELL'ABATE
(MODENE, 1509 OU 1512 - FONTAINEBLEAU, 1571)
Le Parnasse
Après 1552
Plume et encre brune, lavis brun, rehauts de blanc
Paris, Beaux-Arts de Paris, EBAL
Si Primatice donna les dessins pour le décor de la salle de Bal, c'est Nicolò dell'Abate qui fut chargé d'exécuter les fresques sur les murs. Le Parnasse occupe le deuxième écoinçon côté cour. La composition s'inspire d'une fresque réalisée par Raphael pour le pape Jules II dans la chambre de la Signature au Vatican. Sur ce dessin. Nicolo dell'Abate réutilise la composition bellifontaine et y ajoute en arrière-plan un elegant paysage.
FRANCESCO PRIMATICCIO, DIT PRIMATICE (BOLOGNE, 1503 - PARIS, 1570)
Vulcain forgeant les armes de l'Amour
1552-1556
Sanguine, rehauts de gouache blanche
New York, Metropolitan Museum of Art
Au centre de la composition, Vulcain active son soufflet pour forger une flèche destinée au carquois de Cupidon, qui nous regarde, assis sur le bord de l'écoinçon. Le dieu forgeron est assis té par une ribambelle de putti qui font tourner la roue de la meule ou refroi dissent le métal. Primatice s'inspire ici à la fois de l'Antiquité (l'Apollon du Belvédère) et de l'art puissant et musculeux de Michel-Ange,
A FONTAINEBLEAU
Fontainebleau est, au XVIe siècle, le lieu de fêtes par excellence. Tournois dans les cours, spectacles dans les jardins, naumachies sur l'étang offraient aux Valois une grande variété de plaisirs. En 1547, François Ier décide de créer dans le château un lieu spécifiquement dédié à la fête, la salle de bal. Le peintre italien Francesco Primaticcio (1504-1570) imagine alors un programme iconographique consacré aux joyeux plaisirs du pain (Cérès), du vin (Bacchus), de la musique (Apollon), de la danse (les muses) et de l'amour (Vénus). Ses dessins préparatoires sont transposés sur les murs de la salle par un autre artiste de l'école de Fontainebleau, Nicolo dell'Abate (1512-1571). Lors des fêtes du carnaval en 1564, on joue une pièce tirée du répertoire de Ludovico Ariosto, dit l'Arioste, dans la salle de Bal, pour Catherine de Médicis. Le spectacle s'accompagne d'un défilé de chars portant des allégories de l'Amour et de la Chasteté. Plus loin, dans le parc du château, d'autres fêtes sont données à la Mi-Voie, une petite ferme idéale acquise par Catherine de Médicis, que le grand poète Pierre de Ronsard célèbre dans ses vers comme la « bergère » d'un nouvel âge d'or.
HENRI IV, LE DERNIER PRINCE VALOIS
Représenté plusieurs fois sur la Tenture des Valois, lorsqu'il était encore l'époux de la princesse Marguerite, Henri de Navarre monte sur le trône de France en 1589 après l'assassinat d'Henri III à Saint-Cloud. C'est la fin de la dynastie des Valois, dont le premier roi Bourbon était aussi aussi à bien des égards le dernier prince. Élevé dans le faste des fêtes de Catherine de Médicis, il est son digne successeur à Fontainebleau, ici-même, dans la salle dite de la Belle Cheminée. Elle avait en effet été conçue comme une fastueuse antichambre par Francesco Primaticcio pour Charles IX en 1570. Henri IV la complète avec une cheminée monumentale, dont le décor martial mais plein de panache évoque les créations du règne précédent. Lors du baptême de son fils, le futur Louis XIII en septembre 1606, Fontainebleau se métamorphose nouveau en palais des fêtes : festin dans la salle de la Belle-Cheminée, bal dans la salle de Bal et même un spectaculaire feu d'artifice - le premier du genre - imaginé par Sully dans la plaine d'Avon.
MATHIEU JACQUET (VERS 1545-1611)
Casque sculpté au chiffre d'Henri IV provenant de la Belle Cheminée du château de Fontainebleau
1598-1600 Marbre
Fontainebleau, Musée national du châteaude Fontainebleau, s.n.
Pour cette grande salle précédant l'appartement du Roi, imaginée par Primatice en 1570, Henri IV commanda en 1597 un nouveau décor en marbre, de plus de sept mètres de haut, la Belle-Cheminée. Sous le grand relief équestre représentant le souverain en César était posé son casque empanaché, un ambitieux morceau de sculpture imitant les ciselures d'un heaume métallique et portant sur la gorgerette le chiffre du premier roi Bourbon.
ATELIERS DU LOUVRE
D'APRES ANTOINE CARON (BEAUVAIS, 1521-PARIS, 1599)
ET HENRI LERAMBERT
(FLORENCE, 1536- FLORENCE, 1608)
Histoire de la reine Artémise Chevaux Caparaçonnés
Vers 1606
Tapisserie laine, soie
Paris, Mobilier national, GMT 11-005.
Cette grande tapisserie appartient à la tenture de l'Histoire de la reine Artémise, projetée sur le papier sous le règne de Catherine de Médicis, mais qui ne fut tissée que sous le règne d'Henri IV. Elle évoque, par l'opulence des armures et des harnachements des chevaux, la splendeur des cortèges animant les en trées royales ou ceux représentés dans les tournois de la Tenture des Valois
Et pour finir quelques photos prises dans le circuit de visite après l'exposition temporaire pour le plaisir ;