vendredi 26 novembre 2021

Vogue Paris, 1920-2020 au Palais Galliera en novembre 2021

VOGUE PARIS, UN MAGAZINE AU CŒUR DE LA CRÉATION,

Vogue Paris a cent ans; né le 15 juin 1920, il est aujourd'hui le plus ancien des magazines de mode français toujours publiés. Les rédactrices et rédacteurs en chef qui, depuis un siècle, ont été et sont encore maintenant à sa tête sont les fils conducteurs de cette exposition. Leur personnalité, la durée de leur collaboration, leur engagement. leurs choix ont fait la spécificité et la cohérence de cette aventure collective qu'est le magazine.

Raconter l'histoire de Vogue Paris, c'est entrer au coeur de ses pages et de son processus de production. C'est chercher à comprendre un espace ouvert, imprévisible par son renouvellement périodique qui rend nécessaire de bousculer les conventions. Si Vogue Paris est témoin de son époque, il en est aussi et surtout acteur Dès ses débuts et tout au long du siècle, par ses choix éditoriaux, il s'assigne un rôle celui de remettre en question les notions de goût, de beauté, de célébrité, d'élégance: celui de donner à découvrir et à voir la culture et les arts, de soutenir des talents: celui de proposer de nouveaux modes de vie aux lectrices, de nouvelles manières d'envisager leur féminité, leur quotidien. Tous ces motifs se croisent dans Vogue Paris. au confluent de la mode, de Paris et de la création.

Le magazine est ainsi au cœur de l'exposition par la reproduction de ses 1007 couvertures et éditos, ainsi que par ses exemplaires originaux posés sur socles, objets courants devenus rares et précieux et au caractère éminemment patrimonial. Au fil du siècle, illustrateurs et photographes exceptionnels ont fait de la double page de Vogue Paris leur médium privilégié. Dessins et tirages originaux sont ainsi présentés pour mettre en lumière leur matérialité, à laquelle répond celle des vêtements exposés Une histoire bouleversée par le numérique qui annonce les métamorphoses d'un magazine futur.

Mur de couvertures 1920-2020
Juillet 1928
Mars 1930
Août 1937
Novembre 1996
Catherine Deneuve mars 2000

1920-1938

«FROG», UN MAGAZINE TRANSATLANTIQUE 

Le 15 juin 1920, onze ans après le rachat de la gazette sociale américaine Vogue par l'éditeur Condé Nast, Vogue Paris voit le jour. Le diminutif Frog», qui concentre les mots French » et Vogue», est utilisé par les collaborateurs pour communiquer au sein de cette organisation de presse transnationale. Des relations fécondes se nouent alors entre le bureau new-yorkais et l'équipe parisienne, les images et les idées circulant toujours dans une exigence constante de créativité.

L'identité nationale du magazine, comme sa spécificité parisienne sont affirmées dés le titre du premier éditorial. Mais il faut attendre la nomination de Michel de Brunhoff, en décembre 1929, pour tendre vers une autonomisation plus prononcée de l'édition française. Personnalité charismatique, promoteur de talents, celui-ci aime travailler dans une ambiance sociale, entouré de ses collaborateurs Cosette et Lucien Vogel, de la duchesse d'Ayen, mais aussi de ses amis couturiers, dessinateurs, photographes, peintres ou décorateurs. Vogue Paris est alors produit dans des cercles mondains et artistiques où évoluent clientes de haute couture, mannequins et lectrices.

15 juin 1920 
Helen Dryden (1882-1972)
Aquarelle et encre sur papier. Archives Condé Nast, New York

Ce dessin de l'Américaine Helen Dryden fait la couverture du premier numéro de Vogue Paris ainsi que du Vogue américain du 1" juin. Le double emploi de la même illustration à quinze jours d'intervalle témoigne d'une édition française qui ne serait que la simple déclinaison de l'édition américaine. Nous avouons franchement que notre seule prétention est d'offrir une adaptation, pour ne pas dire même une traduction de Vogue américain», annonce l'éditorial du premier numéro. Si c'est le cas pour nombre d'articles, certaines rubriques sont cependant personnalisées pour coller aux attentes des lectrices françaises.

Août 1922
Madame Stoicesco (née Simone de Caillavet). Robe Lucien Lelong
Wladimir Rehbinder (1878-1953)
Tirage gélatino-argentique monté sur carton. Librairie Diktats

Comme l'atteste une réclame parue dans le numéro de septembre 192. Vogue Paris possède un studio photographique situé 9, rue Saint-Florentin (8 arr.). Vogue Studio, aussi appelé «l'atelier de Photographie d'art», est placé sous la direction du comte Wladimir Rehbinder, ancien secrétaire de l'ambassade impériale de Russie à Paris. Celui-ci a été embauché par l'éditeur Condé Nast autant pour ses qualités de photographe que pour ses relations avec l'aristocratie. Outre les photographies de mode et les por traits réalisés pour les éditions française et américaine de Vogue, ce studio propose à ses lectrices l'exécution de portraits en intérieur ou en plein air.

Mars 1936
Horst P. Horst (1906-1999)
Doris Lyla Zelensky. Ensemble Robert Piguet, chapeau Suzanne Talbot
Publiés dans Vogue Paris et Vogue américain, mars 1936 Tirages gélatino-argentiques montés sur papier. Archives Vogue Paris

Février 1923 (couverture) 
Georges Lepape (1887-1971)
Tenue de chasse
Aquarelle, encre et gouache sur papier. Archives Condé Nast, New York

La carrière de Georges Lepape naît véritablement avec la commande, par le couturier, de l'album publié en 1911 «Les choses de Paul Poiret vues par Georges Lepape». Le dessinateur y établit son style fondateur de l'esthétique Art déco, avec plus d'une décennie d'avance clarté du trait, stylisation et élongation des figures, simplification synthétique des  formes en écho au graphisme des titres et des textes. Il est l'un des principaux collaborateurs de La Gazette du bon ton, dont l'esthétique séduit dès 1913 l'éditeur Condé Nast. Celui-ci finira par acheter, en 1921, le luxueux magazine à son fondateur, Lucien Vogel.

Octobre 1928
George Hoyninge  (1900-1968)
Brigitte Helm dans L'Argent de Marcel L'Herbier (1929). Robe Louise Boulanger
Tirage gélatino-argentique. Archives Vogue Paris

Mars 1928 
Edward Steichen (1879-1973)
Madame Lucien Lelong (princesse Natalie Paley). Robe Lucien Lelong, chapeau Maria Guy. Appartement de Condé Nast, New York Tirage gélatino-argentique. Archives Condé Nast, New York

Octobre 1933
George Hoyningen (1900-1968)
Toto Koopman. Robe Augustabernard
Tirage gélatino-argentique. Archives Condé Nast, New York

Janvier 1931
Edward Steichen (1879-1973)
Marion Morehouse. Manteau Madeleine Vionnet, bijoux Cartier
Tirage gélatino-argentique Archives Condo Nast, New York

Le photographe Edward Steichen est engagé par Condé Nast en 1923 pour remplacer de Meyer. Avec sa muse Marion Morehouse, il aborde la mode avec une certaine liberté. Avec son allure nonchalante et son sourire éblouissant, celle-ci incarne la nouvelle féminité des années 1920. Elle est souvent photographiée dans l'appartement de Condé Nast sur Park Avenue (New York), qui sert de studio au photographe durant ces premières années. Il lui permet de créer une atmosphère moderne tout en conservant le décor et le mobilier propres à la haute société.

Janvier 1932
Benito (1891-1981)
Robe du soir Mainbocher
Gouache et aquarelle sur papier. Archives Condé Nast, New York

Octobre 1937
Christian Bérard (1902-1949)
Robe Alix
Gouache et encre de Chine sur papier. Palais Galliera

Horst P. Horst (1906-1999)
Août 1934
Comtesse de la Falaise. Tailleur Creed, chapeau Reboux Tirage gélatino-argentique. Archives Vogue Paris
Octobre 1935
Cora Hemmet. Robe Worth
Tirage gelatino-agentique monté sur papier. Archives Vogue Paris
Août 1934
Robe et manteau Worth. Bronze de Bagués
Tirage gélatino-argentique. Archives Vogue Paris
Mars 1936 
Louise Sheldon. Robe Mainbocher
Tirage gélatino-argentique monté sur papier. Archives Vogue Paris

Outre la création de décors et accessoires, le studio parisien était équipé de plus d'une vingtaine de projecteurs. Horst en fait un usage sophistiqué cherchant à mettre en valeur les tissus des robes tout en laissant les visages dans l'ombre. Mais il est critiqué par le bureau de New York, qui lui reproche son manque de réalisme et «ce désir de tout auréoler d'un mystère profond». En 1939, Horst part aux Etats-Unis pour parfaire sa technique au studio de New York, où il travaillera jusqu'à sa fermeture, en 1951.

Février 1935
René Bouët-Willaumez (1900-1979)
Écharpe et chapeau Suzanne Talbot Aquarelle et encre de Chine sur papier. Palais Galliera

René Bouët-Willaumez entre au Vogue français en 1929. Une rivalité durable s'établit très vite avec le dessinateur Carl Erickson, dit Eric, qui craint pour sa position au sein du magazine. Cette illustration résume parfaitement le style enlevé et incisif de l'illustrateur tout comme son goût pour les modèles à l'élégance hautaine et inaccessible. La couleur est réservée au traitement de l'élément essentiel de la composition : les accessoires, avec toutefois quelques rappels de couleur notamment pour les lèvres. Ses illustrations sophistiquées, à l'esthétique cinématographique, emporteront un plus vif succès dans l'édition américaine. Il s'établit à New York en 1939.

Mars 1932
Carl Erickson, dit Eric (1891-1958)
Chapeau Maria Guy, écharpe Worth. Chapeau Agnès, écharpe Schiaparelli
Crayon, encre de Chine, aquarelle sur papier. Archives Condé Nast, New York

En 1932, Eric est le dessinateur le plus en vue de Vogue. Son dessin et son traitement de la couleur sont inspirés par l'esthétique des peintres de l'école de Paris. Le cadrage de cette composition évoque la photographie, qui occupe de plus en plus de place dans les pages du magazine. Le caractère pris sur le vif donne à la scène un aspect cinématographique. Le traitement virtuose de l'aquarelle joue de contrastes subtils pour mieux mettre en valeur les éléments importants de l'image. C'est la véritable signature de l'artiste, considéré par la direction de Condé Nast à New York comme le maître du dessin de mode.

Juillet 1929
George Hoyningen-Huene (1900-1968)
Maillot de bain Hermès. Maillot de bain Jean Patou
Tirages gélatino-argentiques. Archives Condé Nast, New York

Hoyningen-Huene est célèbre pour ses images techniquement novatrices. Alors qu'elles semblent avoir été réalisées en extérieur en plein soleil, ces photographies sont en réalité prises dans le studio parisien de Vogue, avenue des Champs-Élysées (parfois même sur le toit du studio). Mais il multiplie aussi les prises de vue en extérieur. Sous son impulsion et grâce à ses photographies de mannequins au volant de leur voiture, aux sports d'hiver ou à la plage, la Parisienne s'affirme comme active et sportive. Le photographe participe ainsi à ancrer le magazine dans la modernité.

Janvier 1935 (couverture)
Léopold «Alix» Zeilinger (1897-1990)
[sans titre]
Gouache et encre de Chine. Archives Condé Nast, New York

Septembre 1928
George Hoyningen-Huene (1900-1968)
Mannequin Siègel, béret Marie Alphonsine,
manteau Jean Patou Tirage gelatino-argentique. Archives Condé Nast, New York

Horst P. Horst (1906-1999)
Juillet 1935
Vicomtesse de Noailles. Ensemble Schiaparelli, chapeau Suzy
Tirage gélatino-argentique monté sur papier. Archives Vogue Paris
 Septembre 1935
Madame Max Ernst (Marie-Berthe Aurenche). Bijoux Herz Tirage gelatino-argentique monté sur papier. Archives Vogue Paris
 Juillet 1935
Comtesse Alexandre de Castéja. Ensemble Georgette Rénal,
chapeau Suzanne Talbot Tirage gélatino-argentique monté sur papier. Archives Vogue Paris
Juillet 1935
Cora Hemmet. Institut de beauté Klytia Tirage gelatino-argentique monte aur papier. Archives Vogue Paris
Ce portrait de la vicomtesse de Noailles, comme celui de l'épouse de Max Ernst, témoigne de l'effervescence artistique et mondaine parisienne. Brunhoff peut s'appuyer sur le réseau de la duchesse d'Ayen, entrée à Vogue en 1928 avant d'être engagée officiellement par Condé Nast en octobre 1929. Grande cliente de la haute couture, elle apporte au maga zine la caution aristocratique, mais aussi intellectuelle, indispensable à son prestige. Les pages sur la vie culturelle et artistique parisienne occupent ainsi une place de plus en plus déterminante au cœeur du magazine, concourant à lui donner sa véritable identité.

1930
Man Ray (1890-1976)
Autoportrait avec Meret Oppenheim (photo non publiée)
Tirage gélatino-argentique. Archives Vogue Paris

Cet autoportrait conservé dans les archives de Vogue Paris témoigne des relations tissées entre Man Ray et le magazine. Le directeur artistique Lucien Vogel et le rédacteur en chef Michel de Brunhoff nouent des liens profonds avec les artistes et les créateurs. Man Ray, arrivé des États Unis en 1921, collabore à Vogue Paris de 1924 à 1928 et bénéficie de pages qui mettent en avant ses recherches artistiques. Le 1er mars 1926, Vogue présente quatre rayogrammes de Man Ray intitulés «Études en blanc et noir», puis en mai 1926 «Masque de nacre et masque d'ébène». L'artiste réalise également de nombreux portraits des femmes de la haute société parisienne.

1931
Max Jacob (photo non publiée) Tirage gélatino-argentique.
 Archives Vogues
George Hoyninge (1900-1968)

1934
Boris Lipnitzki (1887-1971)
Jean Cocteau (photo non publiée)
Tirage gélatino-argentique. 
Archives Vogue Paris

1939 1954

L'ÉPREUVE DE LA GUERRE ET LA RENAISSANCE DE VOGUE PARIS

Les choix que Brunhoff effectue de 1939 au lendemain de la guerre, jusqu'à son départ à la retraite fin 1954, témoignent de son engagement sans faille envers le magazine et envers la haute couture parisienne. Dans la confusion des premiers mois de guerre, Vogue Paris paraît irrégulièrement jusqu'au printemps 1940, en raison de difficultés matérielles de conception et d'impression. En juin 1940, les bureaux et le studio sont perquisitionnés par les Allemands. A l'automne, face au refus de ceux-ci d'accorder l'autorisation de publication, les bureaux sont évacués et la parution est définitivement suspendue.

A la libération de Paris, déterminé face à l'adversité et aux contraintes pratiques, Brunhoff relance le magazine. Entre 1945 et 1947, il publie des numéros hors série exceptionnels, avant la reprise d'un rythme mensuel. Vogue accompagne ainsi la renaissance tant économique qu'artistique de la capitale. Le magazine soutient le retour des maisons de couture parisiennes et le lancement de nouveaux couturiers, tel Christian Dior en 1947. Si Brunhoff est toujours un fervent défenseur de l'illustration, Paris s'impose désormais comme le décor idéal des photographies pour mettre en scène les créations de l'après-guerre.

Avril 1939
Christian Bérard (1902-1949)
Robe Schiaparelli
Encre de Chine, gouache, crayon graphite sur papier vélin Canson Collection Michel de Brunhoff

Octobre 1939  (numéro non paru)
Robe Lanvin
René Bouët-Willaumez (1900-1979)
Gouache, encre de Chine et crayon graphite sur papier. Palais Galliera

André Durst (1907-1949)
Mars 1939
Lisa Fonssagrives (à gauche). Robes Jean Patou Tirage gélatino-argentique. Archives Vogue Paris
Avril 1939 
Andrée Lorain, robe Marcelle Dormoy. Madame Chauvière, robe Lucien Lelong
Tirage gélatino-argentique. Archives Vogue Paris
Avril 1939
Ludmila Feodoseyevna. Robe Jacques Heim Tirage gelatino-argentique monté sur papier. Archives Vogue Paris
Mars 1939
Lisa Fonssagrives. Coiffure Vincent
Tirage gelatino-argentique monté sur papier. Archives Vogue Paris

Dès 1933, Durst publie dans Vogue Paris un portrait solarisé de son amie Marie-Laure de Noailles. Engagé au studio de Vogue Paris en 1936, il se forme auprès de Horst. Face aux doutes émis depuis New York par le directeur artistique Agha et par Condé Nast sur ses capacités, Lucien Vogel prend sa défense: «Durst est un homme de goût et sensible; il a de nombreux talents, qui devraient à la longue en faire un photographe de Vogue de premier plan.» Au départ de Horst pour New York en 1939, Durst reprend la direction du studio pour quelques mois avant la fermeture des bureaux en raison de la guerre.

 Emile Savity (1904-1980)
1945-1946
Imperméable Marcel Dhorme
Tirage gélatino-argentique. 
Archives Vogue Paris 

Veste et pantalon Pierre Balmain
Tirage gélatino-argentique. 
Archives Vogue Paris

Le premier numéro d'après-guerre paraît en janvier 1945. Brunhoff parvient à réaliser une publication considérée par beaucoup comme un chef-d'œuvre de l'édition et un miracle par rapport aux laborieuses conditions de l'époque. En 1958, Edmonde Charles-Roux le décrit ainsi : «On y retrouve Michel de Brunhoff tout entier, son goût, ses certitudes, son culte de la beauté. Vogue-Libération c'était Paris, ses couturiers, sa mode retrouvée, c'était les visages de Colette, de Malraux, de Picasso, c'était un poème d'Éluard, c'était Germaine Beaumont qui conjuguait le verbe respirer, c'était Michel de Brunhoff qui annonçait qu'enfin était revenue la liberté de créer. Dans son éditorial, il écrivait "Notre Paris". Qui pouvait le dire avec plus de cœur que lui?»

Janvier-février 1947
 John Rawlings (1912-1970)
Redingote Molyneux. Ensemble Schiaparelli. Wenda Rogerson Parkinson. Jaquette Robert Piguet
Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Baryta Hahnemühle, 2021 Archives Condé Nast, New York

L'après-guerre voit la célébration exacerbée de Paris, de ses monuments, de sa culture et de son art de vivre. Les rues de la capitale servent de décor aux mises en scène de la haute couture française. Les mannequins se détachent devant les lieux les plus emblématiques, les quais de Seine, la tour Eiffel, la place de la Concorde, le grand escalier de l'Opéra... Les cafés, les enseignes des boutiques dessinent un cadre typique, propre à Paris. Comme ses collègues américains, Coffin, Randall, Balkin ou Clarke, le photographe anglais Rawlings recrée dans ses images une mythologie de la Parisienne.

Octobre-novembre 1948
Clifford Coffin (1913-1972)
Wenda Rogerson Parkinson. Manteau Jacques Griffe, chapeau Legroux Sœurs
Tirage gélatino-argentique. 
Archives Vogue Paris

 Juin 1951
Robert Randall (1918-1984)
Marie-Claire Lafaurie. Tailleur Jeanne Lafaurie
Tirage gélatino-argentique.
 Archives Vogue Paris
Septembre 1951 
Arik Nepo (1913-1961)
 Marie Christiane Bettina, 
chapeau Achille
Tirages gélatino-argentiques. Archives Vogue Paris

Mars 1949 (couverture)
Tom Keogh (1922-1980)
[sans titre]
Aquarelle, gouache, encre de Chine, crayon graphite, crayon de couleur sur papier. Archives Vogue Paris

L'américain Tom Keogh a une expérience d'étalagiste ainsi que de déco rateur et costumier pour le spectacle. Il en conserve le goût des surprises au caractère théâtral dans son activité de dessinateur de mode, entamée en 1947 au sein de Vogue Paris. Son trait s'inspire des compositions de Bérard, ses dessins mettant en scène des silhouettes clownesques ou des figures telles des marionnettes désarticulées. Ces projets de couver tures avec leurs figures élégamment ligotées peuvent se lire comme une parabole des contraintes infligées au corps des femmes par les diktats de la mode du moment.

Avril 1949
Tom Keogh (1922-1980)
Robes du soir Jacques Griffe
Aquarelle, encre de Chine, crayon graphite, crayon de couleur sur papier. Archives Vogue Paris

Décembre janvier 1949- 1950
Tom Keogh (1922-1980)
Pantalonnades». Ensembles
Christian Dior et Madeleine de Rauch
Aquarelle, encre de Chine, crayon graphite, crayon de couleur sur papier
Archives Vogue Paris

Décembre 1950-1951
Irving Penn (1917-2009)
Lisa Fonssagrives. Manteau Balenciaga Tirage gélatino-argentique. Archives Vogue Paris

Irving Penn arrive de New York pour photographier les collections automne-hiver de la haute couture parisienne pour les trois éditions de Vogue. Il témoigne de ces séances de prises de vue : « Toujours à l'affût de possibilités, Alexander Liberman a organisé pour moi l'utilisation d'un studio éclairé par la lumière de jour, rue de Vaugirard. Le studio était au dernier étage d'une ancienne école de photographie. La lumière était la lumière de Paris, telle que je l'avais imaginée, douce mais nette en même temps.» Cet échange subtil, quasi atmosphérique, déstabilise les codes de représentation de la haute couture. Les images de Penn sont empreintes d'une nostalgie qui annonce la fin d'une époque, le déclin d'un âge d'or.

Juin 1954
Sabine Weiss (née en 1924)
Maillot de bain M.-R. Lebigot, chapeau Boutique Jacques Fath
Tirage gélatino-argentique. Fonds Sabine Weiss, musée de l'Élysée, Lausanne

La photographe suisse Sabine Weiss rentre à Vogue Paris grâce à Michel de Brunhoff. Elle y rencontre Robert Doisneau, qui lui fait intégrer l'agence photographique Rapho. Sous contrat avec le magazine de 1952 à 1961, elle s'inspire largement du photojournalisme pour capturer le quotidien de Paris ou mettre en scène une mode facile à porter et décontractée destinée à un lectorat plus jeune.

Juillet-août 1952 (couverture)
Irving Penn (1917-2009)
Lisa Fonssagrives
Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Baryta Hahnemühle, 2021 Archives Condé Nast, New York

Juillet-août 1950  (couverture)
Carl Erickson, dit Eric (1891-1958)
Robe Grès
Aquarelle sur papier. Collection Michel de Brunhoff

LA VIE CULTURELLE À PARIS
1945-1968
En 1945, Michel de Brunhoff est convaincu qu'il n'est pas possible de refaire le Vogue d'avant-guerre. Afin de le distinguer d'une simple revue de mode, mais aussi des Vogue américain et anglais, il décide de lui ajouter un volet de pages culturelles valorisant le dynamisme artistique de Paris. L'accent est mis sur la nouvelle scène théâtrale, les peintres, les jeunes écrivains ou le cinéma.

Arrivée à Vogue Paris en 1947, Edmonde Charles-Roux donne une place particulière à la musique et à la littérature, ouvrant le magazine à des auteurs peu conventionnels et engagés. Accompagnée notamment du photographe Robert Doisneau, elle écume les vernissages et les sorties mondaines. En 1954, pour soixante-dix pages consacrées à la mode, trente sont désormais dédiées à la culture. Cela va transformer l'image du magazine et son lectorat.

Vogue Paris conserve des archives inédites de cette période où il s'impose comme un témoin essentiel de l'effervescence de la vie parisienne.

Mai 1951 (couverture) 
Pablo Picasso (1881-1973)
Anonyme
Encre sur papier imprimé Musée national Picasso-Paris. Don succession Pablo Picasso, 1992. 
Archives personnelles Pablo Picasso

Pablo Picasso avait coutume de dessiner sur les livres et revues de sa bibliothèque. Ce numéro de Vogue Paris de mai 1951 en donne un exemple particulièrement réjouissant. L'artiste prend, de manière irrévé rencieuse et hilare, le contrepied de l'esprit du magazine. Il mine frénétiquement les pages consacrées aux robes de mariée par la présence de diablotins lubriques. Il désamorce le glamour de la pose de l'élégant modèle en couverture du périodique : ses narines deviennent les prunelles d'yeux affectés de strabisme. Le chapeau sorti des Années folles concourt au caractère risible et étrange de l'image ainsi appropriée.

Leonor Fini lors de la Nuit du Pré Catalan ; Jean-Louis Barraut dans Hamlet au théâtre Marigny; Simone de Beauvoir au Café de Flore;
Lee Miller Dylan Thomas,  Marc Chagall devant sa toile; Victoire de Marcel Cerdan sur Tony Zale, finale des championnats du monde poids; Bernard Buffet; La banlieue de Paris par Robert Doisneau  Orson Welles ; Maria Casarés, Serge Reggiani et Michel Bouquet dans Les Justes d'Albert Camus au Theatre Hebertot; Juliette Greco;  Marion Brando;  Jean Dubuffet; Brigitte Bardot; Georges Braque; Jean-Paul Belmondo; Federico Fellini; Jean-Luc Godard; Pablo Picasso; Serge Gainsbourg

1955- 1967
LA MODE ET LA VIE DE PARIS
Au départ de Michel de Brunhoff à la fin de l'année 1954 Vogue Paris est désormais dirigé par une équipe féminine : Edmonde Charles-Roux, rédactrice en chef, et son adjointe Françoise de Langlade, qui lui succédera en 1966.
De par ses intérêts personnels et ses réseaux, Charles-Roux accentue la dimension culturelle et artistique du magazine. Elle prend le risque de bousculer la ligne éditoriale de Vogue Paris en mêlant mode, quotidien et sujets de fond. Avec l'écrivain François Nourissier à ses côtés, elle introduit des chroniques littéraires signées Mauriac, Sagan, Giroud ou Genet. Fervente admiratrice de la Nouvelle Vague, elle commande des reportages sur des cinéastes comme Truffaut ou Godard...
Sur la couverture, Paris» se décline en différents sous-titres: «Édition de Paris», «La mode et la vie de Paris». Aprés plusieurs variations typographiques, le nom de la capitale
sera définitivement associé à Vogue en juillet-août 1968.

Côté visuel, Charles-Roux aime découvrir et promouvoir de nouveaux talents. Elle travaille étroitement avec les photographes, mettant en lumière les audaces de Klein, de Bourdin et de Newton. Saint Laurent, Courrèges, un numéro spécial prêt-à-porter en 1956... la mode est en pleine mutation. Vogue Paris expérimente, se faisant le témoin des changements socioculturels et de la modernité de l'époque.

Printemps-été 1965
Jaquette, robe, chapeau soutaché, bottines Jaquette satin de laine double face, robe: laine et coton, bottines: cuir
Groupe Courrèges

Février 1958
Alfredo Bouret (1926-2018)
Robe Laffolay Soulier Séducta
Gouache et feutre noir sur papler. Archives Vogue Paris

Mars 1957
René Gruau (1909-2004)
Tailleur Lanvin-Castillo. 
Robe Revillon
Crayon, gouache, feutre sur papier. Archives Vogue Paris

Collaborateur occasionnel de Vogue Paris, René Gruau réalise cette illustration à un moment où ce médium est largement remplacé par la photographie dans les pages du magazine. Gruau se consacre alors essentiellement au dessin publicitaire. Son trait a un caractère graphique affirmé par le rythme des aplats d'encre de Chine. Il insiste sur la précision structurelle du modèle d'un geste ferme et assuré. Peut-être faut-il y voir une ultime tentative de souligner la valeur informative du dessin par rapport à la photographie.

Avril 1955 
Guy Bourdin né en 1955
En décembre 1954, le photographe Guy Bourdin présente à Edmonde Charles-Roux et Michel de Brunhoff un portfolio de portraits et de nus. Vogue Paris consacre alors une journée par semaine à l'accueil d'artistes afin de découvrir de nouveaux talents. En février 1955, le magazine publie sa première photo. Cette série, parue sur six pages au mois d'avril 1955, marque les débuts d'une collaboration de plus de trente ans. Au cours de cette période d'expérimentation formelle en noir et blanc, Bourdin installe d'emblée son univers : les cadrages sont rigoureux, l'attention aux détails précise, la lumière parfaitement maîtrisée, le climat déjà énigmatique.

Avril 1961
William Klein (né en 1928)
Simone d'Aillencourt. 
Robe Maggy Rouff
Tirage gélatino-argentique monté sur carton. Archives Vogue Paris

Le directeur artistique des éditions Condé Nast, Alexander Liberman, a débuté sa carrière au magazine d'information Vu. Il défend une photographie au contact du monde. En engageant William Klein en 1954 (qui restera sous contrat jusqu'en 1965), il explique : «J'étais intéressé par le sentiment du hasard, je voulais apporter le grain de la vie dans ce monde artificiel.» Utilisant des appareils de petit format, Klein travaille comme un reporter: il joue du grand-angle ou de la longue focale pour inscrire ses modèles dans la ville. En tissant des correspondances avec la photographie de rue, la photographie de mode l'intègre ainsi au sein ..:de son propre système commercial et esthétique.

Octobre 1963
Irving Penn (1917-2009)
Sondra Peterson. Robe Grès
Ensemble Pierre Cardin
Tirage gélatino-argentique. 
Archives Vogue Paris

Avril 1966
Richard Avedon (1923-2004)
Barbra Streisand. Poncho Grès, chaussures Roger Vivier Tirage gélatino-argentique monté sur carton, retouches. 
Archives Vogue Paris

Avril 1966
Richard Avedon (1923-2004)
Barbra Streisand.
 Robe Christian Dior
Tirages gélatino-argentiques montés sur carton, retouches 
Archives Vogue Paris

Août 1965
Helmut Newton (1920-2004)
Christa Fiedler. Robe Yoyo chez Madd, ensemble Cathal chez Corolles
Ensemble V de V
Tirages gélatino-argentiques et impressions montés sur carton. Archives Vogue Paris 

Avril  1967
Bert Stern (1929-2013)
Twiggy. Robe Lanvin
Tirage gélatino-argentique monté sur carton, retouches. 
Archives Vogue Paris

Les années 1960 consacrent la jeunesse. Dans Vogue Paris, de plus en plus d'articles s'adressent aux moins de vingt ans. L'arrivée de nouvelles marques de prêt-à-porter bouscule les maisons de haute couture et leur communication par l'image. Une nouvelle génération de mannequins - Twiggy, Jean Shrimpton incarne des jeunes femmes libres de leurs - mouvements et de leurs décisions. Ici, Twiggy joue de sa propre célébrité, en phase avec le nouveau «monde quotidien» que le magazine décrit ainsi : «Un monde peuplé de téléviseurs, dictaphones, bandes magnétiques, ordinateurs électroniques» (octobre 1965).

Octobre 1966
Chadwick Hall (né en 1926)
Jill Kennington. Ensembles Haas & Lambert, et Eric Schäffer.
Café Kempinski, Berlin
Tirages gélatino-argentiques montés sur carton. Archives Vogue Paris

Avril 1966
Ronald Traeger (1936-1968)
Donyale Luna. Maillot Safino chez Dorothée Bis. Maillot Luc Champagnac chez Sweater Bazaar
Tirages gélatino-argentiques. Archives Vogue Paris

La mannequin noire américaine Pat Cleveland décrit comment, à Paris, sa beauté est louée indifféremment de son appartenance raciale. Dans les années 1960, cette indifférenciation est mise en avant par presque toutes les mannequins noires pendant leurs séjours français, de Helen Williams à Donyale Luna. Cette dernière est photographiée par Bailey pour la couverture du Vogue anglais de mars 1966. Dans le Vogue Paris, elle pose pour les pages intérieures en avril et juin 1966 sous l'objectif du photographe américain Ronald Traeger. Cependant la même année, la couverture voulue par Edmonde Charles-Roux, avec cette même mannequin, sera refusée par le bureau de New York.

Mai 1967
Henry Clarke (1918-1996)
Twiggy. Robe Dorothée Bis, bijoux Cartier
Tirage gélatino-argentique monté sur carton. Archives Vogue Paris

Fevrier 1966
Roman Cieslewicz (1930-1996)
"Les Double Face"
Impression couleur montée sur carton. Archives Roman Cieslewicz/Imec

D'origine polonaise, Roman Cieslewicz s'installe à Paris en septembre 1963. En 1965, il collabore la direction artistique du Elle, jusqu'en 1969. Au cours de l'année 1966, alors que Vogue Paris est sous la direction artistique d'Antoine Kieffer (ancien assistant de Peter Knapp chez Elle), il intervient comme graphiste. Imprégné des principes futuristes et constructivistes, Cieslewicz marque son bref passage de couvertures iconoclastes et doubles pages expérimentales : images aux corps tronqués, photomontages, collages et hors-champ.

CATHERINE DENEUVE
Catherine Deneuve incarne aujourd'hui tout à la fois la femme française, la Parisienne et la femme Vogue. Elle pose pour seize couvertures entre 1962 et 2003 (un record), sous l'objectif des plus grands photographes du magazine, presque toujours habillée par son ami et couturier fétiche, Yves Saint Laurent.

En 1962, elle a 18 ans, elle est ravissante, elle vient de remporter son premier succès au cinéma avec Les Parisiennes », film á sketches où elle tourne avec Johnny Hallyday sous la direction de Marc Allégret. Sa photo est en couverture, mais son nom n'y est pas encore mentionné. David Bailey la photographie sans relâche entre 1965 et 1969.

En dépit des changements dans l'équipe du magazine, sa présence est continue. Lorsqu'en décembre 2003, le périodique renoue avec la tradition des numéros de Noël signés par un invité prestigieux, Catherine Deneuve fait l'unanimité au sein de la rédaction: "Beauté, caractère et liberté: Vogue a trouvé son idéal. "

Septembre 1966
David Bailey (né en 1938)
"Deneuve et David"
Tirages gélatino-argentiques montés sur carton. Archives Vogue Paris

Decembre -Janvier 1966-1967
David Bailey (né en 1938)
 Ensemble Yves Saint Laurent
Tirage gélatino-argentique monté sur carton. Archives Vogue Paris


Couvertures Catherine Deneuve 
De 1962 à 2004


YVES SAINT LAURENT

Plus que l'histoire d'une collaboration, la relation entre Vogue Paris et Yves Saint Laurent est celle d'une amitié. Brunhoff rencontre pour la première fois le jeune homme en décembre 1953 à Paris. Celui-ci vient d'obtenir le troisième prix au concours annuel du Secréfarial international de la laine. Dès 1954, tous deux amorcent une correspondance Celle-ci dévoile un garçon doué, empreint des incertitudes et fragilités de la jeunesse, et un patron de presse expérimenté cherchant à aider un talent prometteur a trouver sa vole.

En 1955, Brunhoff introduit Saint Laurent auprès de Dior, qui l'embauche comme assistant. En 1957, à la mort du couturier, Saint Laurent reprend la direction de la maison. En 1962, il lance sa première collection en son nom propre. Grâce à la fidélité de Charles-Roux puis de Crescent, Saint Laurent sera dès lors soutenu activement par le magazine. Reportages, comptes-rendus de collections et parfois plusieurs couvertures par an lui sont consacrés, jusqu'à son dernier défilé en 2002. A travers Vogue Paris, Saint Laurent émerge ainsi comme «la figure du couturier passé à la postérité.
Automne-hiver 1965
Yves Saint Laurent
Robe "Mondrian"
Jersey de laine. Réplique de 2002. Musée Yves Saint Laurent, Paris


1968 1986
« VOGUE VU PAR...» : L'ÈRE DES PHOTOGRAPHES
Liberté de ton, liberté de style sont les maltres mots du laboratoire visuel qu'est Vogue Paris sous la direction de Francine Crescent. Rédactrice en chef pendant dix-huit ans, celle-ci opère un trait d'union entre les années 1960 et 1980. Françoise Mohrt, rédactrice en chef beauté, l'accompagne dans cette aventure.

La photographie de mode trouve dans les pages du magazine un véhicule idéal. Chaque métier est mobilisé dans la production éditoriale de séries mode et beauté qui animent Vogue Paris à chaque numéro. Les photographes Newton, Bourdin, Moon, Sieff y produisent des images subversives. La représentation de la femme s'est diversifiée, complexifiée, symptomatique du triomphe de l'individualisme et des singularités. En témoignent les pages beauté qui se multiplient. Prêt-à-porter, jeunesse, célébrité sont mis en avant. Les créateurs sont défendus par le magazine, et les jeunes actrices posent désormais régulièrement en couverture. À partir de 1969, des numéros spéciaux dirigés par une personnalité internationale sont publiés pour Noël.

Toutes ces collaborations sont le vecteur d'une créativité exceptionnelle dans l'ensemble des pages du magazine. Cette époque est vécue par ses acteurs comme celle d'un age 'or et le restera dans la mémoire collective.

Novembre 1979
Daniel Jouanneau
«Essayons LEUR cuisine». 
Pages cuisine
Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Baruta Hahnemühle, 2021 Archives Vogue Paris

Les pages consacrées à la cuisine, sous la direction de Giovanni de Bourbon-Siciles, sont constamment l'objet de recherche visuelle et d'inventivité. Daniel Jouanneau est un collaborateur fidèle de Vogue Paris, connu également pour ses photographies de natures mortes réalisées pour les pages beauté. Il se fait une spécialité de surprendre avec des mises en scène en couleurs tout à la fois minimales et audacieuses, emplies de dérision et loin du conformisme propre à l'exercice.

Décembre janvier 1971-1972

Salvador Dalí (1904-1989), Henry Clarke (1918-1996) «Assez bonne imitation de Dali».
 Clips Van Cleef & Arpels
Tirage chromogène sur papier baryté rehaussé d'encre. 
Archives Vogue Paris

Décembre-Janvier 1971-1972
Salvador Dali (1904-1989), Henry Clarke (1918-1996) «Cravate du bon chasseur ». Cravate Yves Saint Laurent
Tirages chromogènes sur papier baryté rehaussés d'encre
Archives Vogue Paris

Dans le numéro de Noël dont il est le rédacteur en chef invité, Salvador Dali ne réglerait-il pas ses comptes avec la photographie qui envahit les pages du magazine? D'un geste rapide, ironique et vengeur, il met en scène les limites de ce médium. Il transforme l'arrière-plan d'une nature morte en un espace infini. Il dépeint, de quelques traits de pinceau, cyprès et silhouettes qui définissent un paysage onirique.

Mai 1970
Guy Bourdin (1928-1991)
«Bulletin beauté spécial jeunes. Rush sur le rouge ». Maquillage Harriet Hubbard Ayer
Tirage moderne sur papier Fujiflex. The Guy Bourdin Estate

Décembre Janvier 1976-1977
Guy Bourdin (1928-1991)
Kathy Quirk. Culotte Nuits d'Élodie Tirage moderne sur papier Fujiflex. The Guy Bourdin Estate

Novembre 1977
Helmut Newton (1920-2004)
Charlotte Rampling. 
Parure Van Cleef & Arpels
Tirage gélatino-argentique monté sur carton. Archives Vogue Paris

Mars 1968
Alexis Waldeck
Jim Morrison et Donna Mitchell. Bulletin beauté pour l'homme
Tirage gélatino-argentique monté sur carton. Archives Vogue Paris

Avril 1969 
Franco Rubartelli (né en 1937)
Veruschka, Maillot de bain Emo. Rio de Janeiro
Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Baryta Hahnemühle

La collaboration de la mannequin Veruschka von Lehndorff avec le photographe italien Franco Rubartelli est doublée d'une histoire d'amour. Elle marque les pages de Vogue Paris dans les années 1960. Le tandem multiplie les voyages, du Japon à la Colombie, de l'Afrique du Sud à l'Australie. «Franco attendait que j'aie des idées, dit-elle. Il se levait le matin et me demandait : "Qui veux-tu être aujourd'hui ?" Selon l'humeur, on se lançait. J'assurais le maquillage et le stylisme, allant jusqu'à couper les vêtements que me confiaient les magazines, lui se chargeait de la prise de vue.» Imagination et extravagance sont aux commandes.

Décembre-Janvier  1975-1976
Helmut Newton (1920-2004) Robe Gilles Dufour pour Marie-Martine
Tirage gélatino-argentique monté sur carton. Archives Vogue Paris

Helmut Newton travaille pour Vogue Paris entre 1962 et 1965. Après quelques années d'interruption, il publie à nouveau dans ce magazine à partir de 1969. Il en est un collaborateur régulier jusqu'en 1983: «Sous la direction de Francine Crescent, j'ai fait ce que je considère mes meilleures photos de mode.» Les images qu'il réalise à cette époque contribuent à construire le mythe du magazine comme un espace de création idéal. Newton a toujours insisté sur l'importance de la page imprimée pour son œuvre : être publié dans Vogue Paris a en effet été un élément moteur de sa notoriété.


Septembre 1970
Jeanloup Sieff (1933-2000)
Marina Schiano.
Robe Yves Saint Laurent
Tirage gélatino-argentique monté sur carton. Archives Vogue Paris

Mai 1969
Guy Bourdin (1928-1991)
Jane Birkin. Robe Vager Nastat Real, ensemble Karl Lagerfeld pour Chloé
Tirages gélatino-argentiques montés sur carton. The Guy Bourdin Estate


1987 2000
LE NOUVEAU POINT DE VUE» DE VOGUE PARIS
Dans un contexte plus concurrentiel et plus international, dans une industrie de la mode en forte croissance, ces années 1987 à 2000 sont placées sous le signe d'un changement profond. Le directeur, Jean Poniatowski, fait appel, pour la première fois de l'histoire du magazine, à deux personnalités qui ne font pas déjà partie de la rédaction, Colombe Pringle jusqu'en 1994, puis Joan Juliet Buck. Chacune à sa manière, les deux redactrices en chef modernisent la formule. L'ouverture vers l'actualité ou des sujets de société sont des bouleversements inédits. Nouveaux contenus, nouveau format: la maquette est aérée, plus lisible, plus efficace. Les images sont démultipliées. Interagissant avec les autres disciplines, la mode fait désormais partie d'un environnement social, créatif, culturel,

De 1987 à 1991, Pringle s'appuie sur l'expérience d'Irène Silvagni, qui met en avant de nouveaux créateurs pour renouveler les pages mode. C'est l'ère des supermodels» qui incarnent, par leurs corps triomphants, une industrie de la mode et de la culture globalisée, mais aussi hédoniste et décomplexée. Les séries mode mêlent prêt-à-porter et haute couture dans des productions à gros budgets, en studio ou à l'étranger.
Les changements que les trois femmes impulsent au magazine instaurent une nouvelle conception de Vogue Paris, dont les effets se feront sentir bien au-delà des années 1990, jusqu'à aujourd'hui.

Mai 1989
 Peter Lindbergh (1944-2019)
«Désir d'ailes »>. Cordula Reyer, Tanel Bedrossiantz et Philippe. Le Touquet. Stylisme Nicoletta Santoro. Pour les hommes: Manteau School Rag, costumes et chemises Agnès b. Pour C. Reyer: Robes Alaïa. Ensemble Martine Sitbon. Robe et ensemble Comme des Garçons. Ensembles Jean Paul Gaultier Tirages gélatino-argentiques. Peter Lindbergh Foundation, Paris

Février 1989
Peter Lindbergh (1944-2019)

«Mon cœur... est à Papa». Naomi Campbell. Ensemble Azzedine Alaïa. Perruque Julien d'ls. Maquillage Stéphane Marais.
Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Baryta Hahnemühle, 2021
Peter Lindbergh Foundation, Paris

Juin-juillet 1989
Steven Meisel (né en 1954)
«Le diable au corps». Linda Evangelista. Gants Azzedine Alaïa. Stylisme Nicoletta Santoro
Tirage jet d'encre pigmentaire sur
papier
Septembre 1991 (couverture)
Dominique Issermann (née en 1947)
« A la légère »,
Heather Stewart Whyte.
Robe Christian Lacroix
Dominique Issermann, Paris

Septembre 1995
 David LaChapelle (né en 1963)
«Si la couture m'était contée», Angelica Boss. Robe Nina Ricci. Réalisation Jenny Capitain
Tirage chromogène.
 Archives Vogue Paris

Août 1999
Mario Testino (né en 1954)
«Boogie Days ». Liisa Winkler. Manteau Missoni, bikini Tomas Maier. Réalisation Carine Roitfeld
Tirage Cibachrome. 
Archives Vogue Paris

Novembre 1997
Jean-Philippe Delhomme
(né en 1959)
«L'Éducation sentimentale >>
Gouache sur papier. Collection Jean-Philippe Delhomme

L'expressivité des gouaches de Jean-Philippe Delhomme tient certainement à leur petit format. Dans ce cadre restreint, la vivacité de son trait synthé tique vise à l'essentiel tant pour l'action que pour l'évocation du décor. Ses qualités de coloriste apportent des nuances parfois inattendues mais toujours justes. Ses collaborations avec Vogue Paris sont particulièrement riches en 1997, avec la série «Mon shopping couture » et les illustrations de sa relecture de L'Éducation sentimentale de Flaubert. Avec ironie mais sans jugement, il y déchiffre les codes du monde de la mode, souvent surprenants pour le profane.
Décembre-janvier 
1999-2000 (couverture)
Jean-Baptiste Mondino (né en 1949) Linda Nyvitova. Bracelet Cartier
Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Baryta Hahnemühle, 2021 Jean-Baptiste Mondino

Réalisateur renommé de vidéo-clips, Mondino travaille en studio pour créer des images sensuelles aux compositions picturales et aux couleurs sophistiquées. Il signe plusieurs couvertures de Vogue Paris, dont celles des numéros spéciaux thématiques de décembre, consacrés à l'amour, à l'art ou à la musique. Mis en place par Buck, ils témoignent de cette volonté d'intégrer la mode à un ensemble pluridisciplinaire.

Novembre 1989
Mats Gustafson (né en 1951)
"Verts Libres". Robe et accessoires Thierry Mugler. Robe et accessoires Jean Paul Gaultier
Papiers collés. 
Archives Vogue Paris

Les collages de Mats Gustafson témoignent du retour de l'illustration de mode dans les magazines depuis les années 1970 et surtout du renou vellement du genre. L'illustrateur s'astreint à ne traduire que l'essence du modèle en une sorte de «minimalisme expressionniste », le plus souvent par la pratique de l'aquarelle et du lavis d'encre de Chine. Dans le cas de la robe de Mugler à la structure dramatique et rigoureuse, le choix de la technique du collage insiste sur la volonté du créateur de valoriser les accessoires et sur son goût pour l'unité chromatique.

Mars 1989
Arthur Elgort (né en 1940)
Béatrice Dalle. Robe Marc Bohan pour Dior. Hôtel Lancaster, Paris
Tirage gélatino-argentique. 
Archives Vogue Paris

Décembre-janvier 1994-1995
Brigitte Lacombe (née en 1950)
Gerard Depardieu
Tirage gelatino-argentique.
 Archives Vogue Paris

Decembre janvier 1996-1997
Brigitte Lacombe (née en 1950)
Mick Jagger et Jerry Hall
Tirage gélatino-argentique. 
Archives Vogue Paris

Sous Pringle, les portraits d'actrices et de stars qui font le lien entre les industries de la mode et du cinéma sont devenus incontournables. Buck approfondit encore ces relations, et ajoute la rubrique «Flash», qui présente des personnalités émergentes, ou bien établies, du monde des films et de la culture. Les images en noir et blanc de Brigitte Lacombe sont ainsi des marqueurs des pages culture du Vogue Paris des années 1990.

Printemps été 1995
Tailleur
Drap de laini pied-de-poule 
John Galiano SA

20012020
IMAGES DE MODE: LE RAYONNEMENT DES STYLISTES
Les rédactrices en chef Carine Roitfeld et Emmanuelle Alt, toutes deux parisiennes de naissance, incarnent le magazine et affirment le pouvoir des stylistes.

Carine Roitfeld prend la tête de Vogue Paris en 2001. Celui-ci redevient alors un magazine de référence dans le milieu de la mode grâce à sa capacité à propulser de nouveaux talents. La maquette et les méthodes de travail sont bouleversées par la collaboration avec l'agence M/M (Paris). Radicale, provocante, Roitfeld joue du pouvoir de l'image et s'entoure d'une nouvelle génération de photographes remarquables et fidèles: Testino, Inez & Vinoodh, Sims, Mert & Marcus... signent visuellement le magazine. Roitfeld renoue également avec la dimension parisienne de Vogue, alors que la capitale retrouve une place prédominante dans l'économie de la mode. Tom Ford puis Anthony Vaccarello pour Saint Laurent font partie des créateurs privilégiés.

Au départ de Roitfeld en 2011, Emmanuelle Alt, rédactrice en chef mode depuis dix ans, est nommée rédactrice en chef. Elle s'inscrit dans sa continuité tout en apportant un nouveau souffle. Attentive aux évolutions socioculturelles et économiques qui se succèdent à un rythme rapide, elle ouvre les pages du périodique à des sujets originaux. En accentuant le développement digital de la marque, elle s'interroge sur le futur du magazine, ant celui de sa matérialité que de son contenu.

Septembre 2001
Inez & Vinoodh (nés en 1963 et 1961)
«Allure de jour ». Tasha Tilberg. Veste, pantalon et chemise
Miu Miu. Pull Charvet. Évian. Réalisation Marie-Amélie Sauvé Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Baryta Hahnemühle, 2021 Inez & Vinoodh

La longévité de la collaboration d'Inez & Vinoodh avec Vogue Paris (plus de vingt ans) s'inscrit dans la traditionnelle fidélité du magazine avec les photographes. Alt, plus encore que Roitfeld, apprécie leur esthétique méticuleuse et étrangement nostalgique. L'importance accordée à la retouche numérique depuis leurs débuts et la complexité de leurs mises en scène en ont fait les photographes de mode les plus recherchés aujourd'hui.

Octobre 2010
Terry Richardson (né en 1965)

«Festin ». Crystal Renn. Boucles Buccellati, collier Bulgari, bagues Chopard, Chanel Joaillerie, Buccellati, Adler et Piaget, cardigan Prada, montre DeLaneau. Réalisation Carine Roitfeld
Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Baryta Hahnemühle, 2021 Terry Richardson

Terry Richardson fils du photographe Bob Richardson, marque les  années 2000 par ses images crues et ouvertement provocantes. Il collabore marque les régulièrement avec Roitfeld et Alt dans des mises en scène controversées. Cette image, issue d'une série de joaillerie inspirée de Gorge profonde, film pornographique de 1972, est à la fois pleine d'humour, théâtrale et troublante.

Août 2010
Mario Sorrenti (né en 1971)
«Jeu de Paumes». Pages beauté. Eniko Mihalik.
Bague Repossi, solitaire Bulgari. Réalisation Carine Roitfeld
Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Rag Hahnemühle, 2021. Mario Sorrenti

Dans les années 2000, Roitfeld et Sorrenti collaborent chaque mois à la réalisation de pages beauté : chaque sujet est illustré par une image marquante. «Les gens aiment ou n'aiment pas, mais ils s'arrêtent dessus» (Roitfeld, 2011). Le travail en studio et en lumière artificielle, l'usage du numérique et de la retouche contribuent à ces images lisses et dérangeantes qui interrogent le rapport au corps, à la jeunesse et aux apparences.

Mai 2009
Juergen Teller (né en 1964)
« Strip-Jean»>. Raquel Zimmermann. Chemise Diesel Black Gold, jupe Dior, maillot de bain Liza Bruce, tour de cou Atsuko Kudo, bracelets Hermès et Dior, manchette Yves Saint Laurent, médaillon Cartier, sautoir Hermés, pochette
Jimmy Choo. Réalisation Carine Roitfeld Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Baryta Hahnemühle, 2021. Juergen

Fevrier 2007
Mario Testino (né en 1954)
«Réjouissances ». Patricia Schmid. Parfum et maquillage Chanel, ceinture Dolce & Gabbana. Réalisation Carine Roitfeld
Tirage chromogène à partir d'un fichier numérique. Mario Testino

Autodidacte, Mario Testino conserve de ses origines un goût pour l'humour, la légèreté, la sensualité, éléments constitutifs de ses images. Dans la filiation de Newton et volontairement provocatrices, elles jouent avec les codes de la séduction, du glamour et de la sexualité. Avec Roitfeld, Testino forme un duo de choc. Cette photographie témoigne du caractère ténu de la frontière entre l'image publicitaire et l'image publiée au cœur des pages éditoriales d'un magazine de mode.

KARL LAGERFELD
Karl Lagerfeld accompagne Vogue Paris en tant que couturier, mais également photographe, chroniqueur, illustrateur. Sa carrière, d'une longévité inédite, le positionne comme l'une des figures marquantes du magazine. Vogue Paris met en lumière ses collections pour Chloé (à partir de 1973), mais aussi son arrivée chez Chanel (en 1983), et sa première collection en son nom (en 1984). Karl Lagerfeld prête au magazine ses propriétés ou son appartement de la rue de l'Université pour des shootings photo. Il intervient auprès de Marlène Dietrich pour qu'elle réalise le numéro de Noël 1973. Il rédige et illustre des articles, photographie ses propres collections, s'imposant comme un collaborateur curieux et exigeant, ce qui lui vaut d'être l'invité d'honneur du numéro de Noël 2016.

Juin-juillet 2012 (couverture)
Inez & Vinoodh
(nés en 1963 et 1961)
Gisele Bündchen. Réalisation Emmanuelle Alt
Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier type aquarelle, 2014. 
Palais Galliera

Dans les années 2000, les mannequins s'affirment en participant à l'élaboration des images. Leur nom est désormais mentionné au début de chaque sujet, au même titre que le photographe et la styliste. Vogue Paris contribue à cette reconnaissance en mettant en lumière des mannequins peu connues comme les modèles stars.

Mars 2008
Inez & Vinoodh
(nés en 1963 et 1961)
«Eau de rose». Sasha Pivovarova. Robe Diesel, boucles d'oreilles Yves Saint Laurent. Réalisation Emmanuelle Alt
Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Baryta Hahnemühle, 2021.

Fevrier 2010
 Inez & Vinoodh
(nés en 1963 et 1961)
"L'hippie trendy d'Etro". Daria Werbowy. Ensemble Etro, créoles Jill Heller. Réalisation Emmanuelle Alt
Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Baryta Hahnemühle, 2021. Inez & Vinoodh

Février 2005
Patrick Demarchelier (né en 1943)
«Au CHARME, etc. ». Natasha Poly. Top Dries Van Noten, culotte Antiflirt, mi-bas Falke. Réalisation Emmanuelle Alt.
Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Baryta Hahnemühle, 2021 Patrick Demarchelier

Mai 2019
Mikael Jansson (né en 1958)

«Un été pas comme les autres »>. Rianne Van Rompaey. Robe Chloé, boucle d'oreille Jessie Western. Réalisation Emmanuelle Alt Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Baryta Hahnemühle, 2021 Mikael Jansson

Mikael Jansson photographie Rianne Van Rompaey sur l'île de Niévès dans les Caraïbes. L'énergie de la mannequin au sein d'un paysage nature et sauvage évoque sans nostalgie les mises en scène de Veruschka par Rubartelli en Afrique en 1968. Cette image s'inscrit ainsi dans l'histoire visuelle de Vogue Paris tout en témoignant de l'engagement d'Emmanuelle Alt pour la nature, qui devient le thème de plusieurs numéros.

Octobre 2010
David Sims (né en 1966)

"Androgyne". Iselin Steiro. Veste Bottega Veneta, gilet Lanvin, chemise Charvet, noeud papillon Brioni, pantalon Maison Martin Margiela, chapeau Chapellerie Traclet. Réalisation Emmanuelle Alt Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Rag Hahnemühle, 2021. David Sims

David Sims est aujourd'hui l'un des photographes privilégiés de Vogue Paris. Ses influences viennent plus du monde de la musique (Iggy Pop, Bowie) que de celui de la photographie, même s'il revendique son admiration pour Richard Avedon. Il aime diriger les modèles, les mettre en scène en studio, avec une énergie qui fait directement référence aux images de mode de ce dernier dans les années 1970-1980.

Août 2012
Mario Sorrenti (né en 1971)
«Paris mon amour». Aymeline Valade. Robe Alexander McQueen. Grand Palais, Paris. Réalisation Emmanuelle Alt
Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Rag Hahnemühle, 2017, Palais Galliera
Mars 1993
Max Vadukul (né en 1961)
"La nouvelle allure"
Tirage gélatino-argentique. 
Archives Vogue Paris


KATE MOSS

Avec vingt-et-une couvertures de Vogue Paris entre 1994 et 2019, Kate Moss fait partie de la «famille» du magazine, qui se distingue par de singulières collaborations au long cours. En 2005, un numéro de Noël lui est consacré avec quatre couvertures différentes.

Beauté à la fois caméléon et immédiatement identifiable, Kate Moss fait preuve d'une capacité d'adaptation qui explique une carrière exceptionnelle par sa longévité, et sa présence dans de nombreux numéros. Elle imprime ainsi durablement son style et son visage l'histoire du magazine. << Elle nous fait rêver car elle a des défauts comme tout le monde, mais elle est peut être la plus grande icône de mode dans le monde entier. » (C. Roitfeld, 2001.)

Décembre janvier  2011-2012
(couverture)
Mert & Marcus (nés en 1971)
Combinaison Balmain. Réalisation Emmanuelle Alt
Tirage chromogène. Mert Alas & Marcus Piggott

Octobre 2009
Inez & Vinoodh (nés en 1963 et 1961)
«Kate».Manteau Isabel Marant. Réalisation Emmanuelle Alt Tirage jet d'encre pigmentaire sur papier Baryta Hahnemühle, 2021
Inez & Vinoodh

Septembre 2010
Inez & Vinoodh (nés en 1963 et 1961)
«Girls on Film » Natasha Poly, Anja Rubik et Isabeli Fontana.
Réalisation Emmanuelle Alt
Vidéo Inez & Vinoodh. Musique Duran Duran

Au-delà du papier glacé des magazines, le film de mode est devenu le support d'expression de nombreux photographes. Celui-ci a été tourné pendant le shooting de la série intitulée « The Party » et publiée dans le numéro d'octobre 2010 sous la direction d'Emmanuelle Alt. À l'heure du tout numérique, les photographes de mode sont aux commandes d'une superproduction. En mettant en scène les coulisses du système de la mode au cœur de Paris (place de la Concorde), Inez & Vinoodh renforcent la mythologie de Vogue Paris comme vecteur de création.

Normandism de David Hockney au musée de Rouen en juillet 2024

LE MIROIR MAGIQUE David Hockney (1937, Bradford) partage sa vie entre Londres, Los Angeles qu'il a découvert en 1964, et la France où il...